Treize
Chapitre X : Comme un blanc américain en NBA
Auteur : Lojie
Disclaimer : Tous les personnages sont la propriété de la WB et d'Amblin.
Note de l'auteur : Et voilà le chapitre réservé à l'un des personnages que je préfère : Peter Benton ! Bizarrement ce chapitre fut pour l'instant celui qui m'a posé le plus de difficulté. Bah oui, essayez de faire exprimer des sentiments à un personnage qui ne les exprime jamais dans la série (disons rarement quoique depuis le début de la série il s'est amélioré) c'est pas forcément évident…
¤°¤°¤°¤ ¤°¤°¤°¤
14 : 00
A qui était-ce le tour ? L'adolescent prenait un malin plaisir à laisser filer le temps, rendant les secondes interminables alors qu'il repérait sa prochaine proie. Joffrey pointa son doigt :
" _Toi ! " Peter Benton se retourna et vit qu'il n'y avait personne derrière lui. C'était donc bien lui que le garçon avait désigné.
" _C'est quoi ton nom ? "
" _Peter Benton. "
" _Alors, qu'as tu de marrant à raconter ? "
Joffrey avait vraiment une définition bien à lui du mot " marrant ". Peter se mit à réfléchir et son regard croisa celui d'Elisabeth. Il savait qu'elle attendait qu'il clarifie la situation comme elle l'avait fait de son côté à peine deux heures auparavant. Peter prit une profonde inspiration avant de parler :
" _Tout le monde sera d'accord ici pour dire que je ne suis pas très doué au niveau des relations humaines, on pourrait même me qualifier de cancre dans ce domaine. J'ai toujours détesté le contact avec les autres, j'ai vécu pendant très longtemps dans une bulle par peur d'affronter la réalité. Cette peur vient sûrement de l'adolescence. Je viens d'une famille modeste qui habitait dans un quarter largement majoritaire noir. A l'école je n'étais pas comme ça avant. J'étais même l'un des petits rigolos du fond. Je me rappelle que je faisais exploser des préservatifs en sciences physiques comme des bombes à eau. "
" _Ouais c'est marrant ça ! " Le coupa brusquement Joffrey en riant.
Peter parut un peu vexé par cette interruption puis reprit calmement son récit sans se soucier du moins du monde du jeune preneur d'otage. Il avait vraiment l'air de tenir à raconter sa petite histoire. Il faut dire que l'homme était têtu et quand il avait une idée en tête il ne décrochait plus.
" _Paradoxalement j'étais l'un des meilleurs élèves de l'école. Mais vu le niveau général ce n'était pas très compliqué d'être le premier de la classe. Les professeurs m'ont poussé à faire des études supérieurs et c'est là que je me suis enfermé dans une bulle. J'étais quasiment l'un des seuls élèves noirs. On ne peut pas dire que je souffrais réellement de racisme mais il y avait quand même une certaine gêne. Moi je ne demandais qu'à me fondre dans la masse mais l'attitude des autres me montraient bien que c'était impossible. Alors j'ai tenté de faire l'inverse de ce que l'on attendait de moi. Je ne marquais jamais aucun panier en basket, je chantais faux, je ne dansais jamais, je ne faisais preuve d'aucun humour, en bref le contraire de ce que l'on attend d'un black normalement. Je me suis plongé dans les études, je ne sortais jamais, ne discutais pas avec les autres étudiants. J'ai récolté de cette attitude beaucoup de réflexions désagréables. Pour la plupart d'entre eux je n'étais pas normal, on me disait prétentieux, raciste, orgueilleux et j'en passe. Tout cela a encore contribué à me replier sur moi-même ne comptant que sur mes capacités intellectuelles pour en finir le plus rapidement avec les études. "
La plupart des médecins se souvinrent de leurs études et en effet, il n'y avait jamais eu beaucoup d'élèves noirs dans leurs rangs. Les problèmes que racontaient Peter étaient courants dans les écoles d'études supérieurs. Voir un noir en école de médecine était aussi peu courant qu'un blanc américain évoluant en NBA. Joffrey ne connaissait que trop bien lui aussi cette gêne dont avait beaucoup souffert Peter.
¤°¤°¤°¤
Husser décrocha le téléphone. Une fois de plus Luka mettait du temps à répondre. Mais pourquoi mettaient-ils toujours autant de temps avant de décrocher ? Etait-ce pour mettre à l'épreuve ses nerfs ? Enfin quelqu'un décrocha.
" _Allô ? " L'inspecteur reconnut aussitôt la voix du croate.
" _Allô Luka, allumez la télé sur channel 5. "
¤°¤°¤°¤
Joffrey prit la télécommande que Malik avait posé sur le bureau quelques heures plus tôt. Il appuya sur la chaîne en question. Une présentatrice parlait dans la baie du Cook County de l'actuelle prise d'otages. Puis la caméra décala son objectif vers le haut de l'immeuble hospitalier. Sur le toit un hélicoptère attendait comme selon les souhaits de Joffrey.
La voix de l'inspecteur Husser grésilla dans le haut-parleur du téléphone :
" _Allô ? Luka ? Vous êtes toujours là ? "
" _Oui, oui, " répondit le médecin.
" _Nous avons bien l'hélicoptère et je pense que l'on pourrait recommencer à parler de libération d'otage. " Luka lut avec étonnement ce que Joffrey marquait sur le tableau.
" _Il va y avoir un otage de libéré sur le champ. "
Joffrey indiqua à Luka de raccrocher le téléphone ce qu'il fit. L'adolescent avait une idée derrière la tête et tous les otages se demandaient ce qu'il pouvait bien penser, chacun espérant secrètement d'être l'otage qui allait être libéré.
" _Luka et Peter, " reprit soudainement Joffrey. " Vous allez chercher le corps du policier dans la salle. Et je vous préviens à la moindre tentative de votre part, je tue quelqu'un ici. "
Le garçon se plaça de sorte à pouvoir surveiller ses otages au bureau des admissions ainsi que le couloir amenant à la salle où gisait le policier. Peter se leva pour rejoindre Luka et ils se dirigèrent vers la salle de trauma. Par peur de provoquer Joffrey ils n'osaient même pas parler. Le jeune preneur d'otages avait en effet un doigt nerveux posé sur la gâchette de son arme.
Les deux médecins entrèrent dans la salle de trauma. Ils s'échangèrent un regard désespéré en voyant le corps du policier. Il était déjà complètement rigide et le sang avait séché autour de lui. Avec répugnance, Peter le prit par les épaules et Luka par les jambes. Ils l'amenèrent sans essayer de tomber jusqu'au bureau de réception. Tous détournèrent le regard en voyant le policier mort.
" _Mettez-le sur l'brancard ! " Ordonna Joffrey d'un ton catégorique.
Peter et Luka aperçurent le brancard contre le mur et posèrent avec soulagement le lourd cadavre dessus. Mais qu'est-ce que Joffrey avait l'intention de faire ?
" _Attachez-le bien avec les sangles, on va leur donner l'otage qu'ils réclament tant ! Et après poussez l'brancard vers les portes automatiques ! "
Ils comprirent tous alors avec horreur où Joffrey voulait en venir. Les seuls otages qu'il libérerait seraient toujours des otages morts. Soudainement, beaucoup moins avaient envie d'être libérés. Après avoir sanglé le policier sur le brancard, Peter et Luka le poussèrent vers les portes automatiques. Ces dernières s'ouvrirent d'elles-mêmes quand le brancard arriva dans la zone de détection de mouvement.
¤°¤°¤°¤
Husser et plusieurs de ses coéquipiers virent les portes automatiques qui s'ouvrirent. Les familles sortirent toutes de la fourgonnette pour voir le brancard chuter juste après avoir passé les portes. Toutes les caméras s'étaient braqués sur l'objet et la foule de badauds était parcourue de murmures inquiets.
On pouvait clairement voir le corps d'un homme attaché au brancard gisant sur le béton. Des hommes d'intervention s'approchèrent avec précaution l'arme au poing. Personne n'osait respirer jusqu'à que l'un des hommes indique qu'il n'y avait pas de danger. Ils redressèrent le brancard et le ramenèrent vers Husser. L'inspecteur vit alors le policier mort.
" _A en croire la rigidité cadavérique, ça fait un moment qu'il est mort. Tué par balle apparemment. Amenez-le au docteur Sanchez elle sera quoi en tirer maintenant qu'on ne peut plus rien pour lui. Quelqu'un sait où est sa famille ? "
A quelques pas, les agents de sécurité peinaient à retenir les journalistes avides de scoops. Husser soupira de désuétude et partit parler aux familles. A la fourgonnette ils étaient tous sortis attendant la triste nouvelle. Qui était le mort sur le brancard ? L'inspecteur l'air grave et les sourcils froncés arriva enfin.
" _Sur le brancard, ce n'était pas un membre du personnel mais un policier, sûrement l'agent John MacDonnel " Beaucoup poussèrent des soupirs de soulagement.
" _Je pense que maintenant vous êtes d'accord avec moi que les négociations ne servent plus à rien. Le message est clair. Pour les preneurs, aucun otage ne sortira vivant avant qu'ils n'aient eu tout ce qu'ils demandent. Je répète ma demande : acceptez-vous que je fasse descendre un homme pour qu'il se rende compte de la situation exacte et que nous intervenions sur le champ ? "
" _C'est sûrement la meilleur solution à présent, " répondit à regret Mark.
" _Mais il y aura sûrement des morts ? " S'inquiéta Kim.
" _IL Y A DEJA DES MORTS ! " Rétorqua Husser furieux en montrant du doigt le cadavre du policier que l'on emmenait pour l'autopsie.
¤°¤°¤°¤
" _Bon , il vont sûrement nous laisser tranquille un p'tit moment maintenant ! " S'exclama joyeusement Joffrey. " Peter va pouvoir continuer son histoire ! "
Le chirurgien releva le regard vers le jeune garçon. Benton avait quelques gouttes de sang du policier sur les mains et l'odeur de la mort flottait encore à portée de ses narines. Ils n'avait plus vraiment le cœur à papoter mais il n'avait pas le choix.
" _ Je ne me rappelles plus de quoi je parlais. "
" _Tu disais que c'était chiant d'être black dans c'putain d'pays ! " Rétorqua Joffrey.
" _Attention, je n'ai jamais considéré ma couleur de peau comme un handicap, " nuança Peter. " Mais je ne l'ai jamais considéré comme un avantage non plus. Le seul truc c'est que je ne supportais pas la différence, j'étais devenu comme ceux qui me rejetais. Deux événements m'ont permis de me retrouver : il y a eu d'abord mon fils. Il est né prématuré et certains médicaments qu'on lui a administré ont fait qu'il est quasiment sourd maintenant. Il parle par langages des signes et au début je ne supportais pas ça, je voulais qu'il soit comme les autres ! Heureusement, une docteur sourde muette a réussi à me faire comprendre que la différence n'est pas forcément mauvais en soi, bien au contraire. Le deuxième événement c'est quand je suis sorti avec une femme blanche… "
" _Tu parles d'Elisabeth là ? " Demanda Joffrey ayant aussitôt fait le rapprochement avec le discours de la chirurgienne. Peter mit quelques minutes à répondre. Après avoir hésité longuement, il reprit enfin la parole :
" _Oui. Et je confirme ce qu'elle dit. Ce qui nous as séparé ce ne sont pas nos sentiments qui s'étaient éteints mais le fait de devoir affronter le monde de l'autre. Nous sommes tellement différent et cela va encore au-delà de la couleur de peau. Nous avons aussi de profondes différences culturelles, il y a pas mal de choses que nous ne percevons pas de la même chose. Mais en fait je crois que c'était ça en fait qui rendait notre relation si particulière. Je regrette que l'on se soit séparé… Je le regrette profondément et après coup j'aurais aimé faire quelque chose pour que cela ne s'arrête pas comme ça. Je n'ai pas trouvé le courage et quand enfin j'ai retrouvé un peu de contenance Elisabeth a commencé à sortir avec Mark. Elle avait l'air tellement heureuse avec lui que je m'étais fait une raison, que je l'avais définitivement perdu. "
"_Mais apparemment elle n'est pas si heureuse que ça… " Remarqua Joffrey en souriant. " N'est-ce pas Elisabeth ? "
La chirurgienne les larmes aux yeux hocha péniblement de la tête.
¤°¤°¤°¤
Mark restait posté debout à côté de la fourgonnette, le regard fixé vers l'entrée des urgences. Tout cela lui semblait si irréel. Il était conscient de ne pas avoir fait tout ce qu'il fallait avec Elisabeth ces derniers temps. Après tout, elle l'avait tant aidé lorsqu'il était encore atteint de sa tumeur, elle et les lettres de Susan…
Tout était confus dans son esprit. A son bras se tenait Susan. Son visage reflétait beaucoup de calme et de bienveillance, avec pourtant une pointe de malice, un certain charme dur à définir. C'est ce qui l'avait toujours attiré chez elle. Elisabeth avait un peu ce même air malicieux de temps en temps. Et c'est peut-être ce point commun avec Susan qui l'avait attiré chez Elisabeth plutôt qu'Elisabeth elle-même.
Il se maudissait. Elisabeth était retenue en otage, elle était peut-être agonisante ou morte et lui il pesait le pour et le contre entre elle et Susan. Celle-ci le sentait parcouru de frissons nerveux. Mais que pouvait-elle faire pour l'aider à part rester là ?
Mark aperçut un homme tout de noir vêtu qui se préparer pour entre dans l'hôpital. Husser à côté de lui donnait apparemment quelques directives. L'inspecteur avait fait un petit topo aux familles en expliquant qu'un homme allait se glisser par la cage d'escalier, observer la scène de loin, revenir et faire un compte-rendu, puis ce sera au tour des troupes d'interventions et le sang coulera sûrement.
Il fit glisser sa main dans celle de Susan et la serra fortement.
¤°¤°¤°¤
A suivre…
Nota Bene : La tension monte… :o)
Chapitre X : Comme un blanc américain en NBA
Auteur : Lojie
Disclaimer : Tous les personnages sont la propriété de la WB et d'Amblin.
Note de l'auteur : Et voilà le chapitre réservé à l'un des personnages que je préfère : Peter Benton ! Bizarrement ce chapitre fut pour l'instant celui qui m'a posé le plus de difficulté. Bah oui, essayez de faire exprimer des sentiments à un personnage qui ne les exprime jamais dans la série (disons rarement quoique depuis le début de la série il s'est amélioré) c'est pas forcément évident…
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A qui était-ce le tour ? L'adolescent prenait un malin plaisir à laisser filer le temps, rendant les secondes interminables alors qu'il repérait sa prochaine proie. Joffrey pointa son doigt :
" _Toi ! " Peter Benton se retourna et vit qu'il n'y avait personne derrière lui. C'était donc bien lui que le garçon avait désigné.
" _C'est quoi ton nom ? "
" _Peter Benton. "
" _Alors, qu'as tu de marrant à raconter ? "
Joffrey avait vraiment une définition bien à lui du mot " marrant ". Peter se mit à réfléchir et son regard croisa celui d'Elisabeth. Il savait qu'elle attendait qu'il clarifie la situation comme elle l'avait fait de son côté à peine deux heures auparavant. Peter prit une profonde inspiration avant de parler :
" _Tout le monde sera d'accord ici pour dire que je ne suis pas très doué au niveau des relations humaines, on pourrait même me qualifier de cancre dans ce domaine. J'ai toujours détesté le contact avec les autres, j'ai vécu pendant très longtemps dans une bulle par peur d'affronter la réalité. Cette peur vient sûrement de l'adolescence. Je viens d'une famille modeste qui habitait dans un quarter largement majoritaire noir. A l'école je n'étais pas comme ça avant. J'étais même l'un des petits rigolos du fond. Je me rappelle que je faisais exploser des préservatifs en sciences physiques comme des bombes à eau. "
" _Ouais c'est marrant ça ! " Le coupa brusquement Joffrey en riant.
Peter parut un peu vexé par cette interruption puis reprit calmement son récit sans se soucier du moins du monde du jeune preneur d'otage. Il avait vraiment l'air de tenir à raconter sa petite histoire. Il faut dire que l'homme était têtu et quand il avait une idée en tête il ne décrochait plus.
" _Paradoxalement j'étais l'un des meilleurs élèves de l'école. Mais vu le niveau général ce n'était pas très compliqué d'être le premier de la classe. Les professeurs m'ont poussé à faire des études supérieurs et c'est là que je me suis enfermé dans une bulle. J'étais quasiment l'un des seuls élèves noirs. On ne peut pas dire que je souffrais réellement de racisme mais il y avait quand même une certaine gêne. Moi je ne demandais qu'à me fondre dans la masse mais l'attitude des autres me montraient bien que c'était impossible. Alors j'ai tenté de faire l'inverse de ce que l'on attendait de moi. Je ne marquais jamais aucun panier en basket, je chantais faux, je ne dansais jamais, je ne faisais preuve d'aucun humour, en bref le contraire de ce que l'on attend d'un black normalement. Je me suis plongé dans les études, je ne sortais jamais, ne discutais pas avec les autres étudiants. J'ai récolté de cette attitude beaucoup de réflexions désagréables. Pour la plupart d'entre eux je n'étais pas normal, on me disait prétentieux, raciste, orgueilleux et j'en passe. Tout cela a encore contribué à me replier sur moi-même ne comptant que sur mes capacités intellectuelles pour en finir le plus rapidement avec les études. "
La plupart des médecins se souvinrent de leurs études et en effet, il n'y avait jamais eu beaucoup d'élèves noirs dans leurs rangs. Les problèmes que racontaient Peter étaient courants dans les écoles d'études supérieurs. Voir un noir en école de médecine était aussi peu courant qu'un blanc américain évoluant en NBA. Joffrey ne connaissait que trop bien lui aussi cette gêne dont avait beaucoup souffert Peter.
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Husser décrocha le téléphone. Une fois de plus Luka mettait du temps à répondre. Mais pourquoi mettaient-ils toujours autant de temps avant de décrocher ? Etait-ce pour mettre à l'épreuve ses nerfs ? Enfin quelqu'un décrocha.
" _Allô ? " L'inspecteur reconnut aussitôt la voix du croate.
" _Allô Luka, allumez la télé sur channel 5. "
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Joffrey prit la télécommande que Malik avait posé sur le bureau quelques heures plus tôt. Il appuya sur la chaîne en question. Une présentatrice parlait dans la baie du Cook County de l'actuelle prise d'otages. Puis la caméra décala son objectif vers le haut de l'immeuble hospitalier. Sur le toit un hélicoptère attendait comme selon les souhaits de Joffrey.
La voix de l'inspecteur Husser grésilla dans le haut-parleur du téléphone :
" _Allô ? Luka ? Vous êtes toujours là ? "
" _Oui, oui, " répondit le médecin.
" _Nous avons bien l'hélicoptère et je pense que l'on pourrait recommencer à parler de libération d'otage. " Luka lut avec étonnement ce que Joffrey marquait sur le tableau.
" _Il va y avoir un otage de libéré sur le champ. "
Joffrey indiqua à Luka de raccrocher le téléphone ce qu'il fit. L'adolescent avait une idée derrière la tête et tous les otages se demandaient ce qu'il pouvait bien penser, chacun espérant secrètement d'être l'otage qui allait être libéré.
" _Luka et Peter, " reprit soudainement Joffrey. " Vous allez chercher le corps du policier dans la salle. Et je vous préviens à la moindre tentative de votre part, je tue quelqu'un ici. "
Le garçon se plaça de sorte à pouvoir surveiller ses otages au bureau des admissions ainsi que le couloir amenant à la salle où gisait le policier. Peter se leva pour rejoindre Luka et ils se dirigèrent vers la salle de trauma. Par peur de provoquer Joffrey ils n'osaient même pas parler. Le jeune preneur d'otages avait en effet un doigt nerveux posé sur la gâchette de son arme.
Les deux médecins entrèrent dans la salle de trauma. Ils s'échangèrent un regard désespéré en voyant le corps du policier. Il était déjà complètement rigide et le sang avait séché autour de lui. Avec répugnance, Peter le prit par les épaules et Luka par les jambes. Ils l'amenèrent sans essayer de tomber jusqu'au bureau de réception. Tous détournèrent le regard en voyant le policier mort.
" _Mettez-le sur l'brancard ! " Ordonna Joffrey d'un ton catégorique.
Peter et Luka aperçurent le brancard contre le mur et posèrent avec soulagement le lourd cadavre dessus. Mais qu'est-ce que Joffrey avait l'intention de faire ?
" _Attachez-le bien avec les sangles, on va leur donner l'otage qu'ils réclament tant ! Et après poussez l'brancard vers les portes automatiques ! "
Ils comprirent tous alors avec horreur où Joffrey voulait en venir. Les seuls otages qu'il libérerait seraient toujours des otages morts. Soudainement, beaucoup moins avaient envie d'être libérés. Après avoir sanglé le policier sur le brancard, Peter et Luka le poussèrent vers les portes automatiques. Ces dernières s'ouvrirent d'elles-mêmes quand le brancard arriva dans la zone de détection de mouvement.
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Husser et plusieurs de ses coéquipiers virent les portes automatiques qui s'ouvrirent. Les familles sortirent toutes de la fourgonnette pour voir le brancard chuter juste après avoir passé les portes. Toutes les caméras s'étaient braqués sur l'objet et la foule de badauds était parcourue de murmures inquiets.
On pouvait clairement voir le corps d'un homme attaché au brancard gisant sur le béton. Des hommes d'intervention s'approchèrent avec précaution l'arme au poing. Personne n'osait respirer jusqu'à que l'un des hommes indique qu'il n'y avait pas de danger. Ils redressèrent le brancard et le ramenèrent vers Husser. L'inspecteur vit alors le policier mort.
" _A en croire la rigidité cadavérique, ça fait un moment qu'il est mort. Tué par balle apparemment. Amenez-le au docteur Sanchez elle sera quoi en tirer maintenant qu'on ne peut plus rien pour lui. Quelqu'un sait où est sa famille ? "
A quelques pas, les agents de sécurité peinaient à retenir les journalistes avides de scoops. Husser soupira de désuétude et partit parler aux familles. A la fourgonnette ils étaient tous sortis attendant la triste nouvelle. Qui était le mort sur le brancard ? L'inspecteur l'air grave et les sourcils froncés arriva enfin.
" _Sur le brancard, ce n'était pas un membre du personnel mais un policier, sûrement l'agent John MacDonnel " Beaucoup poussèrent des soupirs de soulagement.
" _Je pense que maintenant vous êtes d'accord avec moi que les négociations ne servent plus à rien. Le message est clair. Pour les preneurs, aucun otage ne sortira vivant avant qu'ils n'aient eu tout ce qu'ils demandent. Je répète ma demande : acceptez-vous que je fasse descendre un homme pour qu'il se rende compte de la situation exacte et que nous intervenions sur le champ ? "
" _C'est sûrement la meilleur solution à présent, " répondit à regret Mark.
" _Mais il y aura sûrement des morts ? " S'inquiéta Kim.
" _IL Y A DEJA DES MORTS ! " Rétorqua Husser furieux en montrant du doigt le cadavre du policier que l'on emmenait pour l'autopsie.
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" _Bon , il vont sûrement nous laisser tranquille un p'tit moment maintenant ! " S'exclama joyeusement Joffrey. " Peter va pouvoir continuer son histoire ! "
Le chirurgien releva le regard vers le jeune garçon. Benton avait quelques gouttes de sang du policier sur les mains et l'odeur de la mort flottait encore à portée de ses narines. Ils n'avait plus vraiment le cœur à papoter mais il n'avait pas le choix.
" _ Je ne me rappelles plus de quoi je parlais. "
" _Tu disais que c'était chiant d'être black dans c'putain d'pays ! " Rétorqua Joffrey.
" _Attention, je n'ai jamais considéré ma couleur de peau comme un handicap, " nuança Peter. " Mais je ne l'ai jamais considéré comme un avantage non plus. Le seul truc c'est que je ne supportais pas la différence, j'étais devenu comme ceux qui me rejetais. Deux événements m'ont permis de me retrouver : il y a eu d'abord mon fils. Il est né prématuré et certains médicaments qu'on lui a administré ont fait qu'il est quasiment sourd maintenant. Il parle par langages des signes et au début je ne supportais pas ça, je voulais qu'il soit comme les autres ! Heureusement, une docteur sourde muette a réussi à me faire comprendre que la différence n'est pas forcément mauvais en soi, bien au contraire. Le deuxième événement c'est quand je suis sorti avec une femme blanche… "
" _Tu parles d'Elisabeth là ? " Demanda Joffrey ayant aussitôt fait le rapprochement avec le discours de la chirurgienne. Peter mit quelques minutes à répondre. Après avoir hésité longuement, il reprit enfin la parole :
" _Oui. Et je confirme ce qu'elle dit. Ce qui nous as séparé ce ne sont pas nos sentiments qui s'étaient éteints mais le fait de devoir affronter le monde de l'autre. Nous sommes tellement différent et cela va encore au-delà de la couleur de peau. Nous avons aussi de profondes différences culturelles, il y a pas mal de choses que nous ne percevons pas de la même chose. Mais en fait je crois que c'était ça en fait qui rendait notre relation si particulière. Je regrette que l'on se soit séparé… Je le regrette profondément et après coup j'aurais aimé faire quelque chose pour que cela ne s'arrête pas comme ça. Je n'ai pas trouvé le courage et quand enfin j'ai retrouvé un peu de contenance Elisabeth a commencé à sortir avec Mark. Elle avait l'air tellement heureuse avec lui que je m'étais fait une raison, que je l'avais définitivement perdu. "
"_Mais apparemment elle n'est pas si heureuse que ça… " Remarqua Joffrey en souriant. " N'est-ce pas Elisabeth ? "
La chirurgienne les larmes aux yeux hocha péniblement de la tête.
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Mark restait posté debout à côté de la fourgonnette, le regard fixé vers l'entrée des urgences. Tout cela lui semblait si irréel. Il était conscient de ne pas avoir fait tout ce qu'il fallait avec Elisabeth ces derniers temps. Après tout, elle l'avait tant aidé lorsqu'il était encore atteint de sa tumeur, elle et les lettres de Susan…
Tout était confus dans son esprit. A son bras se tenait Susan. Son visage reflétait beaucoup de calme et de bienveillance, avec pourtant une pointe de malice, un certain charme dur à définir. C'est ce qui l'avait toujours attiré chez elle. Elisabeth avait un peu ce même air malicieux de temps en temps. Et c'est peut-être ce point commun avec Susan qui l'avait attiré chez Elisabeth plutôt qu'Elisabeth elle-même.
Il se maudissait. Elisabeth était retenue en otage, elle était peut-être agonisante ou morte et lui il pesait le pour et le contre entre elle et Susan. Celle-ci le sentait parcouru de frissons nerveux. Mais que pouvait-elle faire pour l'aider à part rester là ?
Mark aperçut un homme tout de noir vêtu qui se préparer pour entre dans l'hôpital. Husser à côté de lui donnait apparemment quelques directives. L'inspecteur avait fait un petit topo aux familles en expliquant qu'un homme allait se glisser par la cage d'escalier, observer la scène de loin, revenir et faire un compte-rendu, puis ce sera au tour des troupes d'interventions et le sang coulera sûrement.
Il fit glisser sa main dans celle de Susan et la serra fortement.
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A suivre…
Nota Bene : La tension monte… :o)
