Treize
Chapitre XIII : Traumatisme



Auteur : Lojie

Disclaimer : Tous les personnages sont la propriété de la WB et d'Amblin.

Note de l'auteur : Dernier chapitre de " Treize ", je sais pas pourquoi j'ai toujours le cafard quand je finis une fanfiction, et j'ai toujours aussi l'impression d'être passée à côté de quelque chose, que j'aurais dû écrire ce passage de telle façon plutôt que comme ça, que ce personnage aurait dû faire ça à ce moment et pas plus tard. Bref, j'ai toujours envie de les recommencer mais j'ai d'autres idées qui attendent.

C'était la petite pensée nostalgique du jour présenté par Lojie sur channel " superfandurgences " et sponsorisé par les Délires Lojiciens ;o)



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17 : 00

Cela faisait déjà une heure que la prise d'otages était terminée. Par la fenêtre, Jing-Mei voyait déjà toutes les lumières de Chicago qui s'éveillaient alors que la nuit tombait déjà. Les flocons de neige grise venaient s'entasser sur le rebord et la jeune femme se leva pour tirer les rideaux. Puis elle alla se rasseoir dans le canapé du riche salon de ses parents. Elle prit une télécommande et alluma la télévision.

Elle entendait ses parents qui discutaient dans la cuisine. Ils parlaient sur un ton bas et ils étaient encore sous le choc de cette prise d'otages. Jing-Mei concentra son attention sur l'écran. Une journaliste tenait un gros micro à la main et était dos au Cook County. C'était apparemment du direct car derrière elle la nuit tombait et une couche de neige sale avait tout recouvert.

" _Personne n'est censé ignorer la véritable tragédie qui s'est déroulée au Cook County Hospital de Chicago il y a à peine une heure, ce même hôpital qui l'année dernière fut le théâtre du meurtre d'une jeune étudiante en médecine et de l'agression de son directeur d'études le jour de la Saint Valentin. Cette fois-ci, treize membres hospitaliers la plupart du service des urgences et trois chirurgiens ont été gardés en otage pendant plus de dix heures. Dix heures insoutenables pour eux et leurs familles… "

Jing-Mei éteignit la télévision ne pouvant plus supporter cela plus longtemps. Les larmes commencèrent à couler sur ses joues quand elle se mit à penser à Luka. Il n'avait pas mérité de finir ainsi. Non pas comme ça.

Jing-Mei. Il faut que tu arrêtes de te torturer inutilement.

Ses parents revinrent dans le salon et la virent effondrée sur la canapé. Ils la prirent aussitôt dans leurs bras et elle se laissa aller, faisant ressortir tout le stress emmagasiné depuis le début de cette journée. C'était si bon de sentir ces bras réconfortants l'enserrant.

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Ella dormait à poings fermés dans les bras d'Elisabeth. Plus loin, Reese s'amusait avec des petites voitures sur le tapis du salon. La chirurgienne se trouvait chez Peter et l'attendait alors qu'il était parti chercher à manger dans la cuisine.

La chaîne du salon déversait quelques notes de doux jazz dans le salon apaisant les nerfs tendus d'Elisabeth. Peter revint enfin avec quelques trucs à grignoter. Il l'observa un instant attendri en train de bercer son bébé. Elle surprit son regard et le lui rendit par un sourire.

A quelques pas d'eux, Reese délaissa ses voitures et alluma la télé. Il tomba sur les informations et notamment sur une journaliste se tenant devant le Cook County, puis une photo d'école de Joffrey lui prit sa place :

" _ Dix heures insoutenables pour eux et leurs familles, le preneur d'otages était en fait un jeune adolescent des quartiers nord de Chicago. Il avait quatorze ans et se nommait Joffrey Banner. Il était issu d'une famille sans père mais il eut toujours un comportement modèle jusqu'au jour où son grand frère, Michael Banner, fut incarcéré à vie pour vol à main armée et meurtre. D'après les témoignages de ses professeurs, son comportement changea alors du jour au lendemain. Le drame a commencé quand Joffrey fut admis aux urgences pour… "

Peter se leva, prit la télécommande et changea de chaîne. Il laissa des dessins animés pour Reese. Il partit se rasseoir d'un pas lourd. Elisabeth posa sa main sur son bras :

" _Nous allons souvent voir ces images dans les prochains jours. Et pas seulement à la télé, aussi dans nos cauchemars. "

" _Je sais. Mais tout ça me fait tant penser à Luka. C'était sûrement celui d'entre nous qui méritait le moins de mourir ! Il avait déjà tant souffert ! " Protesta Peter en rageant d'impuissance.

" _Personne ne mérite de mourir. Ce policier ne méritait pas de mourir, Luka ne méritait pas de mourir, et Joffrey non plus ne méritait pas de mourir. Mais il faut se dire que leurs morts n'ont pas été inutiles. "

" _C'est vrai que son jeu de la vérité a permis à beaucoup d'entre nous de se sentir mieux. Y compris Luka. Je crois que c'est la seule chose positive de toute cette histoire. Dommage que Joffrey n'ait pas eu le temps de lui aussi y jouer, peut-être que nous l'aurions convaincu de sortir se rendre, et… "

" _Et il aura passé tout le reste de son adolescence dans une maison de redressement ? Et sûrement il en serait ressorti pire qu'avant, puis aurait passé le reste de sa vie entre les gangs de la rue et la prison ? Ensuite il serait mort soit de blessures par balle soit par overdose ? Peut-être est-ce mieux aussi que cela ce soit terminé ainsi pour lui. "

Les vrais responsables ? L'histoire est bien trop compliqué pour pouvoir blâmer quelqu'un de précis.

" _Peut-être. "

La porte d'entrée sonna et Peter ne tenant pas en place se leva aussitôt. Il ouvrit la porte et laissa entrer une jeune adolescente :

" _Bonjour m'sieur Benton, " dit-elle polie après qu'il l'eut invité.

" _Bonjour Sandy. La nourriture de Reese est déjà toute prête dans le frigo, tu auras seulement à faire réchauffer. Quand à Ella, elle a plusieurs biberons de prêt et tu devras aussi sûrement la changer au moins une fois. "

La jeune fille hocha la tête pour montrer qu'elle avait tout compris. Peter aida ensuite Elisabeth à enfiler son manteau, puis il mit le sien lui aussi. Il glissa ensuite quelques dollars dans la main de Sandy.

" _S'il y a un problème tu connais mon numéro. "

" _Oui m'sieur Benton. "

" _Bonne soirée Sandy, " dit-il juste après avoir embrassé son fils.

" _Bonne soirée, " ajouta Elisabeth à son tour.

" _Vous aussi passez une bonne soirée, " répondit la jeune baby-sitter.

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Kerry était assise sur le canapé du salon de Kim. La psychologue était allongée à côté d'elle et les deux femmes discutaient ainsi depuis qu'elles étaient rentrées. Elles avaient ouvert une bouteille de vin et cela leur avait un peu tourné la tête. Elles riaient pour un rien mais cela leur permettait d'évacuer le stress.

La télé face à elles était allumée sans qu'elles ne la regardent. Mais soudainement le regard de Kerry se fixa sur l'écran et son visage se décomposa. Kim nota son changement brusque d'attitude :

" _Qu'est-ce qui se passe ? " Demanda-t-elle en dirigeant elle aussi son regard vers le poste de télévision.

Une photo d'école de Joffrey Banner disparut sur l'écran pour de nouveau faire apparaître une journaliste postée devant le Cook County Hospital.

" _ Ce drame a commencé quand Joffrey fut admis aux urgences pour blessures par balles. Il était atteint à l'épaule mais ces jours n'étaient pas en danger. Comme le veut la procédure, un policier doit être appelé pour faire un rapport dès qu'un patient a ce genre de blessures. Ce fut l'agent John MacDonnel qui se rendit aux urgences sans savoir qu'il vivait ses derniers instants… "

Kim prit la télécommande et éteignit aussi sec le poste.

" _Ne regardes pas ça. Tu te tortures inutilement. "

" _Tout est de ma faute, " dit Kerry en commençant à pleurer. " C'est moi la responsable j'aurais dû voir que Joffrey était dangereux tout comme l'était Sobriki ! Luka est mort par ma faute ! Tu sais que c'est la première personne à qui j'ai confié mon homosexualité. En fait, il l'avait deviné, il était devenu une sorte de confident et il m'a toujours aidé. Mon Dieu ! Il a été tué et je n'ai rien pu faire ! "

" _Calmes-toi Kerry. Tu n'y es pour rien. "

" _Luka était sous ma responsabilité et maintenant il est mort ! C'est déjà le deuxième de mes docteurs qui se fait tuer durant sa garde ! Et je ne compte pas toutes les agressions que mon personnel subit, je… "

" _Tu n'es pas responsable de ce qui arrive. Ce n'est pas toi qui a créé les dealers, les pauvres gamins comme Joffrey, les schizophrènes dangereux et toute cette violence urbaine. Mais tout ce petit monde arrive tôt ou tard dans les urgences. Les médecins qui travaillent dans ton service sont au courant de tout ça, ils savent qu'ils sont dans le service le plus dangereux de l'hôpital car il est en contact direct avec l'extérieur. Tu ne peux pas contrôler tous les paramètres. "

" _Tu as raison, je sais que tu as raison mais je sens pourtant si coupable ! "

Kim la serra contre elle sachant les paroles inutiles. Kerry acceptera ce qui s'est passé avec le temps.

Un jour, on peut presque arriver à l'ignorer, presque trouver la situation normale et se faire une raison. Le jour suivant, on peu avoir envie de tout casser, l'envie d'avoir face à soi les véritables responsables et de les battre, de les battre, battre encore et encore.

Cela résumait tout à fait comment Kerry voyait sa vie dans les urgences. Voir des gosses crever de blessures par balles lui semblait normal certains jours, mais d'autres elle avait envie de tout casser car justement c'était tout sauf normal.

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" _Ce fut l'agent John MacDonnel qui se rendit aux urgences sans savoir qu'il vivait ses derniers instants. En interrogeant le jeune Joffrey Banner alors qu'un docteur d'origine croate Luka Kovac s'occupait de sa blessure, il s'emporta contre le jeune garçon et eut un instant d'inattention qui lui fut fatal. Le jeune adolescent lui prit son arme et le tua sous les yeux du docteur Kovac impuissant. "

Une photo de Luka apparut sur l'écran de télévision. Maria éteignit aussitôt en entendant Dave approcher. Celui-ci s'assit à côté d'elle en soupirant. Il venait de coucher Elena qui souffrait encore de sa fièvre. La journée fut épuisante et elle avait besoin de repos.

" _Je t'ai vu éteindre la télévision, " dit Dave avec calme. " Où ces putins de journalistes ont-ils trouvé si vite une photo de Luka ! "

" _Tu devrais dormir un peu toi aussi. Tu as les traits tirés. " Répondit Maria en posant sa main sur le front de son ex-mari.

Puis elle la laissa glisser sur sa joue et s'approcha pour l'embrasser juste à côté de ses lèvres. Dave ferma les yeux.

La perte de ma famille a été pour moi une grande douleur et je ne me confis plus à cause de ça, j'ai trop peur de souffrir à nouveau.

" _Donnes-moi une seconde chance Maria, " la supplia-t-il en gardant les yeux clos.

Une larme coula le long de sa joue sans qu'il ne fasse un geste pour l'essuyer. Elle tourna légèrement la tête en entendant dans la pièce voisine Elena qui se retournait dans son lit. Puis Maria observa de nouveau Dave les paupières encore baissées. Face à son silence persistant il reprit la parole :

" _Tu sais ce que j'ai fait aujourd'hui, j'ai tout dit, " dit-il dans un petit rire nerveux. " J'ai tout dit sur mon passé, sur mon enfance que je croyais normale. Tu crois que c'est un pas pour que j'accepte enfin tout ce qu'il s'est passé ? "

" _C'est un très grand pas, " répondit-elle souriante. " Et je crois bien que comme récompense je peux t'accorder une seconde chance. "

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John referma la porte de la chambre de sa grand-mère derrière lui. Elle s'était assoupie et avait du mal à se remettre de ce que lui avait dit son petit-fils. Carter le comprenait parfaitement et il se dirigea avec nonchalance vers sa chambre.

Pensif il s'allongea et resta quelques instants à méditer avant d'allumer la télévision.

" _ Le jeune adolescent lui prit son arme et le tua sous les yeux du docteur Kovac impuissant. La prise d'otage durera dix heures, dix heures de souffrance et de calvaire pour les treize otages. Finalement, peu après que Joffrey Banner eut renvoyé le corps de John MacDonnel sur un brancard aux policiers postés autour de l'hôpital, les troupes d'intervention chargèrent mais ils n'eurent pas le temps de sauver la vie du docteur Kovac. "

Il éteignit aussitôt la télévision. Le silence envahit de nouveau la pièce. Trop de pensées se battaient dans son esprit torturé. Soudainement il prit dans sa table de nuit un calepin en cuir noir. Peut-être était-ce le moment de faire ce qu'il avait toujours eu si peur de faire.

C'est comme si la guerre ouvrait une part d'ombre dans votre esprit et qu'il vous était impossible de la refermer. Vous aurez beau poussé de toutes vos forces, la résistance de l'autre côté ne sera que plus intense.

Il ouvrit le petit répertoire à la lettre K. Puis John attrapa le combiné de son téléphone et composa avec hésitation un numéro. Il avait si souvent fait les premiers chiffres de ce numéro et si rarement les derniers. Il raccrochait toujours avant mais là il savait qu'il ne le ferait pas.

La tonalité retentit dans son oreille gauche, puis de longues sonneries interminables. Pourvu qu'elle soit là, il n'aurait jamais le courage de téléphoner une seconde fois. Enfin une voix féminine se fit entendre à l'autre bout du fil :

" _Allô ? "

" _Allô je suis John Carter. Suis-je bien en train de parler à madame Knight ? "

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Fin


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" _D'habitude dans les films, on voit les gens qui reviennent de la guerre tout traumatisés. Et toi t'es traumatisé ? "

" _Bien sûr que je suis traumatisé. "