Yamcha se rendait à Capsule Corporation. Il devait prendre Bulma et passer la soirée avec elle. Un rendez-vous, quoi.
Plus que trois coins de rue et il serait arrivé. Il soupira. Pourquoi la perspective d'une sortie avec sa propre petite amie lui faisait-elle un effet pareil? Son estomac se nouait de plus en plus à mesure qu'il approchait et il ne se sentait plus le coeur à sourire. Penser à elle, à la tournure que la soirée pourrait prendre, le rendait presque malade.
Peut-être était-ce un signe...
~~~
Bulma soupira en tapotant ses cheveux finalement coiffés. Une autre soirée qui tournerait au vinaigre... "Je n'y peux rien si il regarde d'autres filles avec de tels yeux!" Elle frappa rageusement le dessus de son bureau, puis soupira.
Cette relation stagnait...
~~~
Elle ouvrit la porte, força un sourire. Il força un autre sourire, lui prit gentiment le coude. La touchant à peine. Elle lui donna un baiser. Sur la joue.
- Alors, où va-t-on? demanda-t-elle, jouant la bonne humeur.
- Où tu veux...
Il souriait, mais ses yeux, sa voix étaient las. Bulma libéra doucement son coude.
- Ça ne mène à rien, Yamcha.
- Quoi?
- Nous deux.
- Mais non, nous...
- Tu sais bien que j'ai raison. Tu n'as pas vraiment envie d'être ici... Et moi non plus.
Il la dévisagea, tentant de deviner s'il s'agissait d'un test, d'une plaisanterie ou de la vérité. Les yeux bleus, océaniques, qu'il scruta étaient on-ne-peut-plus sérieux. Alors il abandonna.
- Je sais.
- Peut-être qu'on devrait vraiment se séparer... Mais rester amis quand même!
- C'est possible, tu crois?
- Pourquoi pas?!
Elle souriait à nouveau, pour de vrai, et elle lui saisit le bras, le tirant vers sa voiture.
- Allez, sortons pour célébrer notre amitié!
Il sourit, puis éclata de rire. Un immense poids venait de s'évanouir, en lui, et si elle voulait célébrer leur amitié, lui célèbrerait sa liberté.
Cette soirée fut plus réussie que nulle autre.
~~~
Près de trois semaines s'étaient écoulées depuis la séparation définitive de Bulma et Yamcha. Celui-ci se consacrait enfin sérieusement à son entraînement et ne put accompagner sa nouvelle amie à une soirée bénéfique à laquelle elle était invitée. En tant que fille unique et héritière du directeur de Capsule Corporation, Bulma avait certaines obligations, dont celle de se présenter, au moins trois fois par années, à de tels événements.
Puisque Yamcha n'était pas disponible, Bulma demanda à Végéta.
Le Saïyen commença par fixer le vide, comme s'il assimilait la demande, lentement. Puis il tourna la tête vers elle, comme si c'était parfaitement absurde et humiliant.
- Moi. Et toi. A une soirée. Bénéfice.
Soudain Bulma réalisa à quel point l'idée était ridicule et elle sourit, nerveusement.
- Oublie ça! J'irai seule, c'est tout...
Elle s'en alla - c'était presque une fuite - et Végéta retourna à son entraînement.
~~~
Quelques jours plus tard, Bulma passa dire au revoir au guerrier, qui était couché dans son lit. Il avait un peu trop poussé l'entraînement ce jour-là et avait dû quitter sa précieuse salle en urgence. A présent, il se rétablissait le plus rapidement possible.
Il ne lui répondit pas; elle soupira et partit.
Végéta ne bougea pas. La porta claqua. "Reste couché, ne bouge pas!" Sa mâchoire se crispa, il se leva et se rendit à sa fenêtre.
Si loin dehors, elle monta dans une voiture trop longue - une limousine, les appelait-elle - et disparut de sa vue. Sans un signe ou un simple regard vers lui.
La voiture roula lentement hors de la propriété et Végéta retourna se coucher. Il ferma les yeux, cachant ses sentiments trop agités au monde absent.
~~~
L'été passa comme un charme; trop chaud mais paisible. Septembre arriva, rafraîchit l'air.
Dans la Capitale de l'Ouest, Capsule Corporation et sa salle de gravité... Un Saïyen furieux et décidé à devenir Super Saïyen le plus tôt possible. Végéta s'entraînait depuis plus d'un an et il n'avait toujours pas atteint ce niveau. Frustré à l'extême, il était enfermé dans la salle depuis près de deux jours, sous une gravité de 260G. Il était affamé et épuisé, mais sa colère et son orgueil l'empêchaient d'abandonner.
- Enfoiré de... Carot... Salaud...
Entretenant sa haine contre son ennemi - qui était devenu son allié... -, revivant les pires moments de sa vie...
- Ah! Regardez le Prince! On vient de lui écraser sa queue et il braille! Quel bébé!
Mais il n'avait que huit mois et ne connaissait que la douleur effroyable qui revenait sans cesse, en vagues géantes...
...Provoquant la douleur... Autant physique que mentale...
Il n'était pas Super Saïyen et Freezer allait le tuer. Il n'était même pas plus fort qu'un soldat de troisième classe. Il était le Prince de rien du tout... Une loque...
Un déchet.
...Retenant l'envie d'abandonner qui le pressait... Les larmes qui ne demandaient qu'à couler... Raviver des tels souvenirs blessait mais était nécessaire...
Elle rit et la lumière joua dans ses cheveux. Ses yeux d'azur étincellaient et il avait envie de la toucher, doucement, tend...
- NOOOOOONN!!!
Furieux de cette pensée - sûrement pas un souvenir! -, il se saisit la tête à deux mains, se força à faire le vide. Mais sa colère était trop grande, la douleur trop intense et il tomba à genoux, grognant et tremblant. Pourquoi était-elle dans son esprit?! Il ne l'aimait pas, ne l'aimait pas, ne l'aimait pas!!
C'était horrible, car il sentait son coeur se révolter et il ne trouvait pas la paix. Un rugissment roula dans sa gorge, éclata et résonna contre les murs.
- JE NE L'AIME PAAAAASS!!!!!
Il écrasait littéralement sa tête entre ses paumes et lorsqu'il sentit une larme s'échapper de ses paupières closes, un déclic se fit.
Il hurla, comme jamais auparavant, de colère d'être aussi faible, de fureur d'avoir développé des sentiments faibles, de frustration de ne pas pouvoir les avouer...
Il hurla, il s'oublia et il devint Super Saïyen.
~~~
Le laboratoire trembla et Bulma s'aggripa à la table, surprise. Elle pensa à un tremblement de terre, mais il n'y en avait jamais dans cette partie du monde... Son esprit parvint rapidement à une conclusion plus probable. Végéta.
Elle courut immédiatement vers la salle de gravité, espérant le retrouver vivant.
La porte s'ouvrait alors qu'elle arrivait à sa hauteur et elle fut soulagée de voir le Saïyen en sortir, debout, l'air à bout de forces mais un étrange sourire aux lèvres. Il avait l'air tellement... Fier...
- Qu'est-ce qui s'est passé? demanda-t-elle, confuse.
Il la regarda, sans mépris, sans perdre son sourire, et elle comprit.
- Tu l'as eu?! s'écria-t-elle. Tu... Tu es devenu Super Saïyen?!
Il hocha de la tête et elle poussa un cri de joie. Elle ne pensait pas à la Terre qui bénificerait de cette transformation, du combat qu'il aurait avec Goku un jour, de l'angoisse qu'il lui avait donné... Elle était heureuse pour lui, qui avait finalement atteint son but premier.
Sans s'en rendre compte, elle enroula ses bras autour du cou puissant, embrassa les lèvres chaudes du Saïyen.
~~~
Doucement, Bulma ajusta le bandage autour de la tête. Végéta dormait profondément, récupérant de son entraînement plus qu'intensif et de sa transformation.
La jeune femme retint un soupir et observa le dormeur, pensive. Après ce baiser impulsif, il l'avait violemment poussé contre le mur, l'assomant à demi, puis s'était écroulé dans le corridor, vidé de toute énergie.
A présent, il était étendu devant elle, sans défense... Mais elle n'avait plus envie de l'embrasser. Seulement de rester là, à le veiller. Sans même le toucher.
Elle ajusta son bandage à nouveau. Sa tête avait heurté le mur un peu trop fort...
Végéta dormait, sans expression, sans mouvement autre que sa poitrine se soulevant lentement sous les draps, redescendant tout aussi lentement... Remontant... Descendant...
Bulma inclina sa tête vers sa poitrine, ferma les yeux. Le silence était paisible, comfortable... Elle pouvait entendre la respiration profonde, régulière du Saïyen...
Avec un léger soupir, elle s'endormit.