La nuit était calme, plutôt chaude pour la mi-février. Les étoiles brillaient et un arc de lune faisait faiblement étinceler la couche fraîche de neige encore immaculée. En fait, il y avait peu de neige dans la Capitale de l'Ouest, seulement un épais tapis blanc.
Cette magnifique soirée de Saint Valentin déprimait royalement Bulma. C'était la première depuis des années qu'elle passait en célibataire et la montagne de mouchoirs usagés ne cessait de croître à côté de son lit.
- …on se réconciliait toujours à la Saint Valentin! Et il m'offrait des fleurs et du chocolat et des fraises et… WAAAAAAAAAAAAAHH!!!
Quatre autres mouchoirs y passèrent. Elle allait poursuivre sa litanie nostalgique lorsqu'elle s'aperçut de la présence d'un homme dans l'embrasure de sa porte. Végéta, qui avait l'air plutôt agacé.
- C'est bientôt fini, ces pleurnicheries?! Même dans la salle de gravité on t'entend!
- LA FERME!! Tu n'es qu'un salaud sans cœur et… WAAAAAAAAAAAAAAHH!!!
Une goutte de sueur géante apparut sur le front du Saïyen pris par surprise alors que la jeune femme se remettait à pleurer de plus belle. Il demeura sans bouger pendant un moment, puis réalisa qu'elle ne s'arrêterait pas d'elle-même et abandonna.
Les sanglots bruyants cessèrent d'un coup lorsque des doigts hésitants effleurèrent la tête mauve, en une caresse aussi incertaine qu'hésitante.
Bulma releva brusquement la tête, plongea ses yeux rougis dans les abîmes noirs du Prince.
Quelque chose remua en lui. Pas vraiment désagréable mais…
Il retira promptement sa main, fit un pas en arrière. Bulma eut l'air déçue mais au moins, ne recommença pas à pleurer.
- Pourquoi tout ce vacarme? demanda-t-il brusquement en croisant les bras.
- C'est ma première Saint Valentin sans Yamcha depuis qu'on se connaît… renifla-t-elle.
- …Saint Val… quoi?
- Saint Valentin! La fête de l'amour, quoi!
Végéta lui fit l'honneur d'un regard "Mais qu'est-ce que c'est que cette merde encore?" bien senti et elle ne put réprimer un sourire.
- Je suppose que les Saïyens n'ont pas ce genre de fêtes…
- Pas de fêtes, surtout pas pour une bêtise pareille.
- Quelle bêtise?
- L'amour!
Il cracha le mot presque avec mépris. Bulma fronça les sourcils pendant une demie seconde, puis se leva. Elle n'avait plus envie de pleurer, au contraire.
- Dis-moi, Végéta…
Elle s'approcha de lui et il n'aima pas son sourire. Trop… Enjôleur…
- Tu as déjà…
Elle était proche à le toucher maintenant, son parfum de fraises emplissait les poumons du Saïyen. Il se retint de bouger, même lorsqu'elle posa sa main sur son bras musclé.
- Fait l'amour?
- ÇA VA PAS LA TÊTE?!?!
Cette fois il recula, en tomba presque. Bulma gloussa en le voyant rougir aussi violemment.
- Je suppose que non, fit-elle en repoussant ses cheveux derrière son épaule. C'est pourquoi tu ne comprends pas.
- La ferme! Je n'ai pas envie de comprendre!
- Tu es sûr?
Il serra les dents. Inutile de discuter avec elle… Il refusa de la regarder en face, sachant que les yeux bleus le dévoraient littéralement, triomphants.
- De toute façon, je suis sûre que tu es pourri au lit. Ça doit être pour cela que…
- QUOI?!?
Soudain, il vit rouge. C'en était assez de ses insultes et de sa manipulation! En bon guerrier qu'il était, il attaqua: la saisit par la taille, la lança littéralement sur le lit et bondit sur elle. Sans prendre garde à son expression choquée - trop pour réagir -, il déchira ses vêtements, la laissant en petite tenue sous lui.
Elle était magnifique, digne d'une œuvre d'art, mais l'instinct endormi s'était réveillé et le Saïyen ne s'attarda pas à la contempler. Sauvagement, il commença à l'embrasser dans le cou. En fait, les baisers se muèrent rapidement en un suçage intensif.
Bulma s'éveilla enfin de sa torpeur. Elle voulut le repousser, mais ces mains sur son corps… Puissantes, chaudes… Ces lèvres qui s'activaient sur son cou, ces dents qui se retenaient de mordre… « J'aurai couru après… » pensa-t-elle vaguement, tentant d'arracher les shorts en spandex noir du guerrier.
Avec un grognement, il se dévêtit lui-même, sans que sa bouche n'interrompit son travail d'affamée. Bulma glapit lorsqu'elle sentit les canines de Végéta s'enfoncer dans sa chair, mais il ne poussa pas jusqu'au sang, quittant au contraire le cou pour la poitrine.
- Doucement! protesta-t-elle alors qu'il déchirait son soutien-gorge, déjà occupé à embrasser les seins fermes.
Autant parler à un mur. Végéta avait négligé ses instincts depuis toujours et maintenant que la porte était ouverte, impossible de la refermer. Sa langue explora activement le terrain, ses mains se débarrassèrent de la petite culotte… Il émettait des sons étranges, presque bestiaux, courts halètements entre deux succions, qui toublaient la jeune femme plus qu'elle ne l'admettrait.
Les mains fines de Bulma se pressaient dans le dos noueux du combattant, enfonçaient leur ongles dans sa peau dure, elle enroula ses longues jambes autour de la taille de Végéta. Mais il les dénoua, sa bouche traçant toujours sa voie vers le jardin défendu…
Bulma s'abandonna au Saïyen, savourant ce plaisir sauvage dont Yamcha n'avait su lui donner qu'un faible aperçu…
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Elle fut réveillée par un petit robot ménager qui époussetait sa commode en émettant une chanson du siècle passé. Le soleil était haut dans le ciel, brillant sans chaleur et un rapide coup d'œil à son cadran lui indiqua que le dîner serait bientôt servi.
Elle enterra sa tête sous un oreiller, se laissant le temps de bien sortir de son sommeil. Ce faisant, elle se souvint de la nuit passée (notamment parce que son cou élançait douloureusement, entre autres) et rougit malgré elle.
Tout s'était passé tellement vite et en même temps, avait duré pendant des heures, elle en était sûre. Elle n'était pas vraiment surprise d'être seule au réveil; si cela se trouvait, Végéta était parti aussitôt ses désirs assouvis. Pourtant, elle ne se sentait pas « utilisée »… Il n'aurait pas fait l'amour d'une telle façon, avec tant d'énergie et de fougue, à n'importe qui. Il avait des principes malgré tout, et Bulma se considérait comme choyée d'être celle qu'il avait choisie…
Elle s'étira longuement. Ses muscles endoloris demandaient plus de repos et elle remarqua quelques echymoses ici et là, mais son sourire ne s'effaça pas. Une nouvelle sensation dépassait la douleur, l'emplissait et la regénérait encore mieux qu'une grasse matinée.
La sensation d'avoir réellement trouvé l'âme sœur.
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Végéta était vidé de toute énergie. Il n'avait même pas envie de s'entraîner. Assis en indien au milieu de la salle de gravité, il portait un masque absent et revivait la nuit dernière en flashs brûlants.
Il l'avait fait. Après tant d'années sans même y avoir pensé, il avait fait l'amour. Avec une Terrienne sans aucune force, qui l'énervait plus qu'autre chose et…
Et qu'il aimait.
