Titre: Si nous survivons - Chapitre 1: Bien que je doive partir (1/11)
Author: R. J. Anderson
Email: rebeccaj@pobox.com
Traduit de l'anglais par dark_rogue@caramail.com
Category: Drama/Angst/Romance
Mots-clefs: Rogue, George, après la coupe de feu, Voldemort, guerre
(Accord parental souhaitable)
Disclaimer: This story is based on characters and situations created and owned by J.K. Rowling, various publishers including but not limited to Bloomsbury Books, Scholastic Books and Raincoast Books, and Warner Bros., Inc. No money is being made and no copyright or trademark infringement is intended.
Résumé : troisième volet dans la trilogie "l'Obscurité et Lumière" . La réception d'un diplôme de fin d'études à Poudlard de Maud est ombragée par la menace de guerre et elle doit faire face à une séparation indéfinie entre elle et Rogue. Leur association peut-elle supporter l'épreuve suprême ?
Le silence plane sur la campagne ce soir, un calme mystique qui laisse présager l'arrivée de pluie. Une couverture chiffonnée de nuages, lourde de chaleur et d'humidité, se déplie à l'est; à l'ouest le soleil descend vers l'horizon dans une extase de pourpre et d'or.
Pendant qu'elle marche à travers les collines vers l'océan, elle prend intensément conscience du parfum musqué doux de l'herbe au-dessous de ses pieds, du goût du sel de mer sur ses lèvres. Chaque cellule dans son corps semble picoter avec une conscience nouvelle, intensifiée; elle rejette sa tête en arrière, respirant profondément l'air électrique.
Au bord de la falaise elle fait une pause, regardant en bas dans les vagues déferlant contre les roches, les longs doigts d'écume qui ratisse la plage de galets. Ses oreilles retentissent du hurlement des déferlantes, du cri passionné et tombant d'une mouette. La brise tire ses robes et ses cheveux avec une persistance montante; elle tombe à genoux et reste assise immobile, regardant loin vers la mer.
Et elle se souvient...
***
"Whou-HOU!"
Le cri de plaisir d'Annie se répercuta dans le dortoir des Serpentards. Elle tournoya sur elle-même, les bras grands ouverts, éparpillant des parchemins partout. "Plus de devoirs! Plus de BUSEs! Nous en avons fini ici, mesdames!"
"Je ne peux pas croire que j'ai échoué en Arithmancie," gémit Lucinda, s'asseyant lourdement sur le bout de son lit.
"Je me fiche de là où j'ai échoué," annonça Annie avec un triomphe aérien. "Je suis juste heureuse que ce soit fini."
Maud passa lentement devant elles, sans parler et commença à empaqueter ses affaires dans son coffre. Une partie d'elle savait qu'elle devrait partager l'exultation d'Annie, ou au moins le feindre ; la fin de leur dernière année à l'école des sorciers était en effet un accomplissement important et à la différence de ses camarades de dortoir, Maud avait réussi. Mais quitter Poudlard n'était pas quelque chose à laquelle elle voudrait penser tout de suite, sans parler de fêter.
"Et toi , Muriel ?" demanda Annie. "As-tu des projets ?"
Les coins de la bouche de Muriel Groggins remontèrent en un sourire lent, désagréable.
"Des plans ?" dit-elle. "Oh, oui ... on pourrait dire ça."
Elle ne regarda pas Maud en parlant, mais il n'y en avait nul besoin. Elles savaient toutes les deux exactement, même si Annie et Lucinda ne le savaient pas, ce qu'elle voulait dire.
"Je ne compterais pas là dessus, à ta place," dit Maud calmement, entassant des robes et des manteaux dans le coffre.
Muriel émit un son méprisant. "Tu as une trop haute opinion de toi, Maugrey. Comme d'habitude."
"Euh ... oui, bien..." Lucinda se racla la gorge. "Pourrions nous être demi-convenables l'une envers l'autre pour quelque temps ? C'est le jour dernier d'école."
"Je n'ai aucune idée de quoi n'importe laquelle d'entre vous parle," déclara Annie, "et en outre je m'en fiche. Je descends jeter un dernier bon regard à Drago Malfoy avant le dîner-" "Eurgh," dirent Maud, Muriel et Lucinda à l'unisson et se regardèrent ensuite avec surprise. "Je pense que ça me couperait l'appétit," dit Muriel aigrement.
Une chose qui pouvait être dite en faveur de Muriel, Maud dût admettre, c'était qu'elle avait toujours bon goût en ce qui concernait les hommes. Pas qu'il soit probable que Fred ou George Weasley parlent jamais à Muriel, sans parler de tomber amoureux d'elle, mais quand même...
"Il a seulement quinze ans," dit Lucinda. "C'est - dégoûtant."
En supprimant une forte envie soudaine, hystérique de rire, Maud se pencha vite sur son coffre, laissant pendre ses cheveux pour cacher son visage.
"Oh, je ne veux pas sortir avec lui," dit Annie. "J'aime juste le regarder."
Muriel renifla. "Bien, si tu as un goût pour les furets(weasel), ne nous laisse pas t'arrêter."
"Mieux vaut ça que d'avoir du goût pour les Weasleys," répliqua Annie avec un esprit peu habituel et s'esquiva .
Il y eut un moment de silence terrible pendant lequel Muriel devint très rouge et Maud se demanda si elles devraient bondir et la retenir. Mais alors elle respira à fond et son visage reprit sa couleur normale à nouveau. "Je l'aurai pour cela," dit-elle, d'un ton terriblement pratique et revint à ses bagages.
Lucinda blanchit. "Je ... euh ... dois rendre un livre à la bibliothèque," dit-elle et se dépêcha de partir.
"Lâche," murmura Muriel, les coudes profondément plongés dans son coffre.
Mais Maud ne prêtait plus attention; elle regardait quelque chose dans sa main. C'était tombé des plis de sa robe pour les grandes occasions, le velours vert cendré qu'elle n'avait pas porté depuis Noël : une petite plume , gris-tacheté de hibou. Pendant les derniers quelques mois, aucune des compagnes de chambre de Maud n'avait semblé remarquer la statuette en pierre d'un petit hibou qu'elle gardait sur l'étagère à livres à côté de son lit - ou si elles l'avaient, elles n'en avaient pas compris la signification. Ce qui était aussi bien, parce que si Muriel avait su la vérité, elle aurait sans aucun doute pris un plaisir malveillant à voler Athéna, ou même à la détruire.
Doucement Maud caressa la plume contre sa joue. Puis avec une soudaine décision, elle prit Athéna de l'étagère, glissa le petit hibou dans sa manche. Elle avait toujours pensé enterrer Athéna à la fin de l'année scolaire, dans un dernier geste de respect et d'adieu. Maintenant, cependant, elle avait une meilleure idée.
Ce qui lui rappela : elle avait plus qu'un rendez-vous à tenir avant de quitter Poudlard et elle ferait mieux de bouger si elle ne voulait pas être en retard.
"Maintenant où vas-tu ?" demanda Muriel lorsqu'elle passa à côté d'elle.
C'était toujours un plaisir, pensa Maud, d'être capable de dire à la vérité littérale et de savoir cependant qu'il n'y avait aucun danger d'être crue. "Dans un cabinet sombre avec George Weasley, bien sûr," elle dit gaiement et ferma la porte derrière elle.
***
"Alors," dit George, "que vas-tu faire maintenant ?"
Maud soupira et posa sa tête contre le mur. Ce cabinet de voyage lui manquerait : il pouvait être renfermé et peu lumineux, mais cela avait été une des quelques rares places de Poudlard où elle pouvait vraiment être elle-même. "J'aimerai le savoir," dit-elle. "J'ai pensé à quelques choses, mais..." Elle eut un haussement d'épaules inconfortable. "Rien ne me semble juste." "Et bien, si cela ne tenait qu'à moi, je t'embaucherais avec plaisir." Il sourit. "Dommage que Fred soit si pingre."
"Dommage," dit Maud avec un sarcasme lourd. En derniers quelques mois, elle avait appris à être sceptique à propos de tout ce que George clamait être la faute de son jumeau. Puisque Fred ne savait rien de leurs réunions et ne pouvait donc pas se défendre, le blâmer pour tout était devenu une sorte de plaisanterie permanente.
"Au fait ," continua George, "si un jour nous nous croisons par hasard au Chaudron Baveur..." Il la regarda avec espoir.
"On ne sait jamais," dit Maud. "Je pourrais même décider que ce n'est pas au-dessous de ma dignité d'ancienne Serpentard de te parler."
"Donc ça ne t'ennuierait pas de rester consultante pour les Farces pour sorciers facétieux ? Officieusement, bien sûr."
Maud rit. "Tu veux dire bénévolement, bien sûr."
"Hé!" George lui fronça les sourcils. "Non. Nous ne sommes peut-être pas prêts à embaucher du personnel à plein temps, mais nous avons quand même quelques Galions - et nous avons notre fierté."
"Désolé." Elle fut déconcertée par son air féroce. "Je ne voulais pas t'offenser. Mais vraiment, George – il n'y aurait aucun besoin de me payer juste pour un avis occasionnel. J'ai hérité de la fortune de mes parents maintenant, et je suis vraiment assez aisée-"
"Tais-toi et ne discute pas," dit George. "Je me fiche de savoir si tu es aussi riche que Malfoy : il faut être juste. De plus, si quelqu'un t'ennuie parce que tu nous parles - pas que ce soit probable, mais on ne sait jamais - tu pourras dire que c'était pour affaires, platement et simplement."
"D'accord," dit Maud, toujours étonnée, mais pas contrariée. "C'est une affaire."
George se pencha et saisit la main offerte fermement, comme pour la secouer : alors une lueur diabolique entra en son oeil et il la porta à ses lèvres au lieu de cela.
"Arrête ça," lui dit-elle sévèrement, soulagée que sa voix n'ait pas hésité. Imperturbable, George agita ses sourcils, murmura quelque chose d'une voix faussement-étouffée et feint de grignoter ses doigts.
Maud éclata de rire et le repoussa du pied. "Intrus".
Il se retourna, rougit et sourit. "Je ne peux pas m'en empêcher," dit-il. "C'est la fierté des Weasleys - nous ne pouvons juste pas admettre la défaite."
Le sourire de Maud s'effaça. "George-"
"C'était une plaisanterie, Maud. Ne t'inquiète pas." Il parlait légèrement, mais l'avertissement de sa voix était réel. "De toute façon, c'était la cloche du dîner. Nous ferions mieux d'y aller. Juste – envoie moi un hibou quand tu arriveras là où tu vas, Ok?"
Elle souhaitait oser l'étreindre, lui montrer juste combien elle était reconnaissante pour toute sa bonté envers elle. Elle eut très envie de lui dire qu'il était son ami le plus vrai de tous ses camarades de classe à Poudlard. Mais enfin, tout ce qu'elle put faire fut de le regarder droit dans les yeux et de lui dire, avec une calme conviction, "Je le ferai."
"Bien, alors," dit-il, tordant l'oreille de Maud affectueusement, "j'y vais. Prends bien soin de toi, Maud Maugrey."
Et avec cela, il partit.
Maud attendit les traditionnelles deux minutes avant de quitter, elle aussi, le cabinet en fermant la porte derrière elle. Un instant elle s'attarda, ses bouts de doigts se reposant contre le bois grossier, piqué d'âge : puis elle se tourna brusquement sur ses talons et s'éloigna.
***
A tous points de vue le Banquet de Fin d'année de l'année dernière avait été inhabituellement sinistre, mais cette année, pensa Maud, ne pourrait pas être beaucoup mieux. À l'extérieur de Poudlard une tempête se préparait, non seulement métaphoriquement, mais littéralement : pendant le dîner, la foudre fit un arc à travers le plafond de la Grande Salle.
Les Serpentards bavardaient entre eux, apparemment non dérangés, mais beaucoup des autres étudiants semblaient moins à l'aise. Pendant les derniers quelques mois ils s'étaient enterrés dans le travail scolaire et les autres préoccupations de l'adolescence, ignorant l'obscurité croissante à l'extérieur des murs du château. Mais demain ils quitteraient Poudlard - certains, comme Maud , pour toujours. Et étant donné l'ombre de plus en plus longue que Voldemort laissait planer sur le monde sorcier, c'était une perspective que peu d'entre eux semblaient savourer.
Elle jeta un coup d'œil à la table des professeurs, où les enseignants étaient assis en conversant à voix basse. Rogue semblait écouter quelque chose que McGonagall disait, mais son regard était distrait et ses longs doigts dépiautaient méthodiquement un petit pain pendant qu'elle parlait. Maud fit une tentative brève, vaine d'attirer son regard, avant de renoncer et de se resservir de pouding du Yorkshire. Elle découvrirait ce qui le dérangeait assez tôt.
Comme le repas tirait à sa fin, la période traditionnelle des présentations de fin d'année commença. Maud se prépara à deux bonnes heures de discours décousus et à une cérémonie trop pompeuse, mais à son soulagement la méthode de Poudlard pour distribuer les diplômes s'avéra être beaucoup moins ennuyeuse et inefficace qu'à Durmstrang. Cependant, son attention commença à errer tandis que la liste d'élèves et de prix se déroulait jusqu'à ce que Lucinda lui donne un coup de coude dans le côté la faisant revenir à la réalité.
"Lève toi!" L'autre fille lui siffla. "Quel est ton problème ?"
"Quoi ?" demanda Maud avec des yeux vides.
"Il a appelé ton nom. Allez!"
Déconcertée, Maud regarda la mer de visages attendant autour d'elle, puis se leva lentement et se dirigea vers la table des professeurs. Dumbledore l'attendait, le parchemin de la liste des récompenses à la main; debout à côté de lui, grand et froidement élégant dans ses robes d'apparat en soie noire, était Severus Rogue.
"Et maintenant," bourdonna une voix petite mais distincte dans l'oreille de Maud, "le prix du Mémorial du Philtre Philomena pour Service à un Professeur de Potions au-dessus et au-delà de l'Appel du Devoir va à..."
Maud s'arrêta brusquement, la couleur brûlant ses joues. La voix était celle de George Weasley.
Elle aurait dû savoir qu'il ne fallait pas prendre son baise-main au sérieux, particulièrement couplée avec le murmure inintelligible et étrange, et le fait qu'il lui ait tordu oreille en lui disant au revoir. Bien sûr il avait eu sa baguette dans sa manche tout ce temps et maintenant il était assis à environ vingt pas derrière elle à la table Gryffondor, sous vocalisant un mauvais commentaire ininterrompu que seulement elle pouvait entendre.
Elle fit tout ce qu'elle pouvait faire pour garder un visage composé en marchant les derniers pas vers le devant de la Grande Salle sous le regard grave et légèrement perplexe de Dumbledore. Et quand du coin de l'œil elle vit Rogue tendre la main vers elle, elle se tourna pour lui faire face avec quelque chose comme du désespoir.
"Excellent travail, Mlle Maugrey," dit Rogue.
"Mais que je veux vraiment savoir est, ce qui est bon pour toi aussi ."
"La ferme," siffla Maud entre ses dents, mais en vain : elle pouvait entendre George, mais il n'avait aucun moyen de l'entendre. Les sourcils noirs de Rogue se soulevèrent d'une fraction de centimètre et Maud rougit de nouveau.
"Ooh," dit George. "J'aime les femmes en rouge."
Rogue s'avança et glissa le prix autour du cou de Maud. Sa main étreint la sienne impartialement—
"N'oublie pas de lâcher, maintenant. Je sais que c'est dur, mais tu peux le faire..."
Arrachant sa main, Maud baissa la tête, marmonna un remerciement et se dépêcha de redescendre vers la table des Serpentards.
"Qu'est-ce qui ne va pas avec toi ?" demanda Annie lorsqu'elle s'assit. " Tout le monde pensait que tu étais terrifiée par Rogue."
"Ou amoureuse de lui," dit Lucinda de façon rusée.
Les ignorant toutes les deux, Maud leva sa baguette et en toucha son oreille. "Finite Incantatem," murmura-t-elle et le son du rire étouffé de George disparut.
"Oh!" dit Annie, étonnée et enchantée. "Quelqu'un a lancé un Charme Exaudio sur toi ? Et tu t'y es laissée prendre ?" Ses yeux vacillèrent brièvement vers Muriel, qui regardait au loin et ne semblait pas les remarquer. "Qu'est-ce qu'elle - je veux dire, qui que ça ait été - a dit ?"
"Devine," dit Maud courtement.
"Oh," Annie répéta avec une compréhension naissante et alors elle et Lucinda commencèrent à ricaner.
Maintenant que le pire de l'embarras était fini, Maud fut tentée de rire avec eux. Cela avait été une blague typique des jumeaux Weasleys, après tout et elle n'avait pas vraiment fait de dégâts. D'autre part, si elle voulait laisser ses compagnes de chambre continuer à tirer de fausses conclusions sur qui l'avait eue, elle ferait mieux de garder un visage droit : ainsi sans regarder Muriel - aucune raison d'en faire trop - elle prit sa fourchette et commença à griffonner dans le chocolat fondu restant sur son plat.
Ait confiance en George, elle pensa avec une ironie désabusée pendant que ses compagnes de chambre continuaient à pouffer et à chuchoter derrière leurs mains, pour trouver quelque façon de rendre son dernier jour à Poudlard une expérience inoubliable...
***
Le banquet était fini, mais pour la Maison Serpentard les célébrations venaient juste de commencer. La salle commune était ornée de vert et d'argent et les tables grinçaient sous le poids des pâtisseries de fantaisie et des bonbons les plus chers d'Honeydukes. Rien que le meilleur pour les Serpentards - du moins tant que Draco Malfoy serait là.
Maud, cependant, n'avait pas envie de célébrer. Cinq minutes après le début de la fête, elle se fraya un chemin à travers la foule riante, grimaçante et s'échappa dans le couloir. Elle n'avait jamais aimé les grandes réunions en tout cas, et le fait d'être collée avec une foule des gens qu'elle soit ne connaissait pas vraiment soit n'appréciait pas particulièrement était trop pour elle en ce moment. En plus, il y avait une sorte de sentiment de démangeaison étrange derrière son esprit, une impulsion continue qui ne voulait pas être ignorée.
Pendant quelques minutes elle erra sans but, ne sachant pas vraiment ou souciant où elle pourrait arriver : mais quand elle tourna un coin et se trouva devant le bureau de Dumbledore, elle se rendit compte que c'était là qu'elle s'était dirigée tout du long. C'était très étrange pensa-t-elle. Elle s'était demandée si elle devait venir et lui dire un au revoir correct, mais s'en était dissuadée, sachant qu'il devait être occupé. Et maintenant elle était là après tout.
Elle ouvrait juste la bouche pour voir si elle pourrait deviner le mot de passe du moment quand la gargouille sauta de côté et le mur s'ouvrit, révélant l'escalier en spirale familier. Évidemment, le Directeur l'attendait; en fait, il l'avait probablement appelée ici tout d'abord. Mais pourquoi?
Et bien, il y avait seulement une façon de le découvrir. Elle avança et se laissa porter au sommet de l'escalier et trouva la porte du Directeur grande ouverte, avec la silhouette vêtue d'étoiles de Dumbledore se détachant contre la lumière.
"Bonsoir, Maud," dit-il, reculant et lui faisant signe d'entrer. "J'espère que tu me pardonneras la liberté j'ai prise pour t'encourager à venir ici, mais j'ai pensé que cela serait plus discret."
"C'est ... parfait," dit Maud, un peu déconcertée. Le visage de Dumbeldore semblait plus grave que d'habitude, les lignes autour de ses yeux et bouche taillés profondément, comme s'il portait un fardeau dont elle ne pouvait pas même essayer de deviner le poids . Son regard las, lointain semblait familier et pendant un instant elle se demanda où elle l'avait vu auparavant : alors elle se rendit compte que c'était la même expression que Rogue avait eue au dîner. Quoi que ce soit qui l'ait dérangé, cela pesait aussi sur Dumbledore.
"Professeur," dit-elle doucement, "est-ce que tout va bien ?"
Dumbledore posa une main sur son épaule. "Ma chère fille," dit-il. "Si Poudlard est en paix ce soir, c'est seulement parce que nous sommes dans l'œil de la tempête. Non, tout ne va pas . Mais avec des jeunes gens courageux comme toi , Severus et Harry se battant pour nous, j'ai bon espoir que cela s'arrangera." Il lui sourit doucement. "Ce qui m'amène à la raison pour laquelle je t'ai appelée ici. As-tu pensé à ce que tu feras en quittant Poudlard ?"
"Je ne suis pas sûre," admit Maud. "J'avais pensé que je pourrais faire une formation médicale."
"Une ambition digne et que je t'encouragerais à poursuivre. Nous aurons besoin de tous nos guérisseurs, je le crains, dans peu de temps . Cependant..." Il se tourna, ramassa un rouleau de parchemin du bureau derrière lui. "En temps que Directeur de cette école j'ai certains pouvoirs, ou, dois-je dire, des privilèges. L'un d'entre eux est d'identifier les élèves qui peuvent être utiles pour une certaine branche du Ministère de Magie et d'agir, dans une petite capacité, au nom de ce Département." Il lui remit le rouleau. "Je crois, Maud, que non seulement tes compétences, mais aussi ton contexte familial font de toi un candidat d'intérêt particulier."
Dans un silence perplexe Maud prit la lettre, brisa le cachet ( de cire bleue, estampée avec un point d'interrogation stylisé) et l'ouvrit. Elle lut :
Cher Diplômé de Poudlard (les trois derniers mots miroitèrent comme elle les lisait, disparurent et réapparurent en "Mlle Maugrey"),
C'est mon très grand plaisir de vous inviter à faire partie d'un des départements les plus essentiels, quoiqu'en grande partie méconnu, du Ministère de la Magie . Vos compétences en observation et en recherche, aussi bien que votre capacité d'interpréter et annoncer exactement ce que vous avez appris, font de vous un candidat de premier choix pour notre travail. Nous offrons un grand choix de positions pouvant convenir à vos intérêts et je suis sûre que vous trouveriez le travail avec nous un défi récompensant.
Si vous décidez que vous voudriez en savoir plus sur cette proposition, tapez ce parchemin trois fois avec votre baguette dans les meilleurs délais et un de nos représentants entrera en contact avec vous. Si, cependant, vous choisissez de ne pas répondre dans les cinq jours suivants, cette lettre s'autodétruira et votre mémoire de la recevoir sera effacée.
Veuillez agréer l'expression de nos sentiments les plus distingués,
Euphemia Glossop
Département du Mystère
Ministère de la Magie
"Ton père travaillait pour eux, tu sais," dit Dumbledore tranquillement.
Maud leva les yeux, effrayée. "Mon père ? Mais il était juste un chercheur ... il étudiait des artefacts magiques..."
"Tout à fait vrai. Et beaucoup d'entre eux étaient des artefacts magiques significatifs et potentiellement dangereux, des secrets dont l'utilisation avait été perdue pendant des siècles. Je suis sûr que tu sauras apprécier le besoin de discrétion dans de telles circonstances - en particulier avec Voldemort et sa faim insatiable de pouvoir." Il soupira. "Quand ton père a été pris par les Mangemorts, sa perte a été profondément sentie au Ministère. C'était un homme de grand intellect et, à la fin, de grand courage."
"Je n'ai jamais su," chuchota-t-elle. "Mon oncle ne me l'a jamais dit. Pourquoi ?"
"Il n'était pas libre de te le dire," dit Dumbledore. "Le Département du Mystère tient ses secrets jalousement, même envers d'autres membres du Ministère. Si Alastor avait une idée de la mesure de l'engagement de ton père avec le Département, il aurait été lié sous serment pour ne pas en parler."
"Mais vous me le dites maintenant."
"Oui. Non seulement parce que je crois que tu as le droit de savoir, mais parce que cela peut t'aider à faire ton choix."
Elle fronça les sourcils. "Mais professeur .. n'êtes-vous pas en désaccord avec le Ministère ? N'ont-ils pas toujours la position officielle que Voldemort n'est pas vraiment de retour ?" "Cornelius Fudge persiste dans cette vue de la question, oui." Il semblait sinistre, comme si elle lui rappelait quelque chose qu'il aurait préféré oublier. "Cependant, le Département du Mystère a toujours été considérablement plus prévoyant et la crise présente n'est pas une exception. Si tu veux travailler avec eux, je crois que tu trouverais ton travail significatif, même efficace, dans le combat contre Voldemort – ce qui est plus, hélas, que ce qui peut être dit pour le reste du Ministère ces jours-ci."
Maud regarda de nouveau la lettre, ne sachant pas que dire.
"Prends ton temps," lui dit doucement Dumbledore. "Penses y et fais ce que tu crois être juste. C'est tout ce que je demande."
Maud roula le parchemin de nouveau, le glissa dans sa manche. "Je le ferai," dit-elle. "Merci."
"Pas du tout,"dit Dumbledore. "Comme je l'ai dit auparavant, je considère ça comme un privilège." Il prit sa main, se pencha courtoisement. "Adieu, Maud. J'espère que nous nous rencontrerons de nouveau - dans des conditions plus heureuses, peut-être."
"Je l'espère aussi tellement," dit Maud. Elle hésita, se demandant si elle oserait exprimer le vrai mouvement de son cœur; alors, rejetant toute précaution, elle se pencha en avant et l'embrassa sur la joue.
Tout d'abord Dumbledore sembla étonné; puis il sourit, un sourire chaud et véritable qui fit disparaître la tension de son visage et le rajeunit de plusieurs années. "Ma chère enfant," dit-il. "Tu es un trésor. Dis à Severus, quand tu le verras, que s'il cesse de t'apprécier, je le ferai mettre à la porte."
Maud lui rendit son sourire. "Je lui dirai," dit-elle. "Bonne nuit, Professeur. Vous me manquerez."
"Toi aussi," dit Dumbledore tranquillement. "Au revoir".
***
Après avoir quitté le bureau du Directeur, Maud n'avait plus aucune question en ce qui concernait l'endroit où elle irait ensuite. Elle avait attendu cette réunion et l'avait redoutée en même temps, mais elle ne pouvait pas la remettre à plus tard. Ses pieds connaissaient le chemin : elle se laissa porter et quelques minutes plus tard elle était arrivée à destination. "Professeur ?" dit-elle prudemment.
Il n'y eut aucune réponse. Elle jeta un coup d'œil derrière elle à la salle de classe de Potions obscurcie, s'assurant qu'elle n'avait pas été suivie; Puis elle poussa la porte du bureau privé de Rogue et entra.
Comme elle s'y attendait, il était seul, mais il semblait loin d'être inoccupé. Il était assis à son bureau avec une plume en main, la tête sombre penchée sur son écriture et ne leva même pas la tête quand elle entra. Maud le connaissait trop bien pour l'interrompre dans son travail, donc elle s'assit simplement sur la chaise la plus proche, posa ses mains sur ses genoux et attendit. Quelques minutes passèrent en silence, tandis que Maud regardait la pièce autour d'elle – un endroit morne, repoussant à première vue, plein de bouteilles aux formes curieuses et de créatures à l'air désagréable plongées dans des fioles avec de la saumure - et essaya de ne pas penser combien cet endroit lui manquerait. Elle avait passé beaucoup d'heures ici pendant les dix derniers mois depuis qu'elle était arrivée à Poudlard : comme le bureau de Dumbledore et le cabinet de George, cet endroit était devenu pour elle une place d'énorme signification personnelle. C'était dur, cruellement dur, de se rendre compte qu'elle était sur le point de le laisser derrière elle.
Rogue posa sa plume, plia le parchemin en trois parties précisément égales et le scella avec un coup de sa baguette . Alors il leva la tête et son regard rencontra celui de Maud. "Bonsoir," dit-il. "Ou n'ai-je encore pas le droit de te parler avant de recevoir un avis contraire ?"
"Quoi ?" demanda Maud, perplexe et soudain elle comprit . "Oh", dit-elle, rougissant. "Je ne voulais pas dire ça, bien sûr. Quelqu'un m'a mit sous Exaudio avant que je n'aille chercher mon prix de Potions-"
"Ah." Sa bouche se tira d'un coup sec. "Le même 'quelqu'un' de la table des Gryffondor qui a feint d'étouffer une toux pendant toute la remise des prix, sans aucun doute."
Elle le regarda fixement. "N'y a-t-il donc rien qui vous échappe?"
"Si quelques choses. Mais en ce qui concerne les jumeaux Weasleys , j'ai rapidement appris que de les tenir à l'œil dans toute réunion publique n'était pas simplement prudent, mais essentiel." Il se tourna rapidement sur sa chaise, se leva et contourna le bureau vers elle. "Est-ce que je veux savoir ce que George Weasley disait ?"
"Probablement pas," dit Maud. Elle hésita, regardant ses yeux noirs insondables et elle ajouta doucement, "J'ai un aveu à faire."
"Oui ?"
"J'ai été amie avec George pendant les quelques derniers mois. Mais," elle ajouta rapidement en voyant les lèvres de Rogue se pincer, "nous l'avons tenu absolument secret, je le jure. Nous nous parlions seulement dans un endroit que personne d'autre que les jumeaux Weasleys ne connaît - et même Fred ne sait pas que George et moi nous rencontrions là. Je n'en avais pas l'intention, je ne voulais certainement pas me lier avec George derrière votre dos, mais j'étais dans une situation horrible et, et -" Elle étendit ses mains d'un air impuissant. "Je suis désolée. Pouvez-vous me pardonner ?"
Pendant un long moment Rogue resta silencieux, les bras croisés, la tête baissée. Puis il dit d'une voix sans expression, "Que sait-il ?"
"Pas autant de choses qu'il pense savoir," dit Maud, "mais il sait à propos de vous et moi. Je ne lui ai rien dit, bien sûr : il a trouvé tout seul."
"Et il n'a pas fait fructifier cette connaissance ?" Ses sourcils se soulevèrent. "Très inhabituel. Si je ne vous connaissais pas mieux, Maud, je dirais que vous l'avez menacé, suborné, ou séduit." Il fit une pause juste assez longue pour que la bouche de Maud forme un O outragé et stupéfait; alors il tordit sa bouche en un demi sourire vers elle et continua sans à-coup, "Mais puisque je vous connais mieux que cela, je peux seulement dire qu'il doit avoir une très haute opinion de vous."
Maud fut effrayé puis stupéfaite. Au commencement de leur association sur la base du travail, il lui avait fait comprendre qu'on pourrait la voir s'associer à lui ou aux jumeaux Weasleys, mais pas aux deux; et elle l'avait pris au mot. Mais l'avait-elle mal compris ? Son avertissement avait-il été plus littéral et moins dur qu'elle ne le pensait ?
"Excusez-moi," elle dit d'un ton prudent, "mais je semble avoir manqué la partie où vous vous mettez dans une colère jalouse et m'interdisez de le voir de nouveau."
Il sembla amusé. "Pourquoi devrais-je ? Si vous aviez voulu George Weasley je suis tout à fait sûr que vous pourriez l'avoir eu. Et vous êtes de loin trop naturelle pour cultiver deux romances en même temps, ou feindre des sentiments plus forts envers moi que vous n'en possédez en réalité : il me reste donc la conclusion flatteuse que vous m'avez choisi plutôt que M. Weasley il y a longtemps et que vous ne le regrettez pas encore." Il inclina le menton de Maud du bout des doigts. "Alors dis-moi , mon amour ... quelle raison aurais-je d'être jaloux?"
Un observateur importun aurait pu prendre ses mots pour de l'arrogance; mais Maud n'était pas dupe et cela la secoua au cœur. "Vous ..." chuchota-t- elle. "Vous me faites vraiment autant confiance ?"
Il prit ses mains, la tira vers le haut pour la mettre debout devant lui. "Tu es la personne la plus fondamentalement honnête que j'ai jamais rencontré," dit-il. "Ne pense jamais que je fais confiance trop facilement, Maud, pas plus que ton oncle ne le fait : simplement tu t'es montrée hors de doute pour nous deux ." Ses yeux noirs tinrent les siens, inébranlables, imperturbables. "Si tu dis que ton amitié avec George est un secret inconnu de tous à Poudlard, je te crois. Si tu dis que c'est seulement de l'amitié, je te crois. Et quand tu me dis que tu m'aimes, aussi bizarre et même impossible que cela puisse sembler..." Il caressa sa joue vers le bas du dos de la main. "Je le crois, aussi."
"Je t'aime," dit-elle, sa voix secouant un peu. "Je t'aime tant." Il la tira contre lui alors, sa bouche trouvant la sienne avec une facilité due à cinq mois de familiarité et pendant un long moment sans souffle il n'y eut aucune parole. Elle s'accrocha à lui, essayant désespérément de marquer sa forme sur ses lèvres ,ses bras et ses mains, sachant cependant que c'était futile. Peu importe la fermeté avec laquelle elle pourrait le tenir maintenant, quand elle quittait cette pièce elle ne pourrait rien emporter avec elle à part des souvenirs.
Quand il la lâcha enfin, c'était avec une répugnance évidente. Elle posa sa tête contre son épaule, écoutant battement rapide, stable de son cœur; il l'enveloppa de ses bras et pendant quelques instants ils ne bougèrent ni ne parlèrent. Alors enfin il dit, très tranquillement, "Tu ferais mieux d'y aller, Maud."
Elle comprenait ses raisons, était même d'accord avec elles : mais ce soir était sa dernière nuit à Poudlard et qui sait quand ils pourraient se voir de nouveau ? Maud prit sa main, la pressa contre sa joue. "Je veux rester avec toi," murmura –t-elle dans la paume de sa main. "Je ne veux pas partir." Rogue ferma les yeux, son visage strié avec quelque chose comme de la douleur. Ses doigts se serrèrent contre sa joue un moment; puis il retira sa main et la laissa retomber. "Peut-être un jour, Maud," dit-il. "Mais pas maintenant."
Elle savait quand elle avait perdu; cette voix de soie sur acier ne tolérerait aucune protestation. Lentement elle tira Athéna de sa manche, la lui tendit. "Garde la pour moi, "dit-elle. "S'il te plaît. Pour me rappeler à toi."
Un instant il hésita : puis ses doigts se fermèrent autour d'Athéna et il posa le petit hibou sur le bureau à son côté. "Maud", dit-il. "Je la prendrai parce que tu me le demandes et parce que je sais combien elle veut dire pour toi. Mais pas comme un souvenir. Parce que je te reverrai et jusque-là, rien sauf Oubliette ne pourrait commencer à me faire t'oublier."
Il y avait une âpreté dans sa voix qu'elle n'avait jamais entendue auparavant et ses yeux scintillaient étrangement. La vision de Maud se troubla de larmes; elle prit le visage de Rogue entre ses mains et l'embrassa, durement. Puis elle se tourna, ouvrit gauchement la porte et partit à l'aveuglette dans l'obscurité.
Elle était déjà à mi-chemin du dortoir des Serpentards, la respiration peu profonde et ses bras enveloppés autour d'elle pour retenir la douleur, avant qu'elle ne se rende compte qu'elle n'avait jamais demandé à Rogue ce qui le dérangeait au dîner. Un instant elle hésita, une partie d'elle languissant de prendre cette excuse pour revenir; puis elle ferma les yeux, respira à fond et continua à marcher.
***
Author: R. J. Anderson
Email: rebeccaj@pobox.com
Traduit de l'anglais par dark_rogue@caramail.com
Category: Drama/Angst/Romance
Mots-clefs: Rogue, George, après la coupe de feu, Voldemort, guerre
(Accord parental souhaitable)
Disclaimer: This story is based on characters and situations created and owned by J.K. Rowling, various publishers including but not limited to Bloomsbury Books, Scholastic Books and Raincoast Books, and Warner Bros., Inc. No money is being made and no copyright or trademark infringement is intended.
Résumé : troisième volet dans la trilogie "l'Obscurité et Lumière" . La réception d'un diplôme de fin d'études à Poudlard de Maud est ombragée par la menace de guerre et elle doit faire face à une séparation indéfinie entre elle et Rogue. Leur association peut-elle supporter l'épreuve suprême ?
Le silence plane sur la campagne ce soir, un calme mystique qui laisse présager l'arrivée de pluie. Une couverture chiffonnée de nuages, lourde de chaleur et d'humidité, se déplie à l'est; à l'ouest le soleil descend vers l'horizon dans une extase de pourpre et d'or.
Pendant qu'elle marche à travers les collines vers l'océan, elle prend intensément conscience du parfum musqué doux de l'herbe au-dessous de ses pieds, du goût du sel de mer sur ses lèvres. Chaque cellule dans son corps semble picoter avec une conscience nouvelle, intensifiée; elle rejette sa tête en arrière, respirant profondément l'air électrique.
Au bord de la falaise elle fait une pause, regardant en bas dans les vagues déferlant contre les roches, les longs doigts d'écume qui ratisse la plage de galets. Ses oreilles retentissent du hurlement des déferlantes, du cri passionné et tombant d'une mouette. La brise tire ses robes et ses cheveux avec une persistance montante; elle tombe à genoux et reste assise immobile, regardant loin vers la mer.
Et elle se souvient...
***
"Whou-HOU!"
Le cri de plaisir d'Annie se répercuta dans le dortoir des Serpentards. Elle tournoya sur elle-même, les bras grands ouverts, éparpillant des parchemins partout. "Plus de devoirs! Plus de BUSEs! Nous en avons fini ici, mesdames!"
"Je ne peux pas croire que j'ai échoué en Arithmancie," gémit Lucinda, s'asseyant lourdement sur le bout de son lit.
"Je me fiche de là où j'ai échoué," annonça Annie avec un triomphe aérien. "Je suis juste heureuse que ce soit fini."
Maud passa lentement devant elles, sans parler et commença à empaqueter ses affaires dans son coffre. Une partie d'elle savait qu'elle devrait partager l'exultation d'Annie, ou au moins le feindre ; la fin de leur dernière année à l'école des sorciers était en effet un accomplissement important et à la différence de ses camarades de dortoir, Maud avait réussi. Mais quitter Poudlard n'était pas quelque chose à laquelle elle voudrait penser tout de suite, sans parler de fêter.
"Et toi , Muriel ?" demanda Annie. "As-tu des projets ?"
Les coins de la bouche de Muriel Groggins remontèrent en un sourire lent, désagréable.
"Des plans ?" dit-elle. "Oh, oui ... on pourrait dire ça."
Elle ne regarda pas Maud en parlant, mais il n'y en avait nul besoin. Elles savaient toutes les deux exactement, même si Annie et Lucinda ne le savaient pas, ce qu'elle voulait dire.
"Je ne compterais pas là dessus, à ta place," dit Maud calmement, entassant des robes et des manteaux dans le coffre.
Muriel émit un son méprisant. "Tu as une trop haute opinion de toi, Maugrey. Comme d'habitude."
"Euh ... oui, bien..." Lucinda se racla la gorge. "Pourrions nous être demi-convenables l'une envers l'autre pour quelque temps ? C'est le jour dernier d'école."
"Je n'ai aucune idée de quoi n'importe laquelle d'entre vous parle," déclara Annie, "et en outre je m'en fiche. Je descends jeter un dernier bon regard à Drago Malfoy avant le dîner-" "Eurgh," dirent Maud, Muriel et Lucinda à l'unisson et se regardèrent ensuite avec surprise. "Je pense que ça me couperait l'appétit," dit Muriel aigrement.
Une chose qui pouvait être dite en faveur de Muriel, Maud dût admettre, c'était qu'elle avait toujours bon goût en ce qui concernait les hommes. Pas qu'il soit probable que Fred ou George Weasley parlent jamais à Muriel, sans parler de tomber amoureux d'elle, mais quand même...
"Il a seulement quinze ans," dit Lucinda. "C'est - dégoûtant."
En supprimant une forte envie soudaine, hystérique de rire, Maud se pencha vite sur son coffre, laissant pendre ses cheveux pour cacher son visage.
"Oh, je ne veux pas sortir avec lui," dit Annie. "J'aime juste le regarder."
Muriel renifla. "Bien, si tu as un goût pour les furets(weasel), ne nous laisse pas t'arrêter."
"Mieux vaut ça que d'avoir du goût pour les Weasleys," répliqua Annie avec un esprit peu habituel et s'esquiva .
Il y eut un moment de silence terrible pendant lequel Muriel devint très rouge et Maud se demanda si elles devraient bondir et la retenir. Mais alors elle respira à fond et son visage reprit sa couleur normale à nouveau. "Je l'aurai pour cela," dit-elle, d'un ton terriblement pratique et revint à ses bagages.
Lucinda blanchit. "Je ... euh ... dois rendre un livre à la bibliothèque," dit-elle et se dépêcha de partir.
"Lâche," murmura Muriel, les coudes profondément plongés dans son coffre.
Mais Maud ne prêtait plus attention; elle regardait quelque chose dans sa main. C'était tombé des plis de sa robe pour les grandes occasions, le velours vert cendré qu'elle n'avait pas porté depuis Noël : une petite plume , gris-tacheté de hibou. Pendant les derniers quelques mois, aucune des compagnes de chambre de Maud n'avait semblé remarquer la statuette en pierre d'un petit hibou qu'elle gardait sur l'étagère à livres à côté de son lit - ou si elles l'avaient, elles n'en avaient pas compris la signification. Ce qui était aussi bien, parce que si Muriel avait su la vérité, elle aurait sans aucun doute pris un plaisir malveillant à voler Athéna, ou même à la détruire.
Doucement Maud caressa la plume contre sa joue. Puis avec une soudaine décision, elle prit Athéna de l'étagère, glissa le petit hibou dans sa manche. Elle avait toujours pensé enterrer Athéna à la fin de l'année scolaire, dans un dernier geste de respect et d'adieu. Maintenant, cependant, elle avait une meilleure idée.
Ce qui lui rappela : elle avait plus qu'un rendez-vous à tenir avant de quitter Poudlard et elle ferait mieux de bouger si elle ne voulait pas être en retard.
"Maintenant où vas-tu ?" demanda Muriel lorsqu'elle passa à côté d'elle.
C'était toujours un plaisir, pensa Maud, d'être capable de dire à la vérité littérale et de savoir cependant qu'il n'y avait aucun danger d'être crue. "Dans un cabinet sombre avec George Weasley, bien sûr," elle dit gaiement et ferma la porte derrière elle.
***
"Alors," dit George, "que vas-tu faire maintenant ?"
Maud soupira et posa sa tête contre le mur. Ce cabinet de voyage lui manquerait : il pouvait être renfermé et peu lumineux, mais cela avait été une des quelques rares places de Poudlard où elle pouvait vraiment être elle-même. "J'aimerai le savoir," dit-elle. "J'ai pensé à quelques choses, mais..." Elle eut un haussement d'épaules inconfortable. "Rien ne me semble juste." "Et bien, si cela ne tenait qu'à moi, je t'embaucherais avec plaisir." Il sourit. "Dommage que Fred soit si pingre."
"Dommage," dit Maud avec un sarcasme lourd. En derniers quelques mois, elle avait appris à être sceptique à propos de tout ce que George clamait être la faute de son jumeau. Puisque Fred ne savait rien de leurs réunions et ne pouvait donc pas se défendre, le blâmer pour tout était devenu une sorte de plaisanterie permanente.
"Au fait ," continua George, "si un jour nous nous croisons par hasard au Chaudron Baveur..." Il la regarda avec espoir.
"On ne sait jamais," dit Maud. "Je pourrais même décider que ce n'est pas au-dessous de ma dignité d'ancienne Serpentard de te parler."
"Donc ça ne t'ennuierait pas de rester consultante pour les Farces pour sorciers facétieux ? Officieusement, bien sûr."
Maud rit. "Tu veux dire bénévolement, bien sûr."
"Hé!" George lui fronça les sourcils. "Non. Nous ne sommes peut-être pas prêts à embaucher du personnel à plein temps, mais nous avons quand même quelques Galions - et nous avons notre fierté."
"Désolé." Elle fut déconcertée par son air féroce. "Je ne voulais pas t'offenser. Mais vraiment, George – il n'y aurait aucun besoin de me payer juste pour un avis occasionnel. J'ai hérité de la fortune de mes parents maintenant, et je suis vraiment assez aisée-"
"Tais-toi et ne discute pas," dit George. "Je me fiche de savoir si tu es aussi riche que Malfoy : il faut être juste. De plus, si quelqu'un t'ennuie parce que tu nous parles - pas que ce soit probable, mais on ne sait jamais - tu pourras dire que c'était pour affaires, platement et simplement."
"D'accord," dit Maud, toujours étonnée, mais pas contrariée. "C'est une affaire."
George se pencha et saisit la main offerte fermement, comme pour la secouer : alors une lueur diabolique entra en son oeil et il la porta à ses lèvres au lieu de cela.
"Arrête ça," lui dit-elle sévèrement, soulagée que sa voix n'ait pas hésité. Imperturbable, George agita ses sourcils, murmura quelque chose d'une voix faussement-étouffée et feint de grignoter ses doigts.
Maud éclata de rire et le repoussa du pied. "Intrus".
Il se retourna, rougit et sourit. "Je ne peux pas m'en empêcher," dit-il. "C'est la fierté des Weasleys - nous ne pouvons juste pas admettre la défaite."
Le sourire de Maud s'effaça. "George-"
"C'était une plaisanterie, Maud. Ne t'inquiète pas." Il parlait légèrement, mais l'avertissement de sa voix était réel. "De toute façon, c'était la cloche du dîner. Nous ferions mieux d'y aller. Juste – envoie moi un hibou quand tu arriveras là où tu vas, Ok?"
Elle souhaitait oser l'étreindre, lui montrer juste combien elle était reconnaissante pour toute sa bonté envers elle. Elle eut très envie de lui dire qu'il était son ami le plus vrai de tous ses camarades de classe à Poudlard. Mais enfin, tout ce qu'elle put faire fut de le regarder droit dans les yeux et de lui dire, avec une calme conviction, "Je le ferai."
"Bien, alors," dit-il, tordant l'oreille de Maud affectueusement, "j'y vais. Prends bien soin de toi, Maud Maugrey."
Et avec cela, il partit.
Maud attendit les traditionnelles deux minutes avant de quitter, elle aussi, le cabinet en fermant la porte derrière elle. Un instant elle s'attarda, ses bouts de doigts se reposant contre le bois grossier, piqué d'âge : puis elle se tourna brusquement sur ses talons et s'éloigna.
***
A tous points de vue le Banquet de Fin d'année de l'année dernière avait été inhabituellement sinistre, mais cette année, pensa Maud, ne pourrait pas être beaucoup mieux. À l'extérieur de Poudlard une tempête se préparait, non seulement métaphoriquement, mais littéralement : pendant le dîner, la foudre fit un arc à travers le plafond de la Grande Salle.
Les Serpentards bavardaient entre eux, apparemment non dérangés, mais beaucoup des autres étudiants semblaient moins à l'aise. Pendant les derniers quelques mois ils s'étaient enterrés dans le travail scolaire et les autres préoccupations de l'adolescence, ignorant l'obscurité croissante à l'extérieur des murs du château. Mais demain ils quitteraient Poudlard - certains, comme Maud , pour toujours. Et étant donné l'ombre de plus en plus longue que Voldemort laissait planer sur le monde sorcier, c'était une perspective que peu d'entre eux semblaient savourer.
Elle jeta un coup d'œil à la table des professeurs, où les enseignants étaient assis en conversant à voix basse. Rogue semblait écouter quelque chose que McGonagall disait, mais son regard était distrait et ses longs doigts dépiautaient méthodiquement un petit pain pendant qu'elle parlait. Maud fit une tentative brève, vaine d'attirer son regard, avant de renoncer et de se resservir de pouding du Yorkshire. Elle découvrirait ce qui le dérangeait assez tôt.
Comme le repas tirait à sa fin, la période traditionnelle des présentations de fin d'année commença. Maud se prépara à deux bonnes heures de discours décousus et à une cérémonie trop pompeuse, mais à son soulagement la méthode de Poudlard pour distribuer les diplômes s'avéra être beaucoup moins ennuyeuse et inefficace qu'à Durmstrang. Cependant, son attention commença à errer tandis que la liste d'élèves et de prix se déroulait jusqu'à ce que Lucinda lui donne un coup de coude dans le côté la faisant revenir à la réalité.
"Lève toi!" L'autre fille lui siffla. "Quel est ton problème ?"
"Quoi ?" demanda Maud avec des yeux vides.
"Il a appelé ton nom. Allez!"
Déconcertée, Maud regarda la mer de visages attendant autour d'elle, puis se leva lentement et se dirigea vers la table des professeurs. Dumbledore l'attendait, le parchemin de la liste des récompenses à la main; debout à côté de lui, grand et froidement élégant dans ses robes d'apparat en soie noire, était Severus Rogue.
"Et maintenant," bourdonna une voix petite mais distincte dans l'oreille de Maud, "le prix du Mémorial du Philtre Philomena pour Service à un Professeur de Potions au-dessus et au-delà de l'Appel du Devoir va à..."
Maud s'arrêta brusquement, la couleur brûlant ses joues. La voix était celle de George Weasley.
Elle aurait dû savoir qu'il ne fallait pas prendre son baise-main au sérieux, particulièrement couplée avec le murmure inintelligible et étrange, et le fait qu'il lui ait tordu oreille en lui disant au revoir. Bien sûr il avait eu sa baguette dans sa manche tout ce temps et maintenant il était assis à environ vingt pas derrière elle à la table Gryffondor, sous vocalisant un mauvais commentaire ininterrompu que seulement elle pouvait entendre.
Elle fit tout ce qu'elle pouvait faire pour garder un visage composé en marchant les derniers pas vers le devant de la Grande Salle sous le regard grave et légèrement perplexe de Dumbledore. Et quand du coin de l'œil elle vit Rogue tendre la main vers elle, elle se tourna pour lui faire face avec quelque chose comme du désespoir.
"Excellent travail, Mlle Maugrey," dit Rogue.
"Mais que je veux vraiment savoir est, ce qui est bon pour toi aussi ."
"La ferme," siffla Maud entre ses dents, mais en vain : elle pouvait entendre George, mais il n'avait aucun moyen de l'entendre. Les sourcils noirs de Rogue se soulevèrent d'une fraction de centimètre et Maud rougit de nouveau.
"Ooh," dit George. "J'aime les femmes en rouge."
Rogue s'avança et glissa le prix autour du cou de Maud. Sa main étreint la sienne impartialement—
"N'oublie pas de lâcher, maintenant. Je sais que c'est dur, mais tu peux le faire..."
Arrachant sa main, Maud baissa la tête, marmonna un remerciement et se dépêcha de redescendre vers la table des Serpentards.
"Qu'est-ce qui ne va pas avec toi ?" demanda Annie lorsqu'elle s'assit. " Tout le monde pensait que tu étais terrifiée par Rogue."
"Ou amoureuse de lui," dit Lucinda de façon rusée.
Les ignorant toutes les deux, Maud leva sa baguette et en toucha son oreille. "Finite Incantatem," murmura-t-elle et le son du rire étouffé de George disparut.
"Oh!" dit Annie, étonnée et enchantée. "Quelqu'un a lancé un Charme Exaudio sur toi ? Et tu t'y es laissée prendre ?" Ses yeux vacillèrent brièvement vers Muriel, qui regardait au loin et ne semblait pas les remarquer. "Qu'est-ce qu'elle - je veux dire, qui que ça ait été - a dit ?"
"Devine," dit Maud courtement.
"Oh," Annie répéta avec une compréhension naissante et alors elle et Lucinda commencèrent à ricaner.
Maintenant que le pire de l'embarras était fini, Maud fut tentée de rire avec eux. Cela avait été une blague typique des jumeaux Weasleys, après tout et elle n'avait pas vraiment fait de dégâts. D'autre part, si elle voulait laisser ses compagnes de chambre continuer à tirer de fausses conclusions sur qui l'avait eue, elle ferait mieux de garder un visage droit : ainsi sans regarder Muriel - aucune raison d'en faire trop - elle prit sa fourchette et commença à griffonner dans le chocolat fondu restant sur son plat.
Ait confiance en George, elle pensa avec une ironie désabusée pendant que ses compagnes de chambre continuaient à pouffer et à chuchoter derrière leurs mains, pour trouver quelque façon de rendre son dernier jour à Poudlard une expérience inoubliable...
***
Le banquet était fini, mais pour la Maison Serpentard les célébrations venaient juste de commencer. La salle commune était ornée de vert et d'argent et les tables grinçaient sous le poids des pâtisseries de fantaisie et des bonbons les plus chers d'Honeydukes. Rien que le meilleur pour les Serpentards - du moins tant que Draco Malfoy serait là.
Maud, cependant, n'avait pas envie de célébrer. Cinq minutes après le début de la fête, elle se fraya un chemin à travers la foule riante, grimaçante et s'échappa dans le couloir. Elle n'avait jamais aimé les grandes réunions en tout cas, et le fait d'être collée avec une foule des gens qu'elle soit ne connaissait pas vraiment soit n'appréciait pas particulièrement était trop pour elle en ce moment. En plus, il y avait une sorte de sentiment de démangeaison étrange derrière son esprit, une impulsion continue qui ne voulait pas être ignorée.
Pendant quelques minutes elle erra sans but, ne sachant pas vraiment ou souciant où elle pourrait arriver : mais quand elle tourna un coin et se trouva devant le bureau de Dumbledore, elle se rendit compte que c'était là qu'elle s'était dirigée tout du long. C'était très étrange pensa-t-elle. Elle s'était demandée si elle devait venir et lui dire un au revoir correct, mais s'en était dissuadée, sachant qu'il devait être occupé. Et maintenant elle était là après tout.
Elle ouvrait juste la bouche pour voir si elle pourrait deviner le mot de passe du moment quand la gargouille sauta de côté et le mur s'ouvrit, révélant l'escalier en spirale familier. Évidemment, le Directeur l'attendait; en fait, il l'avait probablement appelée ici tout d'abord. Mais pourquoi?
Et bien, il y avait seulement une façon de le découvrir. Elle avança et se laissa porter au sommet de l'escalier et trouva la porte du Directeur grande ouverte, avec la silhouette vêtue d'étoiles de Dumbledore se détachant contre la lumière.
"Bonsoir, Maud," dit-il, reculant et lui faisant signe d'entrer. "J'espère que tu me pardonneras la liberté j'ai prise pour t'encourager à venir ici, mais j'ai pensé que cela serait plus discret."
"C'est ... parfait," dit Maud, un peu déconcertée. Le visage de Dumbeldore semblait plus grave que d'habitude, les lignes autour de ses yeux et bouche taillés profondément, comme s'il portait un fardeau dont elle ne pouvait pas même essayer de deviner le poids . Son regard las, lointain semblait familier et pendant un instant elle se demanda où elle l'avait vu auparavant : alors elle se rendit compte que c'était la même expression que Rogue avait eue au dîner. Quoi que ce soit qui l'ait dérangé, cela pesait aussi sur Dumbledore.
"Professeur," dit-elle doucement, "est-ce que tout va bien ?"
Dumbledore posa une main sur son épaule. "Ma chère fille," dit-il. "Si Poudlard est en paix ce soir, c'est seulement parce que nous sommes dans l'œil de la tempête. Non, tout ne va pas . Mais avec des jeunes gens courageux comme toi , Severus et Harry se battant pour nous, j'ai bon espoir que cela s'arrangera." Il lui sourit doucement. "Ce qui m'amène à la raison pour laquelle je t'ai appelée ici. As-tu pensé à ce que tu feras en quittant Poudlard ?"
"Je ne suis pas sûre," admit Maud. "J'avais pensé que je pourrais faire une formation médicale."
"Une ambition digne et que je t'encouragerais à poursuivre. Nous aurons besoin de tous nos guérisseurs, je le crains, dans peu de temps . Cependant..." Il se tourna, ramassa un rouleau de parchemin du bureau derrière lui. "En temps que Directeur de cette école j'ai certains pouvoirs, ou, dois-je dire, des privilèges. L'un d'entre eux est d'identifier les élèves qui peuvent être utiles pour une certaine branche du Ministère de Magie et d'agir, dans une petite capacité, au nom de ce Département." Il lui remit le rouleau. "Je crois, Maud, que non seulement tes compétences, mais aussi ton contexte familial font de toi un candidat d'intérêt particulier."
Dans un silence perplexe Maud prit la lettre, brisa le cachet ( de cire bleue, estampée avec un point d'interrogation stylisé) et l'ouvrit. Elle lut :
Cher Diplômé de Poudlard (les trois derniers mots miroitèrent comme elle les lisait, disparurent et réapparurent en "Mlle Maugrey"),
C'est mon très grand plaisir de vous inviter à faire partie d'un des départements les plus essentiels, quoiqu'en grande partie méconnu, du Ministère de la Magie . Vos compétences en observation et en recherche, aussi bien que votre capacité d'interpréter et annoncer exactement ce que vous avez appris, font de vous un candidat de premier choix pour notre travail. Nous offrons un grand choix de positions pouvant convenir à vos intérêts et je suis sûre que vous trouveriez le travail avec nous un défi récompensant.
Si vous décidez que vous voudriez en savoir plus sur cette proposition, tapez ce parchemin trois fois avec votre baguette dans les meilleurs délais et un de nos représentants entrera en contact avec vous. Si, cependant, vous choisissez de ne pas répondre dans les cinq jours suivants, cette lettre s'autodétruira et votre mémoire de la recevoir sera effacée.
Veuillez agréer l'expression de nos sentiments les plus distingués,
Euphemia Glossop
Département du Mystère
Ministère de la Magie
"Ton père travaillait pour eux, tu sais," dit Dumbledore tranquillement.
Maud leva les yeux, effrayée. "Mon père ? Mais il était juste un chercheur ... il étudiait des artefacts magiques..."
"Tout à fait vrai. Et beaucoup d'entre eux étaient des artefacts magiques significatifs et potentiellement dangereux, des secrets dont l'utilisation avait été perdue pendant des siècles. Je suis sûr que tu sauras apprécier le besoin de discrétion dans de telles circonstances - en particulier avec Voldemort et sa faim insatiable de pouvoir." Il soupira. "Quand ton père a été pris par les Mangemorts, sa perte a été profondément sentie au Ministère. C'était un homme de grand intellect et, à la fin, de grand courage."
"Je n'ai jamais su," chuchota-t-elle. "Mon oncle ne me l'a jamais dit. Pourquoi ?"
"Il n'était pas libre de te le dire," dit Dumbledore. "Le Département du Mystère tient ses secrets jalousement, même envers d'autres membres du Ministère. Si Alastor avait une idée de la mesure de l'engagement de ton père avec le Département, il aurait été lié sous serment pour ne pas en parler."
"Mais vous me le dites maintenant."
"Oui. Non seulement parce que je crois que tu as le droit de savoir, mais parce que cela peut t'aider à faire ton choix."
Elle fronça les sourcils. "Mais professeur .. n'êtes-vous pas en désaccord avec le Ministère ? N'ont-ils pas toujours la position officielle que Voldemort n'est pas vraiment de retour ?" "Cornelius Fudge persiste dans cette vue de la question, oui." Il semblait sinistre, comme si elle lui rappelait quelque chose qu'il aurait préféré oublier. "Cependant, le Département du Mystère a toujours été considérablement plus prévoyant et la crise présente n'est pas une exception. Si tu veux travailler avec eux, je crois que tu trouverais ton travail significatif, même efficace, dans le combat contre Voldemort – ce qui est plus, hélas, que ce qui peut être dit pour le reste du Ministère ces jours-ci."
Maud regarda de nouveau la lettre, ne sachant pas que dire.
"Prends ton temps," lui dit doucement Dumbledore. "Penses y et fais ce que tu crois être juste. C'est tout ce que je demande."
Maud roula le parchemin de nouveau, le glissa dans sa manche. "Je le ferai," dit-elle. "Merci."
"Pas du tout,"dit Dumbledore. "Comme je l'ai dit auparavant, je considère ça comme un privilège." Il prit sa main, se pencha courtoisement. "Adieu, Maud. J'espère que nous nous rencontrerons de nouveau - dans des conditions plus heureuses, peut-être."
"Je l'espère aussi tellement," dit Maud. Elle hésita, se demandant si elle oserait exprimer le vrai mouvement de son cœur; alors, rejetant toute précaution, elle se pencha en avant et l'embrassa sur la joue.
Tout d'abord Dumbledore sembla étonné; puis il sourit, un sourire chaud et véritable qui fit disparaître la tension de son visage et le rajeunit de plusieurs années. "Ma chère enfant," dit-il. "Tu es un trésor. Dis à Severus, quand tu le verras, que s'il cesse de t'apprécier, je le ferai mettre à la porte."
Maud lui rendit son sourire. "Je lui dirai," dit-elle. "Bonne nuit, Professeur. Vous me manquerez."
"Toi aussi," dit Dumbledore tranquillement. "Au revoir".
***
Après avoir quitté le bureau du Directeur, Maud n'avait plus aucune question en ce qui concernait l'endroit où elle irait ensuite. Elle avait attendu cette réunion et l'avait redoutée en même temps, mais elle ne pouvait pas la remettre à plus tard. Ses pieds connaissaient le chemin : elle se laissa porter et quelques minutes plus tard elle était arrivée à destination. "Professeur ?" dit-elle prudemment.
Il n'y eut aucune réponse. Elle jeta un coup d'œil derrière elle à la salle de classe de Potions obscurcie, s'assurant qu'elle n'avait pas été suivie; Puis elle poussa la porte du bureau privé de Rogue et entra.
Comme elle s'y attendait, il était seul, mais il semblait loin d'être inoccupé. Il était assis à son bureau avec une plume en main, la tête sombre penchée sur son écriture et ne leva même pas la tête quand elle entra. Maud le connaissait trop bien pour l'interrompre dans son travail, donc elle s'assit simplement sur la chaise la plus proche, posa ses mains sur ses genoux et attendit. Quelques minutes passèrent en silence, tandis que Maud regardait la pièce autour d'elle – un endroit morne, repoussant à première vue, plein de bouteilles aux formes curieuses et de créatures à l'air désagréable plongées dans des fioles avec de la saumure - et essaya de ne pas penser combien cet endroit lui manquerait. Elle avait passé beaucoup d'heures ici pendant les dix derniers mois depuis qu'elle était arrivée à Poudlard : comme le bureau de Dumbledore et le cabinet de George, cet endroit était devenu pour elle une place d'énorme signification personnelle. C'était dur, cruellement dur, de se rendre compte qu'elle était sur le point de le laisser derrière elle.
Rogue posa sa plume, plia le parchemin en trois parties précisément égales et le scella avec un coup de sa baguette . Alors il leva la tête et son regard rencontra celui de Maud. "Bonsoir," dit-il. "Ou n'ai-je encore pas le droit de te parler avant de recevoir un avis contraire ?"
"Quoi ?" demanda Maud, perplexe et soudain elle comprit . "Oh", dit-elle, rougissant. "Je ne voulais pas dire ça, bien sûr. Quelqu'un m'a mit sous Exaudio avant que je n'aille chercher mon prix de Potions-"
"Ah." Sa bouche se tira d'un coup sec. "Le même 'quelqu'un' de la table des Gryffondor qui a feint d'étouffer une toux pendant toute la remise des prix, sans aucun doute."
Elle le regarda fixement. "N'y a-t-il donc rien qui vous échappe?"
"Si quelques choses. Mais en ce qui concerne les jumeaux Weasleys , j'ai rapidement appris que de les tenir à l'œil dans toute réunion publique n'était pas simplement prudent, mais essentiel." Il se tourna rapidement sur sa chaise, se leva et contourna le bureau vers elle. "Est-ce que je veux savoir ce que George Weasley disait ?"
"Probablement pas," dit Maud. Elle hésita, regardant ses yeux noirs insondables et elle ajouta doucement, "J'ai un aveu à faire."
"Oui ?"
"J'ai été amie avec George pendant les quelques derniers mois. Mais," elle ajouta rapidement en voyant les lèvres de Rogue se pincer, "nous l'avons tenu absolument secret, je le jure. Nous nous parlions seulement dans un endroit que personne d'autre que les jumeaux Weasleys ne connaît - et même Fred ne sait pas que George et moi nous rencontrions là. Je n'en avais pas l'intention, je ne voulais certainement pas me lier avec George derrière votre dos, mais j'étais dans une situation horrible et, et -" Elle étendit ses mains d'un air impuissant. "Je suis désolée. Pouvez-vous me pardonner ?"
Pendant un long moment Rogue resta silencieux, les bras croisés, la tête baissée. Puis il dit d'une voix sans expression, "Que sait-il ?"
"Pas autant de choses qu'il pense savoir," dit Maud, "mais il sait à propos de vous et moi. Je ne lui ai rien dit, bien sûr : il a trouvé tout seul."
"Et il n'a pas fait fructifier cette connaissance ?" Ses sourcils se soulevèrent. "Très inhabituel. Si je ne vous connaissais pas mieux, Maud, je dirais que vous l'avez menacé, suborné, ou séduit." Il fit une pause juste assez longue pour que la bouche de Maud forme un O outragé et stupéfait; alors il tordit sa bouche en un demi sourire vers elle et continua sans à-coup, "Mais puisque je vous connais mieux que cela, je peux seulement dire qu'il doit avoir une très haute opinion de vous."
Maud fut effrayé puis stupéfaite. Au commencement de leur association sur la base du travail, il lui avait fait comprendre qu'on pourrait la voir s'associer à lui ou aux jumeaux Weasleys, mais pas aux deux; et elle l'avait pris au mot. Mais l'avait-elle mal compris ? Son avertissement avait-il été plus littéral et moins dur qu'elle ne le pensait ?
"Excusez-moi," elle dit d'un ton prudent, "mais je semble avoir manqué la partie où vous vous mettez dans une colère jalouse et m'interdisez de le voir de nouveau."
Il sembla amusé. "Pourquoi devrais-je ? Si vous aviez voulu George Weasley je suis tout à fait sûr que vous pourriez l'avoir eu. Et vous êtes de loin trop naturelle pour cultiver deux romances en même temps, ou feindre des sentiments plus forts envers moi que vous n'en possédez en réalité : il me reste donc la conclusion flatteuse que vous m'avez choisi plutôt que M. Weasley il y a longtemps et que vous ne le regrettez pas encore." Il inclina le menton de Maud du bout des doigts. "Alors dis-moi , mon amour ... quelle raison aurais-je d'être jaloux?"
Un observateur importun aurait pu prendre ses mots pour de l'arrogance; mais Maud n'était pas dupe et cela la secoua au cœur. "Vous ..." chuchota-t- elle. "Vous me faites vraiment autant confiance ?"
Il prit ses mains, la tira vers le haut pour la mettre debout devant lui. "Tu es la personne la plus fondamentalement honnête que j'ai jamais rencontré," dit-il. "Ne pense jamais que je fais confiance trop facilement, Maud, pas plus que ton oncle ne le fait : simplement tu t'es montrée hors de doute pour nous deux ." Ses yeux noirs tinrent les siens, inébranlables, imperturbables. "Si tu dis que ton amitié avec George est un secret inconnu de tous à Poudlard, je te crois. Si tu dis que c'est seulement de l'amitié, je te crois. Et quand tu me dis que tu m'aimes, aussi bizarre et même impossible que cela puisse sembler..." Il caressa sa joue vers le bas du dos de la main. "Je le crois, aussi."
"Je t'aime," dit-elle, sa voix secouant un peu. "Je t'aime tant." Il la tira contre lui alors, sa bouche trouvant la sienne avec une facilité due à cinq mois de familiarité et pendant un long moment sans souffle il n'y eut aucune parole. Elle s'accrocha à lui, essayant désespérément de marquer sa forme sur ses lèvres ,ses bras et ses mains, sachant cependant que c'était futile. Peu importe la fermeté avec laquelle elle pourrait le tenir maintenant, quand elle quittait cette pièce elle ne pourrait rien emporter avec elle à part des souvenirs.
Quand il la lâcha enfin, c'était avec une répugnance évidente. Elle posa sa tête contre son épaule, écoutant battement rapide, stable de son cœur; il l'enveloppa de ses bras et pendant quelques instants ils ne bougèrent ni ne parlèrent. Alors enfin il dit, très tranquillement, "Tu ferais mieux d'y aller, Maud."
Elle comprenait ses raisons, était même d'accord avec elles : mais ce soir était sa dernière nuit à Poudlard et qui sait quand ils pourraient se voir de nouveau ? Maud prit sa main, la pressa contre sa joue. "Je veux rester avec toi," murmura –t-elle dans la paume de sa main. "Je ne veux pas partir." Rogue ferma les yeux, son visage strié avec quelque chose comme de la douleur. Ses doigts se serrèrent contre sa joue un moment; puis il retira sa main et la laissa retomber. "Peut-être un jour, Maud," dit-il. "Mais pas maintenant."
Elle savait quand elle avait perdu; cette voix de soie sur acier ne tolérerait aucune protestation. Lentement elle tira Athéna de sa manche, la lui tendit. "Garde la pour moi, "dit-elle. "S'il te plaît. Pour me rappeler à toi."
Un instant il hésita : puis ses doigts se fermèrent autour d'Athéna et il posa le petit hibou sur le bureau à son côté. "Maud", dit-il. "Je la prendrai parce que tu me le demandes et parce que je sais combien elle veut dire pour toi. Mais pas comme un souvenir. Parce que je te reverrai et jusque-là, rien sauf Oubliette ne pourrait commencer à me faire t'oublier."
Il y avait une âpreté dans sa voix qu'elle n'avait jamais entendue auparavant et ses yeux scintillaient étrangement. La vision de Maud se troubla de larmes; elle prit le visage de Rogue entre ses mains et l'embrassa, durement. Puis elle se tourna, ouvrit gauchement la porte et partit à l'aveuglette dans l'obscurité.
Elle était déjà à mi-chemin du dortoir des Serpentards, la respiration peu profonde et ses bras enveloppés autour d'elle pour retenir la douleur, avant qu'elle ne se rende compte qu'elle n'avait jamais demandé à Rogue ce qui le dérangeait au dîner. Un instant elle hésita, une partie d'elle languissant de prendre cette excuse pour revenir; puis elle ferma les yeux, respira à fond et continua à marcher.
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