Titre: Si nous survivons - Chapitre 5: Douleurs et craintes (5/11)

Author: R. J. Anderson

Email: rebeccaj@pobox.com

Traduit de l'anglais par dark_rogue@caramail.com

Category: Drama/Angst/Romance

Mots-clefs: Rogue, George, après la coupe de feu, Voldemort, guerre

(Accord parental souhaitable)

La foudre étincelle sur l'eau dans un arc grésillant, suivi immédiatement par un craquement assourdissant de tonnerre. Des nuages noirs courent au- dessus, conduit par le vent hurlant et elle se voûte avec son manteau serré autour d'elle, n'étant plus capable de regarder directement dans la tempête...

* * *

Il y eut un moment de silence redoutable comme chaque spectateur dans le stade regardait fixement, épouvanté, le spectre de Voldemort se réjouissant avec malveillance. Alors un murmure ondula à travers la foule, fit irruption dans des fragments babillards de démenti et de désespoir :

"Ce n'est pas possible - pas Dumbledore-"

"Oh, grand Merlin - qu'allons-nous faire ?"

"Maman ? Ce n'est pas vrai, n'est-ce pas ? Maman ?"

Quelque part derrière eux une femme commença à sangloter, un son aigu, hystérique. Maud leva ses omnioculaires et chercha à voir dans les gradins la petite sorcière qui avait échangé son billet avec Imogen - et dans la rangée derrière elle, Annie et Muriel. Annie était blanche et ses mains agrippaient les bras de son siège; mais Muriel était assise penchée en avant avec impatience, son visage rougi d'exultation.

Elle attendait cela, pensa Maud, dégoûtée. Elle en aime chaque minute...

"Il ment," dit George furieusement. Imogen posa une main sur son épaule pour le retenir; il s'arracha d'elle et cria à Voldemort, "Vous mentez!"

"Non," dit Maud . Le sentiment d'appréhension battant dans son estomac avait pris le poids froid et calme de la certitude. "Il ne ment pas."

"Est-ce que tu es folle ?" George se tourna vers elle, son visage d'un horrible gris-blanc au-dessous de son choc flambant de cheveux. "Tu penses vraiment qu'il est juste venu en valsant jusqu'aux portes de Poudlard et a tué Dumbledore, si facilement que cela ? Même si Dumbledore n'était pas assez fort pour battre Tu-Sais-Qui tout seul, qu'est-ce que tu fais des autres enseignants ? Des élèves ? Ils ne resteraient pas plantés là à laisser quelque chose comme ça arriver, à moins que-" Il s'étrangla soudainement, incapable de finir la phrase, mais Maud savait ce qu'il pensait : À moins qu'ils ne soient tout morts aussi.

"Tu as raison," dit Imogen, l'air sinistre. "Cela n'a aucun sens , en surface. Mais si l'Ennemi avait pris Poudlard, ou par la force ou par la trahison, il l'aurait dit . La seule chose à laquelle je peux penser est qu'il doit avoir attiré Dumbledore dehors, d'une façon ou d'une autre - lui a dit qu'il désirait faire un marché et l'a ensuite dupé-"

George secoua la tête sauvagement. "Dumbledore est un génie. Il ne se ferait jamais avoir par un tour comme ça." Mais il savait, George, voulut dire Maud. Il savait que cela arriverait. Il savait que cela devait arriver. Et Severus le savait, aussi ... cependant, il n'y avait aucune façon d'expliquer cette conviction, beaucoup moins de la prouver. Donc elle s'étendit simplement pour saisir la main de George avec sympathie comme la voix moqueuse de Voldemort se répercutait dans les gradins encore une fois :

"Coûte que coûte, niez-le, si vous ne pouvez pas faire face à la vérité. Accrochez-vous à vos derniers bris et lambeaux d'espoir tant que vous le pourrez. Cela ne changera pas le fait qu'en ce moment même, le corps d'Albus Dumbledore se trouve en cendres à mes pieds-"

George ferma les yeux, avala durement.

"-et avant que ce jour soit fini, tout le monde sorcier le saura. Alors, vieil homme-" les yeux rouges brillèrent de malice - "vous sentez-vous toujours prêt à vous battre avec moi maintenant ?"

Il y eut une pause significative. Maud saisit ses omnioculaires de nouveau et parcourut la foule avant de trouver le sorcier âgé, debout raide et un peu bossu au milieu de la Section Verte, avec des places vides tout autour de lui. Il avait enlevé son chapeau pointu et le tenait sur son cœur - par déférence pour Dumbledore, devina Maud.

Un instant sa bouche trembla et ses yeux furent assombris et abattu; mais alors subitement son menton se releva et il regarda l'ombre de Voldemort directement dans l'œil.

"Oui, je suis prêt," dit-il. "Je préférerais mourir en combattant que de courber le genou devant quelqu'un comme vous. Faites donc votre pire - je suis prêt."

"Mon pire ?" Voldemort eut un rire froid. "Vous n'êtes pas digne d'un tel privilège. Mais soyez sur qu'il sera fait selon votre désir."

Il avait à peine fini de parler quand un Détraqueur se détacha lentement des rangs des disciples de Voldemort et glissa vers l'allée. George jura dans un souffle et commença à avancer, mais au même moment le vieux sorcier leva sa baguette en un geste rapide, presque élégant et sa voix retentit, perçante et claire : "Expecto Patronum!"

La forme argentée qui surgit du bout de sa baguette magique fit tomber même la mâchoire d'Imogen. C'était un phoenix, énorme et luminescent, les ailes déployées et la longue queue traînant comme une bannière, le bec ouvert dans un cri silencieux de fierté furieuse. Le Détraqueur tomba en arrière en sifflant et un instant le visage du vieil homme brilla de triomphe; alors deux autres figures vêtues de noir le saisirent par derrière, et son regard se changea en terreur lorsqu'ils retirèrent violemment sa baguette de sa main.

"Que quelqu'un me soulève par lévitation," dit Imogen sauvagement. "Si je peux arriver là-bas-"

Mais c'était trop loin et déjà c'était trop tard. Les Détraqueurs s'étaient approchés, leurs têtes encapuchonnées pliées voracement vers leur proie—

"Immolate!" cria le vieux sorcier et une goutte de flammes bleues-blanches monta de la place où il avait été debout. Les mains des Détraqueurs se refermèrent sur le vide et Maud détourna son visage.

"Il l'a fait sans baguette," chuchota Imogen, sonnant abasourdie. "Qui était-ce ?"

"Et bien, ce n'est plus très important maintenant," dit George amèrement.

Si Voldemort était déconcerté de la fin spectaculaire du vieil homme, il n'en donna aucun signe. "Vous voyez ce qui arrive à ceux qui s'opposent à moi," dit-il sans à-coup. "Donc je le répète, pour la dernière fois : soumettez-vous à moi. Joignez-vous à moi. Pour ceux assez sages pour connaître leur vrai maître, ce ne sera pas difficile. Vous pourrez même trouver votre fidélité récompensée. Mais pour le reste ... un avant-goût de ce qui suivra..."

Sa voix s'estompa. Les brumes tourbillonnèrent, se séparèrent et il avait disparu.

A ce moment, le chahut éclata. Les gens commencèrent à hurler et crier et gémir, saisissant leurs têtes dans leurs mains; quelques uns titubaient aveuglément ; d'autres restaient simplement assis immobiles, regardant dans le vide. Même à mi-chemin vers le haut des gradins , Maud pouvait entendre les sons suçant affamés des Détraqueurs comme ils dévoraient les derniers débris d'émotion positive des spectateurs au niveau du sol, avant de glisser vite jusqu'à la section suivante, laissant une traînée chiffonnée de sorcières et sorciers inconscients et pleurant dans leur sillage. Il gelait dans le stade maintenant.

Les Mangemorts, pendant ce temps, s'étaient dispersés en ordre et jetaient des sorts aux sorciers et sorcières dans la foule au hasard. Rien de mortel, il semblait - après tout, ils ne pouvaient pas encore savoir qui rejoindrait Voldemort et qui s'opposerait à lui - mais les cris frénétiques des spectateurs du dessous prouvaient que quoi qu'ils fassent, c'était plus qu'assez.

"Nous devons faire quelque chose," dit George désespérément. "Nous ne pouvons pas juste rester debout ici."

"Il n'y a aucun moyen de viser juste dans cette foule," dit Imogen. "Essayez de jeter un sort à ces Mangemorts d'ici et vous terminerez juste de faire leur travail pour eux." Elle secoua la tête. "Non, le mieux que nous pouvons faire est de tenir les Détraqueurs loin de cette section - mais même en faisant cela, nous sommes bloqués. Nous-" "Attention!" cria la voix d'Angelina au-dessous, une seconde trop tard : il y eut un éclair soudain de lumière et quelque chose s'écrasa sur Maud avec la force d'un troll obèse, la renversant . Elle sentit sa tête frapper le bord du siège en bois, la douleur traça un arc entre ses tempes—

Et le monde devint complètement noir.

* * *

"... elle ?"

"... revient à elle ... regarde..."

Un assaut hurlant de son remplit les oreilles de Maud puis reflua , comme la marée. Elle essaya de lever la tête, seulement pour la trouver trop lourde à soulever; elle essaya d'ouvrir les yeux, mais la lumière poignardait insupportablement ses rétines et elle dut les fermer de nouveau.

"George ?" marmonna-t-elle.

De quelque part dans l'obscurité vint un rire court, malveillant. "Pas Severus ? Tss, comme tu es inconstante. Mais au moins ton goût s'améliore, Maugrey."

Les lèvres sèches de Maud fonctionnaient. "Où suis-je ?"

"Nulle part d'important. Tu ne restera pas ici longtemps, de toute façon." Des pas lents, mesurés, comme Muriel marchait autour d'elle : Clic. Clic. Clic. "Juste assez longtemps ... pour mourir."

Maud souffla lentement et ne dit rien.

"Aucune question ? Je suis déçue."

"Ecoute, Muriel," vint une voix profonde, peu familière, "je ne peux pas rester ici toute la journée-"

"Je sais, je sais. Juste une minute." Muriel se pencha et releva les paupières de Maud, souriant lorsqu'elle tressaillit. "Oui, c'est ça. Regarde-moi. Ooh, tu t'es cogné la tête , n'est-ce pas ? Ca a même mieux marché que le Stupefix de mon ami."

Il était un peu plus facile de voir maintenant et Maud pouvait juste discerner une grande forme sombre masquée derrière l'épaule de Muriel. Un des Mangemorts ... non, il y avait une autre forme debout plus loin en arrière, dans les ombres. Deux Mangemorts ?

Et alors, avec une réalisation affreuse soudaine, elle sut.

Comme d'habitude, son visage dut avoir trahi ses pensées, parce que Muriel rit. "C'est ça. Tu t'es demandé pourquoi j'ai attendu si longtemps ? Je devais trouver juste la bonne occasion ... je voulais que ce soit spécial. Et peut-être, juste avant la fin, tu pourras répondre à une question pour moi. Un Détraqueur embrasse-t-il aussi bien que Rogue ... ou mieux ?"

Discrètement Maud fléchit sa main droite, cherchant sa baguette et trouva sa manche vide. Bien sûr, Muriel l'avait prise. Mais Muriel ne savait pas que Maud avait été formée par le Département du Mystère et d'autre part...

"Aucune réaction ? Tiens, comme c'est étonnant. Tu ne veux pas même savoir comment je savais ?"

"Tu ne sais pas," dit Maud catégoriquement. "Tu ne sais rien – tu ne veux juste pas admettre que tu aurais pu avoir tort."

C'était un coup dans l'obscurité, mais il frappa juste; un instant le visage de Muriel s'obscurcit et sa bouche se serra de mécontentement. "Tu aimerais ça, n'est-ce pas ?"

Maud était épuisée et son chagrin pour Dumbledore, sa crainte pour Rogue, mettaient comme un poids de plomb sur son cœur. Elle ne se souciait plus de rien d'autre désormais. "Tu sais quoi ? Tu as raison après tout. Il y avait quelque chose entre moi et Rogue. Mais pas ... pas ce que tu pensais."

"Oh, vraiment ?" Muriel sonna surprise, puis heureuse. "Raconte."

Peu à peu, la douleur dans la tête de Maud reculait, sa vision s'adaptant à la lumière. En fait il y avait très peu de lumière à laquelle s'adapter : ils étaient dans quelque place ombragée avec un toit qui s'inclinait en pente raide vers le plancher sur un côté. Des sons assourdis - des cris, des coups, des pas -venaient d'en haut.

Bien sûr, pensa Maud. Muriel et son ami Mangemort ne pouvaient pas l'avoir emmenée bien loin, pas avec ce charme anti-transplanation sur le stade; donc ils l'avaient simplement fait disparaître dans quelque entrepôt désaffecté au-dessous des gradins. Ce qui signifiait que si elle pouvait seulement garder Muriel à parler quelques minutes de plus, George et Imogen pourraient encore la trouver; ce sort Stupéfiant n'aurait pas pu les retarder longtemps. Elle respira à fond et avança :

"Rogue et moi travaillions ensemble après les cours, pour faire une potion qui rétablirait ma vue. D'abord, c'était tout que nous avons fait. Il voulait plus, mais je..." Elle se mordit la lèvre. "Alors il a fait… un philtre d'amour ... et je n'ai pas pu l'empêcher de..."

Techniquement, chaque mot Maud venait de dire était vrai; mais les pauses racontaient une histoire différente et comme d'habitude, Muriel tira ses propres conclusions. "Tu veux dire que tu étais son esclave ?" Elle rejeta sa tête en arrière et rit avec un plaisir évident. "Oh, c'est brillant - pas étonnant qu'il ne veuille pas que quiconque sache!" Elle se pencha tout près, son sourire malveillant scintillant dans le demi-jour. "Mais bien sûr ... tout est clair maintenant. La fière Maud Maugrey, pense qu'elle est si excellente, mangeant de la vache enragée avec cet homme graisseux, horrible ? J'étais sûre qu'il y avait quelque chose entre vous, mais je ne pouvais pas savoir pourquoi..."

"Et bien, il n'y a rien entre nous maintenant. Je ne l'ai pas vu depuis des mois." Il n'y avait aucun besoin de simuler l'amertume de sa voix : à cela, même si rien d'autre, cela aurait été un plaisir d'avoir à mentir. "Je reste aussi loin de lui que je peux."

"J'espère que tu ne t'attends pas à ce que je te plaigne," dit Muriel, s'asseyant sur ses talons et tapotant sa baguette - non, celle de Maud - contre sa paume. "Si tu me demandes, tu as eu ce que tu méritais. Mais je me sens un peu triste d'avoir envoyé un Balafreur à Rogue – j'aurais du lui avoir envoyé un cadeau au lieu de cela. Peut-être que je le ferai, après que tout soit fini. Une mèche de tes cheveux, peut-être, en souvenir du passé."

"Muriel," dit le Mangemort, sonnant exaspéré. "Tais-toi et finis. Ils vont bientôt réussir à passer-"

"Va et pars, si tu dois," dit Muriel. "Je peux me débrouiller."

"Pas avec un Détraqueur, non. Tu veux faire embrasser celle-ci ou pas ?"

"Oh, très bien." Muriel recula, boudant un peu. "Va-z-y, alors."

Le Mangemort fit un geste d'appel et le Détraqueur glissa en avant. Ses mains étaient tendues avidement et d'au-dessous des ombres du capuchon noir venait un sifflement assourdissant. Comme il se baissait vers elle, son souffle froid hérissant sa peau, la main de Maud se ferma convulsivement sur sa dernière chance de survie; elle ferma les yeux, rassemblant sa force, se concentrant avec toute sa concentration...

Je crierai mon amour pour toi de la plus haute tour de Poudlard, si tu le souhaites...

"EXPECTO PATRONUM!" cria-t-elle, donnant un coup de pied pour s'éloigner du Détraqueur comme une flamme éclatante et éblouissante d'argent sortit de la baguette de rechange qu'elle tenait cachée dans sa manche gauche. Le Détraqueur trébucha en arrière, agitant ses bras osseux dans un effort futile pour se protéger de la brillance; puis il tourbillonna et s'enfuit dans les ombres, avec le Patronus de Maud marchant à grands pas dans son sillage. Muriel regardait fixement, bouche bée et alors—

"Reducto!" crièrent deux voix à l'unisson et la porte s'envola hors de ses charnières, renversant le Mangemort effrayé. Imogen et George se dressaient dans la lumière.

Muriel laissa sortir un hurlement et balança sa baguette pour frapper : mais Imogen coupa "Expelliarmus!" et Muriel fut renversée. Deux baguettes s'envolèrent : George les attrapa toutes les deux, renvoya la sienne à Maud et mit celle de Muriel dans la poche ses robes. Puis il marcha à grands pas vers Muriel, se pencha et la saisit par les poignets. Elle lutta avec acharnement un moment, puis se ratatina, pleurant de fureur impuissante.

Le sort de Maud avait fait son travail et le Détraqueur n'était plus visible nulle part. Son Patronus revint vers elle avec un silence rayonnant, magnifique et posa une main irréelle sur son épaule. Elle se tourna lentement, regarda le visage brillant - et alors il disparut.

"WOW," dit George complètement incrédule. "Maud, est-ce que quelqu'un t'a déjà dit comme c'est bizarre ?"

La porte de métal, tordue et attachée avec la force des sorts combinés d'Imogen et de George, résonna fort contre le plancher alors que le Mangemort la repoussait, luttant pour se relever. "Je ne ferai pas cela, à votre place," Imogen l'avertit d'une voix douce, dangereuse, sa baguette se dirigeant sur lui. "Par l'autorité du Ministère, vous êtes maintenant en détention préventive pour complicité de tentative meurtre - et c'est juste un début ."

George siffla. "Regarde!" La tête de Maud martelait toujours, et sa vision n'arrêtait pas de se défocaliser, mais elle pouvait voir assez bien pour savoir ce qu'il indiquait. Dans sa lutte, les robes du Mangemort s'étaient tordues de côté et le noir et blanc de la chemise des Pies de Montrose était clairement visible en dessous.

"Bien sûr," souffla Imogen. "C'est comme ça qu'ils sont entrés dans le stade sans être détectés - ils avaient quelqu'un à l'intérieur-"

"Et il s'est envolé quand la panique a commencé, a mis son déguisement de Mangemort et est revenu pour se joindre à la fête." George sembla dégoûté. "Je ne supporterai jamais les Pies de nouveau."

Il y eut un grand coup retentissant à l'extérieur et les murs tremblèrent. "C'est l'équipe du Ministère," dit Imogen. "Ils sont entrés. D'accord, alors, M. Battemort-"

George tressaillit.

"-vous passez devant."

Il y eut une lueur soudaine, blanche dans les ombres au-dessous du capuchon et Maud ouvrit la bouche pour crier l'alarme - trop tard. Le Mangemort transplana avec un coup sec et Imogen gémit. "Je savais que j'aurais dû faire un Charme de Restriction. George-"

"Ca va, j'ai celle-ci." Il se redressa, tenant Toujours Muriel par les bras. Elle ne fit aucun effort pour résister, resta seulement debout là , la tête penchée et ses longs cheveux bruns cachant son visage, défaite.

Imogen travers la pièce vers Maud, prit son visage entre ses mains et la regarda longuement et durement. "Ca va ?" dit-elle.

"Un peu choquée, je pense. Quelques contusions. C'est tout."

Imogen baissa la voix. "Phemie voudra un compte rendu. Es-tu en état ?"

Maud acquiesça.

"Bonne fille. Et à propos, l'ai-je déjà dit – tu as bon goût pour tes amis, mais je ne pense pas grand bien de tes ennemis du tout."

"Ce n'est pas comme ça que ça devrait être ?" dit Maud avec un demi- sourire blême et la suivit dans la lumière.

* * *

L'heure suivante passa dans une tache floue. Les forces du Ministère - dont il y avait un nombre surprenant; ils semblaient avoir appelé toutes les personnes qu'ils avaient pu trouver – se répandirent à travers le stade et commencèrent à administrer des sorts de guérison, des potions fortifiantes et des énormes quantités de chocolat.

Il y avait pas mal d'Aurors dans l'équipe du Ministère; mais finalement, il leur restait peu à faire à part emmener Muriel. Les Mangemorts avaient tous transplané aussitôt que le tissu de charmes qu'ils avaient tissés autour du stade avait été rompu et les Détraqueurs avaient disparu silencieusement dans l'étendue cernée par le brouillard de Dartmoor. Comme le chaos baissait, Fred et Angelina réussirent à tracer leur chemin à travers une foule stupéfiée, moulinée et rejoignirent Imogen, George, Maud et une Annie très soumise au sommet des gradins. Ils s'assirent tous juste assez longtemps pour reprendre leur souffle, comparer leurs notes et manger une petite montagne de Chocogrenouilles ensemble. Personne ne parla de Dumbledore : cette blessure était trop neuve et Maud soupçonnait que certains d'entre eux s'accrochaient toujours à l'espoir que Voldemort avait menti.

Quand le moment fut venu de se séparer, se débarrasser de George fut presque impossible et à la fin Imogen dut le prendre de côté et lui parler. Enfin, à contrecœur, il prit son congé et alla avec Fred et Angelina; mais quand Maud demanda à Imogen ce qu'elle avait dit pour le convaincre, l'autre sorcière secoua seulement la tête.

Et à présent, une transplanation, deux tasses de thé anti-commotion cérébrale et la moitié d'une boîte de chocolats d'Honeydukes plus tard, Maud et Imogen étaient assises à la table de conférence dans le bureau minuscule d'Euphemia Glossop, finissant leur compte rendu. Conformément à la procédure standard du Département, elles avaient d'abord donné une version de l'essentiel des événements du jour à partir de leur arrivée au stade jusqu'au moment de leur départ; alors Glossop était revenue sur l'histoire avec eux, posant des questions et faisant traîner les détails les plus appropriés. Le sujet final de conversation était Muriel.

"Cela n'aurait pas été dur pour elle de découvrir que George et moi étions amis," dit Maud, louchant un peu vers Glossop, qui était assise grande et droite dans sa chaise à haut dossier, les doigts tapant légèrement la table en écoutant.

"Après avoir terminé nos études à Poudlard, nous n'avons plus vraiment fait un grand effort pour éviter d'être vus ensemble - en fait nous nous sommes rencontré tout à fait souvent. Alors quand Muriel a appris de son cousin, le Batteur de Montrose, que les Mangemorts et les Détraqueurs projetaient de faire une apparition à la demi-finale, elle lui a demandé quatre billets et les a envoyé aux jumeaux Weasley anonymement par hibou ce matin, prévoyant que Fred viendrait avec sa petite amie Angelina et que George, me demanderait très probablement de venir."

"Bien sûr, Muriel ne savait rien de moi," interrompit Imogen, qui était assise à la droite de Glossop avec ses pieds sur la table, assemblant adroitement une longue chaîne scintillante de trombones Prise-Ferme, Autoexpansifs de Flourish et Blotts. "Et elle n'a pas donné à George tout à fait assez de crédit, non plus. Après que son cousin ait lancé ce Charme Stupéfiant sur les trois d'entre nous, j'étais la première à me réveiller et à rendre compte que Maud n'est plus là. Cela ne nous a pas pris, à George et à moi, très longtemps pour calculer ce qui devait être arrivé et ensuite il a eu l'idée brillante de monter dans les gradins pour parler à Annie." Elle fit une pause pensivement, regardant la chaînette. "Je ne pense pas que Muriel ait prévu qu'Annie aurait assez d'esprits à ce point de même pour remarquer ce qui se passait, sans parler de nous le dire - mais après un peu de pression et notre promesse solennelle de la protéger de la colère de Muriel si elle jamais elle le découvrait, elle nous dirigés dans la bonne direction ." Elle haussa les épaules. "Le reste vous savez déjà ."

Glossop fit un regard sévère à Imogen. "Vous êtes venue dangereusement près de vous trahir cette après-midi avec votre participation, Mlle Crump. En fait, vous l'avez en effet peut-être fait , quand vous avez essayé d'appréhender ce Mangemort au nom du Ministère. Je ne vous reproche pas d'être allée à l'aide de Mlle Maugrey , mais la prochaine fois, je suggère que vous fassiez plus d'efforts d'être discrète. Jeter un Patronus formidable au milieu d'une grande foule, par exemple-"

"Je devais," protesta Imogen. "George n'avait pas assez de pratique et Maud - et bien, je ne savais pas tout à fait pourquoi Maud ne l'a pas fait à l'époque mais je comprends maintenant. Si Muriel avait regardé quand c'est arrivé-" "Ah." La bouche de Glossop se retroussa. "Oui. Cela aurait pu, en effet, être incommode. Êtes-vous sûre qu'elle n'a pas vu votre Patronus clairement quand vous avez été forcée de le jeter sur ce Détraqueur, Mlle Maugrey ?"

Maud secoua la tête. "Pas absolument sûre, non. Tout est arrivé si rapidement. George l'a vu, cependant : je sais au moins ça."

La première fois que Maud avait avec succès jeté le Charme Patronus pendant sa sixième année à Durmstrang, elle s'avait presque évanouie de surprise. Son professeur de Défense Contre les Forces du Mal n'avait pas reconnu la figure terrible, angélique que son élève venait de conjurer et avait seulement remarqué qu'il était peu commun de voir un Patronus humain. Maud ne l'avait pas entièrement reconnu non plus; cela avait été une longue période de temps depuis qu'elle avait vu ce visage, après tout. Mais George avait remarqué la ressemblance - rajeuni et glorifié comme il était - immédiatement et Muriel l'aurait reconnue, aussi.

Maud frissonna. C'était une bonne chose que Muriel soit aux mains du Département à l'heure actuelle et qu'elle ne soit pas relâchée avant son procès pour tentative de meurtre et conspiration avec un Mangemort. Elle pourrait même finir à Azkaban, où une équipe d'Aurors et une ménagerie de créatures magiques effrayantes avait remplacé les Détraqueurs déloyaux en garde vingt-quatre heures sur vingt-quatre...

"Oui et à ce propos," dit Imogen, enlevant ses pieds de la table et s'asseyant, "il a raison. Ton Patronus est bizarre. Si je n'avais pas déjà su pour toi et Rogue, j'aurais probablement eu une attaque à l'instant."

Maud fit un sourire mince. "Ce n'est pas tout à fait aussi bizarre que vous pourriez penser. Severus m'a sauvé la vie quand j'étais juste une enfant; et son visage a été la dernière chose que j'ai vue de mes propres yeux pendant treize ans. Je suppose que quelque part dans mon esprit, il est devenu la personnification de la délivrance pour moi." "Crois moi," dit Imogen, "c'est toujours bizarre."

Et c'était toute la conversation légère que Maud pouvait supporter. Elle posa ses deux mains à plat sur la table et regarda Glossop, ne faisant plus l'effort de cacher sa fatigue - ou sa crainte. "S'il vous plaît", dit-elle. "Je dois savoir. Y a-t-il des nouvelles de - Poudlard ?"

Les doigts de Glossop se fermèrent lentement dans un poing. "Quelques unes, oui," dit-elle. "Quoique pas autant que je le voudrais. Nos contacts à Pré-au-lard annoncent que les forces de l'Ennemi sont arrivées dans le secteur au début de cet après-midi et qu'il y a eut quelque… pyrotechnie ... peu après. Personne n'a pu s'approcher assez pour voir précisément ce qui arrivait à ce moment là mais environ il y a une heure, nous avons reçu la confirmation d'un témoin oculaire qu'Albus Dumbledore est, en effet, mort."

Imogen aspira, laissa tomber sa tête dans ses mains. "Je ne voulais pas y croire," dit-elle d'une voix épaisse.

Maud resta assise très tranquille. Les yeux de Glossop rencontrèrent les siens et sa bouche se tordit un peu, tristement, quand elle continua : "Pour autant que nous savons, personne d'autre n'a été touché. Poudlard- même est toujours debout et l'Ennemi a reculé. Mais quant aux détails-" elle étendit ses mains longues, aux os carrés . "Nous devrons simplement attendre."

"Merci," dit Maud tranquillement. Elle savait ce qu'elle devait faire, maintenant. En effet, elle l'avait su pendant des heures; tout qu'elle avait attendu était l'assurance que ce qu'elle projetait de faire était toujours possible - et toujours nécessaire. "Pouvons-nous aller maintenant ?" Elle demanda à Glossop. "S'il vous plaît. Ca a - cela a été un long jour." Et était sur le point de devenir considérablement plus long...

"Vous pouvez aller," dit la sorcière la plus âgée. "Mlle Crump, cependant, restera. Nous avons des questions à discuter." Imogen, qui s'était demi- levée de son siège, sembla chagrinée et se rassit. Maud, se sentant d'autant plus reconnaissante pour ce sursis, leur sourit faiblement à toutes les deux, souleva une main dans adieu et transplana.

* * *

Maud s'arrêta tout d'abord à son appartement, pour se laver la figure, changer ses vêtements et faire une autre tasse de thé fortifiant. Puis elle passa au laboratoire à St. Mungo. Et ensuite, avec quelque agitation, à la maison de son oncle.

"Je savais que tu n'approuverais pas," dit-elle tranquillement, regardant ses mains. "Et si tu penses vraiment que tu ne peux pas m'aider, je ne te blâmerai pas. Mais je n'avais pas de meilleur plan."

"Moi si," gronda Alastor Maugrey. "N'y va pas."

Elle leva la tête et le regarda fermement. "Ce n'est pas une option."

Il grimaça. "Non, je ne pensais pas que c'en serait une. Mais gamine - es- tu sûre que cela ne va pas faire plus de mal que de bien ?"

"Je suis sûre seulement d'une chose," dit-elle. "Il a besoin de quelqu'un tout de suite. Et avec Dumbledore mort, il n'a plus que moi."

Maugrey soupira et gratta sa tête grisonnante. "Bien, je suppose que cela pourrait être un pire plan. Tiens bien ton capuchon levé et ta tête basse ,et avec tes pieds légers tu pourrais probablement marcher directement à travers l'armée de Voldemort sans être remarquée - tant que tu ne te heurtes pas à un Détraqueur. C'est toujours mieux que ce que j'ai pensé que tu allais me demander, en tout cas."

Elle fronça les sourcils. "A quoi pensais-tu ?"

Il fit un signe vers les deux flasques de potions qu'elle portait liées à la ceinture à sa taille. "J'ai pensé que cela pourrait être du Polynectar que tu portais."

"Du Poly-" Elle était muette. "Mon oncle, je ne te demanderais jamais cela. Pas après - ce que Croupton a fait. Et en plus, d'après tout ce que j'ai entendu, prendre du Polynectar en changeant de sexe n'est pas juste inconfortable, c'est dangereux."

"Ah. Tu savais cela aussi, n'est-ce pas ? Bien." Il se souleva de sa chaise, boita à travers la pièce vers son coffre d'Auror familier avec ses sept serrures. "Mais ce ne serait pas même la moitié de ton problème, si tu avais essayé d'interpréter mon rôle . Même Croupton a vacillé sur mon pied de bois avant d'attraper le coup et l'œil fou n'était pas une partie de plaisir non plus..."

"Pour ne pas mentionner que te les prendre tous les deux te laisserait un désavantage sérieux, juste quand les raids de Mangemorts sont plus probables que jamais. Non, absolument pas." Elle respira à fond. "Le manteau d'invisibilité, si tu peux t'en passer, fera très bien l'affaire."

Deux clefs et deux serrures plus tard, le coffre révéla une cascade de tissu argenté, brillant discrètement dans la lumière terne. Maugrey le prit , le tendit à Maud. "Prends en soin, Maudie," dit-il brusquement. "C'est un vieil ami, ce manteau . Nous avons vu bien des choses ensemble..."

"Je le garderai avec ma vie."

Il donna un grognement de réprimande. "Pas du tout, gamine. Garde ta vie avec , au lieu de cela; c'est pour cela qu'il est fait. Un manteau peut être remplacé. Pas toi."

"Je sais," dit Maud, avec un rire chancelant. "Constante Vigilance." Elle se leva et vint dans les bras qu'il offrait, le tint fermement un moment, puis recula avec le manteau dans ses mains. "Merci, mon Oncle."

Il sembla à peine l'entendre : ses mains se pendaient lâches à ses côtés et ses yeux - magique comme ordinaire - étaient tournés vers le plancher. "Dumbledore", dit Maugrey, d'une voix dure d'émotion. "Jamais pensé que je vivrais plus longtemps que lui. Ni Prospero Peachtree, non plus."

"Peachtree ? Était ce le sorcier qui-"

"Est parti avec un coup, de ce que j'entends. Oui. Ne savais pas que l'homme avait autant de courage en lui, mais je suppose que puisqu'il s'agissait de Dumbledore ..." Sa bouche se tira d'un coup sec. "Prospero devait la vie à Albus , dans à peu près chaque sens auquel tu peux penser ."

"Il n'était pas le seul," dit Maud doucement. "Il me manque aussi, mon Oncle. Je ne peux pas croire qu'il est parti." Maugrey renifla fortement et cligna deux fois. Alors il posa sa mâchoire et dit avec une vivacité délibéré, "Et bien, il est parti. Et le reste d'entre nous doit continuer à vivre, alors ... tu ferais mieux d'y aller avant qu'il ne soit tard." Maud tira le manteau d'invisibilité autour de ses épaules, le ferma à sa gorge. C'était étonnamment léger et elle ne se sentait aucunement différente en le portant; mais quand elle regarda vers le bas , elle ne pouvait voir que le tapis usé. Pour la première fois depuis des heures elle sentit une montée d'espoir : Cela pourrait marcher.

"Et assure-toi de garder ce capuchon levé," dit son oncle, faisant correspondre l'action aux mots. "Rien de plus mauvais que de voir une tête sans corps - pour ne pas mentionner que cela fait une très cible très tentante. Voldemort a peut-être retiré ses forces de Poudlard, mais il n'y a rien pour dire qu'il n'a pas laissé quelques soldats derrière. Alors fais attention où tu marches, Maudie."

Elle étendit la main et serra celle de son oncle. "Je le ferai," dit-elle. Marchant soigneusement vers la porte – c'était plus facile si elle n'essayait pas de regarder ses pieds - elle l'ouvrit et sortit sur le perron, juste devant de la barrière d'anti-apparition.

"Maudie."

Sa voix était à peine audible. Elle se tourna et regarda derrière elle, pour le voir debout dans l'embrasure, sa grande silhouette tordue dans la lumière. Il hésita, puis boita son chemin après elle, comme s'il allait simplement vérifier que la porte était fermée avant de rentrer pour la soirée.

"On ne sait jamais ce qui pourrait arriver," continua-t-il, maniant gauchement la clenche. Son visage était détourné et il y avait un bord léger de désespoir dans sa voix. "Alors ce que je veux dire est, je pensais mieux de-" Maud étendit la main vers lui et la posa très doucement sur la sienne. "Je t'aime aussi, Oncle Alastor."

"Oui. Bien, alors. Que le ciel te protège, gamine." L'air soulagé, il se détourna.

Silencieusement, ses yeux toujours fixés sur son oncle battant en retraite, Maud se redressa et prit une respiration profonde. Poudlard, pensa-t-elle. Severus—

Et transplana.

A suivre...