Titre: Si nous survivons - Chapitre 11: Et me fait finir (11/11)
Author: R. J. Anderson
Email: rebeccaj@pobox.com
Traduit de l'anglais par dark_rogue@caramail.com
Category: Drama/Angst/Romance
Mots-clefs: Rogue, George, après la coupe de feu, Voldemort, guerre
(Accord parental souhaitable)
Comme la tempête bat son corps tremblant, le vent menaçant toujours de l'emporter du bord de la falaise, elle griffe ses doigts profondément dans le sol humide, cherchant une prise, une ancre. Elle aurait dû partir d'ici il y a longtemps, pense-t-elle désespérément, mais c'est trop tard maintenant : épuisée, stupéfiée et écrasée par la puissance des éléments, elle n'a plus la force de s'échapper...
* * *
Il y eut un flash de lumière verte livide, puis un assaut battant de vent, comme si l'Ange de la Mort était passé par là. Et quand le rougeoiement baissa, Severus Rogue gisait immobile, ses cheveux sombres épars dans l'herbe. Ses yeux étaient fermés, son visage pâle et sévère et anormalement tranquille, comme l'effigie de marbre de quelque grand roi, mais peu aimé. Il avait l'air, pensa Maud distraitement, très mort.
Quelqu'un émit un son, un long gémissement inintelligible de chagrin : pas Rogue. Quelqu'un d'autre rit : pas Rogue non plus. Rogue ne faisait plus de son du tout. Maud tomba lentement à genoux, sentant même à peine la douleur comme Muriel tordait son bras derrière elle. Elle remarqua vaguement, quelque part derrière son esprit, que Voldemort venait de faire quelque remarque dédaigneuse avant de partir – quoiqu'elle n'eut aucune idée de ce que c'était, ou de la personne à qui c'était adressé. Elle ne s'en souciait pas non plus. Il était difficile de se soucier de quoi que ce soit, en ce moment.
Ce bruit de lamentation aigu commençait à être ennuyeux, cependant. Maud était sur le point d'ouvrir la bouche pour dire à quiconque ce soit de se taire; alors elle se rendit compte avec une surprise terne que sa bouche était déjà ouverte et le son en sortait. Elle se demandait juste si ce serait possible pour elle de s'arrêter quand Muriel la tira violemment , la fit tourner et lui donna une calque en travers du visage. Le cri cessa.
"Merci," dit Maud en titubant, essuyant sa bouche saignante. Elle se leva avec quelque difficulté sur ses pieds et regarda autour d'elle. La partie principale de la bataille s'était déplacée vers le nord, sur plus un terrain plus ouvert et plat; mais à en juger par les cris et les explosions intermittentes, il y avait toujours beaucoup de combats en cours à proximité. L'obscurité grésillait de sorts, le ciel au-dessus du champ de bataille s'enflammant de rouge , vert et bleu tour à tour. Par cette lumière intermittente elle attrapa un aperçu de Voldemort marchant à grands pas au loin à travers la pelouse, ne contournant pas la bataille, mais traçant un sillon droit à travers le plus fort du combat, faisant sauter ses ennemis de côté avec une facilité méprisante. Queuedver le suivait , servile et terrifié.
Muriel devait avoir vu où elle regardait, parce qu'elle lâcha le bras de Maud et eut un rire cinglé. "Est-ce qu'il n'est pas splendide ? Il va tuer Potter, tu sais." Elle dirigea sa baguette vers les côtes de Maud, la poussa avec presque par espièglerie. "Comme je vais te tuer." Maud la regarda pendant un moment long, pensive. Alors, sans un mot, elle se dirigea vers l'endroit où Rogue reposait et s'agenouilla sur l'herbe à côté de lui. Une mèche de cheveux était tombée à travers le visage de celui-ci; elle la repoussa , puis se pencha tout près et embrassa doucement sa joue.
"Eurgh," dit Muriel, faisant une grimace. "Ecarte toi de lui."
"Non," répondit Maud avec un calme peu naturel. "Tu devras juste me tuer ici."
"Sur son cadavre ? Comme c'est approprié." Muriel rit sottement de nouveau. "D'accord, alors, puisque tu insistes... Accio baguette de Maud Maugrey!"
Maud leva les yeux, surprise, comme ses baguettes magiques - les deux - vinrent en volant de l'obscurité dans la main allongée de l'autre sorcière. "Je lui ai dit que je voulais me battre avec toi," dit Muriel avec un brin d'irritabilité et jeta une des baguettes à Maud.
Elle s'arrêta dans des airs.
"Désolé," dit la voix désincarnée d'Imogen, "mais elle a un engagement antérieur. Tu devras juste te battre avec moi, à sa place." Elle ôta le cape d'invisibilité la masquant et la jeta derrière elle, puis la baguette de Maud par dessus. "Prends-les et pars d'ici, Maud. Je m'occupe du reste."
"Mais George-"
"George va bien," dit Imogen vivement, tenant ses yeux et sa baguette dirigées sur Muriel. "Il était juste trop proche de quelqu'un qui lançait Finite Incantatem et a perdu la liaison Exaudio, c'est tout." Avec des mouvements lents, délibérés, elle remonta ses manches et bien que son dos ait été tourné à Maud, il n'y avait aucun moyen de se tromper quant au sourire sauvage de sa voix. "Salut, Mlle Groggins. J'étais si impatiente de te rencontrer de nouveau..."
"Va te faire foutre, espèce de vieille putain ," gronda Muriel. "C'est entre Maud et moi."
"J'ai peur que non, ma chère," dit Imogen agréablement. "Le problème est entièrement le tien - il arrive juste que Maud ait eu le malheur de passer sur ton chemin." Sa voix se durcit. "Bien, maintenant je suis sur ton chemin. Fais avec."
"Imogen," protesta Maud, "je ne peux pas te laisser-"
"Maud, si tu ne prends pas cette cape et te mets en sécurité tout de suite, je vais te faire transplaner dans un arbre." La voix d'Imogen était ferme. "C'est un ordre direct. Va!"
Il n'y avait aucune raison d'hésiter plus . Maud saisit le manteau d'invisibilité et le jeta sur ses épaules. Avec une passe rapide de sa baguette elle libéra les mains et les pieds attachés de Rogue ; alors elle dit "Levo" et souleva son poids maintenant à peine perceptible de la terre, laissant les plis du manteau tomber eux deux. Ils disparurent. Muriel lâcha un juron sauvage. "Reducto!" cria-t-elle, dirigeant sa baguette à la place où Maud avait été.
"Ancile," interjeta Imogen rapidement. Le sort rebondit en l'air avant qu'il ne puisse atteindre sa cible, éclata contre le mur de château. "Arrête-ça, vilaine fille," ajouta-t-elle avec une note de reproche. "Je te l'ai dit, elle n'est pas pour toi... Pregravo!"
Comme Maud marchait à la hâte en descendant la pente, berçant le corps mou de Rogue contre elle, le son des voix d'Imogen et de Muriel lançant sorts et contre-sorts se répercuta derrière elle pour ce qui sembla une très longue période de temps. Elle fit une pause au pied de la colline et jeta un coup d'œil en arrière, mais tout qu'elle pouvait voir était deux figures indistinctes entourées par des flashes de lumière orange et pourpre.
Oh, bonne chance, Imogen, souhaita-t-elle ardemment. Si Maud auvait pu servir en restant, elle l'aurait fait, mais elle savait qu'elle pourrait seulement être une entrave pour Imogen maintenant. Dans son état épuisé et à moitié fou, il était peu probable que Muriel gagne ce duel; mais elle se battrait comme un chien enragé avant de tomber et Imogen aurait besoin de tous ses esprits et de toute sa concentration pour rester indemne. Donc la meilleure chose que Maud pouvait faire était de se tenir hors du chemin jusqu'à ce que ce soit fini.
Invisible, silencieuse, Maud contourna le bord de la bataille, évitant soigneusement les formes immobiles des Aurors et des Mangemorts tombés, cherchant une place sûre pour étendre Rogue . Il était inutile de monter au Château de Poudlard : les portes étaient défendues avec de la magie autant que du chêne et du fer et n'ouvriraient à personne maintenant. La hutte d'Hagrid, sombre et vide, était toujours derrière les lignes ennemies. Les serres avaient été brisées en miettes dans le premier assaut et n'offraient maintenant ni sécurité, ni abri. Ce qui signifiait qu'il y avait seulement une place restante et elle la regardait maintenant : la Forêt Interdite.
C'était ironique, pensa-t-elle comme ses pieds avançaient automatiquement, la menant au-dessous de l'ombre plus profonde des arbres imposants, antiques, que la dernière fois qu'elle ait été dans cette forêt, Rogue ait été avec elle aussi. Cela avait été l'hiver alors, il était faible et blessé et sa crainte la plus grande était qu'il puisse mourir de froid avant qu'elle ne puisse le mettre à l'abri. Maintenant c'était l'été et l'homme qu'elle tenait dans ses bras n'avait pas de marque visible sur lui, mais la situation était infiniment pire.
L'espace abrité entre les arbres dans lequel Maud s'arrêta plusieurs minutes plus tard n'était pas la même clairière que celle dans laquelle elle avait trouvé Rogue deux ans et demi auparavant – celle là était trop profondément enfouie dans la forêt et trop loin du chemin, pour qu'elle puisse la rechercher maintenant. Mais il y avait des buissons d'épine dans celle- ci aussi , et comme l'autre elle semblait avoir raisonnablement peu de racines et de buissons. Elle pourrait déposer Rogue ici, pensa-t-elle et jeter un Charme de Protection sur lui; il serait en sécurité , alors et elle pourrait retourner à la bataille. Pas pour se battre - du moins, pas à moins qu'elle n'ait pas d'autre choix – mais pour aider les blessés. Le Ministère devait avoir organisé un hôpital de campagne quelque part : probablement au nord-ouest du Château de Poudlard, puisque c'était de cette direction que leurs forces de terre étaient venues. Le terrain de Quidditch, avec ses murs et ses gradins abrités, semblait la place la plus probable.
Maud se baissa et allongea Rogue sur l'herbe, repliant ses bras sur sa poitrine. Il y avait une dignité calme en lui, pensa-t-elle. En fait, il avait même un peu l'air de Dumbledore maintenant - bien qu'un Dumbledore rasé de près et beaucoup plus jeune, dans une humeur inhabituellement sérieuse. Elle était sûre que Rogue aurait été heureux de cela. S'il y a quoi que ce soit de bon en moi, lui avait-il dit une fois (cela semblait il y a très longtemps, maintenant), je le lui dois...
Tant de souvenirs. Maud s'assit sur ses talons, regardant le corps immobile de son amant. L'homme qui avait sauvé sa vie quand elle était enfant; l'homme qui était devenu son mentor et son ami le plus vrai; l'homme qu'elle aurait épousé, si le Sortilège de Mort n'était pas venu s'interposer entre eux. Son amour pour elle avait emporté sa vue et le lui avait ensuite rendue de nouveau, mais il semblait que son amour pour lui avait fait juste l'opposé. Ses yeux scrutèrent son visage, ce le visage blanc et calme avec ses yeux fermés et une partie d'un poème qu'elle avait entendu une fois lui revint spontanément :
Pardonne-moi,
Si tu ne vis plus,
Si toi, mon bien-aimé, mon amour, si tu es mort,
Toutes les feuilles tomberont sur moi,
Il pleuvra sur mon âme nuit et jour,
La neige brûlera mon cœur,
Je marcherai avec le froid et le feu, la mort et la neige,
Mes pieds voudront marcher vers là où tu reposes,
Mais je continuerai à vivre...
Après tout, l'Oncle Alastor l'avait avertie qu'elle pourrait avoir à faire cela; et elle l'avait pris au mot. "Pardonne-moi," chuchota-t-elle et elle toucha la main de Rogue et se leva pour jeter le Charme de Protection afin de pouvoir partir.
C'est alors qu'elle vit les yeux.
Des yeux verts, lumineux dans la nuit : quelque créature sauvage, peut-être même une créature Sombre, attirée par le parfum de la mort. Pour la première fois la colère monta en Maud et elle s'étendit pour prendre sa baguette; mais alors les yeux clignèrent et une voix familière dit, "Dieu merci, je vous ai trouvés, Mlle Maugrey."
C'était le Professeur McGonagall.
Maud fit un pas en arrière, surprise, comme le chat de chat tigré sauta en bas d'une branche surplombante et atterrit légèrement dans la clairière. "Ne soyez pas alarmée," dit-elle, dans le ton vif et pourtant bon que Maud se rappelait si bien. "Vous êtes toujours invisible - mais il faut plus qu'une cape d'invisibilité pour tromper un chat. J'ai suivi votre piste et celle de Severus, depuis le château." Elle alla vers Rogue, renifla son visage. "Que lui est-il arrivé ?"
"Voldemort," dit Maud, ne voulant pas donner plus de détails . "Il a frappé Rogue avec le Sortilège de Mort."
La tête de McGonagall se releva brusquement dans un mouvement surpris, très peu félin. "Il quoi ? Oh non, ma chère, non, ce n'est pas possible."
"J'étais là," dit Maud, sa voix rauque d'émotions contradictoires. "Je l'ai vu arriver. J'ai vu Voldemort diriger sa baguette sur Severus et je l'ai entendu prononcer les mots." Elle tremblait, maintenant. "Croyez-moi, je ne me trompe pas."
"Mais-" McGonagall la regarda, mes yeux larges d'inquiétude. "Vous voulez dire tout ce temps, vous avez cru que Severus était ... mort ?"
Maud était sur le point de dire, ou de crier, vous ne comprenez pas ? Il est mort! Mais alors elle réalisa ce que McGonagall voulait dire et ses jambes se plièrent soudainement sous elle. Elle s'assit durement sur l'herbe à côté de Rogue, le sang tonnant dans ses oreilles. Cela ne pouvait pas être ... ce n'était pas possible... elle l'avait vu arriver ... et après ce qui était arrivé avec Flitwick, elle avait su qu'il n'y avait aucune raison de chercher les signes de vie...
"Ma chère," dit McGonagall très doucement. "On peut duper l'œil humain et l'esprit par un grand nombre de moyens, mais le nez d'un chat ne se trompe jamais ."
Maud regarda le regard vert compatissant de McGonagall, sentant les larmes monter jusqu'à déborder, la glace autour de son cœur se craquant et fondant dans une chaleur agonisante. Elle voulait dire quelque chose, mais il n'y avait aucun mot qui pouvait possiblement exprimer la turbulence en elle. Alors finalement elle pencha seulement la tête et ferma les yeux, comme McGonagall finissait d'une voix à peine plus forte qu'un chuchotement :
"C'est vrai, ma chère. Severus est vivant."
* * *
Le Ministère avait fondé son hôpital de campagne sur le terrain de Quidditch, comme Maud s'y était attendue. Rien ne l'avait préparée, cependant, à l'occupation qu'elle y trouverait.
Il y avait au moins cinquante lits dressés et chacun d'entre eux était plein. Des guérisseurs à l'air tourmentés se bousculaient d'un patient au suivant, avec à peine une pause entre eux. En attendant, des sorcières et des sorciers blessés et étaient étendus en gémissant doucement, ou roulaient leurs yeux et luttaient contre les Charmes de Restriction qui les retenaient; une elfe de maison était assise, sanglotant sur le bout de son lit, berçant sa main desséchée; et même on pouvait voir quelques élèves, couchés immobiles et silencieux sur l'herbe entre les poteaux de but.
"Nous les avions prévenu de ne pas quitter le château," dit McGonagall tristement, regardant les élèves immobiles. "Severus avait raison : nous aurions dû tous les évacuer par le tunnel vers Pré-au-Lard, pas seulement ceux qui n'étaient pas majeurs."
"Vous voulez dire que vous avez pu évacuer certains d'entre eux ?" Maud la regarda avec surprise. "Vous avez été avertis suffisamment tôt avant que l'armée de Voldemort n'arrive ?" Le chat acquiesça. "Juste à peine assez. Celui Qui-" Elle s'arrêta, prit une respiration et sa tête remonta avec une détermination qui était très McGonagall. "Voldemort, plutôt, a appelé Severus à lui tôt ce matin et lui a dit son plan. Severus a consenti à coopérer, bien sûr; mais aussitôt qu'il est retourné à Poudlard, il a réuni tous les professeurs et nous avons fait du mieux que nous pouvions pour nous préparer."
"Alors-" Maud hésita. "Vous saviez déjà pour Severus."
McGonagall ne demanda pas ce qu'elle voulait dire. "Moi, oui. Après que Celui - je veux dire, Voldemort - m'ait emprisonné sous ma forme d'Animagus, j'ai passé beaucoup de temps avec Severus. Il travaillait très durement pour moi, non seulement préserver mon intellect humain, mais aussi à rétablir mon usage de la parole. Et pendant qu'il travaillait, il ... parlait. Pas de vous," ajouta-t-elle avec quelque hâte, "Je crois qu'il pensait que je désapprouverais. Mais de lui et des choses qu'il avait faites pour Professeur Dumbledore." "J'en suis heureuse," dit Maud doucement. "Il avait besoin de parler à quelqu'un." Elle se pencha et posa Rogue à côté du plus petit des étudiants, un petit garçon maigrelet avec des cheveux gris souris et un regard faible de surprise sur son visage. Sûrement c'était impossible, elle pensa, qu'une créature minuscule comme ça puisse avoir dix-sept ans.
"Oh, cet enfant," soupira McGonagall, qui avait évidemment remarqué la perplexité de Maud. "Si j'ai jamais pensé que les jumeaux Weasley étaient d'une triste notoriété pour s'attirer des ennuis..."
Donc le garçon était plus jeune, alors. Aucun doute qu'il ne se soit caché quand ses camarades de classe avaient été envoyés au loin, ou qu'il ne soit revenu en cachette dans l'école après. Maud toucha le cou du garçon, puis sa poitrine. Comme Rogue, il ne montrait aucune blessure visible, mais son pouls était anormalement lent et sa respiration si peu profonde qu'elle était à peine perceptible. Fronçant les sourcils un peu, elle vérifia les autres étudiants et constata que leur condition était la même.
"Madame Pomfresh," dit-elle, se redressant et se tournant pour s'adresser à la sorcière marchant d'un pas pressé le long de la rangée de lits derrière eux, "savez-vous qu'est-ce qui est arrivé à ces élèves ?"
Pomfresh sursauta violemment et laissa presque tomber la tasse fumante de potion qu'elle portait. "Grand Merlin!" haleta-t-elle.
"Oh, désolée," dit Maud et ôta le manteau d'invisibilité.
"Mlle Maugrey!" Pomfrey était stupéfiée. "Que faites-vous ici ?"
"Elle est venue avec moi, Pompom," dit McGonagall, du sol. "Nous vous avons apporté un nouveau patient."
Un instant l'infirmière scolaire resta sans expression; alors elle suivit le regard fixe de McGonagall vers là où Rogue reposait et ses yeux s'élargirent. "Le Directeur! Il est vivant ?" "Oui, mais nous n'avons pas été capables de le ranimer," dit Maud. Et si vous ne pouvez pas qu'allons nous faire ? Dit une voix dans son esprit, mais elle écarta cette pensée déloyale et continua : "C'est pourquoi je demandais si vous saviez ce qui est arrivé à ces étudiants. Cela pourrait nous donner quelque idée de ce que faire ensuite."
"Nous ne savons pas exactement ce qui leur est arrivé," dit Pomfresh, remettant rapidement la tasse de potion à un medicomage passant par là . "Wiggins, donnez cela à l'elfe de maison, s'il vous plaît." Alors elle se retourna vers Maud et McGonagall et continua, "Nous les avons trouvés à l'extérieur du stade, peu de temps après que Celui Dont On Ne Doit Pas Prononcer Le Nom et ses suivants aient passé par là-" Elle s'interrompit, évidemment affligée et elles savaient toutes ce qu'elle ne pouvait pas arriver à dire.
"Harry est toujours vivant," dit McGonagall fermement. "Le Seigneur des Ténèbres l'aurait certainement annoncé à ce jour, si ce n'était pas le cas. Alors jusqu'à preuve du contraire Pompom, nous ne devons pas renoncer à l'espoir."
Il était étrange d'entendre dire ces mots vifs, de commandement venant d'un chat, mais Pomfresh ne semblait avoir aucune difficulté à les prendre au sérieux. "Oui, bien sûr." Elle se redressa un peu. "Excusez-moi s'il vous plaît - je dois revenir à mes patients. Mais, Mlle Maugrey, si vous pensez que quelque chose pourrait aider les enfants et le Directeur Rogue..."
"Nous vous en ferons part," dit McGonagall. "Merci, Pompom."
Madame Pomfresh inclina la tête et partit à la hâte.
Maud et McGonagall restèrent debout quelque temps en silence, regardant les figures pâles, immobiles sur l'herbe. Alors Maud dit brusquement, " Professeur Flitwick."
McGonagall cligna des yeux et eut un reniflement très humain. "Que voulez vous dire à propos de Filius ?" "Quand il est allé attaquer Voldemort, vous avez essayé de l'arrêter. Vous avez dit ... quelque chose à propos de son cœur ?"
"Oh. Oui." Les yeux verts s'obscurcirent un peu et se baissèrent. "Le cher homme, il était si courageux, mais ... son coeur était très faible et aucune magie ne pouvait le guérir. C'était la raison pour laquelle il est entré dans l'enseignement, vous savez. Avec ses compétences il pourrait avoir été un grand Auror, mais le stress l'aurait tué."
Son cœur... Le stress... Les mots résonnèrent dans l'esprit de Maud, frappant une corde inattendue. "Peut-être", dit-elle lentement, " est-ce ce exactement ce qui est arrivé."
"Je vous demande pardon ?"
Maud était sur la piste maintenant, elle en était sûre. "Nous devrons l'examiner pour savoir à coup sûr, mais je commence à penser que ce n'était pas Avada Kedavra qui a tué Professeur Flitwick. C'était le choc qui a arrêté son cœur - pas le sort lui-même."
Les sourcils touffus de McGonagall montèrent en flèche. "Une théorie intéressante." Elle s'assit sur ses hanches, sa tête s'inclinée un peu de côté, réfléchissant. "Voulez vous dire que non seulement Severus, mais ces étudiants aussi..."
"... ont réchappé au Sortilège de Mort. Oui. Soit ils étaient protégés d'une façon ou d'une autre-" "Impossible." McGonagall secoua la tête. "Vous savez votre théorie magique aussi bien que moi, ma chère : il n'y a aucune protection contre Avada Kedavra."
"Vrai," admit Maud avec résignation. "Alors ... le problème doit être avec Voldemort. Quelque chose de travers avec sa baguette, ou son pouvoir s'affaiblit, ou-"
Elle s'arrêta soudainement. Son pouvoir. Comment avait-elle pu oublier ? Elle savait sa théorie magique, mais elle savait aussi son histoire magique. Et les livres d'histoire parlaient tout à fait clairement d'un temps où Voldemort avait jeté le Sortilège de Mort contre une victime sans défense - et avait échoué. Tout cela parce que, dans son arrogance et sa haine, il avait oublié une magie antique beaucoup plus puissante que la sienne...
Est-ce possible qu'à peine quinze ans après cette nuit à Godric's Hollow, Voldemort ait fait la même erreur de nouveau ? Mais cette fois, d'une telle façon qu'il n'ait pas compris immédiatement - ou même maintenant - qu'un acte d'amour et de sacrifice de soi même plus grand que celui de Lily Potter avait contrecarré ses intentions meurtrières. Un sacrifice incité cette fois non pas par une impulsion désespérée, mais une intention délibérée—
( Même dans la mort, il jouait comme un maître)
Non pas décidé au dernier moment, mais prévu des semaines ou même des mois à l'avance-
( Le regard las, lointain dans son regard fixe, cette dernière nuit à Poudard)
Un sacrifice qui pourrait avoir été évité, mais avait néanmoins été offert volontairement—
( Je l'ai averti - l'ai prié- l'ai supplié de me laisser prendre du Polynectar et aller à sa place) Et non seulement pour l'amour d'une personne cette fois, mais pour beaucoup, y compris (seulement deux personnes m'ont jamais aimé) Severus Rogue...
Il y a environ dix-huit mois, Voldemort avait menacé de tuer tout le monde à Poudlard avec du Souffle de léopard Nundu si son Directeur ne se rendait pas et en réponse à cette menace Albus Dumbledore avait donné sa vie. Il semblait que son sacrifice n'ait pas été vain.
Mais d'autre part, si la mort de Dumbledore avait vraiment protégé les enseignants et les élèves de Poudlard du pouvoir de Voldemort, pourquoi le Sortilège de Mort n'avait-il pas rebondi sur Flitwick, ou Rogue, ou les autres, comme il avait fait sur l'enfant en bas âge Harry? Pourquoi Voldemort n'avait-il pas été détruit par la répercussion de son propre charme la première fois même qu'il l'avait jeté, sans parler de la cinquième ou sixième fois ?
Et bien, presque tout le reste du sacrifice de Dumbledore avait différé de celui de Lily Potter, alors peut-être que c'était différent, aussi. Peut- être que parce qu'il était mort avec beaucoup de personnes dans ses pensées, l'effet avait été plus répandu. Cela expliquerait pourquoi Rogue et les autres étaient tombés dans cet état pareil à une transe - vivants, mais ayant toujours besoin d'être réanimés. Quant à Voldemort, peut-être qu'il avait été affecté chaque fois qu'il avait jeté le sort, mais si subtilement et graduellement qu'il ne l'ait pas remarqué. Dans ce cas , les conséquences de ses actions pourraient bien le rattraper bientôt - ou au moins Maud l'espérait ardemment .
Elle se tourna et regarda le terrain, les lignes de lits et les silhouettes vêtues de blanc se penchant sur eux. Les sons de bataille se répercutaient toujours dans le lointain et des éclairs puissants illuminaient le ciel. Elle entendit un cri d'au-delà des gradins - "les géants! Les géants!" - mais si cette c'était censé être une aide ou une perte, elle ne le savait pas . McGonagall la regardait avec espoir, attendant qu'elle finisse sa phrase. Maud secoua la tête et donna ce qu'elle espérait être un sourire rassurant : elle était toujours trop incertaine de sa théorie sur Dumbledore et le Sortilège de Mort pour vouloir la partager juste maintenant. "Je pense," dit-elle, "Que je vais aller voir si Madame Pomfresh à besoin de mon aide."
* * *
Les derniers quelques mois au laboratoire de Ste Mangouste avec Tony avaient forgé Maud au défi de travailler dur sous pression. Cela avait été une bonne préparation, comprit-elle , pour ce soir. Pomfresh l'avait mise à travailler à la fabrication de plus de potions de guérison et fortifiantes - il ne semblait jamais y en avoir assez - et chaque fois que Maud finissait un lot, elle en prenait un peu et l'essayait sur Rogue et les élèves. Elle jeta des charmes sur eux aussi : sorts pour reconstituer la force et l'énergie, sorts pour emporter les rêves, des sorts de réveil et ranimation. Rien ne marchait.
En attendant, plus d'accidentés étaient apportés. Une jeune sorcière avec un visage terriblement brûlé, un petit sorcier dont les pieds avaient été brisés. Un autre élève qui ne pouvait pas être ranimé. Quatre personnes moururent malgré les meilleurs efforts des medicomages et furent soulevés avec respect par lévitation de leurs lits de telle sorte que des vivants puissent prendre leur place.
À l'extérieur du stade, les sons de bataille devenaient plus forts et plus féroces et on pouvait entendre beaucoup de piétinement et de rugissement. Mais aussi un grand nombre de voix bizarrement aiguës, grinçant des choses comme "Je me battons pour Harry Potter!" Et "Mauvais Sorcier Sombre! Prends- ça!" Et une fois elle pensa entendre la voix d'Hermione Granger, secouée entre les larmes et le rire, disant "Oh, Dobby - oh, Ron-"
Maud voulait désespérément sortir et aller chercher George et Imogen, mais elle savait qu'on avait besoin d'elle ici, que des vies pouvaient dépendre d'elle. Donc elle garda la tête baissée et travailla, écrasant des herbes et découpant des scarabées (ils devaient être coupés fraîchement, ou leur puissance serait perdue) et remuant dans ses chaudrons jusqu'à ce que, ce qui sembla des heures plus tard, elle entende une voix familière, profonde, rauque :
"Poussez-vous du chemin, maudits! Arrêtez de rester la bouche ouverte comme un idiot et apportez-moi un lit!"
Maud se tourna rapidement, pour voir son Oncle Alastor entrer en boitant dans le stade. Ses cheveux grisonnants étaient mêlés de sang sur un côté, il y avait une contusion pourpre sur le haut de sa pommette et son pied en bois et l'ourlet de ses robes étaient noircis, comme s'il avait marché dans du feu. A part cela, il semblait en bonne santé - c'était la silhouette dans ses bras qui avait besoin de soins.
Ses robes vertes étaient en lambeaux et ses cheveux châtains normalement lisses étaient un embrouillement sauvage. Elle respirait par halètements peu profonds, désespérés, son visage appuyé contre l'épaule de Fol Oeil , évidemment dans une douleur considérable.
"Le sort de Tord-Boyaux," gronda Maugrey, comme Pomfresh et un autre médic se précipitaient. Il se baissa maladroitement et posa son fardeau sur le lit. "Ai fait ce que je pouvais pour arranger les choses, mais elle saigne de l'intérieur - estomac et intestins. Vous feriez mieux de vous occuper d'elle maintenant."
"Imogen," souffla Maud. "Mon oncle-" et comme Fol Oeil se tournait, sursautant, elle traversa le terrain en courant et se jeta dans ses bras.
"Maudie!" Il se dégagea de l'embrassade avec difficulté et la tint à bout de bras, son oeil magique la fouillant, cherchant quelque blessure, comme il devait avoir parcouru Imogen.
"Tu vas bien," dit-il brusquement, l'air incrédule. "J'étais sûr de t'avoir perdue. J'ai essayé d'arriver à toi, mais-"
Maud se retourna vers Imogen , couchée si anormalement tranquille, son corps pulsant avec des lumières bleues et jaunes comme Pomfresh et son compagnon jetaient des sorts guérissant sur elle, essayant d'isoler et d'arrêter le saignement. "Elle m'a sauvé la vie," chuchota-t-elle. "Mon oncle, si elle meurt..."
"Arrête ça, gamine." Sa voix était ferme. "Elle ne va pas mourir - elle est aussi solide qu'ils se battent férocement. Quand je l'ai trouvée, elle avait battu ta vieille amie Muriel, avait combattu son chemin jusqu'au milieu de la bataille et était sur le point de prendre Walden MacNair en combat singulier, bien qu'elle puisse à peine se tenir debout. Elle s'en tirera , je n'en ai aucun doute."
Tout cela, pensa Maud misérablement, était le langage codé d'Alastor Maugrey pour dire Elle est en train de mourir et je ne veux pas y penser. Mais il n'y avait aucune raison d'affliger son oncle en le lui disant , donc elle respira à fond et inclina la tête, comme si ses mots l'avaient rassurée.
"Ai vu George Weasley aussi, il y pas longtemps de cela." Fol Oeil se gratta derrière la tête et regarda autour de lui, comme s'il n'était pas tout à fait sûr de quoi faire maintenant qu'il était hors du champ de bataille. "Il semblait aller bien, quoique ses robes ne soient pas tout à fait à sa taille. Il avait pris du Polynectar plus tôt, je suppose ?"
Maud acquiesça de nouveau, n'ayant pas assez confiance en elle pour parler.
"Hmph," dit son oncle. "Il y a une histoire derrière tout cela, aucun doute. Ecoute, Maudie..." Maintenant il semblait encore plus maladroit. "Je suis désolé pour Rogue. De ce que j'ai pu entendre dire, il était tout à fait courageux, à la fin..."
Ce qui était, à sa façon, un compliment. Malgré l'étroitesse dans sa gorge et la crainte froide qui saisissait son estomac avec chaque pensée d'Imogen, Maud réussit à sourire. "J'ai peur que tu ne sois pas tout à fait débarrassé de la menace d'avoir Severus pour neveu-par-alliance," commença- t-elle à dire, mais au troisième mot elle fut noyée par un son comme un coup de tonnerre et le ciel s'illumina avec un éclair éblouissant de lumière verte. Elle sursauta, saisit les bras de son oncle comme appui - mais le pied de bois carbonisé de celui-ci cassa et tous les deux s'effondrèrent par terre.
Alastor Maugrey jura passionnément. "Au nom de tout ce qui est saint qu'est-ce-"
"Je ne sais pas." Maud se désembrouilla de lui avec effort et s'assit de nouveau. "Je suis désolée, mon Oncle. Tu n'as rien de cassé ?"
"Mlle Maugrey - Maud!" cria McGonagall de l'autre côté du terrain, avec une note de miaulement étrange dans sa voix qui pourrait avoir été de la crainte, de l'excitation, ou tous les deux. "Venez ici, rapidement!"
"Va," dit Fol Oeil, se soulevant sur ses coudes. "Je vais bien, gamine - va ."
Maud se remit sur ses pieds et se dépêcha d'aller à la rencontre de McGonagall, qui courait pratiquement en cercles dans son agitation. "Regardez!" dit-elle, indiquant avec une patte les silhouettes couchées entre les poteaux de but.
Un autre flash brillant éclaira le ciel, aveuglant Maud à demi. Elle regarda du coin de l'œil dans la direction que McGonagall avait indiqué, clignant des yeux dans une tentative futile de faire partir les taches de lumière dans sa vision. "Je suis désolée," commença-t-elle, "mais je ne -"
Et alors elle vit. Le garçon à l'air fragile à côté de Severus avait bougé. Juste un spasme, Maud pensa, ayant peur d'espérer plus; mais alors le garçon remua de nouveau, s'assit - et éternua. McGonagall posa une patte sur sa jambe, ses yeux verts fouillant son visage; il se frotta les yeux et dit avec un doute, "Professeur McGonagall ?"
* * *
Juste quand elle pense qu'elle ne peut plus supporter plus, le vent meurt et la pluie s'apaise. Comme elle se relève en tremblant de la terre et essuie ses doigts pleins de boue sur sa robe, elle entend un dernier grondement de tonnerre dans le lointain et puis - à sa stupéfaction - tout est calme. Prenant des inspirations profondes, elle se met sur ses pieds et retourne en marchant au bord de la falaise, regardant vers le bas dans les vagues qui avaient martelé le rivage si brutalement tout à l'heure. Elles, aussi, ont baissé et avec un éclair de soulagement elle se rend compte que la tempête est vraiment finie. Comme la lune s'échappe entre les nuages, peignant la mer d'une lumière d'argent, elle fait un pas en arrière, loin de la falaise-- - Et constate qu'elle n'est pas seule.
* * *
Dans les années à venir, les historiens écriraient qu'avant qu'Harry Potter ne vint en boitant sur le champ de bataille, très vivant et ne portant plus aucune trace de sa célèbre cicatrice, personne ne se rendit compte que Voldemort était mort. Mais pour Maud le moment de vérité vint bien avant cela, quand elle se mit à genoux à côté de la silhouette couchée de l'homme elle aimait et le regarda ouvrir les yeux.
"Me connais-tu ?" dit-elle, très doucement.
Il eut un clignement d'yeux lent, incrédule . Alors il dit, d'une voix enrouée pour ne pas avoir été utilisée pendant longtemps, "Pas d'aussi près que je le voudrais."
Maud posa ses mains sur sa bouche, retenant à la fois rire et larmes. "Alors", dit-elle, aussitôt qu'elle put avoir confiance en elle pour parler, "nous devrons juste arranger cela."
"Aussitôt que possible, je pense," Rogue consentit équitablement et s'assit. "Avec tous ces gens du Ministère alentour, il doit y avoir quelqu'un avec le crédit nécessaire. Et puisque nous ne semblons plus rien avoir à cacher..."
"Harry!" cria la voix d'une fille de l'autre côté des gradins, presque hystérique d'excitation. "Oh, Harry, Harry-"
Les lèvres de Rogue devinrent fines. "Si jamais j'entends ce nom de nouveau," commença-t-il avec un peu de sa vieille aigreur et ensuite s'arrêta, baissant les yeux vers son bras où la manche était tombée en arrière.
"Qu'est-ce qu'il y a ?" Demanda Maud.
Les doigts de Rogue touchèrent sa peau, traçant le contour d'une marque disparue. Du poignet au coude, son avant-bras était lisse et impeccable. "C'est parti," dit-il et ensuite il rejeta sa tête et rit à haute voix, un rire véritable comme elle ne l'avait jamais entendu en donner en public. "Voldemort est mort!"
"Et votre amie est vivante, Maud," dit la voix de Madame Pomfresh derrière eux. "C'était très juste, mais je crois qu'elle fera un plein rétablissement, avec le temps."
Maud jeta à Rogue un regard rapide, puis sauta sur ses pieds et courut au lit où Imogen était couchée, pâle et épuisée, mais les yeux ouverts maintenant l'ombre de la douleur les ayant quitté. Elle prit la main de l'autre femme dans la sienne, laissa tomber un baiser sur son front et murmura dans son oreille, "Imogen. Penses-tu être en état d'assister à un mariage ?" "Et bien, j'y ai pensé," vint la réponse chuchotée, "mais je suis sûre qu'Alastor ne voudra pas de moi."
Fol Oeil renifla. "Incorrigible femme. Vous ne prenez jamais rien au sérieux n'est-ce pas?"
Imogen eut un sourire faible. "Qui dit que je ne vous prends pas au sérieux ?"
"Moi," gronda Alastor Maugrey. "Mais à votre place, femme, je ne serais pas si sûr que vous ne devriez pas."
Cela pourrait avoir été les mots, ou le clin d'œil coquin qui les accompagnait, mais dans l'un ou l'autre cas l'effet était sans précédent : pour la première fois dans l'expérience de Maud, Imogen Crump resta complètement muette.
* * *
"Tu as fait quoi ?" dit George d'un air incrédule.
Lui et Maud étaient assis haut dans le stade de Quidditch, mangeant des sandwichs composés par les elfes de maison infatigables quoique quelque peu surexcités ,et ils comparaient leurs notes sur la bataille qui avait fini environ deux heures auparavant. La mort de Voldemort avait été un coup dur au moral de son armée, mais même alors beaucoup des serviteurs du Seigneur des Ténèbres avaient préféré se battre jusqu'à la mort plutôt que de se rendre, tandis que d'autres faisaient un effort concerté pour s'échapper et durent être poursuivis. Et même une fois le combat terminé, il y avait eu beaucoup de travail pour tous, particulièrement le personnel médical.
Néanmoins, tout était calme maintenant. Au pied des gradins Imogen dormait paisiblement sur son lit, un Fol Oeil ronflant allongé sur l'herbe à côté d'elle; et du coin de l'œil Maud pouvait juste voir son mari nouvellement épousé, ses longues mains minces faisant des gestes emphatiques comme il parlait au Professeur McGonagall.
"Nous nous sommes mariés," répéta Maud patiemment. "Imogen et mon oncle étaient nos témoins. J'avais espéré que tu pourrais arriver ici à temps pour le voir, mais ils m'ont dit que tu étais avec Harry..."
"Tu as épousé Rogue." George secoua la tête et regarda fixement l'horizon, où le premier rougeoiement faible de l'aube commençait à apparaître. "Maud, as-tu une idée de ce que cela signifie ?"
Maud bougea un peu sur le banc et ramena sa jambe sous elle, réfléchissant. "Et bien, d'une part," dit-elle enfin, "cela signifie que pour quelques semaines Poudlard aura un chat remplissant les fonctions de Directeur, ou au moins jusqu'à ce que McGonagall prenne la dernière dose de la potion dont Severus lui parle. Cela signifie que Jennet et Lucinda seront furieuses, jusqu'à ce que je leur dise qu'elles pourront avoir une énorme fête dès que nous revenons. Et j'ai bien peur que cela signifie aussi que tu doives payer ces dix Galions à Fred." George gémit. "J'espère toujours qu'il a oublié."
Il y eut un instant de silence et ensuite Maud dit plus sérieusement, "Tu n'es pas fâché contre moi, n'est-ce pas ?"
Il la regarda, étonné. "Nanh. Pourquoi devrais-je ? Tu attendais cela depuis longtemps . Si cela avait dépendu de moi, j'aurais fait une fugue amoureuse avec Jennet, aussi." Il laissa tomber un bras autour des épaules de Maud et lui donna une pression fraternelle. "Je suis heureux pour toi, Maud, vraiment. Heureux que tu sois heureuse, je veux dire. Parce que tu mérites de l'être."
"Merci," dit-elle doucement. "Pas seulement pour cela, mais pour tout le reste que tu as fait. Je te dois tant, George-"
"Rien de cela," dit-il, l'air embarrassé. "Il n'y a aucun besoin."
"Non, vraiment, je-"
Il leva sa main. "Assez. Je suis sérieux, Maud : encore un sentiment sérieux et je me trouverai obligé de laisser tomber une bombabouse sur ton oncle juste pour alléger l'atmosphère." Il se pencha en avant, son visage soudainement vivant d'intérêt. "Je me demande si je pourrais vraiment le frapper de cet angle ?"
Maud ne crut pas une seconde que George ait apporté des bombabouses à la Bataille de Poudlard, mais elle comprit sa pensée et changea le sujet. "Alors dis-moi ," dit-elle. "Harry va-t-il aller bien, d'après toi ?"
George grimaça. "Sais pas. Il a eu un temps bien difficile et tout de suite je pense que tout ce qu'il veut faire est de ramper dans un coin quelque part et de se cacher. Mais il est peu probable qu'il en ait l'occasion, particulièrement une fois que le mot aura couru sur ce qui est arrivé."
"Je ne sais toujours pas cette partie," admit Maud. "Qu'est-il arrivé, exactement ?"
Il lui raconta tout ce qu'il savait, commençant du moment il l'avait laissée avec Voldemort au pavillon et finissant avec son dernier aperçu d'Harry, se dirigeant d'un air fatigué dans Poudlard le bras de son parrain autour de ses épaules et Ron et Hermione à son côté. Ce fut alors que Maud apprit, pour la première fois, la contribution inattendue des elfes de maison à la bataille et le retour opportun d'Hagrid; la découverte de Ron et d'Hermione du traître réel à Poudlard et du nez cassé de Draco; du changement d'avis soudain qui avait sauvé Harry de la capture et avait coûté sa vie à Queuedver; et, finalement, la dernière bataille entre Harry et Voldemort, que George, accourant sur place, avait vu lui-même.
Il finissait juste son histoire quand une voix appela du dessous, "Ohé! George! Tu me dois dix Galions, espèce de tire-au-flanc!"
Maud et George regardèrent tous les deux en bas, pour voir Fred leur faire signe de la main du bas des gradins. A peine avaient ils tous les deux répondu, cependant, que Fred marcha de côté, pour révéler une deuxième personne debout derrière lui. George libéra une exhalation effrayée et sans autre mot il sauta sur ses pieds, descendit les gradins quatre à quatre et sauta sur le terrain. Comme il prenait Jennet dans ses bras et la faisait tournoyer, Maud put juste discerner la voix assourdie, étranglée de larmes :
"Tu es vivant – j'étais si inquiète - je vais te tuer-"
Les mots cessèrent brusquement, comme George la fit taire avec un baiser. Fred leur sourit, monta ensuite bruyamment sur les gradins et s'assis lourdement à côté de Maud. "Glossop dit salut, à propos," dit-il. "Elle dit aussi de dire à Rogue qu'elle ne pense pas grand bien de son sens de l'humour. Je soupçonne que retourner chez elle hier dans la nuit pour trouver la maison pleine gamins de onze ans somnolents et confus n'était pas précisément son idée d'amusement."
Euphemia Glossop était aussi bien informée que jamais, semblait-il. Comme Maud observait une autre silhouette monter les gradins vers eux, se tenant soigneusement hors de la ligne de vision de Fred et se déplaçant avec la délibération silencieuse d'une panthère, elle se trouva en train de se demander comment Rogue avait réussi à faire parvenir les enfants de Pré-au- lard à la maison de Glossop – sans mentionner ce qu'il avait fait du reste des étudiants mineurs. Mais sans aucun doute elle le saurait en temps voulu.
"Je suis sûre qu'elle s'en remettra," dit-elle et elle donna une pression d'accueil à la main de Fred. "Il est bon de te voir de nouveau."
"Ouais, toi aussi. Hé, j'entends dire que des félicitations sont d'occasion - ou cela devrait-il plutôt être des condoléances ?"
"J'enlève vingt points à Gryffindor pour votre insolence, Weasley," vint une voix menaçante, soyeuse de derrière eux et Fred sursauta si violemment qu'il tomba presque de son siège.
"Attendez une minute," bafouilla-t-il, quand il se fut assez remis pour parler. "Vous ne pouvez pas faire cela!"
"Non," consentit Rogue avec sérénité, "Bien sûr que non. Mais j'ai le plaisir de voir que vous conservez une saine crainte de mon autorité, cependant." Il découvrit ses dents dans un très court sourire, puis se tourna vers Maud. "Es-tu prête à partir ?"
Elle regarda son visage, ses yeux ombragés de fatigue et cependant froissés aux coins avec un rire caché, sa bouche mince avec ses coins légèrement tournés vers le haut; les lignes de son visage révélant non seulement l'intelligence formidable qui n'avait jamais été un secret et l'intégrité elle avait toujours su être là, mais aussi une troisième chose, tout à fait nouvelle :de la joie.
"Oui," dit-elle et se leva pour prendre la main qu'il lui offrait. Se retournant vers son ancien camarade de classe venant d'être rabroué, elle ajouta avec un sourire :
"Félicitations, Fred. Définitivement des félicitations." Alors elle glissa son bras dans celui de son mari et ils descendirent ensemble vers le terrain.
A finir…
Épilogue : Au point de départ
Au-dessous de la lune d'argent les vagues lisses, sombres affluent, déferlant contre la plage, puis reculant avec un soupir. Jusqu'à ce moment elle avait été distraite par des mémoires, inconsciente de toute présence sauf la sienne; maintenant elle libère un cri de surprise, comme une paire de bras forts l'entoure de derrière, la tirant dans une embrassade inopinément écrasante...
* * *
"Maud ?" dit une voix timide de l'autre côté de la porte et ensuite, d'un ton presque hystérique, "Maud!"
La porte s'ouvrit brutalement, frappa le mur avec un coup. Sursautant, Maud leva les yeux de sa valise presque finie, pour voir Lucinda - vêtue d'un peignoir de bain fané, ses cheveux encore embrouillés de sommeil – entrer à la volée dans la pièce. Maud laissa tomber la pile de vêtements qu'elle tenait et se tourna pour attraper sa colocataire par les coudes. "Je suis là," dit-elle, dans son ton le plus rassurant. "Tout va bien."
Lucinda avala et ensuite les mots vinrent en désordre : "Tu n'es pas rentrée du travail hier soir et j'étais si inquiète, Maud, tu ne peux pas imaginer - j'ai dû prendre une potion pour m'endormir et je dois en avoir trop pris parce que je ne t'ai même pas entendu rentrer - et que fait cet homme sur notre sofa ?"
"Il dort, j'espère," dit Maud, tressaillant à la note perçante de la voix de Lucinda.
"Mais qui est-ce ?"
Maud lâcha , surprise. "Tu ne sais vraiment pas?"
"Et bien, je ne l'ai pas regardé de très près, j'étais si surprise..." Lucinda fit une pause, clignant des yeux. "Tu veux dire que je devrais le savoir ?"
Cela ne fut pas dur de sourire. "Oui, tu devrais."
Lucinda lui donna un regard perplexe, puis se tourna et sortit sur la pointe des pieds. Maud la suivit. Tranquillement elles s'approchèrent du sofa où Rogue reposait les yeux fermés et Maud vit l'expression de Lucinda changer de la confusion à l'incrédulité quand elle chuchota, "Est-ce... Professeur Rogue ?"
Il était facile de voir, maintenant, pourquoi Lucinda ne l'avait pas reconnu immédiatement. Tandis que Maud décidait quoi empaqueter - un processus laborieux, à cause de son état d'épuisement - Rogue avait disparu dans la salle de bains avec un rasoir à la main et en était ressorti un homme transformé.
Non seulement il s'était lavé soigneusement, enlevant toute trace de graisse de ses cheveux et de colorant jaune de ses dents, mais il avait coupé cinq centimètres de fins abîmées de ses cheveux et avait échangé ses robes noires habituelles pour des robes indigo profond. Si Maud n'avait pas déjà su à quoi Rogue ressemblait - et en effet ce qu'il était - au-dessous de l'aspect désagréable qu'il avait porté si longtemps, elle aurait eu du mal à le reconnaître elle-même. "Oui," dit-elle, ne retenant plus son sourire. "Oui, c'est lui."
Lucinda regarda Rogue en fronçant les sourcils, alors ses yeux se dirigèrent brièvement vers le pot de lis de nuit sur la table et Maud put pratiquement entendre les pièces du puzzle cliqueter ensemble dans son esprit. En hâte Maud dirigea Lucinda loin du sofa et en arrière dans la chambre à coucher, fermant la porte et plaquant une main sur la bouche de son amie juste à temps pour assourdir son cri perçant.
"Tu veux dire que c'est vrai ?" dit Lucinda d'une voix entrecoupée aussitôt que Maud la laissa aller. "Toi et Rogue - ce n'était pas juste une plaisanterie folle de Muriel qui échappé à tout contrôle ?"
"Je ne pouvais pas te le dire," dit Maud dans un chuchotement, faisant des gestes de parle plus bas. "Nous ne pouvions le dire personne, avant que ce ne soit sûr."
"Ce caleçon!" éclata Lucinda, presque hors d'elle.
"Quoi ? Oh." Maud regarda d'un air coupable le petit carré de soie noire coincé dans un coin de la valise. "Oui, Imogen savait, mais ce n'est pas moi qui lui ai dit. George l'a calculé tout seul, aussi-"
"Pas cela," gémit Lucinda, tordant ses mains. "Maud, c'est juste - c'est de Rogue dont nous parlons. C'est si-" Elle s'arrêta, ses yeux s'élargissant avec une horreur naissante. "Tu fais ta valise. Il avait une valise."
Maud prit une respiration profonde, vivifiante. "Oui. Nous sommes sur le point de partir en lune de miel."
"Quoi ?" dit Lucinda, sauf que cela sortit plutôt comme "Qu-oi-oi-oi-oi ?"
"Ecoute," dit Maud, abandonnant. "Lucinda. Je n'ai pas l'intention d'être difficile, mais j'ai été debout toute la nuit et je peux à peine penser, sans parler de répondre à beaucoup de questions. Tout que je veux faire tout de suite est de finir ce que je fais, prendre un bain chaud et agréable et aller dormir pendant quelques heures. Alors s'il te plaît, si tu veux savoir ce qui s'est passé, lis juste la Gazette des Sorciers. Ou écoute la radio –pas trop fort."
"Ton mariage a fait les titres ?"dit Lucinda avec doute, s'adoucit ensuite . "Oh, d'accord. Mais tu devras me raconter l'histoire entière quand tu reviendras. Ou du moins-" elle eut un petit frisson - "les parties que je peux supporter."
Maud inclina la tête d'un air fatigué, puis étendit la main et ouvrit la porte. Lucinda, comprenant l'allusion, lui fit un sourire rapide et nerveux et sortit. Maud était juste sur le point de refermer la porte quand elle entendit sa colocataire chuchoter de la salle de séjour, "Et bien, je l'admets, il n'a pas du tout l'air aussi horrible qu'avant"
"Merci," dit une voix endormie et sardonique du sofa.
Lucinda sursauta, émit un petit couinement d'alarme et disparut dans la cuisine. Et au soulagement de Maud, elle n'interrompit aucun d'entre eux de nouveau.
* * *
"As-tu confiance en moi ?" dit Rogue doucement à l'oreille de Maud. Ses mains étaient posées sur épaules de celle-ci; elle pouvait sentir la chaleur du corps de Rogue contre son dos. "Toute ma vie," répondit-elle, sa voix pas tout à fait stable .
Un ruban de tissu doux descendit devant son visage, s'enveloppa doucement sur ses yeux. Elle pouvait sentir Rogue le nouer derrière sa tête, serrant le bandeau; alors il la tourna pour qu'elle lui fasse face et dit, "Je m'excuse si cela te rappelle des souvenirs malheureux .... Dis-le-moi, si c'est le cas."
"Des souvenirs, oui, mais aucun de malheureux," dit-elle, lui souriant à travers l'obscurité. Un instant elle sentit son souffle réchauffer ses lèvres, savait qu'il était sur le point de l'embrasser; alors il sembla reconsidérer et se retira. Probablement pour le mieux, pensa-t-elle avec une ironie désabusée. Ils avaient déjà scandalisé assez la pauvre Lucinda .
C'était le milieu de l'après-midi et ils étaient debout devant la cheminée dans la salle de séjour de l'appartement de Maud, avec leurs valises à leurs pieds. Rogue s'était éveillé d'abord et avait passé quelque temps à prendre des mesures pour leur logement à un endroit qu'il ne voulait pas nommer; entre cela et le bandeau, il attendait clairement avec impatience sa réaction quand ils arriveraient. Maud résolut de ne pas le décevoir.
"Tu peux prendre ta valise maintenant," dit-il et Maud obéit. Elle venait de se redresser de nouveau quand elle sentit le bras de Rogue glisser autour de sa taille, la tirant près de lui.
"Au revoir," dit la voix de Lucinda timidement, de quelque part de l'autre côté de la pièce. "Bon ... euh, passez un bon moment."
Maud leva une main pour dire adieu - et se sentit tirée dans le flottement de la transplanation. Elle compta les secondes dans le vide : une, deux—
"C'était court," dit-elle avec surprise.
Bien que ses yeux aient toujours été bandés, elle pouvait sentir la lumière du soleil sur son visage, des odeurs de rose et de chèvrefeuille, entendre un bourdonnement éloigné d'abeilles et un liquide ruissellement de chants d'oiseaux. Le calme de l'air, cependant et le plancher au-dessous de ses pieds, lui disaient qu'ils étaient à l'intérieur.
"Veux-tu que je devine où nous sommes ?" demanda-t-elle, incertaine.
Elle put entendre le sourire dans la voix de Rogue. "Non. Tu ne pourrais pas, même si tu essayais." Il la fit tourner doucement et la dirigea à travers la pièce; alors ses doigts desserrèrent le nœud derrière sa tête et le bandeau. "Je voulais seulement que tu voies - cela." Le tissu tomba de ses yeux et Maud se trouva devant une fenêtre en saillie ouverte sur une vue magnifique de jardins roulant et se déroulant sur la pente, avec la mer tranquille dans le lointain. Elle prit une inspiration rapide de plaisir stupéfié, la retint un moment avant de la relâcher. "C'est ... superbe. Severus, comment-"
"Ce cottage," dit Rogue derrière elle, "appartient, ou plutôt appartenait, à un parent éloigné, un vieil homme aux habitudes excentriques et de quelque notoriété dans le monde Moldu. Quand j'étais très jeune, j'ai fait une brève visite ici et le souvenir ... ne m'a jamais tout à fait quitté. Alors, quand j'ai appris il y a plusieurs années qu'il était en vente, je me suis arrangé pour l'acheter."
Il hésita légèrement sur le mot arrangé et Maud se demanda ce que cela lui avait coûté; il n'était pas, elle devinait, un homme riche. D'autre part, il vivait à Poudlard pendant trois quarts de l'année, tous frais payés et avec un salaire en plus de cela - alors peut-être qu'il n'était pas si mal lotti. Elle se tourna lentement de la fenêtre, regarda la pièce dans laquelle ils se tenaient. C'était un large rectangle qui avait l'air d'avoir été autrefois deux pièces séparées, aéré et bien éclairé, avec des murs de silex, des poutres de bois de chêne et une énorme cheminée en pierre à un bout. Comme la chambre à coucher de Rogue à Poudlard c'était plutôt spartiate dans le décor, mais le sofa et les fauteuils avaient l'air d'être d'excellente qualité , aussi bien que le tapis Oriental au-dessous d'eux.
Du mur sud, un jeu de portes-fenêtres s'ouvrait sur à une terrasse dallée qui faisait face à la mer; au nord, une embrasure étroite conduisait dans une cuisine bien équipée, quoique sensiblement Moldue. Et dans le coin le plus éloigné était un escalier circulaire en fer forgé, les invitant à l'étage supérieur.
"Puis-je ?" demanda-t-elle presque timidement, faisant un geste vers l'escalier.
Rogue sembla amusé. "S'il te plaît ." Il s'étendit et prit la valise de sa main, la posa avec la sienne. "Ma maison est la tienne. Tout à fait littéralement."
Son battement de cœur s'accélérant, Maud mit son pied sur la première marche. Un instant elle attendit, s'attendant à ce qu'il tourne et la porte de lui-même, comme l'escalier circulaire au bureau de Dumbledore l'avait fait. Mais il resta stationnaire et alors elle commença à grimper au lieu de cela, rougissant de sa propre folie et espérant que Rogue n'avait pas remarqué. C'était seulement quelques marches, après tout...
En fait, il avait remarqué, mais fut assez charitable pour traiter cela comme une erreur honnête. "J'ai des voisins Moldus," dit-il en la suivant dans l'escalier, "y compris une femme qui s'occupe la maison en mon absence et y amène parfois des visiteurs quand je n'en ai aucun besoin – ce qui est, je l'admets, la plupart du temps. Alors il y a très peu d'accessoires magiques ici et ceux que j'ai mis sont bien cachés." Il s'arrêta, la regardant avec des sourcils levés. "J'espère que cela ne te dérange pas trop."
"Me dérange-" Elle eut un petit rire essoufflé. "Non, pas du tout."
"Bien." Il termina de monter l'escalier pour être debout à côté d'elle. "Laisse-moi te montrer le reste de la maison, alors. La salle de bains est ici-" Il ouvrit une porte sur le palier pour révéler un petit espace carrelé avec une baignoire profonde, aux pieds en forme de pattes et un lavabo sur piédestal - "et le laboratoire est-"
"Laboratoire ?" dit Maud sans expression.
"À l'arrière du cottage, oui. C'était une des particularités j'ai trouvé la plus mémorable de cet endroit quand je suis venu ici pour la première fois. Le propriétaire original - qui était, comme je l'ai dit, un Excentrique - avait une passion pour les expériences chimiques. Voudrais-tu le voir ?"
Elle se tourna alors vers lui et le regarda dans les yeux : un long regard fixe, stable, ne trahissant rien de l'excitation flottante qui s'était accumulée en elle depuis le moment où elle avait mis le pied sur l'escalier. "Non", dit-elle.
Quelque chose changea alors dans le visage de Rogue, le laissant sans surveillance. "J'ai essayé," dit-il avec une voix un peu enrouée, "être poli et retenu. Et je le faisais très bien, je pense ... jusqu'à présent."
Cependant, il ne bougea pas et finalement ce fut Maud qui prit son visage entre ses mains, comme l'elle avait fait une fois auparavant et tira sa bouche vers le bas sur la sienne. Ils partagèrent un long baiser, douloureusement lent, tandis qu'il la tenait comme si elle était une bulle de savon, ou un fragment de mica qu'il craignait voir se désagréger à tout moment. Elle serra ses bras autour de lui, murmura contre ses lèvres, "Tu n'as pas à te retenir, Severus. Plus maintenant."
Il ne lui répondit pas avec des mots : il se pencha simplement et la souleva du plancher avec une facilité qui la surprit et la porta par la porte dans la chambre à coucher, l'embrassant tout le temps. Quand après quelque temps il cessa de l'embrasser et la reposa, elle se tourna pour se trouver debout devant un énorme lit à colonnes, entassé d'oreillers et étendu avec une couette blanche presque aussi épaisse que le matelas, ayant l'air comme une livraison de la fabrique de nuages se débattant pour sortir de son emballage.
"Sera-ce assez confortable, d'après toi ?" dit Rogue derrière elle. La question était sensée avoir l'air naturelle et il y réussit presque, mais sa respiration le trahit. Aussi bien que la sienne, quand elle répondit : "Je pense que oui - oui."
Alors elle le regarda et sourit et il enveloppa ses bras autour de sa taille et la tint fermement. Il murmura dans ses cheveux, "C'est un rêve, tu sais."
"Le mien, ou le tien ?"
"Oh, le mien, sans un doute." Il y avait une note d'autodérision désabusée dans sa voix. "Après tout, il serait absurdement vaniteux de ma part de croire que c'est ce que tu veux."
Elle se tourna dans son embrassade, le repoussa doucement , se libérant. "Crois-le," chuchota-t-elle et ses doigts allèrent au fermoir de ses robes.
Ils avaient passé dix-huit mois loin l'un de l'autre et leur dernier moment en privé avait été hanté par le chagrin et la contrainte; maintenant ils étaient ensemble enfin et rien ni personne ne pourrait venir entre eux. Cependant, cela prit quelque temps à Rogue pour se persuader qu'il ne rêvait pas en réalité - ou plus probablement il avait eu l'intention de mettre Maud au défi d'être particulièrement convaincante sur ce point.
Comme ils étaient couchés ensemble les doigts de Maud tracèrent les lignes et les angles de son visage , mémorisant ses traits par contact, comme elle l'aurait fait si elle était toujours aveugle; mais elle pouvait voir aussi bien que sentir l'homme qui partageait le confort de ce lit blanc et frais avec elle et ses mains ne s'arrêtèrent pas là. Elle observa ses yeux de près pour déceler les signes de trahison de lui-même comme elle explorait ses épaules et les muscles maigres de ses bras, traçant ses doigts un à un et enfin, sur une impulsion, les soulevant à ses lèvres. Il émit un son qu'elle n'avait jamais entendu de lui auparavant et elle rit de plaisir, se délectant d'un pouvoir qu'elle ne savait pas avoir possédé.
"Maintenant le crois-tu ?" demanda-t-elle en retenant son souffle, se soulevant pour le voir mieux, ses mains posées sur les épaules de Rogue.
Il leva les yeux vers elle, ses yeux noirs insondables. "Je n'ai jamais pensé que j'aurais cela," dit-il d'une voix peu familière, basse et sérieuse, sans une trace de sarcasme ou d'amertume. "Moins encore avec quelqu'un qui m'aimerait et que ... je ... j'aimerais." Sa bouche se plia lentement dans un faible sourire émerveillé et il leva le bras à travers le rideau de cheveux pour toucher sa joue. "Maud. Ma femme. Je peux peut-être ne pas être capable de le crier du sommet de la Tour d'Astronomie comme promis, mais je peux le dire et te le dis, maintenant : je t'aime."
"Merci," chuchota-t-elle et elle l'embrassa. "Mais, tu sais, tu l'as crié du sommet de la Tour d'Astronomie." Elle se recoucha , pliant ses bras à travers la poitrine de Rogue et posant son menton sur eux. "Quoique peut- être pas avec tant de mots. Cependant, je pense que tous ont compris le message, n'est-ce pas ?"
Le mouvement indolent de ses mains dans les cheveux de Maud s'arrêta et son sourire s'effaça. "Il me faudra longtemps, Maud, avant que je ne puisse parler légèrement de quoi que ce soit qui est arrivé la nuit dernière. Quand Voldemort a jeté Endoloris sur toi..."
Sa voix s'estompa et il fut silencieux un instant. Maud attendit, observant son visage, qu'il parle de nouveau : "Descendre de cette tour était, peut- être, la chose la moins calculée que puisse me rappeler faire de ma vie entière."
"Tu ne savais pas, alors, que tu étais protégé d'Avada Kedavra ? Grâce à Dumbledore ... ?"
Il secoua la tête. "Il ne m'avait jamais dit ce qu'il avait à l'esprit quand il est allé rencontrer Voldemort ce jour là. Nous avions parlé auparavant de la possibilité de sa mort aux mains de Voldemort et comment mieux protéger Poudlard dussait le pire arriver. Pour cela , au moins, je savais ma partie. Mais je n'avais jamais su que quand il mourrait ... il mourrait pour moi."
Il ne pleura pas, en parlant de Dumbledore : ces larmes avaient tari il y a longtemps. Mais il ferma les yeux et Maud sentit sa poitrine se gonfler avec une longue prise d'air. Elle appuya son visage contre la cavité de sa gorge, embrassa le pouls battant là, jusqu'à ce qu'elle entende sa respiration s'entrecouper : alors elle se retourna, le tirant vers le bas sur elle, le pressant silencieusement d'oublier ce qui avait presque été - et même ce qui avait été - et de penser seulement à ce moment, maintenant.
Ce moment était celui de son sacrifice, comme la descente de la tour avait été le sien : un acte d'impulsion, toute précaution rejetée, ne réservant plus aucune pensée pour elle. Jusqu'à présent, elle savait, il s'était retenu pour elle; mais comme ses bras se serraient avec acharnement autour de lui et ses mains s'embrouillèrent dans ses cheveux, le dernier reste de son sang-froid cassa et sa bouche descendit durement sur la sienne. Elle sentit alors, pour la première fois, la force pleine et accablante de la passion qu'ils s'étaient tous les deux battus si longtemps pour restreindre et elle rit à haute voix avec la joie d'offrir, enfin, une reddition complète et inconditionnelle.
Ce fut une longue période de temps avant que l'un ou l'autre d'entre eux ne puissent parler, ou le souhaitent. Mais enfin Rogue se leva sur un coude, arqua un sourcil noir vers elle et dit, de la voix soyeuse et basse qui envoyait toujours un frisson en elle, même avant qu'elle ne sache ce que cette sensation signifiait :
"Maintenant aimerais-tu voir le laboratoire ?"
Maud sourit. "Non", dit-elle, étirant ses bras au-dessus de sa tête avec un soupir de contentement profond. "Je vais passer le reste de ma vie ici, là."
"D'une façon ou d'une autre j'en doute," dit son mari, "même si je suis d'accord avec le sentiment qui t'inspire ça." Il ramassa sa baguette de la table de nuit. "Accio valises!"
"Oh, cela me rappelle," dit Maud, s'asseyant et recouvrant sa propre baguette comme les valises vinrent en flottant par la porte ouverte. "Accio caleçon," dit-elle et elle présenta le carré de soie proprement plié à Rogue.
Il lui donna un regard oblique douteux, puis le secoua pour le déplier et le tint à la lumière. Quand il vit les chaudrons, son expression changea de l'incompréhension à l'horreur et Maud étreint ses genoux et rit jusqu'à ce qu'elle ne puisse presque plus respirer.
"Maudite Imogen Crump, encore," dit Rogue d'un ton acide, chiffonnant le caleçon et le jetant dans un coin. "Comme d'habitude, son sens de l'humour laisse à désirer."
"Est-ce que tu es si sûr que c'était Imogen ?" dit Maud, essuyant les larmes de ses yeux. "Absolument. Je refuse de croire que tu commettrais une telle atrocité."
Elle lui sourit. "Tu as raison. Mais oh, l'air que tu avais-" Elle commença à rire de nouveau, sans pouvoir sans empêcher, quand sa lèvre se frisa dans une parodie moqueuse de lui-même. Alors une lueur dangereuse entra dans ses yeux et le rire de Maud finit brusquement quand il la tira sur lui et fit taire sa bouche avec la sienne.
Après il s'endormit, son visage détendu comme celui d'un enfant et elle resta allongée à le regarder pendant une longue période de temps avant de se dégager du lit et de commencer à s'habiller. Tranquillement elle marcha vers la fenêtre et regarda dehors à travers les collines vers la mer.
Des nuages de tempête avaient commencé à se rassembler le long de l'horizon, mais ils avaient l'air d'être à quelque distance , et quoique la lumière ait commencé à baisser, le calme durerait sûrement quelque temps encore.
De toute façon, elle n'avait pas l'intention d'aller très loin, ou de rester trop longtemps. Mais elle sentait le besoin de marcher et de penser, seule et d'essayer d'absorber cette chose importante qui venait d'arriver. Non simplement l'intimité étonnante qu'elle venait de partager avec Rogue, mais ce qu'elle représentait et comment leur union était arrivée malgré les obstacles innombrables qui semblaient destinés à l'empêcher.
Elle laissa retomber le rideau et se tourna pour mettre ses bottines. En trébuchant un peu comme elle le faisait , elle saisit une colonne du lit pour appui, balançant le lit un peu et provoquant un somnolent interrogatif "Mmmm ?" de Rogue
"Tout va bien," chuchota-t-elle. "Je sors juste en promenade."
Il n'y eut aucune réponse; il était déjà rendormi. Maud s'étendit et poussa doucement une mèche de cheveux noirs loin de ses yeux fermés; alors elle se glissa par la porte et la ferma derrière elle.
* * *
"Que," dit la voix de Rogue dans son oreille, dure d'émotion, "penses-tu faire ici, au nom de la raison et du bon sens ?"
Elle se tourne pour lui faire face, enterrant son visage contre sa poitrine. "Je suis tellement désolée," halète-t-elle, soulagée et reconnaissante et embarrassée subitement. "J'ai été prise dans mes pensées et le temps ne semblait pas très menaçant tout d'abord ... et ensuite quand je me suis rendue compte que je ferais mieux de rentrer, il était trop tard..."
Il recule un peu, la regardant , le regard sévère et la bouche sans sourire. "Je ne l'aurais pas bien pris," dit-il, "si tu t'étais arrangée pour te faire tuer en restant dehors comme une complète imbécile au milieu d'une tempête faisant rage. En fait, je l'aurais très mal pris en effet."
"Je suis désolée," dit-elle de nouveau, sans conviction.
"Bien sûr, si tu as décidé que la compagnie des éléments est préférable à la mienne, je peux difficilement te blâmer; mais il pourrait être courtois de me donner juste une chance de plus..."
Elle commence à rire, mais est arrêtée par le sérieux soudain dans ses yeux. "Maud", dit-il. "Vraiment. Si tu as des regrets, des remords, je dois les entendre. J'ai vécu un mensonge bien trop longtemps pour jamais vouloir vivre un autre."
"Des regrets!" Le mot sort d'elle dans un choc et ses mains se raidissent sur ses bras. "A propos de toi ? Jamais."
"Pas de moi, peut-être. Mais de la vie que nous mènerons ensemble, de ce que l'avenir réserve..." Il fait une pause. "Nous n'avons jamais vraiment parlé de ces choses, toi et moi. Aucun doute que tu ait senti, comme je l'ai fait, que si jamais nous vivions pour voir notre jour de noces ce serait un miracle et qu'imaginer quoi que ce soit plus loin serait de la présomption. Mais je m'aperçois maintenant que j'ai peut-être été ... peu prévoyant." Curieusement touchée par son souci, elle s'étend, mettant sa main contre sa joue. "En toute honnêteté," dit-elle, "je n'ai jamais pensé à ces choses. Sans aucun doute nous pourrons prendre nos décisions d'avenir ensemble, quand le temps viendra. Mais que tu veuilles retourner à Poudlard, ou reprendre le laboratoire à Ste. Mangouste, ou faire breveter notre potion de régénération des nerfs et vivre des profits, ou te retirer dans le monde Moldu dans un ultime effort pour éviter Harry Potter - je serai à tes côtés, je serai toujours ta femme et je continuerai à t'aimer. Toujours."
Il libèra son souffle. "Alors que," dit-il avec un effort évident pour rester patient, "fais-tu ici?" "Je me remémorais les deux années passées, au lieu de vivre dans le présent. Pensais combien je t'aime et combien tu m'as manqué, tellement, alors que j'aurais du être avec toi. Et me suis fait si prendre à observer le développement d'un phénomène atmosphérique intéressant que j'ai oublié combien il était dangereux ." Elle lui fit un sourire embarrassé. "Bref, je fais l'imbécile."
"Oh," dit-il gravement. "Bien, je ne suis pas sûr que le problème puisse être traité à la racine rapidement, mais les effets le peuvent certainement . Puis-je suggérer, Mlle Maugrey, que vous veniez à la maison avec moi ? Je pense qu'un bain et quelques potions sont nécessaires."
Il a raison, bien sûr. Ses cheveux sont un embrouillement humide, ses vêtements sont détrempés et détirés et sa peau est éclaboussée de boue; elle doit sembler beaucoup moins attrayante en ce moment, elle pense d'un air piteux, qu'il ne l'a jamais fait. Pour ne pas mentionner la folie qu'elle vient d'avouer, qui n'est en aucun cas flatteuse non plus - et pourtant à peine a-t-elle formulé la pensée qu'elle se sent tirée dans ses bras et là dans l'obscurité éclairée par la lune au bord de la falaise, les lèvres de Rogue trouvent les siennes.
Quand enfin il la laisse aller, il ne parle pas de nouveau. Il lui offre simplement sa main et elle la prend.
"Oui," dit-elle, doucement, ses yeux tenant ceux ironiques et sombres en face d'elle, ses doigts entremêlés avec les siens. "Rentrons à la maison."
FIN
Author: R. J. Anderson
Email: rebeccaj@pobox.com
Traduit de l'anglais par dark_rogue@caramail.com
Category: Drama/Angst/Romance
Mots-clefs: Rogue, George, après la coupe de feu, Voldemort, guerre
(Accord parental souhaitable)
Comme la tempête bat son corps tremblant, le vent menaçant toujours de l'emporter du bord de la falaise, elle griffe ses doigts profondément dans le sol humide, cherchant une prise, une ancre. Elle aurait dû partir d'ici il y a longtemps, pense-t-elle désespérément, mais c'est trop tard maintenant : épuisée, stupéfiée et écrasée par la puissance des éléments, elle n'a plus la force de s'échapper...
* * *
Il y eut un flash de lumière verte livide, puis un assaut battant de vent, comme si l'Ange de la Mort était passé par là. Et quand le rougeoiement baissa, Severus Rogue gisait immobile, ses cheveux sombres épars dans l'herbe. Ses yeux étaient fermés, son visage pâle et sévère et anormalement tranquille, comme l'effigie de marbre de quelque grand roi, mais peu aimé. Il avait l'air, pensa Maud distraitement, très mort.
Quelqu'un émit un son, un long gémissement inintelligible de chagrin : pas Rogue. Quelqu'un d'autre rit : pas Rogue non plus. Rogue ne faisait plus de son du tout. Maud tomba lentement à genoux, sentant même à peine la douleur comme Muriel tordait son bras derrière elle. Elle remarqua vaguement, quelque part derrière son esprit, que Voldemort venait de faire quelque remarque dédaigneuse avant de partir – quoiqu'elle n'eut aucune idée de ce que c'était, ou de la personne à qui c'était adressé. Elle ne s'en souciait pas non plus. Il était difficile de se soucier de quoi que ce soit, en ce moment.
Ce bruit de lamentation aigu commençait à être ennuyeux, cependant. Maud était sur le point d'ouvrir la bouche pour dire à quiconque ce soit de se taire; alors elle se rendit compte avec une surprise terne que sa bouche était déjà ouverte et le son en sortait. Elle se demandait juste si ce serait possible pour elle de s'arrêter quand Muriel la tira violemment , la fit tourner et lui donna une calque en travers du visage. Le cri cessa.
"Merci," dit Maud en titubant, essuyant sa bouche saignante. Elle se leva avec quelque difficulté sur ses pieds et regarda autour d'elle. La partie principale de la bataille s'était déplacée vers le nord, sur plus un terrain plus ouvert et plat; mais à en juger par les cris et les explosions intermittentes, il y avait toujours beaucoup de combats en cours à proximité. L'obscurité grésillait de sorts, le ciel au-dessus du champ de bataille s'enflammant de rouge , vert et bleu tour à tour. Par cette lumière intermittente elle attrapa un aperçu de Voldemort marchant à grands pas au loin à travers la pelouse, ne contournant pas la bataille, mais traçant un sillon droit à travers le plus fort du combat, faisant sauter ses ennemis de côté avec une facilité méprisante. Queuedver le suivait , servile et terrifié.
Muriel devait avoir vu où elle regardait, parce qu'elle lâcha le bras de Maud et eut un rire cinglé. "Est-ce qu'il n'est pas splendide ? Il va tuer Potter, tu sais." Elle dirigea sa baguette vers les côtes de Maud, la poussa avec presque par espièglerie. "Comme je vais te tuer." Maud la regarda pendant un moment long, pensive. Alors, sans un mot, elle se dirigea vers l'endroit où Rogue reposait et s'agenouilla sur l'herbe à côté de lui. Une mèche de cheveux était tombée à travers le visage de celui-ci; elle la repoussa , puis se pencha tout près et embrassa doucement sa joue.
"Eurgh," dit Muriel, faisant une grimace. "Ecarte toi de lui."
"Non," répondit Maud avec un calme peu naturel. "Tu devras juste me tuer ici."
"Sur son cadavre ? Comme c'est approprié." Muriel rit sottement de nouveau. "D'accord, alors, puisque tu insistes... Accio baguette de Maud Maugrey!"
Maud leva les yeux, surprise, comme ses baguettes magiques - les deux - vinrent en volant de l'obscurité dans la main allongée de l'autre sorcière. "Je lui ai dit que je voulais me battre avec toi," dit Muriel avec un brin d'irritabilité et jeta une des baguettes à Maud.
Elle s'arrêta dans des airs.
"Désolé," dit la voix désincarnée d'Imogen, "mais elle a un engagement antérieur. Tu devras juste te battre avec moi, à sa place." Elle ôta le cape d'invisibilité la masquant et la jeta derrière elle, puis la baguette de Maud par dessus. "Prends-les et pars d'ici, Maud. Je m'occupe du reste."
"Mais George-"
"George va bien," dit Imogen vivement, tenant ses yeux et sa baguette dirigées sur Muriel. "Il était juste trop proche de quelqu'un qui lançait Finite Incantatem et a perdu la liaison Exaudio, c'est tout." Avec des mouvements lents, délibérés, elle remonta ses manches et bien que son dos ait été tourné à Maud, il n'y avait aucun moyen de se tromper quant au sourire sauvage de sa voix. "Salut, Mlle Groggins. J'étais si impatiente de te rencontrer de nouveau..."
"Va te faire foutre, espèce de vieille putain ," gronda Muriel. "C'est entre Maud et moi."
"J'ai peur que non, ma chère," dit Imogen agréablement. "Le problème est entièrement le tien - il arrive juste que Maud ait eu le malheur de passer sur ton chemin." Sa voix se durcit. "Bien, maintenant je suis sur ton chemin. Fais avec."
"Imogen," protesta Maud, "je ne peux pas te laisser-"
"Maud, si tu ne prends pas cette cape et te mets en sécurité tout de suite, je vais te faire transplaner dans un arbre." La voix d'Imogen était ferme. "C'est un ordre direct. Va!"
Il n'y avait aucune raison d'hésiter plus . Maud saisit le manteau d'invisibilité et le jeta sur ses épaules. Avec une passe rapide de sa baguette elle libéra les mains et les pieds attachés de Rogue ; alors elle dit "Levo" et souleva son poids maintenant à peine perceptible de la terre, laissant les plis du manteau tomber eux deux. Ils disparurent. Muriel lâcha un juron sauvage. "Reducto!" cria-t-elle, dirigeant sa baguette à la place où Maud avait été.
"Ancile," interjeta Imogen rapidement. Le sort rebondit en l'air avant qu'il ne puisse atteindre sa cible, éclata contre le mur de château. "Arrête-ça, vilaine fille," ajouta-t-elle avec une note de reproche. "Je te l'ai dit, elle n'est pas pour toi... Pregravo!"
Comme Maud marchait à la hâte en descendant la pente, berçant le corps mou de Rogue contre elle, le son des voix d'Imogen et de Muriel lançant sorts et contre-sorts se répercuta derrière elle pour ce qui sembla une très longue période de temps. Elle fit une pause au pied de la colline et jeta un coup d'œil en arrière, mais tout qu'elle pouvait voir était deux figures indistinctes entourées par des flashes de lumière orange et pourpre.
Oh, bonne chance, Imogen, souhaita-t-elle ardemment. Si Maud auvait pu servir en restant, elle l'aurait fait, mais elle savait qu'elle pourrait seulement être une entrave pour Imogen maintenant. Dans son état épuisé et à moitié fou, il était peu probable que Muriel gagne ce duel; mais elle se battrait comme un chien enragé avant de tomber et Imogen aurait besoin de tous ses esprits et de toute sa concentration pour rester indemne. Donc la meilleure chose que Maud pouvait faire était de se tenir hors du chemin jusqu'à ce que ce soit fini.
Invisible, silencieuse, Maud contourna le bord de la bataille, évitant soigneusement les formes immobiles des Aurors et des Mangemorts tombés, cherchant une place sûre pour étendre Rogue . Il était inutile de monter au Château de Poudlard : les portes étaient défendues avec de la magie autant que du chêne et du fer et n'ouvriraient à personne maintenant. La hutte d'Hagrid, sombre et vide, était toujours derrière les lignes ennemies. Les serres avaient été brisées en miettes dans le premier assaut et n'offraient maintenant ni sécurité, ni abri. Ce qui signifiait qu'il y avait seulement une place restante et elle la regardait maintenant : la Forêt Interdite.
C'était ironique, pensa-t-elle comme ses pieds avançaient automatiquement, la menant au-dessous de l'ombre plus profonde des arbres imposants, antiques, que la dernière fois qu'elle ait été dans cette forêt, Rogue ait été avec elle aussi. Cela avait été l'hiver alors, il était faible et blessé et sa crainte la plus grande était qu'il puisse mourir de froid avant qu'elle ne puisse le mettre à l'abri. Maintenant c'était l'été et l'homme qu'elle tenait dans ses bras n'avait pas de marque visible sur lui, mais la situation était infiniment pire.
L'espace abrité entre les arbres dans lequel Maud s'arrêta plusieurs minutes plus tard n'était pas la même clairière que celle dans laquelle elle avait trouvé Rogue deux ans et demi auparavant – celle là était trop profondément enfouie dans la forêt et trop loin du chemin, pour qu'elle puisse la rechercher maintenant. Mais il y avait des buissons d'épine dans celle- ci aussi , et comme l'autre elle semblait avoir raisonnablement peu de racines et de buissons. Elle pourrait déposer Rogue ici, pensa-t-elle et jeter un Charme de Protection sur lui; il serait en sécurité , alors et elle pourrait retourner à la bataille. Pas pour se battre - du moins, pas à moins qu'elle n'ait pas d'autre choix – mais pour aider les blessés. Le Ministère devait avoir organisé un hôpital de campagne quelque part : probablement au nord-ouest du Château de Poudlard, puisque c'était de cette direction que leurs forces de terre étaient venues. Le terrain de Quidditch, avec ses murs et ses gradins abrités, semblait la place la plus probable.
Maud se baissa et allongea Rogue sur l'herbe, repliant ses bras sur sa poitrine. Il y avait une dignité calme en lui, pensa-t-elle. En fait, il avait même un peu l'air de Dumbledore maintenant - bien qu'un Dumbledore rasé de près et beaucoup plus jeune, dans une humeur inhabituellement sérieuse. Elle était sûre que Rogue aurait été heureux de cela. S'il y a quoi que ce soit de bon en moi, lui avait-il dit une fois (cela semblait il y a très longtemps, maintenant), je le lui dois...
Tant de souvenirs. Maud s'assit sur ses talons, regardant le corps immobile de son amant. L'homme qui avait sauvé sa vie quand elle était enfant; l'homme qui était devenu son mentor et son ami le plus vrai; l'homme qu'elle aurait épousé, si le Sortilège de Mort n'était pas venu s'interposer entre eux. Son amour pour elle avait emporté sa vue et le lui avait ensuite rendue de nouveau, mais il semblait que son amour pour lui avait fait juste l'opposé. Ses yeux scrutèrent son visage, ce le visage blanc et calme avec ses yeux fermés et une partie d'un poème qu'elle avait entendu une fois lui revint spontanément :
Pardonne-moi,
Si tu ne vis plus,
Si toi, mon bien-aimé, mon amour, si tu es mort,
Toutes les feuilles tomberont sur moi,
Il pleuvra sur mon âme nuit et jour,
La neige brûlera mon cœur,
Je marcherai avec le froid et le feu, la mort et la neige,
Mes pieds voudront marcher vers là où tu reposes,
Mais je continuerai à vivre...
Après tout, l'Oncle Alastor l'avait avertie qu'elle pourrait avoir à faire cela; et elle l'avait pris au mot. "Pardonne-moi," chuchota-t-elle et elle toucha la main de Rogue et se leva pour jeter le Charme de Protection afin de pouvoir partir.
C'est alors qu'elle vit les yeux.
Des yeux verts, lumineux dans la nuit : quelque créature sauvage, peut-être même une créature Sombre, attirée par le parfum de la mort. Pour la première fois la colère monta en Maud et elle s'étendit pour prendre sa baguette; mais alors les yeux clignèrent et une voix familière dit, "Dieu merci, je vous ai trouvés, Mlle Maugrey."
C'était le Professeur McGonagall.
Maud fit un pas en arrière, surprise, comme le chat de chat tigré sauta en bas d'une branche surplombante et atterrit légèrement dans la clairière. "Ne soyez pas alarmée," dit-elle, dans le ton vif et pourtant bon que Maud se rappelait si bien. "Vous êtes toujours invisible - mais il faut plus qu'une cape d'invisibilité pour tromper un chat. J'ai suivi votre piste et celle de Severus, depuis le château." Elle alla vers Rogue, renifla son visage. "Que lui est-il arrivé ?"
"Voldemort," dit Maud, ne voulant pas donner plus de détails . "Il a frappé Rogue avec le Sortilège de Mort."
La tête de McGonagall se releva brusquement dans un mouvement surpris, très peu félin. "Il quoi ? Oh non, ma chère, non, ce n'est pas possible."
"J'étais là," dit Maud, sa voix rauque d'émotions contradictoires. "Je l'ai vu arriver. J'ai vu Voldemort diriger sa baguette sur Severus et je l'ai entendu prononcer les mots." Elle tremblait, maintenant. "Croyez-moi, je ne me trompe pas."
"Mais-" McGonagall la regarda, mes yeux larges d'inquiétude. "Vous voulez dire tout ce temps, vous avez cru que Severus était ... mort ?"
Maud était sur le point de dire, ou de crier, vous ne comprenez pas ? Il est mort! Mais alors elle réalisa ce que McGonagall voulait dire et ses jambes se plièrent soudainement sous elle. Elle s'assit durement sur l'herbe à côté de Rogue, le sang tonnant dans ses oreilles. Cela ne pouvait pas être ... ce n'était pas possible... elle l'avait vu arriver ... et après ce qui était arrivé avec Flitwick, elle avait su qu'il n'y avait aucune raison de chercher les signes de vie...
"Ma chère," dit McGonagall très doucement. "On peut duper l'œil humain et l'esprit par un grand nombre de moyens, mais le nez d'un chat ne se trompe jamais ."
Maud regarda le regard vert compatissant de McGonagall, sentant les larmes monter jusqu'à déborder, la glace autour de son cœur se craquant et fondant dans une chaleur agonisante. Elle voulait dire quelque chose, mais il n'y avait aucun mot qui pouvait possiblement exprimer la turbulence en elle. Alors finalement elle pencha seulement la tête et ferma les yeux, comme McGonagall finissait d'une voix à peine plus forte qu'un chuchotement :
"C'est vrai, ma chère. Severus est vivant."
* * *
Le Ministère avait fondé son hôpital de campagne sur le terrain de Quidditch, comme Maud s'y était attendue. Rien ne l'avait préparée, cependant, à l'occupation qu'elle y trouverait.
Il y avait au moins cinquante lits dressés et chacun d'entre eux était plein. Des guérisseurs à l'air tourmentés se bousculaient d'un patient au suivant, avec à peine une pause entre eux. En attendant, des sorcières et des sorciers blessés et étaient étendus en gémissant doucement, ou roulaient leurs yeux et luttaient contre les Charmes de Restriction qui les retenaient; une elfe de maison était assise, sanglotant sur le bout de son lit, berçant sa main desséchée; et même on pouvait voir quelques élèves, couchés immobiles et silencieux sur l'herbe entre les poteaux de but.
"Nous les avions prévenu de ne pas quitter le château," dit McGonagall tristement, regardant les élèves immobiles. "Severus avait raison : nous aurions dû tous les évacuer par le tunnel vers Pré-au-Lard, pas seulement ceux qui n'étaient pas majeurs."
"Vous voulez dire que vous avez pu évacuer certains d'entre eux ?" Maud la regarda avec surprise. "Vous avez été avertis suffisamment tôt avant que l'armée de Voldemort n'arrive ?" Le chat acquiesça. "Juste à peine assez. Celui Qui-" Elle s'arrêta, prit une respiration et sa tête remonta avec une détermination qui était très McGonagall. "Voldemort, plutôt, a appelé Severus à lui tôt ce matin et lui a dit son plan. Severus a consenti à coopérer, bien sûr; mais aussitôt qu'il est retourné à Poudlard, il a réuni tous les professeurs et nous avons fait du mieux que nous pouvions pour nous préparer."
"Alors-" Maud hésita. "Vous saviez déjà pour Severus."
McGonagall ne demanda pas ce qu'elle voulait dire. "Moi, oui. Après que Celui - je veux dire, Voldemort - m'ait emprisonné sous ma forme d'Animagus, j'ai passé beaucoup de temps avec Severus. Il travaillait très durement pour moi, non seulement préserver mon intellect humain, mais aussi à rétablir mon usage de la parole. Et pendant qu'il travaillait, il ... parlait. Pas de vous," ajouta-t-elle avec quelque hâte, "Je crois qu'il pensait que je désapprouverais. Mais de lui et des choses qu'il avait faites pour Professeur Dumbledore." "J'en suis heureuse," dit Maud doucement. "Il avait besoin de parler à quelqu'un." Elle se pencha et posa Rogue à côté du plus petit des étudiants, un petit garçon maigrelet avec des cheveux gris souris et un regard faible de surprise sur son visage. Sûrement c'était impossible, elle pensa, qu'une créature minuscule comme ça puisse avoir dix-sept ans.
"Oh, cet enfant," soupira McGonagall, qui avait évidemment remarqué la perplexité de Maud. "Si j'ai jamais pensé que les jumeaux Weasley étaient d'une triste notoriété pour s'attirer des ennuis..."
Donc le garçon était plus jeune, alors. Aucun doute qu'il ne se soit caché quand ses camarades de classe avaient été envoyés au loin, ou qu'il ne soit revenu en cachette dans l'école après. Maud toucha le cou du garçon, puis sa poitrine. Comme Rogue, il ne montrait aucune blessure visible, mais son pouls était anormalement lent et sa respiration si peu profonde qu'elle était à peine perceptible. Fronçant les sourcils un peu, elle vérifia les autres étudiants et constata que leur condition était la même.
"Madame Pomfresh," dit-elle, se redressant et se tournant pour s'adresser à la sorcière marchant d'un pas pressé le long de la rangée de lits derrière eux, "savez-vous qu'est-ce qui est arrivé à ces élèves ?"
Pomfresh sursauta violemment et laissa presque tomber la tasse fumante de potion qu'elle portait. "Grand Merlin!" haleta-t-elle.
"Oh, désolée," dit Maud et ôta le manteau d'invisibilité.
"Mlle Maugrey!" Pomfrey était stupéfiée. "Que faites-vous ici ?"
"Elle est venue avec moi, Pompom," dit McGonagall, du sol. "Nous vous avons apporté un nouveau patient."
Un instant l'infirmière scolaire resta sans expression; alors elle suivit le regard fixe de McGonagall vers là où Rogue reposait et ses yeux s'élargirent. "Le Directeur! Il est vivant ?" "Oui, mais nous n'avons pas été capables de le ranimer," dit Maud. Et si vous ne pouvez pas qu'allons nous faire ? Dit une voix dans son esprit, mais elle écarta cette pensée déloyale et continua : "C'est pourquoi je demandais si vous saviez ce qui est arrivé à ces étudiants. Cela pourrait nous donner quelque idée de ce que faire ensuite."
"Nous ne savons pas exactement ce qui leur est arrivé," dit Pomfresh, remettant rapidement la tasse de potion à un medicomage passant par là . "Wiggins, donnez cela à l'elfe de maison, s'il vous plaît." Alors elle se retourna vers Maud et McGonagall et continua, "Nous les avons trouvés à l'extérieur du stade, peu de temps après que Celui Dont On Ne Doit Pas Prononcer Le Nom et ses suivants aient passé par là-" Elle s'interrompit, évidemment affligée et elles savaient toutes ce qu'elle ne pouvait pas arriver à dire.
"Harry est toujours vivant," dit McGonagall fermement. "Le Seigneur des Ténèbres l'aurait certainement annoncé à ce jour, si ce n'était pas le cas. Alors jusqu'à preuve du contraire Pompom, nous ne devons pas renoncer à l'espoir."
Il était étrange d'entendre dire ces mots vifs, de commandement venant d'un chat, mais Pomfresh ne semblait avoir aucune difficulté à les prendre au sérieux. "Oui, bien sûr." Elle se redressa un peu. "Excusez-moi s'il vous plaît - je dois revenir à mes patients. Mais, Mlle Maugrey, si vous pensez que quelque chose pourrait aider les enfants et le Directeur Rogue..."
"Nous vous en ferons part," dit McGonagall. "Merci, Pompom."
Madame Pomfresh inclina la tête et partit à la hâte.
Maud et McGonagall restèrent debout quelque temps en silence, regardant les figures pâles, immobiles sur l'herbe. Alors Maud dit brusquement, " Professeur Flitwick."
McGonagall cligna des yeux et eut un reniflement très humain. "Que voulez vous dire à propos de Filius ?" "Quand il est allé attaquer Voldemort, vous avez essayé de l'arrêter. Vous avez dit ... quelque chose à propos de son cœur ?"
"Oh. Oui." Les yeux verts s'obscurcirent un peu et se baissèrent. "Le cher homme, il était si courageux, mais ... son coeur était très faible et aucune magie ne pouvait le guérir. C'était la raison pour laquelle il est entré dans l'enseignement, vous savez. Avec ses compétences il pourrait avoir été un grand Auror, mais le stress l'aurait tué."
Son cœur... Le stress... Les mots résonnèrent dans l'esprit de Maud, frappant une corde inattendue. "Peut-être", dit-elle lentement, " est-ce ce exactement ce qui est arrivé."
"Je vous demande pardon ?"
Maud était sur la piste maintenant, elle en était sûre. "Nous devrons l'examiner pour savoir à coup sûr, mais je commence à penser que ce n'était pas Avada Kedavra qui a tué Professeur Flitwick. C'était le choc qui a arrêté son cœur - pas le sort lui-même."
Les sourcils touffus de McGonagall montèrent en flèche. "Une théorie intéressante." Elle s'assit sur ses hanches, sa tête s'inclinée un peu de côté, réfléchissant. "Voulez vous dire que non seulement Severus, mais ces étudiants aussi..."
"... ont réchappé au Sortilège de Mort. Oui. Soit ils étaient protégés d'une façon ou d'une autre-" "Impossible." McGonagall secoua la tête. "Vous savez votre théorie magique aussi bien que moi, ma chère : il n'y a aucune protection contre Avada Kedavra."
"Vrai," admit Maud avec résignation. "Alors ... le problème doit être avec Voldemort. Quelque chose de travers avec sa baguette, ou son pouvoir s'affaiblit, ou-"
Elle s'arrêta soudainement. Son pouvoir. Comment avait-elle pu oublier ? Elle savait sa théorie magique, mais elle savait aussi son histoire magique. Et les livres d'histoire parlaient tout à fait clairement d'un temps où Voldemort avait jeté le Sortilège de Mort contre une victime sans défense - et avait échoué. Tout cela parce que, dans son arrogance et sa haine, il avait oublié une magie antique beaucoup plus puissante que la sienne...
Est-ce possible qu'à peine quinze ans après cette nuit à Godric's Hollow, Voldemort ait fait la même erreur de nouveau ? Mais cette fois, d'une telle façon qu'il n'ait pas compris immédiatement - ou même maintenant - qu'un acte d'amour et de sacrifice de soi même plus grand que celui de Lily Potter avait contrecarré ses intentions meurtrières. Un sacrifice incité cette fois non pas par une impulsion désespérée, mais une intention délibérée—
( Même dans la mort, il jouait comme un maître)
Non pas décidé au dernier moment, mais prévu des semaines ou même des mois à l'avance-
( Le regard las, lointain dans son regard fixe, cette dernière nuit à Poudard)
Un sacrifice qui pourrait avoir été évité, mais avait néanmoins été offert volontairement—
( Je l'ai averti - l'ai prié- l'ai supplié de me laisser prendre du Polynectar et aller à sa place) Et non seulement pour l'amour d'une personne cette fois, mais pour beaucoup, y compris (seulement deux personnes m'ont jamais aimé) Severus Rogue...
Il y a environ dix-huit mois, Voldemort avait menacé de tuer tout le monde à Poudlard avec du Souffle de léopard Nundu si son Directeur ne se rendait pas et en réponse à cette menace Albus Dumbledore avait donné sa vie. Il semblait que son sacrifice n'ait pas été vain.
Mais d'autre part, si la mort de Dumbledore avait vraiment protégé les enseignants et les élèves de Poudlard du pouvoir de Voldemort, pourquoi le Sortilège de Mort n'avait-il pas rebondi sur Flitwick, ou Rogue, ou les autres, comme il avait fait sur l'enfant en bas âge Harry? Pourquoi Voldemort n'avait-il pas été détruit par la répercussion de son propre charme la première fois même qu'il l'avait jeté, sans parler de la cinquième ou sixième fois ?
Et bien, presque tout le reste du sacrifice de Dumbledore avait différé de celui de Lily Potter, alors peut-être que c'était différent, aussi. Peut- être que parce qu'il était mort avec beaucoup de personnes dans ses pensées, l'effet avait été plus répandu. Cela expliquerait pourquoi Rogue et les autres étaient tombés dans cet état pareil à une transe - vivants, mais ayant toujours besoin d'être réanimés. Quant à Voldemort, peut-être qu'il avait été affecté chaque fois qu'il avait jeté le sort, mais si subtilement et graduellement qu'il ne l'ait pas remarqué. Dans ce cas , les conséquences de ses actions pourraient bien le rattraper bientôt - ou au moins Maud l'espérait ardemment .
Elle se tourna et regarda le terrain, les lignes de lits et les silhouettes vêtues de blanc se penchant sur eux. Les sons de bataille se répercutaient toujours dans le lointain et des éclairs puissants illuminaient le ciel. Elle entendit un cri d'au-delà des gradins - "les géants! Les géants!" - mais si cette c'était censé être une aide ou une perte, elle ne le savait pas . McGonagall la regardait avec espoir, attendant qu'elle finisse sa phrase. Maud secoua la tête et donna ce qu'elle espérait être un sourire rassurant : elle était toujours trop incertaine de sa théorie sur Dumbledore et le Sortilège de Mort pour vouloir la partager juste maintenant. "Je pense," dit-elle, "Que je vais aller voir si Madame Pomfresh à besoin de mon aide."
* * *
Les derniers quelques mois au laboratoire de Ste Mangouste avec Tony avaient forgé Maud au défi de travailler dur sous pression. Cela avait été une bonne préparation, comprit-elle , pour ce soir. Pomfresh l'avait mise à travailler à la fabrication de plus de potions de guérison et fortifiantes - il ne semblait jamais y en avoir assez - et chaque fois que Maud finissait un lot, elle en prenait un peu et l'essayait sur Rogue et les élèves. Elle jeta des charmes sur eux aussi : sorts pour reconstituer la force et l'énergie, sorts pour emporter les rêves, des sorts de réveil et ranimation. Rien ne marchait.
En attendant, plus d'accidentés étaient apportés. Une jeune sorcière avec un visage terriblement brûlé, un petit sorcier dont les pieds avaient été brisés. Un autre élève qui ne pouvait pas être ranimé. Quatre personnes moururent malgré les meilleurs efforts des medicomages et furent soulevés avec respect par lévitation de leurs lits de telle sorte que des vivants puissent prendre leur place.
À l'extérieur du stade, les sons de bataille devenaient plus forts et plus féroces et on pouvait entendre beaucoup de piétinement et de rugissement. Mais aussi un grand nombre de voix bizarrement aiguës, grinçant des choses comme "Je me battons pour Harry Potter!" Et "Mauvais Sorcier Sombre! Prends- ça!" Et une fois elle pensa entendre la voix d'Hermione Granger, secouée entre les larmes et le rire, disant "Oh, Dobby - oh, Ron-"
Maud voulait désespérément sortir et aller chercher George et Imogen, mais elle savait qu'on avait besoin d'elle ici, que des vies pouvaient dépendre d'elle. Donc elle garda la tête baissée et travailla, écrasant des herbes et découpant des scarabées (ils devaient être coupés fraîchement, ou leur puissance serait perdue) et remuant dans ses chaudrons jusqu'à ce que, ce qui sembla des heures plus tard, elle entende une voix familière, profonde, rauque :
"Poussez-vous du chemin, maudits! Arrêtez de rester la bouche ouverte comme un idiot et apportez-moi un lit!"
Maud se tourna rapidement, pour voir son Oncle Alastor entrer en boitant dans le stade. Ses cheveux grisonnants étaient mêlés de sang sur un côté, il y avait une contusion pourpre sur le haut de sa pommette et son pied en bois et l'ourlet de ses robes étaient noircis, comme s'il avait marché dans du feu. A part cela, il semblait en bonne santé - c'était la silhouette dans ses bras qui avait besoin de soins.
Ses robes vertes étaient en lambeaux et ses cheveux châtains normalement lisses étaient un embrouillement sauvage. Elle respirait par halètements peu profonds, désespérés, son visage appuyé contre l'épaule de Fol Oeil , évidemment dans une douleur considérable.
"Le sort de Tord-Boyaux," gronda Maugrey, comme Pomfresh et un autre médic se précipitaient. Il se baissa maladroitement et posa son fardeau sur le lit. "Ai fait ce que je pouvais pour arranger les choses, mais elle saigne de l'intérieur - estomac et intestins. Vous feriez mieux de vous occuper d'elle maintenant."
"Imogen," souffla Maud. "Mon oncle-" et comme Fol Oeil se tournait, sursautant, elle traversa le terrain en courant et se jeta dans ses bras.
"Maudie!" Il se dégagea de l'embrassade avec difficulté et la tint à bout de bras, son oeil magique la fouillant, cherchant quelque blessure, comme il devait avoir parcouru Imogen.
"Tu vas bien," dit-il brusquement, l'air incrédule. "J'étais sûr de t'avoir perdue. J'ai essayé d'arriver à toi, mais-"
Maud se retourna vers Imogen , couchée si anormalement tranquille, son corps pulsant avec des lumières bleues et jaunes comme Pomfresh et son compagnon jetaient des sorts guérissant sur elle, essayant d'isoler et d'arrêter le saignement. "Elle m'a sauvé la vie," chuchota-t-elle. "Mon oncle, si elle meurt..."
"Arrête ça, gamine." Sa voix était ferme. "Elle ne va pas mourir - elle est aussi solide qu'ils se battent férocement. Quand je l'ai trouvée, elle avait battu ta vieille amie Muriel, avait combattu son chemin jusqu'au milieu de la bataille et était sur le point de prendre Walden MacNair en combat singulier, bien qu'elle puisse à peine se tenir debout. Elle s'en tirera , je n'en ai aucun doute."
Tout cela, pensa Maud misérablement, était le langage codé d'Alastor Maugrey pour dire Elle est en train de mourir et je ne veux pas y penser. Mais il n'y avait aucune raison d'affliger son oncle en le lui disant , donc elle respira à fond et inclina la tête, comme si ses mots l'avaient rassurée.
"Ai vu George Weasley aussi, il y pas longtemps de cela." Fol Oeil se gratta derrière la tête et regarda autour de lui, comme s'il n'était pas tout à fait sûr de quoi faire maintenant qu'il était hors du champ de bataille. "Il semblait aller bien, quoique ses robes ne soient pas tout à fait à sa taille. Il avait pris du Polynectar plus tôt, je suppose ?"
Maud acquiesça de nouveau, n'ayant pas assez confiance en elle pour parler.
"Hmph," dit son oncle. "Il y a une histoire derrière tout cela, aucun doute. Ecoute, Maudie..." Maintenant il semblait encore plus maladroit. "Je suis désolé pour Rogue. De ce que j'ai pu entendre dire, il était tout à fait courageux, à la fin..."
Ce qui était, à sa façon, un compliment. Malgré l'étroitesse dans sa gorge et la crainte froide qui saisissait son estomac avec chaque pensée d'Imogen, Maud réussit à sourire. "J'ai peur que tu ne sois pas tout à fait débarrassé de la menace d'avoir Severus pour neveu-par-alliance," commença- t-elle à dire, mais au troisième mot elle fut noyée par un son comme un coup de tonnerre et le ciel s'illumina avec un éclair éblouissant de lumière verte. Elle sursauta, saisit les bras de son oncle comme appui - mais le pied de bois carbonisé de celui-ci cassa et tous les deux s'effondrèrent par terre.
Alastor Maugrey jura passionnément. "Au nom de tout ce qui est saint qu'est-ce-"
"Je ne sais pas." Maud se désembrouilla de lui avec effort et s'assit de nouveau. "Je suis désolée, mon Oncle. Tu n'as rien de cassé ?"
"Mlle Maugrey - Maud!" cria McGonagall de l'autre côté du terrain, avec une note de miaulement étrange dans sa voix qui pourrait avoir été de la crainte, de l'excitation, ou tous les deux. "Venez ici, rapidement!"
"Va," dit Fol Oeil, se soulevant sur ses coudes. "Je vais bien, gamine - va ."
Maud se remit sur ses pieds et se dépêcha d'aller à la rencontre de McGonagall, qui courait pratiquement en cercles dans son agitation. "Regardez!" dit-elle, indiquant avec une patte les silhouettes couchées entre les poteaux de but.
Un autre flash brillant éclaira le ciel, aveuglant Maud à demi. Elle regarda du coin de l'œil dans la direction que McGonagall avait indiqué, clignant des yeux dans une tentative futile de faire partir les taches de lumière dans sa vision. "Je suis désolée," commença-t-elle, "mais je ne -"
Et alors elle vit. Le garçon à l'air fragile à côté de Severus avait bougé. Juste un spasme, Maud pensa, ayant peur d'espérer plus; mais alors le garçon remua de nouveau, s'assit - et éternua. McGonagall posa une patte sur sa jambe, ses yeux verts fouillant son visage; il se frotta les yeux et dit avec un doute, "Professeur McGonagall ?"
* * *
Juste quand elle pense qu'elle ne peut plus supporter plus, le vent meurt et la pluie s'apaise. Comme elle se relève en tremblant de la terre et essuie ses doigts pleins de boue sur sa robe, elle entend un dernier grondement de tonnerre dans le lointain et puis - à sa stupéfaction - tout est calme. Prenant des inspirations profondes, elle se met sur ses pieds et retourne en marchant au bord de la falaise, regardant vers le bas dans les vagues qui avaient martelé le rivage si brutalement tout à l'heure. Elles, aussi, ont baissé et avec un éclair de soulagement elle se rend compte que la tempête est vraiment finie. Comme la lune s'échappe entre les nuages, peignant la mer d'une lumière d'argent, elle fait un pas en arrière, loin de la falaise-- - Et constate qu'elle n'est pas seule.
* * *
Dans les années à venir, les historiens écriraient qu'avant qu'Harry Potter ne vint en boitant sur le champ de bataille, très vivant et ne portant plus aucune trace de sa célèbre cicatrice, personne ne se rendit compte que Voldemort était mort. Mais pour Maud le moment de vérité vint bien avant cela, quand elle se mit à genoux à côté de la silhouette couchée de l'homme elle aimait et le regarda ouvrir les yeux.
"Me connais-tu ?" dit-elle, très doucement.
Il eut un clignement d'yeux lent, incrédule . Alors il dit, d'une voix enrouée pour ne pas avoir été utilisée pendant longtemps, "Pas d'aussi près que je le voudrais."
Maud posa ses mains sur sa bouche, retenant à la fois rire et larmes. "Alors", dit-elle, aussitôt qu'elle put avoir confiance en elle pour parler, "nous devrons juste arranger cela."
"Aussitôt que possible, je pense," Rogue consentit équitablement et s'assit. "Avec tous ces gens du Ministère alentour, il doit y avoir quelqu'un avec le crédit nécessaire. Et puisque nous ne semblons plus rien avoir à cacher..."
"Harry!" cria la voix d'une fille de l'autre côté des gradins, presque hystérique d'excitation. "Oh, Harry, Harry-"
Les lèvres de Rogue devinrent fines. "Si jamais j'entends ce nom de nouveau," commença-t-il avec un peu de sa vieille aigreur et ensuite s'arrêta, baissant les yeux vers son bras où la manche était tombée en arrière.
"Qu'est-ce qu'il y a ?" Demanda Maud.
Les doigts de Rogue touchèrent sa peau, traçant le contour d'une marque disparue. Du poignet au coude, son avant-bras était lisse et impeccable. "C'est parti," dit-il et ensuite il rejeta sa tête et rit à haute voix, un rire véritable comme elle ne l'avait jamais entendu en donner en public. "Voldemort est mort!"
"Et votre amie est vivante, Maud," dit la voix de Madame Pomfresh derrière eux. "C'était très juste, mais je crois qu'elle fera un plein rétablissement, avec le temps."
Maud jeta à Rogue un regard rapide, puis sauta sur ses pieds et courut au lit où Imogen était couchée, pâle et épuisée, mais les yeux ouverts maintenant l'ombre de la douleur les ayant quitté. Elle prit la main de l'autre femme dans la sienne, laissa tomber un baiser sur son front et murmura dans son oreille, "Imogen. Penses-tu être en état d'assister à un mariage ?" "Et bien, j'y ai pensé," vint la réponse chuchotée, "mais je suis sûre qu'Alastor ne voudra pas de moi."
Fol Oeil renifla. "Incorrigible femme. Vous ne prenez jamais rien au sérieux n'est-ce pas?"
Imogen eut un sourire faible. "Qui dit que je ne vous prends pas au sérieux ?"
"Moi," gronda Alastor Maugrey. "Mais à votre place, femme, je ne serais pas si sûr que vous ne devriez pas."
Cela pourrait avoir été les mots, ou le clin d'œil coquin qui les accompagnait, mais dans l'un ou l'autre cas l'effet était sans précédent : pour la première fois dans l'expérience de Maud, Imogen Crump resta complètement muette.
* * *
"Tu as fait quoi ?" dit George d'un air incrédule.
Lui et Maud étaient assis haut dans le stade de Quidditch, mangeant des sandwichs composés par les elfes de maison infatigables quoique quelque peu surexcités ,et ils comparaient leurs notes sur la bataille qui avait fini environ deux heures auparavant. La mort de Voldemort avait été un coup dur au moral de son armée, mais même alors beaucoup des serviteurs du Seigneur des Ténèbres avaient préféré se battre jusqu'à la mort plutôt que de se rendre, tandis que d'autres faisaient un effort concerté pour s'échapper et durent être poursuivis. Et même une fois le combat terminé, il y avait eu beaucoup de travail pour tous, particulièrement le personnel médical.
Néanmoins, tout était calme maintenant. Au pied des gradins Imogen dormait paisiblement sur son lit, un Fol Oeil ronflant allongé sur l'herbe à côté d'elle; et du coin de l'œil Maud pouvait juste voir son mari nouvellement épousé, ses longues mains minces faisant des gestes emphatiques comme il parlait au Professeur McGonagall.
"Nous nous sommes mariés," répéta Maud patiemment. "Imogen et mon oncle étaient nos témoins. J'avais espéré que tu pourrais arriver ici à temps pour le voir, mais ils m'ont dit que tu étais avec Harry..."
"Tu as épousé Rogue." George secoua la tête et regarda fixement l'horizon, où le premier rougeoiement faible de l'aube commençait à apparaître. "Maud, as-tu une idée de ce que cela signifie ?"
Maud bougea un peu sur le banc et ramena sa jambe sous elle, réfléchissant. "Et bien, d'une part," dit-elle enfin, "cela signifie que pour quelques semaines Poudlard aura un chat remplissant les fonctions de Directeur, ou au moins jusqu'à ce que McGonagall prenne la dernière dose de la potion dont Severus lui parle. Cela signifie que Jennet et Lucinda seront furieuses, jusqu'à ce que je leur dise qu'elles pourront avoir une énorme fête dès que nous revenons. Et j'ai bien peur que cela signifie aussi que tu doives payer ces dix Galions à Fred." George gémit. "J'espère toujours qu'il a oublié."
Il y eut un instant de silence et ensuite Maud dit plus sérieusement, "Tu n'es pas fâché contre moi, n'est-ce pas ?"
Il la regarda, étonné. "Nanh. Pourquoi devrais-je ? Tu attendais cela depuis longtemps . Si cela avait dépendu de moi, j'aurais fait une fugue amoureuse avec Jennet, aussi." Il laissa tomber un bras autour des épaules de Maud et lui donna une pression fraternelle. "Je suis heureux pour toi, Maud, vraiment. Heureux que tu sois heureuse, je veux dire. Parce que tu mérites de l'être."
"Merci," dit-elle doucement. "Pas seulement pour cela, mais pour tout le reste que tu as fait. Je te dois tant, George-"
"Rien de cela," dit-il, l'air embarrassé. "Il n'y a aucun besoin."
"Non, vraiment, je-"
Il leva sa main. "Assez. Je suis sérieux, Maud : encore un sentiment sérieux et je me trouverai obligé de laisser tomber une bombabouse sur ton oncle juste pour alléger l'atmosphère." Il se pencha en avant, son visage soudainement vivant d'intérêt. "Je me demande si je pourrais vraiment le frapper de cet angle ?"
Maud ne crut pas une seconde que George ait apporté des bombabouses à la Bataille de Poudlard, mais elle comprit sa pensée et changea le sujet. "Alors dis-moi ," dit-elle. "Harry va-t-il aller bien, d'après toi ?"
George grimaça. "Sais pas. Il a eu un temps bien difficile et tout de suite je pense que tout ce qu'il veut faire est de ramper dans un coin quelque part et de se cacher. Mais il est peu probable qu'il en ait l'occasion, particulièrement une fois que le mot aura couru sur ce qui est arrivé."
"Je ne sais toujours pas cette partie," admit Maud. "Qu'est-il arrivé, exactement ?"
Il lui raconta tout ce qu'il savait, commençant du moment il l'avait laissée avec Voldemort au pavillon et finissant avec son dernier aperçu d'Harry, se dirigeant d'un air fatigué dans Poudlard le bras de son parrain autour de ses épaules et Ron et Hermione à son côté. Ce fut alors que Maud apprit, pour la première fois, la contribution inattendue des elfes de maison à la bataille et le retour opportun d'Hagrid; la découverte de Ron et d'Hermione du traître réel à Poudlard et du nez cassé de Draco; du changement d'avis soudain qui avait sauvé Harry de la capture et avait coûté sa vie à Queuedver; et, finalement, la dernière bataille entre Harry et Voldemort, que George, accourant sur place, avait vu lui-même.
Il finissait juste son histoire quand une voix appela du dessous, "Ohé! George! Tu me dois dix Galions, espèce de tire-au-flanc!"
Maud et George regardèrent tous les deux en bas, pour voir Fred leur faire signe de la main du bas des gradins. A peine avaient ils tous les deux répondu, cependant, que Fred marcha de côté, pour révéler une deuxième personne debout derrière lui. George libéra une exhalation effrayée et sans autre mot il sauta sur ses pieds, descendit les gradins quatre à quatre et sauta sur le terrain. Comme il prenait Jennet dans ses bras et la faisait tournoyer, Maud put juste discerner la voix assourdie, étranglée de larmes :
"Tu es vivant – j'étais si inquiète - je vais te tuer-"
Les mots cessèrent brusquement, comme George la fit taire avec un baiser. Fred leur sourit, monta ensuite bruyamment sur les gradins et s'assis lourdement à côté de Maud. "Glossop dit salut, à propos," dit-il. "Elle dit aussi de dire à Rogue qu'elle ne pense pas grand bien de son sens de l'humour. Je soupçonne que retourner chez elle hier dans la nuit pour trouver la maison pleine gamins de onze ans somnolents et confus n'était pas précisément son idée d'amusement."
Euphemia Glossop était aussi bien informée que jamais, semblait-il. Comme Maud observait une autre silhouette monter les gradins vers eux, se tenant soigneusement hors de la ligne de vision de Fred et se déplaçant avec la délibération silencieuse d'une panthère, elle se trouva en train de se demander comment Rogue avait réussi à faire parvenir les enfants de Pré-au- lard à la maison de Glossop – sans mentionner ce qu'il avait fait du reste des étudiants mineurs. Mais sans aucun doute elle le saurait en temps voulu.
"Je suis sûre qu'elle s'en remettra," dit-elle et elle donna une pression d'accueil à la main de Fred. "Il est bon de te voir de nouveau."
"Ouais, toi aussi. Hé, j'entends dire que des félicitations sont d'occasion - ou cela devrait-il plutôt être des condoléances ?"
"J'enlève vingt points à Gryffindor pour votre insolence, Weasley," vint une voix menaçante, soyeuse de derrière eux et Fred sursauta si violemment qu'il tomba presque de son siège.
"Attendez une minute," bafouilla-t-il, quand il se fut assez remis pour parler. "Vous ne pouvez pas faire cela!"
"Non," consentit Rogue avec sérénité, "Bien sûr que non. Mais j'ai le plaisir de voir que vous conservez une saine crainte de mon autorité, cependant." Il découvrit ses dents dans un très court sourire, puis se tourna vers Maud. "Es-tu prête à partir ?"
Elle regarda son visage, ses yeux ombragés de fatigue et cependant froissés aux coins avec un rire caché, sa bouche mince avec ses coins légèrement tournés vers le haut; les lignes de son visage révélant non seulement l'intelligence formidable qui n'avait jamais été un secret et l'intégrité elle avait toujours su être là, mais aussi une troisième chose, tout à fait nouvelle :de la joie.
"Oui," dit-elle et se leva pour prendre la main qu'il lui offrait. Se retournant vers son ancien camarade de classe venant d'être rabroué, elle ajouta avec un sourire :
"Félicitations, Fred. Définitivement des félicitations." Alors elle glissa son bras dans celui de son mari et ils descendirent ensemble vers le terrain.
A finir…
Épilogue : Au point de départ
Au-dessous de la lune d'argent les vagues lisses, sombres affluent, déferlant contre la plage, puis reculant avec un soupir. Jusqu'à ce moment elle avait été distraite par des mémoires, inconsciente de toute présence sauf la sienne; maintenant elle libère un cri de surprise, comme une paire de bras forts l'entoure de derrière, la tirant dans une embrassade inopinément écrasante...
* * *
"Maud ?" dit une voix timide de l'autre côté de la porte et ensuite, d'un ton presque hystérique, "Maud!"
La porte s'ouvrit brutalement, frappa le mur avec un coup. Sursautant, Maud leva les yeux de sa valise presque finie, pour voir Lucinda - vêtue d'un peignoir de bain fané, ses cheveux encore embrouillés de sommeil – entrer à la volée dans la pièce. Maud laissa tomber la pile de vêtements qu'elle tenait et se tourna pour attraper sa colocataire par les coudes. "Je suis là," dit-elle, dans son ton le plus rassurant. "Tout va bien."
Lucinda avala et ensuite les mots vinrent en désordre : "Tu n'es pas rentrée du travail hier soir et j'étais si inquiète, Maud, tu ne peux pas imaginer - j'ai dû prendre une potion pour m'endormir et je dois en avoir trop pris parce que je ne t'ai même pas entendu rentrer - et que fait cet homme sur notre sofa ?"
"Il dort, j'espère," dit Maud, tressaillant à la note perçante de la voix de Lucinda.
"Mais qui est-ce ?"
Maud lâcha , surprise. "Tu ne sais vraiment pas?"
"Et bien, je ne l'ai pas regardé de très près, j'étais si surprise..." Lucinda fit une pause, clignant des yeux. "Tu veux dire que je devrais le savoir ?"
Cela ne fut pas dur de sourire. "Oui, tu devrais."
Lucinda lui donna un regard perplexe, puis se tourna et sortit sur la pointe des pieds. Maud la suivit. Tranquillement elles s'approchèrent du sofa où Rogue reposait les yeux fermés et Maud vit l'expression de Lucinda changer de la confusion à l'incrédulité quand elle chuchota, "Est-ce... Professeur Rogue ?"
Il était facile de voir, maintenant, pourquoi Lucinda ne l'avait pas reconnu immédiatement. Tandis que Maud décidait quoi empaqueter - un processus laborieux, à cause de son état d'épuisement - Rogue avait disparu dans la salle de bains avec un rasoir à la main et en était ressorti un homme transformé.
Non seulement il s'était lavé soigneusement, enlevant toute trace de graisse de ses cheveux et de colorant jaune de ses dents, mais il avait coupé cinq centimètres de fins abîmées de ses cheveux et avait échangé ses robes noires habituelles pour des robes indigo profond. Si Maud n'avait pas déjà su à quoi Rogue ressemblait - et en effet ce qu'il était - au-dessous de l'aspect désagréable qu'il avait porté si longtemps, elle aurait eu du mal à le reconnaître elle-même. "Oui," dit-elle, ne retenant plus son sourire. "Oui, c'est lui."
Lucinda regarda Rogue en fronçant les sourcils, alors ses yeux se dirigèrent brièvement vers le pot de lis de nuit sur la table et Maud put pratiquement entendre les pièces du puzzle cliqueter ensemble dans son esprit. En hâte Maud dirigea Lucinda loin du sofa et en arrière dans la chambre à coucher, fermant la porte et plaquant une main sur la bouche de son amie juste à temps pour assourdir son cri perçant.
"Tu veux dire que c'est vrai ?" dit Lucinda d'une voix entrecoupée aussitôt que Maud la laissa aller. "Toi et Rogue - ce n'était pas juste une plaisanterie folle de Muriel qui échappé à tout contrôle ?"
"Je ne pouvais pas te le dire," dit Maud dans un chuchotement, faisant des gestes de parle plus bas. "Nous ne pouvions le dire personne, avant que ce ne soit sûr."
"Ce caleçon!" éclata Lucinda, presque hors d'elle.
"Quoi ? Oh." Maud regarda d'un air coupable le petit carré de soie noire coincé dans un coin de la valise. "Oui, Imogen savait, mais ce n'est pas moi qui lui ai dit. George l'a calculé tout seul, aussi-"
"Pas cela," gémit Lucinda, tordant ses mains. "Maud, c'est juste - c'est de Rogue dont nous parlons. C'est si-" Elle s'arrêta, ses yeux s'élargissant avec une horreur naissante. "Tu fais ta valise. Il avait une valise."
Maud prit une respiration profonde, vivifiante. "Oui. Nous sommes sur le point de partir en lune de miel."
"Quoi ?" dit Lucinda, sauf que cela sortit plutôt comme "Qu-oi-oi-oi-oi ?"
"Ecoute," dit Maud, abandonnant. "Lucinda. Je n'ai pas l'intention d'être difficile, mais j'ai été debout toute la nuit et je peux à peine penser, sans parler de répondre à beaucoup de questions. Tout que je veux faire tout de suite est de finir ce que je fais, prendre un bain chaud et agréable et aller dormir pendant quelques heures. Alors s'il te plaît, si tu veux savoir ce qui s'est passé, lis juste la Gazette des Sorciers. Ou écoute la radio –pas trop fort."
"Ton mariage a fait les titres ?"dit Lucinda avec doute, s'adoucit ensuite . "Oh, d'accord. Mais tu devras me raconter l'histoire entière quand tu reviendras. Ou du moins-" elle eut un petit frisson - "les parties que je peux supporter."
Maud inclina la tête d'un air fatigué, puis étendit la main et ouvrit la porte. Lucinda, comprenant l'allusion, lui fit un sourire rapide et nerveux et sortit. Maud était juste sur le point de refermer la porte quand elle entendit sa colocataire chuchoter de la salle de séjour, "Et bien, je l'admets, il n'a pas du tout l'air aussi horrible qu'avant"
"Merci," dit une voix endormie et sardonique du sofa.
Lucinda sursauta, émit un petit couinement d'alarme et disparut dans la cuisine. Et au soulagement de Maud, elle n'interrompit aucun d'entre eux de nouveau.
* * *
"As-tu confiance en moi ?" dit Rogue doucement à l'oreille de Maud. Ses mains étaient posées sur épaules de celle-ci; elle pouvait sentir la chaleur du corps de Rogue contre son dos. "Toute ma vie," répondit-elle, sa voix pas tout à fait stable .
Un ruban de tissu doux descendit devant son visage, s'enveloppa doucement sur ses yeux. Elle pouvait sentir Rogue le nouer derrière sa tête, serrant le bandeau; alors il la tourna pour qu'elle lui fasse face et dit, "Je m'excuse si cela te rappelle des souvenirs malheureux .... Dis-le-moi, si c'est le cas."
"Des souvenirs, oui, mais aucun de malheureux," dit-elle, lui souriant à travers l'obscurité. Un instant elle sentit son souffle réchauffer ses lèvres, savait qu'il était sur le point de l'embrasser; alors il sembla reconsidérer et se retira. Probablement pour le mieux, pensa-t-elle avec une ironie désabusée. Ils avaient déjà scandalisé assez la pauvre Lucinda .
C'était le milieu de l'après-midi et ils étaient debout devant la cheminée dans la salle de séjour de l'appartement de Maud, avec leurs valises à leurs pieds. Rogue s'était éveillé d'abord et avait passé quelque temps à prendre des mesures pour leur logement à un endroit qu'il ne voulait pas nommer; entre cela et le bandeau, il attendait clairement avec impatience sa réaction quand ils arriveraient. Maud résolut de ne pas le décevoir.
"Tu peux prendre ta valise maintenant," dit-il et Maud obéit. Elle venait de se redresser de nouveau quand elle sentit le bras de Rogue glisser autour de sa taille, la tirant près de lui.
"Au revoir," dit la voix de Lucinda timidement, de quelque part de l'autre côté de la pièce. "Bon ... euh, passez un bon moment."
Maud leva une main pour dire adieu - et se sentit tirée dans le flottement de la transplanation. Elle compta les secondes dans le vide : une, deux—
"C'était court," dit-elle avec surprise.
Bien que ses yeux aient toujours été bandés, elle pouvait sentir la lumière du soleil sur son visage, des odeurs de rose et de chèvrefeuille, entendre un bourdonnement éloigné d'abeilles et un liquide ruissellement de chants d'oiseaux. Le calme de l'air, cependant et le plancher au-dessous de ses pieds, lui disaient qu'ils étaient à l'intérieur.
"Veux-tu que je devine où nous sommes ?" demanda-t-elle, incertaine.
Elle put entendre le sourire dans la voix de Rogue. "Non. Tu ne pourrais pas, même si tu essayais." Il la fit tourner doucement et la dirigea à travers la pièce; alors ses doigts desserrèrent le nœud derrière sa tête et le bandeau. "Je voulais seulement que tu voies - cela." Le tissu tomba de ses yeux et Maud se trouva devant une fenêtre en saillie ouverte sur une vue magnifique de jardins roulant et se déroulant sur la pente, avec la mer tranquille dans le lointain. Elle prit une inspiration rapide de plaisir stupéfié, la retint un moment avant de la relâcher. "C'est ... superbe. Severus, comment-"
"Ce cottage," dit Rogue derrière elle, "appartient, ou plutôt appartenait, à un parent éloigné, un vieil homme aux habitudes excentriques et de quelque notoriété dans le monde Moldu. Quand j'étais très jeune, j'ai fait une brève visite ici et le souvenir ... ne m'a jamais tout à fait quitté. Alors, quand j'ai appris il y a plusieurs années qu'il était en vente, je me suis arrangé pour l'acheter."
Il hésita légèrement sur le mot arrangé et Maud se demanda ce que cela lui avait coûté; il n'était pas, elle devinait, un homme riche. D'autre part, il vivait à Poudlard pendant trois quarts de l'année, tous frais payés et avec un salaire en plus de cela - alors peut-être qu'il n'était pas si mal lotti. Elle se tourna lentement de la fenêtre, regarda la pièce dans laquelle ils se tenaient. C'était un large rectangle qui avait l'air d'avoir été autrefois deux pièces séparées, aéré et bien éclairé, avec des murs de silex, des poutres de bois de chêne et une énorme cheminée en pierre à un bout. Comme la chambre à coucher de Rogue à Poudlard c'était plutôt spartiate dans le décor, mais le sofa et les fauteuils avaient l'air d'être d'excellente qualité , aussi bien que le tapis Oriental au-dessous d'eux.
Du mur sud, un jeu de portes-fenêtres s'ouvrait sur à une terrasse dallée qui faisait face à la mer; au nord, une embrasure étroite conduisait dans une cuisine bien équipée, quoique sensiblement Moldue. Et dans le coin le plus éloigné était un escalier circulaire en fer forgé, les invitant à l'étage supérieur.
"Puis-je ?" demanda-t-elle presque timidement, faisant un geste vers l'escalier.
Rogue sembla amusé. "S'il te plaît ." Il s'étendit et prit la valise de sa main, la posa avec la sienne. "Ma maison est la tienne. Tout à fait littéralement."
Son battement de cœur s'accélérant, Maud mit son pied sur la première marche. Un instant elle attendit, s'attendant à ce qu'il tourne et la porte de lui-même, comme l'escalier circulaire au bureau de Dumbledore l'avait fait. Mais il resta stationnaire et alors elle commença à grimper au lieu de cela, rougissant de sa propre folie et espérant que Rogue n'avait pas remarqué. C'était seulement quelques marches, après tout...
En fait, il avait remarqué, mais fut assez charitable pour traiter cela comme une erreur honnête. "J'ai des voisins Moldus," dit-il en la suivant dans l'escalier, "y compris une femme qui s'occupe la maison en mon absence et y amène parfois des visiteurs quand je n'en ai aucun besoin – ce qui est, je l'admets, la plupart du temps. Alors il y a très peu d'accessoires magiques ici et ceux que j'ai mis sont bien cachés." Il s'arrêta, la regardant avec des sourcils levés. "J'espère que cela ne te dérange pas trop."
"Me dérange-" Elle eut un petit rire essoufflé. "Non, pas du tout."
"Bien." Il termina de monter l'escalier pour être debout à côté d'elle. "Laisse-moi te montrer le reste de la maison, alors. La salle de bains est ici-" Il ouvrit une porte sur le palier pour révéler un petit espace carrelé avec une baignoire profonde, aux pieds en forme de pattes et un lavabo sur piédestal - "et le laboratoire est-"
"Laboratoire ?" dit Maud sans expression.
"À l'arrière du cottage, oui. C'était une des particularités j'ai trouvé la plus mémorable de cet endroit quand je suis venu ici pour la première fois. Le propriétaire original - qui était, comme je l'ai dit, un Excentrique - avait une passion pour les expériences chimiques. Voudrais-tu le voir ?"
Elle se tourna alors vers lui et le regarda dans les yeux : un long regard fixe, stable, ne trahissant rien de l'excitation flottante qui s'était accumulée en elle depuis le moment où elle avait mis le pied sur l'escalier. "Non", dit-elle.
Quelque chose changea alors dans le visage de Rogue, le laissant sans surveillance. "J'ai essayé," dit-il avec une voix un peu enrouée, "être poli et retenu. Et je le faisais très bien, je pense ... jusqu'à présent."
Cependant, il ne bougea pas et finalement ce fut Maud qui prit son visage entre ses mains, comme l'elle avait fait une fois auparavant et tira sa bouche vers le bas sur la sienne. Ils partagèrent un long baiser, douloureusement lent, tandis qu'il la tenait comme si elle était une bulle de savon, ou un fragment de mica qu'il craignait voir se désagréger à tout moment. Elle serra ses bras autour de lui, murmura contre ses lèvres, "Tu n'as pas à te retenir, Severus. Plus maintenant."
Il ne lui répondit pas avec des mots : il se pencha simplement et la souleva du plancher avec une facilité qui la surprit et la porta par la porte dans la chambre à coucher, l'embrassant tout le temps. Quand après quelque temps il cessa de l'embrasser et la reposa, elle se tourna pour se trouver debout devant un énorme lit à colonnes, entassé d'oreillers et étendu avec une couette blanche presque aussi épaisse que le matelas, ayant l'air comme une livraison de la fabrique de nuages se débattant pour sortir de son emballage.
"Sera-ce assez confortable, d'après toi ?" dit Rogue derrière elle. La question était sensée avoir l'air naturelle et il y réussit presque, mais sa respiration le trahit. Aussi bien que la sienne, quand elle répondit : "Je pense que oui - oui."
Alors elle le regarda et sourit et il enveloppa ses bras autour de sa taille et la tint fermement. Il murmura dans ses cheveux, "C'est un rêve, tu sais."
"Le mien, ou le tien ?"
"Oh, le mien, sans un doute." Il y avait une note d'autodérision désabusée dans sa voix. "Après tout, il serait absurdement vaniteux de ma part de croire que c'est ce que tu veux."
Elle se tourna dans son embrassade, le repoussa doucement , se libérant. "Crois-le," chuchota-t-elle et ses doigts allèrent au fermoir de ses robes.
Ils avaient passé dix-huit mois loin l'un de l'autre et leur dernier moment en privé avait été hanté par le chagrin et la contrainte; maintenant ils étaient ensemble enfin et rien ni personne ne pourrait venir entre eux. Cependant, cela prit quelque temps à Rogue pour se persuader qu'il ne rêvait pas en réalité - ou plus probablement il avait eu l'intention de mettre Maud au défi d'être particulièrement convaincante sur ce point.
Comme ils étaient couchés ensemble les doigts de Maud tracèrent les lignes et les angles de son visage , mémorisant ses traits par contact, comme elle l'aurait fait si elle était toujours aveugle; mais elle pouvait voir aussi bien que sentir l'homme qui partageait le confort de ce lit blanc et frais avec elle et ses mains ne s'arrêtèrent pas là. Elle observa ses yeux de près pour déceler les signes de trahison de lui-même comme elle explorait ses épaules et les muscles maigres de ses bras, traçant ses doigts un à un et enfin, sur une impulsion, les soulevant à ses lèvres. Il émit un son qu'elle n'avait jamais entendu de lui auparavant et elle rit de plaisir, se délectant d'un pouvoir qu'elle ne savait pas avoir possédé.
"Maintenant le crois-tu ?" demanda-t-elle en retenant son souffle, se soulevant pour le voir mieux, ses mains posées sur les épaules de Rogue.
Il leva les yeux vers elle, ses yeux noirs insondables. "Je n'ai jamais pensé que j'aurais cela," dit-il d'une voix peu familière, basse et sérieuse, sans une trace de sarcasme ou d'amertume. "Moins encore avec quelqu'un qui m'aimerait et que ... je ... j'aimerais." Sa bouche se plia lentement dans un faible sourire émerveillé et il leva le bras à travers le rideau de cheveux pour toucher sa joue. "Maud. Ma femme. Je peux peut-être ne pas être capable de le crier du sommet de la Tour d'Astronomie comme promis, mais je peux le dire et te le dis, maintenant : je t'aime."
"Merci," chuchota-t-elle et elle l'embrassa. "Mais, tu sais, tu l'as crié du sommet de la Tour d'Astronomie." Elle se recoucha , pliant ses bras à travers la poitrine de Rogue et posant son menton sur eux. "Quoique peut- être pas avec tant de mots. Cependant, je pense que tous ont compris le message, n'est-ce pas ?"
Le mouvement indolent de ses mains dans les cheveux de Maud s'arrêta et son sourire s'effaça. "Il me faudra longtemps, Maud, avant que je ne puisse parler légèrement de quoi que ce soit qui est arrivé la nuit dernière. Quand Voldemort a jeté Endoloris sur toi..."
Sa voix s'estompa et il fut silencieux un instant. Maud attendit, observant son visage, qu'il parle de nouveau : "Descendre de cette tour était, peut- être, la chose la moins calculée que puisse me rappeler faire de ma vie entière."
"Tu ne savais pas, alors, que tu étais protégé d'Avada Kedavra ? Grâce à Dumbledore ... ?"
Il secoua la tête. "Il ne m'avait jamais dit ce qu'il avait à l'esprit quand il est allé rencontrer Voldemort ce jour là. Nous avions parlé auparavant de la possibilité de sa mort aux mains de Voldemort et comment mieux protéger Poudlard dussait le pire arriver. Pour cela , au moins, je savais ma partie. Mais je n'avais jamais su que quand il mourrait ... il mourrait pour moi."
Il ne pleura pas, en parlant de Dumbledore : ces larmes avaient tari il y a longtemps. Mais il ferma les yeux et Maud sentit sa poitrine se gonfler avec une longue prise d'air. Elle appuya son visage contre la cavité de sa gorge, embrassa le pouls battant là, jusqu'à ce qu'elle entende sa respiration s'entrecouper : alors elle se retourna, le tirant vers le bas sur elle, le pressant silencieusement d'oublier ce qui avait presque été - et même ce qui avait été - et de penser seulement à ce moment, maintenant.
Ce moment était celui de son sacrifice, comme la descente de la tour avait été le sien : un acte d'impulsion, toute précaution rejetée, ne réservant plus aucune pensée pour elle. Jusqu'à présent, elle savait, il s'était retenu pour elle; mais comme ses bras se serraient avec acharnement autour de lui et ses mains s'embrouillèrent dans ses cheveux, le dernier reste de son sang-froid cassa et sa bouche descendit durement sur la sienne. Elle sentit alors, pour la première fois, la force pleine et accablante de la passion qu'ils s'étaient tous les deux battus si longtemps pour restreindre et elle rit à haute voix avec la joie d'offrir, enfin, une reddition complète et inconditionnelle.
Ce fut une longue période de temps avant que l'un ou l'autre d'entre eux ne puissent parler, ou le souhaitent. Mais enfin Rogue se leva sur un coude, arqua un sourcil noir vers elle et dit, de la voix soyeuse et basse qui envoyait toujours un frisson en elle, même avant qu'elle ne sache ce que cette sensation signifiait :
"Maintenant aimerais-tu voir le laboratoire ?"
Maud sourit. "Non", dit-elle, étirant ses bras au-dessus de sa tête avec un soupir de contentement profond. "Je vais passer le reste de ma vie ici, là."
"D'une façon ou d'une autre j'en doute," dit son mari, "même si je suis d'accord avec le sentiment qui t'inspire ça." Il ramassa sa baguette de la table de nuit. "Accio valises!"
"Oh, cela me rappelle," dit Maud, s'asseyant et recouvrant sa propre baguette comme les valises vinrent en flottant par la porte ouverte. "Accio caleçon," dit-elle et elle présenta le carré de soie proprement plié à Rogue.
Il lui donna un regard oblique douteux, puis le secoua pour le déplier et le tint à la lumière. Quand il vit les chaudrons, son expression changea de l'incompréhension à l'horreur et Maud étreint ses genoux et rit jusqu'à ce qu'elle ne puisse presque plus respirer.
"Maudite Imogen Crump, encore," dit Rogue d'un ton acide, chiffonnant le caleçon et le jetant dans un coin. "Comme d'habitude, son sens de l'humour laisse à désirer."
"Est-ce que tu es si sûr que c'était Imogen ?" dit Maud, essuyant les larmes de ses yeux. "Absolument. Je refuse de croire que tu commettrais une telle atrocité."
Elle lui sourit. "Tu as raison. Mais oh, l'air que tu avais-" Elle commença à rire de nouveau, sans pouvoir sans empêcher, quand sa lèvre se frisa dans une parodie moqueuse de lui-même. Alors une lueur dangereuse entra dans ses yeux et le rire de Maud finit brusquement quand il la tira sur lui et fit taire sa bouche avec la sienne.
Après il s'endormit, son visage détendu comme celui d'un enfant et elle resta allongée à le regarder pendant une longue période de temps avant de se dégager du lit et de commencer à s'habiller. Tranquillement elle marcha vers la fenêtre et regarda dehors à travers les collines vers la mer.
Des nuages de tempête avaient commencé à se rassembler le long de l'horizon, mais ils avaient l'air d'être à quelque distance , et quoique la lumière ait commencé à baisser, le calme durerait sûrement quelque temps encore.
De toute façon, elle n'avait pas l'intention d'aller très loin, ou de rester trop longtemps. Mais elle sentait le besoin de marcher et de penser, seule et d'essayer d'absorber cette chose importante qui venait d'arriver. Non simplement l'intimité étonnante qu'elle venait de partager avec Rogue, mais ce qu'elle représentait et comment leur union était arrivée malgré les obstacles innombrables qui semblaient destinés à l'empêcher.
Elle laissa retomber le rideau et se tourna pour mettre ses bottines. En trébuchant un peu comme elle le faisait , elle saisit une colonne du lit pour appui, balançant le lit un peu et provoquant un somnolent interrogatif "Mmmm ?" de Rogue
"Tout va bien," chuchota-t-elle. "Je sors juste en promenade."
Il n'y eut aucune réponse; il était déjà rendormi. Maud s'étendit et poussa doucement une mèche de cheveux noirs loin de ses yeux fermés; alors elle se glissa par la porte et la ferma derrière elle.
* * *
"Que," dit la voix de Rogue dans son oreille, dure d'émotion, "penses-tu faire ici, au nom de la raison et du bon sens ?"
Elle se tourne pour lui faire face, enterrant son visage contre sa poitrine. "Je suis tellement désolée," halète-t-elle, soulagée et reconnaissante et embarrassée subitement. "J'ai été prise dans mes pensées et le temps ne semblait pas très menaçant tout d'abord ... et ensuite quand je me suis rendue compte que je ferais mieux de rentrer, il était trop tard..."
Il recule un peu, la regardant , le regard sévère et la bouche sans sourire. "Je ne l'aurais pas bien pris," dit-il, "si tu t'étais arrangée pour te faire tuer en restant dehors comme une complète imbécile au milieu d'une tempête faisant rage. En fait, je l'aurais très mal pris en effet."
"Je suis désolée," dit-elle de nouveau, sans conviction.
"Bien sûr, si tu as décidé que la compagnie des éléments est préférable à la mienne, je peux difficilement te blâmer; mais il pourrait être courtois de me donner juste une chance de plus..."
Elle commence à rire, mais est arrêtée par le sérieux soudain dans ses yeux. "Maud", dit-il. "Vraiment. Si tu as des regrets, des remords, je dois les entendre. J'ai vécu un mensonge bien trop longtemps pour jamais vouloir vivre un autre."
"Des regrets!" Le mot sort d'elle dans un choc et ses mains se raidissent sur ses bras. "A propos de toi ? Jamais."
"Pas de moi, peut-être. Mais de la vie que nous mènerons ensemble, de ce que l'avenir réserve..." Il fait une pause. "Nous n'avons jamais vraiment parlé de ces choses, toi et moi. Aucun doute que tu ait senti, comme je l'ai fait, que si jamais nous vivions pour voir notre jour de noces ce serait un miracle et qu'imaginer quoi que ce soit plus loin serait de la présomption. Mais je m'aperçois maintenant que j'ai peut-être été ... peu prévoyant." Curieusement touchée par son souci, elle s'étend, mettant sa main contre sa joue. "En toute honnêteté," dit-elle, "je n'ai jamais pensé à ces choses. Sans aucun doute nous pourrons prendre nos décisions d'avenir ensemble, quand le temps viendra. Mais que tu veuilles retourner à Poudlard, ou reprendre le laboratoire à Ste. Mangouste, ou faire breveter notre potion de régénération des nerfs et vivre des profits, ou te retirer dans le monde Moldu dans un ultime effort pour éviter Harry Potter - je serai à tes côtés, je serai toujours ta femme et je continuerai à t'aimer. Toujours."
Il libèra son souffle. "Alors que," dit-il avec un effort évident pour rester patient, "fais-tu ici?" "Je me remémorais les deux années passées, au lieu de vivre dans le présent. Pensais combien je t'aime et combien tu m'as manqué, tellement, alors que j'aurais du être avec toi. Et me suis fait si prendre à observer le développement d'un phénomène atmosphérique intéressant que j'ai oublié combien il était dangereux ." Elle lui fit un sourire embarrassé. "Bref, je fais l'imbécile."
"Oh," dit-il gravement. "Bien, je ne suis pas sûr que le problème puisse être traité à la racine rapidement, mais les effets le peuvent certainement . Puis-je suggérer, Mlle Maugrey, que vous veniez à la maison avec moi ? Je pense qu'un bain et quelques potions sont nécessaires."
Il a raison, bien sûr. Ses cheveux sont un embrouillement humide, ses vêtements sont détrempés et détirés et sa peau est éclaboussée de boue; elle doit sembler beaucoup moins attrayante en ce moment, elle pense d'un air piteux, qu'il ne l'a jamais fait. Pour ne pas mentionner la folie qu'elle vient d'avouer, qui n'est en aucun cas flatteuse non plus - et pourtant à peine a-t-elle formulé la pensée qu'elle se sent tirée dans ses bras et là dans l'obscurité éclairée par la lune au bord de la falaise, les lèvres de Rogue trouvent les siennes.
Quand enfin il la laisse aller, il ne parle pas de nouveau. Il lui offre simplement sa main et elle la prend.
"Oui," dit-elle, doucement, ses yeux tenant ceux ironiques et sombres en face d'elle, ses doigts entremêlés avec les siens. "Rentrons à la maison."
FIN
