D'un index rageur, elle remonte ses lunettes de soleil sur l'arête de son nez et garde les yeux braqués sur le terrain qui s'étale devant elle. Le doigt qui vient d'appuyer violemment contre la monture d'écaille vient s'emparer d'une boucle chocolat et la laisse s'enrouler et se dérouler sur un rythme régulier. La pauvre mèche, régulièrement malmenée par sa propriétaire, possède désormais un motif complètement différent de celui des autres, pour l'instant retenues par un élastique épais. Hermione ne s'en formalise pas, le tic est né durant ses longues heures de révision, le dos courbé au-dessus d'un épais grimoire, entouré des sons paisibles de la vaste bibliothèque de Poudlard.

Elle soupire pour ce qui lui semble être la millième fois depuis qu'elle s'est installée dans les gradins. Autour d'elle, la foule est disparate, composée à la fois des familles des joueurs et de leurs collègues. L'un des avantages qu'on obtient en sortant avec l'un d'eux. Elle est assurée d'avoir une place pour chacun des matchs, bien qu'elle soit rarement disponible pour y assister.

Elle baisse la tête en souriant, se demandant comment elle a bien pu finir entourée d'autant de sportifs, elle qui n'est pas vraiment friande de ce genre d'activité. Ginny, Ron, Harry, Drago, ils ont tous réussi à trouver des postes dans les différentes équipes professionnelles. Ginny chez les Harpies, en tant que poursuiveuse, bien sûr. Ron, gardien des Canons pour son plus grand plaisir, heureusement pour lui l'équipe s'en sort mieux cette année que les précédentes. Harry avait fini par craquer et quitter sa carrière d'Auror, rejoignant presque aussitôt le Club de Flaquemare, il y était déjà légendaire. Draco, quant à lui, faisait la fierté des Faucons de Falmouth depuis déjà cinq ans quand les choses avaient changé. Son sourire ne fait que s'élargir quand elle repense à cette époque. Inclinant la tête vers l'arrière, elle laisse l'air moite de la fin du mois de juin caresser ses joues en se remémorant.


Harry avait insisté pour qu'elle soit dans les gradins pour son tout premier match en tant qu'attrapeur professionnel et elle avait accepté, emportant un livre qu'elle avait glissé dans son sac juste avant de partir. Comme aujourd'hui, elle s'était installée dans le box prévu pour les familles et amis, en avance, et elle avait patiemment attendu le début du match en feuilletant son livre, qu'elle avait laissé tomber avec surprise en entendant la liste des joueurs de l'équipe opposée à Harry.

— MALFOY !

Malgré les hurlements de la foule, elle avait perçu le bruit sourd de son livre quand il s'écrasa sur le bois entre ses jambes. Elle avait relevé le nez, plus surprise qu'elle ne l'aurait cru, d'entendre son nom. Elle savait qu'il était devenu professionnel, elle l'avait assez entendu de la bouche de Ron, mais elle n'avait pas retenu l'équipe pour laquelle il jouait. Par réflexe, elle plissa les yeux, cherchant à apercevoir sa silhouette parmi celles des joueurs qui évoluaient sur le terrain. Elle eut du mal à retenir le ricanement qui manqua de s'échapper d'entre ses lèvres quand elle le repéra sans difficulté. Ses cheveux, toujours aussi pâles, tranchaient violemment avec l'uniforme noir des Faucons.

Elle s'empara sans même y penser de la paire de Multiplettes qu'elle avait achetée et actionna rapidement la molette pour pouvoir zoomer sur les joueurs. Sous ses yeux, le visage de Malfoy apparut, ses yeux gris acier concentrés, les cheveux coiffés différemment que lors de ses années à Poudlard s'agitant légèrement dans la brise qui s'était levée. Déjà dans les airs quand le reste de ses coéquipiers s'étirait encore au sol, il observait la foule autour de lui avec un regard attentif. Elle retint son souffle quand ses yeux semblèrent croiser les siens, avant de se rappeler qu'il n'avait aucune possibilité de la voir de là où elle se trouvait.

Il reprit son observation, la lèvre inférieure coincée entre ses dents et les sourcils légèrement froncés. Elle continua de le fixer tandis qu'il s'étirait, son balai fermement pressé entre ses jambes. Il leva le bras gauche et attrapa son coude de la main droite, tirant sur son bras tendu afin d'en détendre le triceps. Elle avait vu Harry effectuer ce geste un nombre incalculable de fois sans jamais en réaliser l'attrait. Elle cligna des yeux à plusieurs reprises en se rendant compte qu'elle avait zoomé sur ses mains, observant ses longs doigts engoncés dans des mitaines de cuir, lui permettant une meilleure accroche sur le balai, comme Harry le lui avait expliqué. Elle laissa retomber les jumelles en soufflant par le nez.

— POTTER !

Elle tourna le nez vers la zone d'où les joueurs de Flaquemare devaient sortir et sourit en voyant apparaître les boucles ébouriffées de Harry, oubliant pour quelque temps la présence de Malfoy sur le terrain. Elle braqua les jumelles sur lui et sourit en le voyant plisser les yeux comme s'il cherchait à l'apercevoir dans la foule. À ses côtés, Pansy ricana et la ramena à la réalité.

— On reluque, Granger ?
— Oh, la ferme, Pans !
— Non, mais je comprends, je le vois régulièrement mais j'ai tendance à oublier que ce n'est pas ton cas.

Pansy laissa échapper un rire sonore avant de tourner ses propres jumelles vers son conjoint qu'elle observa avec un petit sourire attendri. Hermione avait depuis longtemps laissé tomber sa rancœur envers Malfoy, ayant accepté ses excuses et l'ayant laissé filer hors de sa vie. Pourtant, elle avait pensé à lui au fil des années, notamment quand il était devenu clair que la relation d'Harry et de Pansy n'était pas qu'une passade.

Ginny l'avait quitté peu de temps après la fin de leurs études et il s'était contenté de hausser les épaules quand on lui avait demandé pourquoi. Ils n'avaient appris que bien plus tard que la raison qui avait poussé la cadette des Weasley à quitter son amour d'enfance s'était avérée être quelque chose pour laquelle Harry ne pouvait rien faire.

La tête de Percy avait valu son pesant d'or quand elle était arrivée, lors d'un des repas de famille, avec une main fermement enroulée autour de la taille de Padma Patil. Harry avait ricané dans sa barbe et secoué la tête avant d'embrasser chacune des jeunes femmes sur la joue, soufflant un « enfin » soulagé dans l'oreille de son ex-petite-amie. Il avait entamé sa relation avec Pansy quelque temps plus tard. À l'époque, il était encore Auror et elle travaillait au sein du Département en tant qu'assistante médicale. Elle accompagnait les équipes sur le terrain et avait déjà sauvé la vie de Harry trois fois quand il avait enfin trouvé le courage de l'inviter à boire un verre.

Hermione avait, à sa plus grande surprise, rapidement créé une amitié solide avec celle qui devrait, si les choses se passaient comme prévu, bientôt devenir la femme de son meilleur ami. Pansy était sarcastique, cynique et avait un esprit affuté, mais c'était aussi une amie loyale, capable d'une étonnante douceur et possédant un instinct de protection impressionnant. Hermione était vraiment reconnaissante de l'avoir dans sa vie et Pansy lui avait été d'un grand soutien quand elle avait choisi d'abandonner sa carrière au sein du Ministère pour suivre les pas de Bill.

Si la nouvelle avait surpris de nombreuses personnes, ceux qui la connaissaient savaient depuis longtemps que la passion d'Hermione pour les runes s'exprimait merveilleusement bien dans ce corps de métier. Hermione Granger, Briseuse de sorts, ç'avait du chien, mine de rien. Elle était rapidement devenue une figure reconnue dans le milieu, une fois son apprentissage terminé et elle croulait déjà sous les demandes après quelques mois de travail.

Perdue dans ses pensées, elle ne réalisa pas que le match avait commencé. Au départ, elle suivit l'action de loin, observant le va-et-vient rapide des joueurs le long du terrain, le Souafle passant de mains en mains à une vitesse impressionnante. Elle n'avait pas vu de match professionnel depuis la Coupe du Monde et devait bien avouer que c'était vraiment plus impressionnant que ce qu'elle avait pu voir durant ses études.

Les joueurs maîtrisaient leurs balais à la perfection, effectuant des figures hallucinantes, certains finissant même à l'envers maintenus uniquement par leurs jambes. Elle manqua de pousser un cri quand l'un des poursuiveurs de Flaquemare manqua de tomber de son balai, mais relança le Souafle à l'un de ses coéquipiers d'un violent coup de pied, alors qu'il était pendu par les bras au-dessus du vide. Elle zooma sur le joueur qui, forçant sur ses biceps, parvint à se hisser à nouveau sur le manche. Elle jeta un regard à Pansy, les yeux écarquillés et la bouche entrouverte.

— Ouaip. Le Quidditch, ça muscle.

Hermione se contenta de hocher silencieusement la tête, encore sous le choc. Elle reporta son attention sur le match, cherchant Harry à l'aide de ses jumelles. Elle le trouva rapidement, mais fut distraite par la chevelure platine qui traversa son champ de vision. Malfoy, l'air détendu, effectuait des huit au-dessus du terrain, volant à un rythme soutenu.

Une fois de plus, elle se laissa prendre au jeu et observa les mouvements subtils de son corps qui l'aidaient à guider le balai avec fluidité. Une contraction de la cuisse gauche, un léger décalage du poignet, une pression de ses phalanges. Elle sursauta quand un doigt effleura la commissure de ses lèvres et jeta un regard outré à Pansy qui observait son index avec attention.

— Je vérifiais juste que t'étais pas en train de baver.
— Oh, ça va ! Oui, j'admets qu'il… a changé.

Le rire de Pansy lui tira un sourire et elle secoua la tête avant d'ajouter.

— OK, OK, il est devenu vraiment pas mal, et il est doué qui plus est.
— Il a toujours été doué, c'est juste que Harry est d'un talent insolent.

Hermione ne put retenir son éclat de rire quand Pansy leva haut le nez, son air hautain de nouveau plaqué sur son visage.
Le match continua ainsi pendant de longues minutes, les deux équipes étant d'un niveau équivalent. Personne ne semblait prendre ouvertement l'avantage et Hermione commença à s'ennuyer un peu. Elle finit par sortir son livre et commença sa lecture, relevant le nez à intervalles irréguliers. Elle continuait à utiliser régulièrement ses Multiplettes pour repérer Malfoy ou Harry, sans être aussi attentive qu'au début du match. Elle était tellement perdue dans sa lecture qu'elle ne réalisa pas tout de suite ce qu'il se passait quand la foule sembla retenir son souffle.

Elle perçut d'abord, un bruit rapide et régulier près de son oreille et quand elle releva la tête, elle inspira un grand coup. Ses yeux s'écarquillèrent comiquement et sa bouche s'ouvrit en un "o" parfait. À seulement quelques centimètres d'elle, le bras tendu en avant, ses doigts s'arrêtant juste à côté de son oreille, le balai à l'arrêt, se trouvait Draco Malfoy. Il était si près qu'elle aurait pu compter les nuances de gris dans ses yeux (huit), qu'elle aurait presque pu sentir l'odeur de son parfum (cèdre et bois de santal) mêlée à celle de sa transpiration (pas désagréable). Elle pouvait voir chacune des mèches qui s'était agglutinée contre le voile de sueur qui couvrait son front. Elle pouvait percevoir que ses joues étaient rougies par l'effort et que sa poitrine se soulevait et s'abaissait avec rapidité.

— Baisse-toi.

Sa voix était descendue de plusieurs octaves depuis la dernière fois qu'elle l'avait entendue et elle n'était pas agressive ni sarcastique. Il y avait une certaine urgence dans son ton, mais rien de négatif ou de menaçant, simplement l'excitation du moment et, sans réfléchir, Hermione obéit. Elle s'aplatit en avant, le souffle court et le sentit lancer son balai à pleine vitesse, elle perçut le frémissement des branchettes qui en formait le bout quand le vent s'engouffra entre elles et elle releva le nez, se tournant presque entièrement sur son siège pour découvrir que Malfoy n'avait pas réussi à attraper le Vif d'or. Il fit un large demi-cercle et rejoignit le centre du terrain.
Pansy tapota frénétiquement contre le bras d'Hermione.

— Oh… C'était le truc le plus sexy que j'ai vu de ma vie.

Hermione, les joues écarlates et le souffle court, tenta désespérément de déglutir et tendit une main tremblante vers le verre de bière que Pansy tenait entre ses doigts.

— Ah, ouais, hydrate-toi.

Elle avala quelques gorgées de la boisson pétillante, sous le regard entendu de la sorcière, avant d'enfin retrouver l'usage de la parole.

— Dis-moi que t'as prévu de le voir après le match ? demanda-t-elle d'une voix plus aiguë que d'ordinaire.

Pansy laissa échapper un reniflement amusé avant de hocher la tête.

— Oui, Harry te l'a dit, d'ailleurs.

Elle poussa un soupir exaspéré devant l'expression perdue d'Hermione.

— On va boire des verres avec certains des membres de l'équipe de Harry et de l'équipe adverse.
— Oh… Oui, c'est vrai.
— Eh bien, Draco fait partie de ces joueurs.

Elle hocha la tête et soudain, le match prit un nouvel intérêt. Il fallait qu'il se termine. Le plus rapidement possible. Comme si les cieux l'avaient entendu, le jeu ne se prolongea que pour une demi-heure supplémentaire, avant qu'Harry ne réussisse à s'emparer du Vif d'or, marquant la première victoire de sa carrière professionnelle. Pansy était infernale près d'Hermione, sautillant sur place et hurlant sa fierté à qui voulait bien l'entendre, alors que sur le terrain, les membres de l'équipe de Harry menaçaient de l'écraser, lui sautant dessus les uns après les autres.

Hermione jeta un œil du côté des perdants pour découvrir l'équipe des Faucons tapotant gentiment le dos d'un Draco à l'air déçu. Elles suivirent la foule qui dévalait les gradins et attendirent patiemment la sortie des joueurs.

Hermione ne put lutter contre le sourire surpris qui étira ses lèvres quand les deux hommes émergèrent du couloir. Harry et sa silhouette longiligne, ses cheveux déjà dressés dans toutes les directions sur le dessus de sa tête. À ses côtés, Malfoy était beaucoup plus large, clairement plus grand et ses cheveux étaient plus sombres après la douche. Hermione leva la main pour les héler, mais Pansy courut à toute allure se jeter dans les bras d'Harry qui recula de deux pas en la réceptionnant. Hermione laissa échapper un rire en regardant la jeune femme couvrir le visage de son meilleur ami de baisers et secoua doucement la tête en s'approchant de Malfoy.

— Granger.

Il sourit, un vrai sourire, pas les rictus pleins d'agressivité qu'elle avait pris l'habitude de voir durant leurs années à Poudlard, et elle inspira précipitamment.

— Malfoy.

Il haussa un sourcil et son sourire se fit taquin, avant qu'il ne lance.

— Tu m'as fait rater le Vif d'or de peu tout à l'heure, Hermione. Sérieusement, qui vient à un match professionnel pour lire ?

Un frisson, malvenu et inattendu, traversa son échine quand son prénom s'échappa de ses lèvres. Il le disait d'une façon nouvelle pour elle, sa prononciation aristocratique accentuant différemment les syllabes. Elle leva le nez vers lui, surprise de la distance entre leurs deux visages. Il était si désespérément grand. Elle lâcha les joues un peu rouges.

— Hum… Harry voulait que je sois présente pour son premier match, puisque ni Ron, ni Ginny ne pouvaient être là, et euh… J'ai tendance à m'ennuyer rapidement pendant les matchs…

Elle tortilla nerveusement un fil dépassant de son écharpe sans oser le regarder dans les yeux et il laissa échapper un petit rire. C'était un son étrange de la part de la montagne qui lui faisait face, léger, presque enfantin.

— Je me moque de toi, Hermione. Y a pas de problème, ne t'en fais pas.

Elle s'apprêtait à répondre quand la main d'Harry s'abattit sur son épaule, avant qu'il n'embrasse sa tempe en la remerciant d'être venue. Elle le serra contre elle, heureuse de retrouver l'odeur familière de son savon et de son shampoing, avant de le féliciter, tandis que Pansy et Draco échangeaient des banalités à quelques pas d'eux.


Elle est tirée de ses pensées par une main venant s'emparer de son coude et sursaute légèrement en croisant le regard sombre de Pansy.

— Qu'est-ce que j'ai raté ?!

La jeune femme sent l'antiseptique et sa coiffure semble moins précise qu'à l'ordinaire. Hermione tend une main légère pour replacer quelques mèches qui rebiquent hors du carré parfait de Miss Parkinson avant de répondre en mâchonnant son chewing-gum.

— À part le fait qu'on cuit dans les gradins, trois buts du côté des Faucons, quatre pour Flaquemare, Harry a tenté de faire une feinte à Draco, mais il ne s'est pas laissé faire. T'étais où ?

Elle demande pour la forme, se doutant que la seule chose pouvant retenir Pansy lors de ce match est son travail.

— C'est la foire à Ste Mangouste, accident de transport en commun sorcier, on a eu une arrivée massive de patients environ une heure avant le début du match. Je te jure que si je croise le nouveau conducteur du Magicobus, je lui arrache la tête !

Hermione laisse échapper un rire avant d'étendre ses jambes sous le banc devant elle, étirant sa silhouette pour profiter au maximum du soleil. Elle revient d'une longue mission en Islande et a cruellement manqué de vitamine D durant ses longs mois d'absence. Elle pousse un petit soupir de contentement avant de reporter son attention sur le match.

Draco dessine ses éternels huit au-dessus de la zone de jeu, jetant des regards réguliers aux joueurs évoluant sous lui, ainsi qu'à Harry. Hermione n'a pas besoin de ses Multiplettes pour savoir que ses sourcils sont légèrement froncés, dessinant une petite ride sur son front, que sa lèvre inférieure est rougie d'avoir été mordillée sans répit et que, quelque part sous le col de son uniforme, l'on peut voir la trace de ses dents. Elle pousse un nouveau soupir en se remémorant la quinzaine de minutes ayant précédé le match.


Le patronus d'Harry avait traversé le mur pour la trouver dans la file d'attente.

— Vestiaire, je peux l'entendre hurler d'ici.

Elle avait abandonné la file d'attente et s'était empressée de se diriger vers le couloir réservé au personnel. Le vigile l'avait laissé passer avec un haussement d'épaules et elle s'était précipitée vers le vestiaire des visiteurs. Son petit poing avait toqué légèrement contre la porte et la tête du coach de l'équipe était apparue dans l'embrasure.

—Oh, par Merlin, enfin. MALFOY, RAMÈNES TOI ! avait-il hurlé à l'intérieur de la pièce tirant un haussement de sourcil à Hermione.

Draco était apparu à sa place, torse nu, ne portant que la paire de pantalons moulants qu'il enfilait pour jouer et elle inspira profondément. Son regard sombre et ses cheveux épars d'y avoir passé les mains à de multiples reprises, étaient parlant quant à son état d'anxiété. D'une main douce, elle l'attira hors du vestiaire, jusqu'à un placard proche.

— Respire.

— Je peux pas, Hermione, c'est la finale. J'ai l'impression que je vais exploser de stress, je suis capitaine, on ne peut pas perdre ce match, les gars comptent sur moi et je me sens incapable de quoique ce soit.

Se juchant sur la pointe des pieds, elle s'était emparée de ses joues en se plaquant contre lui. Ses lèvres s'étaient automatiquement entrouvertes à l'approche des siennes et elle n'avait pas perdu de temps. S'engouffrant dans la brèche, sa langue était venue taquiner celle de Draco dans une valse sensuelle. Il s'était rapidement alangui contre elle, ses paumes se refermant sur ses hanches, ses pouces se glissant sous le tissu de sa blouse pour dessiner des cercles contre la soie de sa peau.
Un léger geignement lui avait échappé quand elle avait reculé et s'était laissée tomber à genoux devant lui. Il s'était reculé, laissant la majorité de son poids reposer contre ses épaules nues, les jambes légèrement écartées, tandis qu'elle délassait avec dextérité l'avant de son pantalon. Elle avait levé le nez vers lui, s'assurant de son accord avant de s'emparer de son sexe déjà semi-érigé.

D'une main rendue habile par l'habitude, elle l'avait amené jusqu'à sa pleine érection avant de laisser sa langue recueillir les quelques perles laiteuses qui s'étaient accumulées au bout de son gland. Il avait poussé un soupir de plaisir, une de ses mains se plaquant contre le mur, la seconde venant s'enrouler dans les mèches chocolat qui s'étalaient sur ses épaules.

Elle ne lui avait pas laissé le temps de réfléchir et d'un mouvement souple, l'avait enfoncé le plus profondément possible entre ses lèvres. D'une main, elle massait ce qu'elle ne pouvait atteindre, laissant l'autre se glisser jusqu'à ses bourses qu'elle soupesa doucement, les faisant lentement rouler au creux de sa paume. Elle poussa un gémissement de plaisir en percevant son inspiration saccadée et en entendant son nom s'échapper d'entre ses lèvres.

Elle avait continué ses va-et-vient avec langueur, sans se presser, ne cherchant qu'à éloigner l'esprit du sportif du match à venir. Ses lèvres s'étaient faites encore plus caressantes, sa langue s'était pressée contre la couronne ultrasensible, effleurant la zone tendre de son frein avant de s'enfoncer légèrement dans la rainure de laquelle s'échappaient régulièrement des gouttelettes douce-amères. Elle l'avait lapé avec tendresse, partant de la base pour suivre une veine palpitante jusqu'à son gland avant de l'enfoncer tendrement dans les profondeurs brûlantes de sa gorge, qu'il avait senties se contracter à plusieurs reprises autour de l'épaisseur de son sexe.

Pourtant, Draco semblait avoir une autre idée en tête. D'une main ferme, il la força à reculer et elle laissa échapper un petit couinement de mécontentement, avant de comprendre ce qu'il avait en tête. Elle n'eut pas le temps de dire quoique ce soit qu'il la soulevait dans ses bras et la plaquait contre le mur qui lui avait jusqu'alors servi d'appui.
Une main habile se faufila sous le tissu léger de sa jupe et ses doigts trouvèrent, sans chercher, la chaleur humide entre ses cuisses. Il écarta la dentelle détrempée de ses sous-vêtements pour mieux s'insérer entre les nymphes trempées qu'il effleura avec révérence. Elle glapit de surprise quand il glissa deux doigts en elle, sans aucune préparation, mais elle se laissa, rapidement, fondre entre ses bras, son pouce trouvant sans problème la pointe durcie de son clitoris qu'il caressa en cercle concentrique. Ses doigts, allant et venant en elle, pressaient avec régularité contre cette zone particulièrement sensible, forçant ses muscles à se contracter de façon spasmodique autour de son index et de son majeur.

— Besoin… Besoin d'être en toi. Hermione, s'il te plait.

— Prends-moi, prends-moi, prends-moi…

La tête relâchée en arrière, les yeux clos, elle laissa cette litanie s'échapper d'entre ses lèvres, ses hanches ondulant au rythme lancinant de ses doigts. Elle n'eut pas le temps de prendre sa prochaine inspiration, qu'il s'enfonçait lentement en elle, d'une poussée continue. Elle geint, la bouche plaquée contre sa gorge, la pression délicieusement familière et pourtant toujours aussi surprenante, lui coupant le souffle. Il était si long, si épais, qu'il la remplissait parfaitement et elle laissa échapper un petit râle de contentement.

— Dra-co…

— Putaiiin… Si serrée… Parfaite pour moi.

Il resta immobile, quelques secondes, avant d'entamer un rythme languide qui ne fit que s'accélérer. Rapidement, elle se trouva enroulée autour de lui comme une liane, ses bras autour de sa nuque, ses jambes autour de ses hanches, la bouche plaquée contre la peau sensible de son cou pour étouffer les gémissements qui lui échappaient de façon régulière. Draco la tenait d'une main sous ses cuisses, la seconde lui servant à se maintenir debout contre le mur.

Elle haletait rapidement, tremblante sous les assauts de ses coups de butoir, l'orgasme enflant rapidement en elle. Elle chercha à tâtons la bouche de Draco, embrassant l'angle de sa mâchoire, sa joue, goûtant le sel du voile de sueur qui s'était déposé sur sa peau laiteuse. Elle trouva finalement sa bouche, mais ne parvint pas à l'embrasser tant le souffle lui manquait. Ils restèrent de longues secondes ainsi, bouche contre bouche, lèvres ouvertes, incapable de s'embrasser réellement, se contentant de respirer le même air. Les mouvements de Draco se firent erratiques et la main qui le maintenait contre le mur se faufila entre eux pour aller d'abord effleurer, avec une forme de vénération mêlée de surprise, l'endroit où ils étaient joints, recueillant de la pulpe des doigts l'humidité qui s'étalait là, afin de mieux l'apporter plus haut, à la jonction des lèvres trempées.

— Jouis pour moi, Hermione, souffla-t-il tout contre son oreille entre deux halètements.

Deux de ses doigts encerclèrent le petit paquet de terminaisons nerveuses rapidement et il n'en fallut pas plus. Elle se cambra contre lui avant de s'écraser contre son torse, enfonçant ses dents dans la peau juste au-dessus de sa clavicule pour contenir le cri de plaisir qu'il lui arracha. Il grogna au-dessus d'elle et, en quelques coups supplémentaires, les lèvres pressées contre sa tempe, il se déversa en elle. Comme toujours la sensation des contractions répétées tira une série de petits gémissements à Hermione. Les jambes de Draco flageolèrent légèrement après son orgasme et il laissa échapper un petit rire surpris en reculant de deux pas pour atteindre le mur opposé contre lequel il s'appuya. Elle releva la tête, les joues rouges et les cheveux en bataille pour lui sourire à pleine dent.

— Merde… lâchat-il en effleurant sa joue du bout des doigts. T'es fantastique…
— Je sais, répondit-elle d'un air faussement hautain.
— Je t'aime.
— Je t'aime aussi.

Elle sourit et lui embrassa le bout du nez avant de se tortiller pour qu'il la repose par terre, elle lança un rapide Tergeo, les nettoyant tous les deux. Il relassa l'attache de son pantalon tandis qu'elle entrouvrait la porte pour s'assurer que le couloir était vide. Ils n'avaient même pas pensé à lancer un Assurdiato et elle ricana en se faufilant hors du placard. Draco la suivit, sa grande main enveloppant fermement la sienne, beaucoup plus fluette.

— Tu te sens mieux ? Prêt à botter le cul d'Harry ?

Il secoua la tête en souriant, avant de s'arrêter devant la porte du vestiaire. Il lui restait encore une dizaine de minutes pour se préparer. Il se pencha lentement et glissa une paume autour de la joue de la petite sorcière, qu'il embrassa à pleine bouche.

— Merci, mon cœur.

— Mais de rien, ce fut un plaisir.

Une fois de plus, il rit en la regardant s'éloigner, avant d'ouvrir la porte.

— Eh Malfoy ?!

Il tourna rapidement la tête dans sa direction, un sourcil confus haussé dans sa direction. Elle lui tira la langue, sur laquelle se trouvait une petite boule blanche qu'elle se remit à mâchonner. Il éclata de rire en se rendant compte qu'elle lui avait volé son chewing-gum et il riait encore quand un de ses coéquipiers le traîna de force au milieu du vestiaire.


Hermione est ramenée au match par le cri outragé de la foule. Elle est debout, les Multiplettes fermement serrées entre ses doigts avant de se rendre compte qu'il ne s'agit que d'une grosse frayeur. Un Cognard a manqué de peu l'un des membres de Flaquemare et la foule a surréagi. Elle se laisse retomber près de Pansy avec un soupir de soulagement.

— J'arrive pas à comprendre comment tu peux continuer à paniquer comme ça après cinq ans ?

— J'ai sept années d'entraînement gravées dans la mémoire, avec Harry qui se mettait dans les pires situations sur le terrain, ça aide vraiment, mais alors vraiment, pas.

Pansy hoche la tête avec une petite grimace, se rappelant elle aussi des matchs auxquels Hermione fait référence.

Heureusement pour elle, durant ces années, elle n'avait eu d'yeux que pour Draco, Blaise et Théo qui devaient, déjà, se débattre avec leurs situations compliquées. Harry n'avait été qu'une idée de passage, quelqu'un qu'elle insultait en passant dans les couloirs, rien d'autre. Jusqu'à la bataille où il avait alors été la porte de sortie, la seule solution de survie pour eux tous. Elle s'en voulait encore.

Parfois, elle se réveillait en hurlant, lorsque dans ses cauchemars la foule d'élèves l'écoutait et offrait Harry en pâture à Voldemort. Harry était toujours là pour la consoler dans ces moments, toujours là pour apaiser les battements erratiques de son cœur, ses doigts effleurant sa peau avec la douceur d'une brise. Ses lèvres murmurant des paroles sans sens au creux de son oreille jusqu'à ce que son souffle s'apaise. Il était si bon et elle avait été si horrible. Parfois, elle n'arrivait toujours pas à croire en sa chance. Celle de Draco. Celle de Blaise et Théo, qui s'étaient trouvé après tout ce temps. Elle déglutit et se força à se concentrer sur le match et sur la présence rassurante d'Hermione auprès d'elle.

Hermione saute sur ses pieds quand elle voit Draco foncer à toute vitesse vers l'un des buts. Elle sautille sur place, tandis qu'il fend l'air, Harry à sa suite. Elle jure, c'est si dur, si compliqué pour elle. Elle sait qu'Harry veut vraiment gagner ce match, qu'une victoire lui offrirait un potentiel poste de capitaine au sein de son club, mais Draco en a besoin. Il en a besoin pour lui, pour ses joueurs, pour enfin arrêter de sans-arrêt remettre en doute son droit à être ici, sur ce terrain.

Hermione presse les Multiplettes contre ses yeux avec une telle force qu'elle se fait mal, mais elle ne veut pas rater une miette du spectacle. Le Vif d'or, percevant l'arrivée rapide des deux attrapeurs, s'est enfui et Draco et Harry, au coude à coude, le poursuivent autour du terrain. Ils tournent si raidement qu'elle a peur de les voir se faire éjecter de leurs balais, mais ils s'accrochent, slalomant entre les joueurs qui ne se sont pas arrêtés de jouer. La main se Pansy est fermement pressée dans la sienne et les deux jeunes femmes marmonnent des encouragements pour leurs compagnons à mi-voix, incapable de quitter l'action des yeux.

Le temps semble s'arrêter et Draco plonge sur son balai, manquant d'en tomber, mais ses doigts se referment sur la petite balle dorée et les ailes du Vif d'or s'arrêtent. Il redresse le manche de son balai avec dextérité, le poing dressé vers les cieux, un cri de joie lui échappant. Derrière lui, Harry se laisse retomber lourdement sur sa selle et secoue la tête avec un sourire un peu déçu. Il s'approche néanmoins de Draco pour venir lui tapoter l'épaule et le serrer contre lui.

Les joueurs se laissent tous redescendre petit à petit alors que le public, autorisé à le faire, se déverse sur la pelouse pour féliciter les vainqueurs et consoler les perdants. Hermione suit la foule et s'y faufile du mieux possible. Elle lâche la main de Pansy, qui détale pour aller se jeter au cœur de la mêlée qui entoure Harry. Il la niche sous son bras, la protégeant des assauts, plus ou moins tendres, des membres de son équipe qui se réconfortent les uns les autres.

Hermione sourit en les observant avant de se tourner vers l'équipe victorieuse. Draco est porté par ses coéquipiers qui hurlent rythmiquement « Cap ! Cap ! Cap ! ». Elle s'arrête à quelques mètres, les laissant profiter entre eux d'une victoire bien méritée.
Ils laissent finalement Draco redescendre et, le poing toujours serré autour de son balai, le Vif d'or sagement glissé dans une des poches de son uniforme, il cherche Hermione des yeux. Elle s'élance vers lui et il la rejoint en quelques enjambées. Sans s'arrêter, et sans lâcher son précieux balais, il glisse une main sous l'une de ses cuisses et la soulève contre lui comme si elle ne pesait rien. Elle enroule ses jambes autour de sa taille et l'embrasse avec tendresse couvrant son visage souriant de baisers légers

— T'as gagné ! Tu l'as fait !

— Parce que j'avais mon porte-bonheur dans le public.

Elle rit, la tête penchée en arrière, les rayons du soleil couchant allumant quelques reflets sanguins dans ses mèches brunes. Elle est tellement belle, tellement légère et libre, ainsi juchée dans ses bras.

Elle lui coupe le souffle, lui vole tout son air et il se laisserait asphyxier avec plaisir si ça pouvait la rendre heureuse. Elle est l'univers concentré en un être humain, sa force et toutes ses faiblesses regroupées en une silhouette minuscule. Elle fait tourner la Terre et toutes les étoiles avec la puissance de son intellect, peut le mettre à genoux d'un sort comme d'un regard. Il n'est rien face à elle, rien qu'un garçon perdu. Elle est femme et il est si heureux, si chanceux, d'avoir pu poser la main sur elle.

Sans réfléchir, il lâche son balai et glisse son second bras sous elle, la laissant descendre juste assez pour pouvoir croiser son regard en penchant la tête en arrière. Il cligne des yeux à plusieurs reprises quand il se trouve prisonnier des deux orbes ambrés et il déglutit difficilement. Les secrets du monde se trouvent nichés au creux des nuances chaudes de ses yeux, il le sait.

— Épouse-moi, Hermione.

Sa voix n'est qu'un souffle, mais elle l'entend haut et clair malgré la foule qui chante avec vigueur sa joie d'avoir gagné. Ses paumes abandonnent les épaules sur lesquelles elle s'appuyait, sans en avoir besoin, pour mieux venir se déposer sur les joues du sorcier, de l'athlète, qui lui fait face. Elle caresse la peau incroyablement douce de ses pommettes et dévore son visage des yeux. Il est d'une beauté à couper le souffle, les cheveux humides, la peau luisante, les joues roses, sa lèvre inférieure rougie d'avoir été malmenée. Elle l'effleure de la pulpe de son pouce, avant de croiser ses yeux. Ils expriment tant de choses. Il y a tant d'abandons, une quasi-vénération, dans le regard qu'il pose sur elle, que sa gorge se serre et que ses yeux brûlent légèrement. Il semble sur le point de s'effondrer, beau comme une cathédrale en ruines, sa toiture ouverte aux cieux. Elle secoue ses boucles brunes en riant, les larmes aux yeux.

— Redemande-moi quand tu n'es pas occupé à fêter la plus grande victoire de ta carrière, mon amour. Je te dirais oui, à ce moment-là.

Draco croit bien mourir quand elle hoche négativement la tête, mais la phrase qu'elle lui offre ensuite le réchauffe aussi sûrement qu'une de ses jarres de flammes bleues. Il la broie presque contre lui en l'embrassant avant de l'attraper sous les aisselles pour la jucher sur ses épaules. Elle pousse un cri de surprise et il rit quand elle est obligée de tirer sur le tissu de sa jupe qui s'est accroché sur le dessus de son crâne. Mais elle s'accroche fermement à lui en riant à gorge déployée et il récupère le Vif d'or pour le lui offrir.

Il penche la tête, l'arrière de celle-ci appuyant doucement contre l'une des cuisses de la sorcière, afin de la regarder observer le petit objet. Elle est si délicate dans son toucher, si gracieuse. Il se baisse, sans se pencher afin de ne pas la déranger, pour ramasser son balai et prendre la direction des vestiaires. Il entend les sifflements de ses camarades, leurs rires, et les ignore pour mieux s'échapper avec, sur les épaules, une des merveilles du monde.