Petite Frileuse


Rated : G

Genre : Family, Fluff

Characters : Balsa Yonsa, Jiguro Musa

Pairing : None


Résumé Complet

Jiguro n'aurait jamais su ce qu'il l'attendait comme vie, quand il a pris Balsa sous son aile en fuyant Kanbal. Être un père monoparental, c'est dur. Encore plus quand cet enfant est celui d'une autre personne. Chaque jour, il fait de son mieux pour que Balsa ne manque de rien, ce qui inclut les vêtements, la nourriture et sa sécurité avant toute chose.

Une nuit, il découvre une nouvelle facette cachée chez la petite fille qu'il a sauvée...


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Jiguro n'avait aucune idée de comment prendre soin d'un enfant. Il n'avait jamais été préparé à ça. Balsa et lui avaient vingt ans d'écart. Il avait l'âge de pouvoir être son père. Parfois, il avait l'impression qu'il la gardait et qu'un jour, il la remettrait à son père. Le guerrier serait alors déchargé de sa garde et de sa sécurité. Mais il savait profondément en lui que ce scénario n'arriverait jamais : Karuna allait être assassiné et Jiguro ne pouvait pas se permettre de mettre la vie de Yuka en danger en retournant affronter Rogsam en personne.

Ça faisait trois semaines qu'ils avaient fui leur pays natal. Sa lance avait été réparée pendant la première semaine. Jiguro et Balsa étaient maintenant à Rota, proche de la frontière qui délimitait le Nouvel Empire de Yogo, après avoir déambulé ici et là et dissimulé leurs traces. Les températures commençaient à baisser avec l'arrivée de l'automne, selon les dire des Yogoese, mais étant habitués au climat montagnard et plus frisquet de Kanbal, Jiguro et Balsa ne virent pas grand différence avec leur lourde cape sur les épaules. Pour eux, la chute de température n'était pas drastique avec ce vêtement typique de Kanbal qui protégeait bien du froid mordant. Balsa avait pleuré un long moment, réclamant son père et même sa mère, parfois, dans de forts sanglots mélangés à des cris.

« Je veux retourner à la maison ! pleurait-elle. »

Pour ne pas attirer l'attention sur eux, Jiguro lui avait demandé de baisser le volume de sa voix. Alors l'enfant ne pleurait plus de façon aussi audible, mais silencieusement. Il savait qu'il ne pouvait pas restreindre une fillette aussi jeune au niveau de ses émotions, et que c'était cruel, mais leur survie en dépendait.

La nuit commençait à tomber et la visibilité devenait plus réduite. La petite se frottait constamment les yeux et commençait à trainer de la patte. Le Lancier du Roi finit par se retrouver avec une Balsa sur le dos, à moitié somnolente.

« J'ai faim..., murmura-t-elle.

- Nous allons s'arrêter bientôt. »

Il se crut capable de continuer à marcher un moment, mais même son ventre grognait de famine. Jiguro finit par louer une chambre dans une auberge. Il l'avait demandé avec deux lits, mais à sa plus grande surprise, il s'était retrouvé qu'avec un seul. Heureusement, le prix était identique pour un lit que pour deux. Il y avait aussi une petite table basse. La pièce semblait vraiment vide, mais il y avait quelques touches pour rendre le tout plus confortable et accueillant. L'espace entre le lit et la porte était recouvert d'un tapis finement tissé et une petite cheminée était encastrée dans le mur.

Balsa ouvrit légèrement les yeux lorsque Jiguro l'allongea sur l'unique lit, mais elle les referma rapidement. La chambre était froide, même après que Jiguro l'ait enveloppée dans des couvertures chaudes. La petite n'arrêtait pas de frissonner.

« Je vais allumer un feu tout de suite, ça ne sera pas long, déclara-t-il. »

Il y avait des charbons ardents à l'intérieur de la cheminée. Jiguro les remua et ajouta du bois à l'intérieur. Il tendit les mains au-dessus du feu et fixa les flammes dansantes. Il avait séjourné quelques fois dans cette même auberge lors de voyage d'affaire, alors il connaissait bien les lieux et les repas. Il vérifia que la fumée du feu montait par l'étroite cheminée de la pièce et jeta un œil à l'enfant.

« Je vais chercher à manger. Je reviendrai, promis. »

Balsa le regarda partir et attendit, fermant les yeux pour une courte sieste. Jiguro prit le chemin vers la cuisine et entra dans la salle à manger pour acheter du lait frais de brebis et de la bouillie de blé. Ce n'était peut-être pas du lait de chèvre, mais ça restait du lait quand même. Il sépara les portions pour lui et Balsa sur un plateau, avant de retourner dans leur chambre. En alerte, sa petite protégée se réveilla en sursaut.

« Désolé de te réveiller, Balsa, sortit Jiguro. Je nous ai apporté de quoi manger. »

Elle se redressa et sortit du lit, tirant la couverture sur ses épaules.

« C'est quoi ? demanda-t-elle.

- De la bouillie de blé. Du gruau. »

Balsa s'approcha des deux plats et renifla. Elle fit une moue dédaigneuse. Elle était habituée aux produits de chèvres. Et même si la petite avait une faim urgente, toute la nourriture avait une odeur et un goût horribles. Elle se forçait parce que Jiguro mangeait et que seule sa survie en dépendait. Il n'aimait pas la voir faire sa difficile, alors Balsa se pliait à sa volonté, même si elle ne mangeait que très peu au début.

Heureusement, le verre de lait sembla l'apaiser un instant. Jiguro l'observa boire. Il fut soulagé de voir qu'elle ne faisait pas de différence de goût entre le lait de chèvre et le lait de brebis. Une fois repue, Balsa se glissa à nouveau sous la couverture en courtepointe, emmitouflée de sa petite cape en surplus.

Après avoir lu un moment à la lueur d'une bougie, Jiguro se redressa et alla vers le lit. Balsa avait choisi de se coucher en plein centre et semblait toute petite sur le matelas. Il soupira et la bougea légèrement pour avoir une petite place. Il tira un peu sur la courtepointe et s'endormit, tout en restant sur ses gardes.


Jiguro rouvrit les yeux. Il ne savait pas trop pourquoi son corps physique l'avait poussé à sortir de son sommeil, mais il scruta les alentours et écoutait le moindre bruit. Par réflexe, il chercha la courtepointe pour se couvrir, mais il remarqua qu'il n'avait plus rien sur lui. Il jeta un œil à Balsa qui dormait profondément, voire même, ronflait un peu et vit qu'elle avait tiré la couverture pour l'avoir à elle seule. Jiguro en prit un coin et tenta de la tirer un peu vers lui, comme elle avait déjà sa cape sur son dos. L'enfant grogna dans son sommeil et il fut surprit de voir à quel point elle était tenace et... forte physiquement ?

Bon, pensa-t-il, je vais prendre ma cape alors.

Il se retourna et tendit le bras vers le sol, où il avait laissé choir sa cape. Il se couvrit, réconforté par la chaleur avant de refermer les yeux. Encore une fois, Jiguro se réveilla. Il chercha sa cape de la main et ne trouva qu'un bout reposant sur lui.

« Mais... qu'est-ce que... ?! »

Il tourna les yeux vers l'enfant et remarqua alors que, malgré ses deux épaisseurs, Balsa était parvenue à lui voler sa cape dans son sommeil ! Jiguro resta un moment, sans bouger, à regarder le plafond, se demandant maintenant quoi faire.

Il se souvint que les auberges Rotan laissaient toujours une couverture en surplus dans l'armoire. Alors il se redressa, ouvrit l'armoire et y trouva une couverture. Il y avait quelques sachets d'herbes séchées qui servaient à éloigner les mites de vêtements et autres insectes indésirables. Par réflexe, Jiguro secoua doucement la couverture et retourna proche du lit. Il tournoya sur lui-même une fois pour s'enrouler de la courtepointe et finit par s'allonger. Avec son poids, il ne pensait pas que Balsa serait en mesure de lui voler la dernière couverture pour la nuit. Convaincu, il ferma les yeux et s'endormit.


Il devait être proche l'aube quand le guerrier ouvrit finalement les yeux, naturellement. Il faisait encore assez sombre pour que la pièce soit plongée dans la pénombre. Jiguro roula sur lui-même, manquant de peu de tomber au sol et tourna encore un regard protecteur sur Balsa. Il n'en crut pas ses yeux ! Sa courtepointe était rendue de moitié sur l'enfant qui n'était presque plus visible sous ces épaisseurs de couvertures !

Alors là, je n'y comprends plus rien, avoua-t-il intérieurement. Comment Balsa ait pu prendre autant de couverture en une seule nuit ?

Désespéré et désirant récupérer quelques heures de sommeil avant de se remettre en route, Jiguro eut une idée brillante en tête. Il entoura le corps de Balsa – s'il parvenait à la retrouver, enroulée sous toutes ces épaisseurs – de ses gros bras musclés et la souleva de sorte qu'elle soit sur lui, avec toutes les couvertures. S'il ne pouvait avoir une couverture, alors il prendrait l'enfant qui venait avec ! Balsa n'ouvrit même pas les yeux.


La fille de Karuna se réveilla finalement de sa nuit. Elle bougea un peu, manquant de peu de frapper Jiguro à l'entrejambe, avant de se redresser sur ses genoux.

« Bon matin ! Je fais quoi sur toi ? s'étonna-t-elle.

- Tu as bien dormi ? questionna Jiguro, simplement.

- Oh oui !

- J'espère. Avec toutes les couvertures que tu as gagnées, j'ose croire que ta nuit a été réparatrice. »

Balsa pencha la tête, décidemment confuse du matin.

« Tu as pris toutes les couvertures ! s'exclama le lancier. Y compris ma cape !

- Ah ? »

Elle regarda les couvertures qui l'entouraient.

« Mais bon, il s'agit seulement de l'instinct de survie quand tu as froid, termina-t-il en posant une main sur sa petite tête. »

Pour toutes réponses, elle éclata de rire et se recoucha sur Jiguro. Ce dernier s'amusa de sa réaction. Il allait devoir trouver des moyens pour garder Balsa au chaud, car il semblerait qu'elle soit frileuse de nature et avait facilement froid. Ils déjeunèrent rapidement et Jiguro continua de se pratiquer pour peigner l'enfant de son mieux. La queue de cheval était la coiffure la plus facile à réaliser et Balsa se montrait souvent impatiente si on jouait trop longtemps dans ses cheveux.

« On va faire quoi, aujourd'hui, Jiguro ? questionna Balsa.

- Nous retournons à Yogo. Ça nous prendra quelques journées, mais une fois rendu là-bas, je vais t'acheter une poupée ainsi que quelques vivres et échanger de la monnaie. Ensuite, nous irons voir une bonne amie à moi, dans les montagnes.

- Une amie ?

- Oui. Son nom est Torogaï. »

Il referma la porte d'entrée de bienvenue de l'auberge, sa lance en main et son balluchon sur son dos avec sa cape. Il prit la main de Balsa et commença à marcher sur la route principale qui menait vers Yogo, à l'est.

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FIN