Disclaimer : Magnificent Century Kösem est l'oeuvre de Yılmaz Şahin .
Résumé : Quelque chose était arrivé à Ömer, Osman en avait la certitude. [Magnificent Century : Kösem]
Note de l'auteur : Cet OS est une réponse au défi 192 de la page Facebook Bibliothèque de Fictions. Les règles étaient : cent mots minimum, votre personnage est enlevé. Ses amis / famille vont tout faire pour le retrouver.
Liste des dettes du Discord « Défis Galactiques » : 50 nuances de personnages historiques (05/50) + Prénom 202 : Osman + Scorpion : Osman II + Osman II + Titre du 28/01/2022 : Garde l'espoir
Garde l'espoir
Alors qu'il allait tirer sa flèche, un froid immense s'empara d'Osman. Le sentiment que quelque chose d'horrible était arrivé et alors que l'un de ses gardes s'inquiéta, il entendit s'échapper des lèvres du souverain le nom de son bébé. Quelques secondes après, Cennet dévalait les marches du jardin, complètement échevelée, à bout de souffle et paniquée.
-Majesté !
-Cennet ? Que se passe-t-il ?
L'impression qu'une horreur avait eu lieu ne le quitta pas.
-C'est le prince Ömer !
Assis dans ses appartements, Osman essayait d'assimiler la nouvelle. C'était un cauchemar ! Alors que les répétitions pour rejouer la bataille de Khotyn allaient bon train, un groupe masqué avait débarqué et assassiné les janissaires qui veillaient sur les armes. Il avait alors fondu vers le berceau d'Ömer. Meleksima avait tenté de le protéger mais elle avait été blessée. Akile, quant à elle, avait essayé d'intervenir également pour empêcher l'enlèvement du bébé. Sauf qu'en tentant de secourir la favorite et le petit sehzade, elle aussi avait été secouée...
Tellement que le travail avait commencé prématurément.
Son âme-soeur était à l'infirmerie, en train d'être soignée et on avait clairement annoncé au sultan que c'était grave.
Son épouse légale, qu'il n'aimait pas autant et pas aussi puissamment que Meleksima mais qu'il appréciait énormément, était en train d'accoucher trop tôt, ce qui la mettait en danger, elle et leur enfant.
Et son fils, lui, s'était envolé dans la nature.
Il se prit la tête entre les mains, se mordant la lèvre, essayant de ne pas sombrer. S'il s'écroulait, comment sauver son bébé ? Zulfikar s'était immédiatement mis au travail, tout le monde au palais était interrogé, les portes de la ville étaient fermées, les quartiers passés au peigne fin... Et lui, il était là, au lieu d'être dehors à fouiller chaque recoin pour trouver son garçon. Ce n'était pas faute d'avoir voulu. Il avait ordonné qu'on le laisse y aller. Sauf que pour une fois, presque tout le monde avait été unanime :
Sa place était au palais, c'était trop dangereux.
Il était le padichah du monde et la seule chose qu'il pouvait faire, c'était attendre.
Les portes de sa chambre furent ouvertes. Kösem entra aussitôt sans se faire attendre. Il leva la tête.
-Osman...
Elle était essoufflée, elle avait certainement couru.
-Je sais que je t'ai désobéi. Je suis bannie après tout.
Il ne répondit pas. A cet instant, il n'arrivait plus à penser logiquement. Le fait qu'il l'avait punie pour tenir un divan secret derrière son dos lui avait complètement échappé.
-Mais dès que j'ai appris ce qu'il s'était passé, je ne pouvais pas ne pas venir. Si je peux faire quoi que ce soit pour t'aider...
Dès qu'elle constata sa lèvre qui tremblait, elle s'assit à ses côtés sans attendre et le prit dans ses bras. Il lui rendit immédiatement son étreinte et il fondit en larmes, tous ces pleurs qu'il retenait.
-On va retrouver Ömer, Osman. Je te le promets. Ceux qui ont fait ça le payeront.
Oh oui, ils allaient le payer.
Assis près d'Akile dans sa chambre, Osman tenait contre lui sa fille. L'accouchée, elle, tenait son frère... des jumeaux. Il avait eu des jumeaux, comme son père avant lui. Le travail avait été long, mais la mère comme les enfants se portaient bien, comme par miracle. Le jeune homme aurait aimé avoir le cœur en fête, avoir son âme parfaitement ivre de ce bonheur merveilleux comme quand il avait découvert son fils pour la première fois... sauf qu'il n'y arrivait pas et il s'en voulait. A peine ses enfants étaient-ils nés qu'il faisait déjà des différences...
-Comment se porte la sultane Meleksima ? S'enquit la nouvelle mère
Meleksima était toujours inconsciente, mais l'hémorragie avait été stoppée.
-Si vous êtes d'accord, quand elle pourra quitter l'infirmerie, je ferai installer un lit ici pour elle. Elle ne doit pas rester seule dans un moment pareil. Je lui tiendrai compagnie... et j'essayerai de faire en sorte qu'elle ne voit pas les jumeaux. Je ne veux pas en ajouter à sa peine.
-Tu es un ange, Akile.
-C'est bien normal. Elle est votre cœur tout entier. Vous êtes notre point commun. Veiller sur elle, c'est veiller sur vous.
Il embrassa son front.
-Avez-vous des pistes ?
On avait évoqué la piste de janissaires renégats insatisfaits suite aux prises de bec entre le sultan et ses soldats lors de la campagne de Pologne. Sauf que l'un de ceux qui faisaient partie de la bande et qui avait été arrêté avait de suite annoncé que l'armée n'était pas impliquée. Il tentait de penser à d'éventuels ennemis. Rien ne venait. Il était incapable de réfléchir. Tout ce qu'il voyait, c'était le berceau vide de son nourrisson, sa peur de le retrouver mort, l'angoisse de perdre Meleksima...
-Nous le retrouverons. Allah ne permettra pas qu'il lui arrive malheur.
-Il a bien laissé un hiver glacial me punir de l'exécution de mon frère...
-Vous ne savez pas si c'était pour cela.
-Si tu parles des rumeurs...
Il y avait en effet des rumeurs qui circulaient. La défunte sultane Safiye aurait comploté pour qu'Osman croit son frère coupable de trahison. Le but était de causer la mort, un ébranlement du pouvoir de Kösem, pour revenir sur le devant de la scène.
-Si elles sont vraies, vous êtes aussi une victime et le Ciel ne punit pas les innocents.
Les innocents... soudain, dans son esprit, un déclic.
Il y avait au palais un seul véritable innocent, un adulte véritablement exempt de péchés et qui payait pourtant pour tous, tel le Christ des chrétiens.
Son oncle Mustafa.
Et si lui n'aurait jamais fait de mal à Ömer, sa mère, elle, avait bien fait enfermer tous les fils d'Ahmed quand elle avait trahi Kösem. Elle avait rompu leur alliance selon laquelle la haseki laissait le pouvoir à Mustafa, pour permettre à ses fils d'être encore des enfants un moment, pour essayer d'endiguer la loi du fratricide, et en échange, les princes restaient sains et saufs. Halime les avait parqués comme des animaux, en représailles pour l'isolement de son fils pendant des années, malgré le fait qu'Osman lui-même rendait visite au jeune homme régulièrement dès que cela lui avait été autorisé. Qu'il avait gardé le secret de sa maladie mentale. Et si Davud Pasha n'avait pas désobéi à la validé par amour de Dilruba, qu'elle aurait sacrifiée volontiers sur l'autel de son si précieux garçon, aujourd'hui, ils seraient tous morts, étranglés. L'ancienne concubine de son grand-père aurait pu vouloir se débarrasser du petit prince pour rapprocher son fils du trône. Et il y avait Dilruba elle-même, la cruauté incarnée...
Akile vit ses yeux s'illuminer et elle comprit qu'il savait.
-Aghas !
Les gardes entrèrent.
-Je veux que l'on fouille les appartements des sultanes Halime et Dilruba. Interrogez-les. Ainsi que Davud Pasha. Que l'on fouille également les appartements du sehzade Mustafa. Mais qu'on le laisse en paix.
-Majesté, les sultanes pourraient ne pas vouloir se soumettre aux questions.
-Si elles ne s'y soumettent pas, torturez-les.
Quand ils virent le sérieux sur le visage du jeune homme, ils n'osèrent pas répliquer.
-C'est un scandale ! Je suis de la dynastie ! Je n'ai pas à être traitée ainsi ! Votre sultan se croit tout permis !
Kösem eut un sourire en entrant. Constatant le poing serré de son fils qui se contenait, elle les toisa.
-Votre sultan ? N'est-il pas le vôtre aussi, Dilruba ? Oubliez-vous qu'à l'instar de mon regretté Ahmed, notre padichah a pardonné vos péchés, protège votre frère et vous a permis de le voir le jour de son couronnement en signe de bienveillance ?
Elle eut la décence de ne pas répliquer.
-Mes sultanes. Le sultan souhaite simplement entendre votre version. Tout le monde est interrogé, il le fait par souci de magnanimité et de transparence. Tenta Zulfikar
-Parce qu'il l'a fait pour son frère, peut-être ? Railla Halime. C'est un véritable serpent et il vous tuera tous un jour.
-Vous utiliserez le passé contre nous, sans aucune preuve !
Mais alors qu'elles voulaient un peu plus se défendre, les portes s'ouvrirent. Humasah entra, accompagnée de Mustafa, lequel tenait dans ses bras un bébé qui gémissait. Le cœur d'Osman bondit dans sa poitrine alors qu'il reconnut aussitôt la voix de son fils. Il en oublia sa tante et sa grand-tante et se précipita auprès de son oncle pour prendre son tout petit contre lui. C'était lui. C'était bel et bien lui. Et les Cieux étaient loués, il n'avait rien. Il n'était pas blessé. Il ne semblait pas malmené. Juste un peu perdu suite aux chamboulements récents. Une fois la chaleur parentale ressentie, il se tranquillisa et sourit à son père. Le souverain embrassa son front et le berça. Sa mère rayonnait, soulagée au-delà des mots. Halime et Dilruba, elles, observaient Mustafa et leurs expressions les condamnaient : il les avait trahies. Davud baissa les yeux, comprenant que la partie était terminée.
-Mère et Dilruba m'ont amené Ömer. Confia-t-il à son neveu. Je ne sais pas pourquoi. Mais j'ai trouvé ça étrange. Jamais tu ne te séparerais comme ça de ton enfant. C'est mal de séparer un enfant de ses parents.
Le padichah posa une main amicale sur son bras.
-Je vous crois, mon oncle.
-Quand Humasah est arrivée et qu'elle m'a dit qu'on le cherchait, je lui ai dit qu'il était avec moi.
Il se tourna vers le trio.
-Quand ma mère vous offre une place au soleil, vous la remerciez en m'enfermant et en tentant de me tuer avec mes frères. Quand elle protège Mustafa, vous cherchez à la détruire. Je vous laisse demeurer au palais. Je vous laisse voir mon oncle. Par Allah, Dilruba, j'ai élevé votre mari au rang de mes ministres ! Et c'est ainsi que vous me remerciez ?! En enlevant mon enfant ?! En mettant en danger les jours d'Akile et de Meleksima ?!
Si Halime eut l'intelligence de faire profil bas, sa fille, elle, eut l'audace de lui faire face.
-Tu n'es sur le trône que parce que ta mère t'a mise dessus ! Elle t'en fera descendre pour avoir tué son vrai fils !
-Le mien n'a rien à voir dans ses histoires !
-Tout comme toi, il porte le sang d'Ahmed ! Il a enfermé Mustafa ! Il a causé sa maladie ! Vous êtes des infâmes, tous !
-Que comptiez-vous faire à mon fils ?
-Oh, tu l'aurais rejoins bien assez tôt...
Osman lui tourna le dos, confia son enfant à sa mère et demanda à sa grand-tante d'escorter son oncle dehors. Il ne voulait pas qu'il voit ce qui allait se passer. Il semblait pourtant comprendre car il leur lança un dernier regard, rempli de son amour, de sa tristesse mais aussi de sa colère : elles avaient causé ce terrible adieu. Quand le sultan se saisit du sabre de Zulfikar, Halime réalisa ce qui allait se passer.
-Vous n'avez pas le droit ! Dilruba est le sang de la dynastie, on ne verse pas le sang de la dynastie !
-Quand on trahit la dynastie, on perd le droit d'en faire partie.
Il l'avait dit avec tant de haine et de froideur que même Kösem prit peur. Les aghas maintenaient les prisonniers, notamment Davud quand il constata que le jeune souverain allait commencer par son épouse. Il ne lui laissa pas le temps de proférer la moindre supplication. D'un geste net et précis, il lui trancha la tête. Le cri de la favorite de Mehmed III résonna dans la pièce alors qu'on lui arrachait le reste de son cœur. Osman se dirigea vers Davud et le pourfendit à son tour, avant de reporter son attention sur la survivante qui pleurait toutes les larmes de son corps.
-Pitié... ne tuez pas Mustafa... il n'a rien fait, il ne savait pas, on ne lui a rien dit...
Il refusa de lui dire qu'il n'avait jamais eu l'intention de le faire exécuter. Elle méritait de partir dans l'angoisse. Sans un mot, il passa son épée au travers de son corps.
-Aghas. Zulfikar Pasha.
-Majesté ?
-Il n'y aura aucun pardon.
La veuve d'Ahmed avait déjà vu son fils adoptif en colère. Mais cette rage glaciale l'effrayait plus encore. Ils avaient creusé au plus profond de lui et avaient ouvert une véritable boîte de Pandore : ils avaient éveillé sa cruauté. Son intransigeance. Elle craignait qu'il n'y aurait plus de jours comme ceux d'avant, qu'il ne soit plus jamais vraiment le même, marqué à vie par cet acte ignoble. Seuls le temps et l'amour parviendraient peut-être à de nouveau sceller cette porte infernale.
-Tout ceux qui ont participé, de près comme de loin, à l'enlèvement de mon fils seront exécutés. Que vous les étrangliez, que vous les jetiez dans des sacs dans le Bosphore, que vous les battiez à mort, peu me chaut. Mais ils meurent tous.
-Et le prince Mustafa, Majesté ?
-Le prince Mustafa n'a été qu'un outil. Laissez-le.
La ville deviendra vite la spectatrice de la vengeance de son leader, lequel sera surpris d'apprendre que la foule haranguera les mécréants et rendront leurs derniers instants encore plus infernaux.
La mort de Mehmed, l'hiver, semblaient oubliés.
Malgré son épuisement, Meleksima eut un cri de joie et un sourire radieux en voyant Osman arriver avec leur fils dans les bras. Il le lui confia, s'assit à ses côtés, profitant de sa chaleur, des petits bruits de leur enfant.
-J'ai eu si peur...
-Plus personne ne lui fera de mal. Je m'en suis occupé.
-J'ai essayé de le protéger... j'ai échoué...
Le jeune homme lui embrassa la tempe.
-Tu as fait tout ce que tu as pu. Tu n'as pas à rougir.
Akile arrivait. Cependant, en les voyant, elle voulut rebrousser chemin pour les laisser profiter de leurs retrouvailles. L'alitée la vit.
-Rejoins-nous. Ömer doit rencontrer son frère et sa sœur, non ?
De loin, Kösem observait la félicité familiale retrouvée de son aîné, avant de s'éclipser pour être réunie à ses cadets : Osman lui avait pardonné. Et elle était bien déterminée à ne plus commettre les mêmes bêtises. Si elle voulait le protéger, désormais, elle le ferait à ses côtés, et non plus dans son dos.
FIN
