Résumé : Naruto a fait interruption dans la vie de Sasuke comme un boulet de canon, mettant fin à des années d'une solitude qu'il n'était même pas pleinement conscient de vivre.
Intense, brûlant de mille feux, et paraissant inaccessible.
Il a mis le monde de Sasuke à terre, l'a entraîné contre son gré directement dans le mur qu'il avait créé, et l'a mis au défi d'arrêter les dégâts qu'il continuait de faire dans son coeur.
Disclaimer : Naruto n'est pas ma propriété.
Blabla de l'auteur : Bienvenue dans ce qui sera, selon mon inspiration et ma flemme, un four ou un five shots. Les parties sont extrêmement longues alors on peut considérer que c'est une minie histoire. Encore une fois, je me suis laissée emporter, car je voulais écrire quelque chose de léger, mais on se retrouve avec quelque chose de beaucoup trop long, pour le coup.
En tout cas, bonne lecture et n'hésitez pas à me laisser des commentaires, ça fait plaisir.
La publication sera, je l'espère, régulière. Une partie tous les 18 du mois, sauf en cas d'empêchement.
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Partie 1 - You didn't give me time /
Dans tes yeux si clairs, je lis les rêves de l'homme.
Dans tes yeux si sombres, je contemple la nature en fleur épanouis.
Verts des prés, rouge des flammes et des étoiles.
Les yeux des autres mondes. Tous les yeux de l'Univers.
Bernard Dadié.
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Fredonnant la flûte enchantée de Mozart, Naruto nettoyait la chambre principale de la villa Hotaru no Hikari sans perdre une seconde.
Tout serait allé tellement plus vite si le reste de son équipe avait été là, mais ses collègues avaient eu un accident en chemin. Par chance, personne n'avait été blessé ; mais comme la camionnette qui les transportait était bonne pour la casse, Naruto se retrouvait livré à lui-même. Et bien que l'agence lui ait ordonné de se concentrer sur les pièces principales et la salle de bain, la quantité de travail resait astronomique. Non seulement l'endroit était immense, mais les baies vitrées à n'en plus finir ne lui avaient pas facilité la tâche. Avec une telle passion pour les surfaces en verre, les meubles blancs et les grands espaces vides, il était évident que le propriétaire n'avait pas d'enfants.
Épuisé après plus de deux heures de ménage intensif, Naruto essora la serpillière puis retira l'un de ses gants en caoutchouc pour s'essuyer le front. Laissant son regard tomber de nouveau sur le lit spacieux, il poussa un soupir rêveur. Il était ridiculement grand et les draps en soie plus blancs encore que le revêtement d'un ange, n'incitaient qu'à s'y prélasser sans vergogne. Rien à voir avec son matelas rugueux et minuscule dont il était déjà tombé deux fois dans son sommeil depuis son aménagement à Konoha. À la réflexion, l'appartement – pour ne pas dire le placard à balais -, qu'il partageait avec Shikamaru et le petit Kawaki tiendrait presque tout entier dans cette simple pièce.
Poussant un autre soupir, il remit ses gants et se força à se remettre au travail. On ne le payait malheureusement pas pour se détendre. Si un agent de sécurité le voyait la tête dans les nuages et prévenait son patron, il pourrait dire adieu à son travail et ce n'était pas une option envisageable. Alors il se dirigea d'un pas résolu dans la salle de bain tout en renfilant sa protection.
Toutefois, Naruto resta bouche bée sur le seuil. Une salle de bain avec fenêtre panoramique sur la mer, voilà une chose qu'on ne voyait pas tous les jours. C'était incroyablement magnifique, bien que quelque peu intimidant.
En revanche, il déchanta devant la taille de la baignoire, si large qu'il dut y entrer pour la nettoyer correctement. Après avoir réussi par il ne savait quel miracle à ne pas glisser une seule fois pendant sa tâche, il s'attaqua à la douche italienne, dont la modernité avait de quoi décontenancer ses pauvres yeux habitués à un simple pommeau de douche à moitié rouiller et sans robinet pour le chauffage. Il observa le nombre incalculable et plutôt impression de commandes de la douche, les sourcils chiffonnés d'incompréhension. D'où l'eau était-elle censée couler, au juste ? Tout ce qu'il voyait c'était un panneau de commande. Les gens riches étaient visiblement incapables de faire les choses comme le commun des mortels, se laver y compris.
Il se remit néanmoins au travail. Mais alors qu'il se hissait sur la pointe des pieds afin d'atteindre le haut d'une des parois en verre, il perdit l'équilibre sur le sol savonneux, et heurta de plein fouet le panneau de commande. Avant qu'il ne puisse se remettre du choc, un puissant jet d'eau glacée jaillit de la paroi qui lui faisait face et l'arrosa en plein visage, lui arrachant un cri d'effroi. Les yeux fermés, il tâtonna pour presser le premier bouton que sa main trouva…et déclencha un autre jet d'eau qui le toucha aux reins. Pris de panique, il essaya frénétiquement toutes les commandes, ce qu'il regretta aussitôt. Tour à tour brûlé et saisi par le froid, il se retrouva rapidement trempé de la tête aux pieds le temps de parvenir à couper tous les jets d'eau.
Les jambes flageolantes comme s'il venait de courir un cent mètres, Naruto se laissa glisser le long de la paroi pour reprendre son souffle et se remettre de ses émotions.
« Je hais la haute technologie », grogna-t-il en grelottant.
Il retira ses gants de ménage, essora tant bien que mal ses cheveux, puis se remit sur pied avec un regard consterné sur son uniforme dégoulinant qui lui collait à la peau.
Ça et la crotte dans laquelle il avait marché ce matin avant de se rendre au café, il allait commencer à croire que quelqu'un, là-haut, lui en voulait.
Impossible de se servir des serviettes du client, ce serait très inconvenant de sa part et pas du tout professionnel. Et s'il traversait la villa dans cet état, il mettrait de l'eau partout et n'aurait plus qu'à tout recommencer. Pas le choix donc, s'il voulait sortir de là, il lui fallait se déshabiller, passer son uniforme au sèche-linge et espérer que personne ne le surprenne.
Mais la chance n'était décidément pas de son côté, aujourd'hui. Il avait à peine commencé à tordre ses vêtements dans la douche lorsqu'un bruit dans l'escalier le fit violemment sursauter.
« Qui est là ? », s'écria-t-il d'une voix horrifiée, le cœur battant. « Si vous êtes de la sécurité, n'entrez pas dans la salle de bain parce que je-… »
Les mots moururent dans sa gorge alors qu'une belle brune, visiblement pas japonaise, apparaissait sur le seuil, coiffée et maquillée à la perfection, vêtue d'une robe de soirée qui moulait son corps svelte. Naruto, qui se tenait quant-à lui en slip orange, pieds nus et les cheveux ruisselants, resta paralysé de stupeur.
« Sasuke ! », lança la jeune femme, dans un accent horrible et cassant, par-dessus son épaule. « Je peux savoir pourquoi il y a un homme nu dans ta salle de bain ? »
« Qu'est-ce que tu racontes ? »
Un frisson parcouru Naruto. Un frisson sans aucun rapport avec le froid qui le glaçait. La voix grave qui s'était élevée du couloir était familière – trop familière. Il aurait voulu à cet instant qu'un des nombreux boutons de la douche soit une commande de siège éjectable plutôt que d'avoir à subir une situation pareille.
Lorsque Sasuke Uchiha apparut derrière la jeune femme brune, le regard qu'il darda sur Naruto le transperça comme une lame. C'était donc ça le fameux effet Uchiha ? Pas étonnant que tout le monde soit dans ses petits souliers en sa présence.
« Eh bien ? », s'enquit ce dernier sans même sourciller.
Le ton inquisiteur tira Naruto de sa torpeur. Lâchant son uniforme trempé, il attrapa la première serviette qui lui tomba sous la main et s'enroula de la tête au pied à l'intérieur, au diable le professionnalisme. Comment cet homme pouvait-il rester si impassible alors qu'il venait de trouver un type à moitié nu dans sa salle de bain ?
Luttant contre le regain d'angoisse qui saturait sa poitrine, Naruto tenta maladroitement de fournir une explication rationnelle à la situation dans laquelle il se trouvait.
« Je peux tout expliquer…je suis l'employé de ménage et… »
Une exclamation indignée l'interrompit. La petite amie de Sasuke Uchiha le foudroyait du regard.
« Un employé de ménage qui se douche chez un client, on aura tout vu ! Sasuke ! », geignit-elle d'une voix désagréablement haut perchée en se tournant vers l'interpellé. « Qui est cet homme ? »
Naruto déglutit et loucha sur le doigt manucuré qu'elle pointa dédaigneusement sur lui tout en guettant anxieusement la réaction de l'autre homme.
Elle ne tarda pas, aussi imperturbable qu'un iceberg au milieu d'un océan agité.
«Tu l'as entendu, Nikita. Il fait le ménage. »
« Parce que tu me crois assez bête pour avaler une énormité pareille ? », cracha-t-elle, dans une frénésie proche de l'hystérie. « Je sais qu'il a passé la nuit ici et qu'il n'a pas compris qu'il était censé débarrassé le plancher ! »
Naruto faillit s'étrangler avec sa salive. Il ouvrit la bouche pour protester, mais la brune ne lui en laissa pas l'occasion.
« Je peux comprendre que tu me trompes, mais pas avec un obèse comme lui ! »
« Pardon ? », s'offusqua-t-il.
D'accord, l'amour qu'il avait développé ces deux derniers mois pour la malbouffe ne lui réussissait pas, mais il était loin d'être obèse.
Nikita ignora son intervention et poursuivit sur sa lancée, son doigt menaçant maintenant tourné vers son petit ami.
« Je vais partir d'ici et je veux qu'à mon retour, il ne reste plus aucune trace de sa présence ! »
Sasuke la toisa sans rien dire et ils s'affrontèrent du regard, si bien que Naruto, pourtant simple témoin de la scène, gigota d'inconfort. Il priait toujours qu'une divinité quelconque ait pitié de lui et qu'un gouffre sans fond s'ouvre sous ses pieds pour qu'il puisse se dérober à ce quiproquo fort embarrassant.
Le menton levé, et après avoir balancé une autre série de juron et de menace, la jeune femme brune disparut dans le couloir. Ses talons aiguille claquèrent furieusement dans l'escalier de marbre, faisant tressaillir Naruto à chacun de ses pas, jusqu'à ce que la porte d'entrée se referme avec fracas au loin.
Le malaise qu'il éprouvait atteignit des sommets lorsque les yeux noirs de Sasuke se braquèrent de nouveau sur lui.
« Je suis navré », bafouilla-t-il en s'inclinant bien bas, agrippé à sa serviette comme à une bouée de sauvetage.
« Vous n'y êtes pour rien. Veuillez pardonner la manière dont elle s'est adressée à vous. »
Naruto resta bouche bée lorsqu'à son tour, l'homme s'inclina de manière très formelle face à lui.
« Mon Dieu, je vous en prie, redressez-vous ! », s'étouffa-t-il, les yeux ronds comme des soucoupes. « Si je n'avais pas eu cet…Incident, votre petite amie m'aurait trouvée habillé et n'aurait pas déduit que… »
Les joues écarlates, il préféra taire le reste de sa phrase. Le frisson qui le secoua de nouveau était-il dû au froid ou bien au regard que Sasuke Uchiha laissa glisser sur sa silhouette ? Les deux, sans doute.
« Que s'est-il passé ? », lui demanda-t-il dans un registre toujours aussi curieusement poli.
«Votre douche contient plus de boutons que le cockpit d'un Boeing 742, voilà ce qui s'est passé ! », s'écria le jeune homme. « Il n'y a même pas de mode d'emploi. »
Il se mordit la lèvre après sa salve rageuse, il n'avait pu s'empêcher de hausser le ton à cause d'un reste de mélange très hétérogène d'embarras et de frustration. Son patron lui en tint-il rigueur ? Difficile à dire, son visage était toujours aussi flegmatique et sa voix ne trahit aucune émotion lorsqu'il lui répondit :
« Je n'ai pas besoin de mode d'emploi pour faire fonctionner ma propre douche. »
« Eh bien, ce n'est pas mon cas », renifla le blond avec distinction. « Je ne pouvais pas deviner quel bouton permettait de couper l'eau ! »
« Et vous les avez donc tous testés ? », répliqua l'homme d'affaires avec ce qui ressemblait à de l'amusement. « Espérons que vous ne vous retrouverez jamais aux commandes d'un Boeing 742. »
Vexé malgré lui, Naruto s'efforça de préserver le peu de dignité qu'il lui restait. Il s'était assez donné en spectacle pour toute une vie.
« Ne vous moquez pas de moi ! J'étais livré à moi-même et j'ai paniqué. En plus, vous êtes rentré plus tôt que prévu. »
Le briefing avec le manager avait pourtant bien spécifié que le client leur laissait carte blanche pour toute la soirée. C'était en partie pour cette raison que Naruto ne s'était pas dérobé malgré le désistement involontaire du reste de son équipe, il s'était dit qu'il aurait tout le temps d'honorer le contrat, malgré le fait qu'il soit seul sur le terrain. Visiblement, leur intel était fausse.
Sasuke Uchiha se tenait bien devant lui et haussait sceptiquement un de ses sourcils parfait.
« Notifier aux autres mes changements de programme n'est pas dans mes habitudes. »
À ces mots, Naruto sentit son audace l'abandonner. Sasuke avait parfaitement raison. Pourquoi aurait-il à se justifier ? Il était chez lui, après tout. Les gens riches n'avaient habituellement jamais tort, en particulier lorsque leur argent et leur pouvoir entraient en jeu. Et surtout pas lorsqu'ils découvraient des jeunes hommes dans des positions compromettantes dans leur salle de bain.
Et si Sasuke en parlait à son supérieur ? Naruto sentit un froid de pierre l'envahir à cette idée. Il se ferait virer à coup sûr si son manager avait vent de son écart, et sans prendre en compte les facteurs atténuants tels que sa maladresse ou le fait qu'il aurait pu tomber, se fendre le crâne et mourir sur le sol d'une salle de bain à deux millions de yens.
Sasuke n'avait – pour l'instant -, montrer aucun signe d'une quelconque agressivité, mais rien ne lui garantissait qu'il ne comptait pas aller s'en plaindre, pour autant qu'il le sache.
Incapable de soutenir plus longtemps son regard, le jeune homme fixa le couloir derrière lui, assaillit par le besoin viscéral de prendre la fuite à toute jambe, dut-il se balader en slip orange dans tout le quartier pour cela.
« Je suis vraiment désolé», s'excusa-t-il encore. « Je ne voulais pas créer un conflit entre vous et votre amie. »
Sasuke haussa négligemment les épaules, toujours aussi à son aise que s'il se baladait dans son salon – ce qui était presque le cas, en vérité.
« Elle va revenir. »
« Ah », ricana nerveusement le blond face au ton plat qu'il avait employé. « C'est donc une habitude ? »
Sasuke poussa un micro soupir.
« Nikita est très caractérielle. »
« Et pas très sympathique, non plus », maugréa-t-il entre ses dents, la gorge encore obstruée par ses remarques désobligeantes.
Pas assez bas, visiblement, pour que Sasuke ne l'entende pas puisqu'il lui jeta un regard narquois. Le coin des lèvres relevé en ce qui s'apparentait à une esquisse de sourire.
Naruto n'était habituellement pas adepte de méchanceté gratuite, mais cette Nikita s'était tout de même montrée parfaitement odieuse, pour une raison qui, si elle avait daigné lui accorder une minute de crédit, ce serait révélée parfaitement invalide.
Il fut sorti de ses pensées par Sasuke qui retirait sa veste de costume pour la jeter sur son épaule avec désinvolture. Il l'observa un instant, fasciné par son apparence ô combien séduisante, ainsi que la finesse des muscles que sa chemise de haute couture ne cachait en rien.
« Si je puis me permettre », risqua-t-il, détournant le regard avant d'être complexé par sa beauté éthérée. « Pourquoi ne vous êtes-vous pas défendu ? Si vous lui aviez expliqué que vous n'aviez rien à vous reprocher, elle vous aurait cru. »
« Vous lui aviez fourni une explication et vous avez dit la vérité, je présume ? Êtes-vous l'employé de ménage ? »
« Évidemment. »
« Dans ce cas, il n'y a rien que j'aurais pu ajouter. »
Naruto ouvrit des yeux ronds devant cette réaction. Comment pouvait-on se soucier si peu d'avoir une scène de ménage devant une tierce personne ?
« Comment vous appelez vous ? »
Sortant de sa stupeur, il cligna des yeux et mit quelques secondes à comprendre que la question s'adressait vraiment à lui. À comprendre tout court que Sasuke ne l'ait pas encore jeté dehors comme un insecte s'accrochant à ses murs.
« Naruto », répondit-il, assez maladroitement. « Naruto Uzumaki. »
« Naruto, laissez-moi vous inviter à dîner pour excuser la façon dont Nikita s'est comportée avec vous. »
« Quoi ? » s'étrangla-t-il. « Non ! Je ne peux pas accepter ! »
Sasuke le fixait, l'expression toujours aussi neutre, placide.
« J'insiste. »
« Mais… ça ne ferait qu'étayer ses soupçons. Je…Vraiment, monsieur Uchiha, je ne peux pas accepter. », bafouilla-t-il, encore incertain de si c'était la réalité ou s'il n'avait pas des hallucinations visuelles et auditives.
« Je dois me rendre à l'inauguration du restaurant d'un de mes amis, et c'est en partie de votre faute si Nikita ne va pas m'accompagner. Vous me devez bien ça », déclara Sasuke.
Naruto sentit une bulle de rire sauvage et incontrôlable se former dans sa poitrine, et essaya de la supprimer. Il devait se barrer d'ici avant que Sasuke ne reprenne ses esprits et s'en occupe à sa place.
« Je suis censé nettoyer votre maison ! »
« Inutile. Si j'en crois la quantité d'eau dans la salle de bain, le réez de chaussée ne devrait pas tarder à être inondé. Le ménage se fera tout seul ; je n'aurais pu rêver mieux. »
D'abord interloqué, Naruto se surprit à pouffer. Qui aurait cru que Sasuke Uchiha se révélerait… Drôle?
Si ça se trouvait, il était en train de rêver, et il allait se réveiller d'une minute à l'autre dans la baignoire après s'être assommé contre le panneau de commande de la douche.
« Vous n'allez pas me licencier ? », se hasarda-t-il en le suivant dans la chambre.
Un rictus étira les lèvres sensuelles de l'homme d'affaires. Naruto manqua perdre l'équilibre, glisser et s'humilier encore plus qu'il ne l'avait déjà fait.
« Je n'ai même rien à porter », ajouta-t-il dans une dernière tentative de le convaincre d'abandonner cette idée sordide.
« Nous allons vous trouver quelque chose », assura Sasuke d'un ton désinvolte, sortant son téléphone de sa poche, comme si ce n'était qu'un détail d'une contrariété mineure.
« Vous ne connaissez pas même pas ma taille ! », protesta-t-il vainement.
Le regard appréciateur que le beau brun fit glisser sur son corps le troubla au plus haut point.
« Ce n'est pas un problème. »
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Alors que Sasuke était concentré sur l'écran de son smartphone, assis près de lui à l'arrière de la Mercedes qui les conduisait vers le lieu de la fameuse inauguration, Naruto se demandait de plus en plus s'il y avait quelque chose dans ce monde qui était capable d'ébranler cet homme.
Il ressemblait à une statue de glace. Une statue de glace incroyablement belle, cela dit. Il avait un profil aristocratique, le nez droit, les pommettes hautes et saillantes, les lèvres pâles et roses, sans compter les boucles noires qui encadraient son visage anguleux mais néanmoins, incroyablement masculin.
Naruto avait les entrailles soudainement nouées. Il le trouvait incroyablement et injustement beau.
Sasuke était en litige avec sa copine à cause d'un malheureux malentendu et possiblement en attente de rupture puisqu'il ne l'avait toujours pas rappelé depuis son départ précipité de la villa – Naruto savait à quel point les femmes aimaient qu'on leur coure après -, et cela ne semblait lui faire ni chaud ni froid. Il n'était pas le moins du monde bouleversé, comme s'il n'y attachait aucune espèce d'importance.
Il n'avait jamais rencontré quelqu'un avec une telle indifférence froide et stoïque.
« Monsieur Uchiha ? », souffla-t-il, presque avec timidité, soucieux de ne pas être inopportun. « Je viens de me rendre compte d'une chose affreuse… »
Lorsque Sasuke détourna ses yeux de son cellulaire pour les poser sur lui, Naruto retint son souffle, la bouche brusquement asséchée par l'intensité surnaturelle de ses prunelles d'obsidiennes.
« Appelez-moi Sasuke. »
« Vous n'y pensez pas ! », se gargarisa-t-il. « Cette familiarité serait déplacée, c'est vous qui payez mon salaire, je vous rappelle ! »
« Votre salaire ? », feignit de s'étonner le brun. « Curieux, j'aurais juré que vous m'aviez dit être étudiant. »
Naruto esquissa un sourire malgré son malaise évident. Il revint cependant sur le trublion initial de ses pensées.
« L'inauguration est couverte par la presse, n'est-ce pas ? Ce qui veut dire que votre petite amie va apprendre que je vous accompagne. Elle va être persuadée qu'elle a raison de croire que… »
Il laissa de nouveau sa phrase en suspens, tout à coup écarlate.
« Que nous avions passé la nuit ensemble ? », termina l'Uchiha à sa place, amusé. « Dois-je comprendre que l'idée que nous puissions être amants est une 'chose affreuse', à vos yeux ? »
Naruto baissa lesdits yeux vers ses mains pour se soustraire tant bien que mal à son regard et espéré retrouver une certaine contenance.
« Ce n'est pas ce que j'ai dit », marmonna-t-il.
« C'est donc une idée séduisante ? »
Le taquiner de cette manière eut parfaitement l'effet escompté au vu de son sourire de plus en plus narquois. Naruto avait piqué le fard le plus monumental de sa vie.
« Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, monsieur Uchiha. », renifla-t-il avant de se mettre à badiner, comme à chaque fois qu'il tentait d'évacuer la pression. « J'ai vu la photo qui a fuité dans les tabloïds, vous savez, celle où vous êtes à la piscine. Me retrouver nu à côté d'un corps comme le vôtre ? La honte ! Je passerais mon temps à essayer de rentrer le ventre pour faire sortir les abdos que les hamburgers quatre fromages ont emporté. »
Sasuke laissa échapper un petit souffle erratique. Ce qui se rapprochait le plus d'un éclat de rire tonitruant de sa part.
« Je vous ai vu en petite tenue il y a moins d'une heure », lui rappela-t-il.
« Ne m'en parlez pas ! », s'exclama Naruto en se couvrant le visage de ses deux mains.
Il poussa un gémissement tortueux et regarda timidement à travers ses doigts pour voir que Sasuke réprimait à peine un autre rictus.
Soudain, la nervosité de Naruto grimpa en flèche lorsque la voiture s'engagea dans la rue pavée de l'établissement, qui comme il s'y attendait, était ce genre de complexe très prisé par la haute société, où même l'eau valait l'équivalent du PIB d'un pays du tiers-monde. D'accord, il exagérait un peu, mais juste un peu. Alors, et malgré la conversation légère qu'ils venaient d'échanger, il commençait déjà à se sentir nauséeux et à l'étroit dans sa propre peau.
Tentant tant bien que mal de penser à autre chose qu'à lui en train de se ridiculiser devant des caméras, il se tourna vers Sasuke, un sourire crispé aux lèvres.
« Le propriétaire du restaurant est un de vos amis proches ? »
« Nous avons fait l'école ensemble », répondit-il évasivement avec cette manière polie qu'il avait de tenir les gens à l'écart. « C'est le troisième qu'il ouvre. »
« J'aurais peut-être dû opter pour un ensemble moins près du corps », maugréa le jeune homme en lissant les plis inexistants de sa veste blanche. « Et bon Dieu, mettre une chemise en dessous. »
Nerveusement, il essaya de tirer sur le col baillant de la veste qui dévoilait sa gorge et ses clavicules. Lorsqu'il s'était vu pour la première fois dans cet ensemble, il avait d'abord pensé que le résultat chevauchait assez admirablement l'oser du glamour, sans être vulgaire. Il ne s'était objectivement pas senti aussi… Bien depuis un moment.
Mais de plus en plus que la voiture avalait les mètres qui les séparaient de leur lieu de destination, il avait commencé à se sentir tout bonnement hors de son élément de prédilection. La réalité des choses lui éclaboussait pratiquement le visage. Et il faisait peut-être une minie crise d'angoisse. Au début, toute cette mise en scène était excitante. Maintenant, c'était juste effrayant.
« Pouvons-nous faire un détour ? », demanda-t-il sur un ton peut-être un peu trop suppliant.
Sasuke fronça les sourcils.
« Pas question. Vous avez un corps qui mérite d'être mis en valeur. »
La voix de Sasuke à la fois rocailleuse et douce comme du velours, lui arracha un frisson de désir inattendu. Cet homme était pourtant à des lieues de ceux, en apparence inoffensifs, qu'il avait l'habitude de fréquenter. Encore que son récent célibat prolongé l'avait rendu totalement ignorant des transports amoureux, il avait presque oublié comment se comporter lors d'un flirt. D'ailleurs, flirtaient-ils réellement ? Sasuke dégageait une telle assurance, il semblait inébranlable, le genre de personne qui n'avait sans doute jamais perdu la moindre bataille dans sa vie.
Toutefois, Naruto prit le risque de lui demander :
« Est-ce que vous flirtez avec moi ? »
Il souhaitait surtout s'épargner l'embarra de découvrir qu'il s'était fait inutilement de fausses idées.
La question, pourtant, parut amusé l'homme d'affaires.
« Un peu de flirt n'est-il pas de circonstance ? »
« Non, vous êtes en couple. En plus, cette soirée me déstabilise bien assez. »
« À cause de moi ? »
« À cause des circonstances », corrigea-t-il en lui jetant un regard de défi.
Sasuke fit mine de geindre, une main sur le cœur.
« Vous ne ménagez pas mon égo, Naruto. »
« Allons bon, votre égo est déjà bien assez grand comme cela », souffla-t-il en lui tapotant amicalement le bras.
Les lèvres du brun s'étirèrent dans un sourire.
« Je n'accorde simplement pas beaucoup d'importance à ce que les gens pensent de moi. »
Avant qu'il n'ait pu répondre, la voiture s'arrêta et un garde du corps leur ouvrit la portière. Naruto eut à peine le temps de mettre les pieds sur le trottoir que des flashs l'aveuglèrent. Il s'efforça de sourire malgré les taches blanchâtres qui dansaient désagréablement devant ses yeux. Il commençait à comprendre pourquoi les célébrités ne quittaient jamais leurs lunettes noires.
Des journalistes s'amassèrent autour d'eux pour recueillir la déclaration de Sasuke. Et Naruto ne put que s'émerveiller de sa formidable éloquence ainsi que de son aisance face aux caméras. Lui en revanche, se referma comme une huître dès qu'une once d'attention se porta sur lui.
« Je suis un ami », bredouilla-t-il avant d'accepter la main que lui offrait l'Uchiha pour échapper aux reporters.
Jamais il n'aurait pu imaginer, quand il grelottait dans la douche futuriste d'un client encore anonyme, qu'on le traiterait pratiquement comme une star à peine une heure plus tard. Un instant, il se tenait presque nu devant son patron, et celui d'après, uneéquipe de professionnel avait surgi de nulle part pour le rendre digne d'apparaître au bras de Sasuke Uchiha. Et voilà maintenant qu'un comité d'accueil les attendait en haut des marches du restaurant.
Les choses allaient beaucoup trop vite pour lui. À tel point qu'un vertige le saisit si brutalement qu'il manqua perdre l'équilibre. Heureusement, la poigne de Sasuke autour de son bras lui permit de refaire surface.
« Qu'y a-t-il ? », s'enquit l'homme d'affaires, lui jetant une œillade inquiète.
« Ce n'est rien », lui assura-t-il en forçant un sourire.
Sasuke ne se rendait tout simplement pas compte que tout cela était peut-être un peu trop – trop soudain, trop angoissant, trop engloutissant -, pour quelqu'un comme lui, habitué comme il était à avoir le monde à ses pieds, soucieux de ses paroles, de ses attentions. Lui n'était qu'un commis sans le sou qui avait la sensation troublante d'être sorti de son élément, telle une Cendrillon des temps modernes faisant ses premiers pas dans un univers qui ne la concernait en rien. Au moins, le conte se terminait par « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants », alors il osait espérer que la soirée puisse se terminer sans que Sasuke n'ait à amèrement regretter de l'avoir invité dans un lieu public.
Grimaçant en se disant qu'il n'arriverait jamais à marcher avec une pantoufle en vair, Naruto suivit Sasuke tellement à la trace que son ombre devait certainement être jalouse. Une fois installé à une table de choix, son vis-à-vis n'eut qu'à claquer des doigts pour qu'un serveur apparaisse avec une bouteille de champagne.
« Dire que c'est votre quotidien », souffla-t-il, émerveillé par tout ce luxe qui lui était étranger. « Les grands restaurants, le champagne, la voiture avec chauffeur… Sans oublier votre villa gigantesque au bord de la côte. »
Sasuke haussa un peu les épaules.
« J'aime les vastes espaces lumineux. Et investir dans l'immobilier est toujours judicieux. »
Naruto ne retint pas son rire. Une réponse aussi pragmatique ne l'étonnait guère du personnage, après le début de soirée qu'ils avaient passé ensemble.
« Combien de propriétés avez-vous ? », s'intéressa-t-il avant de porter sa flûte à ses lèvres.
« Quatre. »
Naruto faillit s'étrangler. Pas même avec son champagne, puisqu'il ne l'avait pas encore en bouche. C'était sa salive qui essayait de sortir par son nez.
« Quatre ? », s'exclama-t-il, incrédule. « Pourquoi une seule personne aurait-elle besoin de quatre propriétés ? »
« Ma vie professionnelle se partage entre Pékin, Londres, San Francisco et ici, et je déteste les hôtels. », expliqua très calmement l'Uchiha.
« Les nantis ont une curieuse façon de régler les problèmes », soupira-t-il en secouant la tête.
Sans répondre, Sasuke but une longue gorgée de champagne, le scrutant par-dessus sa coupe.
« Assez parler de moi », décida-t-il alors. « Vous ne sembliez pas étonné, lorsque je vous ai découvert dans la salle de bain. Nous sommes-nous déjà croisés ? »
« Vous êtes vraiment trop modeste», le taquina le jeune homme. « Il faut vraiment vivre dans une grotte pour ne pas savoir qui vous êtes, monsieur Uchiha. »
« Sasuke »
« Sasuke. », concéda-t-il, les joues en feu. Heureusement, il pouvait mettre ça sur la faute du champagne.
« Vous ne vous intéressez donc pas à la technologie que produit Uchiha Enterprise ? »
« J'ai failli mourir dans votre douche, vous vous souvenez ? », dit-il dans un rire. « La technologie me déteste. », conclut-il, faussement fataliste.
Il savait à peine de servir d'une simple photocopieuse, c'était Shikamaru qui jouait le rôle d'agent et gérait ses mails lorsqu'il avait des représentations. Il considérait que posséder un téléphone et un ordinateur faisait déjà de lui un grand partisan des nouvelles technologies.
« En fait, je suis étudiant en musique », avoua-t-il.
Sasuke pencha légèrement la tête sur le côté, visiblement intéressé.
« De quel instrument jouez-vous ? »
« Violoncelle, principalement », répondit-il joyeusement, comme à chaque fois qu'il était question de ses passions. « Mais je me débrouille aussi avec une guitare et un piano. »
« Que ferez-vous après votre diplôme ? Entrer dans un orchestre ? Enseigner au conservatoire ? »
Naruto se permit de rire tout en secouant la tête. C'étaient des objectifs bien trop ambitieux pour quelqu'un comme lui. Il était doué dans ce qu'il faisait, mais il n'était certainement pas le lièvre le plus rapide de la forêt. Peut-être que s'il avait eu plus de temps à consacrer à ses études, il aurait pu atteindre un niveau de performance plus élevé. Cependant, les charges dont il devait s'acquitter lui prenaient tout son temps et toute son énergie. C'était déjà un miracle qui soit parvenu en dernière année. Ce qui allait se passer après son diplôme ? Eh bien, il supposait qu'il verrait le moment venu.
Il était à un carrefour de sa vie, sans la moindre idée de la direction à prendre. Avancé au jour le jour était mieux que ne pas avancer du tout, selon lui.
« Devenir musicien professionnel ne paiera pas mes factures », déclara-t-il avec réalisme. « Ma bourse touche à sa fin, et je ne suis pas sûr que la vie de musicien ambulant est faite pour moi, je sais à quel point il faut batailler pour se faire un nom. Alors je m'essaie à plusieurs domaines, c'est pour cette raison que je suis une double option en histoire, pour devenir professeur. »
Son banquier était tout aussi d'accord avec lui. La bourse avait été d'une grande aide, mais il avait tout de même été contraint de prendre un prêt étudiant. Il voulait se débarrasser de ses dettes le plus vite possible.
Sasuke l'avait écouté avec une certaine déférence, sans l'interrompre.
« Vous êtes courageux, Naruto. »
Naruto repoussa sa déclaration d'un geste du poignet, en vue de la rendre un peu moins solennelle.
Ce n'était pas de la fausse modestie. Certes, il trimait comme un malade pour parvenir à manger trois repas par jour et payer ses factures, mais il y avait des tas de gens qui étaient comme lui. Des tas de gens dans des situations similaires, si ce n'était pires. Alors il ne voulait surtout pas donner l'air de se plaindre et encore moins qu'il le prenne en pitié. Sasuke n'était pas assez naïf pour croire que tout le monde naissait avec une cuillère en argent dans la bouche comme lui, tout du moins, Naruto l'espérait.
« Quant au côté personnel ? », renchérit le brun, quelques instants plus tard.
Naruto plissa les yeux, incertain de s'il devait considérer ou non le sous-entendu dans son ton. Si Sasuke était encore en train de filtrer ou s'il interprétait les choses à sa guise.
« Vous allez me prendre pour un incurable romantique. », le prévint-il, espiègle.
« Je n'en doute pas, mais je suis curieux. »
« Eh bien, c'est simple. J'attends le prince charmant, vous savez, celui qui va me faire sortir de ma misère et qui m'emmènera avec lui à travers le monde. »
Il eut du mal garder son sérieux devant l'air profondément dubitatif qu'affecta Sasuke, et éclata si fort de rire que quelques tables aux alentours se tournèrent vers eux.
« Oh mon Dieu », s'esclaffa-t-il, pas loin de s'étouffer. « Si vous aviez vu votre tête ! »
« Je vois qu'en plus d'être un incurable romantique, vous êtes également un incurable plaisantin. », sourit doucement Sasuke.
« Eh bien, je trouve cette version bien plus enjouée que la réalité. », dit le blond une fois son fou rire passé. « La vérité, c'est que… je n'attends pas grand-chose de la vie, à ce stade. J'ai été ballotté de foyer d'accueil en foyer d'accueil toute mon enfance et la majeure partie de mon adolescence », expliqua-t-il en baissant les yeux, soudain incapable de soutenir son regard. « Je n'ai jamais eu de famille, alors mon unique souhait est de réussir à fonder la mienne un jour. »
Redressant la tête, il crut voir une ombre dans les prunelles d'obsidiennes du milliardaire qui disparut si vite qu'il supposa l'avoir imaginé.
Naruto s'était toujours défini comme une étoile filante. Pendant longtemps, il n'avait eu aucune attache. Il était isolé, superflu, tandis que les vraies familles, elles, formaient un ensemble de constellations, une galaxie tout entière, se renforçant les unes les autres, créant une protection indispensable contre les bourrasques de la vie.
Une fois, il avait cru toucher du doigt ce rêve. Il y avait eu quelqu'un pour qui, il avait compté. Il se souvenait encore du sourire qu'il lui adressait, de la tendresse qu'il lui communiquait. De cette façon qu'il avait de le regarder avant que tout ne vole en éclats. Il lui avait dit qu'il pourrait faire de grandes choses. Il lui avait dit qu'il pourrait changer le monde. Et il le disait avec tellement de conviction, qu'à une époque, Naruto y avait cru aussi.
Mais comme tous les autres, Iruka avait fini par se détourner de lui. Il avait fondé sa propre famille et Naruto s'est retrouvé éjecté de ce cercle avant même d'espérer pouvoir en faire partie.
Mais ça, il n'allait pas le dire. Il n'allait pas remuer ses plus vieux cadavres avec un homme qu'il venait de rencontrer.
Par chance, l'arrivée du serveur lui offrit une échappatoire. Mais alors que celui-ci s'apprêtait à leur tendre les menus, Sasuke l'arrêta d'un geste et lui dit quelques mots en Italien. Naruto ne comprit ce qui se passait que lorsque le jeune homme s'inclina avec respect et disparut.
« Vous venez de commander à ma place ? », s'indigna-t-il. « Vous me croyez incapable de choisir ma propre nourriture ? Vous pensez peut-être aussi que je suis incapable de manger tout seul ? Si vous voulez, je peux toujours m'étendre au sol pour vous laisser glisser des grains de raisins dans ma bouche. Est-ce le genre de pratique que vous affectionnez ? »
« Il vaut mieux que vous ignoriez le genre de pratique que j'affectionne. », claqua Sasuke sur un ton d'avertissement. « Vous êtes bien naïf. »
« Pas autant que vous le pensez. »
La chaleur qui se répandait dans ses veines à chacun de ses regards le confirmait.
« Pourtant », se moqua le brun, « Vous me rappelez un chaton abandonné sur le bord de la route. »
Cette comparaison eut le mérite de dissiper la tension qui planait dans l'air.
« Vous m'avez très mal cerné. Je suis une panthère, mon cher monsieur. Plus dangereux que j'en ai l'air. »
Joignant le geste à la parole, il donna un coup de griffe dans le vide, qu'il accompagna d'un léger rugissement qui lui valut un autre regard narquois de la part de Sasuke.
« D'accord », concéda-t-il en rougissant. « Je ne suis peut-être pas une panthère, mais je ne suis pas un chaton non plus. »
C'est alors qu'un toussotement se fit entendre dans le dos de Naruto, qui se figea en attendant que l'Uchiha accepte la bouteille que lui présentait le sommelier. Il prit un temps trop long au goût de Naruto pour servir un simple vin.
« Depuis combien de temps se tenait-il là ? », gémit-il quand ils furent de nouveau seuls.
« Assez pour vous entendre imiter un fauve et me faire des propositions indécentes, si c'est ce qui vous inquiète. »
Se couvrant le visage, Naruto poussa une plainte sourde.
« Nous ne pouvons pas rester ici. Je suis sûr que la nourriture est délicieuse, mais je vais mourir de honte si je passe une minute de plus dans ce restaurant. Ce sommelier doit déjà me prendre pour un fou et… »
L'homme d'affaires l'interrompit avec autorité.
« Ne vous laissez atteindre par ce que l'on pense de vous. Le rôle du sommelier est de s'assurer que nous dégusterons un grand vin, son opinion n'a aucune importance. Et, si j'ai pris la liberté de commander à votre place, c'est parce que j'estime être mieux placé pour vous faire découvrir les meilleures spécialités toscanes. »
Naruto ne sut que répondre. Sasuke avait raison ; il dramatisait. Il était plus que temps qu'il apprenne à dominer ses émotions.
L'appréciation du vin aida à les replonger dans une ambiance légère.
Il y avait beaucoup de choses que l'on racontait dans les journaux à potins sur cet homme qui avait rapidement monté les échelons des affaires pour se construire une place au sommet. Naruto constatait à présent que grand nombre des faits rapportés étaient faux. Alors non seulement sa curiosité était piquée, mais il souhaitait également découvrir les petites bizarreries qui démystifieraient cette allure froide qu'il arborait et qui le rendrait plus accessible au commun des mortels. Il avait la chance de l'avoir sous la main, autant puiser ses informations à la source, ou au moins ce que Sasuke jugerait nécessaire de partager avec lui.
« Avez-vous de la famille ? Vos parents sont-ils toujours de ce monde ? »
« J'ai un frère aîné. Mon père est mort il y a quelques années. », répondit-il sans plus de détails.
À l'évidence, il aurait cru toucher un point sensible. Mais Sasuke le lui avait annoncé avec le même ton clinique que s'il lisait un fait divers dans le journal.
Néanmoins, il chercha tout de même à approfondir.
« Avez-vous de bonnes relations avec votre frère ? »
La main de Sasuke se figea quelques instants sur son verre.
« Pas vraiment. »
« Oh. Je suis navré. Comme vous le savez déjà, je n'ai pas eu de famille, et donc pas de frère ou de sœur, mais si cela avait été le cas, j'aurais souhaité m'entendre avec eux. »
Le visage fermé de Sasuke se releva vers lui.
« Vous n'allez pas pleurer, rassurez-moi ? »
Le ton taquin du brun le fit tressaillir.
« Et si c'était le cas ? »
« Pitié non. Je suis allergique aux larmes. »
« Rien que ça ! Qu'est-ce que les larmes vous ont fait, Sasuke ? »
« C'est une technique de manipulation. »
« Pas toujours », objecta-t-il. « Que faites-vous des larmes sincères ? Des personnes réellement bouleversées ? »
« Ce sont des oiseaux rares ; trop pour leur accorder le bénéfice du doute. »
Naruto secoua la tête, étonné par son cynisme. Il n'eut pas le temps de rétorquer toutefois, que le serveur revenait avec leurs commandes. Sous ses yeux ébahis, la table se couvrit d'une variété de plats appétissants. Lorsqu'il goûta aux raviolis nappés de sauce tomate, il réprima péniblement un gémissement de pur contentant. Tout n'était que pur délice et il pouvait affirmer avec certitude qu'il n'avait jamais rien mangé d'aussi bon.
Ce n'est qu'en rouvrant les paupières qu'il se rendit compte du son légèrement obscène qui avait laissé échapper. Sasuke avait les yeux rivés sur lui, en particulier sur ses lèvres.
La gorge désespérément sèche, Naruto lui fit un sourire crispé tout en vidant son verre d'une seule traite.
« Revenons-en à votre famille, voulez-vous ? Qu'est-ce qui se passe avec votre frère ? »
La légère grimace qu'il poussa lui disait que ce n'était pas le genre de tournure de conversation qu'il aurait choisi si on le lui avait demandé, mais Sasuke répondit quand même :
« Nous avons des opinions qui divergent. »
Naruto fronça les sourcils. Tout cela était bien vague.
« Au point où votre relation s'en retrouve détérioré ? »
Sasuke soupira en levant les yeux au ciel.
« Parfois les gens ne s'entendent pas, mais ce n'est pas la fin du monde, Naruto. »
D'accord, message reçu cinq sur cinq, pensa-t-il en décidant de faire un pas en arrière. Il ferait mieux d'arrêter de lui poser des questions sur sa famille s'il voulait goûter au dessert.
Peut-être que Sasuke n'était pas si dénué d'émotion qu'il le laissait croire vu qu'il fut désormais réfractaire à tout semblant de discussion, visiblement agacé ? Énervé ? Naruto n'en était pas sûr, mais il s'en voulait d'avoir insisté, si le résultat était que la soirée qui s'était pourtant relativement bien passée se terminait sur une note aussi amère.
Heureusement, après le dessert – Naruto avait pris un gâteau au chocolat nappé d'un coulis de fruits rouges tandis que Sasuke se contentait d'un simple café -, et une fois dans la voiture vers la résidence de Naruto, l'ambiance parut clairement s'adoucir.
Bientôt, la Mercedes se gara devant son petit immeuble.
« Avez-vous passé une bonne soirée ? », s'enquit l'homme d'affaires, tourné vers lui.
Siroter des champagnes hors de prix en contemplant le coucher de soleil depuis la terrasse d'un restaurant de luxe, était pour sûr, bien plus excitant que de récurer une salle de bain. Mais au-delà de ça, il y avait quelque chose dans la compagnie du si pragmatique Sasuke Uchiha qui avait rendu les choses encore plus agréables.
Est-ce qu'il était triste que le conte de fées se termine ? Naturellement, mais c'était un souvenir qu'il s'appliquerait à chérir dès aujourd'hui.
« J'ai passé une très belle soirée, Sasuke. », répondit-il alors, avec un sourire qui aurait pu concurrencer le soleil. « Merci pour tout, vous n'étiez vraiment pas obligé. »
« Vous le méritiez. », rétorqua simplement son vis-à-vis avant de se passer lentement la langue sur les lèvres. « Surtout que…j'aimerais vous revoir, Naruto. »
Le jeune homme pinça les lèvres. Après les coups d'œil pas du tout discret que l'homme avait dardé sur lui tout au long de la soirée, il s'y était attendu. Et ce serait mentir d'affirmer qu'il n'en était pas au moins un peu satisfait, ne serait-ce que pour son propre égo. Toutefois, une partie de lui avait espéré qu'ils en restent à cette soirée et partent tranquillement chacun de leur côté.
La solution la plus facile n'était-elle pas toujours la plus pratique ?
« Écoutez Sasuke, ça ne m'intéresse pas d'être votre… C'est quoi au juste l'équivalent d'une maîtresse quand on est un homme ? Bref, vous m'avez compris. »
Il pensa furtivement à Nikita et aux propos orduriers qu'elle avait tenu à son encontre alors qu'il se trouvait au plus fort de ses déboires. Ça lui ferait sans doute trop plaisir d'avoir la confirmation qu'en effet, Naruto était ce briseur de ménage qu'elle avait dépeint.
« Nikita n'est pas un problème, si c'est cela qui vous bloque. », commenta Sasuke comme s'il venait de lire dans ses pensées.
Naruto ignora le frisson que lui provoqua sa paume chaude et calleuse posée sur le dos de sa main. Il se força à rester concentré sur le cœur du problème. Ce n'était pas que Sasuke ne lui plaisait pas en retour. Diantre, n'importe quel être humain normalement constitué serait troublé par sa beauté froide et virile. En toute honnêteté, il ne rêvait que de l'escalader comme un putain d'arbre, seulement…
« Mes raisons ne sont pas si altruistes. Je ne veux juste pas être 'la relation de dehors'. Concentrez-vous sur votre petite amie et inculquez lui quelques bases du respect de l'autre. »
Sur ce, il sortit sans attendre que le chauffeur lui ouvre la portière.
Ce qu'il n'avait pas prévu par contre, c'était que Sasuke le suivrait jusqu'à son appartement qui se trouvait au réez de chausser. La porte entrouverte, il allait se tourner vers lui pour émettre une protestation, mais fut coupé dans son élan par une boule d'énergie s'agrippant furieusement à ses jambes.
Naruto se baissa pour ramasser le petit Kawaki et le hissa sur sa hanche, caressant sa touffe brune vers l'arrière.
« Hé p'tit chat, qu'est-ce que tu fais encore debout à cette heure ? »
Kawaki leva ses grands yeux avec le même air d'émerveillement qu'il avait à chaque fois qu'il regardait Naruto.
« Je voulais mon bisou de bonne nuit. », déclara-t-il de sa voix boudeuse.
« Ah vraiment ? Mon gros bébé est ronchon de ne pas avoir eu son bisou ? », roucoula le blond en faisant un bruit de pet sur sa joue, le faisant rire adorablement.
Kawaki mit ses mains potelées en visière autour de sa bouche et parla directement dans son oreille, chuchotant d'un air de conspirateur.
« Dit Naru-nee, c'est qui ? »
« Lui ? », fit-il, sans pour autant regarder dans la direction qu'il indiquait. « C'est Sasuke, il est joli, n'est-ce pas ? »
Kawaki déjà à moitié somnolent, se contenta de cacher son visage dans son épaule. Naruto le berça doucement dans ses bras, pour faciliter son processus d'endormissement, parce qu'il était assez tard. C'était une situation extrêmement embarrassante avec Sasuke qui les dévisageait comme s'il se demandait lequel des deux était réels.
Choisissant de mettre fin à la torture, se tourna pour affronter son regard et se fendit d'un grand sourire qu'il savait, n'atteignait pas ses yeux. Puis déclara :
« Je vous renverrai le costume, mais par contre, les chaussures sont à moi ! »
Ce n'est qu'à cet instant que Sasuke parut sortir de sa torpeur, clignant faiblement des yeux.
« Gardez les deux. J'insiste. », ajouta-t-il comme Naruto ouvrait la bouche pour protester.
« D'accord, merci. », dit-il, clairement mal à l'aise. « Bon bah alors… Bonne nuit ? »
« Si vous avez le moindre problème, n'hésitez pas à m'appeler. »
Il sortit un petit carton de l'intérieur de sa veste et la fourra d'autorité dans sa main libre.
Naruto fixa la carte de visite comme si elle l'avait personnellement offensée. Il était à peu près certain qu'il ne l'utiliserait jamais. Néanmoins, ce serait impoli de sa part de le rembarrer alors que visiblement, Sasuke essayait simplement d'être gentil.
« Ce ne sera pas la peine, mais merci encore. »
Sasuke lui fit simplement un signe de tête et emprunta le couloir étroit dans le sens inverse pour retourner à sa voiture. Naruto resta longtemps sur son perron à fixer le vide après son départ, Kawaki ronflant dans ses bras. Ce n'est que l'air froid de la mi-novembre qui le poussa à rentrer à l'intérieur.
Il passa devant Shikamaru, qui avait observé la scène, le cou tendu depuis le canapé, pour aller déposer son précieux fardeau.
Il était maintenant certain qu'après avoir vu Kawaki, Sasuke n'insisterait plus. Ses conquêtes s'enfuyaient généralement en courant lorsqu'elles apprenaient l'existence du petit garçon qu'il avait à sa charge. Ça faisait juste trop de responsabilités d'un coup. Ils étaient à un âge ou la priorité pour certains était d'enchaîner les beuveries dans les bars et d'essayer de survivre à une journée de cours le lendemain avec une gueule de bois en remorque. Le quotidien de Naruto lui, était drastiquement différent. Kawaki en faisait intégralement partie, ce qui impliquait les heures allouées à s'occuper de lui. Avec le choc qu'il avait lu sur le visage de l'Uchiha, il était persuadé qu'il en serait de même.
Et c'était tant mieux, n'est-ce pas ? Tout ce qu'il voulait, c'était certainement un plan cul et la promesse d'un moment agréable mais éphémère à passer. Il n'était qu'une lubie parmi tant d'autres. Il y avait des tas de gens qui faisaient certainement la queue pour tenter d'attirer son attention, sans compter qu'il avait déjà une petite amie.
Naruto effectua sa routine pour s'empêcher d'y penser plus que nécessaire. Il se brossa les dents, fit une rapide toilette et enfila un short et son tee-shirt le plus doux et usé. En se regardant dans le miroir, il put constater qu'il ne restait plus rien des traces de la soirée qu'il venait de passer. Et malgré ce que Sasuke lui avait dit, Naruto ignorait s'il aurait l'occasion de reporter ce costume un jour, alors le débat était clos pour de bon.
« Sasuke Uchiha, hein ? », l'accueillit Shikamaru lorsqu'il s'effondra dans le canapé à côté de lui.
« M'en parle pas », rigola-t-il en passant ses jambes sous ses fesses. « Désolé de ne pas avoir prévenu que je rentrerai plus tard, tout était si soudain. Je n'avais plus toute ma tête. »
Avec l'enchaînement des évènements, tout était allé trop vite. Sa rencontre avec Sasuke était si surréaliste qu'il aurait eu du mal à y croire, s'il n'était pas justement le principal concerné.
Shikamaru et lui avaient pris l'habitude de se prévenir quand leurs horaires différaient à la dernière minute, afin d'éviter de se faire inutilement du souci. En dépit de son emploi du temps surbooké, Naruto était généralement de retour à la maison avant le coucher du petit. Pour ainsi dire, il se forçait à être présent à des heures raisonnables même si pour cela, il devait tirer sur la corde raide qui maintenait ses muscles endoloris en mouvement. Ce soir, il était rentré bien après son couvre-feu. Cela avait d'ailleurs été le cadet de ses soucis avec tout le stress qu'il avait eu à gérer.
Shikamaru ne l'accablait pas de question, mais Naruto le connaissait assez pour savoir qu'il était curieux. Alors il raconta brièvement le dérouler abracadabrant de sa journée. Ainsi que le dénouement fort intriguant.
À la fin de son récit, le jeune homme brun le fixait silencieusement, sans se départir de son expression flegmatique, avant de demander :
« Vous allez vous revoir ? »
Le blond le regarda comme s'il venait de parler dans une autre langue.
« Il ne t'a pas laissé de marbre. », ajouta Shikamaru plus comme une déclaration qu'une interrogation.
Renversant la tête en arrière sur le canapé, Naruto rit insouciamment.
« Qui laisserait-il de marbre ? »
« Tu sais ce que je veux dire », insista son meilleur ami en lui lançant un regard incrédule.
Naruto détestait tellement ce regard. Ainsi que cet air qui lui hurlait qu'il voyait parfaitement au travers de la façade désinvolte qu'il essayait d'afficher.
« Oh, pitié Shikamaru. », souffla-t-il, levant les yeux au ciel. « Tu sais comment sont les types comme lui, obsédés par leur possession. Ils veulent tout et n'importe quoi. »
Une voix dans son esprit voulut protester que Sasuke n'était pas comme ça, mais il la refoula. À quoi ça lui servirait de lui trouver encore plus de qualité qu'il en possédait déjà si ce n'était pour se pousser dans une profonde et mortifiante dépression.
Sasuke, en dépit de son autoritarisme – il avait tout de même commander à sa place au restaurant et l'avait forcé la main pour qu'il l'accompagne en premier lieu -, était une bonne personne. Respectueuse des limites des autres tant qu'on l'était avec les siennes, généreuse, attentionnée, et fichtrement magnifique.
Cependant, il avait bien trop conscience du gouffre sans fond qui les séparait. Sasuke avait des jets, quatre villas, une voiture de luxe, sans doute d'autres possessions plus ostentatoires les unes que les autres. Et pour couronner le tout, sa petite amie était un top model, Russe de surcroît, avec des jambes interminables et une peau embellie par des huiles de corps dont le prix d'un seul flacon devait immanquablement dépasser le triple de son loyer. Tandis que le seul véhicule que lui ait jamais posséder était un VTT si vieux qu'une roue avait fini par se détacher. Il était un misérable étudiant qui cumulait trois boulots pour parvenir à vivre correctement et qui avait un enfant de quatre ans à sa charge.
Pas vraiment le profil d'un jeune homme facile et frivole qui ne demandait qu'à s'amuser.
Naruto esquissa un sourire sans joie. Non, vraiment, ils venaient de milieux trop différents pour aspirer au même type de vie.
« J'ai aucune envie d'être une proie sur son tableau de chasse. »
Shikamaru haussa les épaules et étouffa un bâillement.
« Peut-être qu'il est sérieux. »
« Et moi je suis l'empereur de Chine. », s'esclaffa-t-il bruyamment.
Shikamaru roula des yeux en soupirant, mais choisit de ne plus insister, au grand soulagement du blond. Les deux amis restèrent assis encore quelques minutes à regarder différents programmes peu divertissants avant de se séparer pour retrouver leur lit respectif. En passant devant la petite chambre de Kawaki, il ne put s'empêcher de s'y faufiler pour lui embrasser le front et caresser ses mèches noires de bébé.
Ensuite, Naruto s'effondra dans son lit, les mains croisées sur son ventre. Il se mit à le masser pensivement, la chaleur qui lui avait consumé les entrailles tout au long de la présence de Sasuke, refaisait perfidement surface. Il se mordit la lèvre, changeant plusieurs fois de position, à la recherche d'un semblant de confort. Mais rien à faire. Son corps entier le démangeait, son sang beaucoup trop agité dans ses veines. Il savait d'ores et déjà qu'il ne réussirait pas à trouver le sommeil avant d'avoir trouvé un moyen d'évacuer toute la tension accumulée au cours de la fin de soirée.
C'est donc tout naturellement que sa main droite se glissa dans son boxer.
Il poussa un petit soupir lorsque son poing s'enroula autour de sa longueur.
D'habitude, quand il se masturbait, Naruto ne s'embarrassait pas à imaginer des scénarios chauds pour s'exciter, détestant faire durer ce moment qui ne lui rappelait que trop son célibat persistant. Il se concentrait sur la sensation. La frustration, la fatigue et désir faisait le reste. L'expérience n'était pas souvent satisfaisante, mais avait au moins le mérite de le détendre et de l'aider à s'endormir plus vite.
Ce soir, par contre, son esprit était pollué des images de muscles pâles et secs, d'une peau veloutée, d'un regard de braise. Il aurait certainement de quoi nourrir des années de fantasmes après la soirée qu'il venait de passer, mais diantre, Naruto ne s'était pas senti aussi excité depuis très longtemps.
Pendant une fraction de seconde, sa conscience le rappela à l'ordre, avant qu'il ne décide de tout bonnement l'ignorer. Se branler sur l'image, certes ô combien chaude, de Sasuke n'était pas l'acte le plus moral qu'il ait accompli, mais ce n'était pas comme s'ils allaient se revoir, alors il pouvait tout aussi bien considérer cela comme n'importe quel adolescent prépubère s'échauffant à l'image de son idole. Et non, il ne se cherchait pas d'excuses. Ce que Sasuke ne savait pas ne pouvait pas lui faire de mal de toute façon, et puis, il n'y avait pas moyen qu'il dorme sans avoir joui.
En paix avec lui-même sur la conclusion de cette légère pause introspective, Naruto abaissa son short sur ses cuisses et mit sa main en mouvement sur son sexe rougi et raide d'anticipation. De ses doigts libres, fit des petits cercles sur ses tétons avant de les pincer entre son pouce et son index avec différents degrés de pression à chaque fois.
Il ne faisait absolument rien de mal, se répéta-t-il alors que de nouveau, cette petite voix moqueuse à l'intérieur de sa tête l'empêchait de se plonger pleinement dans la sensation. Il ne pouvait pas se souvenir de tous les fantasmes qu'ils avaient eus jusqu'à présent, mais il savait qu'ils n'arrivaient pas à la cheville de ça.
Il rêvait de la bouche de Sasuke sur son corps, du sien irrévocablement proche de lui. De ses prunelles d'obsidiennes qui le regardaient avec tellement d'intensité qu'on aurait dit qu'il était le seul humain sur terre.
Sa main accéléra. Naruto serra les dents, la brûlure dans son corps atteignit bientôt un pic fiévreux, il s'agita dans ses draps déjà humides de ses efforts inconscients. Le liquide pré éjaculatoire qui fuyait de sa fente facilitait grandement la friction et les glissements sur son sexe hypersensible.
Ses yeux hermétiquement clos de concentration, Naruto s'abandonna, se mordit la main pour étouffer ses gémissements, baisa son poing avec désespoir.
Ses hanches étaient empressées par le besoin devenu vital de jouir, ses jambes écartées alors qu'il rêvait de la grande main pâle et élégante de Sasuke à la place de la sienne. De son corps chaud et robuste pressé contre le sien, le clouant sur le lit, peignant son corps de ses marques. Sa respiration sifflante qui se mêlerait à la sienne, déjà complètement perdue et bâclée.
Son dos s'arqua. Ses orteils se crispèrent.
Naruto vint si fort que s'il n'était pas déjà allongé sur son lit, il serait certainement tombé. La main de nouveau plaquée contre sa bouche pour filtrer le cri qu'il avait laissé échapper dans l'apogée de son plaisir.
Le contrecoup de l'orgasme fut dévastateur. Il resta immobile, tentant de reprendre sa respiration, les yeux fixés sur son plafond terne en se posant des questions sur le sens de la vie. Tout n'était vraiment que vanité, hein ? Il était couvert de transpiration et de ses propres fluides sexuels, et il pensa vaguement que c'était dégoutant. Pourtant, il n'avait pas la force d'aller se nettoyer. C'était comme si chaque petite goutte de son énergie venait d'être traite de son corps et qu'il était un gâchis de membres mous et désarticulés.
Mais au moins maintenant, il savait qu'il pourrait passer à autre chose et reprendre le cours normal de sa vie. Jongler entre ses boulots, s'occuper de son fils, et réussir son année scolaire.
Cette pensée réussit à l'apaiser complètement et il s'endormit.
Review ?????
Je m'adresse aux anonymes, laissez-moi des avis, s'il vous plait. Un simple "C'est cool" me suffit. Merci d'avance.
See ya !
