Cette licence ne m'appartient pas.
Bonne lecture à vous !
Le ciel au dessus de lui était magnifique. Le couché de soleil donnait un ton rosé et colorait les nuages. Ou peut être est-ce le matin ? Cela n'avait aucune importance.
Il n'y avait aucun bruit autour de lui. Le silence rendait le moment plus… étrange ? C'était étrange.
Étrange cette sensation de mourir.
Son lieutenant, qu'il aimait comme une mère, plus que tout, planait bientôt au dessus de lui. Elle prit son visage en coupe et tourna sa tête vers elle pour que leurs regards se croisent.
Il ne pouvait pas bouger. Son corps ne répondait pas. Cet espada avait sûrement touché sa colonne vertébrale quand il lui avait transpercé l'abdomen. Cela n'avait pas d'importance.
Matsumoto lui parlait, lui demandait de rester avec elle, de ne pas fermer les yeux. Mais il n'avait de contrôle sur rien. Son corps n'était plus à lui.
Pourtant, il n'avait pas mal.
Il savait que son corps était déchiré, transpercé. Qu'il avait de nombreuses artères ouvertes, des membres tordus. Qu'il devrait avoir mal. Mais rien. Son corps refusait de donner autre chose que du froid. Dieu qu'il avait froid. Il était gelé. Ironique quand on sait que son zanpakuto, le grand Hyorinmaru, est le plus grand et puissant de type glace.
Pour une fois, le dragon était silencieux. Il ne disait rien. Pas de conseil pour essayer de survivre, pas de mot réconfortant pour calmer la peur de mourir. Il était étrangement silencieux.
Matsumoto le suppliait de rester avec elle. La femme pleurait, elle était même hystérique. Elle savait. Tout comme il savait.
Il voulait lui dire de rester avec lui, de ne pas le laisser avant qu'il ne soit parti. Il voulait lui dire de ne pas pleurer. Il voulait lui dire qu'elle s'en sortira sans lui, tout comme elle l'a fait sans Ichimaru.
Mais rien ne semblait sortir de sa bouche.
Alors la femme le pris dans ses bras. Elle posa son corps mou sur ses genoux et commença à le bercer d'avant en arrière en continuant de le supplier.
Il lui restait à peine de quoi respirer.
Matsumoto le tenait fort contre elle. Elle passait ses mains dans ses cheveux, sur ses bras, attrapait ses mains, ramenait ses pieds. Elle ne savait pas quoi faire, parce qu'il n'y avait rien à faire.
Il était heureux de la chaleur qu'elle lui donnait. Son étreinte était agréable et il se sentait soulagé de ne pas partir seul. Que ce soit elle, et non quelqu'un d'autre qui soit présente.
Elle passa une main sous sa tête et la releva, faisant en sorte que leurs yeux soient connectés.
« Je t'en supplie, reste avec moi. » sa voix se brisa alors que son visage était tordu.
Toshiro était désolé. Il ne pouvait être que désolé.
Il allait l'abandonner. Comme cette ordure d'Ichimaru. La seule différence était que lui, il ne le voulait pas.
Il avait froid, tellement froid. La perte de sang, se dit-il. Il était fatigué aussi. Si fatigué.
Du sang coula de son nez, sa bouche déjà trop pleine pour pouvoir en laisser passer plus.
Il voulait lui dire quelque chose. Lui dire qu'il ne voulait pas l'abandonner, qu'il l'aimait et qu'il était désolé. Il ouvrit la bouche, il voulait tellement.
« Dé-so-lé » sa voix était rauque, fatigué, sans vie. « Par-don, Ran » il ne pouvait rien dire d'autre, sa voix s'est arrêtée, bien qu'il est essayé avec toute sa volonté.
La femme essaya de sourire. Ça ressemblait plus à une grimace, mais Toshiro sut qu'elle l'avait entendu.
Jamais auparavant, il ne l'avait appelé 'Ran'. Mais le surnom avait été agréable à dire. Toshiro le préférait à Matsumoto, qu'il était souvent obligé de crier.
Et ils savaient tous les deux que c'étaient ses derniers mots.
« Tout va bien. » répondit la femme, caressant ses cheveux à la base de son cou alors qu'elle continuait à soutenir sa tête. L'espada avait définitivement touché sa colonne vertébrale. « Ça va aller. Je suis là. » elle pleurait toujours, mais il voyait qu'elle essayait de faire un effort pour lui. Pour qu'il n'est pas peur. Pour qu'il parte en sachant qu'il n'était pas seul.
Ses yeux n'arrivaient plus à tenir le contact visuel. Alors il regarda une nouvelle fois le ciel. C'était magnifique. Le couché de soleil donnait un ton rosé et colorait les nuages. Ou peut être est-ce le matin ? Cela n'avait aucune importance.
Il avait déjà dit ça, non ?
Ses pensées se sont arrêtées. Il fixait juste le ciel. Il ne vit pas les ombres remplir sa vision. Il ne sentit pas les mains le secouer, ni la voix qui l'appelait.
Il n'entendit pas le cri de douleur de son lieutenant.
Ses pensées se sont justes arrêtées.
…
Ses yeux s'ouvrirent d'un seul coup et il se redressa rapidement pour s'asseoir alors que son souffle se coupait par petits accoues. Il regarda frénétiquement autour de lui avant de passer ses mains sur tout son corps. Il baissa les yeux sur lui-même.
Il n'avait rien, pas même une égratignure.
Avant de pouvoir faire quoi que ce soit, la nausée le prit et il se pencha sur le coté pour vomir violemment.
C'était dégouttant. Son estomac se retourna et il mit plusieurs minutes avant de pouvoir enfin se redresser.
Il essuya sa bouche d'un mouvement tremblant de poignet. Il portait des habits qu'il ne connaissait pas. Il s'agissait d'un kimono gris, simple et peu coûteux. La matière n'était pas très agréable contre sa peau, contrairement aux uniformes qu'il avait l'habitude de revêtir.
Reprenant finalement son souffle, il inspecta son environnement. Il était manifestement dans une forêt. Des arbres l'entouraient et quelques rochers étaient déposés à certains endroits.
Il prit une grande inspiration pour essayer de calmer ses pensées qui allaient et venaient trop rapidement.
La dernière chose dont il se souvenait, avant de se réveiller dans cet endroit étrange, était le visage de Matsumoto au dessus du sien, le suppliant de ne pas fermer les yeux. Fronçant les sourcils, il regarda à nouveau son corps.
Il était parfaitement sain. Aucune coupure, membres tordu ou trou dans la poitrine. Il passa une main derrière lui et toucha son dos. Aucune douleur. Pourtant l'espada qui l'avait tué avait touché sa colonne. Il aurait du souffrir.
Décident de d'abord comprendre où il se trouvait, il se leva, se retenant à un arbre quand sa tête se mit violemment à tourner. Il cligna plusieurs fois des yeux, regardant son environnement arrêter doucement de tourner.
Quand il se sentit prêt, il commença à marcher, faisant attention à ne trébucher sur aucune branche ou racine. Maintenant qu'il était un peu plus stable, il remarqua que l'endroit ne lui était pas complètement inconnu. Il était déjà venu ici. Il y a très longtemps, quand il était enfant.
S'il se souvenait bien, une rivière ne devrait pas être trop loin de là. Écoutant, il entendit de l'eau couler. Il arriva à un petit cours d'eau, plus petit que dans ses souvenirs.
Il eut un petit sourire, il savait maintenant où il était.
S'il remontait la rivière, il tomberait sur la maison de son enfance, là où il vivait avec Momo et leur grand-mère.
Alors il marcha. Se souvenant des jeux qu'il faisait avec sa sœur dans les environs, comment il était tombé dans l'eau une fois, et que sa grand-mère l'avait grondé pour être tout mouillé.
C'était les bons souvenirs. Ceux qui ne faisaient pas mal et qui donnaient envie de retourner en enfance.
Il arriva à la petite maison. Elle n'avait pas vraiment changé. Elle n'était pas très belle de l'extérieur, ils n'ont jamais eu beaucoup d'argent. Mais c'était chez lui.
« Mamie ? » il appela en arrivant à la porte.
Il voulu frapper, mais remarqua qu'elle n'était pas verrouillée. Levant instinctivement une main dans son dos, il se rappela que Hyorinmaru n'était pas avec lui. Encore une chose à éclaircir.
Se faufilant discrètement à l'intérieur, il regarda dans la pièce principale qui était tout de suite devant lui. Il n'y avait personne. Les meubles avaient tous de la poussière et chaque objet ne semblait pas avoir été utilisé depuis de nombreuses années.
Tout semblait vieux et usé et le cœur du garçon s'accéléra.
« Mamie ? » il demanda à nouveau, comprenant qu'il n'y avait aucun danger et commençant à chercher dans les différentes pièces. La maison n'était vraiment pas grande, et, a part le salon, une seule chambre était présente avec une petite pièce au fond qui leur servait de salle de bain.
Il regarda partout. Il n'y avait aucune trace de sa grand-mère.
Il ressortit de la maison. Le petit jardin que la vieille femme aimait entretenir était jonché de mauvaises herbes et de plantes qui avaient poussé sans l'accord de la femme.
Le cœur battant fort dans ses oreilles, Toshiro décida de se rendre au village le plus proche, là où sa grand-mère l'emmenait toujours et allait faire ses courses. Les habitants sauraient sûrement où elle se trouvait.
Alors qu'il commençait à partir, quelque chose attira son attention. Dans le fond, derrière la maison et sous les arbres, une pierre se tenait droite.
Le garçon se tenait immobile, son cœur se serrant alors qu'il pensait connaître l'identité de la personne enterrée sous cette pierre.
Il s'approcha alors, ignorant les ronces qui lui griffèrent les chevilles et lu les instructions marquées à la main sur le devant.
'Ici repose une femme sage,
une Grand-mère aimante et aimée'
Ses tripes se retournèrent à nouveau, mais il avala sa bile alors qu'il relisait encore et encore les mots.
Quand était-ce arrivé ?
Depuis combien de temps avait-il disparu ?
Qu'était-il arrivé à sa famille ?
Serrant les poings et fermant les yeux qui le brûlaient, le garçon s'assit devant la tombe de sa grand-mère et fixa le vide.
Grand-mère était morte. C'était un fait.
Récitant une prière pour la vieille femme, le garçon ne pu s'empêcher de se demander ce qui était arrivé au reste de sa famille.
Momo, sa sœur, avait manifestement écrit sur cette pierre, il pouvait reconnaître l'écriture. Mais cela ne voulait pas dire qu'elle allait bien.
Matsumoto, celle qu'il considérait plus comme une mère, une figure maternelle. Cette femme avait eu un immense impact dans sa vie.
Il ne pouvait pas imaginer les perdre toutes les trois en même temps.
Que s'était-il passé à la fin ?
« Adieu, Mamie. Merci pour tout. »
Il leva les yeux et tendit la main pour enlever la fine couche de saleté qui reposait sur le dessus de la pierre.
Restant seulement quelques instants de plus, il finit par tourner les talons et s'éloigner vers le village.
Ce n'était pas très loin, à quelques minutes seulement de la petite maison et Toshiro décida d'utiliser le shunpo pour aller plus vite il voulait des réponses.
Il s'élança mais rien ne vint, et il tomba à plat ventre sur le sol.
Ses yeux s'écarquillèrent. Il ne sentait pas son pouvoir. Où était toute sa puissance ? Il ne possédait aucun reitsu.
Quelque chose n'allait vraiment pas. Hyorinmaru n'était pas là, sa pression spirituelle avait comme, disparu ?
Il sentit son souffle s'accélérer. Il ne savait pas du tout ce qu'il se passait. Il n'avait pas ses pouvoirs, sa grand-mère était morte et il n'avait aucun moyen de contacter qui que ce soit. Sans oublier qu'il était sensé être mort.
Il devait se calmer. Reprendre le contrôle comme il l'avait toujours fait.
Prenant de grandes respirations, Hitsugaya se releva et commença à marcher vers le village. Il trouverait des réponses et il comprendrait. Il allait régler ça comme il a toujours réussi à régler les choses.
Il y avait une certaine animation dans les rues. Les marchés attiraient beaucoup de monde et les habitants se frayaient un chemin dans les foules pour parler avec les commerçants et marchander avec eux.
Toshiro resta près des murs des maisons. Il n'avait jamais aimé les foules et préférait les endroits calmes et isolés. Il n'était définitivement pas dans son élément.
Regardant autour de lui s'il pouvait trouver quelqu'un a qui poser ses questions, il se rendit compte qu'il ne savait pas vraiment ce qu'il cherchait. Toutes les personnes lui étaient étrangères, évident car il cela faisait plusieurs années qu'il n'était pas venu dans ce village.
Certains passants lui lancèrent des regards désapprobateurs et Toshiro serra les dents. Certaines choses ne changeraient jamais.
Il restera toujours le garçon bizarre, l'enfant monstre, celui qui était détesté par les habitants, celui qui faisait peur et portait malheur. C'était l'une des raisons pour lesquelles il ne venait jamais ici, ou dans n'importe qu'elle autre quartier du Rukongai.
Il devait trouver des shinigamis. S'il le faisait, il pourrait leur donner l'ordre d'aller chercher Matsumoto ou Momo pour le ramener. D'ici, les murs du Seireitei étaient beaucoup trop loin pour réussir à y aller à pieds rapidement. Cela ne lui avait jamais posé de problème avant, puisqu'il pouvait utiliser le shunpo pour se déplacer. Les choses étaient plus compliquées maintenant.
« Excusez-moi Monsieur. » il appela l'un des marchants qui n'avait aucun client pour le moment.
« Quoi ? » répondit l'homme, le regardant de haut en bas. « Si tu veux de la nourriture, tu devras payer, comme tout le monde, gamin. »
L'air dégoutté du marchant énerva le capitaine. Avait-il l'air si pitoyable ?
« Je cherche des shinigamis. En avez-vous vu ? »
L'homme le considéra pendant plusieurs secondes. Toshiro commençait à être à bout de nerd et prêt à partir quand l'homme leva la main et désigna une rue de perpendiculaire à celle-ci.
« Ils font des rondes toutes les heures. J'en ai vu passer il y a cinq minutes. »
« Merci. »
Il tourna les talons sans plus de cérémonie et se dirigea vers le lieu indiqué. D'autres marchants étaient installés dans cette rue, et d'autres habitants se baladaient. Toshiro souffla il détestait le monde.
Heureusement pour lui, les soldats n'avaient pas l'air d'être allé très loin. Ils étaient arrêtés à un stand et discutaient avec le marchant.
« Excusez-moi ? » Hitsugaya se plaça derrière eux et attira leurs attentions. Ils s'agissait d'un groupe de quatre. C'était inhabituel, pensa le garçon, les shinigamis en patrouille étaient généralement au nombre de deux.
« Qu'est-ce-qu'il t'arrive, petit ? » l'un d'eux se retournait vers lui.
Une veine pulsa sur le front du garçon.
« Ne m'appelez pas 'petit', soldat. » il dit de son ton sec.
« On a un garçon avec du caractère les gars. » se moqua l'homme, faisant ricaner ses camarades.
Bien qu'ils fassent tous le double de sa taille, Toshiro n'était pas impressionné. Il avait sous son commandement des hommes qui le surpassaient largement en poids et en stature. Il avait l'habitude.
« De quelle division êtes-vous ? »
« De la septième. Pourquoi ? Qu'est-ce-que tu veux ? » répondit un autre en s'avançant vers lui.
« Pouvez-vous appeler Matsumoto. J'ai besoin qu'elle vienne ici. Dites lui que c'est de la part du Capitaine Hitsugaya. »
Le visage des quatre hommes s'assombrirent et l'un d'eux l'attrapa par le col de son kimono avant de le soulever du sol.
« Je ne t'autorise pas à parler en nom du Capitaine Hitsugaya. Le fait qu'un microbe comme toi prononce ce nom est une insulte à sa tombe. »
Alors il était bien mort. Son cœur s'accéléra.
« Il n'empêche que j'ai besoin de Matsumoto »
«Capitaine Matsumoto, gamin. Ne lui manque pas de respect. » cracha l'homme.
Capitaine ? Matsumoto était capitaine ? Ses yeux s'écarquillèrent. Depuis combien de temps était-il parti ? Elle avait eu le temps d'apprendre le bankai ? Il savait qu'elle était déjà sur la voie, et qu'elle s'entraînait régulièrement. Mais elle était devenue capitaine…
« Depuis- depuis combien de temps le Capitaine Hitsugaya est-il mort ? » il déglutit, son sang battant dans ses oreilles, alors qu'il redoutait la réponse.
« Sept ans. Maintenant, arrête de poser des questions, et rentre chez toi. » l'homme le poussa violemment en arrière, le faisant trébucher et s'écraser contre des passants. Une femme hurla au dessus de lui alors que son coude rentrait en contact avec son mollet.
Sept ans. Il était mort depuis sept ans.
Son cœur tambourinait dans sa poitrine. Cela faisait sept ans.
Il ne se sentait pas bien. Il avait besoin de sortir de cette foule. Il avait chaud tout à coup. Il n'arrivait pas à respirer.
Sept ans.
Il avait raté sept années.
Matsumoto était devenue capitaine, mamie était morte. Il était mort depuis sept ans.
Il se leva, et marcha en direction de la maison de sa grand-mère avant qu'une main n'attrape son kimono gris.
« Dis donc, gamin. Tu penses pouvoir bousculer ma femme et partir sans une excuse ? » un homme d'âge mûr se tenait devant lui, empêchant le garçon de partir.
Toshiro jeta un coup d'œil à la femme qui se tenait derrière lui, et remarqua qu'elle le regardait avec fureur.
« Désolé. » répondit Toshiro en regardant l'homme dans les yeux.
« Ce n'est pas à moi qu'il faut s'excuser, petit insolent. » il le poussa pour qu'il soit devant sa femme.
Le garçon serra les dents. Non seulement l'homme le traitait comme un moins que rien, mais en plus, la foule entière regardait l'échange. Les quatre shinigamis regardaient le garçon se faire gronder avec une certaine satisfaction.
« Je suis désolé, Madame. » il s'inclina devant elle, espérant qu'elle n'allait pas lui faire un long discours et qu'il pourrait partir rapidement.
La femme ne répondit pas, alors Toshiro se releva et tourna les talons pour se retrouver une nouvelle fois face à l'homme qui lui bloquait la route.
« C'est tout ? » cracha t-il
« Je me suis excusé. » répondit froidement le garçon.
« Tu lui as fait mal. »
« On m'a poussé. Et je me suis excusé. » répéta t-il. Cette réponse ne sembla pas satisfaire l'homme et une nouvelle fois, il se retrouva suspendu dans les airs par le devant de son kimono. « Lâchez-moi. » cracha t-il.
« Je vais t'apprendre les bonnes manières fils de pute. » avec ses mots, il enfonça son poing dans le visage du jeune capitaine.
Toshiro sentit du sang jaillir de son nez et au moment où il rouvrit les yeux, un second coup le frappa.
« Une femme doit être respectée ! » cria l'homme avant de frapper à nouveau. « Quand tu t'excuses, ça doit être sincère ! » il lui donna un coup dans le ventre avant de finalement lâcher son haut et le laisser s'effondrer sur le sol.
Toshiro se releva sur ses avants bras, crachant le sang qui s'accumulait dans sa bouche. Cet homme était complètement malade. En fait, cela ne changeait pas de quand il était plus jeune, les gens réagissaient déjà comme ça à chaque fois qu'il faisait quelque chose.
Le pied de l'homme s'écrasa dans son ventre, expulsant l'air de ses poumons.
« Tu m'énerves ! Comment un monstre comme toi ose même toucher ma femme. »
Monstre, c'était presque devenu un surnom. Il était le monstre.
« Chéri arrête, tu vas le tuer ! » cria la femme, attrapant l'un des bras de son mari.
L'homme avait son pied sur la tête du garçon, le forçant à enfoncer son visage dans le boue.
« Peut être que ça vaudrait mieux. » répondit-il en appuyant un peu plus, faisant siffler le capitaine de douleur.
« Monsieur, veuillez arrêter. » la voix de l'un des shinigamis résonna de quelque part au dessus de lui.
Avec un souffle de mécontentement, l'homme enleva son pied de sa tête et attrapa la main de sa femme.
« Si tu l'as touche encore, je te tue » cracha t-il avant de ne pas perdre un instant et de partir.
Toshiro haletait difficilement allongé sur le sol. Son visage était en feu et son ventre hurlait. Il pouvait sentir un liquide chaud et visqueux glisser le long de sa tempe et s'infiltrer dans son œil, le forçant à le fermer.
Des mains se sont glissées sous ses bras et il a été soulevé du sol. Le garçon essaya d'enrouler ses bras autour de son abdomen qui criait alors que les shinigamis qui venaient de le prendre le faisaient glisser plus loin, hors de la foule satisfaite.
Ils l'ont traîné jusqu'à un mur et l'ont fait s'asseoir. Le pauvre garçon respirait difficilement, les bras enroulé autour de lui de façon protectrice alors que les quatre adultes le regardaient.
« Il ne faut pas provoquer les gens ici, gamin. C'était une mauvaise idée. » dit sarcastiquement l'homme qui l'avait poussé.
« Vous avez entendu les gars, ce mec l'a traité de monstre, pourtant il a le sang rouge. » rigola un autre, faisant ricaner toute la petite troupe.
Toshiro lui lança un regard noir, bien qu'il ne puisse ouvrir qu'un seul œil.
« Oh oh. Encore envie de te battre gamin ? »
« Faites gaffe, il mord. »
Rien n'avait changé. Sept ans, et la mentalité des personnes ici n'avait pas évolué. Même les shinigamis le traitaient de cette façon.
« Tu ne vas pas pleurer quand même ? » s'agenouilla l'un d'eux, prenant son visage en coupe.
Toshiro tira sa tête en arrière, essayant de s'extraire de sa prise mais l'homme resserra. Puis, sans prévenir, il lâcha, et avant qu'il ne puisse l'arrêter, sa tête entra en contact avec le mur derrière lui. Il poussa un long gémissement de plainte alors que les quatre rigolèrent.
« Bon, on s'est assez amusé comme ça. On doit faire notre rapport au Lieutenant. » l'un d'eux frappa des mains et commença à s'éloigner et les autres ne tardèrent pas à le suivre.
Merde, pensa Toshiro. Pourquoi il se retrouvait dans le pire des scénarios ?
Il avait juste besoin de reprendre son souffle. Il irait mieux après.
Sans pouvoirs, les coups faisaient beaucoup plus mal. Son reitsu ne lui permettait pas de faire une barrière protectrice autour de lui.
Il avait juste besoin de reprendre son souffle. Il ferma les yeux juste une minute. Il avait besoin d'une minute. Le monde tournait trop autour de lui, il avait juste besoin d'une minute.
Au moment où il ferma les yeux, sa conscience s'évanouit et il perdit connaissance, ne remarquant pas que son corps entrait durement en contact avec le sol.
…
Quelqu'un passait un torchon humide contre son visage, le faisant siffler de douleur.
« Papa, il se réveille ! » un enfant cria, forçant ses sourcils à se froncer.
Toshiro ouvrit les yeux pour se retrouver face à un plafond de bois auquel un lustre illuminait la pièce.
Il leva une main pour récupérer le torchon qui était rester sur son visage. Puis avec ses coudes, il se redressa pour siffler de douleur quand son ventre se mit à hurler.
« Tu ne devrais pas bouger pour le moment. » vint une voix plus adulte derrière lui. Toshiro essaya de se retourner pour faire face à l'homme quand une nouvelle vague de douleur l'en empêcha. « Tu n'écoutes pas ? » les pas précipités de l'homme se firent entendre avant qu'une bassine ne soit posée sur les genoux du garçon et qu'il ne se mette à vomir. Une main dessina des cercles dans son dos alors qu'il finissait, la respiration bancale. « C'est fini. » Toshiro toussa encore quelque fois avant de hocher la tête.
L'homme s'écarta alors et prit la bassine avec lui. Il revint quelque seconde plus tard et s'assit sur le lit dans lequel le jeune capitaine était.
« Je m'appelle Hido, je suis médecin. » il lui offrit un petit sourire. « Voici ma fille, Hanna, elle a 8 ans. » il désigna la petite fille qui venait d'entrer, celle qui avait sûrement crié à son réveil.
Le garçon les jugea pendant un bref instant.
« Toshiro. » il lâcha simplement.
Il ne voulait pas attirer l'attention sur son nom famille. Il était apparemment connu, mais ne savait pas comment les gens réagiraient.
« Très bien, Toshiro, qu'est-ce-qu'il t'es arrivé ? » Hido désigna son corps.
Le capitaine haussa les épaules. Il n'avait pas envie de raconter son humiliation à n'importe qui.
« Quel âge tu as ? » demanda la petite fille en lui lançant un regard enthousiaste.
« Je ne sais pas. » répondit honnêtement le garçon. Il ne comptait plus depuis longtemps.
« Est-ce-que tu as faim ? » demanda l'homme, posant une main sur son genou. Le garçon recula immédiatement. Il ne supportait pas le touché des gens. Seules quelques personnes avaient le droit d'être tactile avec lui cet homme ne faisait pas partit de la liste. « Pas de touché, très bien. » il leva la main en l'air, signalant qu'il n'essayerait plus. « Faim ? »
« Non »
Mais son ventre prit cela comme une invitation et gronda, faisant se colorer légèrement les joues du capitaine.
« Aller, viens. » l'homme se leva et tendit la main, laissant le choix de la prendre ou pas.
Toshiro hésita. Pourquoi cet homme était-il si gentil ?
Reniflant, il laissa ses jambes pendre du lit et se releva doucement. Il pouvait sentir la présence de l'homme dans son dos mais aucun contact ne fut pris.
Le monde tourna un moment avant qu'il ne puisse marcher. Il enroula un bras autour de son ventre et suivit Hanna jusqu'à ce qui devait être la salle à manger.
L'homme lui fit signe de s'asseoir et Toshiro hésita un instant.
« Je n'ai pas de quoi payer, Monsieur. »
Hido lui offrit un sourire.
« Ce n'est pas un problème. »
Toshiro le regarda dans les yeux et vit une certaine sincérité au fond de ses iris. Alors il prit place. Laissant l'homme lui servir un bol de soupe et en donnez un à sa fille avant de se servir.
« Alors, tu ne veux pas me dire ce qu'il t'est arrivé ? » il redemanda en prenant une culière de breuvage.
Toshiro leva la tête de son assiette.
« Un homme m'a frappé parce que j'ai accidentellement touché sa femme. » il marmonna avant de retourner à ce qu'il faisait. Il était particulièrement affamé. « Pourquoi vous m'aidez ? La plupart des gens ont peur de moi. »
L'homme haussa les épaules.
« Je suis médecin. Mon rôle est d'aider. Alors quand je t'ai vu là bas, parterre et presque mort, je me devais de faire quelque chose. » il prit une autre culière.
Le garçon considéra l'homme une seconde de plus. Cet homme avait un bon fond. Il n'avait pas dit qu'il n'était pas effrayant, mais il l'avait quand même aidé.
« Merci, Monsieur. » l'homme lui fit signe que ce n'était rien.
Un silence se posa sur eux et ils mangèrent dans un calme reposant, jusqu'à ce que le garçon ne brise le silence.
« Je peux vous poser une question ? » Hido leva la tête et lui fit signe de continuer « Matsumoto, enfin le Capitaine Matsumoto, comment est-elle ? »
Il voulait savoir comment allait la femme. Elle était une grande partie de sa vie et représentait beaucoup.
« Magnifique, si tu veux savoir. C'est la plus belle femme du Seireitei. Enfin, c'est ce que l'on raconte. Les hauts gradés ne viennent jamais par ici. » il lui offrit un sourire.
« C'est tout ce que l'on raconte sur elle ? » continua le garçon.
« On dit qu'elle est très puissante. Quand son Capitaine est mort, le Capitaine Hitsugaya, elle s'est complètement renfermée sur elle-même. Elle s'est mise à suivre les mêmes entraînements que lui pour ne pas l'oublier. Après sa mort, elle est devenue impatiente et froide. » Toshiro baissa la tête. Son cœur se serrant douloureusement. « Mais heureusement, elle a trouvé le bon Vice-Capitaine. » Il releva la tête. C'était vrai. Tous les capitaines avaient un second. Il ressenti une sensation étrange à la pensée que la femme puisse faire équipe avec quelqu'un d'autre. « Un garçon, un génie dit-on. Il n'arrive pas au niveau du Capitaine Hitsugaya, mais la ressemblance entre les deux est flagrante. Peut-être que c'est un moyen pour le Capitaine Matsumoto de faire son deuil. En tout cas, on dit qu'elle a retrouvé une partie de son humeur d'antan. »
Il ne put empêcher le sourire qui lui traversa le visage de faire son apparition. Elle avait choisi quelqu'un qui lui ressemblait.
« Merci beaucoup. Est-ce-que vous savez des choses sur le Vice-Capitaine Hinamori ? » il essaya de paraître naturel, bien que son cœur batte fort dans sa poitrine.
Hido offrit un sourire confus et fronça les sourcils.
« Elle est morte, gamin. Il y a de cela trois mois. »
Le monde sembla s'écrouler sur ses épaules.
« Quoi ? » Que venait-il de dire ?
« Tu ne savais pas ? » il prit une autre culière. « Une bataille qui a mal tournée. Elle serait tombée dans un piège, dit-on. »
Toshiro avait arrêté de manger. En fait, il s'était levé.
« Je… Je suis désolé. Merci pour tout. » il s'inclina avant de partir sans cérémonie, n'écoutant pas les appels de ses deux sauveurs.
Il faisait nuit dehors, mais cela n'avait aucune importance.
Momo était morte.
Sa sœur.
Il n'était pas là.
Il n'a pas sut la protéger.
Sa sœur était morte.
Ses yeux piquèrent alors qu'il traversait les rues vides du village.
Momo n'était plus là.
Sa respiration se coupa.
Ça ne pouvait pas. Ça ne pouvait tout simplement pas.
Il s'arrêta dans une ruelle. Il ne pouvait pas aller plus loin. Il n'arrivait pas à respirer.
Son estomac se retourna. Il vomit tout ce qu'il pu.
Elle ne pouvait pas. Pas Momo.
Il s'avança plus profondément dans la ruelle avant que ses jambes ne lâchent et qu'il s'écroule.
Comment avait-il pu échouer aussi lamentablement à protéger ceux qu'il aimait.
Mamie et Momo étaient toutes les deux parties.
C'était tellement douloureux.
Et personne ne savait qu'il était là.
Matsumoto l'avait remplacé par un autre gamin.
Et si elle ne voulait pas qu'il revienne ? Elle avait refait sa vie sans lui.
Il prit sa tête dans ses mains.
C'était un cauchemar. Un horrible cauchemar.
Il ne sait pas quand la première larme a coulé, ni quand la seconde a suivi. Il a juste cédé à la panique.
Il avait juste besoin de quelque chose de familier auquel s'accrocher.
Mamie était morte.
Momo était morte.
Matsumoto avait refait sa vie sans lui.
Pourquoi était-il là ? Il n'avait plus de place ici.
Sa tête tourna. Il n'avait toujours pas respiré.
Il se laissa tomber sur le coté.
Il laissa les ténèbres l'envahir.
Il ne comprenait juste pas.
…
C'était toujours aussi affligeant. Cette façon dont les gens le traitaient.
Cela faisait un mois maintenant, que qu'il s'était réveillé dans cette forêt, et il était toujours coincé au même point.
Il avait demandé à d'autres shinigamis s'ils pouvaient appeler l'un des capitaines ou lieutenants, espérant que l'un d'eux accepte de l'aider. Mais évidemment, aucun des hommes ou des femmes qu'il avait rencontré n'avait été prêt à accéder à sa requête. Après tout, il n'était considéré que comme un enfant du Rukongai.
Il était retourné vivre dans la maison de sa grand-mère, faisant un grand nettoyage avec ce qu'il avait trouvé un vieux balais et quelques chiffons usés. C'était parfois compliqué d'être là. Avec les souvenirs de Mamie et de Momo.
Il trouvait difficilement à manger. Il n'avait pas d'argent, pas l'âge de travailler et personne n'essayait de l'aider. Il devait se débrouiller seul.
Il était retourné voir le médecin, Hido, pour le remercier et s'excuser d'être parti si précipitamment. L'homme n'en avait pas tenu compte et lui avait dit qu'il n'y avait aucun problème.
De plus, cela devenait frustrant de ne pas avoir de pouvoir. Se défendre devenait compliqué. Il faisait face aux mêmes problèmes que lorsqu'il était petit : les gens le haïssait pour son apparence. La seule différence était qu'il n'avait plus Momo ou sa grand-mère pour l'aider, et c'était, bien que cela fasse mal à son égo, vraiment difficile.
Il avait des bleus sur tout le corps. Bien qu'il essaye d'éviter les habitants le plus possible, de passer dans des rues très peu empruntées, il se retrouvait toujours, ou presque, à devoir se battre pour survivre, au sens propre. Il avait beau les contourner, c'était eux qui semblaient attirés par lui.
Il avait vraiment besoin de trouver une solution pour contacter un membre du Seireitei qui le connaissait.
« Eh microbe ! »
Merde, pensa instantanément Toshiro.
Il était allé dans le village pour voir Hido et demander à l'homme s'il pouvait l'aider avec une toux qui ne semblait pas vouloir partir. Cela faisait une semaine environ, qu'il toussait beaucoup, et le moindre effort physique semblait rendre compliqué la reprise de souffle.
Il se retourna pour voir trois adolescents marcher vers lui. L'un deux tenait une barre en métal dans ses mains et la tapotait avec ses doigts.
Le garçon recula par expérience, l'image ne donnant pas vraiment de quoi être rassuré.
« Qu'est-ce-que tu fous ici ? » l'un d'eux cracha.
Celui avec la barre vint se placer derrière lui, alors que le troisième se mettait sur son coté. Ils venaient de lui couper tout moyen de s'échapper.
« Je vais voir quelqu'un. » répondit froidement le capitaine, laissant un visage neutre même si à l'intérieur, il était légèrement apeuré.
« Qui ? Qui pourrait avoir envie de te voir ? » rigola celui derrière lui, laissant le métal de son arme frapper rythmiquement le sol.
« Cela ne vous regarde pas. »
L'adolescent devant lui souffla du nez sans humour, et quelques secondes plus tard, Toshiro sentit une vive douleur dans son dos. Tombant au sol, il retint le cri qui menaçait de passer à travers sa gorge. Son souffle se coupa et il se retrouva à haleter durement.
« Vas y, refais ! » cria l'un de ses agresseurs avec joie.
Un second coup frappa son dos et Toshiro laissa échapper un gémissement plaintif alors qu'il semblait définitivement expulser tout l'air restant de ses poumons.
Son kimono fut attrapé et il fut retourner. Le mouvement envoya une vague de douleur dans son dos qui le força à gémir et fermer les yeux.
« Regardez comme il est pathétique. » rigola celui qui le tenait.
« Si tu nous supplies, on veut bien te laisser tranquille. » enchaîna celui à la barre.
Toshiro haletait désespérément dans la prise de son agresseur. Son souffle semblait ne pas revenir et il commençait à voir double.
« Arrêtez » il murmura.
Les trois adolescents éclatèrent de rire.
« C'est ça que tu appelles 'supplier' ? »
« Vraiment pathétique, tu ne sais donc rien faire ? »
Avec ces mots, le garçon qui le tenait envoya son poing dans son visage. Du sang gicla instantanément. Son arcade sourcilière était déjà cassée et il avait déjà un œil au beurre noir, cela n'allait certainement pas arranger les choses.
« Tu es » il lui redonna un coup « vraiment » encore « inutile » encore. Chaque mot était ponctué d'un coup de poing.
Toshiro était à peine conscient maintenant. Il avait du sang dans la bouche et il ne pouvait toujours pas respirer. Il était au bord des larmes alors que l'adolescent lui donnait un dernier coup avant de le lâcher et de le laisser tomber.
Le monde tournait autour de lui et il sentait du sang couler de son visage pour emprunter un chemin vers ses cheveux ou son cou alors qu'il était allongé sur le sol poussiéreux. Son abdomen lui disait de tousser, qu'il en avait besoin, mais son dos lui criait de ne pas le faire. Il ne pouvait pas résister. Il était complètement à bout de souffle. Il ferma les yeux alors qu'il expulsait du sang et de l'air de sa bouche, essayant d'en reprendre lorsqu'il inspirait. C'était douloureux. Affreusement douloureux.
Les trois adolescents étaient partis, satisfaits. Toshiro s'en fichait. Le coté gauche de son visage brûlait, son dos hurlait de désapprobation.
Il ne sait pas combien de temps il est resté là, allongé sur le sol. Le sang sur lui était visqueux et dégouttant, le sol sous lui était froid et poussiéreux. Il s'en fichait. Il haletait encore. Cela devait faire plusieurs heures, mais son souffle, bien que meilleur, était toujours superficiel.
Il devait trouver Hido pour qu'il l'aide. Pourquoi ne pouvait-il simplement pas respirer ?
Alors il se mit debout. Aussi compliqué que cela puisse être, aussi douloureux que ce fut. Son dos hurlait de protestation. Il enroula ses bras autour de son ventre et commença une marche lente vers sa destination. Le sang de son visage coula dans son cou, imbibant son kimono. Il toussa légèrement, laissant le reste du sang tacher son menton et levant une main tremblante pour l'essuyer.
Les habitants lui lancèrent des regards apeurés, que ce soi à cause de lui-même ou du sang qui le recouvrait, il s'en fichait.
Un homme s'approcha de lui et Toshiro sentit son cœur tomber. Même quand il était dans cet état, ils avaient besoin de le rabaisser ?
Ses yeux s'humidifièrent et il s'arrêta. Il s'appuya contre le mur le plus proche pour l'équilibre et vit l'homme se tenir devant lui.
« S'il vous plaît, laissez-moi tranquille. » il supplia, sa voix rauque et cassée.
Pendant un instant, l'homme ne fit rien, puis, rapidement, il attrapa son bras quand Toshiro commença à perdre l'équilibre, supportant une partie de son poids.
« Viens gamin, tu as besoin de voir un médecin. » l'homme le tira, rattrapant le garçon quand il tomba en avant.
« Hido » haleta Toshiro, laissant l'homme le traîner dans les rues.
« Ouais, le Docteur Hido. »
L'homme qui semblait essayé de l'aider marchait vite, ce qui était réellement compliqué pour le petit capitaine.
« Mon Dieu, Toshiro ! » cria Hido quand l'homme ouvrit la porte et le traîna à l'intérieur.
Le médecin couru et passa ses bras autour du garçon pour soutenir son poids, faisant gémir Toshiro de désapprobation. L'homme qui l'avait aidé expliqua simplement qu'il l'avait trouvé comme ça et parti après que Hido l'ait remercié.
« Toshiro ? Qu'est-ce-qu'il t'est arrivé, mon grand ? » Hido demanda en l'aidant à se déplacer jusqu'à la table d'auscultation.
« Respirer » se plaignit le garçon alors que l'homme relevait ses jambes pour qu'il soit allongé.
L'homme attrapa une petite lampe et regarda dans ses yeux, restant un peu plus longtemps sur son œil gauche qui était imbibé de sang. Il attrapa ensuite son stéthoscope et passa ses bras sous le garçon avant de le tirer vers le haut pour qu'il s'asseye. Toshiro gémit de douleur.
« Je sais, mais j'ai besoin de savoir où ta respiration est bloquée exactement pour savoir comment t'aider au mieux. » il plaça l'objet dans son dos et écouta. Il changea d'emplacement et le garçon gémit et s'éloigna. « Toshiro, reste calme, s'il te plaît. Je ne peux pas t'ausculter si tu- » le médecin fut coupé par une grande explosion qui retentit à l'extérieur. Les murs de la petite maison se mirent à trembler et ils purent entendre Hanna crier et courir vers son père.
Le silence retomba, puis les cris d'une foule apeurée retentit dans les rues.
« Restez là, ne bougez pas. » Hido lâcha sa prise sur Toshiro et sorti inspecter.
« Papa ! » cria la fille, mais ne bougea pas.
L'homme revint quelques secondes plus tard, l'air pâle. « Sortez d'ici. Il y a un hollow dans la rue. Il détruit les maisons. »
Sans plus attendre, il prit sa fille dans ses bras et attrapa celui de Toshiro avant de le tirer vers la sortie. Le garçon grimaça douloureusement, mais Hido ne lâcha pas sa prise sur lui.
La rue était un mélange de panique et de course, les habitants courant et se poussant pour s'échapper le plus vite possible.
Le capitaine regarda dans la direction du hollow. Comment un hollow pouvait apparaître ici ? Il n'y avait rien à manger. Aucune âme n'avait de forte pression spirituelle dans le secteur.
Le monstre avait des tentacules et frappaient les maisons avec. Il poussa un hurlement qui força Hido à lâcher sa prise sur lui et à porter sa main à ses oreilles. Toshiro était habitué à ce genre de son, mais il restait tout de même désagréable.
« Il faut que l'on se mette à l'abri. » cria Hido quand la bête finit par se taire. « Là ! » il désigna une entrée de cave qui permettait de se cacher sous le sol. Sans perdre un instant, il se dirigea vers elle.
« Non ! » cria le jeune capitaine. La maison qui était juste au dessus était entrain de s'effondrer. L'homme ne sembla pas l'entendre et s'engouffra dans la cave, sa fille en larmes dans ses bras. « HIDO ! » Toshiro cria quand la maison finit par s'écrouler sur elle même.
La cave ne pouvait pas résister à un tel poids. Le garçon essaya de courir comme il put vers eux. Les décombres étaient partout.
« Hido ! Hanna ! » il appela en enlevant les premières briques avant que son dos ne lui envoi une vague de douleur. Le garçon poussa un cri de douleur et tomba à genoux. « Non, non, non » il continua à enlever les débris malgré les protestations de son corps.
Il trouva l'entrée de la cave. Comme il l'avait pensé, elle s'était effondrée.
Personne ne pouvait survivre à ça.
Encore moins de simples âmes.
Toshiro sentit sa gorge brûler alors qu'il vit la petite main de Hanna, molle, dépasser des décombres. Hido avait voulu la protéger. Il avait finit par les tuer tous les deux.
Entendant des pas lourds venir de derrière lui, Toshiro se retourna pour voir le Hollow avancer dans la rue.
Il ne pouvait pas rester là, ou il finirait par mourir, encore.
Il se retourna et voulu se lever pour s'enfuir quand son dos hurla et qu'il poussa un cri de douleur avant de s'écraser sur le sol.
Son corps refusait de bouger. Son dos envoyait vague après vague de douleur. Ses yeux se mirent à brûler. Il avait tellement mal. Mais il ne pouvait pas rester là.
Il ne savait pas quoi faire. Son corps le suppliait de ne plus bouger alors que son esprit le poussait à se relever et à courir.
Le hollow poussa un cri. Il était juste au dessus de lui.
Toshiro serra les dents. Il allait mourir. Seul.
L'une des tentacules frappa le dernier mur encore debout de la maison qui avait tué le père et la fille. Le capitaine ferma les yeux.
Il ne savait pas ce qu'il s'est passé après. Il ne savait pas à quel moment il a perdu connaissance.
Il savait juste qu'il allait mourir.
…
C'est une vive douleur qui le réveilla.
Il ne savait pas du tout où il était pendant quelques secondes, jusqu'à ce qu'il ouvre les yeux.
Il était toujours allongé sur le sol, au milieu des débris.
Il était vivant.
Il regarda autour de lui. Le hollow avait disparu. Des hommes et des femmes habillés en noir étaient dans la rue, cherchant sous les décombres et aidant les blessés à s'extirper.
Une femme arriva à sa hauteur, et au moment où elle le vit bouger, elle couru vers lui. Elle s'agenouilla à coté de lui et inspecta son état. Son froncement de sourcils montrait à quel point il devait être mauvais. Elle essaya de lui sourire et prit sa main moite dans la sienne.
« Ça va aller. » elle passa une main dans ses cheveux, comme si elle essayait de le rassurer. « Quel est ton nom, mon garçon ? »
Le garçon essaya de lui dire son nom. Peut être qu'elle le connaissait. Mais il ne pu simplement que tousser et gémir quand son corps envoya une nouvelle vague de douleur.
« Tout va bien. » la femme posa une main sur son épaule. Elle se pencha vers lui, plaçant son oreille devant sa bouche, essayant de l'entendre.
« Hitsugaya- Toshiro. » murmura le garçon, la voix rauque.
La femme se releva et essaya de lui sourire.
« Ce n'est pas possible, tu sais- » puis ses yeux s'écarquillèrent. Elle regarda ses yeux, puis ses cheveux, puis son corps. Elle lâcha sa main et se leva. « Vice-Capitaine Abarai ! » elle cria par dessus les bruits alentours.
Toshiro sentit une vague de soulagement au nom d'Abarai. Il allait pouvoir confirmer son identité.
Le lieutenant aux cheveux rouges arriva dans sa vision, le regard de l'homme posé sur la femme qui venait de l'appeler.
« Que se passe t-il ? » il demanda.
« Monsieur. Je ne sais pas comment c'est possible, ni même si c'est vrai mais- » la femme déglutit.
« Mais ? » pressa le lieutenant.
« Mais ce garçon m'a dit s'appeler Hitsugaya Toshiro. »
Les sourcils d'Abarai se froncèrent.
« C'est impossible. Il a dû prendre un coup sur la tête. Le Cap- » il se tut quand ses yeux atteignirent enfin les siens. La réaction de l'homme fut similaire à la femme, son regard s'écarquillant. « Merde ! » il s'agenouilla près de lui et regarda son corps de haut en bas. « Je n'ai aucune idée de comment c'est putain de possible. » il plongea ensuite son regard dans celui turquoise du garçon. « Quelle est la dernière chose que j'ai dit au Capitaine Hitsugaya ? » il demanda.
Ce passage avait été assez étrange. Les deux hommes s'étaient croisés la nuit, l'un sortant du bureau où il venait de finir sa paperasse, l'autre sortant d'un bar. Hitsugaya n'avait pas spécialement voulu parler avec l'homme soul, mais Abarai n'avait pas voulu passer à coté d'une discussion nocturne, au grand désespoir du capitaine. Ils avaient eu (Renji avait parler presque seul) une discussion sur un sujet particulièrement inintéressant.
« Les papillons sont plus que des putains de coléoptère. » murmura le garçon, se rappelant comment le lieutenant avait été surexcité de lui dire ça.
Renji écarquilla les yeux.
« Merde. C'est vraiment vous. » il se gratta l'arrière de la tête avant de souffler. « Vous êtes dans un sale état. »
« Merci. » répondit le garçon, toussant et crachant du sang.
« Naoki, va chercher une unité médicale. » ordonna le lieutenant.
« Hai ! »
Alors que la femme partait, Renji réfléchit à comment l'aider.
Toshiro essaya de bouger et de s'asseoir mais une immense douleur traversa sa jambe.
« Votre jambe est sous un débris. » expliqua le lieutenant. « Je vais essayer de trouver quelque chose pour le soulever » Abarai attrapa un morceau de débris qu'il plaça près du plus gros. Il prit ensuite une barre de fer et l'installa. « Vous êtes prêt ? »
Le garçon serra les dents et hocha la tête.
Le lieutenant poussa pour soulever le morceau de sa jambe. C'était atrocement douloureux. Le débris bougea et commença à glisser hors de son corps, mais Toshiro ne put retenir le cri de douleur qui s'échappa quand il fut complètement extrait.
Tout son corps était tendu et sa respiration se faisait à nouveau par petits accoues.
« Capitaine, vous allez bien ? » demanda Renji.
C'était une question stupide en soi. Bien sur qu'il n'allait pas bien. Il était allongé au milieu des décombres d'une maison, une jambe écrasée, un dos hurlant, le visage en sang et une respiration superficielle.
Il secoua la tête. Il ne pouvait pas respirer. Il toussa mais gémit quand son abdomen et son dos se rebellèrent.
L'équipe médicale arriva, composé de quatre shinigamis et ils l'encerclèrent.
« Est-ce-qu'il s'agit de- »
« Oui. Ne posez pas de question et aidez le. » coupa le lieutenant alors qu'il s'écartait pour les laisser faire.
Un masque à oxygène fut posée sur son visage, empêchant toute la poussière de rentrer dans son corps, et l'aidant à respirer.
Le monde se remit à tourner alors qu'il toussait violemment. Des mains se sont posées sur ses épaules pour l'empêcher de convulser mais le pauvre garçon ne pouvait rien faire.
« Eh, Capitaine ? » Abarai attira son attention. Il s'était déplacé au dessus de sa tête et le regardait maintenant à l'envers. « Ne mourez pas. Rangiku ne le supporterait pas une seconde fois. » il était totalement sérieux alors qu'il plongeait ses yeux dans les siens.
Toshiro hocha la tête. C'était la seule chose qu'il pouvait faire avant que les ombres ne commencent à s'incruster dans ses yeux. La conscience lui échappa et sa dernière pensée fut pour la femme, avant qu'il ne sombre complètement dans les ténèbres.
…
Il se réveilla aux sons de plusieurs personnes qui parlaient. Une lumière blanche était au dessus de lui lorsqu'il ouvrit les yeux, et il mit plusieurs secondes à s'habituer.
Il reconnu tout de suite l'endroit. Il était à la quatrième division. Il avait passé un certain temps ici pour pouvoir le reconnaître sans mal.
Les voix qu'il entendait était lointaine, et il regarda autour de lui. Il remarqua que plusieurs parties de son corps étaient bandés, dont sa tête et son torse. Sa main l'était aussi, et il ne se rappelait même pas avoir eu mal à cet endroit.
« Je vais entrer dans cette chambre. Que tu le veuilles ou non. » dit une voix de l'autre coté de la porte.
« Rangiku, je sais que tu as très envie de le voir, mais nous ne savons pas encore si c'est réellement lui. Cela te ferait trop mal si ce n'est pas le cas. » répondit une voix plus calme.
« Je suis une grande fille, Isane. J'ai déjà géré sa mort une fois. Je le connais mieux que quiconque, je saurai si c'est lui ou un vulgaire imposteur. » répliqua son lieutenant.
« Si ce n'est pas lui, qu'est-ce-que tu feras, hein ? »
« Je le tuerai pour avoir osé faire ça. » cracha la femme, faisant reculer Toshiro dans son lit.
« Et si c'est juste un garçon qui a reçu un coup à la tête et qui délirait ? »
« Qui partagerait le même ADN que lui ? » rigola sans humour Matsumoto. « Laisse moi entrer. »
« Tu entreras quand il sera réveillé. »
« J'attendrais qu'il se réveille. » répondit rapidement la femme.
Toshiro entendit un soupire derrière la porte.
« Je ne vais pas gagner, n'est-ce pas ? » Isane demanda, résignée.
« Non, aucune chance. » sa voix était moins en colère, comme si elle compatissait avec son amie et lui envoyait un sourire désolé.
« Très bien. Mais ne le brusque pas. »
Matsumoto ne répondit pas verbalement, et quelques secondes plus tard, la porte de sa chambre s'ouvrit doucement.
Toshiro tourna la tête, légèrement encombré par le masque à oxygène sur son visage. Matsumoto le regarda, et quand leurs yeux se croisèrent, le garçon vit toute la douleur et l'espoir qui se reflétaient en eux.
La femme était magnifique, comme toujours. Son visage avait très peu changé, peut être s'était-il durci un petit peu, mais Toshiro trouvait qu'elle était toujours aussi belle. Elle portait, comme tout capitaine le faisait, l'haori qui indiquait quelle division elle dirigeait. C'était étrange de le voir sur elle. Mais elle le portait bien.
Il remarqua que quelque chose à sa ceinture brillait. Là, accroché à elle, se trouvait l'étoile qui lui servait jadis à nouer Hyorinmaru autour de lui. Elle brillait, même si une légère fissure était présente en son centre.
Un silence gênant s'est alors posé entre eux. Toshiro avait peur de parler le premier. Il ne voulait pas être rejeté, pas quand la seule chose à laquelle s'accrocher, était elle.
La femme resta près de la porte, le jugeant silencieusement, avant de s'avancer et de se tenir à quelques mètres de lui.
« Mon Capitaine était le meilleur. » commença t-elle, doucement, le regardant droit dans les yeux. « Il était intelligent, vif d'esprit, gentil, adorable et toujours prêt à aider celui dans le besoin. » elle laissa une pause. « Je peux comprendre que tu es voulu être comme lui. C'était une personne admirable. Mais sache qu'en faisant ça, tu peux faire du mal à beaucoup de personne. » elle posa une main sur sa hanche, près de la garde de Haineko, et le garçon déglutit. « Tu lui ressembles beaucoup. Tu as même le même regard que lui. Mais je l'ai vu mourir. Il est mort dans mes bras. Alors si tu veux me faire croire que c'est bien toi, tu vas devoir le prouver. »
Elle ne lâcha pas son regard.
Toshiro déglutit. Le prouver ? Comment pouvait-il prouver que c'était lui ?
« Comment ? » demanda t-il, sa voix était rauque et sèche.
« Si tu es lui, tu trouveras. » répondit froidement la femme.
Il essaya de s'asseoir, forçant sur ses bras pour soutenir son corps et gémissant quand son dos protesta. Avec difficulté, il réussi, ignorant la façon dont sa jambe le tirait.
« C'est toi qui m'a offert cette étoile. » il désigna la boucle à sa ceinture et elle baissa les yeux pour regarder l'objet avant de revenir sur lui. « C'était ton cadeau pour l'obtention de mon diplôme. Je la portais toujours. Elle me servait de lien pour attacher Hyorinmaru à mon dos. »
Matsumoto bougea sur ses pieds, le regardant avec beaucoup trop d'émotions pour que son cœur ne se serre pas.
« Dis moi autre chose. N'importe qui peut savoir ça. » sa voix était serrée. Elle savait. Personne ne pouvait savoir ça. Toshiro avait toujours prétendu avoir fabriqué cette étoile lui même, de peur qu'on se moque de lui d'être aussi attaché à un cadeau.
« Il m'arrivait parfois de venir dans ta chambre la nuit. » sa propre voix se bloqua. C'était beaucoup plus compliqué qu'il ne le pensait. « Je faisais des cauchemar. J'avais le double de tes clés, c'est toi qui me l'avais donné, tu me disais toujours que je pouvais venir quand je voulais. » ses yeux se mirent à piquer quand une larme coula sur la joue de la femme. « Je n'ai jamais dit ça à personne. Personne ne peut savoir. »
La femme hocha la tête, le regardant toujours.
« Comment c'est possible ? » elle murmura, sa voix se brisant.
« Je ne sais pas. » avoua le garçon.
La femme commença à s'avancer vers lui, doucement, avant d'écarter les bras. Toshiro leva les mains et Rangiku enroula ses bras autour de son petit cadre. Le garçon fondit en elle et posa sa tête contre son épaule, alors que le lieutenant, maintenant capitaine posait son menton sur le sommet de son crane.
« Tu ne peux pas savoir à quel point tu m'as manqué. » elle murmura dans ses cheveux, la voix brisée alors qu'elle pleurait.
« Je suis désolé. » croassa le petit capitaine.
Ils restèrent dans les bras l'un de l'autre pendant des minutes entières, mais aucun d'eux ne s'en souciait. Ils étaient enfin ensemble.
C'est Matsumoto qui bougea en premier et elle s'écarta avant de prendre ses joues en coupe. « Unohana a dit que tes blessures n'avaient pas toutes pu être causées par l'attaque du hollow. Qu'est-ce-qu'il s'est passé ? »
Toshiro lui offrit un sourire triste. « Les mentalités n'ont pas changé. »
Rangiku a compris et elle le ré-attira dans son étreinte. « Tu ne risques rien ici. » Le garçon sourit et hocha la tête contre son épaule. « Quelle est la dernière chose dont tu te souviens ? »
« Être blessé et mourir dans tes bras. » il la sentit prendre une grande respiration, comme si le souvenir même était compliqué.
« Et avant ? »
« Rien. Je ne me rappelle même pas m'être battu. »
« D'accord. » la femme passa une main dans ses cheveux blancs, faisant attention à ne pas toucher le bandage enrouler autour de sa tête.
« Qu'est-ce-qu'il s'est passé ? »
« Nous t'expliquerons plus tard. » vint une voix derrière eux.
Les deux se séparèrent mais Rangiku garda une main dans ses cheveux.
« Bonjour Unohana. » salua Toshiro
« Bonjour Hitsugaya. C'est un plaisir de te revoir parmi nous. » la grande femme entra doucement dans la pièce. « Comment te sens-tu ? »
« Comme si une maison m'était tombée dessus ? » répondit sarcastiquement le garçon.
Il sentit Rangiku rigoler de nerd à coté de lui.
« Effectivement » répondit Unohana en lui souriant. « Tu as une jambe cassé, un poignet foulé, des cotes brisées, des lésions dans le dos inquiétantes et plusieurs blessures au visage. » elle fit la liste des problèmes qu'il avait avant de s'approcher de lui pour mettre une lumière dans ses yeux. « Sans oublié que tu es malade. »
« Malade ? » demanda Hitsugaya. Il n'était pas au top de sa force, mais il ne se sentait pas malade. Il était blessé.
« Oui. Tu as attrapé une maladie qui attaque tes voies respiratoires, c'est pourquoi tu es sous oxygène. » elle rangea son stylo et passa derrière lui pour ouvrir sa chemise d'hôpital. « Tu vas devoir être sous traitement pendant un moment et faire attention à ne pas t'essouffler. Ce n'est pas inguérissable, mais ça peut prendre du temps. »
« Depuis combien de temps j'ai ça ? » demanda le garçon, se rappelant comment il s'était battu pour sa respiration cette dernière semaine.
« Deux semaines environs. Depuis combien de temps es-tu parmi nous ? »
Toshiro attendit quelques secondes avant de répondre. « Un mois. »
Il vit Rangiku haleter à coté de lui. « Pourquoi n'es-tu pas venu ici ? » elle accusa.
« J'ai essayé. » se défendit le garçon. « Aucun shinigami n'a prit ma demande au sérieux, et faire le voyage jusqu'aux murs sans pouvoir était suicidaire. » il expliqua alors que sa gorge se noua. Il avait tellement essayé de venir. Il avait été désespéré et prêt à abandonner à plusieurs moments. « J'ai essayé, Rangiku, je te le promets. » il baissa les yeux.
La main dans ses cheveux se remit à frotter, lui faisant savoir qu'elle comprenait.
Puis, tout son corps se tendit alors qu'Unohana toucha une partie sensible dans son dos. « Aïe » il se plaignit. Mais la grande femme retoucha, plus fort et le garçon gémit de douleur.
« Je suis désolée, Hitsugaya, mais je dois mettre de la crème sur tes blessures. » Elle toucha à nouveau et Toshiro poussa un autre gémissement et essaya de s'éloigner. « S'il te plaît, ne bouge pas. »
Elle appuya à un autre endroit et le garçon cria. Rangiku l'attira dans ses bras alors que ses yeux brûlaient et que sa respiration se coupait. « Tout va bien. » elle recommença à caresser ses cheveux.
Il cria à nouveau, un sanglot déchirant sa gorge. C'était trop. Être détesté par les habitants, se faire battre chaque jour, presque mourir à plusieurs reprises, boire son sang, que personne ne le croit, perdre Hido et Hanna, puis se retrouver dans les bras de Matsumoto. La dernière chose qu'il lui restait.
« C'est bientôt fini. » Unohana dit derrière lui alors qu'un autre sanglot le quittait et qu'il s'accrochait à l'haori de la femme comme si sa vie en dépendait. « Voilà. » elle posa la dernière partie de crème.
Mais le garçon continua à s'accrocher à la femme. Il refusa de lâcher prise.
Il était complètement perdu.
Qu'allait-il faire maintenant ? Il n'avait plus de place au sein du Gotei 13, ses pouvoirs étaient introuvables, mamie n'était plus là, Momo non plus. Tout ce à quoi il pouvait s'accrocher était ici.
« Toshiro ? » il entendit Rangiku l'appeler. C'était étrange qu'elle l'appelle comme ça, mais il pensa que, de toute manière, les formalités entre eux ne servaient plus à rien sans oublié qu'il s'était adressé à elle par son prénom.
Le petit capitaine desserra légèrement sa prise sur son haori mais ne bougea pas sa tête de son épaule. Il avait besoin de cette chaleur. De ce sentiment de ne pas avoir tout perdu.
« Il a besoin de repos. » dit Unohana, plus à Rangiku qu'à lui.
La femme fredonna d'accord et passa ses doigts dans ses cheveux. « Est-ce-qu'on peut avoir quelques minutes ? »
Le capitaine de la quatrième donna son accord et quitta la chambre, disant qu'elle repasserai plus tard.
Et ainsi les minutes se sont enchaînées et Toshiro laissa la femme le bercer. Il était fatigué. Physiquement et mentalement.
Il laissa ses yeux se fermer, laissant l'entièreté de son corps reposer contre le sien. Et il s'endormit ainsi assit dans son lit d'hôpital, calé dans les bras de la femme.
…
« Hitsugaya ? » une voix l'appelait dans son sommeil. Il ne dormait pas bien, quelque chose le dérangeait. « Hitsugaya, réveille toi. » une main secouait son épaule.
C'était étrange, il ne pouvait pas ouvrir les yeux. Pourtant, il sentait que son corps était assis. Pourquoi était-il assis ? Il y avait quelque chose enroulé autour de son dos qui semblait l'empêcher de tomber. Il pouvait aussi sentir une main contre sa nuque qui maintenait sa tête droite.
Pourquoi quelqu'un le tenait dans cette position ?
« Capitaine Hitsugaya, réveillez-vous. » c'était une autre voix.
'Capitaine'. Où était-il ?
Il ouvrit finalement les yeux, se retrouvant face aux capitaine et lieutenant de la quatrième division qui le soutenaient assis dans son lit. Et il comprit enfin pourquoi.
Il était en hyperventilation. Sauf qu'aucun air ne passait.
Il pouvait sentir qu'il transpirait fortement, ses cheveux trempés contre son front. Il toussait assez violemment, grimaçant quand le son sorti sec et douloureux.
« Hitsugaya, il faut que tu te calmes. » Il avait envie de lui crier dessus. Et comment était-il sensé le faire ? Il ne savait même pas pourquoi il avait une crise en premier lieu. « Isane, change l'air qui arrive dans son masque, ses lèvres virent au bleu. » Toshiro essaya de dire quelque chose, simplement pour se retrouver à haleter un peu plus. « Ne dis rien. Concentre toi sur ta respiration. Il faut que tu obliges ton corps à inspirer/expirer. »
Qu'il oblige son corps ?
La maladie, pensa une petite voix dans son esprit. Il ne faisait pas une crise de panique ou quelque chose comme ça. C'était la maladie respiratoire dont Unohana lui avait parlé plus tôt.
N'écoutant pas les protestations de son corps, le garçon prit une grande inspiration, s'étouffant alors que l'air se bloquait. Ses mains s'accrochèrent aux draps du lit et il ferma fortement les yeux. C'était douloureux.
Il toussa à nouveau, puis reprit une grande respiration. Mais son corps le rejeta.
Le garçon commençait à paniquer. Il faisait ce qu'Unohana lui disait, pourtant l'air ne passait toujours pas.
« Ça ne fonctionne pas, Capitaine. » informa Isane sur le coté, près de la machine reliée à son masque.
Toshiro pouvait sentir sa conscience lui échapper. Il n'allait pas mourir comme ça ?
Unohana força le garçon à s'allonger, le faisant gémir au mouvement.
« On doit l'intuber. » elle déclara, son sourire disparu de son visage.
Toshiro écarquilla les yeux d'horreur et sentit son cœur s'accélérer, si c'était possible.
Puis tout se déchaîna. Son corps arrêta complètement de respirer. Aucun air ne passait, même en petit halètement. Son dos s'arqua alors que sa bouche s'ouvrait un peu plus pour essayer d'attraper de l'air.
« Il fait un arrêt respiratoire ! » cria Isane en déposant le matériel nécessaire sur le lit à coté de lui.
Il pouvait sentir son abdomen brûler et sa bouche sèche. Ses yeux papillonnèrent vers le plafond, avant de rapidement rouler en arrière et de le couper du reste du monde.
…
Ses yeux s'ouvrirent difficilement pour se retrouver face à un plafond blanc. La lumière était aveuglante et il gémit de désapprobation.
Presque immédiatement, une tête s'interposa entre la lampe et lui, le surplombant de sa position allongée.
« Mon Dieu » une main plongea instantanément dans ses cheveux. « Ne me refais plus jamais ça. » Matsumoto fixa son regard dans le sien. Toshiro leva une main vers sa bouche pour remarquer que le masque était toujours là. Unohana n'avait-elle pas parlé de l'intuber ? « Tu as dormi presque une journée entière. » lui apprit son lieutenant alors qu'elle voyait ses sourcils se froncer.
Une journée ? Il gémit.
Il essaya de se relever et Rangiku passa son bras dans son dos, évitant les parties sensibles, et le tira vers le haut. Sa tête tourna pendant quelques petites secondes, faisant papillonner ses yeux. Ce n'est qu'à ce moment là qu'il remarqua les autres présences dans sa chambre.
Yamamoto était assis sur l'une des chaises, au pied de son lit, directement face à lui. Kyoraku et Ukitake était de chaque coté du vielle homme, une tasse de thé brûlante à la main. Unohana était sur sa gauche, inspectant les mesures que lui donnaient les machines.
« Comment tu te sens ? » demanda Unohana, se tournant vers lui. Toshiro haussa les épaules. C'était une situation trop disproportionnée pour qu'il aille bien, mais contrairement à la dernière fois qu'il était conscient, il n'allait pas mal. « Ton niveau d'oxygène est correct, nous avons pu enlever le tube il y a quelques heures. » elle le regarda dans les yeux « Tu nous as fait une grosse frayeur, j'ai même cru que Matsumoto allait faire une crise cardiaque. »
Il sentit la femme souffler sans humour de l'autre coté et tourna son regard vers elle. « Désolé. » pour toute réponse, elle passa sa main dans ses cheveux.
« C'est un plaisir de te revoir, Hitsugaya. » la voix d'Ukitake le força à tourner les yeux vers lui.
« Partagé. » répondit-il doucement, sa voix rauque et craquante.
« Bienvenue à nouveau, Capitaine Hitsugaya » la voix forte et stoïque du capitaine en chef résonna dans la pièce.
« Merci, Monsieur »
Kyoraku lui envoya un signe de tête, partageant silencieusement les retrouvailles.
« Nous avons quelques questions à te poser. » enchaîna Yamamoto, ne perdant pas de temps, comme toujours. Toshiro hocha la tête, lui donnant son accord pour continuer. « Depuis quand es-tu ici ? »
« Un mois. » répondit le garçon.
« Pourquoi ne pas t'être manifesté ? »
« Impossible. »
« De quoi te souviens-tu ? »
« Pas grand chose »
« Le combat ? »
« Non »
Il y eu un silence.
« Pourquoi es-tu en vie ? »
« Je ne sais pas. »
« Aucune idée ? »
« Non »
Un nouveau silence. Ukitake passa une mèche derrière son oreille et Kyoraku ajusta son chapeau de paille.
« Qu'est-ce-que vous ne me dites pas ? » demanda finalement Toshiro, sentant le malaise autour de lui.
« Je ne suis pas sûre que ce soit le bon moment, Toshiro. » souffla Rangiku à son oreille.
Le garçon leva les yeux vers elle. « Alors vous me cachez bien quelque chose. » il accusa.
« Rangiku a raison, gamin » Kyoraku affirma
« Pourquoi ? Je veux comprendre ce qu'il m'arrive. » renchérie le petit capitaine. « Si c'est à propos de Momo, je sais. Un habitant m'a informé du- »
« Ce n'est pas que ça. » coupa le capitaine en chef. « Le Lieutenant Hinamori est bien décédée, mais contrairement à la rumeur que nous avons répandu, que je suis sûr que tu as entendu, ce n'était pas un accident. »
Le cœur de Toshiro tomba. Il déglutit et essaya de garder un visage calme.
« Et alors quoi ? »
« Commandant » appela Ukitake, essayant de faire reculer le vieil homme.
« Le Lieutenant Hinamori n'est pas tombée dans un piège, elle s'est suicidée. »
Les mots ont été comme des lames de rasoir, déchirant son cœur en milliers de morceaux.
« Quoi ? »
« Elle n'a pas supporter le poids des pertes. » continua le vieil homme « La trahison d'Aizen a déjà été un coup dur. T'as mort a laissé des séquelles irréversibles, puis la disparition de votre grand-mère a été la goutte de trop. » il laissa un temps au garçon pour assimiler les informations.
Un silence pesant s'installa.
Momo s'était suicidée ? Parce que tous ceux qu'elle aimait étaient morts.
Il sentit sa tête battre et ses oreilles sonner violemment.
« Alors vous êtes entrain de me dire… » il s'arrêta pour peser ses mots « … que si Momo est morte, c'est à cause de moi ? »
« Non, pas du tout. » Ukitake se redressa sur sa chaise, lui offrant un sourire. « Les pertes étaient lourdes. Mais rien n'est de ta faute. »
« Elle s'est suicidée parce que je suis mort. Et tu dis que ce n'est pas ma faute ? » sa voix craqua.
« Ce n'était pas ta faute gamin. Mourir n'a pas été un choix pour toi, ça l'a été pour elle. C'est elle qui a prit la décision, tu n'y es pour rien. »
« Mais c'est à cause de moi qu'elle a prit cette décision. »
Ses yeux brûlaient maintenant et il baissa son regard sur les draps. Il avait tué Momo.
« Ce n'est pas tout. » résonna une nouvelle fois la voix du capitaine en chef.
« Non, ça suffit. » Rangiku enroula ses bras autour de son corps et le fit se pencher vers elle.
« Papy, je pense que le gamin en a assez entendu pour aujourd'hui. » Kyoraku ajusta une nouvelle fois son chapeau, Unohana et Ukitake acquiescèrent.
Yamamoto réfléchit, puis, lorsqu'il allait parlé, il fut coupé par le murmure de Toshiro.
« Ce n'est pas tout ? » sa voix répéta les mots du vieil homme, son regard sortant par dessus les bras de son lieutenant.
Il y avait plus que ça ?
L'homme aurait dû se taire et le laisser tranquille. Maintenant, il avait besoin de savoir, même s'il savait que ça pourrait le détruire.
« Si, c'est tout pour aujourd'hui. » contra Ukitake, ne laissant pas le temps à quiconque de répondre. « Ça peut attendre »
« Mais- »
« C'est non, Toshiro. » Rangiku répliqua rapidement au dessus de lui.
« Très bien. Alors je laisserai l'un d'entre vous lui annoncer la nouvelle plus tard. » le capitaine commandant utilisa sa cane pour se relever, poussant un grognement alors que son dos se dépliait. Il regarda le garçon dans les yeux avant de lui offrir le moindre petit sourie qui soit « Je suis content que tu sois de retour parmi nous. »
Toshiro ne répondit pas, regardant silencieusement les trois capitaines faire leurs salutations et disparaître.
Unohana et Matsumoto étaient les dernières personnes encore présentes avec lui.
Il se dégagea de la prise de son lieutenant et se rallongea dans son lit. Il força son corps à se tourner sur le coté, ignorant royalement les protestations que lui envoyèrent son dos et sa jambe.
« Ne fais pas ça. » essaya de dissuader Unohana, posant une main sur son épaule, pour que le garçon la repousse violemment.
Il ne voulait plus faire face aux autres. Il voulait s'enfermer dans sa bulle et y rester jusqu'à ce qu'il soit prêt.
« Laissez-moi tranquille. » il murmura, la tête posée dans son oreiller, le coté de son visage abîmé appuyé contre le lit, lui envoyant de petites vagues désapprobatrices.
Il entendit Unohana soupirer avant d'appeler qu'elle reviendrait plus tard et de partir. Toshiro ferma les yeux, sentant toujours la présence de Rangiku dans son dos.
« Pars. » il dit. Il voulait être seul. Il avait l'impression que quoi qu'il fasse, il ferait toujours du mal à ceux qui l'entouraient. Il avait fait du mal à beaucoup de monde en mourant, et même aujourd'hui, il avait fait peur à des gens.
Il était juste un putain de parasite.
« Je ne vais nulle part. » répondit la voix stricte de la femme.
« Tu ne comprends pas » il rigola sans humour. « Tous ceux qui me touchent souffre. Tu seras mieux loin de moi. » il cracha contre son oreiller, les yeux brûlants de haine envers lui-même. « Alors va t'en »
Il entendit une chaise racler le sol, puis un corps s'asseoir dessus.
« J'ai déjà testé d'être loin de toi. Je sais ce qui est bon pour moi. » elle répondit d'un ton neutre.
Toshiro ne répondit pas. Il n'obtiendrait pas gain de cause.
Les minutes ont commencé à défiler dans le silence. Il pouvait entendre la femme tourner les pages de son magasine.
Matsumoto avait toujours été têtue. Depuis aussi longtemps qu'ils se connaissaient. Elle n'en faisait qu'à sa tête, et cela avait mené à plusieurs disputes entre les deux dans le passé.
Toshiro soupira, elle allait rester, qu'il le veuille ou non.
Alors il se retourna. Gémissant de douleur alors qu'il tordait son corps pour se mettre sur l'autre coté, face à elle.
« Je pensais que tu dormais. » elle ne leva pas les yeux de son magasine de mode.
« La position est douloureuse. » répondit simplement le garçon, regardant loin devant lui.
« Remet toi droit » elle suggéra
« Non »
Elle souffla du nez et un petit sourire dessina ses lèvres. Elle tourna son regard vers lui et leurs yeux se croisèrent.
« Tu es toujours aussi insupportable. »
« Et toi toujours aussi têtue » répliqua le garçon, lui lançant un regard noir.
« C'est pour ça que tu m'aimes. » la femme rigola, lui faisant un clin d'œil. Le garçon rougit.
« Tais toi. Je te déteste. » il détourna le regard.
« Ne parle pas comme ça à ta mère. » renchérie la femme, lui donnant un petit coup dans la hanche. Le garçon était maintenant aussi rouge que les cheveux de Renji.
« Ne dis pas n'importe quoi. » il murmura, plongeant sa tête dans l'oreiller.
Ils avaient déjà eu une discussion assez similaire dans le passé. Lors d'une nuit de cauchemar, dans laquelle Toshiro avait retrouvé le lit de Rangiku, ils avaient eu une discussion sur leur relation. La conclusion avait été que la femme se rapprochait le plus de ce qui ressemblait à une mère pour le garçon. Elle l'avait presque élevé, puisqu'il avait été séparé de sa grand-mère très tôt. Elle avait suivi son parcours tout au long de l'académie et s'était débrouillée pour lui trouver une place près d'elle. Elle lui avait enseigné les bases de toutes bonnes relations, elle lui avait expliqué la meilleur façon de devenir une bonne personne. Elle ne s'était jamais dérangée pour le gronder ou le remettre à sa place quand il dépassait les bornes, même bien après qu'il soit devenu capitaine. Elle lui ouvrait toujours ses bras quand il avait besoin de réconfort et l'accompagnait dans tous ses projets. Elle le laissait toujours venir dans ses quartiers s'il avait besoin, de jour comme de nuit.
C'était sa mère, d'une certaine façon.
La femme rigola et attrapa sa main qui dépassait des draps. « Dors un peu. Je ne bouge pas. »
Le garçon grommela quelque chose, le son étouffé par l'oreiller. Ses yeux étaient déjà fermés, de toute façon.
Il ne se rendit pas compte du moment où il s'endormit, il sentait juste le pouce de la femme caresser le dos de sa main et de cette sensation écœurante qu'avait laissé le commandant en partant.
…
« Toshiro, je te présente Sora Tanaka. » Rangiku entra dans sa chambre, un grand sourire sur le visage.
Derrière elle se tenait un garçon, pas plus vieux que lui, les joues légèrement rosées alors qu'il entrait dans la pièce. Il avait de courts cheveux bruns et des yeux bleus perçants. Le gamin avait un petit sourire timide sur le visage et tenait ses mains jointes devant lui. Il portait l'uniforme de shinigami, l'insigne de lieutenant fièrement posée sur son épaule.
Toshiro fronça les sourcils. Alors c'était lui, le gamin qui l'avait remplacé.
« Bonjour Capitaine Hitsugaya, c'est un réel plaisir de vous rencontrer. » il s'inclina respectueusement devant lui. Sa voix n'avait pas encore muée, tout comme la sienne, et le jeune capitaine se demanda s'il arrivait à avoir le respect de ses hommes, tout comme il avait eu du mal à l'avoir lui même.
« Pareil. » répondit froidement Toshiro, retournant son regard vers le livre que Rangiku avait laissé pour lui ce matin là.
Il avait retiré le masque de son visage, l'estimant trop gênant. Il était assis tranquillement contre le dossier de son lit.
La grande femme soupira avant de s'approcher de lui et de se pencher pour que ses lèvres soient au niveau de son oreille.
« Ne sois pas comme ça, s'il te plaît. Il t'admire beaucoup. » elle murmura.
Toshiro grommela.
« Pourquoi tu l'as amené ici ? » il souffla, chuchotant comme la femme.
« Parce que je souhaitais que vous vous rencontriez. Vous alliez le faire à un moment ou à un autre. » elle s'écarta de lui et prit une chaise avant de s'asseoir.
Toshiro regarda dans les yeux de la femme, lui demandant silencieusement ce qu'il était sensé faire. Elle lui répondit en faisant un léger signe de tête vers le garçon toujours debout à l'entrée.
L'ex-capitaine leva les yeux pour croiser les siens. Le garçon se tenait maladroitement sur ses jambes, ne sachant manifestement pas ce qu'il devait faire. Il lui sourit gentiment quand leurs regards se croisèrent et Toshiro détourna les yeux, soupirant.
« Et bien, prend une chaise. » il invita à contre cœur, désignant un autre objet en bois dans le fond de la chambre.
« Oui Monsieur. » le garçon se précipita pour obéir, un sourire radieux posé sur le visage.
Toshiro lança un regard noir à la femme qui se contenta de l'ignoré comme elle le faisait toujours. Elle articula silencieusement le mot 'cool' pendant que son jeune lieutenant traînait une chaise à coté d'elle, devant le lit, faisant souffler du nez l'autre.
Une fois installé, Tanaka posa les mains sur les genoux et attendit. Il était vrai qu'il voyait quelques traits similaires entre ce gamin et lui. Cette façon de vouloir bien faire, de se tenir droit et de montrer un vrai respect pour ses supérieurs qu'il avait aussi lorsqu'il était troisième siège sous Shiba. Ce garçon avait l'air d'être une tête, et d'avoir beaucoup de désir d'apprendre. Il ne savait pas comment il le savait, mais il imaginait qu'il pouvait facilement reconnaître les gens comme lui. Après tout, combien étaient-ils à sortir diplômés de l'Académie des Arts Spirituels si jeune ?
Un silence gênant s'installa entre eux, Rangiku faignant de s'occuper de ses ongles avant de sortir une magasine de mode dont Toshiro n'avait même pas remarqué la venue.
« Combien as-tu eu aux examens ? » demanda finalement le garçon aux cheveux blancs, ne sachant pas comment réellement commencer.
« Des notes presque parfaites, Monsieur. Ce qui m'a porté préjudice est ma technique au sabre, mais je m'entraîne durement ! » le garçon sembla d'abord surpris qu'il lui parle, puis sembla ravi de répondre, rougissant légèrement.
'Presque parfaites'. Les siennes avaient été parfaites. Toshiro se sentit se détendre légèrement. Il ne savait même pas ce qu'il avait réellement contre ce gamin, mais il se sentait soulagé d'être au moins meilleur dans un domaine.
« Un Lieutenant qui maîtrise mal son sabre ? » il demanda, penchant la tête sur le coté d'un air interrogateur.
« Il fait des efforts, et il progresse bien. Il n'a pas dit qu'il ne le maîtrisait pas mais qu'il avait certaines lacunes. » répondit Matsumoto, lui lançant un regard accusateur. Son lieutenant baissa les yeux, honteux.
« Désolé »
Cela énerva Toshiro. Non seulement Rangiku prenait sa défense, mais en plus ce morveux n'allait même pas à la confrontation. Il avait fait exprès de le pousser pour voir comment il réagirait.
Il rendit un regard noir à la femme avant de se tourner vers le garçon.
« Réagis gamin. » il cracha. « Quand quelqu'un te fait une réflexion que tu n'aimes pas, ne te laisse pas marcher dessus. Tu es Lieutenant, tu ne devrais pas avoir besoin de ton Capitaine pour ce genre de chose. »
Qualifier Matsumoto de capitaine était étrange. Pour lui, elle était toujours son lieutenant.
Tanaka leva les yeux vers lui et rougit alors que Toshiro lui envoyait un regard perçant.
« Je comble mes lacunes, Monsieur. » répéta t-il, essayant de paraître confiant.
Toshiro soupira « Mouais » avant de reprendre la lecture de son livre. Il n'était pas convaincu par ce garçon.
Un nouveau silence tomba, les deux capitaines plongés dans leur lecture alors que le jeune lieutenant attendait sur sa chaise.
Les minutes s'écoulèrent jusqu'à ce que le garçon parle à nouveau.
« Capitaine ? »
« Quoi ? »
« Oui ? »
Toshiro et Rangiku échangèrent un regard avant de tourner leur attention sur Sora qui semblait mal à l'aise.
« À qui t'adresses-tu Sora ? » demanda Matsumoto
« Euh… et bien… vous, Madame ? » il demanda plus qu'il ne répondit à la question. Toshiro soupira et retourna à la lecture de son livre. « Est-ce-que je peux retourner à la division, j'ai du travail ? »
« Bien sur. »
Le garçon ne perdit pas plus de temps. Il rangea sa chaise là où il l'avait prise et quitta la pièce, non sans saluer ses supérieurs.
« Sérieusement ? » demanda la femme une fois que le garçon eu quitté la chambre.
Toshiro la regarda d'un air énervé avant de baisser les yeux sur son livre.
Il ne savait pas vraiment dire pourquoi, mais il n'aimait pas ce type.
« Je vois que tu as rencontré le Lieutenant Tanaka. » la voix d'Unohana résonna depuis la porte.
Le petit capitaine ne leva même pas la tête, se contentant de grogner pour toute réponse.
« Disons plutôt qu'il l'a rabaissé. » commenta froidement Rangiku, lui lançant un regard accusateur que Toshiro ignora.
Unohana gloussa avant de s'approcher du lit. « Je comprends, ce n'est pas facile. » elle posa une main sur l'épaule du garçon et serra légèrement, comme si elle voulait lui donner de la force.
« Qu'est-ce-qui n'est pas facile ? » voulu savoir Rangiku, levant un sourcil frustré/interrogateur.
Aucun des deux autres capitaines ne lui répondit, la femme lui adressa un simple sourire avant de poser ce qu'elle avait dans les mains contre le lit.
Toshiro haussa les sourcils face à la paire de béquilles qu'elle venait de poser.
« Je pense que tu es prêt à quitter l'enceinte de la quatrième. » elle expliqua. « Yamamoto te demande cependant de rester dans le Seireitei. » elle ne dit pas plus de chose, lâchant simplement son épaule.
« Super, et où est-ce-que je suis sensé aller ? » demanda le garçon, la gorge se serrant de frustration. « Je n'ai plus de quartier ici. »
Matsumoto avait prit sa chambre. Normal, puisque c'était elle le capitaine maintenant. Il n'en restait pas moins qu'il n'avait plus de maison.
« Tu vas vivre chez moi. » Rangiku dit d'un ton qui feignait l'évidence.
Les deux partagèrent un regard avant qu'Unohana ne les coupe « J'aurais besoin que tu viennes un fois tous les deux jours. Je dois m'assurer que ton dos guérit correctement et que tu n'as pas de lésions à long terme. Je dois aussi surveiller l'avancé des médicaments sur ton infection des voies respiratoires. »
« Et qu'est-ce-que je dois faire si j'ai une crise ? » demanda le garçon, se souvenant de la dernière.
« Tu n'es pas sensé en avoir. La dernière fois, les médicaments ne faisaient pas encore effet. Tant que tu ne fais pas d'effort et que ta respiration reste stable, tu es hors de danger. » elle glissa sa main dans sa poche. « Si toute fois tu sens que tu as du mal à respirer, prend ceci. » elle lui donna une ventoline. « N'en prend pas plus de deux toutes les deux heures. Mets le bout dans ta bouche et appui sur le bouton. De l'air médicamenté sera expulsé dans tes poumons et te permettra de reprendre ton souffle. Si sa ne marche pas au bout de la deuxième fois, viens ici. »
« Il doit toujours l'avoir sur lui ? » demanda Rangiku.
« Oui, si possible. Où une personne proche et prête à intervenir. »
« Je ne suis pas en sucre non plus. » marmonna Toshiro.
« Non, mais tu seras content d'avoir ça sous la main si quelque chose venait à arriver. » répondit Unohana, lui lançant un regard entendu.
Le garçon soupira et croisa les bras sur sa poitrine. « Quand est-ce-que je peux partir ? »
« Dans quelques heures. Des derniers tests vont être faits, puis tu seras autorisé à sortir. »
« Et qu'est-ce-que je vais me mettre ? Je ne vais pas partir comme ça ? » il désigna sa chemise d'hôpital.
« Je vais te rapporter tes vêtements. » répondit Rangiku, lui offrant un sourire.
« Je n'en ai pas. » fit remarqué le garçon, fronçant les sourcils.
La femme lui adressa seulement un sourire avant de se lever. « Je reviens dans quelques heures, j'ai des trucs à régler au bureau. » elle remercia Unohana et quitta la chambre.
« Comment tu te sens ? » demanda à nouveau la grande femme une fois que Matsumoto ait fermé le porte. Toshiro haussa les épaules pas très bien en réalité. « Si tu as besoin de parler, la porte est toujours ouverte. » elle lui assura. Le garçon la regarda avant de hocher la tête, pas vraiment convaincu que parler puisse aider en quoi que ce soi. Unohana attrapa ensuite les béquilles et se tourna vers lui. « Tu sais t'en servir ? »
Toshiro la regarda avec désapprobation avant de secouer la tête. Il connaissait le principe mais ne s'en était jamais servi.
…
Quand Rangiku revint plusieurs plus tard, Toshiro était à nouveau dans son lit, terminant le livre qu'il avait commencé le matin même. La femme portait dans ses bras un yukata bleu ciel que le jeune ex-capitaine avait déjà vu.
« C'est à moi ? » il demanda en fixant le tissu, surpris que cette chose existe encore.
« Oui » répondit la femme en le posant sur le lit. « Il y a certaines choses que je ne suis pas arrivée à jeter. » elle détourna le regard, choisissant de s'asseoir sur sa chaise.
Toshiro la fixa pendant quelques secondes avant de prendre l'habit dans ses mains. « Merci. » il murmura, comprenant que cela n'avait pas été facile pour la femme de se débarrasser de toutes ses affaires.
« Tu as l'autorisation ? » elle demanda, le regardant cette fois dans les yeux.
« Oui, les tests sont terminés. »
« Alors j'imagine que tout va bien ? » elle se redressa pour l'aider à faire basculer ses jambes sur le coté du lit.
« Oui, dans la mesure du possible. » il attrapa ses béquilles, qu'il avait appris à utiliser grâce à Unohana.
« Le poignet ne gêne pas pour les utiliser ? » demanda la femme en désignant sa main enroulé de bandages alors qu'il s'appuyait dessus pour se relever.
« C'est moins douloureux que de marcher sur ma jambe. » répondit-il, haussant les épaules.
Rangiku hocha la tête et le laissa claudiquer jusqu'à la petite salle de bain.
Le garçon revint quelques minutes plus tard, changé. Son lieutenant sourit en le voyant et hocha la tête pour elle-même.
« Tu es toujours aussi mignon. » elle lui fit un clin d'œil et le capitaine rougit violemment. « Tu es prêt ? » il acquiesça.
« Quelle heure est-il ? »
« 19 heures » elle se leva de sa chaise, rangeant l'objet contre le mur du fond avant de se diriger vers la porte, l'ouvrant pour le laisser passer.
Toshiro se sentait stressé de devoir se montrer en public. Et si les gens ne voulaient pas qu'il soit de retour ? Et s'ils préféraient qu'il soit mort et qu'il le reste. Il n'avait pas vraiment envie d'affronter le monde extérieur, alors il était heureux qu'il soit déjà tard et que les heures de travail soient terminées. Seuls les shinigamis qui étaient de garde de nuit devraient se trouver dehors, et encore, la plupart d'entre eux restaient à l'intérieur des casernes.
Personne dans la quatrième ne semblait réellement faire attention à eux quand ils passèrent. Il en était reconnaissant.
Quand l'air frais de dehors fit bouger ses cheveux, il prit une grande respiration. La rue devant eux était déserte, alors il commença à marcher, aussi rapidement que ses béquilles le lui permettaient. Rangiku marchait doucement à coté de lui, adaptant son allure.
« Tu sais, on a eu beaucoup de nouveaux dans la division ces dernières années. » la femme commença à lui parler pendant qu'ils avançaient.
« Ah oui ? Plus que d'habitude ? » demanda Toshiro, se sentant intéressé par la façon dont sa division avait évolué.
« Oui, légèrement. Les diplômés de l'académie ont envoyé de nombreuses demandes. Il y avait des cas très intéressants. » lui assura la femme.
« Tu les as tous lu ? » Toshiro leva un sourcil vers elle alors qu'ils tournaient au coin de la rue.
« Presque. J'avais aussi d'autres priorité. » elle lui adressa un sourire.
« Tu fais de la paperasse ? Qu'est-il arrivé à la Rangiku qui fuyait le travail comme la peste ? »
La femme rigola. « Je ne fais pas tout non plus. Mais je dois bien avouer que j'en fais une grosse partie. L'ordre est 'si cela nécessite ma signature posez le sur mon bureau, si ce n'est pas le cas, donnez le à Tanaka'. »
Toshiro gloussa. « Le gamin doit mourir sous la paperasse. »
« Pas tant que ça. » Rangiku agita son doigt en l'air avec dégoût « Beaucoup de papier ont besoin de la signature du Capitaine. Tu devrais le savoir. » elle le taquina.
« Tu me donnais Tout ton travail. Je ne faisais pas attention à quelle signature il fallait puisque je signais à la fois pour le Capitaine et pour le Lieutenant. » il lui envoya un regard entendu.
« De quoi tu parles, j'étais un très bon Lieutenant » elle porta une main à sa poitrine, faignant d'être vexée.
Le cœur de Toshiro se serra légèrement à l'utilisation du passé. Rangiku n'était plus lieutenant.
« Pas pour ça. » il répondit alors qu'il tournait dans une nouvelle rue. Il commençait à être essoufflé. Ils marchaient depuis une vingtaine de minutes et Toshiro sentait qu'il avait besoin de faire une halte. « Rangiku, attends. » il se dirigea contre le mur le plus proche et posa une épaule contre.
Cette foutue maladie allait vite l'énerver. Marcher avec des béquilles pendant un long moment était bien plus physique qu'il n'aurait pu le penser.
« Tu as besoin de ça ? » la femme se plaça devant lui et lui tendit sa ventoline.
Merde, il avait complètement oublié de la prendre. Heureusement qu'elle y avait pensé.
« Non, donne moi juste deux minutes. » souffla le garçon, régulant sa respiration.
Il posa sa jambe plâtrée sur le sol, ne mettant aucun poids dessus. Ça aussi, ça demandait un effort.
« On est bientôt arrivé. » Le rassura la femme.
Toshiro hocha la tête, ils étaient à quelques rues. Si seulement sa tête pouvait arrêter de tourner.
Puis il sentit les mains de la femme sur lui et il ouvrit les yeux, qu'il ne savait même pas avoir fermés. Il regarda partiellement autour de lui et se rendit compte qu'il était entrain de tomber et que Matsumoto l'avait rattrapé.
« Merde. » il souffla. « Équilibre pourri »
La femme lui envoya un regard inquiet avant de le lâcher d'une main une fois qu'il fut redressé et de secouer le bras. Elle plaça ensuite quelque chose dans sa bouche, ne trouvant aucune résistance alors que ses lèvres étaient ouvertes pour laisser l'air rentrer. Elle appuya sur un bouton et Toshiro prit une grande respiration, ses yeux s'écarquillant légèrement.
Rangiku enleva sa ventoline de sa bouche et laissa le garçon tousser et respirer plus normalement jusqu'à ce que tout revienne à la normale.
Elle se releva de sa position accroupie devant lui. « Tu vois, tu en avais besoin. » elle dit juste, lui lançant un regard entendu.
Toshiro hocha la tête, replaçant ses béquilles correctement avant de reprendre sa marche. « Merci. »
Ils arrivèrent quelques minutes plus tard aux quartiers du capitaine de la dixième division. Rangiku lui ouvrit la porte et le garçon entra. Peu de chose avait changé à l'intérieur. Le tout était peut être un peu plus féminin et décorée, mais certaines choses qui lui appartenaient étaient encore là.
La femme l'aida à enlever sa chaussure avant de faire de même avec les siennes, le laissant se balader.
L'étagère pleine de livres était toujours à sa place, le canapé avait changé d'angle pour être sous la fenêtre, dont les rideaux avaient changé, rendant le salon plus spacieux et lumineux. Les cadres photos qu'il avait étaient toujours présents, ajouté à quelques nouveaux. Du coin de l'œil, il vit la cuisine. Rien n'avait changé ici.
Il tourna la tête et vit les chambres, au fond du couloir. L'avantage des quartiers de capitaine était que la maison était très grande, surtout pour une seule personne. Il y avait deux chambres et Toshiro n'avait jamais compris l'utilité de cela, jusqu'à maintenant.
Il sentit Rangiku se placer juste derrière lui alors qu'il était à l'entrée du couloir.
« J'aime bien la nouvelle déco du salon. » il dit sans tourner la tête.
« Je n'ai pas changé grand-chose. » répondit la femme, plaçant une main sur son épaule et le poussant vers l'avant pour le faire avancer. Elle ouvrit la première chambre. C'était la sienne. Celle qu'il avait toujours utilisé. « C'est ta chambre » lui dit-elle « Je ne l'ai pas touchée. Peut être que quelques vêtements ont disparu, mais j'ai refusé de la faire changer. » elle lui tapota l'épaule, le laissant entrer.
Et effectivement, tout était toujours à sa place. En sept années d'absence, la femme n'avait rien touché. Toshiro se tourna vers elle, un petit sourire en coin. « Merci » au moins quelque chose qui n'avait pas changé.
« La mienne est au fond. » elle était appuyée contre le cadre de la porte, montrant du doigt la chambre plus loin dans le couloir. « Tu sais déjà où sont le bureau, les toilettes et la salle de bain. Je rajouterai une serviette et une brosse à dents pour toi. » elle le regarda dans les yeux et Toshiro hocha la tête. Il se tourna pour regarder sa chambre et voir que même sa vieille photo de Momo et leur grand-mère, posée sur sa table de chevet étaient encore là, lorsqu'il sentit des bras s'enrouler autour de lui. Il fut légèrement tiré en arrière et son dos rencontra un torse volumineux. « Je suis contente que tu sois là. » la voix de Rangiku résonna très proche de son oreille avant de sentir une paire de lèvres s'écraser contre sa joue.
Le rouge lui est monté immédiatement, mais il ne fit rien pour se dégager.
« Ouais, moi aussi. » il murmura.
La femme le lâcha et quand Toshiro se retourna, elle était déjà à sa porte. « Je pose ta ventoline dans la salle de bain, tu penseras à la prendre chaque matin et à la poser chaque soir en te lavant les dents. » elle ordonna en quittant la pièce.
Toshiro sourit, certaines choses ne changeraient jamais.
…
Il entendit la porte de sa chambre s'ouvrir doucement et de la lumière y pénétra. Il grogna et remonta la couverture jusqu'à son visage, son corps refusant de se tourner sur le coté.
Un corps se posa sur le coté de son matelas et une main tira délicatement la couette hors de sa tête et bientôt, il sentit des doigts se balader dans ses cheveux.
« Chéri, il est temps de se lever. » la voix de Rangiku parla doucement au dessus de lui.
Toshiro gémit de désapprobation. Dans le Rukongai, il avait du mal à dormir et se reposait seulement trois ou quatre heures par nuit. A la quatrième, où il était resté une semaine, entre les allers retours des médecins, des visiteurs et des bruits qui l'entouraient, dormir n'avait pas non plus été un luxe.
« hmm laisse hlioim » il marmonna, tirant sur sa couverture.
La femme rigola en maintenant sa prise sur ses draps. « Je n'ai rien compris, mais ton petit déjeuné est prêt. » Elle passa une main sur sa joue et se leva avant de contourner le lit et d'ouvrir les rideaux, faisant gémir théâtralement le garçon. « Cinq minutes » il l'entendit dire avant que ses pas ne quittent la chambre.
La situation était plutôt ironique, fit une petite voix dans sa tête. Quand il était Capitaine, Rangiku arrivait souvent en retard, voire pas du tout, car elle préférait dormir. Elle passait également ses après-midis à faire la sieste sur le canapé du bureau.
Aujourd'hui, c'était le contraire, Toshiro n'avait aucune envie de se lever, alors que la femme venait le réveiller.
Soufflant dramatiquement, il ouvrit les yeux et retira la couverture de son corps. Il était réveillé maintenant, autant se lever. Surtout que la femme ne le laisserait pas se rendormir.
Il se redressa, non sans grimacer, dans son lit et attrapa ses béquilles qu'il avait posé contre sa table de chevet la veille. Soufflant un grand coup, il se leva et quitta sa chambre, sentant une odeur de bacon fumé provenir de la cuisine.
Rangiku avait toujours aimé cuisiner. Une fois, elle avait goûté au petit déjeuné occidental et elle en était tombée amoureuse. Lorsqu'elle lui avait fait tester et que Toshiro lui avait dit qu'il aimait bien, il y avait eu le droit à chaque fois qu'ils petit-déjeunaient ensemble.
« Lait ou jus de fruit ? » demanda rapidement la femme quand elle le vit arriver. Encore une chose qu'elle avait découvert. Traditionnellement, il buvait du thé, sauf quand Rangiku lui faisait ce fameux petit déjeuné.
« Jus de fruit. » il marmonna, s'asseyant à la table alors qu'elle posait son assiette et se tournait pour sortir un verre et le lui servir. « Pourquoi tu es si pressée ? » il demanda en posant ses béquilles sur le coté et en prenant un morceau de bacon.
« Le troisième siège m'a appelé, il y a eu un accident. Rien de grave. Mais ces abrutis de la onzième ont explosé un mur commun à nos deux divisions. Soit disant 'ils étaient tellement soûls qu'ils n'ont pas fait la différence entre une porte et un mur' m'a rapporté Aiko. »
« Qui ? » il demanda en avalant.
« Tsubasa Aiko, mon troisième siège. »
La femme avait déjà mis son uniforme, sans l'haori, qui était pendu à la chaise en face de lui.
« Il faut demander un entretien avec Kenpachi et- »
« Je sais, c'est déjà arrivé dans le passé. » répondit calmement Rangiku. « Je gère. » elle lui fit un clin d'œil.
Toshiro sentit son cœur se serrer. Il n'était plus capitaine. Ce n'était pas à lui de gérer ça.
Il baissa les yeux sur son assiette et prit une autre bouchée, l'envie disparaissant.
« Tout va bien ? » demanda la femme en s'asseyant en face de lui et ouvrant sa trousse de maquillage. Le garçon ne fit que hocher la tête, finissant son repas dans le calme. « Je m'en occupe, va te changer. » elle lui dit quand il se leva et essaya de jongler entre ses béquilles et son assiette.
Il ne discuta pas et retourna dans sa chambre pour prendre des affaires.
Rangiku avait jeté certains de ses vêtements, comme elle l'avait précisée, mais Toshiro trouva quand même un kimono à se mettre. Son regard fut attiré par l'haori blanc de capitaine qui pendait, repassé à la perfection dans son placard. Il eu un rire sans joie, regardant la chose comme s'il s'agissait de quelque chose de douloureux. Pourquoi avait-elle gardé cela de tout ?
Il prit ce dont il avait besoin et ferma son placard avant de caler le tout sous son bras et de claudiquer jusqu'à la salle de bain.
« Tu es prêt ? » demanda Rangiku quand il revint dans le salon, l'haori déjà sur le dos, prête à partir.
« Oui » répondit simplement le garçon, se baissant difficilement pour récupérer sa chaussure. Une seule suffisait puisque l'autre pied était tellement bandé qu'il ne rentrait dans rien. « Pourquoi tu as gardé mon haori ? » demanda Toshiro alors qu'il s'asseyait sur une chaise.
« Parce que je ne pouvais pas m'en débarrasser. » répondit Rangiku.
Le garçon ne répondit pas. Il aurait préféré qu'elle s'en débarrasse.
Il se releva et se laissa guider vers l'extérieur. Le soleil n'était pas très haut dans le ciel, mais déjà beaucoup de shinigamis étaient dehors.
Ils ont été nombreux à le regarder, parfois avec peur, parfois avec soulagement. Il reçu quelques sourires et d'autres vinrent même le saluer, revoyant certains visages qu'il n'avait pas vu depuis un mois (sept ans et un mois).
« Bonjour Capitaine Matsumoto. » salua le lieutenant Tanaka quand ils entrèrent de le bureau. Toujours aussi bizarre d'entendre ça. « Pardon Capitaine Hitsugaya, je ne vous avais pas vu. Bonjour. » il leur offrit un sourire.
« Bonjour, Sora. » elle lui rendit son sourire.
« Bonjour » la journée de Toshiro n'avait déjà pas très bien commencé, il n'avait pas en plus, envie de parler avec le lieutenant de Matsumoto.
« Les dégâts du mur Est ne sont pas très importants, j'ai fait une liste des personnes impliquées, toutes de la onzième. Voulez-vous que je les convoque Capitaine ? »
Rangiku lui prit la liste qu'il lui tendait et la parcouru rapidement. « Non, c'est bon. Je vais aller m'entretenir avec Ikkaku. » elle rangea tout de même le papier dans sa poche. « Je te laisse gérer l'entraînement de ce matin, Sora, je devrais revenir dans une heure. Toshiro, tu peux faire ce que tu veux. Tu connais. » elle se tourna vers lui et lui fit un clin d'œil auquel il répondit par un regard neutre. « J'y vais. » elle chanta avant de revenir sur ses pas et de sortir.
Le garçon lieutenant ne perdit pas plus de temps à quitter le bureau, laissant Toshiro seul.
Le bureau n'avait pas vraiment changé non plus. Les deux tables étaient toujours au même endroit, les bibliothèques aussi. En fait, rien n'avait réellement bougé. Même le canapé et la table basse était encore parfaitement au même endroit.
Toshiro soupira. Il était heureux d'être là, mais aussi triste. Son cœur se serra une nouvelle fois ce n'était plus son bureau, ce n'était plus sa division, ce n'était plus son rôle.
Claudiquant jusqu'aux bibliothèques, il attrapa un livre que Matsumoto avait du rajouter après sa mort et retourna s'asseoir sur le canapé. Il n'avait rien à faire de toute manière.
Comme promis, Rangiku revint une heure plus tard, les sourcils froncés. « Heureusement qu'Ikkaku était là, parce que je jure que j'aurai pu en égorger un. » elle fulmina en entrant.
« À ce point là ? » demanda le garçon en levant les yeux de sa lecture.
« 'On avait pas vu le mur' ils ont dit. Mais 'ce n'est pas grave, de toute manière il était moche'. Je promets qu'un jour j'en tuerai un. » elle s'assit dramatiquement à son bureau, son bureau, et soupira. « Comment s'est passée ta matinée ? » elle ouvrit les yeux pour le regarder.
Toshiro leva le livre qu'il avait en haussant les épaules. « Combien de temps je vais devoir rester ici ? Parce que je n'ai pas vraiment envie de passer le reste de ma vie à lire tous les livres de cette bibliothèque. »
Rangiku lui sourit. « Le Central 46 a demandé à te voir ce soir. Ils débattent depuis une semaine sur ce qu'il va se passer. »
« Et quand est-ce-que tu comptais me le dire ? » Toshiro s'énerva. Sérieusement ?
« J'attendais le dernier moment. Tu es déjà assez stressé comme ça. »
« Assez stressé ? » répéta le garçon. « J'aimerai bien t'y voir. Je viens de passer un mois de merde, Rangiku. Le Capitaine Commandant débarque dans ma chambre d'hôpital et m'annonce que ma sœur s'est suicidée à cause moi. Et tu sais quoi ? Il part en disant 'ce n'est pas tout'. Et tu trouves que je suis 'assez stressé' ? » il s'emporta, faisant écarquiller les yeux à la femme.
« Elle ne s'est pas suicidée à- »
« Quand est-ce-que vous allez arrêter de me cacher des choses ? Pourquoi vous ne me dites tout simplement pas ce que vous savez ? » il demanda, serrant fort le livre dans ses mains.
Il y eu un grand silence après ça. Les deux partagèrent un regard avant que Rangiku ne soupire et ne détourne les yeux.
« Parce que tu n'aimeras pas ça. » elle finit par murmurer.
« C'est vrai que depuis un mois, j'adore tout ce qui m'entoure. » répliqua sarcastiquement le garçon.
La femme souffla avant de replacer ses mèches de cheveux. « Est-ce-qu'on peut en reparler plus tard ? »
« Pourquoi ? » cracha Toshiro « Pourquoi toujours reporter ? »
Un nouveau silence lui répondit. Cette fois cependant, quand Rangiku leva les yeux dans les siens, son cœur tomba. Il pouvait y voir toute la douleur et l'angoisse qui l'habitait.
« Parce que ça va faire mal. » elle murmura.
Toshiro sentit sa gorge devenir sèche. Qu'est-ce-qui pouvait faire plus mal que de tout perdre et d'apprendre que ça sœur est morte par sa faute.
Il déglutit. « Si c'est par rapport à Mamie, je sais déjà. »
Rangiku secoua la tête, un rire sans humour traversant sa gorge. « Non, ce n'est pas Mamie. »
Alors quoi ? Pourquoi ne voulait-elle pas lui dire ?
« S'il te plaît. » il la regarda dans les yeux. Il avait besoin de savoir.
La femme plaça sa tête dans ses mains, comme si elle pesait le pour et le contre.
« Tu ne vas pas aimer. »
« Tu l'as déjà dit. »
« Et je pèse mes mots. »
Un nouveau silence s'empara de la pièce. Rangiku n'avait manifestement aucune envie de lui dire quoi que ce soit.
Puis la femme soupira et se leva, attrapant son trousseau de clés. Elle ouvrit la porte de leur bureau et appela le premier shinigami qui passa devant. « Je veux que personne n'entre dans le bureau tant que je ne lève pas l'ordre. Même le Lieutenant Tanaka doit rester dehors. Dis lui de superviser la reconstruction du mur. »
« Oui Madame. » le shinigami répondit avant de s'éloigner.
Rangiku ferma la porte et verrouilla le verrou, étant sûre que personne ne viendrait.
Toshiro commençait réellement à s'inquiéter. Pourquoi faisait-elle cela ?
Le nouveau capitaine vint se placer à coté de lui sur le canapé.
« Il y a plusieurs choses que tu dois savoir. » commença la femme, prenant une grande respiration. « La première concerne Momo. » elle lui jeta un coup d'œil et vit qu'elle avait déjà toute son attention. « Par rapport à la façon dont elle s'est suicidée. »
« Et alors ? » pressa Toshiro, ne supportant pas la façon dont elle faisait traîner les choses.
« Elle a utiliser un sort de kido. Pas un qui aurait simplement détruit son corps, un qui sauvait une vie en en prenant une autre. » Les yeux du garçon s'écarquillèrent alors qu'il commençait à comprendre où elle voulait en venir. « On a retrouver près d'elle des traces de l'utilisation de ce sort interdit. » elle le regarda droit dans les yeux, montrant les larmes qui s'accumulaient. « On pensait qu'elle n'avait pas réussi. Elle s'était ouvert les veines et nous pensions qu'elle était morte avant de pouvoir le finaliser. » une larme coula sur son visage alors qu'elle disait cela.
Toshiro était bouche bée. Mais-
« Alors, elle… »
« Elle a donné sa vie pour que tu reviennes. » murmura Rangiku.
Un nouveau silence s'abattit sur eux.
« Et tu ne m'as pas chercher ? Tu savais ce qu'elle avait fait mais tu m'as laissé seul ? » sa voix craqua et une larme coula sur son visage.
Pourquoi n'était-elle pas venue ?
« Nous étions sûrs qu'elle avait échoué. » répondit Rangiku, essuyant la nouvelle gouttelette qui quittait ses cils.
« Mais tu n'as même pas vérifié » Toshiro hurla, sa gorge se serrant douloureusement.
« Ça faisait trop mal. » répondit doucement la femme, faisant froncer les sourcils au garçon. « Tu ne te rends pas compte à quel point ta mort… » sa gorge se bloqua et elle détourna les yeux. « a fait mal. » elle termina, la voix brisée. « Te chercher revenait à espérer. Je ne pouvais pas supporter l'autre résultat que le sort n'ait pas marché. »
Toshiro ferma la bouche. C'était vrai. Il venait de passer un mois compliqué et il apprenait plusieurs nouvelles désagréables, devant faire face à l'évolution. Mais Rangiku l'avait perdu. Elle avait du vivre sept ans sans lui, reprendre la division, rester forte pour tout le monde. Elle avait du voir Momo se dégrader encore et encore, faire face à sa mort sans broncher, rester un capitaine pilier. L'espoir qu'il revienne aurait pu la tuer elle aussi.
Toshiro tendit la main et attrapa la sienne. Elle leva ses yeux humides vers lui et lui offrit un sourire triste. « Je suis désolée de ne pas être venue te chercher. » elle murmura, la voix brisée.
Toshiro hocha la tête, sentant ses yeux le piquer douloureusement. « C'est bon. Je comprends. » il frotta sa main avec la sienne. « Je comprends. »
Ils restèrent plusieurs minutes comme ça. Reprenant chacun le contrôle.
« Si j'avais su- »
« Je sais. » il lui offrit un petit sourire triste et la femme renifla. « Tu as dit qu'il y avait plus ? » il demanda en serrant les dents d'anticipation.
Rangiku hocha la tête.
« Cela concerne ton pouvoir. » elle passa une main dans ses cheveux. « De quoi tu te souviens exactement du moment de ta mort ? »
« Mon dernier souvenir est celui de mourir dans tes bras. » il répondit, essayant de paraître calme.
« Rien avant ? »
« Non, il y a comme un trou noir de quelques heures. »
Rangiku hocha une nouvelle fois la tête, regardant devant elle.
« La Soul Society a été attaquée. » elle commença, faisant se raidir le garçon. « Les quincys. » elle répondit à sa prochaine question. « Ils ont attaqué sans prévenir et nous ont pris totalement au dépourvu. » elle expliqua, serrant sa main de colère.
« Je ne m'en rappel pas du tout. Qu'est-ce-qu'il s'est passé ? » demanda le garçon, regardant le visage de la femme se tordre aux souvenirs.
« Ils avaient un pouvoir étrange, mais personne ne les avait vu l'utiliser. Nous savions juste qu'ils l'avaient. Tu t'es porté volontaire. » elle le regarda, la douleur incrusté dans ses yeux. « Comme toujours, tu as voulu tout prendre pour que les autres n'aient rien. » elle gloussa sans humour. Elle attendit un instant, prenant une grande respiration. « Alors tu t'es avancé, forçant ton adversaire à libérer son pouvoir. Au moment où tu as activé ton bankai, toute ton énergie spirituelle a disparu. Comme si elle s'était évaporée. »
Toshiro n'était pas sûr de bien comprendre. « Alors- ? »
« Alors, ce quincy t'as volé ton pouvoir. Il a pris tout ton reitsu et ton zanpakuto. » elle regarda à nouveau loin de lui. « Quand nous avons compris ce qu'il venait de ce passer, il était déjà trop tard. Ce quincy était déjà sur toi, transperçant ta poitrine et jouant à tordre tes membres. Tes cris de douleurs étaient- » elle prit sa tête dans ses bras, se repliant sur elle-même.
Toshiro s'avança rapidement sur le canapé, enroulant ses bras autour d'elle. « Je suis là, ce n'est qu'un mauvais souvenir. » il ne se rappelait pas du tout de ce moment. Il avait cru qu'il avait combattu un espada parce que c'était le plus logique.
« Non. Ce quincy a réussi à s'échapper, même après la défaite de leur armée. Il a toujours ton pouvoir mais personne ne sait où il est. » elle enroula à son tour ses bras autour de son petit cadre.
« Alors, ça veut dire que- » sa gorge se serra. « Je ne le retrouverai jamais ? » il sentit sa voix craquer et ses yeux brûler. « Je ne retrouverai jamais Hyorinmaru ? » il serra les dents pour s'empêcher de lâcher prise.
« Je le cherche depuis sept ans. Mais je n'ai aucune trace. » Rangiku resserra sa prise sur lui, faisant que sa tête était maintenant dans son décolleté « Je suis désolée. »
Un premier sanglot le quitta finalement. Pourquoi tout ça lui arrivait-il ? Pourquoi avait-il choisi de tester le pouvoir de ce quincy ? Il était si stupide. Inutile. Incapable. Immoral. Irréfléchis.
Ses épaules se mirent à trembler alors que les larmes quittaient ses yeux et que sa gorge faisait des bruits pathétiques.
D'abord, il avait rendu sa sœur tellement malheureuse et désespérée qu'elle s'était donnée la mort. Elle avait donné sa vie contre la sienne. À quel point l'avait-il poussé à bout ?
Ensuite, il avait joué les têtes brûlées et avait fini par perdre son camarade de toujours, ainsi que son pouvoir, dans tous les sens du terme.
Et par dessus tout, il avait rendu Rangiku malheureuse. Il connaissait ce sentiment de devoir reprendre quelque chose dont nous n'avons pas envie à cause de la mort de quelqu'un. Il l'avait vécu après la 'mort' du capitaine Shiba, et il l'avait fait vivre à son lieutenant. Il lui avait fait vivre un enfer, et elle avait du assister à sa mort, et bien qu'il ne s'en rappelle qu'une partie, il savait qu'elle avait été atroce.
Rangiku passa un bras sous lui et le souleva pour qu'il soit assis sur elle, permettant à leur deux corps de ne plus être tordus pour s'étreindre. Cela n'avait aucune importance pour lui, qui continua à s'accrocher à la femme comme si sa vie en dépendait.
« Je suis désolé. » sa voix se brisa. Il avait mal à la poitrine. Comment était-il possible de même ressentir un tel sentiment ? C'était destructeur. Il avait envie de vomir. Sa respiration se coupait, mais il ne pouvait pas s'empêcher de pleurer. Ses yeux le brûlaient. Il avait tellement mal. Il avait fait tellement de mal. « Je suis désolé. »
Une main vint se poser sur sa tête, caressant doucement ses cheveux. La femme qui le tenait renifla, resserrant sa prise, si c'était même possible. « Ça va aller. » elle lui murmura, commençant à le bercer de droite à gauche.
Bientôt, il entendit une mélodie sortir de sa poitrine. Il ne la connaissait pas, mais c'était chaud et réconfortant, comme le corps contre lequel il était pressé.
Il continua à tenir la femme, reniflant, les yeux rouges et les mains accrochées à son haori.
Il ferma les yeux. Il se sentait si pathétique. Il était tellement stupide. Il n'allait jamais retrouver Hyorinmaru parce qu'il avait été trop confiant, imprudent. Il ne pouvait pas empêcher les larmes de couler. Il aurait du rester mort. Momo aurait du retrouver une vie, la reconstruire. Il n'était pas indispensable. Il était un raté.
Le rythme lent de Rangiku fit taire son esprit alors que le sommeil commençait à l'attraper. Il se sentit renifler, pousser des gémissements douloureux contre elle, mais elle n'arrêta jamais de le tenir et de chanter. La main dans ses cheveux continua son chemin sur sa joue, essuyant les larmes avant de revenir s'emmêler dans ses mèches blanches.
Il sentit une dernière gouttelette quitter son œil, coulant lentement sur la peau de son visage alors que son esprit chaotique l'emmenait dans un sommeil sans rêve.
…
Il y avait une main dans ses cheveux, replaçant les mèches rebelles derrière son oreille. Toshiro ouvrit les yeux, encore douloureux d'avoir autant pleurer.
« Il faudra que tu passes chez le coiffeur. » vint la voix calme de Rangiku, agenouillée devant le canapé.
Il était allongé dessus et il n'était pas compliqué de comprendre que c'était la femme qui l'avait mis là une fois qu'il s'était endormi. Une couverture était drapée sur lui, la même qu'il mettait toujours sur son lieutenant quand elle dormait dans le bureau.
« J'ai pas d'argent pour ça » grommela le garçon, la voix induite de sommeil alors qu'il levait un poing pour frotter ses yeux. Un bâillement déchira sa gorge avant que sa tête ne retombe contre l'oreiller que la femme avait dû glisser sous lui.
« J'imagine que ce n'est pas un problème. » répondit Rangiku, se penchant et déposant un baiser sur sa joue, faisant gémir le garçon qui s'écarta. « J'ai un entraînement à superviser. Je me suis dit que ça pourrait être une bonne idée que tu viennes regarder. Tu sortirais un peu du bureau comme ça. » elle lui sourit, toujours accroupie devant lui.
« Tu cherches encore à me faire sortir d'ici ? » répondit sarcastiquement le garçon, poussant sur ses bras pour ce relever.
La femme plaça une main dans son dos et l'aida à s'asseoir. « Les vieilles habitudes ne changent pas » rit-elle, faisant apparaître un sourire discret sur le visage du petit capitaine.
« Entraînement à quoi ? » demanda le garçon, tendant la main pour attraper ses béquilles.
« Kido » répondit la femme, se levant et retournant à son bureau pour attraper quelques feuilles.
« Et qu'est-ce-que je suis sensé faire ? » il se leva, grognant légèrement quand sa jambe le tira.
« Regarder ? » proposa la femme. « Je ne veux pas que tu restes enfermé ici toute la journée. En plus tu as déjà raté le déjeuné. Tu as faim ? » elle se tourna vers lui, quelques dossiers dans les mains.
« Non merci. » il se tourna pour la regarder « Tu n'as pas quelque chose dont tu as besoin ? Je ne veux pas rester à rien faire » à penser.
Rangiku réfléchit puis attrapa un stylo. « Tu peux noter où chaque personne doit s'améliorer. Les points forts et faibles. » elle lui sourit.
« Je ne peux pas utiliser le kido. Comment veux-tu que j'aide avec ça ? » il fronça les sourcils.
« Tu as quand même de l'expérience. Et ce n'est pas parce que tu ne peux plus l'utiliser, que tu as perdu tout ton savoir dans le domaine. » répliqua la femme.
Toshiro la regarda avant de soupirer. « Comme tu veux. »
Il laissa la femme ouvrir la porte et ils marchèrent jusqu'au terrain d'entraînement. Il n'avait pas changé non plus et les soldats étaient déjà prêts. À leur arrivée, ils saluèrent leur capitaine et Hitsugaya correctement avant de se mettre en place, au garde à vous et d'attendre les instructions.
« Aujourd'hui, nous allons nous entraîner au kido » annonça Rangiku « Le Capitaine Hitsugaya est là pour vous juger et noter vos points forts et vos points faibles, afin que vous puissiez progresser le plus vite possible, dans de bonnes conditions. Je compte donc sur vous pour donner le meilleur de vous-même et pour lui montrer ce que vous savez faire pour qu'il puisse porter une analyse complète. Est-ce-que c'est clair ? »
« Oui Capitaine ! » répondirent tous du seule et même voix.
Toshiro pouvait sentir tous les regards sur lui, le mettant extrêmement mal à l'aise.
« Où est-ce-que je me mets ? » il demanda doucement à Rangiku après qu'elle est donnée l'ordre de se mettre en place. Il n'y avait pas beaucoup d'endroit pour regarder, et ceux qui pouvait être bien était inaccessible pour lui.
« Où est-ce-que tu serais le mieux ? » répondit le capitaine.
« Sur le toit. » il désigna le toit qui surplombait le terrain. Il aimait se mettre ici lorsqu'il était encore capitaine, pour observer ses soldats. Il savait qu'il avait une vue d'ensemble et serai parfait pour faire le travail que Rangiku lui avait confié. « Mais je ne peux pas y aller, alors où- » il se tut quand il sentit des bras autour de lui et que la seconde d'après, il se retrouvait exactement là où il voulait.
« Assied toi sur le bord et ne tombe pas. » ordonna la femme en le lâchant. Il lui rendit un regard noir avant qu'elle ne dépose un carnet et un stylo sur les tuiles.
Le toit était légèrement incliné, ce qui n'avait jamais dérangé le jeune capitaine avant, mais qui, avec ses béquilles, rendait son équilibre bien moins bon.
Alors il s'assit et déposa les béquilles sur le coté, laissant ses deux jambes pendre dans le vide. Il attrapa le carnet et le stylo, commençant à le feuilleter pour se rendre compte qu'il était vide. Sans lever la tête, il agita la main, faisant signe à la femme de partir. Il l'entendit soupirer et il commença à inspecter les positions des soldats.
Il y eu un coup de vent à coté de lui, et Rangiku réapparue en un instant en bas. Elle s'était améliorée, pensa le garçon. Elle était plus rapide.
Alors qu'elle donnait les dernières instructions, Toshiro nota déjà que certaines positions étaient mauvaises ou instables et commença à écrire dans le carnet.
Et c'est ainsi que passèrent les deux heures suivantes. Le petit capitaine avait écrit plus de vingt pages, trouvant souvent de petits détails et regardant les applications de sort. Certains étaient meilleurs que d'autres, parfois avec leurs techniques ou leur puissance, d'autres rencontraient des difficultés, mais jamais infranchissables.
Soufflant quand Rangiku mit fin à l'entraînement, l'air se bloqua dans ses poumons et il toussa. Cette maladie commençait réellement à l'énerver. Pourquoi se bloquer maintenant ? Il ne faisait aucun effort.
Posant le carnet sur le coté, il se concentra sur sa respiration. Cela ne semblait pas être une grosse crise, il pouvait respirer, simplement moins bien que normalement. Il sentait une gêne dans son abdomen.
Il chercha sa ventoline dans l'une de ses poches et appuya sur le bouton quand il l'eut placé, mais rien ne sorti. Fronçant les sourcils, il inspecta l'objet alors qu'il était toujours haletant.
« Tu dois le secouer un peu avant. » il entendit la voix calme de Rangiku derrière lui. Le garçon se retourna pour lui faire face, son visage était légèrement inquiet mais elle faisait un effort pour ne pas le montrer. Elle se pencha et s'accroupie à coté de lui, prenant l'objet dans ses mains. Elle le secoua avant de le lui rendre. « Mieux ? » elle demanda quand il prit une grande respiration.
Le garçon hocha la tête et rangea la ventoline, toussant tranquillement pendant qu'il finissait de se stabiliser. Il remarqua que les soldats étaient entrain de quitter le terrain, apparemment déjà renvoyés par leur capitaine.
Il attrapa le carnet et le tendit à la femme qui était toujours accroupie à coté de lui.
« J'ai remarqué plusieurs choses qui n'allaient pas. » il commença une fois qu'il sentit que tout danger était écarté. « J'ai tout noté dans le carnet. » il le lui tendit et la femme l'inspecta rapidement. « Je ne connaissais pas le nom de certains hommes, alors je les ai décrit. »
« 'La tête bleue' ? 'Le gars au tatouage douteux dans le cou' ? » la femme lu, étouffant à peine ses rires. « Tu étais inspiré »
« Tais toi. » le garçon se renfrogna.
Il attrapa ses béquilles et se releva difficilement, la main de Rangiku attrapant son bras pour l'aider. Elle ne lâcha pas sa prise sur lui, même après qu'il soit stabilisé.
Un instant plus tard, les deux étaient sur le terrain d'entraînement maintenant vide. Rangiku laissa sa main glisser avant de commencer à marcher, prenant un rythme lent pour qu'il puisse suivre.
« Il est temps d'aller au Central 46. » elle dit, la voix neutre.
Toshiro se renfrogna aussi, il ne savait pas ce qu'ils allaient lui dire, mais il avait le présentement qu'il n'allait pas aimer ça.
« Qui sera là bas ? » demanda le garçon alors qu'ils sortaient du terrain pour naviguer dans les différents couloirs de la division.
« Je ne sais pas. Certains Capitaines et Lieutenants, j'imagine ? » elle se retourna pour lui sourire.
Il n'était pas vraiment plus enthousiaste. Il imaginait que le Central voulait poser des questions et s'assurer qu'il s'agissait définitivement de lui. Mais il n'aimait pas ça. La dernière fois qu'il avait été convoqué par eux, Kusaka était mort, et bien que les membres aient changé, les lois restaient, elles, les mêmes.
Une nouvelle fois, il sentit les bras de Matsumoto s'enrouler autour de lui et quelques secondes plus tard, ils étaient devant les grandes portes du Central.
Il se tourna et jeta un regard noir à la femme, qui lui rendit un sourire. Il se renfrogna, Matsumoto sera toujours Matsumoto.
Ils entrèrent doucement dans les locaux, salués par les grades des lieux et conduis là où les 46 les attendaient.
La pièce était plutôt grande. Les estrades sur lesquelles étaient assis les nobles étaient en arc de cercle autour du présentoir sur lequel se tenait généralement les personnes jugées. Présenté ainsi, surplombé par autant de personnes était assez dissuadant et imposant.
À coté de la porte se tenait le coin des 'invités'. Plusieurs capitaines étaient déjà rassemblés, tous avec leur lieutenant respectif. Seuls Kenpachi et Kurotsuchi n'étaient pas là.
Rangiku l'accompagna jusqu'au centre avant de placer une main dans son dos et de se pencher pour qu'il soit le seul à entendre.
« Ça va aller ? » il hocha la tête, regardant déjà les membres des 46 se taire et se tourner vers lui. « Tu veux une chaise ? » Toshiro hésita un instant avant de hocher la tête.
Il ne pouvait pas rester debout très longtemps avec ses blessures et s'il voulait se concentrer sur autre chose que son équilibre, il devait avoir ce problème de moins à gérer.
Rangiku lui apporta rapidement une chaise avant de reculer et de venir se placer avec les autres capitaines derrière lui. Plus les choses avançaient, moins Toshiro aimait ça. Quand la femme lui avait dit 'certains Capitaines et Lieutenants', il ne s'attendait pas à la quasi totalité des grosses têtes du Gotei 13.
« Bienvenue Capitaine Hitsugaya. » la voix de l'homme au centre parla. Il était légèrement surélevé par rapport aux autres, montrant ainsi sa place dans la hiérarchie. « J'espère que vous êtes à l'aise. »
« Oui Monsieur. » Toshiro répondit, pas du tout à l'aise.
« Très bien, alors nous allons faire vite. » il attrapa quelques papiers devant lui. « Je vais commencer par vous poser des questions, nous passerons à ce que nous ferons de vous après. » il tria ses feuilles et Toshiro sentit son visage perdre en couleur. 'Ce que nous ferons de vous'. « Depuis quand êtes-vous conscient d'être revenu ? »
« Un mois environ. »
« Environ ? »
« Je n'ai pas compté avec exactitude. » il se gratta l'arrière de la tête.
« Plus d'un mois ou moins d'un mois, environ ? »
« Plus. »
« Vous rappelez vous de votre mort ? » C'était une question étrange.
« Pas exactement »
« Pouvez-vous être plus clair ? »
« Je me rappelle quand j'étais en train de mourir, mais pas pourquoi je mourais. » clarifia le garçon.
« Vous a-t-on dit ce qu'il s'est passé ? »
La conversation qu'il avait eu avec Rangiku plus tôt dans le bureau lui revint et il serra les dents.
« Oui Monsieur. »
« Comment le vivez-vous ? »
Toshiro avait envie de lui dire le fin fond de sa pensée. À son avis ? Comment le vivait-il ? Il avait perdu sa grand-mère, sa sœur, son pouvoir et la moitié de son âme.
« Je le vis. » répondit-il aussi calmement qu'il le put.
L'homme le jugea quelques secondes avant de noter quelque chose et de continuer.
« Vous a-t-on dit pourquoi vous êtes vivant ? »
« Oui Monsieur. »
« Comment le vivez-vous ? »
Toshiro sentit son sang froid commencer à lui échapper.
« À votre avis ? » il cracha, serrant les poings sur ses genoux. Cet homme était-il stupide ? Momo avait donné sa vie pour lui.
Le questionneur marqua une nouvelle chose sur son papier.
« J'ai les réponses à mes questions, je vous remercie. » 'Je vous remercie' ? Pensa immédiatement Toshiro, sentant ses jointures devenir blanches à force de les serrer. « Les 46 et moi-même avons déjà prit notre décision. » il continua, faisant à nouveau concentrer son attention sur lui même. « Vous n'avez plus de pression spirituelle, n'est-ce pas ? »
Le sourcil du garçon se leva. « C'est exact. »
« Vous ne pouvez pas la récupérer, vrai ? »
« Vrai »
« Donc il vous est impossible d'utiliser le moindre pouvoir ? »
Toshiro commença à perdre la couleur de son visage. Il comprenait peu à peu à où voulait en venir l'homme.
« Je ne peux pas. »
Un silence lourd se posa sur eux avant que l'homme ne reprenne la parole.
« Le verdict du Central 46 est le suivant : Hitsugaya Toshiro, par votre incapacité à accomplir votre tâche de Capitaine de division, vous êtes destitué de votre grade. » il laissa un temps passé, personne dans la pièce ne semblait respirer « Par votre incapacité à accomplir votre tâche de shinigami, vous en perdez la fonction et revenez à l'état de simple civil. » Toshiro sentit son cœur tomber et se fissurer, encore et encore. « Cependant, votre statut de mineur doit être prit en compte. En effet, lorsque vous étiez Capitaine, de par vos fonctions, vous aviez les mêmes droits qu'un adulte. Maintenant que vous ne jouissez plus de ce statu, il vous est obligatoire d'avoir un tuteur. »
Toshiro voulait retourner dans sa tombe.
Était-il possible d'avoir une journée plus merdique que celle là ?
Il n'arrivait même plus à réfléchir. Il avait juste envie de… de… de quoi avait-il envie ?
Il ne savait pas.
Il ne savait plus rien.
« Vous ne pouvez pas faire ça ? » demanda une voix derrière lui.
Il entendit Ukitake parler, objecter pour lui. Mais il n'écouta pas.
Alors c'était comme ça, hein ? Il perdait la vie en ayant tout et il revenait en ayant tout perdu.
« Capitaine Ukitake, je comprends votre mécontentement, mais vous devez aussi comprendre que- »
« Que ce n'est pas juste ! »
L'homme souffla.
« La décision est définitive. Trouvez quelqu'un pour être son tuteur, ou nous en choisirons un. »
Un nouveau silence s'installa dans la salle.
Toshiro pouvait sentir tous les yeux sur lui, toute la colère qui émanait des capitaines. Mais il s'en fichait.
Il voulait juste sortir de là. Il voulait retrouver sa vie d'avant. Il voulait ne pas avoir tout perdu.
« Je serai sa tutrice, puisqu'il le faut. » la voix de Rangiku résonna dans la pièce. Elle était pleine de colère et il savait que ses yeux envoyaient des promesses de mort à tous les membres.
« Vous êtes sûre Capitaine Matsumoto ? Il n'est pas obligatoire que ce soit quelqu'un du Seireitei. Nous pouvons trouver une personne du Rukongai qui accepterai de veiller sur lui jusqu'à- »
« Je suis sûre et je suis consciente de ce que cela représente. » cracha la femme, s'avançant vers lui alors que Toshiro refusait de regarder ailleurs que ses genoux. « J'ai souvent tenu le rôle de mère pour lui, alors c'est à moi de devenir sa tutrice. » elle posa sa main sur son épaule mais il ne bougea pas, faisant resserrer sa prise.
« Hitsugaya, êtes-vous d'accord ? »
Plus de titre. Plus de 'Capitaine' avant son nom. Plus rien. Juste 'Hitsugaya'.
Il n'avait plus rien.
« Hitsugaya ? »
Pouvait-il se taire ? Pouvait-il arrêter ?
Ses mains remontèrent jusqu'à ses cheveux et il se pencha en les serrant fort. Il hocha la tête. Que pouvait-il faire d'autre ?
Il ne valait plus rien. Il ne servait plus à rien. Il ne pouvait plus rien faire. Il était incapable.
« Alors il en sera ainsi. » l'homme déclara en tapant son marteau sur sa table en bois. Le son retentit dans toute la pièce, résonnant dans la tête du garçon.
Il resserra sa propre prise sur ses cheveux, se penchant un peu plus dans ses genoux.
Il en avait marre. À quel point était-il devenu merdique. À quel point était-il devenu inutile.
« Toshiro ? » il entendit Ukitake se pencher à coté de lui.
Il ne voulait voir personne.
Il voulait qu'on le laisse tranquille. Il voulait récupérer ce qu'il avait perdu. Il voulait que son cœur arrête de résonner, que ses oreilles arrêtent de battre, que ses yeux arrêtent de brûler. Il voulait rentrer chez lui, il-
Tu n'as plus de chez toi
Ses mains se déplacèrent sur ses oreilles. Ses doigts s'enroulèrent autour de sa propre peau et serrèrent tellement qu'il sentit bientôt du sang couler à travers ses ongles. Ses yeux se sont fermés, et il espérait ne jamais les rouvrir.
Il sentit des bras s'enrouler autour de lui et être soulevé.
Laissez moi tranquille !
Il voulait hurler, se débattre. Mais il ne fit rien. Il ne pouvait rien faire.
Inutile.
Il sentit des secousses. Il était déplacé.
Il n'entendait plus rien sauf son cœur résonner dans son cerveau. Il s'en fichait.
Il fut déposer par terre. Il y avait un tapis sous lui.
Des mains vinrent s'enrouler autour des siennes et les décrocher de ses oreilles. Il ne voulait pas. Il ne voulait pas entendre à quel point il était inutile. À quel point il ne servait à rien.
Alors il se débattit. Tirant sur les mains qui le tenaient pour se défaire. Mais la personne tint bon.
Bien sûr, tu es si faible que tu ne peux même pas sortir de ça.
Il cria. Il cria pour qu'on le lâche, pour qu'on le laisse tranquille. Il cria parce que ça faisait mal. Tout faisait mal. Tout faisait mal alors qu'il n'avait rien.
« TOSHIRO ! » la voix de Rangiku vint au dessus de lui.
C'était elle qui le tenait.
Il sentit la nausée arriver et en moins de quelques secondes, il fut pencher au dessus de toilettes.
Rangiku tenait toujours l'une de ses mains dans la sienne, pendant que l'autre était dans son dos.
Elle essuya sa bouche, consciente du moindre mouvement qu'il pourrait faire.
Toshiro avait toujours les yeux fermés, même quand Rangiku le tira doucement en arrière, contre elle.
Son dos était contre son torse, sa tête contre son épaule. Elle tenait ses mains devant lui, dans une prise lâche mais prête à se resserrer si besoin.
« Tout va bien. Je suis là. » elle murmura à son oreille, passant une main sur son torse.
Toshiro ouvrit ses yeux larmoyants et flous pour se rendre compte qu'ils étaient dans ses quartiers, assis dans la salle de bain.
Elle l'avait ramené chez lui.
Il ne pouvait que pleurer. Il ne savait pas quoi faire d'autre. Il recevait trop d'émotions autodestructrices en un seul instant.
Il se sentait comme de la merde et il ne comprenait même pas comment il pouvait mettre des mots sur ça.
Alors il ne pouvait que pleurer.
Son corps secoué par les sanglots, son visage humide de larmes, ses yeux brûlants fixant le vide.
Il se retrouva une nouvelle fois au dessus des toilettes, vomissant à quel point il était inutile, faible et sans valeur.
Puis il fut encore tiré contre la poitrine de Rangiku. Le dos face à elle, la tête contre son épaule, son visage face au plafond. Elle tenait toujours ses mains avec l'une des siennes, l'autre passant sur sa poitrine pour essayer de lui apporter du réconfort.
« Ça va aller. Je suis là. » elle glissa sa main dans la poche intérieur de son kimono et Toshiro ne chercha même pas à l'arrêter. Elle en sortit sa ventoline et alors qu'il pleurait toujours, il se rendit compte qu'il respirait à peine.
Rangiku secoua l'objet et le plaça dans sa bouche, écartant sa tête de lui pour voir ce qu'elle faisait. Elle appuya sur le bouton et il sentit l'air entrer dans ses poumons, le faisant tousser violemment.
Elle resserra sa prise sur ses mains alors qu'il essayait de les bouger, les laissant devant lui.
« Tout va bien, Chéri, calme toi. » elle donna des baisers papillons sur sa joue humide, ne récoltant que l'eau salé de ses larmes. Mais elle ne s'arrêta pas. Elle continua à lui parler, à l'embrasser pendant ce qui ressemblait à des minutes entières, jusqu'à ce qu'il se sente mieux.
Toshiro était épuisé. Il était assis sur les genoux de la femme, haletant, le visage trempé de larmes. Il avait presque arrêté de pleurer. Les sanglots continuaient un peu, mais les larmes ne coulaient plus aussi fort.
Il sentit la femme derrière lui bouger et un mouchoir vint essuyer son nez. Il la laissa faire, trouvant plus agréable quand elle eut finit.
Une nouvelle fois la ventoline fut placer devant sa bouche, et Toshiro ouvrit les lèvres pour la laisser entrer. L'air fut encore plus facile à respirer et une nouvelle fois, il se sentit tousser.
« Chuuuuuut, c'est bon. » la main revint frotter sa poitrine et il trouva cela apaisant.
Sa crise était finie. Son corps était complètement mou contre le sien. Il avait le goût de vomit dans la bouche, mais encore une fois, cela lui importait peu.
Rangiku commença à faire de petits mouvements de droite à gauche. Elle savait que c'était l'un de ses points faibles.
Ses yeux se fermèrent et arrêtèrent de brûler. Il n'avait pas envie de bouger de sa prise.
Il était tenu et en sécurité. Il ne voulait rien de plus.
Alors quand un petit chant sortit de la bouche de la femme, il se laissa complètement bercer. Les ténèbres étaient les bienvenues et il les laissa s'emparer de lui.
Cette journée avait été chaotique et il était heureux qu'elle se termine.
…
Il sentait un grand vide en lui. Quelque chose venait d'être enlevé. De lui être enlevé.
Il baissa les yeux sur son zanpakuto. Hyorinmaru était dans sa main et il comprit.
C'était une coquille vide.
Aucune glace n'entourait son corps. Son bankai avait été désactivé. Pire. Volé.
Il essaya d'appeler Hyorinmaru. Seul le silence lui répondit.
« Hyorinmaru ! » il cria à pleine voix.
Où était son compagnon ?
Toshiro tourna la tête de tous les cotés, comme si le dragon avait quitté son épée pour faire un tour. Il n'était nulle part.
Il se sentait vide.
Il croisa le regard de Matsumoto, qui était restée plus loin, en retrait, comme les autres capitaines et lieutenants. Il s'était porté volontaire contre le quincy. Il avait donné son accord pour être le cobaye de leur pouvoir, pour que des milliers de personnes puissent survivre.
S'ils savaient contre quoi ils se battaient, ils pourraient gagner.
Le regard de Rangiku était horrifié.
Puis, une ombre recouvra la silhouette du jeune capitaine, et il se retourna pour faire face au quincy qui venait de lui prendre son zanpakuto.
Pourquoi ne l'a t-il pas sentit apparaître dans son dos ?
Toshiro essaya d'utiliser le shunpo pour s'écarter de son ennemi, mais son corps ne bougea pas.
Ses yeux s'écarquillèrent.
Il avait perdu bien plus que son zanpakuto.
Le quincy leva la main et le garçon eu à peine le temps de rouler sur le coté que son bras gauche se tordit violemment dans un bruit à glacé le sang.
Le jeune capitaine serra les dents et tenta d'esquiver le prochain coup, mais sa jambe subit le même sort, et il tomba.
« Capitaine ! » Rangiku cria, sautant dans sa direction, accompagnée par les grosses têtes du gotei 13.
Le quincy gloussa, se penchant pour attraper son haori. « Il est trop tard, petit shinigami. »
Toshiro poussa un hurlement de douleur lorsque son ennemi broya son bras, le faisant lâcher Hyorinmaru. Il recommença avec son ventre, broyant les cotes et les intestins, faisant hurler de douleur le garçon.
Le supplice à duré plusieurs secondes avant que le quincy ne pose sa main sur sa poitrine et ne tire, transperçant tout dans son passage et laissant un énorme trou dans l'abdomen du jeune capitaine.
Toshiro tomba complètement mou lorsqu'il lâcha son haori, voyant à peine le quincy esquiver les pétales de roses libérés par Senbonzakura.
Ses yeux étaient toujours écarquillés alors que son corps entrait durement en contact avec le sol, le laissant inerte face au ciel.
Toshiro ouvrit les yeux et s'assit en un temps record.
La première chose qu'il remarqua fut qu'il était dans sa chambre, dans son lit et qu'elle était plongée dans le noir, le seul faisceau de lumière venant de la lune à l'extérieur, mal cachée par les rideau.
La seconde chose dont il fut conscient, a été qu'il ne pouvait pas respirer.
Il était en apnée.
Il porta une main a sa poitrine et serra son pyjama, qu'il savait que Rangiku lui avait mis.
Il essaya de prendre une grande respiration mais il se retrouva simplement à tousser, sans air. C'était tellement douloureux.
Il pouvait sentir de la salive couler le long de sa bouche alors qu'il la gardait ouverte et essayait désespérément de respirer.
Il repoussa rapidement ses draps et attrapa ses béquilles posées près de son lit.
Il se leva et ne perdit pas une minute avant de sortir de sa chambre et de se diriger vers la salle de bain.
Le monde tournait alors qu'il en pouvait pas avoir plus d'air que par de petits et ridicules accoues. Des taches noires ont commencé à se former dans sa vision alors que le bruit de sa respiration résonnait dans le couloir.
Quand il voulu lâcher une béquille pour ouvrir la porte de la salle de bain, le monde tourna trop fort et il perdit l'équilibre. Sa main enclencha la poignée et il tomba durement dans la salle de bain, la porte claquant violemment contre le mur alors qu'il sentait sa jambe lui envoyer une vague de douleur.
Ses poumons brûlaient dangereusement et il suffoquait de plus en plus.
Ignorant sa jambe, il attrapa les bords du lavabo et essaya de se soulever pour se rendre compte que la ventoline était posée juste à coté. Il tendit la main pour l'atteindre mais son corps s'écrasa une nouvelle fois contre le sol avant qu'il ne le puisse.
Son souffle se coupa, si c'était même possible, et il commença sérieusement à paniquer.
Toshiro ne pouvait plus du tout respirer et dans un élan de désespoir, alors que les taches noires devenaient de plus en plus présentes, il tenta de s'agripper une nouvelle fois au bord et de se redresser.
C'est à ce moment là que la lumière s'alluma dans la pièce et qu'un bras vint s'enrouler autour de son torse, passant sous ses bras, et le souleva.
« Merde. » il entendit jurer au dessus de lui et Rangiku le lâcha d'une main pour attraper la ventoline qui le narguait depuis le début.
La secouant rapidement, elle l'enfonça sans cérémonie dans sa bouche déjà ouverte et appuya sur le bouton, faisant gonfler ses poumons. Toshiro réussit à tousser avant que l'air ne se re-bloque.
Il secoua la tête et attrapa le bras de la femme, serrant la manche de son pyjama alors qu'elle était la seule raison pour laquelle il n'était toujours pas à terre.
Rangiku répéta rapidement l'action, gonflant ses poumons et le faisant tousser. Cette fois cependant, il réussit à haleter, prenant de petites et douloureuses respirations sifflantes.
« Toshiro, calme toi et respire. » elle changea sa façon de le tenir et il se retrouva bientôt assis sur le lavabo, face à elle. « Chéri regarde moi. » elle prit son visage en coupe et leva sa tête vers elle. « Doucement »
Toshiro était toujours en hyperventilation, et il ne pouvait rien faire pour changer ça.
« … pas… » il réussi à souffler, toussant de l'air dont il avait pourtant tellement besoin.
« Calmement. » elle essaya de le guider, et cela marcha un peu, mais le pauvre garçon restait malgré tout essoufflé. « Merde. »
Elle le prit dans ses bras, comme s'il était un enfant et elle couru vers la porte d'entrée.
Le vent glacial de la nuit les accueillit alors qu'elle descendait les marches de son porche, laissant la porte claquer derrière eux.
Toshiro vit l'environnement bougé rapidement par dessus l'épaule de sa mère alors qu'elle utilisait le shunpo pour aller plus vite.
« Concentre toi sur ta respiration » elle ordonna quand elle n'entendit plus de souffle dans son oreille.
Toshiro se força alors à haleter, toussant, sa cage thoracique brûlant sévèrement.
« Unohana ! » Rangiku cria en entrant dans la quatrième division, faisant sursauter plusieurs infirmiers.
Il savait qu'elle aurait un mot du capitaine des lieux plus tard pour avoir osé dérangé le silence de l'endroit en pleine nuit, mais il savait aussi qu'elle s'en fichait royalement pour le moment.
La grande femme était déjà là, à l'étonnement de Toshiro.
« J'ai senti ta pression spirituelle approcher rapidement » elle expliqua simplement en regardant une Rangiku haletante de sa course.
Le garçon sentit des mains passer sous ses aisselles et son corps fut déplacé. Il changea de pair de bras, et s'il avait eu une once d'air dans les poumons, il les aurait insultées pour oser le porter ainsi.
Sans perdre plus de temps, Unohana l'emmena dans une chambre et l'assit sur le lit, demandant rapidement à Rangiku de le garder stable. Elle plaça presque immédiatement un masque à oxygène sur son visage et Toshiro pu prendre de meilleures respirations, même s'il restait haletant.
« La ventoline, combien de fois ? » elle demanda en lui faisant une perfusion dans le creux du coude.
« Deux, après je l'ai directement amené ici. » répondit Rangiku alors qu'elle le tenait par les épaules.
Toshiro pouvait sentir les taches noires revenir et sa conscience vacilla doucement.
« Non, non, non, reste avec moi. J'ai besoin que tu restes éveillé pour le moment. » Unohana tapota sa joue pendant qu'elle écoutait les battements de son cœur.
Toshiro avait du mal à garder les yeux ouverts, et bien que sa respiration était meilleure, il était toujours en manque d'air.
La femme médecin lui injecta quelque chose dans le bras, puis regarda la dilatation de ses pupilles.
« Ton cœur bat trop vite. Tu t'épuises. Tu n'as pas assez d'oxygène dans le sang. » elle lui apprit avant de modifier légèrement la consistance de l'air arrivant dans le masque. « Respire le plus possible, je sais que ça doit être douloureux, mais il faut que tu te forces. »
Rangiku passa ses mains d'avant en arrière sur ses épaules pour lui donner son soutien.
« Tu peux le faire. » elle chuchota à son oreille.
Toshiro prit une grande respiration avant de tousser. Il essaya de se pencher, mais Rangiku maintint une prise ferme sur lui, le forçant à rester droit.
« C'est bien, c'est bien. Ça revient doucement. » Unohana encouragea, regardant son taux d'oxygène remonter.
Les minutes passèrent dans le silence des halètements du jeune. Le pauvre garçon était maintenant complètement épuisé, et l'horloge de la chambre affichait 3h10.
« On va le garder ici jusqu'au matin pour observation. La crise était plutôt sévère et je ne veux pas de rechute. S'il va mieux tout à l'heure, il pourra sortir. » Unohana s'adressa plus à Rangiku qu'à Toshiro puisque le garçon était déjà dans un état second.
« Qu'est-ce-qui provoque les crises ? » demanda doucement la femme en allongeant le petit corps dans le lit.
« Elles peuvent débuter par une mauvaise inspiration, un étouffement ou un effort. Parfois un choc émotionnel suffit. » le sous-entendu de la dernière phrase fit serrer le cœur du garçon. Unohana avait été là au Central durant l'après midi.
Rangiku sembla le comprendre aussi et adressa un sourire désolé à l'autre capitaine.
« C'est compliqué » elle murmura, plus pour elle-même.
« Oui, ça l'est. » répondit Unohana, tournant son regard vers le garçon qui les fixait toutes les deux à demi conscient. Elle tendit la main et essuya la petite larme qui coulait de la joue de l'enfant. « Ça ira mieux tout à l'heure » elle promit, lui offrant un sourire.
Toshiro tendit la main et attrapa celle de Rangiku qui reposait sur le bord du lit. Il était rare qu'il commence de lui-même un contact. Il les fuyait la plupart du temps ou laissait la femme les commencer. Mais ce soir, il ne voulait pas être seul. Pas après la journée qu'il venait de passer.
Matsumoto lui offrit un sourire et s'assit sur le bord du lit, resserrant la prise.
« Dors maintenant, tout va bien. » elle passa une main dans ses cheveux et Toshiro ferma les yeux au contact.
Cette femme était donc, définitivement, la dernière chose qu'il lui restait.
…
Quand ses yeux se sont ouverts, la prochaine fois, ce fut à cause de la lumière qui inonda la pièce d'un seul coup.
Grognant et gémissant, il se tourna sur le coté, enfonçant son visage dans l'oreiller, faisant glisser le masque toujours sur son visage loin de lui.
« Aller la marmotte, il est midi passé. » il entendit la voix d'Unohana se moquer.
Toshiro marmonna quelque chose dans sa barbe mais resta dans la même position. Après tout, qu'il soit une heure du matin, midi ou 20h, quelle importance cela avait-il ? Il n'avait plus rien à faire.
Une odeur alléchante arriva dans ses narines et le fit légèrement relever la tête.
Un plateau avec de la nourriture était posé devant lui, sur la table de chevet.
« Matsumoto a dit que tu n'avais pas mangé hier midi ou hier soir et que tu avais vomi deux fois. Il est important que tu gardes un rythme constant, surtout que dans le Rukongai, tu ne mangeais pas chaque jour. » il sentit la femme se déplacer au dessus de lui et enlever définitivement le masque. « Comment tu te sens ? »
« Aéré. » il répondit sarcastiquement, se redressant péniblement pour s'asseoir contre la tête du lit. « Où est Rangiku ? »
« Elle avait une réunion importante avec ses sièges ce matin. Elle devrait bientôt arriver. » elle répondit en plaçant son stéthoscope sur sa poitrine et en écoutant. « Tu as l'air d'aller mieux. Ton niveau d'oxygène est revenu et tes voies respiratoires ont l'air de fonctionner comme il faut. » Elle plaça l'objet autour de son propre cou et attrapa son bras pour retirer la perfusion qu'elle avait fait à son arrivée. « Tu pourras sortir quand elle reviendra. »
Toshiro la regarda placer le plateau repas sur ses genoux avant qu'elle ne s'éloigne pour le laisser seul.
« Tu penses que ça vaut le coup ? » il demanda quand elle fut à la porte.
Elle se retourna pour le regarder, seulement pour qu'il fixe le plateau avec des yeux qui en disaient long.
« Quoi donc ? » elle demanda en refermant la porte qu'elle venait d'ouvrir.
« Vivre comme ça. » il répondit, ne disant rien de plus.
Unohana ne répondit pas tout de suite, à tel point que Toshiro commença à penser qu'elle était sortie après sa première question.
« Rien n'est irréparable. » elle finit par répondre. « Ça fait mal et ça prend du temps, mais tu trouveras quelque chose qui te pousseras à avancer. »
« Ma jambe est réparable. » se moqua le garçon en regardant toujours devant lui. « Hyorinmaru n'est plus là et ce n'est pas réparable. Momo est morte et ça ne l'est pas non plus. »
« Ton cœur l'est. »
Un nouveau silence remplit la pièce avant que le garçon ne parle.
« Et si je ne veux pas être réparé ? »
« Alors qu'est-ce-que tu veux ? » Unohana renchérit.
« Retrouver ma vie. » le garçon prit avec dédain un morceau de son repas et le fourra dans sa bouche.
Unohana le regarda pendant quelques secondes avant de passer une main sur sa tresse pour la lisser. « Laisse toi le temps, Hitsugaya. Le temps fait guérir les blessures. »
« Mais il ne fait pas oublier. » raya le garçon, fixant toujours son assiette.
« Parce que tu veux oublier ? » demanda la femme.
Toshiro arrêta de manger.
Bien sûr que non, il ne voulait oublier. Momo, mamie, Hyorinmaru. Il ne voulait certainement pas les oublier. Pour rien au monde.
Il ne répondit pas, et Unohana prit sa pour la fin de leur petite discussion. Elle sortit de la chambre et ferma doucement la porte.
Le jeune reprit doucement son repas, repensant à toutes les choses qu'il avait perdu. Unohana venait de dire qu'il pourrait s'en sortir, mais il avait du mal à la croire. Il y avait ce trou dans sa poitrine. Ce trou émotionnel. Toshiro n'était pas sûr qu'un jour, il arriverait à le refermer ou à atténuer la douleur qu'il lui donnait.
Reniflant d'amertume, il fourra un autre morceau de son repas dans sa bouche, maudissant sa stupidité.
…
La porte de sa chambre s'ouvrit et il remonta la couverture sur son visage alors que les rideaux étaient ouverts et que la lumière du jour arrivait jusqu'à lui.
« Laisse moi tranquille » il marmonna, se tournant loin de la fenêtre.
« Je refuse que tu restes ici toute la journée. Tu dois prendre l'air. » répondit Rangiku en s'asseyant sur le matelas. Elle attrapa le sommet de la couverture et la tira vers le bas, découvrant le visage de Toshiro à la lumière du matin.
« Je n'ai rien à faire. Alors laisse moi tranquille. » il se tourna loin d'elle.
Il venait de passer deux jours enfermer ici. Il refusait de sortir. À quoi bon ? Il n'avait plus rien à faire. Pourquoi prendrait-il la peine de se montrer au monde, aussi faible et inutile ? Ça ne valait pas le coup. Plus rien ne valait le coup.
« Ichigo a apprit la nouvelle. Il était surexcité quand je l'ai eu au téléphone. Il va passer dans la journée pour te voir. »
Toshiro aimait bien Ichigo. Pas seulement parce qu'il avait vaincu Aizen et l'armée de quincy, à ce qu'on lui avait raconté, mais parce qu'il avait un grand cœur. Il était prêt à remuer ciel et terre pour n'importe lequel de ses amis. Il mettait sa vie en danger pour protéger celles de ceux qu'il aimait. Il était toujours partant pour n'importe quelle activité, du moment que cela donnait le sourire aux autres.
Toshiro aurait aimé avoir un ami comme Ichigo.
« Et cela nécessite que je me lève aussi tôt ? » demanda le garçon en se renfrognant contre la main dans ses cheveux.
« J'ai une réunion à 9h et je sais que si je ne te traîne pas moi-même de ce lit, tu ne te lèveras pas. » le garçon grogna pour toute réponse. Elle avait parfaitement raison. « Va prendre une douche et après prendre ton petit déjeuné. » elle tapota sa tête avant de se lever et de quitter sa chambre. « Et aère ta chambre ! » elle cria en entrant dans la cuisine, faisant gémir le garçon.
…
« Toshiro ! » des bras s'enroulèrent autour de lui et il se sentit soulever du sol. Sa tête s'écrasa contre une poitrine plate mais musclée et il lui fut impossible de bouger jusqu'à ce que la personne le lâche. Kurosaki Ichigo se tenait devant lui, les yeux brillant de joie alors qu'il le reposait. « J'arrive pas à le croire. Quand Rangiku m'a dit ça, je pensais qu'elle devenait complètement folle. » il rigola en inspectant le garçon de haut en bas.
« Hey ! » se plaignit la femme en arrivant derrière lui et en claquant le dossier qu'elle avait dans la main sur la tête orange.
L'adolescent maintenant devenu adulte se moqua et tourna son attention vers lui. « Comment tu vas ? Tu nous as manqué tu sais ? Karine était folle. »
Ses cheveux avaient été coupé et son visage avait perdu ses derniers traits d'enfant. Toshiro faisait maintenant face à un homme adulte.
Le garçon le jugea pendant un moment, ne répondant pas tout de suite à ses questions. Ils étaient au milieu du terrain d'entraînement car Rangiku l'avait traîné avec elle une nouvelle fois pour qu'il sorte. Les hommes et les femmes qui étaient présents les regardaient avec perplexité.
« Bien. » finit par souffler le garçon, ne sachant pas vraiment ce qu'il devait dire. « Et heu… Toi ? »
Ichigo arqua un sourcil mais son sourire ne faiblit pas. « Super ! » il leva sa main gauche au niveau de son visage. « Orihime et moi nous sommes mariés il y a quatre ans. Et regarde. » il sortit une photo de son uniforme et la lui tendit. Elle représentait le couple avec un bébé au cheveux oranges. L'enfant semblait avoir quelques jours sur la photo. « Nous avons eu un fils. Il va avoir trois ans dans quelques semaines. » le sourire de la fraise n'avait pas de limite, il semblait réellement heureux.
Alors il avait vraiment tout raté.
« Et bien heu… Félicitations ? »
« Merci, je les amènerai la prochaine fois. »
Toshiro sentait son cœur devenir de plus en plus lourd et il commençait à ne pas se sentir bien.
Rangiku et Ichigo commencèrent une discussion animée alors que les soldats profitaient de cette pause pour s'hydrater. Toshiro claudiqua jusqu'à un rocher et s'assit dessus, essayant de faire arrêter sa tête de battre.
« Capitaine Hitsugaya, tout va bien ? » un homme s'approcha de lui avec de l'eau dans la main et une serviette enroulé autour du cou.
« Enlève le 'Capitaine' » marmonna le garçon, s'entend son moral chuter une fois de plus.
« Vous vous sentez bien ? » demanda le soldat, ignorant volontairement le commentaire.
« Non, j'ai besoin d'espace. » répondit froidement le garçon.
L'homme leva les mains mais son visage se ferma.
« Pas besoin d'être aussi froid. » il répondit, fronçant les sourcils.
C'était un comportement qu'aucune personne ne se serait permis s'il avait été capitaine.
« Je te remercie pour ton inquiétude, mais tu ne peux pas m'apporter l'aide dont j'ai besoin. » rétorqua le garçon, espérant qu'il comprendrait qu'il avait besoin d'être seul un moment.
« Ouais, seul le Capitaine Matsumoto le peut. » cracha le soldat, lui jetant un regard froid.
Le commentaire surpris Toshiro et il arqua un sourcil vers lui.
« Que veux-tu dire ? »
« Sérieusement ? » l'homme demanda en essuyant son visage avec sa serviette. Quand il vit que le garçon ne répondait pas, il continua. « Depuis votre retour, le Capitaine est complètement surchargé. Elle doit gérer la division et vous. Sans oublié toute l'inquiétude que vous lui donnez. Depuis que vous êtes revenu, elle est beaucoup plus fatiguée. » l'homme prit une gorgée d'eau. « J'espère que vous vous rendez compte qu'elle passe beaucoup plus de temps avec vous qu'avec nous. » il le regarda dans les yeux avec froideur. « Votre monde tourne peut être autour d'elle, mais son monde ne tourne pas autour de vous. Lâchez la un peu pour qu'on puisse retrouver notre Capitaine. »
L'homme s'arrêta là, regardant le visage du garçon perdre toute sa couleur.
Toshiro ne répondit pas, et le soldat tourna les talons en soupirant.
Il avait besoin d'air.
Il avait besoin d'être seul un moment.
Il attrapa ses béquilles et quitta la zone d'entraînement. Il marcha droit devant lui, quittant bientôt la division. Il ne savait pas où il allait. Il se fichait que l'effort commençait à l'essouffler, que son poignet tirait de supporter son poids, que sa jambe lui disait de faire une pause.
Il continua à marcher, se fichant de l'endroit où il allait.
…
Rangiku était inquiète. Toshiro avait disparu après l'arrivée d'Ichigo et il n'était toujours pas revenu. Cela faisait plusieurs heures et elle ne savait pas où il était parti.
Elle avait finit par envoyer une équipe à sa recherche quand le ciel avait viré au noir et que la pluie s'était abattue violemment sur la Soul Society.
Comme il n'avait plus de reitsu, il était impossible de le détecter de loin. Alors elle avait demandé à l'équipe de recherche de regarder dans tous les coins de la division. Ils lui avaient envoyé un rapport, lui faisant part que le garçon n'était pas dans la division et qu'ils continuaient leur rechercher à l'extérieur.
Ichigo était toujours avec elle, maintenant inquiet aussi de ne pas revoir le jeune. Ils s'étaient réfugiés dans le bureau du capitaine après les premières gouttes de pluie.
Le silence s'était installé. Un silence lourd et pesant, jusqu'à ce que son téléphone sonne. Elle décrocha rapidement et la voix de Sora résonna de l'autre coté.
« Capitaine, nous l'avons trouvé. » il dit, mais sa voix n'était pas joyeuse comme à son habitude.
Elle avait envoyé le garçon à sa recherche parce qu'elle espérait que cela serait plus rapide.
« Où est-il ? Est-ce-qu'il va bien ? » elle demanda en se levant de sa chaise, Ichigo imitant son mouvement depuis le canapé.
« Sur la montagne du Sokyoku, Madame. » il laissa la deuxième question.
« Quoi ? Comment a t-il fait pour arriver jusqu'ici ? » elle ouvrit la porte de son bureau et s'engouffra dans les couloirs de la division.
« Je ne sais pas. »
« Peux-tu le ramener ? » elle arriva à la porte de la division et sortie rapidement, ignorant la pluie battante qui s'écrasa sur elle. Ichigo était sur ses talons. Sora ne répondit pas tout de suite, et le cœur de Rangiku s'accéléra. « Sora ? »
« Je pense que vous devriez venir, Capitaine. » fut la simple réponse qu'elle reçu.
Il n'avait pas l'air de vouloir en dire plus au téléphone, alors Rangiku raccrocha et accéléra le pas.
Comment avait-il fait pour monter au sommet de la colline ? Elle espérait que quelqu'un l'avait aidé, sinon elle n'imaginait pas dans quel état il devait être. Pourquoi avait-il même essayé de monter là haut ?
« Tu es sûre que c'est la bonne direction ? » demanda Ichigo en se mettant à sa hauteur entre deux shunpos.
« C'est celle que Sora m'a donné. » elle répondit juste.
Elle pouvait sentir la pression spirituelle de son vice-capitaine au sommet de la colline, et elle ne savait pas si elle était rassurée à l'idée qu'il soit bien là, ou terrifié qu'il y soit même.
Ils tombèrent rapidement sur l'équipe de recherche qu'elle avait envoyé. Ils étaient au bout de la montée, avec une visibilité complète sur toute la partie plate de la colline. Après un rapide salut, Sora lui montra une direction.
« Il est là bas. Mais nous ne l'avons pas approché. »
Elle regarda plus attentivement pour voir qu'au bout de la zone plate, se tenait Toshiro. Il était sous le Sokyoku, au bout de la colline, à quelques centaines de mètres de là.
Rangiku comprit pourquoi Sora avait prit la décision de ne pas l'approcher. Ce qu'elle avait prit pour une béquille de loin, était en fait une épée. Le jeune vice capitaine avait prit la bonne décision, il ne pouvait pas gérer cette situation.
« Qu'est-ce-qu'il fait avec une épée ? » demanda Ichigo a son oreille.
Rangiku ne répondit pas, à la place elle se tourna vers le groupe.
« Nous gérons la situation. Rentrez. » Aucun des soldats ne contesta l'ordre, et ils tournèrent tous les talons.
Le capitaine commença à s'avancer, Ichigo la suivant et ils remontèrent ensemble jusqu'à être proche du garçon.
Il se tenait debout, les deux pieds au sol et les béquilles abandonnées à quelques mètres. Ses épaules étaient voûtées et sa tête baissée. Il leurs tournait le dos et faisait face au vide, semblant tout de suite trop proche du bord pour Rangiku. Sa prise sur l'épée était instable et elle se serrait et se desserrait toutes les quelques secondes.
« Chéri ? Qu'est-ce-que tu fais là ? » elle demanda en faisant un pas vers lui.
Il se retourna légèrement, son visage se tordant de douleur alors que son pied ne semblait pas satisfait.
Ses yeux étaient vides et gonflés. Ses lèvres étaient d'une tinte violette inquiétante et sa peau était presque aussi blanche que ses cheveux. Il était trempé jusqu'aux os et son corps tremblait de froid.
« Laisse moi tranquille » il murmura, essoufflé.
Sa voix était si faible qu'elle crut qu'elle ne lui appartenait pas.
« Qu'est-ce-que tu racontes ? Où est ta ventoline ? » elle fit un pas vers lui mais il recula, se rapprochant dangereusement du bord. Alors elle s'arrêta.
Il regarda vers l'endroit où ses béquilles gisaient et Rangiku suivit ses yeux. Les morceaux de sa ventoline détruite étaient éparpillés un peu partout et elle sentit sa gorge se serrer.
« Pourquoi tu as fait ça ? » elle retourna son regard vers lui mais il ne semblait pas du tout affecté par la destruction de l'objet.
Il ne répondit pas. Sa prise sur l'épée se resserrant alors que sa mâchoire se contractait. Son équilibre était complètement instable et il dut appuyer son poids sur son arme pour ne pas tomber.
Rangiku fit un nouveau pas vers lui, mais il leva rapidement la main. « Ne t'approche pas. » il murmura, se redressant et arrachant la pointe mortelle du sol.
« Qu'est-ce-que tu fais ici ? » demanda la femme, fortement inquiète.
« Je ne sais pas. J'aurai du rester dans cette putain de tombe. » il répondit, son regard voilé alors qu'il crachait ses mots.
« Qu'est-ce-que tu veux dire ? » elle essaya de s'approcher mais il fit un nouveau pas en arrière.
« J'avais tout. Une famille, des amis, un rôle, des responsabilités, un avenir. » il rigola sans humour, s'appuyant une nouvelle fois sur l'épée pour se soutenir. « Qu'est-ce-qu'il me reste ? »
Il ressemblait à un fou. Ses yeux refusaient obstinément de la regarder. Il tenait à peine debout et quand l'épée ne lui servait pas de béquille, elle semblait prête à glisser hors de sa prise à tout instant.
Sa respiration était forte. Même à travers la pluie battante, elle pouvait l'entendre haleter.
« Tout n'est pas perdu Toshiro. Beaucoup de gens tiennent à toi. Ne fais pas de conneries. » Ichigo était légèrement derrière elle et sans même se retourner, elle pouvait le voir être crispé.
Le garçon leva enfin les yeux vers eux. Il y avait une quantité alarmante de détresse en eux. Il envoyait des ondes de tristesse et de désespoir aux deux shinigamis. Rangiku cru que le monde venait de lui tomber dessus.
« Sérieusement, à quoi je sers ? » demanda t-il, la voix se brisant alors qu'il n'avait pas fini sa question. Rangiku était sans voix. Il avait été inimaginable pour elle de se retrouver dans une telle situation, avec autant d'émotions négatives. Le garçon semblait à bout. Il craquait complètement et était perdu. « Momo n'aurait jamais dû faire ça. » il croassa, ses yeux en disant bien plus que n'importe quel mot. « J'ai tout raté » continua t-il, levant sa main libre pour essuyer son nez, bien que cela ne serve à rien puisqu'il était trempé jusqu'aux os « La mort de Mamie. Celle de Momo. Je ne suis même pas capable de me souvenir de la perte de Hyorinmaru. » ses épaules se secouèrent et il trébucha.
« Toshiro- »
« Ne t'approche pas. » il croassa « J'ai perdu ma division, ma maison, ma famille, mon titre, mon statu. J'ai même raté ton mariage et la naissance de ton fils, Ichigo. » il leva une main désinvolte vers la fraise avant de détourner le regard. « J'aurais du rester dans cette putain de tombe et pourrir comme le microbe que je suis. » sa voix se brisa et ses épaules se secouèrent.
« Tu dis n'importe quoi. Tu es fatigué et pas en état d'avoir cette discussion. Viens avec nous, on- » Rangiku essaya de le résonner.
« Non. » la fatigue était présente dans sa voix. Il en avait marre. Il était à bout. « Pourquoi tu continues encore à t'occuper de moi ? » il lui jeta un regard de détresse. « Tu as tout pour avancer. Tu es Capitaine, tu as ta propre division, tu es épanouie. Pourquoi tu- » sa voix se brisa et il renifla « pourquoi tu perds ton temps avec moi ? Fonde une famille. »
« Tu es ma famille, Toshiro » la femme sentait sa gorge brûler alors que les larmes coulaient sur ses joues depuis longtemps, se mélangeant à la pluie.
« Je suis mort. Laisse moi partir. »
« Tu es là. Tu es vivant- »
« C'est une erreur. » le garçon regarda la lame dans sa main. « Il ne reste plus rien du Capitaine Hitsugaya. » il leva l'arme pour l'inspecter. Le métal brillait à cause la pluie. « Je ne suis plus rien. Je suis mort i ans, et il ne reste rien de qui j'étais. Je suis devenu complètement inutile, faible et sans valeur. » il tourna l'épée dans ses mains avant de lever les yeux vers eux. « Je veux que vous vous souveniez du Capitaine d'i ans. Je veux que vous oubliez ce que je suis devenu. »
« Ne fais pas ça Toshiro. » Ichigo s'avança, tendant la main vers son ami. « Tu as raté des choses, mais tu as la chance d'avoir une deuxième vie. Tu peux en profiter. On vivra de belles aventures ensemble. Rien n'est fini. Le Toshiro que j'ai connu est toujours là. »
« Vous vous accrocher à un fantôme. » répondit le garçon, la voix craquant une nouvelle fois. Puis le ton descendit dans les murmures et il regarda sa lame. « Tout comme je le fais toujours. » il fit un mouvement rapide, la pointe de l'épée dirigé vers lui, essayant de le transpercer.
Rangiku cria, tirant un sort de kido pour l'arrêter.
Les mains du garçon se retrouvèrent liées dans son dos et il tomba au sol. Ses pieds se sont également accrochés l'un à l'autre et il se retrouva immobiliser en quelques secondes. Quelques secondes qui lui sauvèrent la vie.
« NOOOON » il se mit a crier. « LAISSEZ MOI PARTIR ! » il se tortilla dans les liens, essayant de rouler loin d'eux alors qu'ils s'approchaient. « Arrêtez ! Je suis inutile. Laissez moi partir ! Je ne sers à rien ! »
Rangiku était en larme alors qu'elle se baissait et attirait le corps contre elle. Il se débattit, la suppliant de le laisser tranquille, qu'il serait mieux mort, qu'il était inutile.
« Tais toi » elle sanglota, le faisant s'asseoir sur ses genoux alors qu'elle entourait ses bras autour de lui.
Toshiro était complètement hystérique dans ses bras. Il criait de le laisser partir, il se débattait dans les liens à tel point que sa peau était devenue rouge. Mais Rangiku refusa de le lâcher. Pour rien au monde.
« Je suis mort, alors laisse moi partir ! » il envoyait sa tête voler contre son épaule, les sanglots déchirant sa gorge alors que son corps se secouait.
« Je te tiens. Tout va bien. » elle le berça
« Laisse moi partir » sa voix était plus faible, plus suppliante. « Je ne vaux rien. Je suis juste un boulet pour toi. Alors laisse moi. » il pleura, les yeux fermés. « S'il te plaît »
« Tu vaux tellement, tellement pour moi. » Rangiku sanglota en resserrant sa prise sur lui. « Je t'ai déjà perdu une fois. Je ne te laisserai plus jamais partir, Toshiro. Je ne te lâcherai plus. Je te le promets. » elle plaça une main dans ses cheveux, forçant son visage contre elle.
« Laisse moi partir, Maman. » le garçon dans ses bras était complètement brisé. Il avait arrêté de se débattre et était maintenant mou contre elle.
Rangiku pleura encore plus quand elle l'entendit l'appeler. Il ne l'avait jamais fait avant. Les liens qui le retenaient disparurent alors qu'elle perdait toute sa concentration pour les maintenir.
« Jamais. » elle croassa, le serrant si fort qu'il pourrait bien avoir des bleus. « Jamais. » elle répéta, déposant des baisers sur le haut de son crâne. « Tu es mon monde. Je refuse de te perdre une nouvelle fois. » le garçon explosa en sanglot, si c'était même possible. Il était déjà en larme mais ses mots provoquèrent quelque chose et il cria contre son épaule.
Son visage se dirigea vers le creux de son cou et ses mains s'accrochèrent à son haori alors qu'il pleurait, pleurait, pleurait. Semblant inconsolable.
« Ne m'abandonne pas. Ne… Je… laisse pas. Non… Pas… » ses mots n'avaient plus aucun sens. Il devenait incohérent.
Il était accroché si fort à elle que ses doigts n'avaient plus de sang.
« Je ne t'abandonnerai jamais. » elle le berça un peu plus, essayant de maîtriser ses propres pleurs.
Puis Toshiro devint complètement mou dans sa prise. Ses doigts la relâchèrent et tombèrent sur le coté. Ses épaules arrêtèrent de convulser et ses pleurs se stoppèrent.
« Toshiro ? » Rangiku demanda, ne comprenant pas. « Toshiro ? » elle le secoua, mais le garçon resta absolument mou. « Non, non, non, réveille toi ! »
Elle avait déjà vécu cette scène une fois. Elle se voyait encore avec le corps meurtri du garçon dans ses bras, le sang partout et le murmure d'excuse qu'il avait prononcé avant de mourir.
« Il s'est évanoui, Ran. » Ichigo essaya de prendre la tête du garçon dans ses mains pour l'inspecter mais Matsumoto le repoussa.
« Il faut qu'il se réveille. » les larmes lui remontèrent. « Je ne peux pas le perdre une deuxième fois. » elle le secoua, l'appelant mais il ne répondit pas.
Des bras s'enroulèrent autour d'elle et la forcèrent à se calmer.
« Il s'est juste évanoui, Ran. Il n'est pas mort. » la voix d'Ichigo était à son oreille et elle baissa les yeux sur le petit corps dans ses bras pour constater qu'il respirait encore. « On doit l'amener à Unohana, mais il est vivant. »
Il la lâcha peu à peu et inspecta enfin le garçon.
« Il va vivre, hein ? » demanda la femme, regardant attentivement le visage d'Ichigo pour voir s'il voyait quelque chose.
« Il est gelé et en insuffisance respiratoire, mais il vivra. Il faut qu'on bouge. » il prit le garçon des bras tremblant de la femme. Elle allait contester, mais il l'arrêta avant. « Respire un coup, Ran. Ce qui vient de se passer est dur. Je m'occupe de lui. » il porta Toshiro comme un enfant, mettant son visage dans son cou.
« Je vais où il va. » répondit la femme, avalant le sanglot qui menaçait de sortir.
Ichigo lui adressa un sourire avant de tourner les talons. « Alors ne perdons pas de temps. »
Et avec ça, il rentra dans une course de shunpo, le capitaine déboussolé sur ses talons, le garçon totalement inconscient.
Il l'avait appelé 'Maman'.
…
Il y avait des voix autour de lui.
Il ne voulait entendre personne.
Il ouvrit les yeux pour voir cette lumière artificielle qu'il avait vu trop de fois. La quatrième division. Encore et toujours.
Il essaya de bouger, pour constater que l'un de ses poignets était attaché. Fronçant les sourcils, il baissa les yeux pour voir une paire de menottes accrochée sa main au lit dans lequel il était.
Son deuxième bras, heureusement, était libre, et il entrelaça ses doigts avec le métal et tira dessus, testant la solidité.
« C'est pour ta sécurité. » vint la voix du capitaine des lieux. Il tourna la tête pour voir Unohana le surplomber. Elle passa une main dans ses cheveux et Toshiro ne chercha même pas à la repousser. « Je ne m'attendais pas à ce que tu fasses ça quand tu m'as demandé si ça valait le coup. » elle déclara.
« Toshiro, mon Chéri, comment tu te sens ? » Rangiku bondit vers lui quand elle entendit la femme lui parler.
Ses yeux étaient rouges d'avoir manifestement pleuré et elle avait enlevé son maquillage. Cela ne changeait pas grand-chose, puisqu'elle était toujours belle, et que son make-up était généralement discret, mais cela serra le cœur de Toshiro. Il l'avait inquiétée.
« Désolé. » il souffla, sentant ses propres émotions faire surface. Il se détestait pour ça. Et pour tant d'autres choses.
« Hey, c'est bon. » elle plaça une main sur sa joue et le força à lui faire face. Ils eurent un contact visuel silencieux pendant quelques secondes. Les choses qu'ils pouvaient tous les deux lire dans les yeux de l'autre en disaient bien plus que de simple mot. Puis Rangiku se pencha et enroula ses bras autour de ses épaules pour le soulever en position assise. Elle l'attira instantanément dans un câlin, libérant un souffle qu'elle devait retenir depuis un certain temps. « Je t'aime et je serai toujours là pour toi. Tu es la meilleure chose qui me soit jamais arrivée, alors ne me fais plus jamais ça. » elle embrassa le haut de son crâne.
Toshiro fondit immédiatement dans l'étreinte et enroula son bras libre autour d'elle. Les larmes lui montant. 'Je t'aime'.
Il se sentait stupide d'avoir fait ça. Mais bien qu'il ait échoué à mourir, il se sentait libéré d'un poids énorme et son cœur lui faisait moins mal. Il savait que ce qu'il avait fait était très grave, mais pour le moment, il voulait juste profiter du câlin que lui donnait Rangiku.
Il avait été prêt à en finir. Et le fait d'avoir dit ce qu'il avait sur le cœur lui avait permis de respirer. Il avait eu besoin d'extérioriser, et jamais il aurait pu imaginer que cela ferait autant de bien.
Et puis Rangiku lui avait dit ce qu'il avait eu besoin d'entendre. 'Tu es mon monde'.
Il était au moins important pour quelque chose, pour quelqu'un. Ichigo avait été présent aussi, et bien que la 'discussion' avait surtout été entre Matsumoto et lui, il était heureux qu'il ait été là. Pas qu'il le voit dans un état pareil, mais qu'il apporte une présence réconfortante et familière.
Toshiro aurait aimé avoir un ami comme Ichigo.
Les deux finirent par s'écarter et Rangiku prit son visage en coupe. « Tu as faim ? Est-ce-que tout va bien ? Tu as besoin de quelque chose ? » elle le regarda de haut en bas avant de porter sa deuxième main dans ses cheveux, écartant les mèches qui tombaient devant ses yeux.
« Soif ? » il demanda plus qu'il ne répondit.
La femme lui offrit un sourire avant de se pencher et d'attraper le verre d'eau qui reposait déjà sur la table de chevet. Elle le plaça ensuite dans sa main libre et enleva doucement le masque de son visage.
Ce n'est qu'à ce moment là que Toshiro se rendit compte qu'il tremblait. L'eau dans le verre faisait de petites vagues contre les rebords et Rangiku dut poser sa main sur la sienne pour qu'il arrête de fixer.
« Ça va aller ? »
Le garçon la regarda un instant avant de hocher la tête et de porter le récipient à ses lèvres.
« Dans quelques heures il faudra que tu manges. L'intraveineuse te donne ce dont tu as besoin pour survivre, mais tu dois manger ce dont tu as besoin pour aller bien. » Unohana parla alors qu'il rendait le verre à Rangiku.
« Depuis combien de temps je suis ici ? » demanda le garçon, regardant sa mère s'asseoir sur le matelas à coté de lui.
« Deux jours » répondit simplement la grande femme, notant des choses dans son carnet.
Toshiro baissa les yeux sur ses genoux, réfléchissant.
Il avait dormi pendant deux jours. Donc ils avaient forcément prit le temps de prendre des décisions le concernant. Ils avaient sûrement dit qu'il était instable psychologiquement et qu'il devrait être interné pendant un long moment.
Il n'allait pas sortir de cette chambre de si tôt. Les menottes allaient resté un moment à son poignet.
« Et ? Qu'est-ce-qu'il va se passer maintenant ? » il demanda, regardant toujours les draps.
« Eh bien, ta jambe n'a pas vraiment apprécié ta petite marche, ou le fait que tu restes debout dessus. Donc tu vas retrouver tes béquilles pour un certain temps. » répondit le médecin.
« Je ne parlais pas de ça. » marmonna le garçon.
Un silence lui répondit et il sentit Matsumoto se pencher pour déposer un baiser sur le haut de sa tête.
Puis Unohana reprit la parole.
« D'après ce que je peux dire, tu as l'air d'aller mieux qu'il y a deux jours. Tu vas rester ici en observation minimum une journée. Nous discuterons et je rendrais mon verdict sur si oui ou non, tu es assez stable pour sortir. »
Ce n'était pas la réponse à laquelle il s'attendait.
« Je ne suis pas interné ? » il demanda en relevant la tête.
« Non, pas pour le moment. » répondit calmement la grande femme. « Nous avons eu, ta mère et moi, une discussion avec le Central 46. Nous leur avons expliqué la situation et ils acceptent de te laisser un peu de mou. »
Toshiro tiqua à la description ouverte de Rangiku étant 'sa mère' mais ne releva pas. À la place, il se concentra sur ce qu'elle avait dit.
« Un peu de mou ? »
« Nous leur avons expliqué que la situation dans laquelle tu te trouvais était très particulière, et que personne ne l'avait jamais vécu avant. Tu as reçu beaucoup d'informations négatives en très peu de temps, tu as vécu des choses horribles dans le Rukongai et tu as perdu certains repaires qui t'étaient essentiels. On leur a demandé de te laisser du temps pour apprendre à gérer ça. » expliqua Rangiku, lui souriant gentiment.
Toshiro les regarda à tour de rôle, les yeux écarquillés.
« Alors, ils n'ont rien dit par rapport à… enfin ma… »
« Tentative de suicide ? » Unohana finit pour lui, faisant monter le rouge aux joues du garçon et baisser la tête. « Ils n'étaient pas ravi, je ne te le cache pas, mais ils comprennent que c'est une accumulation de beaucoup de choses qui a mené à ça. On leur a fait comprendre que leur petite présentation de la dernière fois a peut être eu lieu un peu tôt. » elle parla avec amertume pour la dernière phrase.
Toshiro avait du mal à le croire. Il n'allait avoir aucune sanction pour ce qu'il a fait ? Enfin, il devait encore prouver à Unohana qu'il était assez 'stable' pour sortir de là. Mais les choses se présentaient bien. Vraiment bien.
Il leva son regard vers Rangiku et elle le regardait déjà avec tendresse. Les joues du garçon virèrent au rouge et il détourna le regard.
« Alors de quoi veux-tu que nous discutions ? » il demanda à Unohana qui arqua un sourcils interrogateur.
« Ne va pas trop vite. » calma immédiatement la grande femme, un sourire sur les lèvres. « Tu vas d'abord te reposer et faire une pause. Nous discuterons plus tard. »
Maintenant qu'elle le disait, il avait beau avoir dormi deux jours, il était épuisé. Ça fatigue n'était pas physique, elle était mentale. Et il se sentit reconnaissant à la femme de le souligner et de ne pas profiter de l'occasion pour poser des questions sensibles alors qu'il n'était pas prêt.
« Et les menottes ? » il demanda, tirant doucement sur le métal.
« Pas de décision hâtive. » Unohana rappela en posant sa main sur sa tête. « Je repasserai demain, et nous verrons comment tu te sens. Pour le moment, repose toi. » elle frotta ses cheveux avant de s'écarter.
Il sentit la main de Rangiku se poser sur sa poitrine et le pousser vers le bas. Toshiro offrit une faible résistance avant que sa tête ne touche l'oreiller.
« Dors un peu. » appuya la femme, faisant écho à ce que venait de dire la femme tressée.
Unohana sourit à l'échange avant de s'excuser et de les laisser tous les deux.
Rangiku s'écarta de lui et s'assit sur sa chaise, attendant quelques secondes avant de sortir un magasine. Mais Toshiro le voyait autrement.
Il bougea dans son lit pour se déplacer sur le coté du matelas, gémissant bruyamment pour attirer son attention. Lorsqu'elle leva des yeux interrogateurs vers lui, il se contenta de tapoter dans un rythme qu'il venait d'inventer la place qu'il avait libéré.
Les sourcils de la femme se haussèrent avant qu'un sourire tendre ne se dessine sur ses lèvres. Elle ferma le magasine et le posa sur sa chaise avant d'enlever ses chaussures et son haori et de s'asseoir sur le bord du lit. Elle s'allongea doucement et Toshiro leva la tête pour la laisser prendre l'oreiller. Elle s'installa puis enroula ses bras autour de lui et le garçon posa sa tête sur son épaule, son nouveau coussin.
Il était gêné par les menottes et ne pouvait pas réellement rendre l'étreinte, mais il passa l'une de ses jambes par dessus les siennes et ses doigts s'accrochèrent à ses vêtements.
Ses yeux étaient déjà fermés alors que les deux finissaient de s'installer ensemble.
Il respira son odeur et apprécia la main qui est rapidement venue caresser ses cheveux.
Il s'endormit peu de temps après, laissant ses problèmes derrière lui pour un instant et profitant de l'étreinte, doucement bercé par la monté et la descente de la poitrine de Rangiku.
…
Les passants se poussaient alors qu'il approchait. Leurs yeux étaient effrayés par lui et il murmurait aux oreilles de leurs proches quand il passait.
Ses poumons étaient en feu alors qu'il courait à travers les rues, serrant ses cotes qui hurlaient.
« Arrêtez le ! » l'homme qui le poursuivait criait, agitant son bâton dans les airs.
Toshiro avait été dans un magasin pour acheter quelques provisions avec le peu d'argent qu'il avait trouvé. Le commerçant avait été, comme presque toutes les personnes ici, désagréable, et le jeune capitaine lui avait répondu avec son ton froid habituel.
Évidemment, cela n'avait pas plu, et le garçon avait sûrement quelques cotes brisées de ce petit échange. Il avait renversé une étagère du petit magasin, et les produits exposés dessus avaient tous fini par terre, brisés et invendables.
Encore une fois, cela n'avait pas plu, et le commerçant lui avait promis une mort lente et douloureuse, avant qu'il ne se mette à courir.
Son cœur tambourinait dans sa poitrine alors qu'il s'excusait après avoir bousculer quelqu'un. Sa course reprit de plus belle, mais une main s'accrocha à son kimono et lui coupa son élan.
« Encore toi. » une voix masculine cracha, retournant son corps pour qu'il lui fasse face.
Il s'agissait de l'homme qui avait défendu sa femme la première journée où il avait été ici, après sa 'discussion' avec les quatre shinigamis.
« Lâchez moi » demanda Toshiro, voyant le commerçant se rapprocher dangereusement.
« Je t'avais prévenu que si je te croisais une nouvelle fois, tu passerais un mauvais quart d'heure. » l'homme fronça les sourcils
« Je n'ai pas touché votre femme. » répliqua le garçon, se souvenant de pourquoi l'homme avait été en colère contre lui en premier lieu.
« Encore heureux » rigola t-il, le jetant en arrière, lui faisant perdre l'équilibre et s'écraser au sol.
Ses cotes se plaignirent, mais il recula, essayant de s'échapper.
C'est à ce moment que le commerçant arriva, essoufflé mais furieux. Il se tourna vers l'homme qui venait de le pousser et lui sourit. « Merci » avant de s'approcher de lui et d'envoyer son bâton. Le coup toucha son ventre et l'air fut expulsé de ses poumons. « Je vais t'apprendre à me faire perdre de l'argent » il leva une nouvelle fois son bâton et l'envoya.
Toshiro était complètement impuissant alors que l'homme donnait coups après coups.
« Eh ! J'ai un compte à réglé avec lui ! » la voix du premier homme retentit et les coups s'arrêtèrent.
« Va falloir attendre. » renchéri le commerçant, levant une nouvelle fois son bâton.
Toshiro se recroquevilla sur lui même alors qu'il attendait le coup, mais il ne vint jamais.
Les deux hommes étaient entrain de se disputer au dessus de lui et le garçon vit sa chance de s'échapper.
N'écoutant pas son corps, il se leva et se remit à courir, ne se retournant pas, même quand ses agresseurs crièrent à l'unisson.
Il couru plusieurs minutes avant que son corps ne cède et qu'il s'écroule dans une ruelle. Il respirait fort, très fort, à tel point que des points noirs apparaissaient dans sa vision.
Il avait au moins réussi à fuir les deux hommes et la petite ruelle dans laquelle il était, était déserte.
Alors il ferma les yeux et s'appuya contre l'un des murs pendant qu'il se battait pour sa respiration. Il devrait aller voir Hido pour ça. Cela faisait plusieurs jours déjà qu'il avait du mal à respirer après un effort.
Un bruit de pas résonna près de lui, puis des voix se firent entendre. Un groupe de jeune apparu au bout de la ruelle, surexcité et rigolant fort.
Toshiro essaya de se lever pour partir, mais ses cotes le clouèrent au sol, envoyant des vagues de douleur qui le firent tousser.
« Eh, regardez qui voila. » l'un des jeunes le vit et Toshiro sentit son cœur s'accélérer.
« Il a pas l'air bien » rigola un autre, alors que leur petit groupe l'entourait, ne lui laissant aucune sortie.
« C'est bien dommage pour lui »
« S'il est comme ça, c'est qu'il a dû le mériter. » gloussa un des garçons
« Qu'est-ce-que vous pensez qu'il a fait ? » demanda l'un d'eux.
« Aucune idée »
« Vous pensez qu'il a compris la leçon ? » un garçon s'approcha de lui.
« Peut être qu'on devrait le faire réviser » cria avec joie le plus petit.
« Ouais, c'est ce que je me disais. » le garçon devant lui attrapa le devant de son kimono et leva le poing. « Tu n'es qu'un monstre » Les yeux de Toshiro s'écarquillèrent alors que le poing arrivait de son visage.
Qu'avait-il fait pour mériter autant de haine ?
Ses yeux s'ouvrirent en grand alors que l'air se bloquait dans sa cage thoracique.
Il se débattit avec les draps enroulés tout autour de lui et s'assit dans son lit, les yeux écarquillés. Il porta une main à sa tête, appuyant le masque sur son visage alors qu'il essayait d'enrouler le second autour de son ventre. Les menottes cliquèrent et sa main resta bloquée, empêchant le mouvement.
Il essaya une nouvelle fois, il avait une douleur dans le ventre qu'il avait besoin d'atténuer. Il avait besoin de se protéger. Mais le métal le garda immobile.
Sa respiration s'accéléra. Il devait se protéger. Son cœur battait fort dans sa poitrine, il avait mal.
La porte de sa chambre s'ouvrit et il sursauta. Ses yeux se tournèrent immédiatement vers le nouvel arrivant et il croisa le regard inquiet d'Unohana.
Sa main tirait toujours sur ses menottes, à tel point qu'il sentait sa peau brûler.
Son autre main refusait de lâcher son masque alors qu'il avait du mal à respirer.
Il sentait ses yeux brûler et il savait qu'ils envoyaient une image de peur alors que les larmes dévalaient ses joues. Tout son corps tremblait et il sentait des frissons le parcourir.
Unohana fit signe à des gens derrière elle, sûrement des infirmiers alertés, et rentra seule dans la chambre fermant la porte derrière elle.
Elle s'approcha doucement de lui et tendit la main mais il recula au fond du lit, son poignet tirant sur les menottes.
« Calme toi, tu es en sécurité » Unohana posa une main sur la sienne et Toshiro essaya de l'enlever pour que le mouvement soit refusé par l'entrave.
Le garçon ne pouvait pas dire pourquoi mais il était terrifié. Le rêve qu'il venait de faire avait réveillé la peur qu'il avait eu pendant qu'il était dans le Rukongai, et il n'arrivait pas à se calmer.
« C'était un cauchemar, mais c'est fini, tu ne risques rien ici. » elle serra doucement sa prise sur sa main, l'empêchant de tirer plus sur les menottes. Elle leva sa seconde main pour la porter à son visage, mais le garçon ferma les yeux et plaça son bras devant lui pour se protéger. C'était ridicule, il le savait, puisqu'il était tremblant et en larme. « Tout va bien. » Unohana contourna le bras et passa son pouce sur sa joue pour enlever les larmes.
Toshiro se crispa et gémit pathétiquement, mais il ne chercha pas à s'éloigner.
Il ouvrit les yeux et croisa le regard calme de la femme qui lui sourit pour l'encourager.
Sa peur diminua et il réussi à prendre une respiration normale. Il resserra ses doigts autour de ceux du capitaine et elle continua à essuyer ses larmes.
« Tout va bien. Tu sais que je ne te ferai jamais de mal ? » demanda la femme, son pouce changeant de joue.
Toshiro hocha la tête, ses tremblements ralentissant et sa respiration devenant plus stable alors que le temps passait.
« Ran ? » il demanda entre deux souffles.
« Elle est rentrée hier soir. Il est 4h du matin. » lui répondit calmement le capitaine, passant maintenant sa main dans ses cheveux.
Après son réveil dans les bras de Rangiku, Unohana était passée, mais avait décidé qu'il avait encore besoin de repos. Elle lui avait laissé sa journée et il l'avait passé avec Matsumoto, jouant aux cartes, discutant de choses qui n'avaient rien à voir avec la situation. La femme avait fait attention à n'aborder aucun sujet sensible, et Toshiro en était reconnaissant. Il s'était endormi en ayant passé une journée reposante et pas stressante, jusqu'à ce qu'il se réveille en tremblant après un cauchemar pour qu'Unohana vienne le calmer.
« C'est fini » elle laissa glisser ses doigts loin de sa tête et s'assit sur le bord du lit, laissant ses deux mains s'enrouler autour de la sienne. « Comment tu te sens ? »
Toshiro toussa et accrocha sa seconde main au draps de son lit. « Mieux, merci. »
« Tu veux en parler ? » proposa la femme.
Toshiro la regarda pendant un instant. Il n'était pas sûr de vouloir partager à quel point il était ridicule et faible. Il haussa les épaules pour toute réponse, détournant le regard.
« De quoi s'agissait-il ? D'un combat, d'un dispute ? »
« D'une humiliation » lâcha le garçon, regardant ses draps.
« De qui ? »
« Moi » il rigola sans humour. Qui d'autre pouvait être humilié à par lui ?
« Pourquoi ? » Il n'y avait aucun jugement dans la voix de la femme et Toshiro la regarda dans les yeux. Il n'y avait aucun jugement non plus ici. Elle était curieuse et voulait simplement discuter avec lui.
« J'étais à terre et ils me rouaient de coups. »
« Ils ? » demanda t-elle. Le garçon haussa les épaules. Il ne voulait pas lui dire qu'il était si inutile qu'il avait été incapable de se défendre contre de simples habitants. Il était sensé être un cap- ex-capitaine. « Aucun jugement ne sera porté. » la femme rassura, mais le garçon n'était pas convaincu. « De quoi as-tu peur ? »
Toshiro pouvait sentir ses yeux brûler alors qu'il se souvenait des moments passés à fuir.
« Je suis devenu- » sa voix se bloqua et il renifla en détournant la tête.
« Qu'est-ce-que tu es devenu ? » poussa la femme.
Toshiro prit le temps de respirer. Une larme de colère coula sur sa joue alors qu'il regardait à l'opposé du capitaine.
« Faible. » il souffla. « Impuissant. Complètement inutile et incapable. »
« Pourquoi penses-tu cela ? »
Toshiro sentit sa colère monter et il regarda Unohana.
« Sérieusement ? » il cracha. « Regarde moi ! »
La grande femme soutint son regard et parla d'une voix calme.
« J'aimerais l'entendre de toi. »
« Entendre quoi ? Que je ne suis qu'une merde sans valeur ?! » il rigola sans humour et détourna le regard.
Unohana desserra légèrement les menottes pour les faire glisser sur l'avant bras du garçon. Elle sortit ensuite du désinfectant et des bandages, et commença à s'occuper des coupures que le métal avait fait à son poignet.
« Parce que tu as perdu ton pouvoir ? » demanda t-elle calmement.
« Parce que j'ai tout perdu. » raya Toshiro, sa voix sonnant amère.
« Il te reste Rangiku. » continua la femme, bandant sa main. « Ichigo est toujours là aussi. Les grosses têtes du Seireitei. Ta division... »
« Cette division n'est plus la mienne. » fit remarquer Toshiro, le cœur lourd.
« Elle l'a été et le sera toujours. Ce n'est pas parce que tu n'as plus l'haori que tout est fini. Tu as apporté énormément à la dixième, tu l'as fait évolué, devenir plus forte. Tu seras toujours le Capitaine Hitsugaya. »
« Le Capitaine Hitsugaya est mort. » répondit Toshiro, regardant toujours loin alors qu'elle resserrait les menottes.
« Le Capitaine Hitsugaya n'était pas seulement une puissance. » compléta la femme.
« Quoi ? » demanda le garçon, ne s'attendant pas à cette réponse.
« Tu es devenu Capitaine parce que tu étais fort, oui, mais tu étais rusé, intelligent. Tu avais le sens de l'honneur, du devoir, et comme tu l'as prouvé, du sacrifice. » beaucoup d'émotions traversèrent le garçon en peu de temps. Il n'avait pas pensé à ça. « Tu n'as plus ton pouvoir, mais tu as ton esprit, tes souvenirs, ton expérience. » elle le regarda alors que les rouages se mettaient en route dans son cerveau. « Rien de tout cela n'est sans valeur. Tu comptes beaucoup. »
Elle tapota doucement sa main, tout en gardant un contact visuel. Elle finit par se lever quand il ne répondit pas, posant une main sur son épaule. « Beaucoup de personnes ont été dévasté par ta mort. Plus que tu ne le crois. Alors n'abandonne pas. Parce que ça vaut le coup. Tu vaux le coup. »
Elle tapota son épaule et se tourna lentement. Elle marcha doucement vers la porte et, sans plus de mot, sortie, éteignant la lumière.
Toshiro resta assit dans son lit, dans le noir, les yeux écarquillés.
'Tu vaux le coup'
Il leva sa main et essuya sa larme, les yeux brûlants. Il valait le coup. De nouvelles se mirent à couler alors qu'il se répétait cette phrase dans la tête. Sa main glissa dans ses cheveux et ses doigts se mêlèrent aux mèches blanches.
'Il valait le coup'
Il ne réussit à se rendormir que quand le soleil se leva derrière ses rideaux, épuisé par la réflexion que son cerveau avait mené depuis ces quelques mots.
…
« Bien, peux-tu me dire comment tu te sens ? »
Unohana lui avait laissé la matinée suivante pour se reposer, et était venue après le repas du midi.
Rangiku n'était pas venue le voir ce matin, et la femme lui avait expliqué que c'était sa demande et qu'il n'avait pas le droit aux visiteurs aujourd'hui. Elle lui avait dit qu'il s'agissait d'une façon de créer une 'bulle' stable autour de lui, pour qu'il ne reçoive aucune 'mauvaise' onde avant leur entretient du jour.
« Reposé ? Je dors depuis quatre jours. » répondit le garçon, regardant la femme qui s'était assise dans la chaise en face de lui.
Unohana lui offrit un sourire avant de continuer. « Est-ce-qu'il y a un sujet en particulier que tu souhaiterais aborder ? »
Toshiro réfléchit un instant avant de secouer la tête. « Pas vraiment »
« Alors, et si nous parlions de ce qu'il s'est passé sur la colline du Sokyoku ? »
Toshiro serra les dents. Il ne pouvait manifestement pas éviter le sujet indéfiniment.
« Tu sais déjà tout. » répondit-il « Je ne vois pas ce qu'i dire de plus. »
Unohana le regarda un instant avant de noter quelque chose dans le carnet devant elle, fredonnant.
« J'aimerai que tu me dises pourquoi tu n'es pas allé au bout. » sa voix était si calme que Toshiro mit quelques secondes avant de véritablement traiter ce qu'elle venait de dire.
« Quoi ? » ses sourcils étaient froncés d'incompréhension.
« À ton avis, pourquoi as-tu raté ta tentative de suicide ? » elle le regardait dans les yeux, et c'était le plus troublant.
« Eh bien… Enfin… Rangiku et Ichigo sont- »
« La vraie raison. » Unohana coupa. Un silence gênant s'installa et Toshiro était décontenancé. « Pourquoi hésites-tu ? »
« Je ne comprend pas où tu veux en venir. » apprit le garçon.
« Je pense que tu ne l'acceptes pas. »
« Mais de quoi tu parles ? » il demanda en se redressant dans son lit. Pourquoi son cœur battait-il aussi vite ?
Unohana laissa une autre pause, regardant le garçon dans le doute.
« Pourquoi avoir attendu que Matsumoto et Ichigo arrivent pour passer à l'acte ? » elle demanda, plus doucement.
Le garçon commençait à comprendre où elle voulait en venir. Mais-
« Je ne comprend pas. » il murmura, serrant ses doigts dans les drags.
Le capitaine attendit encore avant de finalement reprendre la parole.
« Tu n'avais pas envie d'en finir. » elle déclara, faisant écarquiller ses yeux.
« Ne dis pas n'importe quoi, j'ai retourné cette arme contre moi ! » son cœur battait vraiment vite. Il avait chaud et commençait à transpirer. Pourquoi était-il si sur la défensive ?
« Tu savais qu'ils t'arrêteraient. »
« Arrête de mentir. »
« Entre l'arrivée d'Ichigo et le moment où ils t'ont retrouvé, il s'est passé 5 heures et 26 minutes, exactement. Pourtant tu as attendu ce moment précis. »
« Arrête de mentir, je- »
« Tu es un génie. Jamais tu n'aurais échoué si tu avais vraiment voulu le faire. Tu n'avais pas envie de mourir. » déclara Unohana.
« ARRÊTE DE MENTIR » cria le garçon, prenant sa tête dans sa main. Il respirait fort et avait chaud. Ses yeux brûlaient et les larmes coulaient déjà. « Pourquoi tu dis ça ? » sa voix se brisa. « Je ne comprend pas. »
« Tu refuses de l'accepter. » répondit la femme. « Tu ne veux pas mourir. Tu cherches juste- »
« Je ne cherche pas d'attention ! » cria une nouvelle fois le garçon. « Je ne cherche pas de pitié ! Je veux- » sa voix se brisa en un sanglot et il se recroquevilla sur lui-même.
« Tu veux juste de l'aide. » finit la femme pour lui.
Toshiro fut secoué par d'autres sanglots alors que la femme disait ça.
Elle avait raison. Et ça faisait mal.
Il n'avait jamais eu l'intention de se suicider.
Il avait besoin d'aide. Mais ce n'est que maintenant qu'il s'en rendait compte.
« Je ne comprend pas. » sanglota le garçon, sa main dans ses cheveux alors qu'il regardait vers le bas. « Pourquoi est-ce-que tout ça m'arrive ? » sa gorge se bloqua et il renifla. « Je- » il convulsa sous l'émotion. « Je veux juste que- » il renifla « que ça s'arrête. »
Unohana écouta mais ne répondit pas.
« Je veux retrouver Hyorinmaru. Ce silence est- » il sanglota, se recroquevillant un peu plus « Insupportable. » il laissa glisser son bras jusqu'à ce que sa main soit devant son visage. « Je veux Mamie. » il savait que cette demande était parfaitement enfantine, mais les mots sortaient tous seuls. « Je veux revoir Momo. » sa gorge le brûlait alors que les larmes coulaient librement sur ses joues.
Il s'arrêta pendant quelques minutes pour reprendre son souffle. Des minutes qu'Unohana respecta et pendant lesquelles elle resta silencieuses.
Toshiro ne s'était jamais ouvert comme ça. Unohana avait déclenché quelque chose en lui.
C'était si douloureux de mettre des mots dessus. Mais il se sentait si bien une fois qu'ils étaient sortis.
« Je veux profiter de ma nouvelle vie, mais je ne sais pas comment faire. » il continua lorsqu'il se calma. « Je ne veux pas oublier toutes les choses qui étaient importantes pour moi, mais je ne peux pas les retrouver. » il essuya l'une de ses joues pour que de nouvelles larmes coulent par dessus. « Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais plus qui je suis. Et ça fait mal. »
Unohana décida que c'était le bon moment pour reprendre la parole. « Qui est-ce-que tu aimerais être ? Qu'est-ce-que tu voudrais faire ? »
« Je ne sais pas. » sanglota le garçon. « Je ne sais pas. »
Unohana se leva de sa chaise et alla dans la petite salle de bain de la chambre. Elle revint quelques instants plus tard avec des serviettes et un verre d'eau.
Le garçon essuya son visage alors qu'il était toujours secoué par des spams et but. C'était un mélange étrange d'eau et de larmes salées.
« Je sais que tu n'aimes pas ce mot, mais pourquoi ne pas être un enfant ? » reprit la femme, faisant lever les sourcils blancs du garçon. Il allait dire quelque chose quand elle leva la main pour l'arrêter. « Tu ne peux pas avoir une enfance normale, c'est une évidence. Mais tu n'as jamais prit le temps d'en avoir une. Je ne dis pas que tu pourras retrouver une innocence totale, mais pourquoi ne pas relâcher ? »
« Comment ça ? » demanda le garçon, la voix humide.
« Tu as une nouvelle vie. » déclara Unohana, ajustant sa position sur sa chaise. « Tu n'as plus de responsabilités, de poids sur les épaules. Tu en retrouveras un jour, mais pourquoi maintenant ? » elle croisa les jambes. « Tu es jeune. Tu as encore plusieurs années devant toi pour pouvoir profiter. Souffle un peu. »
Toshiro la regarda bizarrement. L'idée d'être un enfant était répugnante, mais elle avait raison sur un point. Il n'avait jamais voulu être un enfant car il avait un rôle à tenir, un rôle qu'il a eu trop tôt. En fait, il n'avait presque jamais été un enfant, à part lorsqu'il était avec mamie et Momo dans le Rukongai. Et il se souvenait que, malgré les difficultés financières et la haine des habitants, cela restait l'une des plus belles parties de sa vie.
« Tu veux que je joue à des jeux stupides et que je fasse n'importe quoi ? » il demanda en arquant un sourcil, se souvenant aussi principalement de ses activités de l'époque. Il avait vécu trop de choses pour pouvoir ravoir une telle enfance. Comme l'avait dit Unohana, il avait perdu son innocence.
La femme rigola de bon cœur. « Les jeux ne sont pas tous stupides. Regarde, hier tu jouais avec Rangiku. »
« C'était un jeu de cartes » contredit le garçon « Et ce n'est pas une enfant. »
« Pourtant il y a le mot 'jeu' » elle lui sourit quand il fronça les sourcils.
« Très bien, tu marques ce point, mais un enfant ne travaille pas, il vit au dépend de ses parents. » il souligna.
« Tu as Rangiku » rappela le capitaine.
« Je ne peux pas vivre avec elle éternellement. Je devrais trouver mon propre logement. » il rectifia. « D'accord, elle est devenue ma tutrice légale, mais ça ne veut pas dire qu'elle peut tout me payer. »
« Je parie qu'elle n'y verrait aucun soucis » son sourire disait qu'elles en avaient déjà discuté.
« Moi si. Je ne peux pas m'imposer comme ça. Je vais être un poids. »
« Une mère n'est pas seulement là dans les moments sentimentaux. » rappela la femme, faisant monter le rouge aux joues du garçon.
« Mais- »
« Mais, cela ne pose aucun problème à ta mère. » elle appuya sur ce mot, colorant un peu plus son visage.
Il ne répondit pas et détourna les yeux d'embarras.
« Je pense que nous avons finis pour aujourd'hui. » déclara le capitaine, se levant. Le garçon tourna la tête vers elle alors qu'elle ne sortait pas de la chambre. Elle le fixait avec son célèbre sourire. « Tu veux que j'enlève ça ? » elle demanda en faisant un signe vers son poignet attaché.
Toshiro baissa les yeux sur sa main avant de hocher la tête. Unohana sortie la clé de sa poche et le libéra, rangeant les menottes dans son uniforme et, cette fois, quittant les lieux.
Quand elle ouvrit la porte, Rangiku attendait impatiemment derrière, et se tourna rapidement vers l'autre capitaine.
« Est-ce-qu'il va bien ? » elle demanda tout de suite, faisant apparaître un petit sourire sur les lèvres de Toshiro. Unohana dit quelque chose à voix basse et Matsumoto hocha la tête. « Est-ce-que je peux- »
« Oui »
Unohana quitta le devant de la porte et partie dans le couloir alors que Rangiku entrait et fermait la porte.
« Salut, Chéri, comment tu te sens ? » elle lui offrit un sourire et s'approcha, saisissant la chaise près de son lit et la rapprochant.
Toshiro ne répondit pas verbalement, mais, avec les joues rouges d'embarras, il ouvrit les bras. Une demande silencieuse qui fit lever les sourcils de la femme.
Rangiku, toujours déconcertée, se leva et vint enrouler ses bras autour de lui. Toshiro s'accrocha fort à son uniforme et respira son odeur.
« Tu es sûr que tout va bien ? » s'inquiéta la femme qui commençait déjà à caresser ses cheveux.
Le garçon fredonna en réponse. Il se sentait mieux, bien mieux.
« Merci »
…
« Chéri, tout va bien, tu es tout pâle ? » la voix de Rangiku le ramena à la réalité.
Elle était assise dans sa chaise, un magasine de mode dans la main. Toshiro était toujours dans son lit, assis et lisant un livre qu'elle lui avait apporté.
Depuis quelques minutes maintenant, sa jambe lui envoyait des vagues de douleur de plus en plus fortes. C'était comme des débuts de crampes mais qui s'arrêtaient avant de vraiment partir. Le niveau semblait augmenter de plus en plus, tout comme la durée.
Il essayait de respirer de sorte à atténuer la douleur, mais il sentait que ça ne marchait pas vraiment.
Toshiro secoua la tête, posant son livre sur le coté.
« Non. J'ai comme des débuts de crampe dans la jambe. »
Rangiku posa immédiatement son magasine et se leva. Elle se pencha vers lui et appuya sur la sonnette d'alarme. Elle s'assit ensuite à coté de lui et retira le drap de ses jambes.
Sa jambe convulsait toute seule et le garçon fronça les sourcils. Il était sensé il y avoir plusieurs couches de pansements, afin que les mouvements puissent être réduits au minimum.
« Est-ce-que tu as fait un mouvement trop rapide ? Tu as pris un coup ? » demanda Rangiku, se tournant pour le regarder. Toshiro secoua la tête et gémit en fermant les yeux alors qu'une nouvelle vague de douleur le traversait. La femme porta une main à son front et jura « Tu es brûlant. »
Toshiro commença à haleter et il se pencha en arrière, contre les coussins. Il tourna la tête vers le masque à oxygène qui pendait près de ses sacs d'intraveineuse et tendit la main.
Rangiku appuya sur un bouton de la machine (Unohana leur avait montré comment l'allumer en cas de problème) et Toshiro le plaça sur son visage. La femme passa l'élastique autour de sa tête et prit son visage en coupe alors qu'il gémissait fortement après une nouvelle vague.
« Que se passe t-il ? » demanda Unohana en arrivant dans la chambre, une équipe avec elle.
« Mal » gémit le garçon alors que les larmes lui montaient aux yeux après une nouvelle vague.
« Il a des espèces de crampes à la jambe. » expliqua rapidement Rangiku.
L'autre capitaine fronça les sourcils et s'approcha, observant par elle même.
« Ciseaux » demanda rapidement Unohana, obtenant ce qu'elle voulait en quelques secondes.
« Qu'est-ce-qu'il se passe ? » demanda Rangiku, tenant toujours le visage d'un Toshiro haletant.
« Il a un début d'infection. » apprit rapidement la grande femme. « Sa peau a gonflé pour combattre les bactéries mais les bandages compriment trop la jambe, créant des spams. »
Elle plaça les ciseaux de manière à couper le bandage et posa sa main sur sa jambe pour la stabiliser, mais le garçon se crispa et hurla de douleur.
Rangiku attira son visage contre elle et il attrapa son uniforme, le serrant pour la vie.
Unohana répéta l'action, plus doucement, mais Toshiro hurla à nouveau, se débattant pour s'éloigner.
« Arrête » il cria, sa prise sur l'uniforme de Rangiku se resserrant, faisant blanchir ses doigts.
La grande femme lâcha prise sur sa jambe et se tourna vers ses infirmiers.
« Tout va bien, Chéri, ça va aller. » Rangiku murmura à son oreille, passant sa main dans ses cheveux. « Tout va bien. »
« Tu vas sentir une piqûre, puis ça ira mieux. » la voix d'Unohana résonna par dessus l'épaule de Rangiku.
Aussitôt dit, aussitôt fait, une petite douleur dans la cuisse le fit serrer les dents.
« C'est bon » sa mère frotta ses cheveux et regarda derrière elle, pour voir ce qu'il se passait, avant de revenir et de déposer un baiser dans ses mèches.
« L'anesthésie devrait bientôt faire effet. Quand tu ne sentiras plus ta jambe, dis le moi. » ordonna Unohana en se tournant vers ses subordonnés pour plus d'instructions.
Toshiro releva la tête de la poitrine de Rangiku et renifla. La douleur commençait déjà à s'atténuer alors que le produit faisait effet.
Puis toute sensation disparue complètement et il desserra sa prise sur l'uniforme du capitaine de la dixième.
« C'est- c'est bon. » sa voix vacilla légèrement.
Unohana reporta son attention sur lui et posa une main sur le bandage. Toshiro fronça les sourcils d'anticipation, mais il ne sentit rien, pas même la main.
« Tu sens ? » il secoua la tête « Et là ? » une nouvelle fois il secoua la tête. « Très bien. »
Elle reprit les ciseaux et découpa le bandage, sans que Toshiro ne sente quoi que ce soit.
Son cœur ralentit, et il toussa pour essayer de faire revenir sa respiration. L'un des infirmiers qui secondait Unohana vint près de lui et prit sa température avant de montrer le résultat à son capitaine, qui s'occupait toujours de sa jambe. Elle dit quelque chose que Toshiro ne comprit pas (il avait très peu de vocabulaire du jargon médical) et l'homme toucha quelque chose sur la machine connecté à son masque. L'air changea, et il réussi à prendre de meilleures respirations.
Rangiku bougea et s'assit à coté de lui dans le lit, faisant le tour de ses épaules avec un bras et le rapprochant d'elle.
« Alors, d'où vient l'infection ? » elle demanda en regardant Unohana examiner la jambe.
« De l'une des fractures au genou » répondit la femme, montrant une zone violette sous la peau. « Je pense que la jambe n'a pas apprécié la marche jusqu'à la colline. L'os a dû se rompre et développer une bactérie. »
« Et c'est grave ? » demanda la femme, plaçant sa main dans la sienne.
« Heureusement, l'infection n'a pas l'air de s'être propagée. Mais il va falloir ouvrir pour nettoyer. »
Toshiro resserra sa prise sur le main de Rangiku et déglutit. C'était sa faute s'il était dans cette situation.
« Donc opérer. » conclut sa mère.
« Oui, mais la jambe est déjà anesthésiée, donc, je peux le faire tout de suite. » elle fit un signe de tête à ses infirmiers qui partirent chercher du matériel.
« Ici ? » demanda Matsumoto, les sourcils levés.
« Ce ne devrait pas être long. » apprit la femme. « Et cela empêchera l'anesthésie générale, et tout ce qui s'en suit. »
« Mais- » Toshiro perdit ce qu'il voulait dire.
« Ne t'inquiète pas, tu ne sentiras rien. »
L'un des infirmiers plaça un drap au plafond. Le tissu tomba sur ses hanches, coupant la vision du bas de son corps au jeune. Toshiro sentit le sang de son visage partir et il lança un regard de détresse à Rangiku.
« Ça va bien se passer » la femme embrassa le sommet de son crâne avant de s'écarter de lui pour reprendre sa place sur sa chaise. Elle rapprocha l'objet du haut du lit, pour être dans la partie visible de Toshiro, non cachée par le drap. Elle ne savait pas si sa présence dans le lit dérangeait les infirmiers parce qu'elle faisait pencher le lit de son coté. Elle voulait que toutes les conditions soient bonnes, alors elle s'assit tranquillement sur sa chaise.
Le garçon lui envoya un regard paniqué alors qu'elle le lâchait et joignit nerveusement les mains devant lui pour jouer à gratter la peau près de ses ongles.
« Tu es sûr de toi ? » demanda t-il, regardant le drap comme s'il s'agissait de quelqu'un.
Le tissu fut écarter et la tête souriante d'Unohana fit son apparition. « C'est une opération que j'ai souvent pratiqué. » elle le rassura « Que tu sois réveillé ou non ne pose pas de problème. Il est juste important que tu ne bouges pas tes jambes pour que je puisse agir rapidement et comme il faut. »
Toshiro la considéra quelques secondes avant de hocher la tête et elle lui fit un clin d'œil avant de repasser de l'autre coté.
La femme n'avait jamais été aussi familière avec lui avant. Elle était moins professionnelle quand ils parlaient et agissait également un peu plus détendue. Il imaginait que cela avait sûrement un lien avec la discussion qu'ils avaient eu, sur le fait qu'il n'était plus un de ses collègues et qu'il était un 'enfant'.
Il avait toujours beaucoup de mal à accepter ce dernier point. L'idée même d'être un enfant le répugnait, mais il devait avouer que peut être, ce point de vu était forgé par son statu de capitaine. Un capitaine ne pouvait pas être un enfant. Un shinigami ne le pouvait pas non plus, le métier imposait des réalités qui ne pouvaient pas être combinées avec l'idée même d'être enfantin.
Mais il n'avait plus le titre et plus le statu. Il lui était donc totalement autorisé dans être un, pas vrai ?
Mais est-ce-qu'il voulait vraiment ? Est-ce-qu'il était capable ? Après tout, ce qui faisait d'un enfant un enfant était l'innocence. Il avait perdu la sienne. Il avait vu trop de choses atroces, vécu des choses horribles pour pouvoir même imaginer oublier.
Cependant, Unohana avait de bons points.
Il n'était pas obligé de devenir un enfant dans tous les sens du terme. Il pouvait se détendre et profiter, sans avoir peur des retombées, ou le poids des responsabilités. Il pouvait faire des choses qu'avant, il devait s'interdire. Il n'avait plus d'exemple à donner ou de conduite spécifiques à suivre.
Il pouvait être lui même.
Alors quand il entendit Unohana demander un scalpel, il se tourna vers Rangiku pour essayer de se changer les idées.
« Tu as encore le jeu de cartes ? » il demanda avec une légère rougeur.
Le capitaine leva des yeux interrogateurs vers lui avant qu'un grand sourire ne se dessine sur son visage.
« Et dire que j'ai dû te forcer à y jouer la dernière fois. » elle sortie le jeu de l'une de ses poches et l'ouvrit.
Toshiro ne répondit pas, se concentrant sur les cartes que la femme commençait à distribuer pour ne pas écouter ce qu'il se passait derrière le drap. Ses mains tremblèrent légèrement quand il prit son jeu, mais il n'en tint pas compte, pas plus que Rangiku qui vit ses doigts taper nerveusement contre le dos des cartes.
…
« Tu es prêt ? » la voix de Rangiku résonna derrière la porte de la salle de bain.
« Bientôt ! » répondit-il, essuyant la goutte de sueur qui tombait de son front.
Unohana avait donné son accord pour qu'il sorte de la quatrième division. C'était une bonne nouvelle, pensait Toshiro, il pourrait enfin retrouver sa chambre et son lit, où il dormait vraiment mieux qu'ici.
Il avait passé une semaine de plus, depuis l'opération, sous les yeux attentifs des médecins, avant d'enfin avoir l'autorisation. Unohana lui avait dit que la petite infection avait retardé le départ puisqu'elle nécessitait de rester en observation.
Ils avaient également prit le temps de parler, et Toshiro se sentait plus léger. Il avait toujours un poids sur les épaules, mais Unohana lui avait assuré qu'il allait aller mieux, et qu'il devait se laisser du temps à lui-même.
C'est donc ainsi qu'il s'est retrouvé dans la salle de bain de sa chambre d'hôpital, s'habillant du kimono vert que Rangiku lui avait apporté. Elle lui avait aussi prit une chaussure (une suffisait toujours à cause des bandages) mais le garçon peinait à la mettre. Suite à l'opération, les bandages avaient changé, pour éviter que la même chose ne se reproduise, mais ses mouvements étaient toujours aussi entravés, et il n'arrivait pas à se baisser pour lasser sa chaussure.
Il forçait sur ses bras pour ne pas tomber, mais il ne pouvait pas s'asseoir, car il serait incapable de se relever.
Soufflant de défaite, il garda sa chaussure dans l'une de ses mains et sorti de la pièce. Prenant une grande respiration, il regarda la femme qui était assise sur une chaise, lisant un magasine de mode en l'attendant.
« Tu peux m'aider ? » il souffla, détournant les yeux alors que ses joues se coloraient.
Unohana lui avait expliqué que demander de l'aide n'était pas un signe de faiblesse. Il n'y avait aucun problème à demander de l'aide aux personnes qui comptaient, et que personne ne le jugerait pour ça.
Toshiro n'était pas vraiment convaincu, mais Unohana avait insisté jusqu'à ce qu'il craque et admette qu'il avait véritablement besoin d'aide, ce qu'elle lui a donné avec plaisir. Après cela, elle ne l'avait pas jugé et avait simplement écouté ses insécurités et donné des conseils.
Alors il se disait que peut être, elle pourrait avoir raison. Après tout, il se sentait réellement mieux de s'être ouvert et d'avoir discuté, parfois pendant des heures entières avec quelqu'un prêt à l'aider.
Rangiku leva la tête de son magasine et sourit gentiment quand elle vit la chaussure dans sa main. Elle rangea son livre dans sa poche et se leva.
« Bien sûr » elle passa ses bras sous ses aisselles et le souleva pour le faire s'asseoir sur le lit, les jambes pendantes sur le bord. Le visage du garçon prit immédiatement une tinte de rouge, si bien qu'il aurait pu rivaliser avec les cheveux d'Abarai.
Rangiku lui mit sa chaussure, l'attacha et s'apprêtait à faire le mouvement inverse pour le remettre au sol quand Toshiro se débattit.
« C'est bon » il parla rapidement, fuyant ses yeux alors qu'il descendait du bord du lit et reprenait ses béquilles.
La main de Rangiku était presque instantanément dans ses cheveux alors qu'elle gloussait légèrement et commençait à marcher, poussant le garçon devant elle.
« Tu as pris ta ventoline ? » Toshiro s'arrêta et réfléchit avant de secouer la tête et de regarder vers sa table de chevet. Elle n'était pas là, alors il tourna son attention vers Rangiku qui le regardait avec désapprobation, secouant l'objet dans sa main « Tu devrais y penser tout seul, tu sais que l'une de tes crises peut être grave. » il pouvait entendre la désapprobation dans sa voix.
Unohana lui avait passé un léger savon pour avoir détruit l'ancienne. « Désolé » il baissa les yeux, lâchant une béquille pour ranger l'objet dans sa poche. Elle avait raison, il devrait y penser seul. Ça pouvait lui sauver la vie.
« Allons-y » Rangiku le poussa une nouvelle fois vers l'avant.
Personne ne les a calculé quand ils sont sortis de la quatrième. Les infirmiers vaquaient à leurs occupations et le couple pu partir rapidement.
Une nouvelle fois, Toshiro avançait lentement à cause de sa jambe et Rangiku marchait à coté de lui, adaptant son allure.
Ils étaient à mis chemin quand le téléphone du capitaine sonna. Elle le sortie de sa poche et fronça les sourcils en voyant qui l'appelait.
« Oui Aiko ? » Elle décrocha en mettant l'appareil contre son oreille. « Ils ont quoi ? » la colère dans sa voix était audible avant qu'elle ne soupire et lève les yeux au ciel. « Ok, fais en sorte que personne ne s'entre-tue, j'arrive. » elle raccrocha sans attendre de confirmation.
Elle soupira dramatiquement et se tourna vers lui, alors qu'il s'était arrêté.
« La onzième a encore et toujours éclaté le mur commun. » elle avait l'air sur le point de tuer quelqu'un. « Les soldats du dixième ont essayé de les arrêter, et c'est parti en bagarre. » elle leva une nouvelle fois les yeux au ciel.
« Ils ne changeront jamais. » répondit Toshiro, haussant les épaules. « Déjà quand j'étais Capitaine, ils ont explosé ce mur des dizaines de fois. »
Rangiku soupira une nouvelle fois avant de se tourner vers le chemin et de reprendre sa marche lente.
« Ils feraient mieux d'arrêter, parce que moi, contrairement à toi, j'ai le sang chaud. » Le garçon gloussa légèrement à cette réplique avant de la suivre.
« Vas-y, ils t'attendent. » Rangiku arqua un sourcil et se tourna vers lui.
« Ils peuvent attendre 10 minutes qu'on arrive. »
« Ne t'inquiète pas, je connais le chemin. » il lui offrit un petit sourire.
Ses sourires étaient rares et Rangiku explosa de joie avant de le serrer dans ses bras.
« Tu es trop mignon ! »
« Lâche moi ! » il cria alors que son visage était enfoncé dans son décolleté.
Le capitaine le fit, et Toshiro s'écarta d'elle, le visage rouge d'embarras.
« Ça va aller ? » elle demanda en affichant un sourire, presque inquiet.
« Bien sûr » ricana le garçon, reprenant sa marche en boudant.
« Tu vas au bureau ? Je te ferai faire un double des clefs de la maison. » elle le rattrapa et attendit sa confirmation.
« Oui, Madame. » le garçon se moqua, ne la regardant même pas alors qu'il tournait à un coin de rue.
Rangiku rigola avant de passer une main dans ses cheveux et de partir, utilisant le shunpo pour aller plus vite.
Toshiro souffla en secouant la tête alors qu'il continuait son chemin, ignorant les différents shinigamis qu'il pouvait croiser sur sa route. Quand il arriva aux portes de la dixième, les gardes hochèrent la tête et le laissèrent passer. Le garçon vit des visages qu'il connaissait, et cela était étrange de voir à quel point certains avaient changé.
En arrivant devant le bureau commun du capitaine et du lieutenant, Toshiro ne frappa pas et entra. Il fut surpris de trouver le jeune Tanaka, assidu à faire la paperasse.
« Pardon, je pensais qu'il n'y avait personne. » s'excusa t-il en refermant la porte derrière lui.
C'était l'une des seules divisions où le capitaine et le lieutenant partageaient le bureau. C'était Rangiku qui avait insisté pour qu'ils soient ensemble et évidemment, Toshiro avait accepté.
« Pas de problème, Capitaine, bienvenue » répondit le garçon en inclinant la tête.
« Ne m'appelle pas comme ça. » répondit Toshiro en s'asseyant sur le canapé. C'était compliqué à accepter, mais il devait se faire une raison : il n'était plus capitaine.
« Pardon, Monsieur. » s'excusa immédiatement Sora
« Hitsugaya, appelle moi simplement Hitsugaya. » souffla l'ex-capitaine, massant sa cuisse douloureuse.
« Oui Mons- Hitsugaya. » il se rattrapa, faisant apparaître un léger rictus amusé sur le visage de l'autre garçon.
Unohana et lui avait également eu une discussion a propos de lui.
Le garçon était assis dans son lit, bouquinant tranquillement alors que Rangiku lisait un autre de ses nombreux magasines de mode (où les trouvait-elle ?). On frappa à la porte et Unohana entra, son célèbre sourire accroché à son visage.
« Matsumoto, pouvons-nous avoir un moment ? » elle avait demandé après les avoir salué.
Rangiku s'était levée et avait quitté la pièce, laissant sa chaise libre pour l'autre capitaine.
« Comment vas-tu aujourd'hui, Hitsugaya ? » avait-elle demandé, comme chaque début de séance entre eux.
« Bien » avait simplement répondu le garçon, fermant son livre et le plaçant sur sa table de chevet.
« Un sujet en particulier ? » elle demandait toujours cela. D'abord comment il allait puis s'il voulait parler de quelque chose.
« Non »
« Alors je te propose que nous parlions du Lieutenant Tanaka. »
« Pouvons-nous parler d'un autre sujet ? Comme la perte de Hyorinmaru ou la mort de Momo ? » il avait tout de suite répondu, trouvant alors de nouveaux sujets de conversation.
Unohana avait froncé les sourcils « Tu ne veux pas parler de ça ? »
« Il y a des sujets plus important que 'ça' »
« Tu évites le sujet ? »
« Non, je… Je n'ai pas envie de parler de lui. »
« Pourquoi ? »
« On est entrain d'en parler. » avait fait remarquer Toshiro.
« Explique moi simplement quel est le problème avec le jeune Tanaka. » avait répondu Unohana, ne prenant pas en compte ce qu'il disait.
« Il n'y a pas de problème. »
« Alors pourquoi refuser d'en parler ? »
« Parce qu'il y a des sujets plus intéressants. »
« Cela n'empêche pas que tu as un problème avec lui. »
« C'est toi qui a dit l'autre jour que ce n'était pas facile. Ce n'est pas facile. »
« Donc tu avoues qu'il y a un problème ? »
Toshiro n'avait pas répondu immédiatement. À la place, il avait fixé l'autre capitaine dans les yeux, essayant de garder un visage neutre. « Tu es forte. »
« Et tu sais que j'arriverai à te faire cracher le morceau, alors fais en sorte que ce soit rapide. » elle avait répondu instantanément.
Toshiro avait froncé à nouveau les sourcils, fixant la grande femme sans rien dire.
Il avait finit par croiser les bras sur sa poitrine en lui lançant son célèbre regard glacial.
« Il m'énerve »
« Pourquoi ? »
« Parce que » Unohana avait levé un sourcil peu impressionné vers lui « Je ne comprend pas pourquoi Rangiku l'a choisi comme Lieutenant. »
« Tu es sûr de ça ? »
« Il n'a pas les épaules. Il ne va pas à la confrontation. Je ne sais même pas s'il arrive à avoir le respect de mes hommes. »
« 'Tes' hommes ? »
« SES hommes » s'était corrigé instantanément le garçon, serrant les dents.
« Quoi d'autre ? »
« Quoi d'autre de quoi ? Je ne l'aime pas. »
« Parce qu'il ne fait pas un bon Lieutenant ? »
« Exactement » avait craché le garçon
Unohana était restée stoïque et avait sortie un dossier de la pochette qu'elle avait amené. Elle le lui avait tendu et Toshiro avait levé un sourcil.
« Il s'agit de son parcours scolaire. Il y a aussi une copie de toutes les offres d'emploi qu'il a eu à l'obtention de son diplôme, ainsi que les résultats de la dixième division sur tous les projets traités par le Lieutenant ces sept dernières années. »
Toshiro l'avait jugée un instant avant de prendre le dossier et de le feuilleter.
Le gamin n'avait pas mentit. Il avait eu des résultats 'presque' parfaits. Il y avait de nombreuses propositions de différentes divisions, avec toutes un grade très élevé pour un simple diplômé.
Il avait ensuite jeté un coup d'œil aux résultats de la dixième et devait avouer que les chiffres étaient vraiment bons. Ils augmentaient au fur et à mesure des années, ce qui prouvait que le gamin apprenait et s'améliorait. Bien sûr, ils restaient plus bas que lorsque c'était lui qui gérait ces sujets, mais ils restaient plus élevés que certaines autres divisions où les lieutenants étaient là depuis bien plus longtemps.
« Qui t'as donné ça ? » il avait demandé en rendant le dossier.
« Matsumoto »
« Alors elle est de mèche. » il serra les dents. Bien sûr que Rangiku avait fait ça.
« Elle souhaite que vous vous entendiez bien. »
« Et que quoi ? Qu'on devienne les meilleurs amis du monde et qu'on soit comme des frères pour qu'on puisse vivre tous les trois dans la même maison ? » avait craché le garçon, sentant son humeur partir.
« Détrompe toi, la relation entre Tanaka et Matsumoto n'a rien à voir avec celle que vous entreteniez tous les deux. C'est purement professionnelle. »
Toshiro avait rigolé avec amertume.
« Elle a choisi ce gamin après ma mort parce qu'il me ressemblait. Et que ça me plaise ou non, on a beaucoup de points communs. Et tu veux me faire croire que leur relation est 'purement professionnelle' ? »
« Tu penses que Matsumoto a essayé de te remplacer ? » avait questionné Unohana en fronçant les sourcils.
« Pourquoi d'autre aurait-elle fait ça ? » avait grogné le garçon.
« Parce qu'il est compétent. »
« À d'autre, Unohana. Je ne suis pas stupide. Elle a essayé de faire son deuil en faisant ça. »
« Et donc, est-ce une mauvaise chose ? » Toshiro n'avait pas répondu, et pendant un long moment ils se regardèrent dans le blanc des yeux.
« Je sais que cela peut paraître égoïste, mais je n'aime pas que Rangiku fasse équipe avec quelqu'un d'autre que moi. D'autant plus quand je suis remplacé par un gamin. » avait finit par lâcher le garçon.
« Je comprends qu- »
« Non tu ne comprends pas. Personne ne comprend. Je suis mort il y a sept ans, certes, mais pour moi ça n'a représenté que quelques secondes. J'ai perdu ma coéquipière en quelques secondes Unohana. J'ai été remplacé en quelques secondes. » ses yeux brûlaient de haine, même s'il ne savait pas réellement contre qui cette colère était tournée. Il en voulait à Rangiku pour ça, mais il savait également que c'était complètement injuste de sa part. Elle avait fait de son mieux.
Unohana avait noté des informations dans son célèbre calepin, qu'elle utilisait dans toutes leurs séances.
« Écoute, le duo que Matsumoto et son Lieutenant font, tu ne pourras jamais le remplacer. Pas plus que le duo que vous formiez ne sera remplacé un jour. Vos relations sont différentes et non comparables. » Toshiro s'était contenté de la fixer. « Tu as raison. Je ne peux pas comprendre ce que cela fait, mais je peux comprendre que cela puisse être difficile. » elle laissa un temps passer, réfléchissant à ce qu'elle pouvait dire sans déclencher une bombe. « Et crois moi quand je te dis que la relation qu'elle a avec lui n'a rien à voir avec celle qu'elle a avec toi. Il y a une barrière entre les deux. Une barrière professionnelle. Ils sont le Capitaine et le Lieutenant. Vous étiez Toshiro et Rangiku. »
Le garçon voyait ce qu'elle voulait dire, mais il ne comprenait pas bien.
« Alors pourquoi elle a fait ça ? » il avait demandé plus calmement, regardant à nouveau Unohana dans les yeux. Il avait besoin de comprendre.
« Parce qu'elle en avait besoin. Ta mort a laissé un trou si grand dans son cœur qu'elle avait besoin de le combler. Certaines rumeurs ont circulé au début, mais tout le monde à vite compris que Tanaka ne pourrait jamais te remplacer. »
« Elle l'appelle par son prénom. » rétorqua Toshiro
« Elle appelle tous ses subordonnés par leur prénom. »
Toshiro ne savait pas vraiment quoi répondre à ça. D'accord, le gamin ne l'avait pas remplacé, mais comment devait-il agir avec lui ?
« Et qu'est-ce-que je suis sensé faire ? »
« Lui donner une chance ? » répondit-elle. « Laisse le te prouver qu'il peut être un bon Lieutenant, et seulement un Lieutenant. » elle lui sourit alors qu'il plongeait dans une profonde réflexion.
« Donc il est seulement le Lieutenant de Rangiku ? Son bras droit, mais rien d'autre ? »
« Rien d'autre » confirma le capitaine. « Matsumoto a un seul fils, et il se trouve en face de moi » elle sourit quand le visage du garçon prit une tinte rouge et qu'il détourna les yeux d'embarras. Elle gloussa légèrement à la réaction avant de changer de position sur sa chaise. « Alors, de quoi veux-tu parler maintenant ? Hyorinmaru ou Momo ? »
Le garçon gémit théâtralement.
Toshiro se rappela de leur discussion et souffla. Il devait laisser une chance au garçon, comprendre par lui-même ce qu'il valait.
Il regarda par dessus le canapé, le visage froncé de Sora face à sa feuille.
« Donc Rangiku te laisse faire toute la paperasse ? » il a demandé, même s'il connaissait déjà la réponse puisqu'il avait eu la même discussion avec ladite Rangiku.
Le lieutenant leva les yeux vers lui « Non, bien sûr. Le Capitaine Matsumoto prend une grande partie du travail. Certains documents nécessitent sa signature. » il lui offrit un petit sourire timide en haussant les épaules.
« Donc tu ne fais que la paperasse du Lieutenant ? » il leva un sourcil amusé. Rangiku faisait réellement les papiers.
« Heuu… Il arrive parfois que je récupère certains dossiers… » le garçon se frotta l'arrière de la tête, embarrassé.
« Comme ? Non, laisse moi deviner : les finances. » les finances n'avaient pas besoin de la signature du capitaine. Il le savait car c'est lui qui les a toujours fait sous Shiba, quand il était troisième siège.
« Oui... »
Toshiro se sentit glousser avant de prendre ses béquilles et de se lever, se dirigeant vers la bibliothèque. « Elle a toujours détesté ça. » il rajouta alors qu'il attrapait le livre qu'il avait commencé la dernière fois. « Elle déteste les chiffres. »
Ce fut au tour de Sora de glousser timidement, haussant les épaules. « Oui, j'ai cru comprendre. »
Toshiro se reposa sur le canapé et ouvrit son livre. Il avait au moins réussi à détendre l'atmosphère tendu de quand il était entré.
Il retrouva sa page et commença sa lecture. Le silence s'installa et seuls les coups de crayon du lieutenant résonnaient dans le bureau.
…
Toshiro releva la tête lorsque Rangiku entra en soufflant.
« Salut les garçons. » elle referma la porte derrière elle.
« Bonjour Capitaine. » salua Tanaka en offrant un sourire depuis son bureau.
« T'en as tué combien ? » demanda sarcastiquement Toshiro en voyant son air dépité.
« Si seulement ! » gémit la femme en s'asseyant sur sa chaise, au bureau du capitaine. « Ces abrutis. Je ne sais pas comment tu as fait pour garder ton calme toutes ces années. » elle replaça des cheveux derrière ses oreilles.
Toshiro gloussa en repensant à toutes les fois où il avait faillit en égorger, et lui lança un regard entendu.
Rangiku soupira une nouvelle fois en baissant les yeux sur les dossiers qui attendaient sa signature. Elle n'avait manifestement aucune envie de les faire.
« Vous avez mangé ? » elle demanda en relevant la tête.
Toshiro jeta un coup d'œil à l'horloge du bureau et remarqua qu'il était déjà 13 heures.
« Non, Madame. » répondit Tanaka en faisant le même mouvement que lui.
« Alors prend ta pause, Sora. 1 heure, cela te suffit ? » elle demanda en regardant à son tour l'horloge.
« Oui, merci, Madame. » le garçon se leva, attrapa son zanpakuto et quitta la pièce.
Toshiro leva un sourcil vers elle.
« Tu lui donnes toujours sa pause ? Et c'est toi qui décide le temps ? »
« Non, mais on a prit du retard sur le travail. J'ai passé beaucoup de temps à la quatrième avec toi, alors certaines choses doivent être rattrapées. »
« Oh… Désolé. » Il sentit son humeur changer légèrement.
« Il n'y a aucun problème, tu le sais. C'est moi qui ais choisi de ne pas travailler. C'est entièrement et totalement de ma responsabilité. » elle lui sourit et Toshiro hocha la tête.
Unohana lui avait dit qu'il devait arrêter de penser qu'il était un parasite. Et que, bien que parfois, les choses le concernaient, cela ne voulait pas dire que tout était toujours de sa faute.
« Tu as faim ? » elle demanda et le garçon haussa les épaules. « Il y a un bento dans le frigo de la cuisine, ou tu sais où est la cantine. »
Toshiro haussa un sourcil. Il n'avait absolument aucune envie de se mêler aux autres shinigamis. Il posa son livre, attrapa ses béquilles et se leva.
Tous les bureaux de capitaines étaient bien équipé. Ils avaient tous une petite salle de bain avec des toilettes et une cuisine. Cela lui avait servi de nombreuses fois dans le passé, lui qui passait la plupart de son temps enfermé dans le bureau.
Il posa une béquille contre le mur et ouvrit le frigo. Une petite boite attendait à l'intérieur et il l'a prit avant de la déposer sur le comptoir.
« Qu'est-ce-que tu manges ? » il cria pour que la femme l'entende.
« Rien, Ikkaku a essayé de se faire pardonner en me donnant des collations. » elle cria en retour.
« Et tu vas lui pardonner ? »
« Aucune chance. »
Toshiro gloussa alors qu'il refermait la porte du frigo.
Il voulu récupérer sa béquille quand son coude tapa accidentellement dans la boite et que le bento tomba. Le couvercle s'ouvrit au contact du sol et le bento se déversa sur le sol.
Il sentit son cœur commencer à tambouriner dans sa poitrine alors qu'il se penchait rapidement sur une jambe pour ramasser.
Pourquoi foirait-il toujours tout ? Non, non, non, pourquoi était-il aussi stupide ?
« Toshiro ? » Rangiku entra dans la cuisine et regarda la scène, alertée par le bruit.
« Je suis désolé » il croassa alors qu'il essayait de nettoyer. « Je suis désolé »
Ses mains tremblaient violemment alors que ses yeux se mettaient à piquer.
Pourquoi était-il aussi inutile ?
« Toshiro » il entendit la femme s'avancer.
« Je suis désolé. Je vais nettoyer. Je suis désolé »
« Regarde moi » il pouvait la sentit juste devant lui, il voyait ses pieds dans sa vision mais il refusa de lever la tête.
« Je vais nettoyer, je suis déso- » il fut couper par une paire de mains qui prit ses joues en coupe et le forcèrent à relever le visage.
« Chéri, regarde moi. » elle s'était accroupie devant lui, et leurs yeux étaient à la même hauteur. « C'est pas grave. »
Mais Toshiro secoua la tête. « J'ai été stupide, je vais nettoyer. Je suis désolé » il essaya de bouger mais elle garda une prise ferme sur lui.
« Tu vas commencer par te calmer. » elle passa ses mains sous ses aisselles et le souleva en se relevant.
La seconde béquille tomba sur le sol alors qu'il attrapait l'uniforme de la femme pour l'équilibre.
« Qu'est-ce-que- »
« Calme toi. C'est pas grave, Toshiro. Ça peut arriver. » elle le coupa en le calant dans ses bras. Le garçon était rouge d'être porté comme un enfant et regarda vers la porte pour être sûr qu'il n'y avait personne. « Un moment d'inattention est vite arrivé. Cela n'a rien à voir avec le faite que tu sois stupide ou non. D'accord ? » elle se déplaça dans la pièce pour trouver un balais, gardant une prise ferme sur lui. « D'accord ? » elle répéta quand il ne donna aucune réponse. Toshiro hocha la tête et regarda le gâchis qu'il avait fait par dessus son épaule. Effectivement, seulement une petite partie de la nourriture était sortie de la boite, et la majorité restait toujours en sécurité. Le couvercle avait protégé. « Alors calme toi. »
Toshiro hocha une nouvelle fois la tête, se rendant compte que ce qu'il avait fait n'était pas aussi grave qu'il ne le pensait.
Il posa sa tête contre son épaule et prit une grande respiration, calmant son cœur qui battait frénétiquement contre sa poitrine.
Rangiku posa le balais contre le comptoir et se baissa, lui toujours dans les bras, pour ramasser la partie indemne de la nourriture. Elle le porta ensuite à une main jusqu'au canapé du salon, où elle posa d'abord le bento sur la table basse avant de se pencher et de le faire s'asseoir sur les coussins. Elle resta accroupie devant lui et passa sa main sur sa joue.
« Ça va ? » elle demanda doucement.
Toshiro la regarda dans les yeux et vit l'inquiétude qu'il y avait. Il hocha la tête, passant de manière désinvolte une main sur son nez.
Rangiku laissa ses doigts glisser jusqu'à sa nuque et le tira vers elle pour déposer un baiser sur son front.
« Ok, mange maintenant, je vais nettoyer. »
« Je suis désolé » il marmonna, fixant la boite sur la table basse.
Rangiku se contenta de lui mettre une petite et affective claque à l'arrière de la tête, avant de se lever et de retourner dans la cuisine.
Toshiro mangea le bento, penaud avant que la femme ne revienne quelques minutes plus tard pour lui donner un verre d'eau et rapporter ses béquilles. Elle ne dit rien, laissant sa main passer dans ses cheveux avant de retourner à son bureau, reprenant la lecture de ses papiers.
Quand il finit, il regarda avec appréhension le verre et la petite boite, alors qu'il réfléchissait à un moyen de ne pas les faire tomber jusqu'à la cuisine.
« Je vais m'en occuper, Chéri » il entendit la voix de Rangiku lui parler derrière lui, et il se retourna pour la fixer « Tes deux mains sont prises avec les béquilles. » elle se sentit obligée d'expliquer.
Toshiro hocha la tête et regarda devant lui, l'air perdu.
Il se sentait fatigué. Ce qui s'était passé dans la cuisine l'avait épuisé mentalement. Le changement d'humeur soudain avait, semble t-il, prit toute son énergie.
Alors il reprit son livre et s'allongea sur le canapé, essayant de penser à autre chose et en se détendant.
…
Des voix enthousiastes le firent froncer les sourcils et il ouvrit difficilement les yeux pour remarquer qu'il s'était finalement endormis sur le canapé, le livre posé sur sa poitrine.
Il ravala un bâillement et s'assit, poussant un léger gémissement de plainte. Ses yeux s'habituèrent rapidement à la luminosité et il regarda un échange amical se dérouler entre Ichigo et Rangiku.
La fraise était assise en face du capitaine, sur les chaises des visiteurs alors que la femme était toujours derrière son bureau. Toshiro passa une main dans ses cheveux et remarqua que Tanaka était également là, silencieux et sagement assis à son bureau, mais bien conscient de son environnement.
« Tu vois, je t'avais dit que tu finirais par le réveiller en parlant si fort. » le reproche était clairement audible dans la voix du capitaine alors que ses yeux étaient attirés par lui.
Ichigo se retourna, un sourcil levé et un grand sourire dessina son visage.
« Hey, Toshiro ! » il leva la main vers lui pour le saluer.
Le garçon leva une main, rendant le geste avec désinvolture avant d'étouffer un autre bâillement. Il pouvait voir dans sa vision périphérique le regard admiratif de Sora pausé sur lui.
« Tu as bien dormi, Chéri ? » Rangiku demanda, faisant légèrement monter le rouge à ses joues pour le surnom. Cela ne le dérangeait pas quand ils étaient tous les deux, mais avec un public c'était différent.
« Ouais » il répondit quand même, tournant la tête pour regarder l'horloge qui affichait maintenant 16 heures. « Qu'est-ce-que tu fais là ? » il revint sur Ichigo, un sourcil levé.
« Et bien, je suis venu voir comment tu allais. » répondit-il, lui offrant un sourire.
Toshiro le fixa pendant une seconde. Il était réellement venu ici, dans la Soul Society, pour lui ? Pour 'voir comment il allait' ?
« Bien » il répondit, ne sachant pas s'il devait le croire ou s'il se moquait de lui.
Ichigo fronça les sourcils, ne quittant pas ses yeux. « Tu m'as dit ça la dernière fois. » il accusa et le sous-entendu était clair.
La pièce tomba dans un silence gênant, Sora faisant comme s'il n'était pas là.
« Je vais mieux, si tu préfères. » lâcha finalement le garçon.
Ichigo continua à le fixer, avant de se lever et de se rapprocher. Il s'appuya contre le dossier du canapé alors que le garçon était toujours assis dessus, sur tout la longueur. Le ton de sa voix baissa considérablement et il s'accroupit, sa tête dépassant malgré tout du dossier.
« Je suis désolé. Je n'aurai pas du être si direct. Certaines choses ont changé, et tu n'étais pas prêt à les entendre. Alors excuse moi. » Ichigo était complètement sérieux.
Toshiro ne s'attendait pas vraiment à ça.
Ce n'était pas vraiment les nouvelles qu'il lui avait donné qui l'avaient poussé à faire ça. C'était une accumulation de beaucoup de mauvaises nouvelles (comme les avait qualifiées Rangiku) qui l'avait poussé à bout.
Détournant le regard il fixa ses genoux. « Ce n'est rien »
« Détrompe toi, je suis vraiment désolé. »
Alors il hocha la tête. Il ne savait pas quoi dire ou comment agir.
La fraise fit le tour du canapé et vint s'asseoir sur l'accoudoir face à lui. Voyant son malaise, il décida de changer de sujet.
« J'avais prévu de passer l'après-midi avec toi, mais la folle dingue là-bas ne m'a pas laissé te réveiller. » il eu à peine le temps d'esquiver le livre que Rangiku lui lança et une goutte de sueur glissa dans sa nuque au regard mortel qu'elle lui jeta. « Quoi qu'il en soit, maintenant que tu es réveillé, qu'est-ce-que tu veux faire ? » il lui offrit un sourire.
Toshiro ne savait pas vraiment quoi dire, il n'avait pas prévu qu'Ichigo fasse ça. C'était tout nouveau pour lui, et il n'avait pas d'idée pour occuper son temps libre.
« Tu ne veux pas passer ton temps avec tes amis ? » il demanda, soucieux de savoir pourquoi la fraise voulait être ici plutôt qu'avec eux.
Le commentaire fit rire Ichigo et il posa sa main sur son pied saint. « Tu es mon ami, Toshiro. » il avait l'air tellement sincère que les joues du garçon se colorèrent légèrement et il dut détourner le regard.
Alors Ichigo le considérait comme un ami ? Il sentit une vague de soulagement le traverser. Il avait souvent voulu être ami avec lui, mais il n'avait jamais su comment l'approcher. Le dernier vrai ami qu'il avait eu était Kusaka, et la suite n'avait pas été mémorable… De là, il n'était jamais arrivé à construire des liens assez puissants pour qu'une véritable amitié se crée. C'était l'une des raisons pour lesquelles il était tout le temps froid et distant.
« Alors, qu'est-ce-que tu veux faire. On a encore un peu de temps avant le couché du soleil. » continua la fraise, tapotant son pied.
« Je- je ne sais pas. » avoua le garçon. Il ne savait pas du tout. Qu'était-il sensé proposer ?
« Et bien… » il sembla réfléchir « Que dirais-tu d'aller boire un coup ? »
« Tu veux que j'aille dans un bar ? » demanda avec dégoût le garçon.
Ichigo rigola « Oui, mais on ne prendra pas d'alcool. Promis, on ne fera que discuter. De toute manière, je suis de garde ce soir. » Toshiro fronça les sourcils « Oh, j'ai repris la clinique avec mon père. Je suis médecin. » il expliqua.
Toshiro comprenait mieux, mais-
« Je ne peux pas marcher. En plus, ma jambe me tire aujourd'hui. » il dit, se grattant l'arrière de la tête.
« On a qu'à aller dans un bar du Seireitei. » Proposa la fraise. « Ils font de bon café, c'est souvent que les shinigamis vont faire une pause là-bas pendant leur journée. »
Toshiro fronça les sourcils. Des bars dans le Seireitei ? Depuis quand était-ce autorisé ? Il regarda dans la direction de Rangiku, essayant de comprendre.
La femme releva la tête de son papier en sentant un regard sur elle. « Le Commandant a accepté que des bars soient ouverts dans le Seireitei. Mais ils ferment tôt pour évité les débordement et servent surtout pendant la journée afin que les soldats aient un endroit pour faire un break. Ils sont plus qualifiés de 'café' que de 'bar'. » elle haussa les épaules.
Encore un changement que Toshiro ne connaissait pas.
« Je n'ai pas d'argent. » vint le dernier argument du garçon, qui fit secouer la main de l'autre.
« Je t'invite. Pour fêter nos retrouvailles. » il coupa la réplique qu'il savait arriver.
Le garçon le fixa pendant quelques secondes avant de soupirer et de hausser les épaules. « Très bien. »
Un grand sourire se dessina sur les lèvres d'Ichigo et il frappa dans ses mains avant de se relever. « C'est parti alors ! » il chanta, tendant les béquilles au garçon.
Toshiro avait un petit sourire en coin alors que la fraise l'aidait à se relever du canapé. C'était la première fois qu'il faisait quelque chose comme ça et il ne pouvait pas nier qu'il se sentait un peu excité.
Alors il suivit son ami, gloussant intérieurement quand Ichigo dut esquiver un autre livre après avoir répondu sarcastiquement à la demande de Rangiku de ne pas rentrer trop tard, et il écouta les récits stupides qu'il lui racontait pendant qu'ils marchaient lentement jusqu'à leur destination.
…
Quand il rentra ce soir là, Toshiro était épuisé.
Il faisait déjà nuit dehors, et même si Ichigo était de garde, il avait prolongé leur discussion jusqu'au dernier moment. Évidemment, il avait prit le temps de le ramener chez lui, et l'avait salué sur le pas de la porte, avant de s'envoler vers le monde réel.
Ils avaient beaucoup discuté, et Toshiro avait apprécié ces quelques heures. Ils avaient parlé du passé, et Ichigo lui avait alors raconté comment il avait fondé une famille, faisant attention à ne pas le brusquer. Le garçon avait du lui répéter à plusieurs reprises que tout allait bien, et qu'il n'avait pas de problème, mais il était heureux que la fraise essaye de le préserver.
Il frappa à la porte des quartiers du capitaine, et attendit que Rangiku vienne lui ouvrir, ce qu'elle fit.
« Comment c'était ? » elle demanda en s'écartant pour le laisser entrer.
« Cool » répondit-il.
« Il ne t'a pas raccompagné ? » il pouvait entendre la désapprobation dans sa voix.
« Si, mais il est parti il y a quelques minutes, quand on était devant la porte. » expliqua le garçon, laissant la femme l'aider à enlever sa chaussure.
Elle sembla l'accepter facilement, et elle se releva pour se diriger dans la cuisine.
« Tu as mangé ? »
« Non » il l'a suivi mais elle lui fit signe d'aller sur le canapé.
« Je vais juste faire réchauffer ce que j'ai mangé tout à l'heure et me faire du thé. Je regardais la télé, va t'asseoir. » elle lui fit un geste de la main pour qu'il parte et Toshiro sentit ses lèvres s'étirer.
« Oui, Madame. » il se moqua en faisant ce qu'on lui avait dit.
Il avait toujours refusé d'installer une télévision dans son salon. Il trouvait cela bruyant et inutile, mais n'était pas du tout surprit que Rangiku l'ai fait.
Elle lui apporta son dîner et elle s'assit à coté de lui, le son de la télé remplissant la pièce alors qu'ils regardaient une émission stupide du monde réel.
Ses yeux semblaient se fermer tous seuls alors que les images défilaient devant lui, à tel point que sa tête chuta presque contre l'épaule de Rangiku. Le mouvement le fit sursauter, et la femme gloussa en le regardant.
« Peut être que tu devrais aller te coucher ? » elle proposa mais il pouvait clairement entendre l'ordre dans sa voix.
Entièrement d'accord avec elle, il hocha la tête et se leva, s'enfermant dans la salle de bain. Il mit son pyjama, posa sa ventoline sur le lavabo et se brossa les dents. Il alla ensuite dans sa chambre et se laissa tomber contre l'oreiller après avoir fait un signe de tête à Rangiku, toujours assise sur le canapé.
Il n'eut aucun mal à trouver le sommeil cette nuit là, et s'endormit en quelques minutes seulement.
…
Rangiku débarrassa la petite table du salon, ramenant le tout dans la cuisine et lavant rapidement avant de laisser sécher. L'émission du monde réel qu'elle regardait était finie, et elle regarda l'heure pour voir qu'il était presque minuit. Elle soupira en pensant que demain, elle travaillait encore, et s'enferma dans la salle de bain pour se préparer à se coucher.
Des gémissements plaintifs la firent tendre l'oreille alors qu'elle se dirigeait vers sa chambre, prête à dormir. Collant son visage à la porte de Toshiro, elle fronça les sourcils en l'entendant bouger dans son lit, et marmonner.
Elle ouvrit doucement la porte, la lumière du couloir s'infiltrant dans la pièce sombre, éclairant le lit ravagé. Les draps étaient sans dessus-dessous et le garçon serrait son oreiller pour la vie, les yeux fermés et les sourcils froncés.
Il y avait une légère couche de sueur sur son visage et il marmonnait dans sa barbe, se recroquevillant sur lui-même par la même occasion.
Rangiku s'approcha et s'assit sur le bord de son matelas, tendant la main et la posant sur son bras. Ce à quoi elle ne s'attendait pas, fut que le garçon gémisse de peur et s'écarte d'elle dans son sommeil.
« Toshiro ? » elle appela, se rapprochant de lui mais ne le touchant pas.
Elle remarqua alors que le garçon respirait fort. Elle s'approcha un peu plus et le garçon sembla la sentir alors qu'il se recroquevillait.
« Laissez-moi tranquille » sa voix avait quelque chose de douloureux et d'apeuré et Rangiku sentit son cœur se serrer.
« Chéri » elle appela une nouvelle fois.
Mais le garçon porta ses mains à ses oreilles alors qu'il était tourné sur le coté.
« Arrêtez, s'il vous plaît » sa voix était brisée et suppliante.
Quelque chose dut se passer dans son rêve, car il se recroquevilla un peu plus et se mit à crier. Rangiku tendit la main et la posa sur son épaule, le secouant, continuant de l'appeler.
Puis ses yeux se sont ouverts et il repoussa rapidement la femme avant de s'asseoir et de reculer le plus loin possible. Ses yeux étaient écarquillés et il enroula ses bras autour de lui de façon protectrice.
« Toshiro, tout va bien. » elle essaya de s'avancer, mais le garçon recula un peu plus, ses yeux se remplissant rapidement de larmes. Il avait l'air complètement terrifié alors qu'il la regardait comme si elle allait le tuer. « Chéri ? » elle tendit la main mais le garçon leva les bras devant lui et tourna la tête. « C'est moi, c'est moi » appela une nouvelle fois le capitaine, mais il se mit à sangloter, enroulant encore ses bras autour de lui.
« Je n'ai rien fait. S'il vous plaît, laissez-moi tranquille. » sa voix se brisa et il recula un peu plus dans son lit.
Rangiku avait mal au cœur de le voir comme ça. L'image était terrible.
Elle pouvait voir dans ses yeux qu'il était absolument terrifié, et son langage corporel montrait qu'il essayait de se protéger contre quelque chose. Ou quelqu'un, fit une voix dans sa tête, faisant serrer les dents à la femme.
Elle leva les mains en l'air, montrant qu'elle n'avait aucune intention de lui faire quoi que ce soit et le garçon suivit son geste avec confusion.
« Toshiro, c'est moi, c'est Rangiku. Tu sais que je ne te ferai jamais de mal. » elle le sentit froncer les sourcils alors qu'il ne semblait pas comprendre.
Il recula encore un peu, jusqu'à toucher la table de chevet de l'autre coté de son lit. Le cadre qui était posé dessus, avec la photo de Momo et sa grand-mère tomba, le faisant sursauter et gémir bruyamment. Il porta une nouvelle fois ses mains à ses oreilles et se remit à sangloter.
« Chéri, ce n'est rien, calme toi. » elle essaya de tempérer, mais il secoua la tête.
« Arrêtez » ses yeux étaient fermés et sa voix reflétait sa peur.
« Toshiro, tout va bien, ce n'est que moi. » elle essaya une nouvelle approche « C'est Maman »
Le garçon se figea et ouvrit les yeux vers elle. Quelque chose passa dans ses iris et il les écarquilla. Rapidement, il commença à regarder tout autour de lui, jusqu'à ce que son regard tombe sur le cadre. Il revint sur elle, et ses yeux s'embuèrent à nouveau.
« Qu'est-ce-qu'il se passe ? » sa voix reflétait à quel point il était perdu.
Rangiku tendit la main vers lui, mais ne le toucha pas. « Tu as fait un cauchemar, Chéri. Mais c'est fini, d'accord ? C'est fini. » elle lui sourit, même si son cœur était affreusement douloureux.
« Un cauchemar ? » demanda t-il, la voix tremblante.
« Oui, mais c'est fini. Tu es en sécurité ici, d'accord ? Il n'y a que nous deux. C'est fini. »
Toshiro attendit quelques secondes avant de desserrer sa prise sur lui même et de tendre une main tremblante vers elle. « Alors, tout ça, c'était… Pas réel ? »
Leurs doigts s'accrochèrent et Rangiku lui sourit en passant son pousse sur le dos de sa main. « Non, Chéri, ce n'était pas réel. » elle le rassura.
Le garçon prit une forte inspiration avant de relâcher un souffle qui en disait plus que des mots.
Rangiku se leva et lâcha sa main pour faire le tour du lit. Toshiro la regarda et ses yeux suivirent les siens alors qu'elle s'agenouillait devant lui. Elle tendit la main et attendit un instant avant de la poser sur sa joue humide. Elle passa ses doigts dessus, essuyant ses larmes.
« Tu sais que je ne te ferai jamais de mal, n'est-ce pas ? » elle murmura, posant l'autre main sur sa deuxième joue.
Toshiro le fixa une seconde avant de hocher la tête, son visage prit en coupe par la femme. « Je sais » il chuchota, se penchant au contact.
Le capitaine hocha la tête et attendit un autre instant. « Tu te sens mieux ? »
« Respirer. » gémit le garçon. Il était toujours essoufflé de sa crise, et n'arrivait manifestement pas à reprendre son souffle.
« Oui, on va aller prendre ta ventoline. » elle rassura en passant son pouce sur ses joues rougis. Elle ne paniquait pas. Sa respiration était légèrement superficielle, mais il n'était pas en détresse. De plus, si elle montrait son inquiétude, le garçon risquait de prendre peur.
Elle se releva et passa ses mains sous ses aisselles. Il se laissa prendre et enroula rapidement ses bras autour d'elle en plongeant son visage dans son cou. Rangiku plaça un bras sous ses cuisses pour le soutenir, et replaça le cadre photo avec l'autre, avant de faire le tour du lit et de quitter la chambre.
« C'est fini, tu es en sécurité ici. » elle rassura quand il refusa de lâcher prise sur elle quand elle entra dans la salle de bain.
Elle attrapa la ventoline et la plaça dans sa main, le garçon fixant l'objet avec des yeux humides. Elle attrapa ensuite une serviette et termina d'essuyer son visage.
« Tu dois secouer. » elle rappela quand il plaça la ventoline dans sa bouche mais que rien n'en résultat.
Une nouvelle fois, elle reprit l'objet, le secoua et le lui rendit.
Le garçon avait l'air complètement perdu alors que ses bras s'accrochaient à son cou et que le coté de sa tête reposait contre son épaule.
« Pas bien » murmura t-il contre elle.
Rangiku leva une main dans ses cheveux et passa ses doigts dans les mèches blanches alors qu'elle éteignait la lumière de la salle de bain et entrait dans sa propre chambre.
« Je sais, Chéri » elle se dirigea directement vers son lit et repoussa la couverture.
Il était hors de question que le garçon dorme seul cette nuit. Il y a sept ans, il la rejoignait quand il faisait un cauchemar, et ils partageaient son lit jusqu'au levé du soleil.
Elle ne comptait pas le laisser affronter ça seul. Il s'accrochait à elle et comptait sur elle pour le rassurer et le tenir, et c'est exactement ce qu'elle allait faire.
Elle ne savait pas de quoi il avait rêvé. Elle ne savait pas non plus pourquoi il était aussi terrifié, mais il allait bien, et elle comptait bien le lui faire comprendre.
Alors elle se coucha et ramena son petit corps contre le sien. Le garçon rampa sur elle et plongea son visage dans son cou, entrelaçant ses doigts avec les siens d'un coté, et attrapant son pyjama et le serrant de l'autre main.
Rangiku passa une main dans son dos et de l'autre, elle serra sa prise, jusqu'à ce qu'il s'endorme et lâche légèrement.
Elle continua à le tenir pendant plusieurs minutes, vérifiant que sa respiration était bonne, que son visage n'était pas crispé. Tendant l'oreille pour être sûr qu'il ne marmonnait pas.
Quand elle fut sûre qu'il allait bien, et seulement quand elle fut sûre, elle permit au sommeil de l'appeler, et accepta de se détendre.
Elle ne laisserai jamais rien lui arriver. Plus jamais.
…
Son réveil sonna et elle fronça les sourcils, maudissant le créateur de cet objet. Elle ouvrit les yeux avec un soupir et fixa le plafond quelques secondes. Elle baissa ensuite le regard sur la forme recroquevillé contre elle.
Toshiro était à moitié monté sur son corps et à moitié contre le matelas. Sa tête était sur son épaule, le visage tourné vers elle. L'une de ses mains était toujours accroché à son pyjama alors que l'autre reposait mollement contre les draps de l'autre coté. Sa jambe saine était posée sur les siennes alors que l'autre se perdait sous les couvertures.
Rangiku regarda son visage, détendu et calme, tout le contraire de la nuit dernière.
Puis son visage se fronça et il gémit, plongeant son visage dans le creux de son épaule. « Éteins ça » il grogna, le son atténué par son pyjama.
Le capitaine gloussa et tendit le main pour arrêter le réveil. « Déjà grognon ? » elle taquina, envoyant ensuite sa main dans ses cheveux. Le garçon ne répondit pas et elle laissa quelques minutes passer avant de faire la moue « Tu sais qu'il faut se lever ? » elle tapota sa tête et il grogna.
« Capfhezufb fubz oezf beu »
Le corps de Rangiku fut secoué de spams de rire. « Qu'est-ce-que t'as dit ? » elle gloussa. Le garçon soupira et tourna la tête de son épaule.
« T'es Capitaine, t'y vas quand tu veux. » il répéta, agacé.
« J'ai une réunion avec mes sièges ce matin, et après je dois rattraper le retard des papiers. » il y avait un certain dégoût quand elle prononça le mot 'papiers'.
Elle sentit le garçon soupirer, et l'air chaud vint se frotter à son cou. « C'est pas juste. » il gémit, remettant son visage dans son épaule.
« Tu veux rester ici aujourd'hui ? Je sais que tu t'ennuies au bureau. » elle proposa, sa main retrouvant automatiquement ses cheveux.
Toshiro ne répondit pas pendant quelques secondes avant de secouer la tête et de pousser sur ses bras pour relever légèrement le haut de son corps. L'une de ses mains était toujours accrochée au pyjama de la femme, mais cela ne sembla pas le déranger.
« Tu penses que je pourrais travailler ? Sans pouvoir, je veux dire ? » il la regarda dans les yeux et était sérieux.
« Et bien » son regard fut attiré par le plafond. « Tu es considéré comme mineur, et tu sais que légalement, il t'est interdit de travailler ? Mais, je pourrais toujours demandé une autorisation spéciale au Central 46 ou au Commandant, puisque tu as déjà travaillé avant. » elle tourna son regard dans le sien, et elle pouvait voir plusieurs émotions. Il semblait enthousiaste et peu convaincu en même temps.
Il finit par hocher la tête, et se relever un peu plus.
« Ce serait bien. » il s'assit et la lâcha avant de regarder autour de lui. « Sympa la déco »
Les murs étaient blancs, à l'exception d'un, rose saumon. Il y avait une grande armoire, prenant presque la totalité de la largeur dans le fond, et un miroir sur le mur d'à coté. Il y avait une table de chevet à coté du lit avec une lampe dessus. La chambre restait assez simple, même si Toshiro n'était pas sûr de la couleur saumon au mur, il l'aimait bien.
« Ouais » souffla la femme en se mettant assise dans le lit aussi. « Je pense que je vais me racheter une armoire, celle là est trop petite pour accueillir toutes mes affaires. »
Toshiro leva un sourcil vers elle. « Elle prend déjà tout le mur, comment veux-tu en avoir une plus grande ? »
« J'en prendrai une autre alors » elle haussa les épaules, sortant du lit et s'étirant.
« Et acheter moins de vêtements ? » proposa le garçon, s'essayant au bord du lit.
« Ne dis pas n'importe quoi. » marmonna t-elle en se dirigeant vers la porte. « Tu viens ? » elle se retourna et demanda quand il ne la suivit pas.
Il lui lança un regard perplexe et désigna sa jambe.
« Où sont mes béquilles ? »
Rangiku leva les yeux au ciel, se rappelant qu'elle n'avait pas pensé à les prendre la nuit dernière. « Dans ta chambre. » elle quitta la pièce et rentra dans la chambre du garçon, ne faisant pas attention aux drags en bazar et complètement retournés sur le lit. Elle prit ce pour quoi elle était venue, et les lui apporta, se dirigeant ensuite vers la cuisine pour préparer le petit déjeuné.
Le garçon la rejoignit quelques minutes plus tard, déjà habillé d'un kimono bleu. Il s'assit à la table quand elle posa son assiette à sa place et attendit qu'elle s'installe en face de lui pour commencer à manger.
« Tu veux en parler ? » demanda t-elle soudainement, faisant lever les yeux du garçon, légalement écarquillés.
« De quoi ? » il demanda en mettant nerveusement un morceau de bacon dans sa bouche. Il savait de quoi elle parlait. Évidemment.
« Ce cauchemar. »
Il la regarda dans les yeux pendant quelques secondes avant de secouer la tête et de baisser les yeux sur son assiette.
« Pas maintenant »
« Pourquoi ? »
« Parce que, pas maintenant »
Rangiku souffla en prenant une bouchée de son propre déjeuné. Le garçon était têtu. Il l'avait toujours été, mais il était aussi très sensible, bien que sa facette extérieure ne le montre pas.
« Très bien, fais moi signe quand tu es prêt. »
Toshiro évita le contact visuel mais hocha la tête.
Unohana et elle avait parlé de l'état du garçon. Il n'allait pas bien. Les derniers jours ont permis de le prouver. D'après le médecin, il montrait des symptômes de traumatisme. Rangiku n'avait pas vraiment compris de quoi il retournait, mais elle avait été témoin d'une scène plutôt forte cette nuit. N'importe qui se serait calmé et reprit ses repaires seul après s'être réveillé. Mais Toshiro était resté dans l'illusion du rêve jusqu'à ce qu'elle arrive à l'en sortir. Il était resté déconcentré et absent jusqu'à ce matin.
Elle ne savait pas de quoi il avait rêvé, mais elle était presque sûre qu'il ne s'agissait pas d'un événement créé par son esprit, et que tout avait été réel.
Toshiro avait vécu ce cauchemar dans la réalité, dans le passé.
Elle ne pouvait pas dire s'il s'agissait d'un traumatisme survenu avant sa mort ou après, mais il n'avait jamais eu ce genre de crise avant. En plus de ça, l'épisode de la vielle, dans le bureau, montrait clairement que le garçon n'allait pas bien. Il avait presque paniqué pour avoir simplement renversé une boite. Il y a sept ans, il se serrait contenté de jurer et de ramasser en boudant.
Il avait des réactions excessives dans des situations qu'il aurait parfaitement géré à l'époque.
« Tu te sens mieux en tout cas ? » elle demanda. Le garçon l'inquiétait réellement.
Toshiro leva une nouvelle fois les yeux vers elle, et elle pouvait voir beaucoup d'émotions passer en eux.
'Non' était la réponse qu'elle voyait en lui.
Il hocha la tête et termina son verre de jus de fruit.
Il n'était pas prêt.
Unohana lui avait dit que lors de leurs séances, le garçon avait eu beaucoup de réactions négatives sur certains sujets. D'autres, qui pourtant n'étaient pas simples, avaient été facilement abordables et ils avaient réussi à parler. Le médecin lui avait conseillé de ne pas le brusquer. Il avait besoin d'aide, mais devait le comprendre par lui-même, c'était le seul moyen pour qu'il aille réellement mieux. Il devait accepter sa situation.
Alors Rangiku n'a pas forcé. S'il avait besoin de temps, elle allait lui en donner. S'il avait besoin de câlin, elle lui en fera. S'il avait besoin d'être seul, elle le laissera quelques heures. Elle était prête à lui donner le monde s'il pouvait aller bien.
Alors Rangiku n'a pas forcé.
« Tu comptes communiquer avec des signes de tête toute la journée ? » elle dit sur un ton plus léger, souriant pour lui faire comprendre qu'elle lâchait l'affaire pour le moment. Toshiro la regarda et un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres alors qu'il attrapait ses béquilles et hochait la tête une nouvelle fois. Rangiku sourit un peu plus et fronça les sourcils « Petit merdeux » elle rigola avant qu'il ne quitte la table avec un haussement d'épaules.
Après ça, elle finit son repas et ils se préparèrent. Rangiku l'aida à mettre sa chaussure, et ils sortirent de la maison.
L'air frais les frappa immédiatement, faisant resserrer d'une main son haori autour d'elle. Elle regarda derrière pour voir le garçon frissonner de froid alors qu'il sortait sur le pas de la porte.
« La mauvaise saison arrive, va chercher une veste. » dit-elle en gardant la porte ouverte pour qu'il re-rentre.
Le garçon lui lança un regard étrange « J'en ai pas. J'en ai jamais eu besoin. »
La bouche de la femme forma un 'O' avant qu'elle ne ferme définitivement la porte. « Et bien, demain nous irons faire des courses, c'est le week-end. »
« Du shopping ? » le dégoût dans sa voix était claire. La femme le regarda avec un sourire amusé et hocha la tête. « Je n'ai pas d'argent. »
« Et je t'ai déjà dit que ce n'était pas un problème. »
« Mais- »
« Mais allons-y avant que tu ne tombes malade. » elle plaça une main sur son épaule et le poussa pour le faire avancer.
Une fois en bas des escaliers, elle passa un bras autour de lui et utilisa le pas éclair pour aller directement au bureau. Elle n'allait pas le faire marcher dans le froid, en sachant qu'il avançait doucement et qu'il n'était pas bien habillé. Elle n'allait certainement pas le laisser tomber malade.
…
Après le repas du midi, Rangiku avait laissé Toshiro pour se rendre à la première division. Elle avait l'intention de parler avec Yamamoto de donner un travail au garçon, qui s'ennuyait toute la journée sur le canapé du bureau.
Les grandes portes de la première s'ouvrirent à son arrivée, et les gardes s'inclinèrent respectueusement devant elle alors qu'elle passait. Le vice-capitaine Sasakibe est venu l'accueillir, et l'a conduisit jusqu'au bureau du commandant.
Elle s'inclina devant lui, et attendit qu'il l'invite à avancer avant de le faire.
« Qu'est-ce-qui vous amène ici, Capitaine Matsumoto ? » a t-il demandé en posant sa plume dans l'encrier.
« Je suis venue pour avoir votre approbation, Monsieur. » elle a répondu en passant une main dans ses cheveux, ne lâchant pas le regard du vieil homme pour lui montrer qu'elle était sérieuse.
« À quel sujet ? »
« Hitsugaya. » Yamamoto leva un sourcil interrogateur. « Il a besoin de faire quelque chose, il s'ennuie à mourir et vous savez tout comme moi que son expérience et son intelligence peuvent être un réel avantage. J'aimerais qu'il travaille pour la dixième division. »
Le vieil homme se pencha en arrière sur sa chaise et passa une main dans sa barbe, réfléchissant. Ses yeux étaient fermés, mais elle pouvait voir qu'il la fixait.
« Est-il assez stable ? » il demanda après quelques minutes.
« S'il a quelque chose à faire, il le sera »
« Est-il stable actuellement ? » insista t-il et Rangiku fronça les sourcils.
« C'est compliqué. » elle avoua, passant une nouvelle fois la main dans ses cheveux, cette fois nerveusement. « Il fait des cauchemars violents et réagit parfois de manière excessive à des situations qu'il gérait parfaitement avant. » elle expliqua. « Mais je reste persuadée qu'avoir quelque chose de stable et précis à faire ne pourra que l'aider. »
Le commandant resta silencieux pendant un moment. Il semblait réfléchir à ses options, et finit par soupirer, se redressant sur sa chaise.
« Je ne suis pas en désaccord avec l'idée qu'il travaille. » Rangiku fut immédiatement soulagée « Cependant, le Central 46 le sera. » son humeur tomba.
« Pourquoi ? » elle leva les mains, ne comprenant pas.
« Parce qu'il est mineur. S'il avait été un garçon normal, il aurait été envoyé à l'académie des arts spirituelles, hors, il n'a pas de reitsu. »
« Et ce n'est pas un garçon normal. Sans oublié qu'il a déjà été diplômé de l'académie. » répondit la femme, fronçant les sourcils.
« Exact. Mais il reste mineur, et par son manque de pouvoir, il ne peut pas recevoir le statu de 'shinigami' qui lui permettrait de travailler quand même. » Rangiku n'en revenait pas. Il allait se faire recaler parce qu'il était mineur aux yeux du Central 46 ? « Cependant » continua le vieil homme « Je ne peux pas nier qu'il est un vrai atout. Il a l'expérience, l'intelligence et sait comment agit un shinigami. Il a dirigé à la perfection une division pendant plusieurs années et a l'esprit d'équipe. »
Il attrapa un papier et reprit sa plume, commençant à rédiger qui-sait-quoi.
« Donc ? » Elle demanda, un petit espoir dans sa voix.
« Donc je l'autorise à occuper le poste d'assistant. Il vous secondera comme le fait un Vice-Capitaine, avec le statu en moins. Le Lieutenant Tanaka continuera son travail, et Hitsugaya complétera les choses manquantes et apportera des conseils afin de combler les manques. »
Rangiku haussa un sourcil. Elle ne s'attendait pas vraiment à ça. Elle avait plus imaginé un travail de bureau, avec sa propre paperasse à faire.
« Et bien, d'accord… » elle se gratta l'arrière de la tête, songeant que l'idée n'était peut être pas si mal en fin de compte. Ce lui permettrait d'être souvent avec lui et de pouvoir le surveiller. « Et le Central 46 ? »
« Je m'occuperai d'eux. » il tendit le papier qu'il venait d'écrire à la femme, et elle comprit qu'il s'agissait d'une autorisation de travail pour le garçon. « Ce papier servira d'attestation, jusqu'à ce que le vrai contrat soit écrit. Cependant, nous allons faire face à un autre problème. »
« Lequel ? » elle fronça les sourcils, soufflant intérieurement sur le fait que les choses n'étaient jamais faciles.
« Le salaire. Le Central 46 refusera de verser un salaire à un mineur non-shinigami. Ils vont déjà faire une histoire que Hitsugaya travaille. »
« Ah » Rangiku roula des yeux. Le Central était vraiment une plaie. « Et si je le prends ? » elle proposa. « S'ils veulent la jouer 'officiellement, il est mineur donc il ne peut pas avoir de salaire', nous pouvons la jouer 'officiellement, je suis sa tutrice, donc je peux le toucher pour lui'. »
Un léger rictus se dessina sur les lèvres du vieil homme suite à sa prestation, et il hocha la tête.
« Ça peut être une solution. Je la proposerai au Central. »
Un grand sourire apparu sur les lèvres de la femme, et elle s'inclina.
« Merci, Commandant. »
« Bien, alors nous sommes d'accord. » Rangiku hocha la tête et rangea le papier dans sa poche. Elle se tourna, prête à partir, quand l'homme la rappela. « Capitaine »
Elle se retourna vers lui. Elle fut surprise de voir ses yeux mis clos, la fixant. Ses deux mains étaient posées sur son bureau, et il adoptait une posture très sérieuse.
« Oui, Monsieur ? »
« Ne le laissez pas se perdre. » ce fut la seule chose qu'il dit avant de retourner à ses papiers, laissant la femme froncer les sourcils.
Puis un léger sourire se forma sur ses lèvres, et elle ouvrit la porte. « Oui Monsieur. »
Bien sûr qu'elle n'allait pas le laisser.
Elle ne perdit pas un seul instant et quitta le bureau. Elle n'utilisa pas le shunpo pour revenir dans sa division, préférant marcher et prendre l'air.
Elle finit par arriver à la dixième, où elle retrouva Toshiro et Sora dans son bureau, l'un lisant, l'autre remplissant des papiers.
« Salut, les garçons. » elle salua en entrant dans le bureau.
« Votre entretien s'est bien passé, Capitaine ? » Sora leva la tête de ses documents pour lui offrir un sourire.
« Eh bien, d'une certaine manière » elle lui sourit en retour avant de se tourner vers Toshiro qui était assis sur le canapé, de toute sa longueur. Elle lui tendit le papier que Yamamoto avait écrit, et il fronça les sourcils en le prenant.
« Qu'est-ce-que c'est ? »
« Une autorisation pour travailler. » répondit la femme en même temps qu'il finissait de lire.
« Comme assistant du Capitaine ? Qu'est-ce-que c'est ? » il leva les yeux vers elle, incertain.
« D'après ce que m'a expliqué le Commandant, c'est à peu près comme le Vice-Capitaine, mais sans le statu. Tu aideras là où j'en aurai besoin. »
« Mais tu as déjà un Vice-Capitaine. » déclara t-il, fronçant un peu plus les sourcils.
Elle tourna la tête pour voir que Sora regardait l'échange avec nervosité.
« Bien sûr, et ça ne va pas changer. » elle lui offrit un sourire. « Et tu seras comme un Vice-Capitaine. Comme je l'ai dit, tu n'auras pas le statu. Donc pas l'autorité sur les soldats, et pas d'uniforme. »
Toshiro lui lança un regard avant de soupirer.
« Le Central 46 a validé ? »
« Le Commandant l'a fait. » il leva un sourcil vers elle et ce fut à son tour de soupirer. « Il va voir avec eux. Il autorise que tu travailles et devra parler avec eux pour toutes les formalités. »
« Les formalités ? »
« Le salaire » il haussa un sourcil, et elle lui raconta la conversation qu'elle avait eut avec Yamamoto.
« Ils sont sérieux ? » demanda la voix de Sora, derrière eux. Les deux se tournèrent vers lui, et son visage vira immédiatement au rouge. « Je suis désolé. »
« Non, tu as raison, c'est injuste. » répondit Rangiku, plaçant une main sur sa hanche. « C'est injuste après tout ce que tu as fait. » Toshiro se contenta de hausser les épaules, regardant l'autorisation dans ses mains. « Tu t'en fiches ? » elle demanda, surprise par sa réaction.
« Tant que l'argent te revient, ça ne me pose pas de problème. » il haussa à nouveau les épaules.
Elle fut surprise par la réponse, mais compris ce qu'il voulait dire. Levant les yeux au ciel, elle passa une main dans ses cheveux alors qu'elle allait s'asseoir à son bureau.
Le garçon était gêné de dépendre d'elle. Il lui avait fait remarqué à plusieurs reprises qu'il n'avait pas d'argent, et qu'il ne pouvait pas faire les activités qu'elle lui proposait. Bien qu'elle lui répète que ce n'est pas un problème, qu'elle avait assez d'argent, il semblait obstinément se sentir coupable. Elle avait un salaire de capitaine, et elle n'allait certainement pas s'en plaindre. En plus de ça, elle n'allait presque plus dans les bars et elle sentait réellement la différence. L'argent n'était pas un problème, et c'était réel. Mais si cela pouvait l'aider à se sentir moins coupable, elle ne dirait rien.
« Quand est-ce-que je commence ? » il demanda alors qu'elle s'asseyait.
« Lundi » répondit-elle, regardant ses épaules s'affaisser. « Comme ça, j'aurais le temps de t'organiser ton travail. » elle expliqua alors qu'il se laissait tomber sur le canapé, s'allongeant et disparaissant de sa vue alors qu'il était derrière le dossier.
Un grognement insatisfait lui répondit et elle leva une nouvelle fois les yeux au ciel. Bien sûr qu'il aurait voulu commencer tout de suite, mais elle ne savait pas encore exactement ce qu'elle allait lui donner à faire.
Elle fit signe à Sora que ce n'était rien et qu'il pouvait se remettre au travail, et elle prit le premier document de la longue pile qui l'attendait, pleurant déjà son après-midi ruiné.
…
Toshiro se réveilla en toussant. Il ouvrit les yeux et vit que la lumière passait déjà à travers les rideaux de sa chambre et il gémit.
Il se tourna de l'autre coté, mais toussa à nouveau. Il fronça les sourcils, portant une main à sa poitrine et frottant à travers le pyjama pour essayer de calmer la toux. Mais ça ne changea pas grand-chose, et il se retrouva à respirer par sifflement dans son lit.
Il avait besoin de se lever, et de prendre sa ventoline, mais il n'avait pas envie de bouger. La petite crise qu'il était entrain de faire n'était pas grave, et il n'avait pas la force de bouger de son matelas. Alors il ferma les yeux et essaya de passer outre, mais il fut secoué par une autre toux et jura.
Repoussant avec colère la couverture loin de lui, il s'assit et attrapa ses béquilles alors qu'il prenait de grandes respirations sifflantes.
Il se dirigea vers la salle de bain et libéra l'une de ses mains pour prendre une inspiration grâce à la ventoline.
L'air revint immédiatement, et il insulta silencieusement sa maladie de s'être manifesté aussi tôt.
Retournant sur ses pas, il remarqua que Rangiku ne s'était pas encore levée. Elle était rentrée tard hier soir, parce qu'elle avait pris du retard sur ses papiers après une visite surprise d'Ikkaku.
Le garçon n'avait plus envie de retourner au lit, sachant déjà pertinemment qu'il ne pourrait pas se rendormir à cette heure. Il leva les yeux vers l'horloge du salon, qui affichait 8 heures, et sut que Rangiku ne devrait pas tarder à se lever, puisque d'après ce qu'il avait compris, ces sept dernières années avaient servi à faire arrêter de boire la femme. Il avait entendu qu'elle ne faisait plus de soirée dans des bars jusqu'à point d'heure, où elle se levait l'après-midi. Elle avait pris ses responsabilités au sérieux, et avait maintenant des horaires normaux.
Toshiro était désolé pour ça. Il s'en voulait qu'elle ne profite plus comme elle le faisait, qu'elle ne sorte plus parce qu'il était mort. Mais il devait avoué qu'il était fier qu'elle ait pris l'habitude d'avoir un rythme de sommeil plus normal.
Il se dirigea vers la cuisine, où il se dit qu'il pourrait préparer le petit déjeuné. Il posa une de ses béquilles contre la table, et claudiqua à l'aide d'un seul bras et d'une seule jambe pour attraper ce dont il avait besoin et préparer ce qu'il fallait.
« Qu'est-ce-que tu fais ? » demanda une voix derrière lui.
Le garçon sursauta, ne s'attendant vraiment pas à avoir quelqu'un derrière lui, perdant légalement l'équilibre. Il se rattrapa au comptoir et deux mains vinrent attraper ses hanches pour l'empêcher définitivement de tomber.
« Désolée, Chéri »
Il se redressa, fredonnant d'accord, et rappuya son poids sur son bras, alors qu'il reprenait ce qu'il faisait. Cependant les mains ne le lâchèrent pas, et il sentit même les bras s'enrouler plus étroitement autour de son ventre. Le menton de la femme se posa sur son épaule, et elle regarda ce qu'il faisait.
« Je prépare le petit déjeuné » il annonça, mal à l'aise face au regard attentif qu'elle portait à ses actions. Il sentit Rangiku glousser près de son oreille, avant qu'une paire de lèvres se pose sur sa joue.
« Tu es au courant que les œufs sont brûlés, là ? » elle se moqua.
Toshiro écarquilla les yeux, regardant la poile avec horreur.
« Tu m'as déconcentré ! » il grogna en sortant les œufs du feu et en les inspectant. Effectivement, ils étaient bien trop cuits.
« Tu m'en vois désolée » elle n'était pas désolée. Pas quand elle gloussait contre son cou et qu'elle essayait d'atténuer le bruit en posant ses lèvres sur sa joue.
Ses bras autour de lui se resserrèrent alors qu'il tendait la main pour jeter les œufs, le gardant en équilibre. Il ouvrit à nouveau le frigo et en ressorti deux nouveaux.
« Je vais le faire, va t'asseoir. » elle se releva, gardant une main sur ses hanches, l'autre essayant de lui prendre les œufs.
« Non » dit fermement le garçon, écartant sa main de la sienne. « Je vais le faire moi-même. »
Rangiku recula alors sa main et s'écarta de lui, observant toujours ce qu'il faisait et prête à intervenir si besoin.
Le garçon s'en sortait bien, il a réussi ses œufs, cette fois, a fait chauffer le bacon et grillé le pain. Il claudiqua une nouvelle fois le long du comptoir, et dû poser sa main dessus alors qu'il sentait la force dans sa jambe diminuer. Il avait beau avoir une béquille, son poids était majoritairement sur sa jambe, son bras servant seulement au maintient de l'équilibre.
« Tu as besoin d'aide ? » demanda Rangiku, le regardant peiner à terminer ce qu'il faisait.
Le garçon tourna son regard vers elle. Elle était sérieuse et ne semblait pas le moins du monde se moquer de lui. Unohana lui avait dit qu'accepter de l'aide ne signifiait pas être faible. Parfois, il était même possible de faire les choses par soi-même, mais un peu d'aide ne pouvait pas faire de mal.
Cependant, il continua à la fixer, ne sachant pas vraiment ce qu'il devait répondre. Après tout, il s'agissait seulement d'un petit déjeuner. Il pouvait le faire. En plus, elle lui proposait son aide, non pas parce qu'elle avait envie, mais parce qu'elle le voyait en difficulté. Donc accepter reviendrait à admettre qu'il était trop faible pour même préparer un repas.
« Toshiro ? »
Il ne voulait plus être inutile.
« Non, c'est bon. » il se retourna et continua ce qu'il faisait.
Il pouvait sentir le regard de la femme sur lui, mais il l'ignora et finit de préparer.
Sa jambe commençait à lui faire mal, alors il posa la seconde au sol, mettant un tout petit peu de poids dessus. Il le regretta instantanément, quand un pic de douleur le traversa et qui faillit lâcher l'assiette dans ses mains. Il se pencha en avant sur le comptoir, posant son coude et mettant son poids dessus alors qu'il fermait ses yeux brûlants.
Rangiku vint derrière lui et attrapa l'assiette de ses mains, la posant sur le comptoir, un peu plus loin.
« C'est bon, je peux gérer. » Toshiro ouvrit les yeux, tendant la main.
« Tu as mal, repose toi. » répondit la femme, prenant le sel et assaisonnant le plat.
« Non ! Je vais le faire. » répondit le garçon en se relevant.
« C'est bon, tu as fait le plus gros, je vais finir. Va t'asseoir et reposer ta- »
« Laisse moi faire ! » cria le garçon, les yeux brûlants en tendant la main pour reprendre l'assiette. Ses mains tremblaient violemment et Rangiku rattrapa in extremis le plat alors qu'il le lâchait. Le garçon haleta et il sentit une larme couler sur sa joue. « Je suis désolé » il tendit la main pour la reprendre, voulant l'aider à la rattraper. « Je voulais pas. » mais la femme posa le tout sur le comptoir et prit sa main dans la sienne, l'empêchant de récupérer l'assiette.
« Toshiro- »
« Je suis désolé. Je voulais juste pas être inutile. Je- » il fut coupé par son propre sanglot. Tout ce qu'il faisait était toujours un échec.
Il était un échec.
« Eh, eh, eh, non. » la femme s'accroupie devant lui et prit son visage en coupe. « Ce n'est pas grave. Pourquoi tu te sens inutile ? Ce n'est pas grave, Chéri »
La femme plongea son regard dans le sien et il pu voir l'inquiétude.
« Je voulais- je voulais juste aider. » sanglota t-il. Les émotions semblaient jaillir de lui sans filtre. Il avait perdu le contrôle. « Je voulais pas te décevoir, je suis désolé. » ses épaules tremblaient.
« ooooh non, mon Chéri. » elle l'attira vers elle, le faisant tomber dans son étreinte et supporter son poids. « Je ne suis pas déçue. Bien sûr que je ne suis pas déçue. Ce n'est rien. Je te l'ai dit. Ce n'est pas grave. » elle frotta son dos, envoyant du confort au garçon qui plongea son visage dans son épaule. « Je sais que tu veux bien faire et que tu es totalement capable de le faire seul, mais ça n'empêche pas que je puisse aider. Je ne fais pas ça parce que tu n'y arriveras pas, je fais ça parce que je veux t'aider. Tu es complètement capable, Chéri, alors ne dit pas que tu es inutile, parce que ce n'est pas vrai. »
Le garçon prit de grande respiration contre elle, calmant ses émotions débordantes.
« Je suis désolé »
« Arrête de t'excuser, tu n'as rien fait de mal. » sa main passa de son dos à ses cheveux.
Elle passa ensuite ses mains sur ses épaules, et elle le repoussa à quelques centimètres. Elle lui sourit et embrassa son front, avant de porter un bras autour de sa taille, soutenant une partie de son poids, et tendit la main pour attraper une serviette. Elle essuya son visage avant de faire une boule avec le mouchoir, fermer la main et attraper son menton pour le relever.
« Tu es important, Toshiro. Pour moi, et pour beaucoup d'autres. Alors arrête de penser que tu ne vaux rien, parce que c'est faux. Tu es une vraie mine d'or. » elle passa un pouce sur sa joue et lui offrit un sourire.
Le cœur du garçon fondit, et il hocha la tête, ne faisant pas confiance à sa voix pour parler.
Rangiku l'attira à nouveau contre elle, enroulant ses bras de façon protectrice. Toshiro passa son bras libre autour de son cou et plongea à nouveau son visage dans son épaule.
Ils restèrent peut être deux minutes comme ça, dans un silence et une étreinte réconfortante. La femme finit par faire glisser ses mains le long de son dos pour prendre ses joues en coupe, et reculer son visage d'elle. « Alors, est-ce-que tu veux de l'aide pour finir ce petit déjeuné ? » sa voix était sincère et parfaitement calme. Le garçon la fixa pendant quelque seconde avant de baisser les yeux et de hocher la tête. « Super ! » un immense sourire dessina son visage. « Qu'est-ce-que tu veux que je fasse ? »
Elle le relâcha et se releva, gardant quand même une main sur ses épaules.
« Les… Les jus de fruit ? » demanda timidement Toshiro, se tournant pour regarder son travail.
Elle tapota son épaule avant d'ouvrir le frigo et de faire ce qu'il disait.
Il devait bien avouer que ce n'était pas désagréable d'avoir quelqu'un pour l'aider à tout porter jusqu'à la table à manger, surtout quand il n'avait qu'une seule jambe et qu'un seul bras.
…
Rangiku avait insisté pour qu'il aille chez le coiffeur. Toshiro était un peu réticent, puisqu'il n'avait pas d'argent, mais avait fini par accepté, bien qu'il n'ait pas eu réellement le choix au départ.
Il avait demandé une coupe courte. Ses cheveux étaient trop longs, et il avait voulu changer. Il ne savait pas non plus quand il aurait la possibilité de revenir la prochaine fois, alors il avait fait en sorte que cela dure longtemps.
Ainsi, il s'est retrouvé avec une coupe similaire à celle d'Isshin lorsqu'il était encore capitaine, rasé derrière et un peu plus long sur le dessus.
Le changement était étrange. La sensation était différente, mais pas désagréable. Visuellement aussi, ça changeait. Il avait eu un petit choc quand il s'était regardé dans le miroir, lui qui avait toujours eu les cheveux relativement longs. Mais Rangiku avait hurlé de joie et à quel point il était adorable quand elle était revenue le chercher, alors il imaginait que ça ne devait pas être si terrible.
Sa tête battait depuis plusieurs minutes maintenant, et il avait chaud. Il avait envie de vomir, et en même temps, il avait la gorge extrêmement sèche.
« Ran ? » il appela depuis le rayon dans lequel il s'était arrêté.
La femme l'avait, comme prévu, emmené faire les magasins. Il n'était, en réalité, pas complètement contre avoir quelque chose de chaud à se mettre, mais cela faisait plusieurs heures maintenant qu'ils enchaînaient les boutiques. Rien ne semblait lui convenir, et Rangiku insistait sur le fait qu'il devait trouver quelque chose dans lequel il était vraiment bien.
Mais il commençait réellement à ne pas se sentir bien. Il avait besoin de s'asseoir quelque part, car il pouvait se voir partir. Ce n'était pas réellement l'endroit idéal pour faire un malaise.
Il claudiqua jusqu'à une chaise, près du comptoir du magasin, et s'assit, sentant immédiatement la tension diminuer. Il souffla en se mettant plus à l'aise, déplaçant les béquilles sur le coté.
Sa jambe lui faisait mal à force d'être debout. Il était étonné d'ailleurs, qu'il est pu tenir si longtemps. Après tout, il était presque midi maintenant.
« Eh, gamin, ne t'assieds pas sur cette chaise, elle n'est pas là pour les clients. » une voix résonna depuis le comptoir.
Toshiro tourna la tête pour voir un homme d'âge mûr le regarder avec désapprobation. Il sentit immédiatement une vague d'insécurité l'envahir, et il la repoussa aussi loin qu'il le put.
« Je- j'avais besoin de me poser, Monsieur, ma jambe commence à être douloureuse. » il souleva une de ses béquilles pour appuyer son point de vu.
« Alors rentre chez toi, mais ne te mets pas ici. » l'homme ne semblait pas vraiment compatissant.
« Pourquoi est-il interdit de s'asseoir sur cette chaise ? » demanda alors le garçon, ne comprenant pas vraiment.
« Il t'est interdit de t'asseoir, parce que n'importe qui peut te voir. » répondit froidement l'homme.
« Il m'est interdit ? » répéta le garçon, fronçant les sourcils « Je pensais qu'il était interdit aux clients ? »
« Aux clients comme toi. » cracha l'homme, faisant un geste dégoûté de la main vers lui. « Alors maintenant, rentre chez toi. » il lui fit signe de partir.
Le cœur de Toshiro se serra alors qu'il prononçait ces mots. Aux clients comme lui ? Les monstres ?
Il ne comprenait pas. Qu'est-ce-que les gens lui reprochaient exactement ? Ce n'était pas de sa faute s'il avait les cheveux blancs et les yeux d'un turquoise étrange. Ce n'était pas sa faute s'il était différent.
« Je ne comprends pas, qu'est-ce-que j'ai fait, exactement ? »
L'homme souffla et contourna le comptoir pour venir devant lui. Le cœur de Toshiro s'emballa alors qu'il songeait à tout ce qu'il pouvait lui faire. Il posa une main sur son épaule et abaissa son visage à son niveau.
« Être toi suffit. » répondit-il simplement.
Sa poigne se resserra et il tira le garçon vers le haut, l'obligeant à placer ses béquilles sous lui pour se soutenir. Il le traîna ensuite le long du comptoir et ouvrit la porte de son magasin.
« RANGIKU ! » cria désespérément Toshiro avant que le commerçant ne le pousse violemment à l'extérieur.
Évidemment, il perdit l'équilibre et s'écrasa sur le sol poussiéreux. Sa jambe lui envoya une vague de douleur et il porta une main sur ses bandages, comme si cela allait l'aider d'une quelconque manière.
Il se retourna pour regarder l'homme qui l'avait poussé, puis son visage se tourna vers la rue dans laquelle il avait atterri. Les passants s'étaient arrêtés pour regarder l'étrange échange, chuchotant entre eux et le pointant du doigt. Il avait déjà vécu ce genre de scène bien plus souvent que nécessaire, et il ne se sentait pas vraiment bien à l'idée de revivre l'expérience. C'était totalement humiliant et in-gratifiant. C'était juste pour le plaisir de s'en prendre à quelqu'un.
Ses yeux se sont humidifiés, bien qu'il essaye de garder son calme. Il repéra ses béquilles à quelques longueurs de lui, et se glissa sur ses bras et sa jambe valide.
« Rentre chez toi. » il entendit le commerçant cracher derrière lui.
Une main saisie une de ses béquilles avant qu'il ne les atteigne et il leva les yeux.
Son cœur tomba une nouvelle fois quand il fit face à un groupe d'adolescents. Il les reconnu immédiatement comme ceux qui l'avaient agressé pour la dernière fois avant l'attaque du hollow, ceux qui avaient laissé des marques douloureuses dans son dos pendants des jours.
« Regardez qui est là, les gars. Le monstre est increvable en fin de compte. Il a survécu. » celui qui venait de prendre sa béquille rigola en se relevant, inspectant l'objet.
Il avait un sourire méchant sur le visage, et Toshiro essaya de s'éloigner le plus possible. Ses yeux étaient déjà brûlants. Il savait exactement ce qui allait se passer.
L'adolescent s'avança d'un pas vers lui, et Toshiro sentit sa gorge se bloquer. Il fit un deuxième pas, et ses yeux ne pouvaient pas le lâcher. Un troisième et il se retrouva juste devant lui, alors qu'il se faisait coincer contre le mur de la boutique dont il venait de se faire virer.
« Tu as retenu la leçon de la dernière fois ? » l'adolescent demanda, tapotant la béquille dans sa main libre. Toshiro était tout bonnement incapable de répondre. Il pouvait sentir son corps entier trembler pathétiquement alors qu'il se recroquevillait contre le mur. « Non ? Dommage pour toi. » avec un sourire satisfait, il leva la béquille au dessus de sa tête, et l'abattit avec force sur le garçon. Toshiro porta ses bras de façon protectrice au dessus de sa tête et ferma les yeux, faisant couler une larme sur sa joue.
Un bruit de halètement se fit entendre, mais aucune douleur ne le parcourue.
« Je ne crois pas non. » vint une voix pleine de venin. Toshiro ouvrit les yeux et dégagea ses bras tremblants de devant lui pour apercevoir Rangiku arrêter la béquille avec une seule main. Ses yeux étaient remplis de colère et sa main libre était serré en un poing. « Je peux savoir ce que tu fais ? » elle demanda doucement, la rage clairement pas dissimulée dans sa voix. L'adolescent semblait hésiter, ne comprenant manifestement pas qui était la femme. « Je t'ai posé une question ! » s'énerva le capitaine, faisant augmenter son reitsu.
Toshiro ne le sentit pas car il n'en avait plus, mais quelques feuilles et les ordures déposées sur le sol se mirent à léviter de quelques centimètres. Les vêtements de la femme flottaient, comme s'il y avait un peu d'air. Les passants reculèrent violemment, effrayé par le pouvoir. Même les adolescents firent quelques pas en arrière, regardant avec peur leur ami faire face au capitaine.
« Je- je- qui êtes vous ? » l'adolescent transpirait, et ses jambes tremblaient sous lui.
« Capitaine Matsumoto, dixième division. Et lui, » elle leva une main vers Toshiro « c'est mon fils. » elle baissa le bras, ne lâchant jamais le regard terrifié de l'adolescent. « Je répète donc ma question : qu'est-ce-que tu fais ? »
L'adolescent lâcha la béquille et fit plusieurs pas en arrière, levant les bras devant lui et secouant les mains.
« Je- je suis désolé. Je- »
« Tshi- » Rangiku serra les dents « Tes excuses ne valent rien. Maintenant casse-toi avant que je ne change d'avis. » elle leva les yeux vers les passants qui restaient « Partez aussi, votre comportement est inacceptable. Vous devriez avoir honte de vous regardez dans un miroir ! » elle cria à l'assemblée qui se dispersa très rapidement après ça.
Rangiku n'attendit même pas de savoir s'ils obéissaient, elle recela son reitsu et elle se dirigea immédiatement vers la seconde béquille qui gisait toujours sur le sol, puis revint vers lui, s'accroupissant et posant les deux canes sur le coté.
« Chéri, ça va ? » ses mains planaient au dessus de lui, n'osant manifestement pas le toucher, et ses yeux examinèrent son corps. « Tu as mal quelque part ? » elle demanda à nouveau quand ses yeux s'embuèrent une nouvelle fois.
« Ça va. » sa voix était brisée, et il savait qu'elle avait compris qu'il n'allait pas bien.
Ses sourcils se froncèrent, et son regard devint triste. Ses mains vinrent au dessus de sa poitrine, mais elle ne le toucha toujours pas. « Tu sais que je ne te ferai jamais de mal ? » elle demanda, ses yeux émotifs fixés dans les siens.
Il hocha la tête. Bien sûr qu'il savait. De toutes les personnes sur cette terre, c'est en elle qu'il avait le plus confiance.
Rangiku hocha elle aussi la tête et quitta ses yeux pour regarder son kimono. Une main vint doucement attraper les bords de son vêtement, le tirant un peu en avant pour que la deuxième plonge à l'intérieur. Elle en ressortit quelques secondes plus tard avec sa ventoline. Toshiro avait même oublié qu'il la portait sur lui. Elle secoua l'objet et la porta à sa bouche. Le garçon prit le bout entre ses lèvres, et elle appuya sur le bouton.
Il lui fut tout de suite beaucoup plus simple de respirer, et il haleta alors qu'elle préparait une deuxième inspiration. Elle le mit à nouveau devant lui, et il ouvrit encore la bouche, coupant sa respiration quelques secondes pour attendre qu'elle appuie.
« Tout va bien, c'est bon. » elle leva les mains devant lui et sourit tristement. Elle semblait réellement essayer de lui faire comprendre qu'elle n'allait pas le frapper, qu'elle n'avait aucune intention de lui faire du mal.
Toshiro se pencha vers elle quand il sentit une larme couler sur sa joue et un sanglot le traverser. Il avait été tétanisé par ce qu'il venait de se passer. Il avait vécu le même scénario tellement de fois dans le passé qu'il ne pouvait pas exprimer à quel point il lui était reconnaissant de l'avoir sauvé.
Sa tête toucha sa poitrine en premier, mais cela n'avait aucune importance pour le moment, pas quand tout son corps tremblait et qu'un nouveau sanglot déchira sa gorge.
Les bras de la femme sont venus s'enrouler instantanément autour de lui, et elle frotta ses cheveux. Elle se mit à faire des mouvements pour le bercer, plongeant ses lèvres dans ses mèches blanches. « Chuuuuuut, c'est fini. Plus de peur que de mal. C'est fini. » elle le tint contre elle pendant de longues minutes.
Les mains du garçon étaient accrochées à elle comme à un étau, et il prenait des respirations tremblantes contre sa peau.
Les minutes défilèrent, et Toshiro se calma peu à peu. Il déplaça sa tête pour plonger dans le cou de sa mère, où il fut tout de suite plus facile de respirer. Il arrêta progressivement de pleurer mais continua à tenir fermement les habits de la femme.
Rangiku, quant à elle, n'arrêta pas de frotter son dos, déposant des baisers dans ses cheveux pour le calmer. « Ça va mieux ? » elle murmura alors que son souffle redevenait normal. Toshiro hocha la tête contre son cou. Il allait mieux. Grâce à elle. Ses mains glissèrent jusqu'à sa nuque, et elle décolla légèrement son visage. Elle lui offrit un sourire et passa ses doigts sur ses joues pour enlever l'humidité, avant de se pencher pour poser son front contre le sien, le faisant fermer les yeux. « Je suis désolée, ça n'aurait pas du arriver. »
Toshiro s'écarta d'elle pour la regarder avec horreur.
« Tu n'y es pour rien ! C'est ma faute, parce que je suis… » Rangiku lui envoya un regard étrange qui le fit bégayer « Différent » le mot le fit froncer les sourcils.
« Je ne vois pas en quoi tu es différent. C'est parce que tu as une couleur de cheveux peu commune ? » elle demanda en tenant toujours ses joues.
« Et des yeux bizarres. » compléta t-il. « Ça leur fait peur. » il baissa les yeux, laissant ses mains se décrocher des vêtements du capitaine.
« Et c'est pour ça qu'ils- » elle se coupa elle-même alors que sa mâchoire se contractait et qu'il hochait pathétiquement la tête.
Il était tellement ridicule. Pathétique et inutile. Sérieusement. Il ne valait rien. Il était, et restera toujours 'juste' le monstre.
Le silence lui répondit, et il sentit le regard perçant de la femme qui ne l'avait pas lâché. Il leva les yeux et fut surprit par la quantité de colère qu'il pouvait lire dans ses iris.
« Je- je suis désolé » il essaya de reculer, mais elle ne le laissa pas faire.
« Ils te font ça parce que tu es différent ? » elle demanda, la voix tendue.
Toshiro ne savait pas vraiment quoi penser. Il était un peu effrayé par la colère qu'il voyait dans ses yeux, mais il savait qu'elle ne lui ferai jamais de mal. En plus, il ne comprenait pas pourquoi elle était si en colère d'un seul coup. Il n'avait rien fait.
« Je suis désolé. Qu'est-ce-que j'ai fait ? » il demanda, la voix légèrement tremblante.
Le regard de Rangiku changea immédiatement et ses yeux s'écarquillèrent. « Non, non, non. Tu n'as rien fait. Je suis désolée, Chéri, je ne suis pas en colère contre toi. » elle lui offrit un sourire désolé et frotta ses joues avec ses pouces. « Je te le promets. Je ne suis pas en colère contre toi. » Toshiro hocha la tête, détournant le regard vers le bas, mais la femme releva son menton. « Je vais passer un appel, puis on ira manger quelque part avant d'aller à ton rendez-vous avec Unohana cet après-midi. D'accord ? » elle lui offrit un autre sourire.
Toshiro hocha à nouveau la tête, ne sachant pas quoi répondre exactement.
Il avait rendez-vous avec le capitaine médecin cet après-midi, car il devait la voir tous les deux jours, pour vérifier ses blessures et discuter. C'était l'une des conditions pour qu'il sorte de la quatrième division.
Rangiku se releva avant de passer deux mains sous ses bras et de le redresser. Elle enroula immédiatement une main autour de ses hanches pour qu'il ne tombe pas, et se pencha pour attraper ses béquilles posées négligemment sur le sol. Les mains de Toshiro étaient accrochées à ses vêtements pour l'équilibre, et il la lâcha pour se stabiliser.
Elle attrapa ensuite son téléphone et composa un numéro avant de le porter à son oreille, une main toujours sur l'épaule de Toshiro.
« Oui, Aiko, c'est moi, j'ai besoin que tu fasses quelque chose. » elle attendit quelques instants, jetant un coup d'œil à la vitrine du magasin avant de continuer « Oui, j'ai besoin que tu envoies quelques hommes dans le district 13. » Elle fronça les sourcils alors que l'homme semblait répondre quelque chose. Sa main se glissa inconsciemment de son épaule à sa nuque, où elle commença à jouer avec ses cheveux nouvellement coupés. « Non, pas pour ça. » elle se rapprocha un peu de lui « Un commerçant a été, disons… très informel. J'aimerais que les hommes que tu envoies lui fassent comprendre que ça n'a pas été apprécié. » Toshiro se sentit un peu perplexe « Non » La femme le lâcha pour venir remettre une mèche de cheveux en place avant que sa main ne revienne à sa nuque. Elle regardait la rue devant eux depuis le début de l'appel. « Non, pas comme ça. Il a eu un comportement plus qu'irrespectueux, et c'est inadmissible. » il pouvait sentit la colère dans sa voix alors qu'il la fixait. Elle lui donna le nom du magasin, et Toshiro détourna les yeux pour regarder la devanture. C'était une boutique assez simple, modeste, qui ne payait pas de mine. « Non, je suis avec Toshiro » elle fronça un peu plus les sourcils à la question d'après, prenant manifestement plus de temps pour répondre que nécessaire « Oui. Quoi qu'il en soit, je peux te laisser gérer ? » elle attendit quelques secondes avant de le remercier et de mettre fin à l'appel.
« Qu'est-ce-qu'il va lui arriver ? » demanda le garçon quand elle remit l'appareil dans son sac.
« Rien de regrettable. » il lui lança son regard de 'Je veux savoir' et elle soupira « Je ne sais pas exactement, puisque c'est Aiko qui va s'en occuper. Mais j'imagine qu'il va s'assagir. » elle haussa les épaules, sa main glissant jusqu'à son dos et le poussant vers l'avant.
« Et les autres ? » il demanda en commençant à avancer. Les adolescents qui l'avaient agressés n'avaient pas été mentionnés durant l'appel.
« Ils ont eu la peur de leur vie. Je pense qu'ils ne recommenceront pas de si tôt. » elle lui offrit un petit sourire rassurant. Toshiro hocha la tête, il n'avait pas envie que des personnes souffrent à cause de lui, même si ces mêmes personnes étaient la raison de nombreux cauchemars. « Bien, où est-ce-que tu veux manger ? Qu'est-ce-qui te ferait plaisir ? »
Le garçon haussa les épaules, regardant autour de lui « Qu'est-ce-qui te ferait plaisir à toi ? »
La femme rigola « Tu sais bien qu'à partir du moment où je mange, je suis heureuse. » la réflexion fit légèrement glousser Toshiro. L'atmosphère se détendit alors.
« Pas faux. » il regarda autour de lui. Il connaissait ce quartier, il y venait parfois avec Momo ou même Rangiku, bien que rarement. « Il y a toujours ce restaurant de ramen ? »
Le sourire de la femme s'agrandit « Celui avec les meilleures nouilles ? » le garçon hocha la tête.
La prise sur son épaule ne diminua pas, et elle le conduisit dans la bonne direction.
…
« Comment tu te sens ? » Unohana demanda en entrant dans la chambre, un dossier à la main.
Toshiro la regarda d'un air renfrogné depuis sa place sur le lit. Rangiku avait raconté à la femme ce qu'il s'était passé, et des examens plus approfondis avaient été faits. Cela faisait maintenant plus d'une heure qu'il patientait dans cette chambre.
« Bien, et non, je n'ai pas de sujet particulier. » il grogna en croisant les bras sur sa poitrine et détourna le regard. Unohana fredonna et s'approcha.
« Alors nous ne parlerons pas aujourd'hui. » Toshiro fut surpris par la réponse, mais ne contesta pas. Il n'était pas d'humeur de toute façon.
Rangiku lui jeta un regard avant de se tourner vers l'autre femme « Est-ce-que tout va bien ? Pourquoi ça a été si long ? » Elle avait attendu avec lui dans la chambre mais ils n'avaient pas beaucoup parlé. Toshiro était fatigué, et il voulait juste rentrer.
« Eh bien, j'ai les résultats d'examen, d'où ma question, comment te sens-tu ? » elle se plaça devant le lit et porta une main à son front.
Toshiro la repoussa d'un mouvement fluide du poignet « Je te l'ai déjà dit : bien. On peut rentrer à la maison maintenant ? Je suis fatigué. »
« Donc tu ne vas pas bien »
« Je vais très bien. Je suis juste fatigué. »
« Pourquoi penses-tu être fatigué ? » elle nota quelque chose dans son dossier.
« Parce qu'on a marché toute la matinée. » il répondit comme si c'était une évidence. Avait-elle déjà essayé de rester debout et d'avancer pendant plusieurs heures avec des béquilles ?
Unohana hocha une nouvelle fois la tête et nota une chose sur le dossier.
Toshiro se sentait à nouveau mal. Il avait à nouveau mal à la tête et envie de vomir. Il commençait à avoir chaud, et par dessus tout, il était fatigué. Il commençait à sentir ses nerds lâcher.
« Unohana, que se passe t'il exactement ? » Rangiku demanda, l'inquiétude non camouflée dans sa voix.
« J'aimerai le garder encore un peu. Il y a quelque chose que je voud- »
« Non ! » craqua Toshiro. Il jeta ses jambes sur le bord du lit et attrapa ses béquilles « Je veux rentrer à la maison. J'ai mal à la tête et j'ai besoin de me reposer. Je ne veux pas- » sa voix se coupa alors qu'il se mettait à tousser violemment.
Il lâcha ses béquilles et porta une main à sa bouche pendant que l'autre s'accrochait au devant de son kimono pour tenter de faire diminuer la douleur.
Rangiku se leva et vint s'asseoir à coté de lui, sa main dans son dos à frotter.
Sa respiration sortait par sifflements et il sentit ses yeux s'humidifier alors qu'il n'arrivait pas à reprendre son souffle. Il n'arrêtait pas de tousser, et il plongea sa main dans son kimono pour prendre sa ventoline.
Cela ne fit pas grand-chose pour l'aider, et la forme floue d'Unohana fut rapidement devant lui. Sa main se posa sur son front, mais Toshiro n'eut pas la force de l'enlever.
« Tu as de la fièvre. » elle déclara, avant de poser une main sur son épaule et de le faire reculer dans le lit alors qu'il chavirait légèrement en avant.
« C'est pas vrai. » jura Rangiku à coté de lui, l'aidant à l'asseoir dans le bon sens du lit, le visage tordu d'inquiétude.
« Je suis… désolé. » Toshiro était essoufflé et arrivait à peine à former des mots. Il se sentait de plus en plus mal et avait de plus en plus chaud alors que son corps n'arrivait pas à s'aérer. Sa respiration se bloquait une fois sur deux et il toussait le reste du temps. Il pouvait sentir la peur monter dans sa poitrine alors qu'il voyait Unohana préparer un masque à coté du lit. Il ne voulait pas. Ce n'était jamais bon quand il avait ça sur le visage. « Je veux… rentrer à… la maison » il croassa, ses yeux larmoyants alors qu'il la regardait s'avancer et passer l'élastique derrière sa tête.
« Il faut que tu te calmes. » dit Unohana, lui lançant un regard avant de détacher ses doigts du masque alors qu'il essayait de l'enlever.
Il ne savait pas pourquoi, mais il avait peur. Il était terrifié par ce qui était entrain de se passer. Il en avait marre de cette maladie. Il en avait marre de ces béquilles. Il voulait rentrer chez lui et reprendre une vie normale. Il ne voulait pas être ici, à se battre pour une chose aussi simple que la respiration.
« Je veux… rentrer. » il gémit à nouveau alors que la femme lui injectait qui sait quoi dans son avant bras. « Maman » sa voix appela toute seule et les deux femmes arrêtèrent ce qu'elles faisaient. Il put les voir partager un regard inquiet avant que Rangiku ne s'approche un peu plus de lui et ne prenne ses joues en coupe.
« Chéri, calme toi. On va rentrer, mais pour le moment, tu dois te calmer. » elle essaya de lui sourire, mais Toshiro secoua la tête.
« Maison » ses épaules se secouèrent et un sanglot sorti de sa gorge. Il essaya de prendre une respiration mais l'air se bloqua à nouveau. Il haletait fortement et la pièce commençait à tourner.
Il secoua la tête pour retrouver sa stabilité, mais Rangiku plaça une main sur sa nuque et maintint son cou droit. Unohana approuva « Ne bouge pas, respire et calme toi. » elle s'éloigna et ouvrit la porte de sa chambre, parlant rapidement à des gens dans le couloir avant de revenir vers lui, laissant la porte ouverte derrière elle.
« Pas bien » sanglota le garçon alors qu'une nouvelle vague de chaleur le traversa. Il toussa à nouveau et Rangiku porta sa seconde main à sa poitrine, caressant doucement pour l'encourager. « Maman » il appela à nouveau, levant une main pour l'accrocher au kimono qu'elle portait.
Unohana plaça son stéthoscope dans son dos, écoutant avant de grimacer et d'attraper un stylo lumineux pour regarder la dilatation de ses pupilles.
« Cœur trop rapide. » elle annonça, changeant le contenu de l'air qui arrivait dans le masque. « Hitsugaya, regarde moi. » mais le garçon resta crisper dans sa position. Il voulait que ça s'arrête. La douleur dans sa poitrine, celle dans sa jambe. Sa tête qui tournait, cette chaleur insupportable et sa respiration qui refusait obstinément de revenir. « Toshiro » ce fut au tour du médecin de prendre ses joues en coupe et de plonger ses yeux dans les siens. « Calme toi. Il n'y a pas de raison de paniquer. Respire lentement, c'est douloureux, mais il le faut. »
Paniquer ? Était-il entrain de paniquer ?
Ses doigts se resserrèrent autour du vêtement de Rangiku. Il ne voulait pas paniquer. C'était douloureux et il n'arrivait jamais à se calmer.
Un nouveau sanglot déchira sa gorge. Il ne voulait pas paniquer.
« Chéri, Chéri, Chéri » Rangiku l'appela avec empressement alors qu'il perdait un peu plus son sang froid. Elle se rapprocha encore plus de lui et enroula ses bras autour de son cadre. Le garçon se laissa faire, trop occupé à maintenir sa prise sur ses vêtements alors qu'elle bougeait. Il se retrouva contre elle, la tête dirigée vers son cou. Elle le tenait de façon protectrice, frottant ses cheveux pour essayer de l'apaiser. « Je suis là. Tout va bien, Chéri. Respire et ça va aller. » elle continua à murmurer des choses à ses oreilles alors que le garçon fermait les yeux, le visage plongé dans sa gorge.
Toshiro s'accrocha à sa voix et sa prise sur elle se resserra. Elle servait de bouée de sauvetage. Il pouvait entendre les battements de son cœur dans ses oreilles et sa peau brûler alors qu'il sentait de la sueur sur tout son corps.
Une nouvelle fois, son bras fut pris à part, et il sentit une aiguille s'enfoncer dans sa chaire. Il sanglota à nouveau, mais Rangiku se mit à le bercer de droite à gauche, lui chuchotant que tout allait bien.
Son corps est vite devenu engourdi et ses paupières ont commencé à battre pour rester ouvertes. Il n'eut bientôt plus la force de pleurer, et il gémit de désapprobation quand ses doigts lâchèrent leur prise de fer sur le kimono de la femme.
Un silence apaisant régnait, bien que sa respiration saccadée résonnait. Mais c'était la seule chose qu'il pouvait entendre, le reste de la salle ne faisait aucun bruit, comme s'ils attendaient quelque chose.
Pourtant la main dans ses cheveux était toujours là et il se sentit se détendre, bien que toujours fortement haletant.
Il ne sait même pas quand ses yeux se sont réellement fermés, mais son lien avec la réalité se coupa, et bien qu'il n'en soit même pas conscient, il tomba dans les ténèbres qui tendaient la main vers lui.
…
La porte de la chambre s'ouvrit doucement et fit cligner des yeux Rangiku. Elle avait finit par s'endormir elle aussi, la tête sur le matelas, la main accrochée à celle de Toshiro.
« Désolé, je ne voulais pas te réveiller. » Ichigo rentra prudemment dans la pièce, refermant doucement la porte derrière lui.
Rangiku cligna des yeux pour chasser le sommeil et passa sa main libre dans ses cheveux avec désinvolture. « Ne t'en fais pas. » son regard tomba sur Toshiro, qui dormait toujours paisiblement. Il était tourné sur le coté, la couverture enroulé autour de ses jambes et une main tenant l'oreiller. Unohana avait insisté pour qu'il garde le masque pendant son sommeil, mais le garçon ne semblait pas s'en soucier pour le moment. « Qu'est-ce-que tu fais là ? » elle retourna son regard vers Ichigo qui prenait une chaise et s'installait à coté d'elle.
« Je voulais passer un peu de temps avec lui, m'assurer qu'il va bien, tu vois… Il n'y avait personne chez toi, et on est dimanche, donc vous n'étiez pas à la dixième. Je suis venu ici, me disant qu'il s'était peut être passé quelque chose. » il lui offrit un petit sourire, son regard se tournant vers la forme endormi du garçon.
« Déjà dimanche ? » demanda la femme, ses yeux volant vers la fenêtre. La lumière du jour passait légèrement à travers les rideaux fermés.
« Il doit être huit heures. » Ichigo haussa les épaules.
Un silence s'installa, les deux adultes regardant le garçon respirer derrière le masque à oxygène.
« Ça empire. » finit par lâcher Rangiku, se penchant pour passer une main dans les cheveux maintenant courts de Toshiro. Il gémit et se pencha au contact, faisant sourire le capitaine. Ichigo ne dit rien, alors elle continua. « Sa maladie s'aggrave. Unohana ne sait pas encore pourquoi, mais les résultats des tests d'hier étaient plus mauvais que ceux de la semaine dernière. » Elle entendit Ichigo se pencher à son tour, et une main vint frotter son dos. « Si on ne trouve pas ce qui ne va pas, et qu'on ne le soigne pas, Unohana estime que dans quelques jours il ne pourra plus respirer sans assistance. » elle pouvait sentir ses yeux brûler alors qu'elle lui expliquait ce qu'avait dit la femme. « Et dans quelques semaines il- » sa voix sa brisa. Elle ne pouvait pas le perdre. Pas encore. Pas comme ça.
Ichigo posa son menton sur son épaule, l'attirant dans une étreinte par derrière. « On va trouver ce qui ne va pas. On va le soigner, et on va retrouver notre Toshiro. Ça va aller, les meilleurs sont sur son cas. Ça va aller. » il serra ses bras autour d'elle, et elle sentit un peu d'espoir revenir. Il ne le laissait pas tomber, et Ichigo finissait toujours par avoir ce qu'il voulait.
Elle hocha la tête, se battant pour qu'aucune larme ne coule alors que le garçon commençait à remuer, attiré par le bruit qu'ils faisaient.
« Il doit rester calme. S'il panique, il ne pourra pas respirer. » elle continua.
« D'accord »
« Il faut éviter le stress ou toute autre émotion négative. »
« Je sais. »
« Il ne doit pas faire d'effort, sinon il serra essoufflé. »
« Je sais- »
« Il doit toujours avoir sa ventoline sur lui, au cas où. Ou quelqu'un qui est avec lui. »
« D'accord, tu- »
« Il ne faut pas- »
« Rangiku. » Ichigo appela calmement derrière elle. La femme tremblait légèrement alors qu'elle continuait à passer ses mains dans ses cheveux. « D'accord. » il souffla, faisant descendre la tension dans ses épaules. « On va s'occuper de lui. Ça va aller. »
Il resta un peu plus longtemps dans cette position, avant de s'écarter quand le garçon bougea, mais gardant une main dans le dos de la femme, lui montrant qu'il était toujours là.
Toshiro gémit bruyamment et son poing vint frotter ses yeux, avant que ses paupières ne s'ouvrent pour révéler deux orbes turquoises qu'elle ne se lasserait jamais de regarder. Il lâcha sa main et s'étira avant de bailler, fronçant les sourcils quand le masque le gêna.
Aucun des deux adultes ne dit quoi que ce soit, et ils le regardèrent s'asseoir dans son lit. Rangiku voulait être sûre de pouvoir garder son calme avant de parler, et Ichigo attendait manifestement que l'un des deux ne s'exprime en premier.
« Il est quelle heure ? » demanda le garçon, les yeux encore flous et la voix enduite de sommeil.
« Huit heures. » répondit le capitaine, testant sa voix par la même occasion.
« Du matin ? » demanda t-il, fronçant à nouveau les sourcils.
« Oui, petite marmotte. » elle répondit, essayant d'ajouter une touche d'humour à la situation tendue.
Toshiro leva les yeux au ciel et porta une main à son visage. « Je suis obligé de garder ça ? » il toucha le masque.
Rangiku prit une grande respiration et hocha la tête. « Tant qu'Unohana ne te dit pas que tu peux l'enlever, oui. »
Elle vit le garçon faire la moue derrière son masque et Ichigo décida d'intervenir.
« Sympa la nouvelle coupe. » elle le sentit sourire derrière lui, et Toshiro passa une main dans ses cheveux, comme pour se rappeler ce qu'il avait fait.
« C'est cool. » répondit simplement le garçon.
Rangiku se leva et vint s'asseoir à coté de lui, passant une main autour de ses épaules et l'attirant contre elle. Il n'offrit aucune résistance et elle passa ses doigts dans ses cheveux, profitant de la nouvelle sensation.
« Comment tu te sens ? » elle déposa un baiser sur le sommeil de son crane.
« Bien, je crois. » il répondit, laissant sa tête appuyée contre le haut de sa poitrine. « Pourquoi on est encore là ? Qu'est-ce-qui ne va pas ? » il demanda à son tour, profitant de l'étreinte.
Rangiku prit une profonde respiration. « Les résultats ont montré que ta maladie ne s'améliorait pas. » elle murmura, gardant ses lèvres dans la couronne blanche. Elle n'avait pas envie d'avoir cette conversation avec lui, mais elle savait qu'il ne patienterait pas jusqu'à ce qu'Unohana vienne le lui dire elle-même.
« Elle s'aggrave ? » Elle ne répondit pas, et Ichigo ne le fit pas non plus. Rangiku le sentit se pencher un peu plus contre elle. « Alors, je vais mourir ? »
Elle resserra immédiatement sa prise sur lui, et Ichigo vint s'asseoir rapidement sur le lit, leur faisant face. « Bien sûr que non. »
« Mais le traitement ne marche pas, n'est-ce pas ? » la voix qu'il avait, portait quelque chose en elle. Elle ne savait pas exactement ce que c'était, mais cela suffisait à déchirer son cœur.
« On ne va pas te laisser, Toshiro. On va trouver ce qui ne va pas, et régler ça. Je te le promets. » elle venait de faire une promesse à laquelle elle-même n'était pas sûre de croire.
Et s'il mourait ?
Unohana lui avait dit hier soir qu'elle ne savait pas pourquoi les médicaments ne fonctionnaient pas. Cela aurait dû marcher.
Elle n'en savait pas plus que ça pour le moment, et elle se sentait terrifiée à cette simple idée.
Toshiro ne répondit pas et se contenta de tourner sa tête contre elle. Elle pouvait sentir la tension dans tout son corps et ses épaules tremblaient légèrement.
« Toshiro » Ichigo appela, tendant la main pour la poser sur son épaule. Le garçon prit une grande respiration et tourna la tête pour regarder son ami, laissant le coté de son visage contre la peau du capitaine. « On va trouver. » Ichigo le regardait dans les yeux et avait la même détermination que lorsqu'il se battait contre Aizen ou Yhwach. « Tu ne vas pas mourir. Je ne laisserai pas cela arriver une seconde fois. »
Rangiku prit alors les joues du garçon dans ses mains et le força à reculer pour que leurs yeux soient plongés dans ceux de l'autre.
Son regard était vitreux, et il semblait perdu, comme s'il remettait tout en question.
« On ne va pas laisser ça arriver. Chéri, regarde moi. » elle hocha la tête pour elle-même pendant qu'elle parlait « On va trouver. » elle lui offrit un petit sourire alors qu'elle sentait ses propres yeux brûler. « Je ne te laisserai pas tomber. J'irai me battre s'il le faut, mais je ne te laisserai pas tomber. » elle pouvait elle-même entendre la détermination dans sa voix.
Les yeux du garçon se sont brouillés et il hocha la tête, forçant pour qu'elle le lâche et qu'il revienne dans son étreinte. Il enroula ses bras autour d'elle et Rangiku le serra pour le vie.
« Je ne veux pas mourir. » sa voix sortie en un murmure suppliant, brisant le cœur des deux adultes.
Une larme quitta finalement ses yeux, glissant sur sa joue pour enfin tomber, s'écrasant sur la couronne de neige qui reposait en bas. « Ça n'arrivera pas. » elle promit, et elle y croyait cette fois.
Elle ne le laisserait pas mourir. Même si elle devait se battre et être tuée, elle ne le laisserai pas mourir. Pas encore. Jamais.
Elle sentit Ichigo enrouler ses bras entour d'eux et se joindre à l'étreinte. Il ne les serra pas très fort, mais le contact était suffisant. « On fera ce qu'il faut. »
Les deux partagèrent un regard entendu. Ils étaient sur la même longueur d'onde il ne laisserai pas Toshiro mourir, quel qu'en soit le prix.
Ils restèrent quelques instants avant qu'Ichigo ne se dégage, mais le garçon resta accroché à elle.
« Alors on peut pas rentrer à la maison ? » il souffla contre elle.
« Sûrement, si. Unohana nous dira tout quand elle reviendra. » Une main frottait ses cheveux, l'autre était dans son dos. « Tu es encore fatigué ? Tu veux dormir ? »
Toshiro secoua la tête. « Je peux avoir de l'eau ? » Sa voix avait perdu toute vie, et le cœur du capitaine se serra douloureusement.
« Bien sûr. Tout ce que tu veux. » elle essaya de se dégager, mais il s'accrocha.
Rangiku baissa les yeux sur lui et remarqua que ses mains tremblaient dans leurs prises. Il était terrifié.
« Je m'en occupe. » Ichigo appela en se levant déjà.
Rangiku lui envoya un signe de tête et réajusta sa prise sur le garçon. « Je suis là. » elle souffla à son oreille et il hocha la tête, prenant une grande respiration.
Les minutes se sont écoulées, et Toshiro refusait toujours de la lâcher, pas que cela ne la dérange réellement. Ils avaient tous les deux besoin de cette étreinte. Lui pour être sûr qu'il avait toujours quelque chose auquel s'accrocher, et elle pour s'assurer qu'il était encore là.
« Tu as encore ton jeu de cartes ? » demanda finalement Toshiro depuis sa gorge.
Un petit sourire se dessina sur ses lèvres et elle déposa un baiser sur le sommet de son crane. « J'ai toujours mon jeu de cartes. » elle continua à frotter ses cheveux alors qu'elle se tournait vers Ichigo. « Dans mon sac. » la fraise hocha la tête et attrapa son sac, sortant le jeu après quelques secondes de recherche. « À quoi veux-tu jouer ? » elle demanda en revenant vers lui.
Le garçon haussa les épaules, sortant un œil de son cou. « Un jeu à trois ? »
Un sourire se dessina sur le visage d'Ichigo et il s'avança depuis sa chaise pour poser les mains sur le lit, commençant à sortir et organiser les cartes. « Ramis ? »
« Pourquoi pas. » acquiesça Rangiku, desserrant sa prise sur Toshiro pour se tourner un peu vers la fraise.
« Je ne connais pas. » déclara le garçon.
« Alors on va jouer tous les deux, comme ça je t'apprendrai sur le tas. Ce n'est pas très compliqué. Ok ? » elle laissa un bras autour de ses épaules et récupéra les cartes qu'Ichigo lui tendait.
« Deux contre un, c'est pas juste. »
« Tu as peur ? » taquina la femme, un sourire moqueur sur le visage.
« Pas juste pour vous, je voulais dire. Perdre alors que vous êtes deux contre une seule personne, c'est injuste. » il rétorqua, commençant déjà à trier ses cartes.
« On va t'exploser, Ichigo. » répondit la femme, tournant son regard vers son propre jeu. « Chéri, je compte sur toi pour le faire taire. »
Toshiro regardait la façon dont elle triait les cartes, essayant déjà de comprendre les mécanismes du jeu. « Heuu… Ouais. »
Cela fit rire les deux adultes, et le jeu commença, Rangiku expliqua le but et la façon de procéder au garçon qui écoutait attentivement. Sa tête était posée sur son épaule, son corps presque monté sur le sien et le capitaine le tenant de façon protectrice.
Il était encore là. C'est tout ce qui importait.
…
Le garçon avait fini par s'endormir dans ses bras. Assis dans son lit, la tête tombant contre son épaule, une main posée sur son genou. Elle pouvait l'entendre respirer derrière son masque alors que son visage était proche de son oreille.
L'un de ses bras était passé sous celui du garçon, lui permettant de le garder près d'elle et de le maintenir pour qu'il ne tombe pas. Ses deux mains se rejoignaient devant elle pour tenir ses cartes de jeu, alors qu'Ichigo et elle continuaient d'enchaîner les parties, jurant à voix basse chaque fois que l'autre marquait des points.
La porte s'ouvrit et Unohana finit par se présenter après plusieurs heures. Elle allait les saluer, mais lorsqu'elle remarqua que le garçon dormait, elle se contenta d'un signe de la main. Les deux autres répondirent silencieusement, et le capitaine médecin s'approcha pour examiner son patient.
« Nous lui avons raconté ce que nous avons dit hier soir. » chuchota Rangiku quand elle fut proche. Elle ne leva pas les yeux de ses cartes et posa un huit de pique sur le plateau improvisé de draps.
« Comment a-t-il réagi ? » demanda Unohana en vérifiant les statistiques que lui donnait la machine reliée à son masque.
« Pas très bien. » répondit Ichigo pour elle, posant à son tour une carte « Mais on ne le laissera pas tomber. » sa voix reflétait à quel point il était sérieux.
« Personne ne le fera. » confirma le médecin, posant la paume de sa main contre le front à moitié caché du garçon. « Nous pensons tous qu'il a assez souffert. »
Les deux amis hochèrent la tête, continuant leur jeu. Les prochaines minutes se passèrent dans le silence. Unohana vérifia le garçon, regardant aussi sa jambe, avant de prendre son carnet et de noter ce qu'elle venait d'observer. Rangiku et Ichigo tournèrent enfin la tête vers elle alors que leur partie venait de se terminer.
« Il peut rentrer. » annonça t-elle finalement « Mais je veux le voir tous les jours. » elle poursuivit, posant une nouvelle ventoline sur le matelas. « Celle-ci est plus forte. La douzième division et nous, travaillons pour comprendre et éliminer cette maladie. Cette ventoline contient ce dont il a besoin. Cela devrait l'aider pendant un certain temps. »
« Un certain temps ? » répéta Rangiku
« S'il continu à s'aggraver, même ça ne devrait plus suffire. » expliqua Unohana. Elle avait l'air complètement dépitée par la situation. Il n'arrivait jamais que la femme ne sache pas comment aider un patient. Le seul autre cas était Ukitake et sa maladie inguérissable.
Aucun des deux ne répondit, mais la gorge de Rangiku se serra. Elle pressa un peu plus le garçon contre elle et porta sa seconde main à sa joue, frottant sa peau douce avec son pouce.
« Nous pouvons rentrer ? » demanda t-elle, consciente que sa voix tremblait légèrement. Unohana hocha la tête, son sourire n'avait pas été présent de tout l'échange. « Ichigo, peux-tu me donner la veste qu'il y a dans ce sac, s'il te plaît ? » elle désigna un sac de course posé contre l'un des murs et la fraise s'exécuta.
C'était une veste simple, bleue marine avec des rayures blanches sur les bras. Elle était dans un style occidental, et Toshiro l'avait choisi lui-même.
Ichigo l'aida à la mettre autour du garçon qui gémit de protestation aux mouvements. Unohana enleva le masque de ses lèvres et Rangiku passa une main dans ses mèches blanches maintenant courtes et regarda son visage détendu avant de passer ses bras sous ses aisselles et de le soulever pour le caler sur sa hanche. Le garçon grommela quelque chose avant de soulever légèrement la tête de son épaule, confus quant à ce qu'il se passait.
« On rentre à la maison. » chuchota la femme en posant sa main libre contre sa nuque et en le poussant contre elle. Toshiro ne résista pas très longtemps avant de reposer sa tête contre son cou.
« À la maison ? » sa voix était enduite de sommeil et elle pouvait voir dans sa vision périphérique que ses paupières papillonnaient.
Rangiku fredonna d'accord et ramassa ses affaires, plaçant son sac à main sur son épaule libre. Ichigo lui fit signe de partir quand elle voulu prendre le sac de courses, et il l'attrapa avant de prendre les béquilles du garçon dans une main et de ranger la nouvelle ventoline dans sa poche. La femme lui fit un signe de tête et se tourna vers Unohana qui se tenait déjà à la porte, la leur tenant.
« Demain, nous aurons plus d'informations ? » demanda le capitaine de la dixième.
« Je l'espère. » répondit-elle en les laissant sortir.
Rangiku s'arrêta derrière la porte, se retournant pour lui faire face. « Merci, Unohana. ». La femme lui sourit en retour avant de poser sa main sur son épaule libre et de hocher la tête. Elle ne dit rien, mais Rangiku pouvait clairement voir la sincérité dans ses yeux. Elle finit par les laisser et disparu dans le couloir, laissant les deux adultes debout. « Allons-y » elle fit un nouveau signe de tête à Ichigo qui le lui rendit, et ils quittèrent l'hôpital, ne se pressant pas pour rentrer, marchant dans les rues désertes du Seireitei.
Elle sentit le garçon remuer un peu contre elle, avant qu'il ne pose son menton sur son épaule, regardant derrière elle. « Ran ? » sa voix était douce, et l'un de ses bras s'enroula autour de son cou.
« Oui, Chéri ? » elle ne pu empêcher le petit sourire de se former sur son visage.
« Est-ce-que je peux préparer le petit-déjeuné ? » un grand sourire fit son apparition.
« Il est 12h, Chéri, je pense que c'est plus le déjeuné que le petit-déjeuné. »
« Oh » il semblait déçu, son menton s'enfonçant un peu plus dans son épaule.
« Rien ne t'empêche de le faire quand même. » elle rassura alors qu'ils tournaient dans une nouvelle rue.
Le garçon hocha la tête et s'agrippa un peu plus fort à elle.
« Est-ce-que tu peux m'aider ? » elle pouvait clairement entendre l'insécurité dans sa voix.
« Avec plaisir » elle tourna la tête et enfonça ses lèvres sur sa joue. Elle put voir un petit sourire se dessiner sur son visage.
« Ran ? » il redemanda après quelques minutes. La femme fredonna et le garçon tourna son visage dans son cou. « Est-ce-qu'Ichigo peut rester manger ? »
« Eh bien, il faut lui demander. » elle jeta un coup d'œil à la fraise qui levait un sourcil interrogateur, n'ayant manifestement pas entendu la demande du garçon.
Toshiro se crispa d'inconfort contre elle et elle leva sa main pour la passer dans ses cheveux.
« Toshiro voudrait savoir si tu aimerais manger avec nous, Ichigo. » elle lui lança un regard entendu et ils partagèrent un sourire.
« Ouais, grave. » la fraise répondit, souriant comme un abrutit. « On pourra passer l'après-midi ensemble. » il leva un pouce en l'air vers eux et Rangiku gloussa en levant les yeux au ciel.
« Ce serait cool » la petite voix de Toshiro approuva depuis sa gorge et elle fit un signe approbatif à Ichigo.
Quand ils arrivèrent devant la porte de la maison, Toshiro avait à nouveau sorti son visage de son cou et regardait derrière elle, par dessus son épaule.
Heureusement, ils n'avaient croisé personne, puisque c'était dimanche, même si le garçon ne semblait pas s'en préoccuper plus que ça.
« Qu'est-ce-que tu veux manger, Chéri ? » Elle sortit les clefs de son sac et entreprit d'ouvrir la porte.
« Je ne sais pas, Ichigo devrait choisir. » Il n'avait pas l'air de vouloir descendre de ses bras, même après qu'elle eu fermé la porte.
« C'est vrai. » approuva t-elle, enlevant ses chaussures avec quelques difficultés. Elle se tourna ensuite vers la fraise qui était leur invité et leva un sourcil.
« Je ne sais pas, qu'est-ce-que tu as comme ingrédients ? » il haussa les épaules après avoir enlevé ses propres chaussures.
Rangiku marcha vers le canapé, suivi de l'homme. « Un peu tout. Je cuisine souvent sur des coups de tête, alors je suis prête à toutes éventualités. » Elle se pencha et déposa le garçon sur les coussins, l'aidant à enlever sa veste alors qu'Ichigo déposait ses béquilles contre la table basse. Elle retourna accrocher la veste sur le porte-manteaux de l'entrée, puis se dirigea vers la cuisine, ouvrant les différents placards. « Ouais, un peu de tout. » elle confirma alors que les deux garçons entraient derrière elle.
« Soupe miso ? On reste sur un classique ? » proposa alors Ichigo, ouvrant le frigo. Il avait pris l'habitude de faire comme chez lui depuis la mort de Toshiro. Il avait passé beaucoup de temps ici, ramassant les morceaux de la femme brisée. Ils étaient devenus particulièrement proches, et il connaissait les lieux par cœur, puisqu'il avait dû s'occuper d'elle à plusieurs reprises, notamment pendant des soirées un peu trop ressassant le passé. « Ou des ramens » il regarda un sachet de nouilles exposé dans un placard.
Rangiku se tourna vers Toshiro qui attendait assis sur une chaise de la table de la cuisine. Il croisa son regard et haussa les épaules « Soupe miso ? On a mangé des ramens hier... » Elle hocha la tête et frappa la main d'Ichigo qui essayait de prendre les premiers ingrédients dans le frigo.
« C'est Toshiro le Chef. C'est lui qui décide qui fait quoi, alors enlève tes sales pattes de là. » elle avertie.
« Sales pattes peut être, mais ça ne m'a pas empêché de te battre au ramis. » raya la fraise, refermant la porte du frigo.
« On a fait égalité, idiot. »
« Tu ne comptes pas la première manche ? » demanda t-il, levant un sourcil moqueur vers elle.
« C'était pour lui montrer comment jouer. J'expliquais ce que je faisais à haute voix, il n'y a aucun honneur à gagner là dessus. Cette manche ne comptait pas. »
« Tu dis ça parce que tu as perdu. »
« Nous avons fait égalité. » Ils partagèrent un regard de défi, avant qu'elle ne se tourne vers le garçon. « Chéri ? Qu'est-ce-que tu veux qu'on fasse ? »
La garçon regardait l'échange avec amusement, un léger sourire au coin des lèvres, bien que discret. Il secoua la tête pour remettre ses idées en place. « Tu peux t'occuper de la viande, Ichigo de l'accompagnement et moi des légumes ? »
La fraise fit la moue « Je voulais la viande. » Il était théâtralement dramatique.
« Tais-toi. Le Chef a parlé, maintenant met toi au travail. »
« Waw, quelle arrogance. D'où tu sors ça ? » il ouvrit la porte du placard pour sortir une casserole, alors qu'elle prenait les légumes et les tendait au garçon.
« De mes multiples victoires au ramis. »
« Je ne comprends pas. Tu joues avec quelqu'un d'autre ? Tu as trouvé plus nul que toi ? Sinon comment pourrais-tu même gagner ? » il rigola en faisant chauffer sa casserole.
« C'est une description de toi-même très pessimiste, Ichigo. Toutes ces défaites ne t-ont-elles pas rendu dépressif ? » Elle apporta ce dont Toshiro avait besoin pour travailler depuis sa place sur la table, et revint pour récupérer la viande.
La fraise rigola et se tourna vers elle, la menaçant avec une spatule en bois. « Dois-je en conclure que tu t'estimes meilleure que moi ? » il plissa les yeux.
Rangiku se tourna vers lui, portant une main à sa hanche et se penchant en avant, pas du tout impressionnée par la spatule.
« Je. Suis. Meilleure. Que. Toi. » elle accentua chaque mot, essayant de ne pas sourire alors qu'Ichigo était théâtralement offensé, portant une main à son cœur.
« Comment oses-tu mentir de la sorte ? » il se tourna vers sa casserole et commença à remuer ce qu'il préparait. « Je ne te crois pas. »
« Oh » la femme écarta dramatiquement une mèche de cheveux derrière son oreille avant de saisir un couteau pour couper sa viande. « Je n'ai pas besoin de ça. »
« Non, bien sûr, ton égo est trop grand. » ricana l'homme, secouant la tête.
« Aussi grand que mon talent. » affirma t-elle. « La reine du ramis. »
« La reine des bobards. »
Elle se tourna vers la fraise, les sourcils froncés dans une fausse contrariété. « Tu oses menacer une femme qui a un couteau ? » elle fit un signe vers ledit couteau planté dans la viande.
« Et toi un homme qui a une spatule. » répliqua Ichigo, menaçant une nouvelle fois le capitaine avec la cuillère en bois.
« Un combat féroce. » affirma la femme, sentant le coin de sa bouche s'élever d'ironie.
« Que je gagnerai. » renchérie t-il, son sourire déjà en place.
« Il n'y a aucune chance que tu gagnes contre elle. » vint la voix claire et enfantine derrière elle.
Les deux adultes se retournèrent pour voir Toshiro les fixer avec amusement. Rangiku fut légèrement surprise qu'il s'immisce dans leur petit débat, mais elle n'en fut pas moins ravie.
« Tu penses qu'elle- »
« Elle a toujours ce qu'elle veut. » le garçon coupa court à la prochaine réplique de la fraise. « Elle est trop forte. »
Elle savait qu'il faisait référence à toutes les fois où elle l'avait entraîné dans toutes ses idées bizarres, le forçant à faire exactement ce qu'elle voulait.
« Et toc » elle donna un coup de coude à Ichigo qui gémit théâtralement.
« Si même toi tu t'y mets. » il se retourna avec une moue vers sa casserole et Toshiro haussa les épaules avec désinvolture.
Rangiku lui fit un clin d'œil et le rouge monta aux joues du garçon alors qu'il détournait les yeux vers ce qu'il faisait. La femme gloussa pour elle-même et retourna à sa viande, profitant du léger silence avant qu'Ichigo ne revienne à la charge.
…
Ichigo venait de partir, rejoignant sa famille dans le monde des vivants. Il était bientôt l'heure de dîner, et la fraise voulait passer un peu de temps avec sa famille avant de reprendre le travail le lendemain.
Toshiro et lui avaient passé l'après-midi à jouer à différents jeux. Allant du jeu de cartes classique, aux jeux vidéos sur la télé du salon. Ichigo avait toujours insisté pour que Rangiku ait une console de jeu, pour qu'elle puisse se détendre et profiter, mais elle n'y jouait presque jamais. Mais Toshiro avait adoré. Il avait compris le principe après quelques parties et avait rapidement pris en main les touches. Ichigo avait presque regretté après vingt défaites sur Mortal Kombat. Rangiku avait refusé qu'ils jouent à des jeux trop violent, ou à des jeux physiques lorsqu'ils étaient sortis sur la terrasse pour prendre le soleil.
Étonnement, Ichigo avait respecté ça, écartant les jeux qu'il considérait comme 'trop violent' de la pile. Toshiro s'était mit une note mentale de penser à regarder ce qu'était GTA et Call of Duty plus tard.
Rangiku n'était pas restée avec eux tout l'après-midi, elle les avait laissé après avoir battu Ichigo au ramis et avait dit qu'elle devait aller régler quelque chose à la dixième, laissant les deux garçons chez elle.
Elle était revenue après le goûter et s'était installée dans son bureau. Toshiro savait qu'Ichigo et elle avaient échangé quelques instants avant que la fraise ne parte, mais il ne savait pas exactement de quoi ils avaient parlé.
Le garçon s'approcha du bureau que la femme occupait, et frappa doucement à la porte. « Qu'est-ce-que tu fais ? » il demanda en entrant.
Elle était derrière son bureau, écrivant quelque chose mais posant son stylo quand il apparu. Elle lui offrit un sourire et lui fit signe d'approcher.
« Je planifie ton travail. » elle répondit doucement, tirant une chaise pour qu'il s'asseye à coté d'elle. « Écoute, Chéri. Je sais que tu penses que tu es un poids pour moi et que tu me dois quelque chose, mais je te l'ai déjà dit, et je me répète, c'est faux. Tu ne me dois absolument rien, et je n'ai pas besoin de l'argent que ton travail pourra rapporter. Financièrement, on est bien, d'accord ? » elle s'était penchée vers lui et prenait sa joue en coupe, fixant ses yeux dans les siens. Toshiro déglutit mais hocha la tête à contre cœur. Elle lui avait déjà dit tout ça, mais il ne savait pas si oui ou non il était réellement convaincu. « Je ne veux pas que tu te forces à travailler parce que tu penses que j'en ai besoin. Si tu ne te sens pas, ne le fais pas. Je sais qu'en ce moment ce n'est pas facile, et ta santé n'aide pas. Alors promet moi que si tu ne te sens pas bien, que tu ne veux pas ou que quoi que ce soi ne va pas, tu arrêtes. »
Toshiro était surpris par l'inquiétude qu'il voyait au fond de ses yeux et il sentit une boule dans son ventre.
Il souhaitait travailler parce qu'il ne voulait pas qu'elle soit obligée de tout le payer. Il voulait participer et ne pas être un poids. Il vivait sous son toit, mangeait sa nourriture, et elle s'occupait de lui toute la journée.
« Je veux travailler. » il déclara doucement, baissant les yeux. Il n'était pas sûr de lui, il ne savait en réalité pas vraiment ce qu'il voulait. « Je sais que ton salaire est largement suffisant pour nous deux, mais… Pour ma bonne conscience ? » il leva des yeux incertains vers elle, reprenant un peu de volonté quand elle hocha la tête. « Ma santé se dégrade et en réalité, je ne sais pas si je suis capable de travailler toute une journée, mais peut être quelques heures par jour ? » il fronça les yeux d'incertitude quand elle lâcha son visage et se tourna vers son bureau, attrapant une feuille.
« Je t'ai fait un planning. Trois ou quatre heures par jour max, avec une pause toutes les deux heures. » elle lui montra le papier où ses horaires étaient inscrits. « Tu feras de la paperasse, ou de l'observation. Ton rôle sera de voir les trous dans le système là où Sora et moi, on ne les a pas vu. Tu as toujours été doué pour ça et ce n'est pas physique. Tu pourras rester assis, même lorsque tu regarderas un entraînement. » elle chercha son regard, et Toshiro hocha la tête. Cela semblait être convenable, compte tenu de ce qu'il pouvait faire en ce moment. Sa jambe l'empêchait de trop bouger, et sa maladie de faire le moindre effort physique, il était normal qu'il ne puisse faire que de l'administratif. Mais cela ne le dérangeait pas. « J'ai fait installer un bureau dans un petit local au bout du couloir de mon bureau. Il n'est pas très grand, mais tu auras ton intimité. Tu ne seras pas très loin de moi, donc en cas de problème on sera à coté. » elle lui sourit avant d'ouvrir un tiroir de son bureau. « Et tiens, les clefs de la maison. »
Toshiro prit le double dans ses mains et les fit tourner de nervosité, ses yeux se baissant.
« Tu n'étais pas obligée… »
« Bien sûr que si. Nous sommes vivons sous le même toit. »
« Je voulais dire… On est pas sûr que j'en aurais réellement l'utilité… » il sentit la boule dans son ventre s'alourdir. « On est pas sûr que dans un mois je sois encore là. » sa voix sortait en un murmure, la gorge se serrant.
Il vit le corps de Rangiku se crisper et il serra la mâchoire. Il n'aurait pas dû dire ça, même si c'était une évidence.
Une main ferme prit son visage en coupe et le força à relever les yeux. Le regard de sa mère était dur et il se sentit déglutir.
« Je t'interdis de dire ça. On va se battre et on va vaincre cette maladie, tu m'entends ? Personne ne te laissera tomber et les meilleurs sont actuellement en train de trouver une solution. » le ton qu'elle utilisait signalait qu'aucune objection ne serai de-mise, mais le garçon restait quand-même incertain.
« Et s'ils ne trouvent pas ? Ukitake n'a pas de solution pour sa maladie. Peut être que mon cas n'est pas différent. »
« Ou peut être qu'il l'est. » Répondit sévèrement Rangiku « Nous trouverons, Toshiro. »
Le garçon déglutit une nouvelle fois. L'assurance avec laquelle elle lui promettait qu'il allait s'en sortir était presque réconfortante. Il avait presque envie d'y croire.
Il regarda une nouvelle fois le double des clefs dans ses mains et hocha la tête, lui faisant confiance.
Il sentit les deux mains de la femme passer sous ses aisselles et le soulever pour qu'il soit finalement assis sur ses genoux. Toshiro se retrouva dans l'étreinte de la femme avant même qu'il ne puisse s'en rendre compte. Il y avait une main sur sa tête qui le forçait contre elle, et il sentit les lèvres de la femme dans ses cheveux. « On va trouver. » les mots étaient plus doux et sentimentaux.
Les bras du garçon s'enroulèrent autour d'elle et il prit une grande respiration.
Unohana avait raison Il ne voulait pas mourir.
…
« Voilà ton bureau. » chanta Rangiku en ouvrant la porte du local.
Le garçon claudiqua dans la pièce et observa. Effectivement, c'était assez petit. Le bureau paraissait grand, collé au mur, laissant à peine de quoi s'asseoir derrière. Il y avait une autre chaise de l'autre coté, pour s'il avait un visiteur. Il y avait une petite fenêtre sur le mur contre lequel la table était, éclairant directement la surface du bois poli. Des feuilles et des stylos étaient exposés sur le dessus, attendant d'être utilisés. C'était assez sobre, mais tout à fais convenable.
« C'est cool. » il dit, s'asseyant à sa place. Il posa ses béquilles derrière lui et regarda Rangiku qui attendait à l'entrée. « Merci. »
La femme haussa les épaules, regardant autour de la pièce « C'est assez petit, mais tu es tout seul. Mon bureau est là bas et ceux des huitième et neuvième sièges sont juste à coté si tu as besoin. » elle montra par dessus son épaule les directions indiquées.
Toshiro pouvait dire à sa façon de se tenir qu'elle était toujours un peu réticente à ce qu'il soit là, mais elle ne dit rien à ce sujet.
« Qu'est-ce-que tu veux que je fasse aujourd'hui ? » il regarda son bureau où seulement quelques papiers attendaient. Il n'en n'aurait pas pour longtemps à les faire.
« Ces papiers sont des récapitulatifs de tout ce qu'il s'est passé les sept derrières années. Lis les. Dans une vingtaine de minutes, Aiko devrait t'apporter de quoi t'occuper. »
Il hocha la tête, prenant déjà le premier papier pour regarder les grandes lignes. « Rien d'urgent à faire en priorité ? »
« Pas aujourd'hui. Je veux d'abord que tu te familiarises avec toutes les nouvelles choses et m'assurer que tout va bien se passer. Demain tu auras peut être plus de 'croustillant' »
Toshiro leva un sourcil. « Je ne vois pas en quoi faire de la paperasse pourrait 'mal se passer' »
La femme souffla et haussa les épaules. « Je sais. » elle s'approcha de lui, contournant le bureau et attrapa sa tête pour venir embrasser son crâne. Le garçon rougit et vérifia instantanément si personne n'arrivait dans le couloir. « N'oublie pas : à midi tu as fini. » elle repartie comme si de rien n'était et ferma la porte derrière elle.
Toshiro souffla et regarda la pendule. Il était déjà neuf heures. Elle avait insisté pour qu'il aille voir Unohana avant de commencer et c'était l'une des raisons pour lesquelles ils s'étaient levés tôt aujourd'hui.
Réprimant un bâillement, il lut correctement la première feuille. Il allait devoir reprendre l'habitude de se lever tôt.
Comme prévu, Aiko lui a apporter de nouveaux dossiers et il passa le reste de la matinée à les traiter.
Les choses n'avaient pas extrêmement changées depuis qu'il était mort. Il y avait, comme l'avait souligné Rangiku, beaucoup de nouvelles recrues, mais d'autres choses, comme les finances n'avaient pas eu de grands changements. Après tout, sept ans étaient assez courts dans une vie de shinigami. Le Seireitei n'avait pas non plus évoluer à tel point qu'il en était irreconnaissable.
Quand midi est arrivé, Toshiro finissait son dernier dossier. Rangiku le connaissait trop bien. Elle savait exactement combien de temps il mettait pour remplir les documents et lui en avait donné autant qu'il lui en fallait pour tenir jusqu'à midi, mais pas plus. Adieu les heures supplémentaires.
Il ferma son bureau avec la clef que Rangiku lui avait laissé et rentra tranquillement chez lui. Le vent glacial souffla, et même si le soleil tapait et qu'il était midi, il était heureux d'avoir la veste que lui avait acheté sa mère. La marche dura plusieurs minutes et il rencontra quelques soldats partant eux-mêmes en pause déjeuné. Ils se saluèrent mutuellement et continua sa route.
Il se fit quelque chose de rapide à manger, ne se préoccupant pas réellement du goût.
Il allait devoir trouver quelque chose à faire si chaque jour, il avait plusieurs heures à ne rien faire. Il décida qu'aujourd'hui, il allait simplement jouer à la console, puisque la vielle, cela avait été une des meilleures choses qu'il avait fait avec Ichigo. Et puisque Rangiku n'était pas là, il pourrait tester l'un des jeux qu'elle lui interdisait.
Avec un sourire narquois, il s'installa sur le canapé, allumant la console et lançant le jeu nommé Grand Theft Auto V qu'Ichigo avait raccourcie en GTA.
Il s'est alors rendu compte que les vivants pouvaient parfois créer des choses… déroutantes.
…
Toshiro boudait. Il boudait comme un enfant.
Lui, de tout le monde, il avait été puni dans sa chambre. Comme un enfant.
Rangiku avait été plus que mécontente de le voir jouer à ce jeu quand elle était rentrée. Elle lui avait fait la morale avant de le congédier dans sa chambre, avec interdiction d'en sortir jusqu'au dîner.
Et pourquoi diable obéissait-il ?
Pourquoi restait-il assis sur son lit, alors qu'il pourrait aller argumenter ? C'était ridicule. Il avait vu des choses bien pires que ce que ce jeu vidéo pouvait lui montrer. Avait-elle oublié qu'il était un ancien capitaine ?
Mais il restait dans sa chambre, assis sur son lit, son genou contre sa poitrine et le menton posé dessus. Ses bras étaient enroulés autour de sa jambe, et les doigts pendant de l'une de ses mains jouaient nerveusement avec les bandages de son membre meurtrie. Cela faisait plusieurs heures maintenant, mais il refusait de bouger.
Il boudait.
Il n'aurait pas dû jouer à ce stupide jeu. Il le savait. Mais cela avait été plus fort que lui. En plus, ce n'était pas déplaisant. C'était même assez drôle de pouvoir faire ce qu'il voulait sans qu'il n'y ait de conséquences. Mais il comprenait pourquoi Rangiku ne voulait pas qu'il y joue. C'était violent et sans limite, vulgaire et pas du tout réaliste. Personne ne pouvait faire ce que les personnages faisaient avec autant de facilité. Mis à part le divertissement, ce jeu ne pouvait apporter que des problèmes.
Il savait qu'il n'aurait pas dû y toucher, et c'était le plus frustrant. Rangiku ne lui avait jamais interdit des choses à moins qu'il n'y ait une vraie raison. Il savait qu'elle ne le ferait pas pour l'énerver ou le frustrer.
Il souffla face à sa propre bêtise, mais sa respiration se bloqua. Il toussa, jurant intérieurement contre sa maladie.
Ses bras se décroisèrent et il passa ses mains dans ses poches pour trouver sa ventoline. Elle n'était pas là. Merde.
Il fronça les sourcils alors que son cœur s'emballait. Ses yeux s'écarquillèrent et il regarda frénétiquement autour de lui à la recherche de l'objet.
Elle n'était pas là. Elle n'était pas là.
Sa respiration empira, le rendant soudainement essoufflé et incapable de prendre de l'air.
'Ne panique pas. Où l'as tu laissé ?' Il se força à prendre une respiration, mais cela se solda par un nouvel échec.
Son genou se déplia et il attrapa ses béquilles. Il devait la trouver.
'Salon' une nouvelle voix dans sa tête fit s'éclaircir ses idées. Bien sûr. Il avait laissé sa ventoline sur la table basse pendant qu'il jouait. L'objet était pressé contre son torse alors qu'il se penchait en avant et lui occasionnait une gêne.
Sa tête tourna quand il se leva et il retomba sur son lit. Il essaya d'avaler plus d'air pour calmer les vertiges, mais rien n'y fit.
Il avait chaud. Très chaud. À tel point que son front était maintenant humide.
« Ran » il tenta, mais sa voix sortie si faible qu'il n'était même pas sûr que quelqu'un juste derrière sa porte ne puisse l'entendre.
Il se leva une nouvelle fois. Se stabilisant péniblement sur ses béquilles alors que la nausée établissait un chemin dans son œsophage.
Des tâches noires sont apparues quand il a ouvert la porte de sa chambre, le forçant à cligner des yeux plusieurs fois avant de faire quelques pas tremblants.
Le monde tournait très dangereusement autour de lui et il se déplaçait exclusivement grâce à sa connaissance des lieux plutôt qu'à sa vision.
« Toshiro, je t'ai dit que tu n'avais pas le droit de sortir de ta chambre tant que je ne t'y autorisais pas ! » il pouvait entendre la voix en colère de Rangiku venant de la cuisine à travers le sang qui tambourinait contre ses tympans.
Le garçon essaya de répondre quelque chose, mais il s'étouffa. Il n'arriva même pas à tousser tellement sa gorge semblait obstruée par quelque chose d'invisible.
« Toshiro ! » Rangiku avait l'air vraiment mécontente de ne recevoir aucune réponse, et il tomba.
Le monde ne fut qu'un flou noir pendant quelques secondes avant qu'il ne puisse enfin tousser. De la salive coula de son menton alors qu'il n'avalait plus, essayant simplement d'avoir de l'air, et seulement de l'air. Il poussa un gémissement plaintif mais cela n'aida en rien.
Des mains vinrent l'attraper et le retourner, avant qu'il ne soit redresser en position assise. Rangiku lui parlait, mais il n'était pas capable de distinguer un seul mot. Les points noirs de sa vision étaient de plus en plus gros et il réussi à porter une main à sa poitrine alors qu'elle brûlait horriblement.
Il fut déposé contre quelque chose de dur et les mains sur lui passèrent sous son kimono. Il secoua la tête, quelque chose de visqueux sortie de sa bouche, créant un peu plus d'agitation de la part de la femme. Il leva un doigt de son poing attaché à son propre vêtement, dans ce qu'il espérait être la direction du salon. Les mains disparurent quelques secondes plus tard, pour revenir en un instant sur lui. Un objet fut introduit dans sa bouche et il ferma les yeux.
Il prit une respiration bancale alors que Rangiku utilisait enfin sa ventoline et il se remis à tousser. Le nouveau médicament qui avait été mis dedans semblait remarquablement bien faire son travail.
Sa tête, qui était appuyée contre ce qu'il pensait être l'un des murs du couloir, fût prise par une main et redressée.
Son souffle était meilleur mais il pouvait sentir que la panique arrivait aussi à grand pas.
Putain de merde, il ne voulait pas mourir comme ça.
Une nouvelle fois, la ventoline lui délivra un souffle qui lui permis de prendre une grande respiration, qui cependant, fut coupé par son propre sanglot.
Il ne voulait pas mourir. Il ne voulait pas mourir putain.
Son cœur battait terriblement fort dans ses oreilles, et la sensation dans sa poitrine passa de la douleur horrible de l'étouffement, à la froideur incongrue de la peur.
Son visage était pris en coupe et tout ce qu'il pouvait faire était respirer difficilement entre les quelques sanglots qui osaient sortirent.
« Toshiro, écoute ma voix. » il pouvait l'entendre, mais c'était lointain. « Regarde moi. » Il ne pouvait pas. Ses yeux étaient flous. De points noirs, de peur ou de larmes, qu'importe, mais il ne pouvait pas. « Tu peux respirer. Calme toi. » Elle parlait avec calme, mais le garçon ne pouvait tout simplement pas.
Sa seconde main se leva et accrocha quelque chose devant lui, qui devait appartenir à la femme. Immédiatement, une des mains quitta son visage pour venir entrelacer leurs doigts. Toshiro pouvait sentir qu'il tremblait pathétiquement mais il n'arrivait pas à prendre une grande et reposante respiration.
La main que Rangiku avait prise, fut collée contre sa propre poitrine et frottée. « Tu vois, tout va bien. » il se força à se concentrer sur le mouvement de vas et viens qui était exécuté contre sa peau.
« Pas… »
« Tu peux. Tu peux respirer. Calme toi. » Rangiku s'assit à coté de lui et colla son corps au sien. La main qui ne tenait pas la sienne passa derrière ses épaules et la prise devint ferme et sécurisante. « Calme toi. » sa voix était plus douce, plus attentive.
Toshiro ferma les yeux et rejeta la nausée qui remonta dans sa gorge. Elle ne paniquait pas. Elle ne l'emmenait pas d'urgence à la quatrième division et ne s'alarmait pas. Elle était assise à coté de lui, calme bien qu'inquiète.
Il n'allait pas mourir. Pas maintenant du moins.
Il toussa et essaya de prendre de grandes et profondes respirations. Elles sortaient bâclées et fébriles, mais elles sortaient, c'était la seule chose sur laquelle il devait se concentrer : il pouvait respirer.
Toshiro porta sa main libre au genou de la femme, où il prit son habit entre ses doigts. Il voulait lui montrer qu'il l'avait entendue. Qu'il essayait.
Sa tête se posa contre son épaule et il la sentit ajuster sa prise sur lui.
« C'est bien, Chéri, continu comme ça. » le bras autour de ses épaules se détendit légèrement et ses doigts vinrent frotter sa peau, remontant jusqu'à la nuque et ébouriffant les quelques cheveux rasés à la base de son cou.
Toshiro pouvait sentir que le monde redevenait peu à peu clair quand il rouvrit les yeux pour les voir tous les deux assis dans le couloir.
« Je peux… respirer. » dit difficilement le garçon entre deux sifflements.
« Bien sûr que tu peux. » confirma la femme, déposant une baiser au sommet de son crâne. « Détend toi. »
« Tu ne me… lâches pas, hein ? » ses doigts se resserrèrent autour de ceux de Rangiku. Sa présence le calmait.
« Pour rien au monde. » elle murmura, posant son menton sur sa tête et le pressant un peu plus contre elle. Son cœur commença à ralentir doucement alors qu'elle faisait de petits mouvements de droite à gauche.
Les minutes qui suivirent furent accentuées par les quelques respirations bancales du garçon et les mots encourageant du capitaine.
Son corps arrêta progressivement de trembler et sa prise sur sa mère se desserra progressivement.
« Comment tu te sens ? » sa voix était douce mais inquiète, bien qu'elle ne bougea pas.
Stupide, inutile, aéré, faible, mourant, soulagé… il avait pleins d'adjectifs à lui donner, mais il ne savait pas exactement lequel choisir.
« Vivant » fut la réponse qu'il donna, après quelques minutes d'hésitation. Il soupira, enfonçant un peu plus sa tête dans la prise de Rangiku, faisant bien attention à la façon dont tremblait sa respiration.
« Est-ce-que tu te sens assez bien, ou est-ce-que tu préférerais qu'on aille à la quatrième division pour avoir l'avis d'Unohana ? »
Les sourcils du garçon se froncèrent de réflexion. La crise était arrivée assez soudainement, mais il pensait qu'elle était finie. Sa respiration était revenue et son corps semblait se remettre doucement. Il ne voulait pas déranger inutilement le médecin, surtout si au final, il devait passer la nuit là-bas.
« C'est bon. On ira la voir demain. » de toute manière, il devait aller à la quatrième tous les jours.
« D'accord » elle semblait un peu réticente, mais accepta quand-même. « Tu as faim ? Le repas devrait avoir finit de cuire maintenant ? »
Toshiro profita de l'étreinte encore quelques secondes avant de hocher la tête. Oui, il mourait de faim.
Il s'écarta légèrement pour la laisser se faufiler hors de leur câlin, avant de tendre lentement les mains vers ses béquilles qui gisaient sur le sol, abandonnées depuis sa chute. Cependant, des bras vinrent le saisir sous les aisselles et il se retrouva soulever du sol et posé sur la hanche de Rangiku.
Il regarda avec surprise la femme, qui plongea des yeux bleus bébés dans les siens. Le soutenant avec une seule main, elle envoya l'autre coiffer ses cheveux blancs, grimaçant quand quelque chose lui apparu.
« Tu as une bosse. Tu as dû te la faire en tombant. Tu as mal ? » elle continua à passer ses doigts dans ses cheveux courts, mais posa simplement sa main sur sa tête quand Toshiro la secoua négativement, et se pencha vers elle.
Avec les pieds, Rangiku déplaça les béquilles pour les mettre contre le mur, et non au milieu du couloir, et se dirigea vers la salle de bain. Après avoir allumé la lumière, elle déposa le garçon sur le bord du lavabo et ouvrit l'un des placards. Elle en sortie une simple crème anti inflammation et commença à l'appliquer sur de petite bosse de son front. Toshiro fronça les sourcils aux légers picotements, mais ne bougea pas.
Une fois finie, elle se rinça les mains avant de le reprendre dans ses bras et d'aller dans la cuisine, où elle le fit s'asseoir sur une chaise pendant qu'elle finissait le repas. Toshiro pouvait voir que son attention était encore grandement dirigée vers lui alors qu'elle jetait des coups d'œil pour le vérifier.
Elle lui parla ensuite de la façon dont la onzième division souhaitait organiser un entraînement commun, et à quel point elle n'avait pas envie. Mais elle pensait que cela pouvait être une bonne façon pour ses hommes de découvrir d'autres techniques et méthodes. Toshiro donna des conseils, levant les épaules quand elle lui demanda s'il voulait venir voir l'entraînement, puis hocha la tête quand elle lui dit que ce ne sera pas comptabilisé dans ses heures de travail, et qu'il pouvait voir ça comme 'un passe temps'.
La soirée se passa doucement, ils discutèrent de tout et de rien, de l'avancé de la division à toutes les choses stupides (achats) que Rangiku avait fait dans le monde des vivants les sept dernières années.
Mais au moment de se coucher, Toshiro ne voulait pas être seul, pas après qu'il ait compris qu'il pouvait potentiellement mourir à tout moment. Alors il se faufila dans la chambre de Rangiku, ne répondant que par un grognement à la question qu'elle lui posa quand il entra dans la pièce déjà sombre, lui demandant si tout allait bien. Il referma la porte et claudiqua dans le noir avant de poser ses béquilles contre la table de chevet et de grimper sur le lit. Il trouva immédiatement la forme de la femme et s'allongea dessus, fermant les yeux quand ses bras forts mais doux vinrent s'enrouler autour de lui. Il la laissa ajuster la couverture sur eux deux alors qu'il plongeait son visage dans son cou et soupira de contentement lorsqu'une main vint frotter ses fins cheveux jusqu'à ce qu'il s'endorme.
…
« Garde-à-vous ! » un soldat cria quand Tanaka et lui rentrèrent sur le terrain d'entraînement.
Les hommes se sont alors précipités pour se mettre en rang et se tenir droit devant leur lieutenant. Toshiro était un peu impressionné par la façon dont ils agissaient formellement face au gamin. Il se rappelait encore comment cela avait été un combat pour lui d'obtenir le respect de ses hommes à l'époque, et des regards sales qu'il recevait. Pourtant les soldats qui se tenaient devant eux n'avaient rien de moqueur dans les yeux, ou aucun ne surjouait sa position pour humilier le petit lieutenant.
« Messieurs » commença le garçon brun, la voix enfantine mais posée et strict. Toshiro savait qu'il était dans son rôle de lieutenant, mais il restait satisfait de la façon dont il s'exprimait. « Aujourd'hui nous allons pratiquer la technique au sabre. Certains d'entre-vous ont des difficultés à l'escrime et nous allons tenter de remédier à cela. » Toshiro se pinça la lèvre pour ne pas laisser son sourire se répandre sur son visage. L'escrime n'était pas la qualité première de Tanaka, et il était amusant de voir la détermination inscrite sur son visage. Le gamin lui jeta un coup d'œil incertain avant de reprendre. « Hitsugaya est ici afin de noter et aider à améliorer ce qui ne va pas. Je compte sur vous pour lui offrir de belles prestations. » Certains hommes qu'il connaissait lui envoyèrent des signes de tête reconnaissant, et Toshiro reconnu notamment son ancien neuvième siège dans le lot.
Rangiku lui avait demandé un rapport sur les entraînements pour la fin de la semaine, alors quand Sora a dit qu'il devait donner une session ce matin, à 11h, Toshiro a sauté sur l'occasion. En plus, il aurait la possibilité de voir le gamin se battre, et de juger par lui-même ce qu'il valait réellement, et si sa mère avait bien fait de le prendre comme second. Un bon vice-capitaine devait avoir plus de qualité que simplement des notes 'presque' parfaites et une capacité à parler fort devant des hommes.
Il regarda les soldats se battre depuis sa place sur un rocher, mais son attention était également tourné vers le gamin.
Son zanpakuto était court, contrairement à Hyorinmaru qui avait toujours été beaucoup trop grand pour être porté à la taille. Il le tenait à une main et exécutait des mouvements de base avec. Les quelques techniques qu'il utilisait était réalisé à la perfection, mais Toshiro remarqua qu'il n'en faisait aucun qui nécessitait une grande technique. Il se contentait de ceux qu'il connaissait et maîtrisait, mais le jeune ex-capitaine fronça les sourcils : cela n'était pas au niveau d'un lieutenant. Rangiku et Unohana lui avait dit qu'il avait de nombreuses qualités, même si son escrime lui faisait défaut.
« Lieutenant Tanaka. » il appela, utilisant le grade du gamin devant les hommes.
Le garçon se tourna vers lui et il courba un doigt pour lui dire d'approcher.
« Un problème ? » Sora demanda en passant une main dans ses cheveux humides de sueur et lui offrant un sourire incertain.
« Pourquoi tu n'utilises que des techniques de base ? » raya l'autre garçon, levant un sourcil interrogateur.
Le jeune lieutenant sembla hésiter, avant de se frotter l'arrière de la tête. « Je ne maîtrise pas vraiment d'autres techniques, Monsieur… » il baissa les yeux de façon honteuse et Toshiro sentit une pointe de colère le traverser.
« Ne m'appelle pas comme ça. » il gronda, et les épaules du garçon s'affaissèrent. « Tu es là pour t'entraîner au même titre que les autres. Si tu n'essayes pas de te perfectionner maintenant, tu ne t'amélioreras jamais. »
Sora gloussa nerveusement, sans humour. « Si les hommes me voient échouer, ils arrêteront de me considérer réellement. Je sais ce que vous avez vécu quand vous être arrivé pour la première fois ici… »
Alors il était aussi incertain que lui. Il avait les mêmes doutes depuis le début. Toshiro sentit un petit sourire amical se répandre sur son visage.
« Tiens toi droit, relève la tête et essaie. Les hommes n'ont pas besoin de voir que tu réussis, mais que tu essaies. C'est ta détermination qui les fera te respecter, ton envie de te battre, ta loyauté sans faille. Si tu te donnes à fond, ils te suivrons. Crois moi. »
L'incertitude du gamin se transforma rapidement en espoir, et ses yeux étaient pétillants. Son sourire revint à la charge et il s'inclina devant lui. « Oui, Merci Monsieur ! » il tourna les talons et retourna se placer. « On donne tout les gars ! » il cria avant de balancer son épée.
« Ne m'appelle pas comme ça » grogna Toshiro en baissant la tête sur son carnet et notant les nouvelles informations.
Il regarda quand même la suite de l'entraînement. Le gamin se ratait, mais réessayait, et bien qu'il y ait de nombreuses failles dans ses mouvements, Toshiro était content qu'il suive ses conseils.
Rangiku méritait d'avoir un bon lieutenant.
Ses techniques étaient vraiment mauvaises, du moins, c'est ce qu'il voyait avec son œil d'expert. Aucun des autres hommes ne semblait même s'en soucier. Il devrait peut être lui donner quelques petites astuces plus tard pour qu'il s'améliore.
L'entraînement touchait à sa fin, et Toshiro commençait à s'ennuyer. Il se leva en calant son calepin sous son bras et claudiqua avec ses béquilles vers la sortie du terrain. Il en avait assez vu pour faire un long rapport.
Il pouvait entendre derrière lui Sora mettre fin à l'entraînement et discuter avec quelques soldats de la façon dont la séance s'était bien passée.
« Hey ! Hitsugaya ! » une voix masculine l'appela et un homme marchait vers lui quand il se retourna. Il n'était pas encore vraiment habitué à l'utilisation de son nom sans titre, mais se força à ne pas le montrer. Après tout, cet homme n'avait rien fait. « Est-il possible de voir ce que vous avez écrit sur moi ? » il demanda rapidement en s'arrêtant devant lui.
« Je ferai un rapport au Capitaine et c'est elle qui vous dira où vous améliorer. » répondit avec calme le garçon, faisant déjà demi-tour pour sortir définitivement du terrain.
« Ce n'est pas pour savoir où je dois m'améliorer » rappela la voix du type au cheveux noirs, lui faisant retourner la tête vers lui. « Je veux savoir si vous en valez la peine. »
« Je te demande pardon ? » Toshiro ne s'attendait pas à ça. Jamais un shinigami (qui savait qui il était) n'avait jamais osé lui parler ainsi.
« Je ne vous ai pas connu en tant que Capitaine. Mais vous êtes mort au combat, et vous vous laissez tabasser par n'importe qui. Je me demande juste si vous savez vraiment vous battre. Montrez moi votre carnet. » l'homme était parfaitement sérieux et le garçon se sentait un peu dérouté.
« Que tu m'aies connu en tant que Capitaine ou non, ne justifie pas la façon dont tu me parles. Je suis mort en me battant, et au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je n'ai plus de pouvoir et j'ai des béquilles. Essaie d'être à ma place et tu verras que ce n'est pas très simple. » il cracha en retour. Pour qui cet homme se prenait-il ? Comment osait-il remettre en question ses compétences ?
« Alors vous ne verrez pas d'inconvénient à ce que je regarde si votre analyse est bonne ? » l'homme attrapa le carnet du garçon avant qu'il ne puisse faire un geste et l'ouvrit.
« rend le moi ! » ordonna le garçon, mais il se contenta de hausser les épaules et de feuilleter les pages.
Le soldat gloussa sans humour et lança un regard furieux à l'ex-capitaine « Vous ne connaissez même pas nos noms et vous vous permettez de juger notre manière de nous battre ? » il continua à regarder avec amertume les pages avant de froncer les sourcils. « Vous critiquez mon revers ? C'est pourtant la chose qui m'est souvent félicitée. »
« Tu te reposes trop sur tes acquis. Tu pourrais encore l'améliorer. » cracha Toshiro en arrachant le carnet de ses mains alors qu'il se tenait en équilibre sur une seule béquille. « Pour ce qui est des noms, je ne vous connais pas encore tous. Alors fais moi meilleure impression et peut être que je retiendrai le tien. » raya t-il avant de se tourner et de partir.
Cet abruti. Comment osait-il ? Certes il n'était plus capitaine, mais il y avait tout de même un respect à avoir !
« Je pense que je vais avoir des problèmes pour ça, mais je vais te remettre à ta place, enculé. »
L'homme marmonna derrière lui et Toshiro fronça les sourcils. Comment l'avait-il appelé ?
Il allait se retourner pour répondre, mais quelque chose transperça la peau de son dos, de son épaule gauche à sa hanche droite, et il poussa un cri de surprise alors qu'il perdait l'équilibre. Sa tête entra assez violemment en contact avec le sol, assez pour le sonner quelques secondes.
Que venait-il de se passer ?
« Comment tu le trouves mon revers, alors ? » cracha la voix de l'homme au dessus de lui.
Le monde tourna alors qu'il était face contre terre et des voix rapides résonnèrent au même moment dans ses oreilles.
« Tatsumi ! Qu'est-ce-que tu fais ?! » il reconnu la voix sévère mais inquiète de Tanaka.
« Rien Monsieur, je remettais ce morveux à sa place. »
Puis une douleur atroce explosa le long de son dos alors que le coup était enfin enregistrer par son corps.
Putain, venait-il de lui trancher le dos ?
Il cria de douleur, essayant de tendre la main derrière lui pour apaiser le supplice, mais rien n'y fit.
Plusieurs personnes étaient au dessus de lui, et des serviettes ont été appuyé contre son dos alors que le sang coulait abondement. Il pouvait presque voir la flaque visqueuse sous lui se répandre sur le sol.
« Soldats, emmenez Tatsumi dans les dortoirs, il n'en sort pas tant que le capitaine ou moi n'en donnons pas l'ordre. Appelez la quatrième division, demandez le Capitaine Unohana. Je m'occupe de lui. » l'ordre était clair dans la voix du lieutenant.
Les hommes se sont exécutés sans rien dire, disparaissant rapidement et ils se retrouvèrent tous les deux sur le terrain. Les nombreuses mains qui tenaient les serviettes appuyés contre son dos ont été remplacé par de plus petites.
« Hitsugaya. Monsieur. Respirer calmement. Restez avec moi. »
Toshiro se rendit compte qu'il commençait à paniquer. Ses yeux se remplirent rapidement de larmes et il essaya de bouger pour que le gamin ne puisse pas le voir.
Respirer
Il devait respirer.
L'une de ses mains essaya de se glisser sous lui pour attraper sa ventoline qui était bloquée entre son torse et le sol, mais le mouvement le fit gémir de douleur et sa respiration se bloqua.
Il pouvait sentir le sang à l'intérieur de son kimono, couler le long de ses cotes et s'accumuler en dessous de lui.
Putain, putain, putain !
…
Rangiku sortait de son bureau, elle avait besoin de prendre l'air. En plus, de l'agitation à l'extérieure avait attiré son attention.
« Capitaine ! » à peine refermé la porte qu'un soldat lui sauta dessus. Le pauvre homme était transpirant et son visage était aussi pâle que sa ceinture.
« Quoi ? » demanda rapidement la femme, perdant son sourire.
« Hitsugaya a été blessé, Madame. » Il reprit difficilement son souffle. « Le Lieutenant nous a dit qu'il s'occupait de lui, mais j'ai pensé que vous devriez le savoir. »
Le cœur de Rangiku rata un battement et son visage perdit toute couleur. Sans même répondre à l'homme, elle utilisa le shunpo pour disparaître et courir vers là où elle sentait le reitsu affolé de son second.
« Sora ! » elle appela en voyant le garçon en tournant rapidement devant les portes du terrain d'entraînement.
Son lieutenant était agenouillé dans une flaque rouge, appuyant avec une serviette complètement imbibée sur le dos de Toshiro, allongé dans son propre sang.
Sa bouche s'ouvrit dans une tentative de faire quelque chose, mais le reste de la couleur de son visage s'évapora.
« Capitaine. » Sora appela en retour quand il leva la tête, les yeux larmoyants.
Rangiku s'approcha et tomba à genoux de l'autre coté du corps de Toshiro, essayant de contrôler ses émotions. Elle ne savait plus ce qu'elle pensait.
Elle était morte d'inquiétude par ce qu'elle voyait, la façon dont les épaules de son fils convulsaient alors qu'il cherchait de l'air. Mais elle sentait une colère noire monter dans sa poitrine. Qui avait osé faire ça ? Qui avait osé touché un seul cheveux de Toshiro ?
Elle attrapa une autre serviette qui était déposée sur le sol. Les soldats avaient manifestement essayé de contrôler l'hémorragie avec les serviettes dont ils se servaient pendant leur entraînement.
Elle la posa au dessus de celles qui étaient déjà rouges de sang et releva les yeux vers son lieutenant alors qu'elle appuyait pour stopper le flux.
« Qui ? » elle cracha, bien plus énervée qu'elle ne l'avait voulu. « Qui a fait ça, Sora ? »
Le garçon leva son regard vers elle et déglutit. Ses yeux étaient larmoyants et ses mains tremblaient dans leurs prises.
« Tatsumi » il était incertain. Il s'en voulait.
« Tatsumi a fait ça ? » elle répéta, sa voix grondante et le regard mortelle. Toshiro gémit de douleur alors qu'elle appuyait plus fort. « Tu as laissé Tatsumi faire ça ? » elle cracha.
Le garçon sembla surpris par la déclaration avant de baisser la tête, les épaules tremblantes.
« Je… Je suis désolé, Madame. Je n'ai pas vu… »
« Je t'avais demandé de garder un œil sur lui ! »
Sora baissa un peu plus la tête et sa prise sur les serviettes se fit hésitante.
« Je suis désolé. »
Rangiku sentit son cœur se serrer en entendant la détresse dans sa voix, et elle le regarda un peu plus attentivement. Ses épaules convulsaient, comme s'il essayait de ne pas pleurer et ses mains étaient ensanglantées et tremblantes. Le garçon semblait complètement terrifié.
Puis elle se rappela le commerçant jetant Toshiro hors de son magasin, comment les autres enfants ont essayé de le frapper. Elle n'avait pas sût le protéger elle-même. Elle avait confiance en Sora, elle savait qu'il ne voulait pas faire mal. Il suffisait juste d'une seconde d'inattention pour que tout bascule. Elle l'avait elle-même expérimenté.
« Non, c'est moi qui suis désolée. Tu n'y es pour rien. » Elle posa une main sur la sienne, voulant qu'il comprenne qu'elle n'était pas réellement en colère contre lui.
Puis quand il hocha la tête, bien que rapidement et sans la regarder, elle dirigea son attention sur Toshiro, qui quant à lui, semblait complètement paniquer. Ses yeux étaient tournés vers elle mais regardaient loin devant, complètement écarquillés.
« Toshiro, respire, je suis là, ça va aller. » elle lâcha alors la main de son lieutenant pour venir la passer dans les cheveux courts de son fils. Sa paume ensanglantée étala du sang entre ses mèches, mais cela n'avait pas d'importance, puisqu'il y avait du sang partout.
« Maman » la voix essoufflée de Toshiro n'était qu'un gémissement alors que la moitié de son visage était enfoncé dans la boue.
« Sora, est-ce-qu'il a prit sa ventoline ? » elle chercha des yeux l'objet mais redoutait qu'il soit coincé sous le corps du garçon blessé. « Sora ? » elle regarda alors son lieutenant qui avait toujours la tête baissée. Sa main dans les cheveux de Toshiro vint agripper le menton de l'autre garçon, et elle le força à le regarder. « Regarde moi. Calme toi. » elle n'avait pas besoin que les deux paniquent. Tanaka prit un souffle tremblant alors qu'une seule larme coulait sur ses joues, s'écrasant contre la main du capitaine. « Sora, est-ce-que tu l'as vu prendre sa ventoline ? »
Elle doutait fortement qu'elle était toujours sous le corps de Toshiro, mais elle ne voulait pas risquer de le déplacer et d'aggraver sa blessure si l'objet était ailleurs.
Le jeune lieutenant secoua le tête, les yeux écarquillés. « N… Non. »
Rangiku hocha la tête de manière encourageante. « Est-ce-que tu as fait appelé la quatrième ? »
Sora sembla se réveiller légèrement et renifla. « O… Oui. Le Capitaine Unohana. » la femme lâcha sa tête mais garda le contact visuel.
« Reste appuyé. Tu as bien fait. Tu as fait ce qu'il fallait. » elle l'encouragea quand il prit une respiration hésitante.
« Maman » la voix brisée de Toshiro l'appela et elle se tourna immédiatement vers lui.
« Chéri, je dois prendre ta ventoline. Tu fais une crise. Ça va sûrement faire mal, mais je n'ai pas le choix. » elle passa une main dans ses cheveux, mais Toshiro gémit.
« Je… Je peux pas bouger. » il toussa, faisant sortir un peu plus de sang de son dos et gémissant pathétiquement.
« Je sais. Il ne faut pas que tu bouges. Je vais aller la chercher. Ça va aller. » elle commença à glisser sa main sous son corps, mais le garçon hurla de douleur.
C'était bien plus que ce à quoi elle s'était attendue.
« …Non… » sanglota l'enfant, ses lèvres virant au violet inquiétant.
« Je suis désolée, Toshiro, mais tu as besoin d'air. Je vais faire plus- »
« Maman. » coupa le garçon en respirant difficilement. Il faisait un effort monumental pour parler. « Je sens… Je sens plus mes jambes. » il toussa et du sang sorti de sa bouche.
Comment ça il ne sentait plus ses jambes ?
Rangiku sentit son cœur tomber pour ce qui devait être la quatrième fois en si peu de temps. Elle sentit ses émotions devenir beaucoup trop fortes, et elle prit une grande respiration. Les deux garçons avaient besoin qu'elle reste calme. La situation était complexe, très complexe, mais elle ne pouvait pas se permettre de perdre pieds. Toshiro était déjà dans un mauvais état, et elle risquait de le perdre si elle n'agissait pas avec calme au moins jusqu'à ce que la quatrième arrive.
« Chéri, ça va aller. D'accord. Tout va bien se passer. » elle vit que ses doigts près de son visage s'ouvraient et cherchaient quelque chose, alors elle glissa sa main dans la sienne « Je suis là. » elle serra sa main et elle pouvait voir les larmes couler depuis ses yeux vitreux. « Je dois atteindre ta ventoline, Toshiro. » c'était nécessaire. Il ne pouvait pas respirer. Et il était en apnée alors qu'il avait une hémorragie. Il avait besoin de pouvoir respirer.
« Non… » sa voix se fit suppliante et Rangiku était sûre qu'elle était entrain de mourir intérieurement.
« Si tu ne la prends pas, tu- »
« S'il te plaît » il sanglota, sa main se resserrant autour de la sienne.
« D'accord » elle concéda. Elle ne pouvait pas lui faire ça. La quatrième allait arriver et les aider. « D'accord. » elle se pencha vers lui et déposa un baiser sur sa tempe visible. « Mais tu respires. Tu ne t'arrêtes pas. Tu te bats. » c'était des ordres. Elle n'allait pas lui laisser le choix que de respirer.
Un simple gémissement douloureux lui répondit, et elle ne le lâcha pas du regard.
Elle le fixa pendant les prochaines douloureuses minutes qui suivirent. Elle le regarda se battre pour de l'air, fermer et ouvrir difficilement les yeux. Elle le rappela chaque fois qu'il était sur le point de perdre. Elle regarda le sang couler de sa blessure, et celui qui se mélangeait à sa salive dans sa bouche. Elle regarda ses yeux vitreux fixer les vides, rouges et larmoyants. Elle le sentit serrer et desserrer ses doigts autour des siens, sa main moite et froide dans la sienne. Elle le regarda pleurer en silence, déchirant son cœur et ravivant sa colère.
« Matsumoto ! »
La voix la sortie de sa contemplation, coupèrent ses mots rassurants qu'elle murmurait à l'oreille du pauvre garçon.
Elle prit quelques secondes pour se rappeler que quelqu'un venait de l'appeler alors qu'elle quittait enfin le visage de son fils des yeux.
Unohana s'approchait rapidement d'eux, des infirmiers courants derrière elle. Le visage de la femme médecin était tordu d'inquiétude face à ce qu'elle voyait, et elle s'agenouilla en face d'elle, Sora se décalant légèrement pour qu'elle ait une meilleure vue.
« Que s'est-il passé ? » elle demanda rapidement en soulevant les serviettes complètement imbibées de sang pour examiner la blessure.
« Une attaque à l'épée. » répondit simplement Rangiku, ne connaissant pas non plus les détails. Elle prit une grande respiration en regardant l'autre femme découper les restes du Kimono vert, maintenant complètement rouge, de Toshiro « Il ne peut pas respirer, mais sa ventoline est coincé sous lui. Je n'ai pas réussi à la lui prendre : le moindre mouvement le fait souffrir à l'agonie. Il m'a aussi dit qu'il… Qu'il ne sentait plus ses jambes. » la dernière partie était si douloureuse que sa voix se bloqua dans sa gorge. « Il a perdu beaucoup de sang, et a du mal à rester conscient. »
Elle essaya de lui faire un petit rapport sur ce qu'elle savait déjà. Unohana avait hoché la tête et parlait maintenant à ses subordonnés.
Sora et elle ont rapidement dû s'écarter pendant qu'ils essayaient de stabiliser le garçon. Toshiro gémit quand elle lâcha sa main, mais ni l'un ni l'autre ne pouvait réellement faire quelque chose.
Sora se tenait debout à coté d'elle, regardant avec horreur les médecins mettre le garçon sous oxygène et échanger les vielles serviettes contre des compresses neuves. Rangiku fit un pas en avant quand un hurlement de douleur retentit lorsqu'il essayèrent de le manipuler. Toshiro tendit la main vers elle, ses yeux la suppliant alors que les larmes coulaient. Il avait l'air complètement terrifié, et elle finit de faire les quelques pas qui les séparèrent pour venir entrelacer ses doigts avec les siens. Personne ne lui dit quoi que ce soit, alors elle resta là, dans la vision du garçon paniqué, frottant ses cheveux et lui murmurant des mots encourageants. Elle se déplaça sans faire d'histoire chaque fois qu'elle gênait pour une quelconque raison, jusqu'à ce que Toshiro finisse enfin par s'évanouir, et qu'Unohana lui demanda de reculer.
Alors, elle se tint en retrait et l'équipe médicale mit plus de dix minutes à arrêter l'hémorragie sans kido, car le corps du garçon ne pouvait pas le supporter. Ils mirent une dizaine de minutes de plus pour retourner le garçon et le stabiliser sur le brancard.
Unohana demanda à Rangiku de s'occuper de son lieutenant qui semblait près à s'évanouir avant de les rejoindre à la quatrième, puisque de toute manière, elle ne pouvait pas faire grand-chose de plus pour le moment pour Toshiro. Elle finit par accepter, presque à contre cœur, et les regarda quitter le terrain d'entraînement avec leur précieuse charge.
Elle continua à fixer l'emplacement vide par lequel l'équipe médicale avait disparu. Son cœur battait fort, très fort.
Toshiro avait été attaqué. Quelqu'un avait utilisé une épée contre lui. Quelqu'un l'avait coupé à tel point qu'il se vidait de son sang.
Elle sentit sa colère monter en flèche. Ses mains commencèrent à trembler de rage, jusqu'à ce qu'elle entende le bruit de quelqu'un qui vomissait derrière elle.
Elle se retourna pour voir Sora agenouillé devant l'un des murs et vidant le contenu de son estomac. Le gamin tremblait assez violemment et il sursauta presque quand elle posa une main sur son épaule.
D'abord Sora, ensuite Tatsumi, puis enfin Toshiro.
« Cap… Capitaine, je suis désolé. » il semblait complètement fautif et les larmes dans ses yeux témoignaient de la façon dont il se sentait responsable.
« Que s'est-il passé exactement ? » elle demanda en le tirant doucement vers le haut et le déplaçant loin de l'odeur nauséabonde. Elle le laissa s'asseoir contre le mur et s'agenouilla devant lui.
« Il… Il… » il passa ses mains nerveusement dans ses cheveux et Rangiku vit à quel point il était encore un enfant.
« Sora regarde moi. » Elle leva son menton du bout de ses doigts et fixa son regard dans le sien. « Tu as fait ce qu'il fallait. En appuyant sur la plaie, tu as diminuer le flux sanguin, et tu lui as sauvé la vie. Alors calme toi, Unohana s'occupe du reste. » la dernière partie était aussi pour se rassurer elle-même.
Honnêtement, elle ne savait pas comment elle faisait pour rester aussi calme. Elle ne savait pas comment elle avait fait pour ne pas fondre en larmes et paniquer en voyant son fils dans son propre sang, comment elle était arrivée à gérer Sora et Toshiro, ou comment elle continuait à respirer.
« Il… Il prenait des notes, pour le rapport que vous lui aviez demandé. » commença le garçon, calmant sa respiration pendant qu'il parlait. Rangiku hocha la tête pour l'encourager. « Tatsumi l'a abordé à la fin de l'entraînement, mais je pensais qu'il lui demandait des conseils. Je ne me doutais qu'il allait… Je suis désolé. » Sa voix était assez enfantine, et elle se rendit compte que c'était sûrement la première fois que son lieutenant voyait autant de sang.
« C'est bon. Calme toi. Tu as très bien réagit. Tu as donné les bons ordres et tu as été réactif. » elle lui serra la main, et il hocha la tête, baissant les yeux.
« Vous pensez qu'il va… Enfin, ça va aller pour le Capitaine Hitsugaya ? »
Son cœur se serra. Bien sûr, Sora considérait Toshiro comme son héro. Le voir ainsi, l'appeler 'Maman', pleurer, hurler, cela avait dû être traumatisant pour lui.
« Bien sûr que ça va aller. Toshiro est un battant. » Elle tapota sa main avec ses doigts de façon encourageante, avant que son regard ne se fronce. Il lui restait une dernière chose à faire avant de se précipiter à la quatrième et de laisser la mère en elle éclater d'inquiétude. « Maintenant, dis moi où est Tatsumi. »
…
En quelques minutes seulement, elle se retrouva devant les dortoirs des hommes. Il y avait une foule anormal de soldats à l'intérieur et à l'extérieur, et tous se turent et reculèrent quand elle approcha.
Son visage était aussi meurtrier que si elle affrontait des hollows, et ses propres hommes reculèrent en voyant son expression. Elle s'en moquait pour le moment. Ryo Tatsumi était un homme mort. Ou du moins, elle allait faire en sorte qu'il le souhaite.
Elle avait réfléchi à ce qu'elle allait faire de lui, et la meilleure chose était de pourrir sa vie. Elle allait le détruire.
Elle ouvrit les portes des dortoirs sans se préoccuper de la gène qu'elle pourrait occasionner dans l'intimité de ses soldats. Le silence était tel que les mouches pouvaient être entendues et ses yeux balayèrent la grande pièce à la recherche de sa cible.
L'homme n'était pas très difficile à repérer. Ce fumier était assis sur son futon, les jambes croisées et la regardait avec une légère inquiétude.
« Pourquoi a-t-il encore son arme ? » demanda Rangiku, sa voix aussi glaciale que pouvait l'être celle de Toshiro. Les sept derrières années lui avaient donné une réputation de froideur, et elle comptait bien leurs démontrer qu'elle pouvait toujours être glaciale, même si Hitsugaya était revenu.
Un soldat s'approcha lentement du futon, son regard sur elle comme s'il avait peur qu'elle lui saute dessus. Il attrapa le zanpakuto de Tatsumi et recula aussi vite que possible.
Le fautif déglutit alors qu'elle plongeait son regard mortel dans le sien, et qu'elle s'approcha pour se tenir à quelques mètres.
« Que pensais-tu faire ? » sa voix était calme, contrairement à ce qu'elle ressentait, et c'est sûrement pour ça que beaucoup de regard inquiets circulaires autour d'elle.
« Je suis désolé. » l'homme s'excusa, passant de sa position décontracté à une position de soumission alors qu'il se mettait à genoux.
Rangiku augmenta sa pression spirituelle, et certains soldats haletèrent à l'aura meurtrière qui émana soudainement d'elle.
« Tu m'en vois ravie » cracha t-elle, et l'homme frissonna. « Tu comprends que si le Vice-Capitaine Tanaka n'avait pas été là pour contrôler l'hémorragie, il serait mort ? »
Elle n'avait pas Haineko sur elle, et c'était une bonne chose pour lui.
Tout ce que fit Tanaka fut de déglutir.
Elle s'approcha un peu plus et il essaya de reculer.
« Tu comprends que si tes camarades n'avaient pas été là, tu aurais été responsable de la mort de Toshiro Hitsugaya ? Ex-capitaine de la dixième division ? Ta division. » Tatsumi pâli et recula un peu plus. Rangiku en avait marre de ce petit manège, et elle le cloua au sol avec son reitsu. « Tu comprends que s'il meurt, je t'en tiendrai personnellement responsable ? » elle le fusilla du regard « Je t'assure, Tatsumi, que s'il ne s'en remet pas complètement, je te tuerai moi-même. » Elle vit tous ses hommes reculer.
Jamais, un capitaine n'avait menacé de mort l'un de ses soldats.
« Mais… ! »
« Mais quoi ? » cracha t-elle. « Tout le monde ici sait ce qu'il représente pour moi, n'est-ce pas ? » elle leva les yeux vers ses autres hommes qui s'empressèrent de hocher la tête. « Alors en l'attaquant, tu savais ce que cela me ferai. Donc, tu t'en prenais à ton propre Capitaine. » le coupable perdit les dernières couleurs de son visage et la regarda la bouche ouverte, sans qu'aucun mot ne sorte. Rangiku se redressa lentement de toute sa hauteur, gardant un contact visuel avec sa cible. « Arrêtez-le. » l'ordre était clair dans sa voix, et toute réticence n'était pas acceptée. Ses hommes hésitèrent une brève seconde avant de saisir Tatsumi et de l'immobiliser. « Ryo Tatsumi, pour avoir attaqué un ex-capitaine des Treize divisions de protection de la cours, aussi enfant à l'état civil, blessé, désarmé et non prêt au combat, je t'arrête et te condamne à la cellule jusqu'au verdict définitif du Central 46. » Elle s'approcha de lui et tira l'uniforme de ses épaules, déchirant le tissu et le laissant pendre sur ses bras liés. « Je ne veux plus jamais te voir à la dixième division. Tu n'es plus chez toi ici. Tu n'es plus le bienvenu. » elle jeta un coup d'œil au visage blanc de l'homme, avant de se tourner vers ses subordonnés. « Emmenez-le. »
Sans attendre une seconde de plus, le cortège disparu par les portes des dortoirs, et Rangiku permit à sa pression spirituelle de redescendre.
Le silence pesant ne disparu pas pour autant, et ses hommes continuaient à la regarder avec un mélange d'admiration et de méfiance.
« Qui sont ceux qui sont intervenus après l'attaque ? » elle essaya de détendre sa voix, mais le tressaillement que certains eurent la firent douter.
Quatre hommes s'avancèrent, partageant des regards inquiets. « Nous, Madame ? » L'un d'eux fit un signe à ses trois autres camarades qui hochèrent la tête avec réticence.
Rangiku les jaugea pendant quelques secondes avant d'acquiescer et de détendre ses épaules. « Vous trois avez été remarquables. Sans vous, Toshiro serait probablement déjà… mort. Alors, je vous remercie de lui avoir sauvé la vie. Vous pouvez prendre le reste de votre journée. »
Les yeux des quatre hommes s'écarquillèrent de surprise et d'espoir, avant de partager des regards victorieux. Il était rare que Rangiku donne des jours de congés sur un coup de tête, mais ils l'avaient mérité. Ils avaient sauvé la vie de son fils.
« Les autres, je compte sur vous pour nettoyer le terrain d'entraînement. » Elle jeta un coup d'œil autour d'elle et fronça les sourcils. « Passez un coup ici aussi, et aérer les pièces, vous puez. » elle essaya de leur offrir un petit sourire amusé, bien que la situation soit, pour elle, plus que critique, et cela sembla détendre ses hommes qui s'inclinèrent et commencèrent déjà leurs tâches.
Certains vinrent même lui poser des questions sur la suite des évènements, et elle y répondit avec autant de sincérité qu'elle pu, puisqu'elle ne savait pas non plus.
Les minutes s'écoulèrent rapidement, et Rangiku commença à perdre patience et s'excusa auprès de ses hommes pour pouvoir s'éclipser. L'air frais de la fin de matinée la frappa, et elle prit une grande respiration avant de sortir son téléphone et de commencer à marcher vers la quatrième division. D'après Unohana, il ne servait à rien de courir, et bien qu'elle meurt d'envie d'utiliser le shunpo et de débouler dans la salle d'opération dans laquelle Toshiro devait sûrement être, elle prit le temps de souffler.
Elle ne pouvait rien faire tant qu'il n'était pas sorti des mains d'Unohana et qu'une chambre ne lui était pas attribuée.
« Salut Rangiku. » la voix enjouée d'Ichigo résonna dans son téléphone après quelques sonneries. L'appeler avait été comme un réflexe. Elle avait prit l'habitude de le faire chaque fois qu'elle s'était sentie mal ces sept derrières années.
« Ichigo, est-ce-que tu peux venir ? »
« Merde… » vint la réponse presque instantané de l'homme. « Qu'est-ce qu'il se passe ? C'est Toshiro ? Il a fait une rechute ? »
Rangiku fit une pause, prenant une grande respiration.
« Pas exactement… »
« OK, OK » elle pouvait entendre que la fraise bougeait rapidement de l'autre coté du téléphone. « J'arrive. » ce simple mot envoya une vague de réconfort intense à la femme, dont les mains tremblaient. « Je te retrouve à la quatrième ? » l'évidence dans cette question était palpable et son cœur se serra « Ran ? »
« Ouais » Répondit-elle finalement « À la quatrième. »
Elle ne tarda pas à raccrocher, et les bâtiments de l'hôpital commencèrent à apparaître.
Elle détestait cet endroit. Elle détestait tout ce que ce lieu représentait.
Prenant son courage à deux mains, elle pénétra dans l'enceinte du boxe principal, et fut immédiatement conduite dans une salle d'attente, qui serait sûrement sa chambre pour les futures heures.
…
« J'ai le rapport du gamin. »
Rangiku tourna la tête du dossier qu'elle écrivait pour voir Ichigo entrer et soulever les papiers qu'il était parti chercher. Elle avait appelé Sora pour lui demander d'écrire ce qu'il s'était passé sur le terrain d'entraînement le plus clairement possible.
Après une longue discussion avec Ichigo dans la salle d'attente, ils étaient tous les deux d'accord que l'homme qui avait fait ça, Ryo Tatsumi, devait payer. Le jeune père de famille n'était pourtant pas comme ça, d'habitude, il protégeait les autres, et faisait tout pour qu'il ne leur arrive rien. Mais pas cette fois. L'homme était allé trop loin. Il n'y avait rien à sauver de cet acte plus que barbare, et la justice devait être rendue.
Pendant qu'elle terminait d'écrire son compte-rendu, Ichigo était allé récupéré celui du jeune lieutenant, s'assurant qu'il allait bien après ce que Rangiku lui avait raconté.
« Très bien, j'ai presque fini. » elle lui fit signe de le poser sur le bureau de fortune qu'elle avait improvisé, à savoir la table de chevet, et conclu son rapport.
L'évènement a eu lieu il y a plusieurs heures maintenant, et Unohana avait fini d'opérer le garçon il y a de cela deux heures. Les nouvelles qu'elle avait alors apporté étaient déroutantes.
Toshiro avait perdu l'usage de ses jambes.
La lame avait touché sa colonne vertébrale et tranché l'une de ses vertèbres.
Unohana ne pouvait rien faire, les nerds étaient morts et sans pression spirituelle, elle ne pouvait pas utiliser le kido sur son corps pour le guérir.
Rangiku ne savait plus contre qui elle était le plus énervée : Tatsumi pour avoir privé le garçon de ses jambes, ou le quincy qui avait volé son pouvoir, pour avoir empêché de le soigner.
Elle avait fondu en larmes au moment où Unohana avait quitté la pièce, la laissant dans les bras d'Ichigo qui essayait de la réconforter, en vain.
Elle n'était pas arrivée à trouver le quincy, mais si elle savait bien une chose, c'est que Ryo Tatsumi ne reverrai pas la lumière du jour avant un long, très long moment.
« Ran » appela doucement Ichigo, penché au dessus du corps de Toshiro, frottant ses cheveux de manière apaisante et lui souriant. « Salut, mon grand. »
Rangiku se leva alors, et fit le tour du lit. Le garçon était tourné sur le coté, pour que son dos ne supporte pas le poids de son corps alors qu'il était allongé face au plafond. Il était orienté face à la porte et avait tout en système de maintien pour que sa tête ou son dos ne bougent pas.
Les yeux du garçon étaient ouverts mais vitreux, et il leur jeta un regard avant de fixer le vide devant lui, indifférent à la main dans ses cheveux.
Avant même qu'elle ne comprenne ce qu'il se passe, ses yeux se sont embués et les larmes ont coulé sur ses joues pour atterrir sur l'oreiller en dessous, dans lequel la moitié de son visage était enfoui. Une main tremblante se leva et se posa près de sa tête, et ses doigts s'enroulèrent faiblement autour du tube qui rentrait dans sa bouche.
Unohana avait expliqué la nécessité de l'intuber, la maladie et le stress avait poussé le garçon à un taux dangereusement bas d'oxygène.
« Toshiro, ne touche pas ça » Rangiku fit le tour d'Ichigo pour s'agenouiller devant lui et poser sa main sur la sienne. Mais le garçon ne réagit pas au touché, et tira faiblement sur le tube, essayant de l'enlever. « Chéri- »
« Hmmmmm » un long gémissement de douleur la coupa, et le garçon s'effondra en sanglots, toussant alors que le tube l'empêchait de prendre une grande respiration.
« Toshiro, calme toi. Unohana t'a donné des médicaments, ça va aller. » Ichigo essaya de le rassurer, mais encore une fois, l'enfant fit comme s'ils n'étaient pas là.
Ses pleurs sont devenus désespérés, et Rangiku pouvait voir dans ses yeux sarcelles que l'envie de se battre avait complètement disparu. Le monde entier venait de lui tomber dessus, et la femme ne savait pas quoi faire à part regarder, impuissante, le garçon comprendre ce qu'il se passait.
« Chéri » elle essaya de l'appeler, mais le garçon semblait complètement perdu dans la réalisation de son état « Je suis là. » elle l'embrassa sur sa joue libre, gouttant les larmes salées.
Elle ne lâcha pas sa main, même si la nausée montait dans sa gorge alors qu'elle regardait Toshiro s'effondrer sur lui même.
« Que se passe t-il ? » demanda la voix reconnaissable d'Unohana derrière elle.
Ichigo répondit pour elle « Il… Il essaie d'enlever le tube » la propre voix de l'homme était serré, et Rangiku était sûre qu'elle pourrait voir des larmes dans le fond de ses iris.
« Ça va aller, je suis là. » elle frotta les cheveux courts du garçon, sa voix craquant et les larmes coulant sur son visage parfait.
Toshiro était son monde, et elle était entrain de le perdre.
Une main se posa sur son épaule, et elle tourna la tête pour voir Unohana la regarder avec peine.
« Je suppose que nous pouvons au moins le lui enlever pendant un moment. » jusqu'à sa prochaine rechute. Le sous-entendu était clair.
Rangiku fixa la femme pendant plusieurs secondes avant de hocher la tête et de renifler. Elle s'écarta du garçon non-réactif aux touchés, et Ichigo enroula ses bras autour de son bassin, l'attirant dans son étreinte.
« Je suis désolé. » il murmura à son oreille, et cela fit mal, très mal. La réalisation que la vie de Toshiro était gâchée était clair, et même Ichigo semblait avoir perdu espoir.
Même s'ils parvenaient à trouver une solution pour sa maladie, Toshiro ne pourrait plus jamais marcher. Le bas de son corps et son bassin étaient immobilisés, le garçon ne pourrait plus jamais les bouger.
Ils regardèrent, complètement impuissants la femme médecin essayer de communiquer avec l'enfant qui ne semblait pas vouloir répondre à quelque stimulation que ce soit. Toshiro s'effondrait sur lui même, et le désespoir était une évidence dans ses yeux flous de larmes. Rangiku imaginait ce qu'il pouvait penser en ce moment, et elle s'accrocha à Ichigo quand ses genoux faiblirent.
Il ne voulait plus vivre.
Elle pouvait le voir dans ses yeux. L'envie de vivre avait totalement disparu. L'envie de se battre, d'avancer, d'essayer avait été anéanti.
Elle regarda avec effroi le tube glisser hors de sa gorge alors qu'Unohana faisait aussi doucement qu'elle le pouvait. Le garçon toussa, de la salive sortant abondement de sa bouche alors qu'il respirait fortement. Mais il ne semblait pas s'en soucier. Il continuait à regarder devant lui, comme si le monde n'existait pas.
Unohana essaya la bouche du garçon alité, puis s'agenouilla au niveau de son visage, entrelaçant ses doigts avec les siens. « Toshiro, est-ce-que tu m'entends ? » il n'y eu aucune réponse de l'enfant « Serre ma main si tu m'entends » Rangiku regarda les doigts du garçon rester parfaitement immobiles, et elle renifla, portant sa main à sa bouche alors qu'un sanglot voulait la quitter. « Est-ce-que tu peux me regarder ? » demanda à nouveau la femme médecin.
La seule réaction qu'ils eurent fut les pleurs du garçon qui s'intensifièrent.
« Toshiro… » murmura Rangiku, le cœur se brisant en des millions de fragments. C'était tellement douloureux.
Elle ne pouvait rien faire pour l'aider. Rien.
Tout ce dont elle était capable était de regarder l'univers de son fils se détruire et le faire sombrer avec lui.
Unohana soupira et se releva, continuant à tenir la main du garçon avant de finalement le lâcher et de se tourner vers eux. « Je suis désolée, mais s'il ne veut pas être aidé, je ne peux pas faire grand-chose de plus. » sa voix reflétait la défaite, et les yeux de Rangiku furent à nouveau attirés par la forme immobile du garçon.
Ne veut pas être aidé
Toshiro ne voulait plus.
Rangiku s'avança et tomba à genoux devant son fils, prenant sa main dans la sienne, et caressant ses cheveux de façon erratiquement.
« Chéri ? » elle demanda, et son cœur fit mal une seconde fois quand il ne répondit pas. « Je suis là d'accord ? Je ne bouge pas. » Le garçon sanglota encore et ferma les yeux, se refermant sur lui-même et s'éloignant d'elle. Rangiku embrassa sa joue, sa tempe, sa mâchoire… ses lèvres restèrent contre sa peau froide et humide alors qu'elle murmurait. « Je t'aime, et rien ne changera ça. Je t'aime plus que tout, Toshiro. Alors je t'en pris… Je t'en supplie, bat toi. » sa voix se brisa, et elle ferma les yeux contre sa peau alors qu'elle essayait de ne pas pleurer.
Le garçon convulsa légèrement sous elle alors qu'il semblait s'effondrer à nouveau, et pour la première fois depuis qu'il s'était réveillé, ses doigts se refermèrent légèrement autour des siens.
C'était léger et faible, mais Rangiku aurait pu mourir de soulagement. Elle sourit stupidement contre sa peau, et resserra sa prise sur sa main.
« C'est ça, mon grand, reste avec moi. » sa voix était encourageante et suppliante à la fois.
« Ma… man » la voix de Toshiro était rauque, humide et brisée. Il n'y avait aucune trace d'espoir alors qu'il prononçait ces quelques mots. « Je peux pas… »
Les pleurs prirent le relais, et Rangiku continua à l'embrasser et à le serrer aussi fortement qu'elle le pouvait. « Je sais. » elle frotta ses cheveux, relevant la tête pour regarder ses yeux. « Je suis là. »
Elle ne voyait que la défaite dans ses iris sarcelles, et la première chose qui la traversa fut à quel point elle serait prête à sacrifier le monde pour le voir sourire.
« Dor… mir » la voix brisée du garçon l'appela.
« Tout ce que tu veux, mon cœur. » Rangiku hocha la tête, l'embrassant avant de tourner son regard vers le médecin et la fraise qui les observaient avec douleur. « Il voudrait… il voudrait pouvoir dormir. » elle dit plus fort, espérant qu'Unohana pourrait l'aider.
La femme hocha la tête et s'avança rapidement pour mettre quelque chose dans l'intraveineuse du garçon.
Toshiro ferma les yeux, attendant que le médicament face effet, et Rangiku regarda ses pleurs diminuer et s'arrêter quelques secondes plus tard. La prise sur ses doigts, aussi minime soit elle, s'affaiblit, mais elle ne bougea pas.
Les deux autres adultes quittèrent la pièce pour les laisser seuls, et quelques minutes après qu'ils aient fermé la porte, la réalité frappa une nouvelle fois, et elle explosa en sanglots, cachant son visage dans l'épaule de Toshiro.
Elle resta dans cette position pendant de longues et agonisantes minutes, jusqu'à ce qu'Ichigo revienne et ne l'aide à se relever. Il la tint dans ses bras, ne disant rien mais avec une prise ferme.
La nausée frappa à nouveau, et Rangiku voulait juste que cette situation n'existe pas. Elle laissa les ténèbres l'engloutir alors que la fraise la berçait doucement, et elle s'évanouie dans les bras de l'homme, priant tout ce qu'elle pouvait pour que la vie de Toshiro puisse redevenir meilleure.
…
« Nous l'avons trouvé. »
Le cœur de Rangiku s'arrêta alors que Yamamoto prononçait ces simples mots.
« Trouvé… Qui ? » la réponse était une évidence dans son esprit.
Toshiro était dans le coma. Sa maladie avait finalement frappé encore plus fort, et Unohana n'avait pas eu d'autre choix que de l'intuber quand il s'était évanoui en vomissant. Le garçon ne s'était toujours pas réveillé depuis, même si d'après les médecins, s'était pour le mieux. L'appareil respirait maintenant pour lui, ses poumons et ses voies respiratoires ayant arrêté de fonctionné par eux mêmes. La situation était comme ça depuis maintenant deux semaines, et Rangiku n'en pouvait plus.
« Le Quincy qui a volé les pouvoirs de Hitsugaya. »
Bien-sûr. Yamamoto avait ordonné à la douzième division de se lancer dans les recherches après que Toshiro ait perdu l'usage de ses jambes. Le vieil homme comprenait la situation du garçon, et faisait son possible pour l'améliorer.
« Où… Où est-il ? » demanda précipitamment la femme
« Dans le monde des vivants, caché parmi eux. » l'homme passa une main dans sa longue barbe. « Une équipe va être montée pour le combattre. Non seulement il a le pouvoir de l'un de nos anciens Capitaines, ce qui le rend particulièrement dangereux, mais nous ne savons pas s'il a des informations sur nous et sur notre organisation. Nous devons l'arrêter. »
« Je souhaiterai faire partie de cette équipe, Monsieur. »
Yamamoto la considéra quelques secondes. « Êtes-vous sûrs, Capitaine, que vous pouvez supporter cela ? »
Rangiku le regarda droit dans les yeux. Elle allait y aller, qu'il le veuille ou non, et il le savait. Elle donnerai le monde à Toshiro, et si cela voulait dire passer les cent prochaines années en prison pour désobéissance, qu'il en soit ainsi.
« Bien-sûr que oui. »
…
« Ichigo » Rangiku s'approcha de l'homme, contournant le capitaine Soifon qui attendait comme le reste de l'équipe. « Tiens » elle lui tendit une enveloppe, et la fraise leva un sourcil.
« C'est pour quoi ça ? » il lui jeta un regard et Rangiku haussa les épaules. Cela faisait un certain temps maintenant qu'elle avait retrouvé son attitude froide d'après guerre. Ses pensées étaient constamment tournées vers son fils alité, et elle était redevenue le capitaine glacial et strict d'avant la renaissance du garçon. « Ran ? »
« On ne sait jamais, Ichigo. » la femme le regarda droit dans les yeux. « Tu te souviens ? Je t'ai dit que je redonnerai ses pouvoirs à Toshiro, quel qu'en soit le prix. » elle répéta les mots qu'elle lui avait dit au chevet du garçon et lui tendit l'enveloppe avec plus d'insistance. « Si quelque chose m'arrive, tu- »
« Non, Ran. Tout va bien se passer. »
« Ichigo. J'irai jusqu'au bout s'il le faut. Alors s'il m'arrive quelque chose, tu donneras ça à Toshiro quand il se réveillera. »
Elle insistait réellement. Bien-sûr qu'elle espérait qu'elle allait revenir. Bien-sûr qu'elle voulait revoir les orbes sarcelles magnifiques du garçon. Mais le plus important pour elle, était de le savoir heureux. Et si elle devait mourir pour ça, alors elle allait mourir.
« Fais en sorte de revenir, alors. » L'homme lui arracha presque l'enveloppe des mains et lui lança un regard furieux mais inquiet. Il rangea le papier dans son kimono, et se détourna pour regarder les gardes ouvrir le portail vers le monde des vivants. « Revenons ensemble. »
Il attrapa sa main, et s'élança dans les premiers. Rangiku fut surprise au début, mais s'adapta rapidement et le suivit.
Ichigo avait fortement insisté pour les accompagner dès qu'il avait entendu parlé de l'équipe qui se montait. Le capitaine était contente qu'il soit là. Il avait toujours eu une force de la nature et une aura rassurante. Elle savait qu'ils allaient y arriver. Elle y croyait.
Ils arrivèrent dans un petit village, près des montagnes et d'une douce rivière. Le temps était calme et la température agréable, et le moment aurait pu être parfait, si la réalité n'était pas aussi lourde.
Ils étaient cinq en tout. Ichigo, Soifon, Nemu, Renji et elle. Tous les regards se tournèrent vers la vice capitaine de la douzième, et elle lu le détecteur qu'elle avait dans les mains. Yamamoto avait insisté pour qu'une personne de la division de recherche les accompagne, et Kurotsuchi avait envoyé sa jeune fille.
« Il n'est pas très loin. » déclara t-elle, attendant que l'appareil lui donne plus d'informations. « Dans les bois, par ici. » elle désigna la grande forêt de sapins de l'autre coté du joli petit village, et Soifon donna le rythme.
Yamamoto avait nommé le capitaine de la deuxième division chef de l'opération, car il savait que Rangiku ou Ichigo ne penseraient pas clairement. Et il avait bien fait, parce que tout ce dont Rangiku pouvait penser en se moment, était de tuer.
Les bois étaient plus sombres avec les arbres au dessus d'eux. Le quincy était dans le zone, quelque part, et Rangiku pouvait à peine dissimuler sa colère alors qu'il semblait jouer à cache-cache avec eux.
« Où il est ce putain de Robin des bois » elle cracha en regardant autour d'elle. Elle savait qu'au moment où elle le verrait, elle ferait tout pour mettre sa lame profondément dans sa gorge et enlever ce sourire narquois qu'il avait abordé après avoir tué Toshiro.
« Du calme, Matsumoto. Nous y sommes presque. » Soifon apparue derrière elle, et elle se retourna pour voir le groupe se reformer après quelques minutes de recherche. « Nous avons fouillé la zone indiquée. Il est forcément par là. » elle désigna les grands arbres derrière elle, et Rangiku hocha la tête.
« Ouvrez l'œil alors. »
Ils s'enfoncèrent un peu plus profondément dans les bois, jusqu'à ce qu'un rire macabre ne résonne autour d'eux. Le groupe s'arrêta immédiatement, et tous portèrent une main à leur zanpakuto, formant un cercle protecteur autour de Nemu, qui ne venait pas pour le combat.
« Vous m'avez finalement trouvé. » la voix qu'elle pouvait reconnaître entre mille résonna à son tour, et elle serra les dents faisant presque saigner ses gencives. « Sept ans et quatre mois de paix, et vous voilà. »
La forme de l'homme apparu derrière un arbre, et Ichigo attrapa son poignet alors qu'elle était prête à lui sauter dessus.
« Du calme, Ran, il nous provoque. »
« Eh bien, ça marche » raya la femme bonde vénitienne. Elle mourrait d'envie de le tuer, très, très douloureusement. Il avait fait de la vie de son fils un enfer. Putain de merde, il allait souffrir.
« Je te reconnais toi » il dit avec ce même sourire à vomir, la pointant du doigt. « Tu es la femme qui pleurait pitoyablement sur le cadavre du capitaine minuscule. »
Rangiku serra les dents. Ichigo avait raison. Il les provoquait. Elle ne voulait pas tout faire foirer parce qu'elle a été imprudente. Son moment viendrait, elle devait juste attendre, un tout, tout, petit peu plus.
« rend toi sans faire d'histoire, Quincy. » ordonna Soifon, mais l'homme rit.
« J'ai survécu à une guerre, et je vous ai fuis pendant sept ans, ce n'est pas pour me rendre maintenant. » l'arc de l'homme apparu soudainement, et tous dégainèrent. « Sa Majesté avait un idéal, et même s'il n'est plus, je poursuivrai dans ses pas. »
Il décocha vers eux, et tous esquivèrent en se dispersant entre les arbres. Renji était avec Nemu, et ils étaient les plus éloignés. La mission du vice-capitaine était notamment de garder en sécurité la fille, et d'intervenir seulement si nécessaire.
Rangiku fondit sur lui, et visa directement la tête, mais l'homme esquiva et envoya son genoux dans ses cotes. La femme para le coup avec sa main, et tenta une nouvelle attaque. Le quincy recula rapidement, mais elle le poursuivit.
Soifon arriva derrière lui et le frappa au dos, le faisant chavirer en avant, et Rangiku parvint à lui lacérer l'épaule.
L'homme utilisa un shunpo pour réapparaître sur l'une des branches en hauteur, mais Ichigo envoya à son tour son épée, et le bras de l'homme fut coupé. Il hurla de douleur, et décocha une nouvelle ordre de flèches, même avec une seule main.
Ichigo fut surpris qu'il puisse encore utiliser son pouvoir dans de telles conditions, et l'une des pointes s'enfonça dans son ventre, le faisant tomber de la branche.
« Ichigo ! » Rangiku sauta pour le récupérer, et l'homme se redressa doucement, sifflant de douleur.
La plaie était petite, mais elle saignait, alors elle utilisa le mouchoir qu'elle avait toujours sur elle pour appuyer dessus.
« T'inquiète, Ran, c'est superficiel. » Ichigo rassura en prenant le relais.
« Tu as failli te fracasser la tête par terre. » rappela la femme en lui lançant un regard mauvais.
« Ouais, merci pour ça. » il lui offrit un sourire d'excuse, et se gratta l'arrière de la tête.
« Tu peux te relever ? » elle lui offrit sa main et l'homme se redressa, reprenant une prise ferme sur son zanpakuto.
« Il n'est pas si fort que ça. » déclara la fraise, quand Soifon apparu à coté d'eux.
« Non, mais il a toujours le pouvoir de Hitsugaya » rappela la femme, fixant le quincy d'un air mauvais.
« C'est bien que vous en parliez, j'allais justement m'en débarrasser. » dit le quincy, tenant son bras coupé. Même ça n'avait pas suffis à enlever son stupide sourire.
« Comment ça ? » Ichigo passa immédiatement sur la défensive, et Rangiku sentit son cœur s'emballer.
« Vous voyez, quand vous garder un pouvoir qui n'est pas le votre trop longtemps, il vous ronge doucement de l'intérieur. » il souleva sa chemise, et tous purent voir des plaques violettes et bleues sous sa peau. « Le pouvoir me ronge petit à petit, et j'arrive à échéance. Je dois donc m'en débarrasser. »
« Et comment tu comptes faire ça ? » cracha Rangiku, levant Haineko devant elle, prête à lui trancher la gorge.
« Je le détruis. » chanta le quincy. « Depuis trois ans, je travaille sur la façon de détruire un pouvoir de shinigami. Maintenant, je sais comment m'y prendre. » l'homme fit des gestes étranges avec sa seule main pendant qu'il parlait. « Je mets en place le processus depuis un an. Aujourd'hui sera la fin définitive de ce garçon aux cheveux blancs, et de tout ce qui a contribué à son existence. » sa main brilla d'une lumière rouge étrange mais puissante « Le pouvoir du shinigami vient de l'intérieur. Il faut donc le faire imploser pour le détruire. » il porta sa main à sa poitrine, et Rangiku sentit son cœur s'arrêter.
« NON ! » elle se jeta en avant et coupa la tête du quincy. Le corps tomba mollement sur le sol alors que le crane roulait sur plusieurs mètres derrières. « Nemu, est-ce-qu'il a activé la destruction ?! » elle se tourna vers la fille avec un regard horrifié.
Elle n'avait pas du tout prévu que le pouvoir de Toshiro soit anéanti.
« Eh bien- » une immense vague de froid sorti du cadavre sans tête du quincy, et ils furent tous projeté à plusieurs mètres.
Rangiku s'écrasa contre le tronc d'un arbre, et fut sonnée pendant quelques secondes.
Quand elle reprit ses esprit, elle pu sentir l'immense pouvoir de Hyorinmaru se débattre, combiné au pouvoir spirituel de Toshiro. Les larmes lui montèrent alors qu'elle sentait enfin ce qu'elle avait cherché pendant sept ans. Elle sentait enfin Toshiro, même si le garçon n'était pas là.
Mais il y avait un problème.
L'énergie, plutôt que de se dissiper et de retourner dans le corps de son propriétaire, elle se regroupa sur elle même et commença à s'engloutir de l'intérieur.
« Non ! » elle sauta sur ses pieds et couru vers le centre.
Elle ne pouvait pas perdre maintenant. Ce qu'elle cherchait était juste devant elle. La reconstruction de la vie de Toshiro était juste là, à porté de main.
Elle refusait de le perdre, elle avait une chance de tout arranger.
« Ran ! » Ichigo fut projeté en arrière par une vague de froid, alors qu'elle ne reçu rien.
C'était comme si l'énergie la reconnaissait.
« Nemu, y a t-il un moyen d'arrêter ça ? » elle cria entre les vagues de froid
Elle pouvait sentir les particules du pouvoir de Toshiro se détruire doucement à coté d'elle alors que la jeune fille cherchait.
« Il faut stabiliser l'énergie. » cria la fille à travers la tempête. « Mais cela demande un pouvoir équivalant ! »
Le monde s'arrêta de tourner autour d'elle alors qu'elle réfléchit. Un pouvoir équivalant pour le stabiliser.
« Ran, non ! » elle leva les mains et déversa son propre pouvoir à travers celui de son fils, ignorant l'appel d'Ichigo.
Les picotements commencèrent rapidement alors que le pouvoir glacial absorbait le sien.
La première larme a coulé quand les premières brûlures arrivèrent. Ses genoux ont cédé quand les nausées remontèrent dans sa gorge.
« Je suis désolée, Haineko » le zanpakuto grogna dans son esprit.
« La décision était prise depuis longtemps. » la chatte cendrée envoya de la force à sa maîtresse.
« RANGIKU ! » le cri d'Ichigo la fit tourner la tête pour voir son ami se battre pour la rejoindre.
Rangiku lui sourit, et la seconde larme tomba de ses cils. « Tu prendras soin de lui, Ichigo ? »
Le pouvoir de Toshiro était entrain de dévorer le sien pour se stabiliser, mais elle s'en fichait.
« Ran, ne fait pas ça. Il a besoin de toi. » Les larmes étaient visibles sur les joues du jeune père, et la troisième tomba de son œil.
« Prend soin de lui pour moi. » Elle sourit un peu plus alors que sa peau était décorée par le froid. « Ça va aller. »
Elle ne comptait plus le nombre de larmes, mais elle sentait qu'elle arrivait à sa limite.
Son cœur lui faisait mal, mais elle continua à donner son énergie.
« RAN ! »
« C'est bon, le pouvoir est stable » la voix de Nemu appela au moment où elle s'écroula.
« Rangiku ! » elle fut presque instantanément prise dans des bras puissants et chauds et ses yeux papillonnèrent pour rencontrer ceux paniqué d'Ichigo. « Reste avec moi, Ran »
Elle leva une main pour toucher le visage du jeune homme, et lui sourit. La douleur de son corps était atroce, mais elle sourit quand même.
« Dis lui… » elle pouvait se sentir mourir, et son cœur se serra quand elle pensa que c'était exactement ce qu'avait ressentit Toshiro. « Que je l'aime. »
« Tu lui diras toi même, tu- »
Mais sa conscience n'écouta pas.
Son cerveau s'arrêta et sa main tomba de sa joue.
Elle ferma les yeux, ses seules et dernières pensées pour le garçon qu'elle laissait.
Tout pour Toshiro.
C'était le deal.
Même dans la mort.
…
Blanc
C'est tout ce qu'il y avait autour de lui. Du blanc. Partout.
De la neige et de la glace, du vent presque en tempête.
Son visage était écrasé dans la poudreuse, et il cligna des yeux.
Cet endroit ressemblait vraiment à son monde intérieur, en plus dévasté.
Toshiro se redressa, regardant autour de lui.
Ce n'était pas possible…
« Aah ! » il trébucha en arrière et tomba dans la neige alors qu'un immense dragon apparu devant lui. Toshiro ne comprenait pas. Comment… ? « Hyo- Hyorinmaru ? »
Le dragon se pencha au dessus de lui et sembla le renifler, ses yeux rouges comme le sang l'examinant de haut en bas. Il avait l'air vraiment furieux, et le garçon s'éloigna un peu plus.
« Tu trouves cela drôle, Quincy ? » gronda la voix profonde du zanpakuto, montrant ses crocs. « Je ne sais pas comment tu fais ça, mais je vais te broyer pour avoir osé. »
Il leva une patte griffue et Toshiro sauta en arrière pour l'éviter. L'endroit où il avait été n'était plus qu'un trou de neige.
« Hyorinmaru, attend ! C'est moi ! »
« Menteur ! Mon Maître est mort. » le dragon l'écrasa avec sa patte, et Toshiro ne pu pas esquiver. Il se retrouva plaqué au sol neigeux, la force du dragon l'emprisonnent. Sa griffe était proche de son cou, et il le sentit resserrer sa prise sur lui pour l'atteindre.
« Hyorinmaru, arrête ! » Le garçon parvint à sortir l'une de ses mains et poussa le plus fort possible contre la griffe qui voulait l'égorger. « Hyorin- » la bête appuya un peu plus fort, et la griffe se colla à sa peau. Toshiro pouvait à peine respirer à ce niveau là, et il sentit la panique monter en lui. « Hyorinmaru, s'il te plaît ! » Il essayait de bouger son corps mais la patte le tint immobile. Pas comme ça, pas lui. Il n'avait bientôt plus d'air, et bien que la griffe ne l'ait pas encore égorgé, il voyait des points noirs. « Je t'en supplie… C'est moi. »
Il perdait sa force. Il rêvait depuis des semaines de pouvoir revoir le dragon, et maintenant qu'il y était, il ne voulait rien d'autre que fuir.
La griffe le lâcha soudainement, et il toussa violemment dans la neige, prenant de grandes respirations alors que Hyorinmaru reculait.
« Ce regard… C'est impossible. » Toshiro se redressa sur ses coudes, et recula loin du zanpakuto, les larmes brûlants ses yeux alors qu'il tenait sa gorge piquante. « Comment es-tu revenu ? » Mais le garçon fixa simplement le dragon, les taches noires de sa vision se dissipant doucement. « Répond ! » la voix gronda et résonna partout autour de lui.
Toshiro porta ses mains à ses oreilles et ferma les yeux. « Momo » il gémit, ramenant ses genoux contre lui. « Momo à fait un échange de nos vies. »
Le silence lui répondit, et pendant quelques secondes, il cru que le dragon allait réellement le tuer. Puis, quand rien ne se passa, il prit le risque d'ouvrir un œil et de lever la tête.
Le dragon le fixait de ses yeux rouges, mais ne bougeait pas. Après un instant, il pencha la tête sur le coté. « Comment as-tu récupéré ton pouvoir ? » sa voix était plus douce, et Toshiro se détendit un peu.
« Je… Je ne sais pas. La dernière chose dont je me souviens est de m'étouffer son mon lit d'hôpital. »
Hyorinmaru continua à le fixer, puis sa forme brilla et il se transforma en un dragon plus petit, la forme que Toshiro avait toujours eu l'habitude de voir. « Je vois. » le petit dragon s'avança vers lui, et par instinct, ou habitude, le garçon déplia les jambes. « Je suis heureux que tu sois à nouveau là. » déclara Hyorinmaru, grimpant sur les genoux de son maître.
« Moi… Moi aussi. » hésita Toshiro, avant de lever une main et de la poser sur la tête de la bête.
« Je suis désolé d'avoir essayé de te tuer. » il déclara quand il vit le garçon hésiter.
Toshiro regarda les yeux rouges du dragon, et hocha la tête, passant ses doigts derrière ses oreilles.
Il fixa son environnement. Les collines étaient enneigées, les arbres morts et gelés. Beaucoup de choses avaient disparu depuis la dernière fois. Mais il pouvait sentir le dragon, et son pouvoir tout autour de lui.
Est-ce-qu'il avait enfin retrouver sa maison ?
…
Ichigo regarda le garçon s'agiter sous les draps, et le stress monta un peu plus dans sa poitrine. Il était assis sur une chaise, près du lit, et jouait nerveusement avec ses doigts. À ce rythme là, il allait arriver à s'arracher les ongles.
Il tapota pour ce qui devait être le centième fois en 20 minutes sa poitrine, vérifiant que la lettre de Rangiku était bien là.
Unohana l'avait appelé un peu plus tôt pour lui faire savoir que Toshiro montrait des signes de réveil.
Et c'est lui qui avait demandé à lui parler en premier. Il devait lui dire.
Et c'est pour ça qu'il était mortifié sur sa chaise.
Rangiku était morte.
Ses genoux tremblaient et il souffla pour se donner de la force.
Il se rappelait comment il avait réagit quand les médecins de l'hôpital lui avaient annoncé le décès de sa mère, il y a toutes ces années.
Il avait peur de la réaction de Toshiro. Le garçon était déjà instable avant même de recevoir ce coup qui lui enleva ses jambes. Maintenant que sa mère était partie, il ne voulait pas imaginer l'état dans lequel allait se trouver l'enfant.
Il avait récupéré ses pouvoirs, et un sort de kido d'Unohana lui permettait de les maintenir stables alors qu'il avait déjà gelé à plusieurs reprises son lit et ses draps.
La femme avait pu soigner ses blessures, notamment sa jambe cassée, et son dos. Elle avait affirmé que Toshiro pourrait marcher à nouveau après quelques mois de rééducation. Mais elle avait aussi bien insisté sur l'aspect de 's'il le veut'.
La rééducation était un travail physique, mais avec une énorme charge mentale. C'était cette partie qu'Ichigo redoutait. Si le garçon ne souhaitait pas faire d'effort, la situation ne ferait qu'empirer.
Le laboratoire de la douzième division avait finalement trouvé un remède à sa maladie, après plus d'un mois de recherche, et les résultats des tests étaient encourageants.
« Hmm » les sourcils du garçon se froncèrent et Ichigo retint sa respiration.
Il avait la gorge nouée, douloureusement brûlante. Il devait le faire. Il avait promis à Rangiku de s'occuper de lui. Et ça en faisait partie.
Il se leva, s'appuyant sur le matelas alors que ses jambes tremblaient pathétiquement.
Putain, il allait annoncer le décès de Rangiku à Toshiro.
Il avait déjà fait ça, puisqu'il était médecin, et que toutes les journées n'étaient pas idéales, mais ça n'avait jamais été aussi dur.
Le garçon ouvrit les yeux, vitreux et troubles, et la fraise se pencha au dessus de lui. « Salut, mon grand. » il lui offrit un sourire et passa une main dans ses cheveux blancs, espérant que cela aiderait l'enfant.
Toshiro le fixa un moment, puis doucement, ses yeux se sont tournés sur le coté et sa tête suivie. Comme Unohana avait soigné une grande partie de son dos, les mouvements étaient à nouveau possible, et il regarda la pièce entière.
Le garçon semblait un peu perdu, comme s'il cherchait à comprendre ce qu'il se passait. Ses yeux papillonnèrent dans sa direction, et il fronça les sourcils.
« Je… Je peux te sentir » sa voix était faible et enduite de sommeil et Ichigo sourit.
« Ouais, moi aussi je te sens. »
Les larmes montèrent aux yeux de Toshiro, et il ferma les yeux. Sa gorge se bloqua, et il l'entendit renifler derrière son masque.
« J'ai vu… Hyorinmaru » il y avait un petit sourire dans le coin de ses lèvres et Ichigo sourit grandement, oubliant le reste quelques secondes.
« Génial ! » chanta t-il, il était vraiment heureux pour lui.
« Je croyais… » la gorge du garçon se serra, et il ouvrit les yeux mais détourna le regards « Je croyais que je ne le verrais plus. »
Toshiro agissait comme si un poids énorme venait d'être retiré de ses épaules, et Ichigo était content pour lui. Il comprenait à quel point cela pouvait être dur de ne pas pouvoir communiquer avec le reste de son âme. L'année qui a suivie la défaite d'Aizen a été l'une des plus compliquée pour lui, et il ne pouvait qu'imaginer le soulagement du garçon.
Toshiro renifla encore, et regarda autour de lui, les yeux rouges, mais la brillance revenue dans ses iris.
Putain de merde, il ne pouvait pas lui dire.
« Où est Rangiku ? »
C'était là.
…
Toshiro le refusait.
Il le refusait totalement. C'était tout bonnement trop.
« Tu veux que quoi ?! » s'emporta le garçon, regardant Ichigo pâlir.
Il le détestait. Il était tellement en colère contre la fraise qu'il pourrait le tuer si Unohana n'avait pas bloqué ses pouvoirs au minimum.
Depuis quatre jours, Ichigo était presque constamment avec lui, et Toshiro n'en pouvait plus. Le jeune père de famille lui avait annoncé la mort de Rangiku à son réveil, et le garçon se demandait pourquoi il continuait à rester ici.
Il détestait Ichigo. Il détestait Unohana. Putain, il détestait le monde entier.
« J'aimerais que tu fasses des exercices de rééducation. » répéta la fraise, regardant le garçon avec inquiétude.
« Va te faire foutre ! » cracha Toshiro.
Qu'ils aillent tous se faire foutre. Il ne leur avait rien demandé. Pas de le ressuscité, de le soigné, de l'aider ou de mourir pour lui.
Qu'ils aillent se faire foutre et qu'ils le laissent tranquille.
« Toshiro, ne parle pas comme ça, tu- »
« J'en ai rien à foutre ! » cria le garçon, serrant les draps aussi forts que ses mains le lui permettaient. Il pouvait s'asseoir dans son lit, mais Ichigo voulait absolument qu'il essaye de marcher, soit disant qu'il allait le regretter plus tard. Il n'en avait rien à foutre de son avenir. Sa vie était déjà assez merdique comme ça, il n'avait pas besoin de penser à plus tard. « Laisse moi tranquille, putain ! Va faire chier quelqu'un d'autre. Je les ferai pas tes exercices de merde ! » il espérait que ses yeux trahissaient à quel point il était en colère, à quel point il le détestait.
« Tu peux remarcher, Toshiro. C'est une seconde chance- »
« Arrête avec tes putains de secondes chances ! » craqua le garçon « Quant est que vous allez tous comprendre que j'en veux pas ?! » il sentit ses yeux brûler, et Ichigo se dégonfla.
« Rangiku s'est sacrifiée pour que tu puisses marcher. » murmura la fraise, brisant quelque chose dans le cœur du garçon.
« Et bah j'aurai préféré être handicapé toute ma vie ! » une larme de colère tomba de son œil, et il l'essuya rapidement.
« T'as vie se résumait à quelques jours, Toshiro ! Tu étais malade ! » cette fois ce fut Ichigo qui perdit son sang froid, au grand plaisir du garçon.
« Alors j'aurai préféré mourir ! »
Le son de la claque qu'il reçu résonna dans toute la pièce, laissant un grand silence derrière elle. Toshiro écarquilla les yeux, la tête tournée sur le coté et la joue brûlante. Le col de sa chemise d'hôpital fut brutalement tiré en avant, et il grimaça au mouvement.
« Espèce de petit merdeux ! » cria Ichigo, le visage près du sien. « Rangiku est morte pour que tu puisses vivre, alors dis pas des trucs pareils. T'as aucune idée de la douleur qu'elle a ressentit quand t'es mort la première fois- »
« Si, je sais très bien maintenant ! »
« Ferme ta gueule » cracha la fraise, le regard brûlant de larmes de colère. « Quand est-ce-que tu vas comprendre qu'elle n'aurait pas supporté de te perdre une seconde fois ? Quand est-ce-que tu vas comprendre que c'est aux parents de mourir avant leurs enfants ? Quand est-ce-que tu vas arrêté d'être un petit con égoïste ? » le ton de sa voix augmentait à mesure qu'il parlait « Putain, tu penses que t'es le seul à qui ça fait mal ? » sa voix craqua et il avala « Elle s'est battue pour que tu vives et que tu retrouves ta mobilité ! T'as aucune idée d'à quel point elle t'aimait ! Alors arrête d'être un emmerdeur, et fous pas en l'air tout ce qu'elle a fait ! »
Ichigo était haletant alors qu'il finissait. Une larme coulait sur sa joue, et il faisait un effort sur-humain pour garder celles dans ses yeux. Son regard était frustré et en colère, et Toshiro n'était rien d'autre qu'une poupée dans sa prise. Le garçon pleurait silencieusement alors que la fraise lui criait dessus.
« Tu fais chier » jura Ichigo en le lâchant et en sortant de la chambre à grands pas. Il claqua la porte derrière lui, et Toshiro sursauta.
Le garçon resta immobile, les yeux écarquillés devant lui alors qu'il était enfin seul.
Pourquoi son cœur lui faisait aussi mal ? Ichigo était parti, il avait ce qu'il voulait. Alors pourquoi pleurait-il ?
Les sanglots ont commencé à ravager sa poitrine, secouant ses épaules et faisant des bruits pathétiques à travers sa gorge. Les larmes se sont multipliées sur ses joues, et il pouvait sentir que tout brûlait en lui.
La douleur qu'il ressentait était horrible, et il avait beau se recroqueviller sur lui-même et serrer sa poitrine de toutes ses forces, il avait l'impression de souffrir à l'agonie.
Il ne voyait plus rien alors que les larmes ravageaient sa vision, et il sentit bien trop trad la nausée frapper, alors qu'il vomissait déjà.
C'était trop douloureux. Tout faisait mal. Il voulait que ça s'arrête. Il voulait que quelqu'un arrête tout ça.
Il continua à vomir sur ses propres draps jusqu'à ce qu'une main vienne le soutenir alors qu'il chutait en avant. Ses pleurs ne se sont pas arrêtés et il continua de convulser dans la prise de la personne.
Une voix féminine lui parla, mais il n'écouta pas.
Il savait une seule chose.
Ce n'était pas la personne qu'il voulait.
…
Unohana était passée l'aider à se redresser contre la tête du lit, plus tôt dans la journée, mais il voulait juste enfouir son visage dans son oreiller et disparaître pour le reste de sa vie.
Il arrivait à bouger les jambes, légèrement, comme soulever ses genoux de quelques centimètres, ou remuer les orteils, mais Ichigo avait raison, s'il voulait remarcher, il devait s'entraîner.
Il n'était pas sûr de ce qu'il voulait.
Il était en colère et voulait juste s'en prendre au monde entier, d'un coté, et faire les efforts pour ne pas laisser l'opportunité de sa 'seconde chance' s'envoler.
Ichigo n'était pas revenu de la journée, hier, après leur dispute, et Toshiro ne comprenait pas pourquoi il avait toujours cette sensation. Peut être que malgré lui, il s'était habitué à sa présence…
Il tourna la tête et regarda l'enveloppe que la fraise lui avait donné le jour de son réveil.
Il avait refusé de la l'ouvrir.
Elle était posée sur la table de chevet depuis, attendant simplement que le garçon la lise ou la détruise. Il ne savait pas ce qu'il voulait. Il savait que cela allait être douloureux, mais il ne voulait pas, pouvait pas, la lire.
Cette lettre était les dernières paroles de Rangiku. Il ne pouvait pas l'accepter. Il ne pouvait tout simplement pas accepter qu'elle ne dirait plus rien après ça.
Mais il ne voulait pas non plus les manquer.
Il ne savait pas quoi faire. Il se sentait juste stupide. Qu'est-ce qu'elle avait bien pu dire ?
Serrant les dents, sa bataille intérieure continua pendant plusieurs minutes.
Il voulait savoir ce qu'il y avait à l'intérieur, mais il avait peur. Putain, il était terrifié par ce qu'il pouvait trouver.
Ses doigts tremblants glissèrent sur le dos de l'enveloppe alors qu'il la ramenait devant lui.
Il devait l'ouvrir.
'Pour Toshiro' était inscrit sur le devant, et son cœur se mit à battre fort dans sa poitrine.
Il devait l'ouvrir.
Il ferma les yeux, jusqu'à ce que la lettre soit parfaitement dépliée devant lui. Les derniers mots de sa mère. Pour lui. Sa gorge se serra.
Il ouvrit les yeux.
'Chéri,
Si tu lis ça, c'est que quelque chose m'ait arrivé, mais ça veut également dire que tu t'es réveillé, et c'est le plus important.
J'espère que tu vas bien. Je ne souhaite rien d'autre.
Je m'excuse de ne plus être là. Ça va être dur, je le sais, alors j'ai écrit cette lettre pour essayer de te donner de la force. Tu sais à quel point je déteste écrire, mais je ferai tout pour toi.
Je ne sais pas comment je suis morte, mais je sais que ma dernière pensée a inévitablement été pour toi.
Tu dois être en colère. Tu dois te demander pourquoi ? Je sais que tu n'as jamais voulu ça, j'en suis bien consciente. Moi aussi, j'aurai préféré un autre scénario. J'aurai voulu te voir grandir et devenir le bel homme que tu seras. J'aurai voulu être là pour t'accompagner dans ton rétablissement, pour te donner ma force. Te prendre dans mes bras après ta première déception amoureuse, te taquiner sur à quel point tu es mignon.
Mais malheureusement, ce n'est pas possible. Et c'est là mon plus grand regret.
J'ai demandé à Ichigo de s'occuper de toi. Je sais, je sais, tu n'as pas besoin de baby-sitter, mais je veux être sûre que tu iras bien après mon départ.
Te voir dans ce lit d'hôpital m'a fait plus mal que n'importe quelle blessure. Tu es mon monde, alors je donnerai tout pour te savoir saint, et en sécurité.
Tu peux m'en vouloir si tu veux. Tu peux me haïr autant que tu veux, si cela peut t'aider.
Je ne regrette pas. Je le ferai encore mille fois si je le devais.
Mais n'en veux pas à Ichigo. Il doit souffrir aussi, mais je sais qu'il fera tout pour ne pas te le montrer. Je ne suis plus là, alors ne rejette pas les autres pour ça. C'est une personne en or. Laisse le s'occuper de toi.
Tu n'es pas seul.
Te voir renaître a été pour moi le plus beau cadeau qui puisse exister.
Enfin, mon temps est compté. Nous partons dans quelques heures à peine, et je dois encore m'occuper des dernières modalités de la dixième.
Je ne te dirai pas qui je veux comme remplaçant. Je laisse le Central 46 et les autres Capitaines s'en occuper. Je ne veux pas que tu te forces à reprendre la division. Tu as peut être récupéré tes pouvoirs, mais rien ne t'obliges à redevenir un shinigami. Je veux que tu fasses ce que TU veux. Je veux que tu sois heureux.
Je ne veux rien d'autre que ton bonheur.
Ce sont certainement mes dernières paroles, mais mon cœur sera toujours avec toi. Toujours.
Tu es ma plus grande réussite. Ma plus grande fierté.
Tu es la chose que je chérie le plus en ce monde.
Je t'aime.
Maman'
Les mains tremblantes, il regarda complètement paralysé ses larmes tomber sur la feuille et faire baver l'encre.
Ses yeux étaient tellement douloureux qu'il avait l'impression qu'ils sortaient. Sa gorge brûlait tellement, comme si quelqu'un l'étranglait.
Il se sentait si pathétique.
Il s'étouffa avec son propre sanglot, et essuya son nez avec la manche de sa chemise d'hôpital.
Il se sentait tellement nul. Il voulait qu'elle le prenne dans ses bras et qu'elle lui dise qu'il allait aller bien.
Mais ce n'était plus possible. Il pleura alors que les mots devenaient flous 'je t'aime, Maman'.
Il serra la lettre contre sa poitrine alors que les larmes dévalaient ses joues. Il avait besoin d'elle. Il avait besoin qu'elle soit là.
Il essaya de respirer, mais sa gorge se bloqua un peu plus, et il gémit.
Il avait besoin de quelqu'un. Il avait besoin qu'on lui dise que ça allait aller.
Il devait trouver Ichigo. Il devait lui dire qu'il était désolé 'N'en veux pas à Ichigo'. Il se sentait tellement nul.
« Ichigo » il appela à voix haute, mais évidemment, il ne reçu aucune réponse.
Il était seul dans sa chambre.
'Tu n'es pas seul'
Il devait s'excuser. Il ne pouvait pas le perdre lui aussi.
Sa main se leva en tremblant, et grâce à la manche de sa chemise, il essuya son visage, ne changeant pas grand-chose aux larmes qui continuèrent de couler.
Il respirait fortement alors qu'il enleva la couverture de ses hanches, et il gémit douloureusement quand il déplaça ses jambes sur le coté du lit, avec l'aide de ses bras.
Il était sur le point de faire quelque chose de complètement stupide, mais il ne réfléchi pas. Il devait être sûr que la dernière chose qu'il lui restait n'était pas partie.
Il laissa la lettre de sa mère sur son lit, alors qu'il poussait sur ses bras pour s'extraire du matelas. Sans surprise, ou peut être pour lui, ses jambes ont cédé à la seconde où elles touchèrent le sol. Il s'écroula en avant, ses bras prenant le poids de la chute, et l'intraveineuse sortant violemment de son coude.
Il gémit pathétiquement. Son dos envoya des vagues de douleur dans tout son corps, et il se remit à pleurer.
Il était stupide, tellement stupide.
La position était douloureuse, il devait faire quelque chose.
Son cœur était en morceaux, et il avait tellement mal qu'il peinait à respirer. Il se sentait tellement nul.
Il voulait Rangiku.
Un sanglot déchira sa gorge alors qu'il rampait à l'aide de ses avants bras vers la table de chevet. Il devait se relever, ou faire quelque chose.
Ses doigts agrippèrent le meuble, mais alors qu'il tirait dessus pour se redresser, la douleur qu'il ressentait s'est multiplié, et il gémit de défaite. Il était coincé, ses jambes refusaient de faire de grands mouvements et il n'arrivait pas à les bouger de plus de quelques centimètres.
Son dos envoya une nouvelle vague de douleur et il se crispa en retenant sa respiration. Ses doigts tirèrent involontairement autour de la table, et il la sentit basculer.
Dans un élan de panique, il poussa le meuble loin de lui, et le bois entra en contact avec le parquet juste à coté de sa tête.
Il porta ses mains à ses oreilles et ferma les yeux.
« Au secours » sa voix n'était qu'un murmure brisé alors que les sanglots continuaient de plus belle. « Maman »
Il avait mal. Son dos hurlait, et il avait l'impression de se noyer dans la douleur de son cœur.
Ses bras ont poussé faiblement sur le sol pour qu'il se tourne. La position dans laquelle il était, était vraiment agonisante. Il se retrouva à grand peine à se tourner sur le coté, mais son dos se bloqua, et il gémit de douleur, sa tête tombant contre le parquet froid de la chambre alors que des sanglots pathétiques convulsaient son corps.
Il était complètement crispé, mais il ne pouvait plus bouger. Ses bras reposaient mollement devant lui alors qu'il regardait en direction de la porte, espérant que quelqu'un allait la franchir et l'aider. La table tombée lui cachait une partie de la vue, mais il s'en moquait, de toute façon il ne pouvait rien faire pour la bouger.
Les minutes ont commencé à défiler, et la douleur augmenta, alors que les analgésiques que les médecins lui avaient donné ne faisaient plus effets à cause de la perte de son intraveineuse.
Il n'avait bientôt même plus la force de pleurer, sa tête reposait mollement sur le sol, et il gémissait à chaque nouvelle vague de douleur.
« Ichigo, je sais que tu es en colère contre lui, mais essaye d'être un peu plus cool. Il a été malade toute la nuit après votre dispute. » La voix d'Unohana résonna derrière la porte, et Toshiro essaya de lever la tête, mais son dos lui imposa l'immobilité.
« Je sais. Je suis désolé. » répondit la voix penaud de la fraise. « Je vais m'excuser. »
La porte s'ouvrit, mais Toshiro ne voyait rien à cause de la table. Il entendit un halètement, puis des pieds courir vers lui. « Toshiro ! »
Deux formes se sont arrêtées devant lui, et des mains se posèrent sur son corps.
« Au secours » gémit le garçon quand une nouvelle vague de douleur enflamma son dos. Il respirait fort et les larmes continuaient à couler sur son visage.
« Toshiro, qu'est-ce-qu'il s'est passé ?! » demanda précipitamment Ichigo en se penchant devant son visage. « Qu'est-ce-que tu fais par terre ? »
Il y avait de la panique dans sa voix, et Toshiro perdit son sang froid. Son cœur se brisa un peu plus si c'était possible, et la peur remonta dans sa poitrine en une seconde. Il explosa en sanglot, fermant les yeux alors que le monde était flou, et que tout semblait brûler dans son corps.
Les deux adultes parlèrent rapidement, et bientôt, il sentit une aiguille s'introduire dans son bras. Il y avait une main dans ses cheveux, et une voix qui l'appelait, mais le sang battait trop fort dans ses oreilles pour qu'il puisse se concentrer.
Il avait mal, il avait peur, il voulait Rangiku.
Puis, le monde se calma progressivement. Le sang battait bien moins fort, et la voix d'Ichigo lui demandant d'ouvrir les yeux se fit plus distincte. Il le fit, et le monde sembla bien moins chaotique que la dernière fois. Ses pleurs ont ralentis, et les larmes ne coulaient plus autant. Il se retrouva à renifler et à papillonner des yeux en fixant la table de chevet écrasée devant lui.
« Toshiro ? » la voix d'Ichigo était près de son oreille, et la main dans ses cheveux continua à frotter doucement, apaisant un peu plus la peur de son cœur « Ça va aller, mon grand, on va t'aider. »
Toshiro renifla, et son cerveau peinait à suivre ce qu'il se passait. Lui avaient-ils donné un calmant ?
« Aidez-moi » murmura le garçon, faisant écho aux paroles de la fraise.
La main dans ses cheveux glissa sous sa nuque, et une autre se posa sur son épaule. D'autres bras s'enroulèrent autour de ses hanches et maintinrent son bassin en place alors qu'ils le tournaient sur le dos après un décompte de 3.
Tout ce que le garçon sentit fut un léger picotement avant que sa tête soit doucement posée sur le sol.
Il pouvait voir le lit d'un coté, au dessus de lui et obstruant le passage aux médecins, et les restes de la table de chevet être tirés hors de sa vision pour laisser Unohana le surplomber. Elle glissa une main sous sa tête, et un masque à oxygène fut placé sur son visage.
Les yeux du garçon papillonnèrent pendant quelques secondes, avant qu'il ne les ferme quand elle alluma une lampe devant eux.
« Toshiro, ouvre les yeux, s'il te plaît. » la voix de la femme était douce, et le garçon convulsa une fois dans un sanglot brisé. Il ouvrit les yeux pour se retrouver face à la lumière désagréable, mais Unohana lui demanda de ne pas bouger. « Il est réactif » signala t-elle à quelqu'un derrière elle. « On le relève en position assise. »
Les mains de la femme ne bougèrent pas, et d'autre s'enroulèrent une nouvelle fois autour de lui. Ils le relevèrent doucement, et même s'il gémit pitoyablement, il n'avait pas mal.
Sa tête tomba mollement en arrière, mais Unohana la rattrapa et la maintenue droite.
« Unohana » la voix d'Ichigo appela, et en quelques secondes, ils échangèrent de place, et Toshiro se retrouva serré dans les bras de l'homme.
« Ichigo » murmura le garçon, le cou maintenu par la grande main. « Je suis désolé »
« Moi aussi, Tosh, mais on en parlera plus tard, d'accord ? » la fraise lui offrit un sourire.
Le cerveau du garçon travaillait lentement, mais il hocha doucement la tête, et essaya de se pencher contre lui.
« Ne bouge pas » demanda Unohana derrière lui, qui enlevait ses bandages et vérifiait l'état de son dos.
Mais Toshiro s'en fichait, il écrasa son front contre l'épaule de la fraise, ce qui força les deux adultes à ajuster leur position, mais ils ne dirent rien de plus.
La main d'Ichigo retrouva le chemin de ses cheveux, alors qu'il reposait sa tête contre lui, et le second bras s'enroula autour de son bassin, le maintenant droit pendant que la femme murmurait un sort de kido.
Les picotements dans son dos se sont arrêtés, et Toshiro ferma les yeux, vidé et épuisé.
« Je te tiens » murmura Ichigo au dessus de lui, et le garçon sentit une vague de soulagement l'envahir.
'tu n'es pas seul'
Il cala sa joue un peu plus confortablement contre son épaule, et attendit que les deux adultes finissent.
'Laisse le s'occuper de toi'
« Maman »
La main d'Ichigo caressa un peu plus lentement ses cheveux, et il le serra contre lui. « C'est bon »
Le garçon renifla et laissa les doigts le bercer doucement.
Il voulait Rangiku.
…
« Comment va-t-il ? » demanda Ukitake en s'approchant de lui.
« Pas très bien. » Ichigo haussa les épaules et partagea un regard entendu avec l'homme plus âgé.
Unohana avait donné des somnifères au garçon pour qu'il se repose. Il était complètement épuisé. Il arrivait à saturation.
Ichigo pensait qu'il n'avait jamais eu aussi peur de sa vie quand il avait vu le garçon par terre, pleurant et appelant à l'aide. C'était il y a plus de 18 heures maintenant, mais la fraise en avait encore des sueurs froides.
Toshiro n'allait pas bien, et même s'il le savait déjà, le dernier épisode lui a vraiment fait peur.
« Je vois » Ukitake hocha la tête « Je passerai lui apporter des bonbons » il dit ça comme si cela allait réglé tous les problèmes, et Ichigo ne pu s'empêcher de sourire un peu.
« Je doute qu'il les mange. Il refuse d'avaler quoi que ce soit. »
« S'il vous plaît, un peu de silence ! » appela l'homme au centre des 46.
Ukitake et lui partagèrent un signe de tête, et chacun se plaça à l'endroit qu'il devait occuper.
Le jugement de Ryo Tatsumi était la raison pour laquelle il était là. Il avait insisté pour être présent, parce qu'il savait que Rangiku aurait voulu être là.
L'homme était la raison pour laquelle Toshiro devait faire de la rééducation, et Ichigo allait le lui faire payer.
Beaucoup de grosses têtes du Gotei 13 étaient présentes, notamment Kyoraku, Unohana, Ukitake et même Yamamoto avait fait le déplacement. Ichigo avait été surpris, lorsque Byakuya et Komamura avaient fait leur entrée, mais il était reconnaissant.
Toshiro était beaucoup apprécié par ses collègues, et même s'il n'était plus capitaine, chacun se sentait un peu responsable. Après tout, le garçon était mort pour qu'ils puissent se battre et vaincre, il y a sept ans.
Les grandes portes du tribunal s'ouvrirent, et l'homme qui devait être Ryo Tatsumi entra, enchaîné et escorté par des gardes. Il perdit toute la couleur de son visage quand il les vit, et Ichigo eut un pitié de lui quand il vit la détresse dans ses yeux.
Il reprit vite ses esprits, n'oubliant pas ce qu'il avait fait. Sa main se posa sur l'épaule de Tanaka, le lieutenant de Rangiku, qui était également venu. Le gamin avait des cernes sous les yeux et Ichigo pouvait sentir qu'il avait perdu du poids. Le gamin se retrouvait à diriger une division tout seul, alors qu'il était à peine plus vieux que Toshiro. La différence était que quand cela était arrivé au garçon aux cheveux blancs, il avait une femme qui l'aidait et le soutenait. Il n'osait pas imaginé à quel point Sora devait se sentir seul et dépassé.
Ukitake lui avait parlé du fait que le garçon était venu le voir plusieurs fois pour lui poser des questions sur la façon de remplir certains documents, ou comment gérer certaines situations, dont le capitaine s'occupait habituellement. Il l'avait également trouvé à plusieurs reprises écroulé sur son bureau, au milieu de centaines de documents attendant une signature.
Le garçon leva ses yeux bleus fatigué vers lui, et il sourit timidement quand il rencontra son regard. Ichigo resserra sa main autour de son épaule, et lui fit un signe encourageant de la tête.
« Bien, commençons. » la voix de l'homme au centre appela tout le monde, et la fraise releva la tête. « Ryo Tatsumi, nous sommes réuni en ce jour pour votre procès. Avez-vous quelque chose à déclarer ? »
L'homme tremblait légèrement alors que toute l'attention se dirigea sur lui.
« Non, Monsieur. »
« Parfait, faisons cela rapidement. » le chef chercha dans ses différents papiers avant de les poser en une belle pile devant lui. Ichigo avait également envie que cela se fasse vite. Il voulait retourner auprès de Toshiro et s'assurer qu'il allait bien. « Vous êtes accusé d'agression sur mineur. Plusieurs témoins affirment vous avoir vu l'attaquer alors qu'il était de dos, désarmé et blessé. Avez-vous quelque chose à dire pour votre défense ? »
Ichigo vit l'homme secouer la tête et baisser les yeux. « Non, Monsieur »
« Saviez-vous que ce mineur était Toshiro Hitsugaya, ex-Capitaine de la dixième division et enfant à charge de Rangiku Matsumoto, Capitaine de la dixième division ? »
« Oui… Oui Monsieur. » Ichigo sentit sa colère revenir à la charge.
Il n'était jamais furieux contre les autres à ce point là. Les deux derniers en date était Aizen et Yhwach. Mais il avait envie de tuer cet homme.
Il avait délibérément attaqué Toshiro en sachant pertinemment qu'il ne pourrait pas se défendre. Cet homme avait beau avoir la tête du coupable qui s'en voulait, les faits étaient les faits.
Peut-être que Toshiro n'irait pas aussi mal s'il n'avait pas fait ça.
« Avez-vous quelque chose à ajouter ? »
L'homme se raidit, et Ichigo vit ses doigts se contracter autour de ses menottes avec nervosité. « Je suis désolé. » il tourna la tête, et leurs regards se croisèrent. Il était au bord des larmes. « Pour ce que cela vaut. »
Ichigo retint sa respiration et serra la mâchoire. Il avait beau avoir de la peine pour l'homme qui semblait réellement désolé, il y avait toujours un enfant dans un lit d'hôpital par sa faute.
Ichigo hocha la tête, comprenant ce que l'homme voulait dire, et cela le rassura. La lumière revint légèrement dans ses yeux noirs.
Pendant ce temps là, les membres des 46 se réunirent et débattirent sur le sort de l'homme.
Les minutes ont commencé à défiler, apparemment, ils peinaient à se mettre d'accord. Pendant ce temps, Ichigo massa doucement les épaules de Sora, qui semblait plus nerveux qu'il ne l'avait jamais vu. Ryo Tatsumi se recroquevillait de plus en plus sur lui-même à mesure que le temps avançait, et certains capitaines commençaient à perdre patience, mais personne ne dit rien.
Ichigo partagea un regard avec Kyoraku, qui lui offrit un sourire rassurant, et cela la détendit un peu.
« Bien » le chef des 46 appela une fois rassit à sa place, et laissant quelques secondes à ses compères pour faire de même. « Nous avons délibéré, et nous sommes parvenu à une conclusion. Je vous remercie d'avoir patienté. » Ichigo n'imaginait même pas le stress que le condamné devait avoir actuellement. Le pauvre homme, aussi coupable soit-il, ne méritait pas une telle attente. « Le verdict du Central 46 est le suivant : Ryo Tatsumi, pour avoir délibérément attaqué un mineur sans défense, aux regards de dizaines de témoins, vous êtes condamné à vingt siècles de prison. » La couleur quitta le visage de l'homme, et Ichigo haleta légalement. 2 000 ans de prison, en sachant que les shinigamis pouvaient vivre plusieurs dizaines de siècles, cela semblait presque abusif. « Cependant. » reprit l'homme, surprenant tout le monde. « L'identité de la victime ne peut pas être ignorée. En effet, Toshiro Hitsugaya est un ancien Capitaine du Gotei 13, et de par son titre, il se voit offrir une protection supplémentaire. Nous avons convenu, mes compères et moi-même, que cet acte était équivalant à attaquer un Capitaine en fonction. » Les visages de plusieurs capitaines pâlirent, et il cru que Tatsumi allait s'évanouir. « Voici donc le verdict définitif du Central 46 : Ryo Tatsumi, pour avoir délibérément attaqué un ex-Capitaine sans défense, vous êtes condamné à mort. »
Le silence qui suivit était tellement pesant, qu'Ichigo se demanda si ses oreilles n'étaient pas bouchées.
Il venait d'être condamné à mort. L'homme qui a agressé Toshiro allait mourir pour ça.
« Quoi… Mais… ? » Tatsumi semblait complètement paralysé par ce qu'il venait d'entendre, et Ichigo comprenait.
Dans le monde réel, faire ce qu'il avait fait, aurait été puni de plusieurs années de prison, et bien que dans la Soul Society, le temps ne s'écoulait pas exactement de la même manière, et que les âmes vivaient cent fois plus longtemps, il avait déjà trouvé la première sanction presque abusive.
« Vous… Vous êtes sûrs ? » demanda Ukitake en s'avançant légèrement, semblant avoir la même réflexion que lui.
« Oui. » répondit autoritairement l'homme. « Aucune objection ne sera admise. Vous pouvez disposer. »
Sans plus attendre, les gardes ramenèrent le condamné, le traînant presque alors qu'il ne semblait pas arriver à traiter l'information.
« Ça… ça va vraiment arriver ? » demanda la voix de Sora sous lui, et il baissa les yeux pour voir que le garçon le regardait avec horreur.
Ichigo ne savait pas vraiment comment réagir, et il sourit, serrant son épaule. « Je crois que oui. » il doutait également.
Bien qu'il ne portait certainement pas l'homme dans son cœur, il avait de la peine pour lui.
Une grande main se plaça sur son épaule, et Kyoraku lui offrit un regard. « Sortons d'ici. »
Ichigo se laissa mené jusqu'à l'air libre, et Sora resta collé à lui. Le ciel était couvert quand ils sortirent, montrant que la pluie allait bientôt tomber.
« Je crois que j'ai besoin d'un verre. » gémit Ichigo en soupirant, son cerveau acceptant qu'il venait de vivre la condamnation à mort d'un homme.
« Ma tournée. » répondit Kyoraku en l'entraînant avec lui. « Tanaka, tu peux venir » il appela en regardant le garçon baisser la tête.
« Je ne bois pas d'alcool, Monsieur »
« Il y a du soft. Viens, tu as besoin d'une pause. » il tourna les talons, son haori en fleur flottant derrière lui.
Ichigo tendit la main vers le garçon, et il s'approcha de lui, jusqu'à ce qu'il puisse la poser sur son épaule. « Ça va aller. »
Il serra, et les trois partirent vers le bar le plus proche, espérant pouvoir faire une pause dans toute cette histoire.
…
« Hey » Ichigo entra dans la chambre de Toshiro, un sac à la main et le sourire aux lèvres. Le garçon lui lança un regard depuis sa place dans son lit, et la fraise posa ses affaires au sol avant de le surplomber. « Comment tu vas, aujourd'hui ? »
La vieille, après qu'il soit revenu du bar, Unohana avait refusé qu'il entre, parce que d'après elle, 'on ne visitait pas un patient en étant alcoolisé'. Il savait qu'elle avait raison, et il n'aurait jamais accepté non plus que quelqu'un entre dans la chambre de l'un de ses patients avec de l'alcool dans le sang.
« T'étais où, hier ? » demanda le garçon en fronçant les sourcils.
« Au procès de Ryo Tatsumi. » répondit honnêtement Ichigo, faisant abstraction de l'épisode du bar.
« Tatsumi ? » demanda Toshiro, levant une main dans sa position allongée et la glissant sous sa nuque. « C'est le gars qui m'a agressé ? » ses yeux turquoises étaient perçants.
« Oui. » affirma la fraise « Je pensais que tu dormais. »
« Je me suis réveillé à un moment. » dit simplement le garçon, détournant le regard.
Ichigo passa une main dans les cheveux blancs, et à sa surprise, Toshiro ne dit rien, il ferma juste les yeux.
La fraise s'assit sur le matelas près du garçon, et sourit. « Comment tu te sens ? »
Toshiro ne répondit pas tout de suite, puis doucement, il ouvrit les yeux et regarda le plafond.
« Pas très bien » c'était murmuré, mais Ichigo l'entendit quand même. Ce fut son tour de ne rien dire, et il continua à passer sa main dans ses cheveux, comme il avait vu Rangiku le faire des dizaines de fois. « Je suis désolé » murmura alors le garçon après quelques minutes.
« Moi aussi » répondit Ichigo, sans lâcher son visage des yeux. « Je n'aurai pas dû te donner cette claque. »
Toshiro rencontra son regard et rougit légèrement, avant de soupirer de ce qui devait être du soulagement. « On est quitte ? »
Ichigo ria et hocha la tête « Ouais »
Un petit sourire se dessina sur le visage du garçon, et le cœur de la fraise lui fit un peu moins mal.
« J'ai réfléchi » continua Toshiro, à la surprise de la fraise.
« À quoi ? » il demanda alors qu'aucune suite ne venait.
Toshiro tourna la tête sur le coté, les joues rouges d'embarras. Il prit une grande respiration, et la relâcha avant de parler, regardant le mur qui, apparemment, était plus intéressant que lui. « Je veux bien essayer le truc. »
Quel truc ? Se demanda alors Ichigo, puis il se rappela de la raison initiale de leur dispute, et sourit grandement.
Ils avançaient enfin.
« C'est vrai ? » demanda l'homme, retenant à peine sa joie. « Super ! » il sauta de joie, ramassant le sac qu'il avait posé au pied du lit. « J'ai amené quelques affaires pour faire des exercices. »
« Tu avais prévu le coup ! » accusa le garçon, tournant un regard noir vers lui.
« Désolé… » Ichigo se frotta la tête avant de retrouver son sourire. « Je suis content que tu aies pris cette décision. »
Toshiro rougit un peu, et détourna le regard avec un soupire désespéré.
Il ne pouvait pas savoir à quel point Ichigo était ravi. La rééducation était notamment un travail psychologique, donc que le garçon accepte de commencer, c'était réellement bon pour la suite. Ça n'allait pas être facile, mais le jeune père n'allait pas le laisser abandonner.
« De toute manière, pourquoi tu as même des affaires ? » Toshiro tourna sa tête vers lui, alors qu'il sortait une crème de son sac.
« Je suis médecin, tu te souviens ? » Ichigo lui offrit un sourire.
« Mais je ne suis pas ton patient. En plus, tu es habilité à faire ce genre de truc ? »
« Unohana était d'accord » il haussa les épaules en s'approchant du lit et un tirant les couvertures hors du corps du garçon. « Et je ne suis pas kinésithérapeute, certes, mais je connais le corps humain. » il commença à enlever le pantalon du garçon, et Toshiro paniqua.
« Attend. C'est obligé ça ? »
« Pour que je puisse mettre cette crème, oui. » Ichigo rigola à la tête paniquée que le garçon offrait. « C'est ça, ou Unohana s'en chargera. »
Le rouge des joues du garçon s'accentua, et il détourna le regard, vaincu. « 'fais chier »
« Eh ! Langage ! » gronda Ichigo, et le garçon, maintenant en boxer, l'ignora mais fit la moue.
La fraise commença à étaler la crème sur les jambes du garçon, parfaitement conscient de celle qui était cassée et qui nécessitait plus de délicatesse. Unohana lui avait passé le dossier médical de Toshiro, donc il savait parfaitement dans quel état il était, et ce qui devait être traité en priorité.
« On va commencé par stimuler les muscles des jambes et du bas du dos. Ensuite, on fera des exercices simples de mouvements. On ne va pas essayer de marcher aujourd'hui, mais dans quelques jours, ce sera faisable. »
Toshiro tourna son regard perçant vers lui alors qu'il appuyait sur son genou et massait sa cuisse. « Et ton travail ? »
« Je suis en vacances. »
« Combien de temps ? »
« Autant qu'il le faudra » Ichigo ne regarda pas le garçon, mais il pouvait voir à son expression qu'il était troublé. « J'ai promis que je m'occuperai de toi. Alors tu ferais mieux de l'accepter. »
Toshiro ne répondit pas, mais grimaça quand la fraise appuya un peu fort.
Les minutes qui suivirent se passèrent en silence.
« Le pouvoir d'Orihime pourrait me soigner, non ? » le garçon demanda, ne tournant pas la tête vers lui.
Ichigo continua de faire ce qu'il faisait alors qu'il répondait. « Son pouvoir régénère les molécules mortes ou abîmées. Le problème ici, n'est pas la blessure, mais le fait que tu n'as pas utilisé tes jambes depuis longtemps. En plus, ton cerveau a accepté que tu aies perdu l'usage de la partie basse de ton corps. Il faut donc stimuler tes muscles pour qu'il renvoie l'énergie qui te permettra de marcher. C'est ça, la rééducation. »
Toshiro souffla, et tourna la tête vers lui. « Et ça dure combien de temps ? »
« Ça dépend de toi. Si tu fais les efforts, je dirai que dans un mois tu marcheras avec l'aide d'une béquille, et dans quatre ou cinq mois tu pourras courir comme avant. Si tu ne fais pas les efforts… » il haussa les épaules, espérant que le garçon comprendrait que cela dépendait réellement de lui.
« Super » souffla le garçon, tournant une nouvelle fois la tête et enfonçant son crane un peu plus dans l'oreiller.
Ça allait être compliqué.
…
« Ouais Tosh, vas-y » Ichigo encouragea alors que le garçon avançait un pied, difficilement. La sueur perlait sur son front et ses bras tremblaient énormément alors que ses jambes peinaient à le maintenir debout.
Ichigo était devant lui, les bras tendus sous ses aisselles pour le rattraper en cas de besoin. Il reculait d'un pas chaque fois que le garçon en faisait un, et Toshiro était rassuré de savoir qu'il n'allait pas s'exploser par terre, s'il tombait.
« Attend… attend… Ichi- » ses bras cédèrent et ses jambes s'effondrèrent.
Comme prévu, Ichigo le rattrapa et l'aida à se redresser, supportant la totalité de son poids alors que ses jambes pendaient mollement derrière lui.
« C'est super, Toshiro ! » Chanta la fraise.
Le garçon ne comprenait pas vraiment pourquoi il était aussi excité à ce sujet. Après tout, c'était son problème s'il ne pouvait pas marcher.
« C'est… dur » gémit le garçon alors qu'un goutte de sueur dévalait sa joue jusqu'à son menton. « Je sens plus mes bras. »
C'était réellement compliqué. Ses jambes supportaient à peine son poids, et il devait constamment forcer sur ses bras pour ne pas s'écrouler.
« Je sais. » Ichigo le redressa encore un peu. « Mais ça vaut le coup. » Il attendit que Toshiro reprenne son souffle, avant de proposer de continuer « Encore une fois ? »
Le garçon en avait marre. Il ne voulait rien d'autre que de s'effondrer sur son lit et dormir pendant les prochains jours. Mais il ne pouvait pas reculer. Ichigo donnait énormément d'énergie pour lui, et il avait beaucoup progressé (d'après la fraise).
Elle avait donné beaucoup pour lui.
Il ne pouvait pas abandonner maintenant. Si Ichigo lui proposait de le faire encore une fois, alors il était capable de le faire encore une fois.
Il hocha la tête, et ses mains agrippèrent les barres en bois. Unohana avait fait installer ce système, qui était apparemment utilisé dans le monde vivant. Il s'agissait d'un couloir, d'une soixantaine de centimètres de largeur, avec deux barres horizontales en bois de chaque coté. La hauteur était ajustable, et Ichigo l'avait réglée pour qu'elle arrive légèrement au dessus des hanches du garçon. Le principe était simple : s'appuyer sur le bois, et marcher sur la longueur de l'appareil (environ deux mètres), avant de faire demi-tour et de recommencer.
Toshiro n'était pas encore arrivé à faire une longueur entière sans tomber, et cela faisait trois jours maintenant qu'il essayait. Il était passé d'un pas fébrile, à cinq, mais Ichigo était constamment obligé de le rattraper alors qu'il finissait inévitablement par tomber.
« Ok, doucement, mais bien. » La fraise le lâcha doucement quand il eu ramené ses pieds sous lui, et qu'il reprenait appui sur ses bras.
Toshiro fit un pas, forçant sur le haut de son corps pour ne pas chavirer. Il pouvait le faire.
Il fit deux pas, la réalisation de ce qu'il était entrain de faire le frappa, et il sentit sa gorge se nouer. Putain de merde, regardez-le.
Il fit un troisième pas, et ses pensées virèrent vers Rangiku, la seule chose à laquelle il essayait de ne pas penser. Si elle le voyait comme ça ? À quel point était-il pathétique ?
Il fit un quatrième pas, se demandant si elle ne pourrait pas regretter son geste en le voyant maintenant. Il était minable, pitoyable.
Il fit un cinquième pas, et ses jambes cédèrent.
Ichigo le félicita, mais il se sentait juste nul.
Ses yeux se sont mis à brûler alors qu'il regardait vers le bas.
Il aurait juste dû mourir. Il ne méritait pas cet homme. Il ne méritait pas que tout le monde se plie en quatre pour l'aider. Il était juste une merde sans valeur. Il ne pouvait même pas faire plus de cinq pas. Il ne valait rien.
« Toshiro ? » la voix d'Ichigo était plus calme alors qu'il l'appelait.
Le garçon voulait lui crier dessus. Il voulait lui dire de le laisser là, de l'abandonner, d'arrêter de prendre soin de lui. Il se sentait tellement mal.
Il était en combat dans son propre cerveau. Il ne voulait pas qu'Ichigo parte. Ou qui que ce soit d'autre. Il voulait retrouver sa mobilité. Il voulait retrouver sa vie d'avant. Il voulait juste être heureux.
Il voulait Rangiku.
Il se mit à sangloter, et Ichigo se baissa à son niveau, le tenant toujours, parce que de toute manière, il s'effondrerait à la seconde où il le lâcherait.
« Toshiro ? Regarde moi. »
Mais il ne le fit pas. Il ne savait plus ce qu'il voulait. Il voulait tellement crier à la fraise de partir, de laisser la merde qu'il était derrière lui.
Il se pencha en avant, forçant sur ses jambes avec le peu de force qu'il lui restait. Sa tête toucha l'épaule de l'homme, et il y enfouit son visage.
La prise d'Ichigo changea, et bientôt, il se retrouva dans son étreinte chaleureuse, similaire à celle que donnait toujours sa mère.
Ses pleurs se sont accentués, et il ne chercha même pas à les arrêter. Ichigo n'ont plus. Il le tint juste contre lui, ne disant rien et passant distraitement une main dans ses cheveux blancs.
La réalité faisait tellement mal. Il voulait que Rangiku soit fière de lui. À quel point était-il pathétique ? Les morts ne parlent pas. Les morts ne savent pas ce qu'il se passe.
Il était bien placé pour le savoir.
Sa mère ne pouvait pas le voir.
Il gémit pathétiquement dans l'épaule d'Ichigo, recherchant la chaleur qu'il lui apportait, et essayant de la fuir en même temps.
Il avait tellement mal. Et cela n'avait rien à voir avec son dos alors qu'il bougeait, ou ses bras qui supportaient tout son poids.
Il avait le cœur lacéré, brisé en morceaux qui semblaient saignés sans cesse.
Toshiro essaya de faire le vide dans son esprit. Il voulait juste que ses pensées le laissent tranquille.
Il était fatigué. Il était épuisé.
« Tout va bien, Toshiro. Je te tiens. » Ichigo murmura à son oreille après plusieurs minutes de silence alors que le garçon continuait à pleurer dans son épaule.
Toshiro prit une grande respiration, les sanglots déchirants sa gorge alors que la réalité s'abattait sur lui par vagues.
« Est-ce-que… » il plongea son visage dans le kimono de l'homme, la question brisant sa voix alors que la peur montait dans sa poitrine. « Est-ce-qu'elle est- ? »
« Tout va bien » Ichigo frotta ses cheveux pour l'apaiser et Toshiro renifla violemment.
Ses mains s'étaient accrochées aux vêtements de l'homme et il gémit quand sa gorge brûla un peu plus fort. Il prit une grande respiration et lâcha tout dans un seul souffle « Est-ce-qu'elle est fière de moi ? »
La prise d'Ichigo se resserra immédiatement sur lui, et la main dans ses cheveux arrêta de jouer pour simplement soutenir sa tête.
« Il n'y a pas plus fière que ta mère. »
Toshiro sanglota contre lui alors que sa prise sur son kimono se resserra. Ce n'était pas Rangiku qui disait ces mots, mais juste l'entendre, entendre qu'il n'était pas une déception, fit battre son cœur un peu plus fort.
Il poussa un long gémissement avant que ses pleurs ne reprennent de plus belle.
La prise d'Ichigo changea à nouveau, et il se retrouva suspendu dans les airs, dans les bras de l'homme.
« Je n'ai jamais vu Rangiku aussi fière que quand elle posait ses yeux sur toi. » il compléta, et Toshiro aurait pu mourir en entendant ces simples mots.
Aucun des deux n'ajouta quoi que ce soit, et le garçon pleura sans retenue dans l'épaule de l'homme.
Les minutes ont commencé à défiler, et la fatigue prit bientôt le relais. Ses pleurs vacillèrent, et il posa simplement sa joue contre lui. Il se moquait de l'humidité désagréable qui toucha sa peau, il resta simplement comme ça, le corps secoué par des sanglots à intervalle irrégulier et les larmes coulant plus doucement.
Ichigo les emmena dans la petite salle de bain, et attrapa un mouchoir avant d'essuyer son visage. Toshiro s'en fichait. Il voulait juste dormir maintenant, le cœur lourd, et les yeux brûlants.
« Tout va bien ? » demanda la voix familière d'Unohana derrière eux, et Ichigo se tourna vers elle.
« Oui » Toshiro le sentit hocher la tête alors qu'il fermait les yeux « Juste fatigué »
Ses doigts avaient presque lâché le kimono de l'homme maintenant. Une nouvelle main caressa ses cheveux, et il gémit légèrement.
Les deux adultes chuchotèrent au dessus de lui, mais il n'écouta pas, jusqu'à ce qu'une nouvelle serviette vienne essuyer les restes de larmes sur son visage.
Des mains se glissèrent sous ses aisselles, et il fut tirer hors du corps d'Ichigo. Toshiro gémit bruyamment et ouvrit les yeux alors qu'il sentait une nouvelle fois ses émotions remonter.
Il voulait être tenu. Il voulait avoir un contact avec quelqu'un, au moins maintenant. Il était fatigué et il voulait juste le câlin de quelqu'un avant qu'il ne s'endorme.
Mais il fut placer contre une nouvelle poitrine, et ses yeux se fermèrent presque instantanément. Unohana le tint contre elle alors qu'il entendait Ichigo s'étirer derrière lui.
Il s'en fichait.
Son visage trouva le chemin vers le cou de la femme, et il se détendit juste.
Il se fichait que ce soit Unohana. Il se fichait que n'importe qui pourrait se moquer de lui. Il se fichait d'être tenu comme un enfant. Il se fichait de vouloir être tenu comme ça.
Il voulait juste arrêter de penser.
Il s'endormit quelques minutes plus tard, les yeux lourds, la gorge brûlante et le visage encore humide.
Il s'en fichait juste.
…
« Salut Sora. » Ichigo chanta en entrant dans le bureau de la dixième division.
Il regarda simplement le garçon, rien d'autre.
« Monsieur Kurosaki ! » le garçon afficha un sourire et le salua avec respect.
« Tu me vieillis. » contra tout de suite la fraise, agitant la main devant lui « Ichigo va bien »
Le gamin sembla hésiter un instant, réfléchissant aux pour et contre, mais finit par hocher la tête.
« Oh, vous voulez du thé ? » il se leva précipitamment de son bureau.
« C'est bon, ne t'inquiète pas. » Ichigo lui sourit et le garçon sembla légèrement démotivé.
« Qu'est-ce-que je peux faire pour vous alors ? »
Ichigo s'assit sur la chaise en face du bureau du lieutenant et demanda silencieusement au gamin de se réinstaller.
« Comment tu vas ? »
« Bien, merci. » le garçon s'assit sur sa chaise, légèrement mal à l'aise.
« Tu arrives à gérer la division comme tu le veux ? » Sora sembla hésiter à cette question et lui offrit un simple sourire timide en retour « Ukitake m'a dit que tu étais allé le voir ? Il y a quelque chose que je pourrais faire pour toi ? »
Le gamin sembla surpris par la demande et mit quelques secondes avant de secouer la tête. « Ne vous en faites pas. J'apprends vite, le Capitaine Ukitake m'a expliqué certaines choses, et ça va mieux maintenant. »
« Quelqu'un t'aide avec cette paperasse ? » enchérie Ichigo, essayant de faire craquer le garçon.
« Non, c'est bon. J'arrive à gérer. » il lui offrit un sourire que la fraise avait déjà vu sur le visage de Toshiro quand il était encore capitaine. Le garçon souriait rarement, mais il l'avait quand même vu deux ou trois fois.
Il était épuisé. Voilà ce que disait ce sourire.
« Tu ressembles beaucoup à Toshiro. » lâcha Ichigo, surprenant le garçon.
« On me le dit souvent » Sora se gratta la tête, gêné, mais souriant tout de même. Rangiku lui avait dit que Toshiro était une sorte d'idole pour l'autre gamin. « Est-ce-qu'il va bien ? » demanda alors à son tour le lieutenant « Enfin… je veux dire… »
« C'est dur. » expliqua la fraise « Mais c'est un battant. Il y arrivera, même si ça va prendre du temps et que c'est douloureux. »
Sora hocha la tête à sa réponse, baissant les yeux et ses doigts commencèrent à jouer nerveusement avec son stylo. « Vous pensez que ce serai possible… Vous savez ? De le voir ? »
Ichigo était un peu surpris, il ne savait pas que les deux garçons étaient amis. Aux dernières nouvelles, Toshiro avait beaucoup de mal avec lui.
« Je lui demanderai. » il ne voulait pas parler au nom du garçon aux cheveux blancs. Toshiro avait déjà assez souffert, et il voulait qu'il prenne ce genre de décision, car si cela ne lui allait pas, il pouvait faire une rechute.
Mais Sora semblait vouloir en dire plus. Il continua à jouer nerveusement avec son stylo, hochant la tête à la déclaration de l'homme.
« Qu'est-ce-qu'il y a ? »
« Rien, ce n'est rien. » dit le garçon en secouant le tête.
Un coup à la porte coupa la prochaine question d'Ichigo, et Ukitake et Kyoraku entrèrent dans le bureau, le sourire aux lèvres.
« Ichigo, je ne m'attendais pas à te voir ici. » Ukitake salua, semblant ravis de voir le jeune homme.
« Bonjour, bonjour » Kyoraku chanta à son tour, relevant son chapeau pour mieux les voir.
Sora sauta de son bureau et s'inclina devant les deux capitaines, et Ukitake en profita pour glisser des bonbons dans ses mains.
Contrairement à Toshiro, Sora avait l'air aux anges, et remercia une centaine de fois le capitaine avant de poser le sac sur son bureau et de l'ouvrir. Ichigo gloussa légèrement en regardant les yeux du garçon s'illuminer de joie quand il vit le contenu, et plonger sa main pour prendre le premier bonbon qu'il trouva.
« Vous en voulez ? » demanda alors le jeune lieutenant en levant la tête et en voyant les trois adultes le fixer avec amusement.
« Au moins, quelqu'un aime tes friandises. » se moqua Ichigo en secouant la main à l'offre du garçon.
« J'en ai un aussi pour Toshiro. » annonça rapidement l'homme en fourrant le sac dans les mains d'Ichigo « Unohana ne va pas être contente, mais bon. » il haussa les épaules et la fraise rit. Il n'était pas sûr que Toshiro les mange, mais il pouvait toujours les lui donner.
« Vous voulez du thé ? » proposa alors le garçon en se levant de son bureau.
« Tu demandes à chaque personne s'il veut du thé ? » demanda Ichigo en regardant les épaules du garçon s'affaisser pour la deuxième fois.
« Le Capitaine faisait toujours ça. » il murmura, jouant nerveusement avec ses doigts et Ichigo se sentit stupide.
« J'en veux bien » Kyoraku le sauva d'une situation malaisante et le sourire du garçon lui réchauffa un peu le cœur.
« Bien-sûr ! » et il disparu dans la cuisine.
« Qu'est-ce-que tu fais là, Ichigo ? » demanda Ukitake avec un sourire alors qu'il s'asseyait sur le canapé du bureau.
« Je passais juste par là. » répondit la fraise, haussant les épaules.
Ils partagèrent des regards entendus, et attendirent que Sora revienne de la cuisine, quatre tasses posées sur un plateau.
« Je vous en ai quand même fait un, Monsieur Kuro- heu… Ichigo. » il évita son regard d'embarras, et posa le thé de chacun sur la table basse.
Ichigo lui offrit un sourire et prit sa tasse, lui faisant un clin d'œil quand il croisa son regard.
« Alors, Tanaka, comment vas-tu ? » Kyoraku demanda après avoir bu une gorgée de son thé.
« Très bien, Monsieur, merci » le gamin bu dans sa propre tasse.
« La paperasse est plus facile ? » demanda à son tour Ukitake et les yeux de Sora s'illuminèrent.
« Super, Monsieur. Encore merci pour votre aide. » il s'inclina devant son aîné et Ukitake posa une main sur sa tête.
« Tout le plaisir est pour moi. »
Un silence pesant s'en suivi, et Ichigo se demanda pourquoi il y avait une telle ambiance. Le garçon était mal à l'aise, et semblait vouloir dire quelque chose, mais n'osait pas. Ukitake et Kyoraku partagèrent un regard qui fit froncer les sourcils à Ichigo.
« Tanaka » commença alors l'homme vêtu de fleur « Quelque chose te tracasse. Nous le voyons depuis plusieurs jours. Quel est le problème ? » Sa voix était plus sérieuse maintenant, et même Ukitake avait réduit son sourire.
« Tu peux tout nous dire, tu sais. » renchéri son ami « C'est le travail ? Tu n'arrives pas à gérer seul ? Tu sais, ce n'est pas une honte. Tu supportes le travail de deux personnes. »
Sora les regarda avec les yeux écarquillés, avant de déglutir.
« Non… Ce n'est pas ça » il baissa les yeux sur sa tasse, et les trois adultes partagèrent un regard inquiet.
« Quel est le problème ? » demanda alors Ichigo, se penchant en avant depuis sa place sur le canapé d'en face.
Sora hésita un long moment, laissant perplexe les adultes. « Je suis désolé, ce n'est rien. J'ai du travail. » il se leva, posant sa tasse sur la table basse.
« Sora » Ichigo appela et le garçon se figea « Assied toi » il y avait plus d'autorité dans sa voix qu'il ne le voulait, mais cela fonctionna, et le gamin se rassit à coté d'Ukitake, posant les mains sur ses genoux et évitant leurs regards. « Aller, crache le morceau. »
Sora secoua la tête « Je ne veux pas de problème. S'il vous plaît, oubliez ça. »
« Oublier quoi, gamin ? » demanda Kyoraku en terminant son thé.
« Pourquoi voudrais-tu avoir des problèmes ? »
Sora déglutit « Pour rien… »
« Sora » Ichigo appela à nouveau, et ça eu le même effet que la première fois. « Ne m'oblige pas à demander aux Capitaines ici présents de t'ordonner de cracher le morceau. »
La respiration du garçon se bloqua, et il pouvait voir la bataille intérieure qu'il menait.
« Pourquoi voudrais-tu avoir des problèmes ? » demanda à nouveau Ukitake, sa voix toujours aussi douce et posant une main sur l'épaule du garçon.
Sora déglutit et ferma les yeux, serrant les poings sur ses genoux. « Parce que c'est interdit. » murmura t-il. « Oubliez s'il vous plaît. Ils n'accepteront jamais de toute manière. »
« Qui n'acceptera pas quoi ? »
Le jeune lieutenant hésita encore une fois et Kyoraku parla à nouveau « Tanaka, je te promets que tout ce que tu pourras dire ne t'apportera aucun problème. »
Sora leva les yeux vers le capitaine de la huitième division et déglutit une nouvelle fois. Son regard passa ensuite vers Ichigo et Ukitake, qui hochèrent la tête pour l'encourager.
« Le Central 46 a dit que Ryo Tatsumi allait mourir, et que la décision était irrévocable. » commença le garçon, jouant nerveusement avec ses doigts. « Je me demandais juste si… »
« Si quoi ? » demanda Ukitake quand il hésita une nouvelle fois.
« Si ça mort ne pouvait pas servir à quelque chose… »
Il y eu un silence, puis Kyoraku se racla la gorge. « À quelque chose qui ressemblerait à ce que le Vice-Capitaine Hinamori a fait ? »
Le corps de Sora se crispa, mais il hocha la tête. « Ta- Tatsumi a dit qu'il était désolé. Peut être que ça pourrait être pour lui une façon de se repentir. » il garda ses yeux vers le bas alors que les trois adultes réfléchissaient à ce qu'il venait d'être dit.
« C'est pour ça que tu as peur d'avoir des problèmes. » clarifia Ukitake « Ce sort est interdit. »
« Attendez, vous parlez d'utiliser le sort de Momo sur un homme condamné à mort ? » Ichigo demanda, ne comprenant pas réellement où il voulait en venir.
« Non, Ichigo. Tanaka parle de faire utiliser le sort à l'homme condamné. » clarifia Ukitake, faisant se raidir le gamin.
« Je- je suis désolé, je n'aurai pas du parler de cette stupide idée- »
« C'est du génie. » chanta Ichigo. « Et qui ferions nous revenir ? » Les trois shinigamis lui envoyèrent un regard peu impressionné, et la fraise sourit. « Bon, bah reste plus qu'à convaincre Tatsumi. »
« 'reste plus qu'à convaincre le Commandant, le Central et Tatsumi. » rectifia Kyoraku. « N'oublions pas que le Central risque de formellement s'y opposer. »
« Attendez, vous voulez réellement faire ça ? » Sora les regarda bouche-bée, les yeux ronds.
« Bah ouais » Ichigo lui sourit à pleine dents. « Au top Sora. » il lui tapa l'épaule, et le garçon resta bloqué.
Ils étaient complètement malades.
…
« Autant je ne suis pas contre l'idée, autant je refuse que vous en parliez à Toshiro. » Unohana prévint en leur lançant un regard entendu.
Ukitake avait demandé une réunion des capitaines, car le sujet restait tout de même grave : ils proposaient d'enfreindre la loi, et pas qu'un peu.
« Pourquoi ? Il serait ravi et ça le remotiverait. » demanda bêtement Renji, depuis sa place derrière Byakuya.
« Parce que ça le détruirait si on venait à échouer. » raya Rukia depuis la sienne derrière Ukitake.
Unohana hocha la tête, comme plusieurs des autres capitaines et lieutenants.
« Attendez, vous parlez d'enfreindre une loi très grave. » se plaignit Kurotsuchi « Quand je veux faire ça, c'est toujours un non strict. »
« Tout ce que tu fais n'est pas dans l'intérêt de la Soul Society. » répondit Byakuya, sa voix calme et son ton noble, comme d'habitude. « Maintenant, nous parlons de rendre deux shinigamis de la puissance de Capitaine, pas de vulgaires expériences. »
« Comment oses-tu, petit- »
« Il a raison, nous devons prendre ce sujet au sérieux. » Hirako coupa le scientifique sans un regard vers lui.
« Je comprends totalement vos motivations, mais en tant que Capitaine Commandant, je ne peux pas approuver. » intervint Yamamoto. « Nous entretenons déjà de mauvais rapports avec le Central 46 »
« Il ne fait pas tout. » Dit Ichigo depuis sa place dans le fond. Il avait été autorisé à participer à la réunion, et comptait bien faire entendre son point de vu. « Et nous pouvons très bien les convaincre. Si nous sommes tous d'accord ici, ils n'auront pas d'autres choix que de dire oui. »
« Nous parlons tout de même d'utiliser la mort de quelqu'un. » Rappela Soifon, croisant les bras.
« Il est condamné, de toute façon » raya son lieutenant, recevant un regard mortel de son capitaine. « C'est- c'est vrai. Dans tous les cas il va mourir » il se défendit, levant les mains devant lui et reculant de quelques pas.
« Ce n'est pas une raison. Rien ne vous dit qu'il acceptera. » Signala Kurotsuchi, mécontent de la situation.
« Rien ne nous empêche d'essayer de le convaincre. » Répondit Ichigo, lui rendant le regard noir qu'il reçu.
Il avait une chance de faire revenir Rangiku, il n'allait pas la perdre aussi facilement.
« Si, le Central 46. » rappela Kyoraku, ajustant son chapeau.
Le silence suivit, alors que chaque personne dans la pièce réfléchit à la situation.
Ce n'était pas vraiment éthique. Ils souhaitaient utiliser la condamnation à mort d'un homme pour faire renaître quelqu'un.
Mais le jeu en valait la chandelle.
« Écoutez » Sora releva la tête, rougissant alors qu'il prenait la parole. « Je sais que cela pose un problème moral… Mais cet homme va mourir, quoi qu'il arrive. » il déglutit alors que personne ne le coupait, et il regarda Ichigo, comme s'il cherchait un peu de force. « Ne pensez vous pas que cela pourrait être un vrai plus pour le Seireitei ? Le Capitaine Matsumoto était un excellent Capitaine, et… et j'aimerai que mon Capitaine revienne. » il baissa la tête, regardant ses chaussures. « Et puis, Monsieur Hitsugaya mérite de la revoir, non ? Il a assez souffert. Tout a semblé lui tomber dessus ces derniers temps… alors… » Sa voix s'éteignit, et il recula, n'osant pas lever la tête alors que tous les regards étaient braqués sur lui.
« Alors, cela pourrait l'aider d'une manière dont vous n'avez pas idée. » termina Ichigo, faisant un clin d'œil au garçon quand il leva les yeux vers lui.
« Nous ne pouvons pas risquer de faire ça, pour qu'un gamin handicapé retrouve sa mère ! » cria Kurotsuchi, serrant les mains.
« N'as-tu point écouté ce que le Vice-Capitaine Tanaka a dit ? » répondit rapidement mais avec calme Byakuya. « Le Seireitei a, pendant longtemps peiné à combler les postes manquants de Capitaine. Nous avons la possibilité de régler ce problème une fois pour toute. » Il jeta un regard à tous les vizards qui se contentèrent de le fixer.
Ichigo était surpris que Byakuya prenne la défense de leur projet fou.
« Toi ? Tu prends part à ça ? C'est contraire à la morale noble. » ricana Kurotsuchi, levant un sourcil vers l'homme.
« Totalement. Mais je pense d'abord au bien du Seireitei. » Renchéri le noble, ne jetant pas un coup d'œil au scientifique fou. « De plus, je n'oublie pas la dette que nous avons envers Hitsugaya. Nous en sommes ici à discuter, uniquement parce qu'il s'est porté volontaire contre ce Quincy, et nous a permis de comprendre leur façon de se battre. »
Ichigo était impressionné par le Kuchiki. Il s'était attendu à ce qu'il soit l'un des difficiles à rallier à la cause, pourtant, il prenait sa défense et avançait des arguments valables.
Plusieurs personnes hochèrent la tête dans l'assemblée, et tous se tournèrent vers Yamamoto, resté silencieux. Le vieil homme les regarda un moment avant de soupirer. « Très bien, j'en parlerai au Central. » Ichigo sourit comme un fou, ça allait se concrétiser ! « Cependant. Je ne veux qu'aucun de vous n'en parle à quelqu'un. Cela reste ici et ne s'ébruite pas. » il ordonna, et tout le monde acquiesça, sauf Kurotsuchi qui beugla et lança des regards de morts à Sora. Le pauvre garçon se recroquevilla sur lui même et marmonna des excuses inaudibles au capitaine furieux. « Maintenant partez. Je vous tiendrai au courant de la suite. »
Le scientifique s'approcha du garçon, mais Kyoraku passa un bras par dessus l'épaule de Sora, et lui offrit un sourire. Ukitake les rejoignit, tout comme Unohana et Ichigo.
« T'inquiète pas, ça va lui passer. » Rassura l'homme au chapeau en tapotant l'épaule du garçon qui hocha la tête, pas vraiment rassuré pour autant.
« Très beau boulot, Sora. » Ichigo félicita, et il rougit.
« Bien, nous devons espéré que Yamamoto arrive à convaincre le Central. » reprit Ukitake.
« Qu'est-ce-qu'il se passera si Papy n'y arrive pas ? » demanda Ichigo, fronçant les sourcils.
« Rien ne sera fait. » Averti Isane, qui se tenait à coté de son capitaine. Unohana tourna les yeux vers elle, et sourit.
« Nous risquons gros cette fois. Le Central ne va vraiment pas être content. »
Ichigo haussa les épaules. Il n'aimait pas le central, de toute manière.
« Bien, rentrons. Nous ne pouvons rien faire tant que Papy Yama n'aura pas donné le verdict des 46. » Kyoraku tapota une nouvelle fois l'épaule de Tanaka, et le petit groupe se dirigea vers la sortie.
« Et n'oubliez pas » rappela Unohana avant qu'ils ne se dispersent « Pas un mot à Toshiro. »
Tout le monde hocha la tête, et ils partirent. Ichigo suivie la femme, décidant qu'il était l'heure de sa visite quotidienne au garçon.
Il allait tout faire pour que Rangiku revienne. Ne serait-ce que pour lui.
…
« Comment tu le sens aujourd'hui ? » Demanda Ichigo au garçon assit dans sa chaise roulante. Il leva un regard peu impressionné vers lui et haussa les épaules.
« Pas mieux qu'hier, mais pas pire. » il souffla, ses doigts jouant nerveusement avec son pantalon d'hôpital, au niveau des genoux.
Ichigo était accroupie devant le garçon, les mains sur les accoudoirs du fauteuil. « D'accord, on va faire les mêmes exercices qu'hier alors. » il sourit au regard vide du garçon, et attendit qu'il hoche la tête avant de passer ses bras sous ses aisselles et de le relever doucement. « Positionne tes jambes, et accroche toi à moi. » demanda Ichigo alors qu'il le tirait vers lui et soutenait tout son poids.
Toshiro serra les dents de douleur, et accrocha ses doigts au kimono de la fraise. Il tira dessus pour se tenir droit et ramena ses jambes sous lui, forçant comme il le pouvait.
Encore une fois, si Ichigo n'était pas là, jamais il n'aurait pu se lever. L'homme le fit faire quelques pas pour qu'il atteigne le bout des barres en bois, et Toshiro décrocha lentement ses mains de l'habit de la fraise, pour les accrocher à la machine.
Ichigo le lâcha doucement, jusqu'à ce qu'il soit sûr que Toshiro n'allait pas tomber. Le garçon se sentait un peu ridicule, comme la veille, mais le cœur un peu plus léger.
'Je n'ai jamais vu Rangiku aussi fière que quand elle posait ses yeux sur toi.'
Cette simple phrase lui avait donné un peu d'espoir. L'espoir qu'il n'était pas complètement nul et que sa mère ne regrettait peut être pas son geste.
« Bonjour, les garçons. » la voix d'Unohana les salua depuis l'entrée, et elle s'introduit dans la chambre, fermant la porte derrière elle.
« Salut », Ichigo tourna légèrement la tête vers la femme, mais garda son attention sur le garçon qui faisait un nouveau pas en avant et qui tremblait.
« Comment se passent les exercices, aujourd'hui ? » demanda le médecin, s'avançant vers eux et en regardant les progrès que Toshiro faisait.
« Comme… d'hab- » le garçon souffla en coupant sa respiration en faisant un autre pas.
Ses jambes cédèrent, et Ichigo le rattrapa, le laissant se reposer dans sa prise quelques secondes.
« Tu as fait des progrès. » félicita Unohana et Toshiro tourna son regard sarcelle vers elle.
« Quoi ? Je suis passé de cinq à six pas ? C'est pas grand-chose. » raya-t-il.
« La rééducation est difficile, Tosh, tu le sais. » Ichigo le redressa pour qu'il se repositionne.
« Je ferai des progrès quand j'arriverai à marcher seul, sans que tu sois obligé de me rattraper tous les dix centimètres. » cracha le garçon, agrippant les barres une nouvelle fois.
« Même petit, un progrès reste un progrès. » rappela Unohana, regardant à nouveau le garçon transpirer alors qu'il faisait un pas en avant.
Ils restèrent quelques minutes dans un silence rythmé par les respirations fortes du garçon, avant que la femme ne prenne à nouveau la parole.
« Ichigo, le Capitaine Général a envoyé un message. »
Toshiro sentit immédiatement l'homme se crisper devant lui, et il arrêta de reculer. Si bien, que le garçon lui rentra dedans alors qu'il faisait un nouveau pas, et perdit l'équilibre. Ichigo sortit instantanément de son état de choc, et rattrapa le garçon.
« Désolé, Tosh. » il s'excusa en se baissant et en l'aidant à s'asseoir sur le sol de la machine d'entraînement. Toshiro grogna, ne comprenant pas pourquoi il l'avait fait s'asseoir. « Qu'a-t-il dit ? » demanda sérieusement Ichigo en regardant Unohana.
La fraise semblait nerveuse.
« Ukitake t'attend dehors. » Répondit simplement la femme en lui faisant signe de se pousser.
Elle contourna la machine et rentra dans le petit couloir que créaient les barres, se positionnant derrière Toshiro.
« Tu… ? » Ichigo hésita, lançant un regard nerveux à la femme.
« Oui. » répondit-elle simplement, et Toshiro la sentit passer ses mains autour de lui et le lever doucement.
Ichigo lui lança un regard et passa une main dans ses cheveux blancs. « Je reviens le plus vite possible » et il s'enfuit sans rien d'autre.
« Qu'est-ce-qu'il se passe ? » demanda le garçon alors qu'il était redressé debout et qu'il agrippait les barres en bois.
« Rien de bien méchant, ne t'inquiète pas. » Répondit la voix douce de la femme derrière lui.
Toshiro voulait contester, mais à quoi bon ? Il n'était plus capitaine ou même shinigami, et cela ne le concernait pas. De toute manière, que pouvait-il même y faire ? Il n'arrivait déjà pas à tenir debout tout seul, et il s'imaginait qu'il pouvait aider qui que ce soit ? Il fallait qu'il arrête d'être ridicule.
Il laissa tomber.
« Tu n'es pas sensée être devant moi si jamais je tombe ? » demanda t-il alors, faisant un pas tremblant. C'était étrange de n'avoir personne devant lui.
« Je peux te rattraper aussi d'ici. Et puis, comme ça, tu vois où tu vas. » Répondit la femme, l'aidant à se stabiliser après un pas fébrile.
« Tu n'es pas obligée de rester, tu sais. Je sais que tu as d'autre patient à aller voir. » Dit le garçon après un autre pas.
« C'est mon rôle. La rééducation doit être faite tous les jours. » répondit simplement la femme.
« Ichigo me fait faire des exercices dans mon lit avant de venir ici. C'est bon. » son souffle se coupa alors qu'il trébuchait.
Unohana l'attrapa et le garda droit, ses bras enroulés autour de lui. « Ton corps doit être stimulé le plus souvent possible. » expliqua le médecin « Ne pas travailler un jour reviendrai à prendre du retard. »
« Quelle importance ça a ? Je n'ai rien à faire une fois que je sortirai d'ici. » cracha le garçon, agrippant les barres en bois.
Unohana mis un peu plus de temps à répondre, relâchant doucement sa prise sur lui. « Ton corps pourrait garder des séquelles. »
Toshiro rit jaune. À quel point en avait-il rien à faire ? Son corps pouvait avoir toutes les cicatrices du monde, il s'en moquait. Il avait une plaie ouverte dans le cœur qui saignait constamment, et il vivait très bien avec.
« Pour ce que j'en ai à faire » marmonna le garçon en reprenant l'exercice.
Il avait promis à Ichigo de faire des efforts sur la rééducation, et même si personnellement, marcher n'était plus une envie, c'était important pour la fraise, et il ne voulait le décevoir.
'Il n'y a pas plus fière que ta mère.'
Les mots résonnèrent dans sa tête, et il soupira.
Certaines personnes ne méritaient pas d'être déçues.
« Félicitations ! » La voix d'Unohana le sortie de sa stupeur, et il écarquilla les yeux en voyant qu'il était arrivé au bout des deux mètres de barres.
Combien de pas avait-il fait ?
Les mains d'Unohana l'aidèrent à rester debout pendant qu'il se retournait à grand peine, et il vit le sourire de la femme.
« J'ai vraiment fait ça ? » demanda t-il, incrédule.
« Oui » rigola t-elle, se décalant pour le laisser voir la totalité du parcours qu'il avait fait. « Tu vois, tu as fait des progrès. »
Le garçon grommela en réponse, mais quelque chose brûla dans sa poitrine. Et ce n'était pas douloureux.
Tout en le maintenant, Unohana se déplaça derrière lui, et l'exercice continua.
Il avait fait des progrès.
Semble t-il.
…
« Sora, tu es sûr de vouloir venir ? »
Le garçon leva ses yeux pour rencontrer les siens et hocha la tête, même si la pâleur de son visage disait qu'il n'avait pas vraiment envie de le faire
« Oui, Ichigo. Mon idée, mon Capitaine. Je dois être là. »
Le gamin n'avait pas tord, mais Ichigo se sentait un peu responsable. Il avait envie de lui dire de partir, qu'ils pouvaient totalement gérer sans lui, mais il comprenait aussi la détermination du garçon.
Son idée. Son capitaine.
À contre cœur, Ichigo hocha la tête, et ils suivirent Kyoraku et Ukitake dans la zone sécurisé de la première division, aussi appelé prison du Seireitei.
Yamamoto avait parlé avec le central 46. Les négociations avaient duré plusieurs heures, et il ne savait pas vraiment comment, mais le vieux était arrivé à une entente. Si personne n'entendait parlé du 'sacrifice', comme ils l'avaient accusé, alors le central fermerait les yeux sur la 'cause' de la mort. Pour ce qui était d'expliquer le retour de Rangiku, ils laissaient les shinigamis gérer ce point, tant que les conditions étaient respectées.
Yamamoto avait donné une réponse plutôt équivalente. Il fermera les yeux, mais ne voulait pas que cela s'ébruite. Après tout, ils étaient sur le point d'utiliser un sort parfaitement illégal, et cela pourrait mettre plusieurs personnes 'dans le pétrin', comme l'avait poliment expliqué Ukitake.
Leur excuse, pour l'expliquer au reste du Seireitei était assez simple : tout comme la réincarnation de Toshiro avait été inexpliquée au grand jour, celle de Rangiku n'allait pas l'être non plus. Aux yeux de tous, Momo s'était suicidée, et comme Hitsugaya avait été retrouvé plusieurs mois après sa mort, personne ne soupçonnerait quoi que ce soit. D'après les calculs de Mayuri, Rangiku devrait revenir trois jours après l'utilisation du sort. Lorsque Toshiro était mort, sept années se sont écoulées entre le décès, et la résurrection. Rangiku était partie depuis deux semaines, ce qui leur laissait un délai de trois jours.
Cela pourrait faire réfléchir les curieux, mais tous s'étaient mis d'accord pour nier effrontément si quelqu'un posait la question.
Ichigo ne se reconnaissait pas vraiment dans ce qu'ils étaient entrain de faire. Il devait bien avouer que ce n'était pas quelque chose qui lui ressemblait. Il aurait pu se battre pour que l'homme parte dans les règles, et sans ce 'stress' en plus.
Mais peut être était-ce parce qu'il en avait marre de voir Rangiku, puis Toshiro souffrir de la perte l'un de l'autre, et qu'il voulait simplement qu'ils puissent être heureux, comme il l'était avec Orihime et leur fils, ou peut être était-ce juste une question d'égoïsme, car il savait que la mort de Rangiku allait changer plusieurs choses sur le long termes dans sa propre vie privée. Quoi qu'il en soit, il allait le faire, et même si cela posait un problème à son éthique morale, il réglerait le problème plus tard, et avec lui même.
Et puis, comme l'avait dit Sora, Ryo Tatsumi était condamné à mourir. Ce n'est pas comme s'ils demandaient à quelqu'un de parfaitement innocent de faire le sacrifice.
Le garde qui les accompagna les conduit jusqu'à une cellule, avant de les laisser, et de leur dire de l'appeler quand ils auraient fini.
Tatsumi leva des yeux ternes vers eux, surpris mais pas impressionné de les voir. Il se leva doucement et s'inclina devant ses supérieurs.
« En quoi puis-je vous aider, Messieurs ? » demanda t-il, la voix sans émotion.
« Nous sommes venus ici pour parler. » répondit simplement Kyoraku, inclinant son grand chapeau.
L'homme redressa un peu son uniforme de tôlier, un kimono blanc uni. Autour de son cou se trouvait le fameux collier anti-reitsu que Rukia portait elle-même la fois où elle avait failli se faire exécuté, il y a toutes ces années maintenant.
« En quoi puis-je vous aider ? » dit l'homme en s'asseyant sur son futon, de l'autre coté de la petite cellule.
« Nous voulons te demander quelque chose. » Ukitake commença, mais il s'arrêta pour regarder l'homme, comme s'il essayait de juger sa réaction.
Ichigo se figea. Il n'avait pas réfléchi à la façon de dire ça à l'homme. Comment pouvaient-ils annoncer ça à quelqu'un ?
« Je ne vois pas en quoi je pourrais vous être utile. Je suis condamné à mort, vous savez ? »
L'estomac d'Ichigo se retourna presque alors que l'homme prononçait ces quelques mots. Il donnait l'impression d'avoir complètement accepté la situation. Il allait mourir, et il avait fait la paix avec ça.
« Justement. » Sora surpris tout le monde quand il prit la parole. « Nous avons besoin de ça. » le garçon déglutit face au regard d'incompréhension que l'homme lui lança, et il recula un peu, se cachant derrière l'haori de Kyoraku.
« Comment ça ? Qu'est-ce-que ça veut dire ? » Tatsumi semblait perplexe, et Ichigo dégluti.
« Et bien… » mais il fut coupé court par Ukitake.
« Nous voulons que ta mort serve de sacrifice. » sa voix était neutre et sans appel. Ichigo tourna la tête vers lui et il écarquilla les yeux. Les deux capitaines se tenaient parfaitement droit, le regard directement dans celui de l'homme, les visages neutres. Comment pouvaient-ils faire ça dans une telle situation ? « Il existe un sort permettant d'échanger la vie de quelqu'un contre une autre. »
Ichigo était impressionné. Il avait toujours considéré Ukitake et Kyoraku comme deux hommes gentils et ouverts. Il avait toujours sût que les deux étaient de très bons capitaines, mais il était surpris par leur façon de gérer absolument professionnellement la situation. Ils étaient redoutables, ne laissant voir aucune once de peur, de doute ou de crainte.
La surprise totale était inscrite sur le visage de Tatsumi, et l'homme se mit doucement à rire nerveusement. « Vous vous moquez de moi, pas vrai ? » il regarda Sora qui déglutit et détourna les yeux de l'homme, honteux. « Vous voulez que ma mort permette de ramener quelqu'un à la vie ? » il répéta, incrédule et semblant fou « Qui ? »
« Le Capitaine Matsumoto. » Kyoraku resta sérieux face à l'homme qui sembla perdre ses moyens.
« Que… ? » Tatsumi prit sa tête dans ses mains et la secoua, essayant manifestement de garder son calme. « Est-ce-que le Central 46 ordonne ça ? Est-ce-que je vais vraiment mourir comme ça ? »
« Non, personne ne l'ordonne. C'est pour ça que nous sommes ici pour le demander. »
« Vous me demandez de me sacrifier ?! » cria presque l'homme, et Ichigo pouvait entendre toutes les émotions qui résultaient de cette simple question.
« Oui. » Ukitake resta imperturbable. « Écoute- »
« Non ! Non, ce n'est pas juste ! Je ne mourrais pas pour ça. Je refuse ! » il secoua la tête hystériquement, et Ichigo parla à son tour.
« Pas juste ? » répéta t-il, faisant un pas vers les barreaux. « Un enfant s'est retrouvé à l'hôpital en ayant perdu la possibilité d'utiliser ses jambes à cause de toi ! » il agrippa le métal qui le séparait de l'homme, et lui lança un regard entendu « Sa mère est morte pour qu'il puisse récupérer ses pouvoirs et être soigné. Tu n'as absolument aucune putain d'idée d'à quel point c'est difficile pour lui ! Il a perdu sa mère pour une perte de sang froid de ta part. Et tu oses parler d'injustice ? » Une main sur son épaule l'arrêta, et il se retourna pour croiser le regard de Kyoraku. Il le força à reculer, et Ichigo lança un regard meurtrier à Tatsumi alors qu'il le faisait.
L'homme semblait complètement désorienté et perdu alors que ses yeux étaient écarquillés vers lui. « Je… j'ai dit que j'étais désolé… » il semblait complètement incertain de lui-même, agrippant son kimono blanc comme ci cela allait l'aider d'une quelconque manière.
« Mais cela ne change pas grand-chose à la situation. » répondit calmement Ukitake, alors qu'Ichigo était prêt à tuer l'homme. « Écoute, après la guerre, le Seireitei a eu beaucoup de mal à se remettre, mais il y est arrivé. Nous avons reconstruit les bâtiments, soignés nos blessés, et comblés les places qui s'étaient libérées pendant le conflit. Aujourd'hui, l'une de ces places est à nouveau vacante et tu peux changer ça. » il posa à son tour une main sur les barreaux et regarda fixement l'homme qui avait les yeux écarquillés.
Plusieurs minutes de silence passèrent, et le stress montait dans chacun d'eux. Tatsumi semblait en pleine réflexion, et Ichigo, bien qu'en colère contre l'homme, se demanda comment il pourrait réagir dans un moment pareil.
« Qui a eu l'idée ? » demanda alors le condamné, surprenant ses visiteurs.
Ichigo était sur le point de se dévouer, quand Sora s'avança.
« Moi. »
Les deux partagèrent un long et silencieux regard, et la fraise aurait pu croire que le garçon allait s'enfuir en courant, vu la pâleur de son visage.
Cela devait également être horriblement dur pour le gamin. Tatsumi était l'un de ses hommes après tout. Et il avait pris la décision de parler (forcé ou pas) de son idée, et il devra vivre avec pour le reste de sa vie.
« Pourquoi ? » demanda alors le prisonnier, regardant son supérieur directement dans les yeux.
« Pour les raisons évoquées plus tôt. » répondit Sora, avant de soupirer et de prendre une grande inspiration « Et parce que je pense que tu partiras en étant plus serin avec toi même. » il continua, soutenant péniblement son regard « Parce que tu sais que tu as fait du mal à ce… à ce garçon, et que tu t'en veux. Ramener sa… sa mère l'aiderai lui, ainsi que le Seireitei tout entier, mais aussi toi. Je sais que tu n'as jamais voulu faire ça, et que tu regrettes. Mais la condamnation est irrévocable… » il prit une grande respiration et lâcha tout « Alors tu peux choisir de mourir ici, sans rien faire, en laissant un enfant brisé, et une division sans Capitaine derrière, ou tu peux choisir que ta mort serve à une bonne cause. Tu peux choisir de mourir en sachant que ce même enfant, que tu as rendu handicapé, grandira aux cotés de sa mère. Tu peux choisir de mourir en sachant qu'une division va retrouvé son Capitaine. Un Capitaine qui était aussi le tien. » Le garçon avait les larmes aux yeux quand il finit, mais il soutenu tout de même le regard de son interlocuteur. « Alors, qu'est-ce-que tu veux, Tatsumi ? »
Dire qu'Ichigo était impressionné par le courage du garçon serai un euphémisme. Il n'en revenait pas que Sora, qui semblait d'habitude timide et réservé, fasse face à un homme en lui proposant de mourir.
Le gamin était doué.
Rangiku l'avait bien choisi.
Ichigo sourit pour lui même, fier de son amie disparue.
Tatsumi semblait complètement à court de mot. Il regardait son supérieur les yeux écarquillés et complètement pris au dépourvu. Sa bouche se mit à former des mots incohérents, et son regard s'est rapidement embué.
L'homme semblait devenir complètement fou et Kyoraku prit la parole.
« Laissons lui le temps de réfléchir. » il dit à ses camarades, baissant son chapeau et se tournant vers la sortie. « L'exécution est prévue pour dans trois jours. » il rappela, et Ukitake hocha la tête.
Sora et Ichigo semblait un peu plus réticents, mais les deux finirent par accorder du temps à l'homme.
C'était une décision qui semblait facile, d'un point de vu extérieur, mais l'homme devait d'abord faire le point avec lui même.
Ils appelèrent le garde qui leur ouvrit la porte, mais un bruit de métal résonna derrière eux.
« Je ne connais pas ce sort. » appela Tatsumi, et Ichigo vit les menottes de l'homme frapper contre les barreaux de sa cellule alors qu'il s'était levé. Ses yeux étaient complètement désespéré et sa lèvre inférieure tremblait.
« Nous te l'apprendrons. » répondit doucement Kyoraku en se retournant, sans relever son chapeau. « Il est complexe, mais pas si difficile à apprendre. »
Les quatre shinigamis regardaient le détenu, essayant de voir ses réactions.
« Est-ce-que le Central me pardonnera ? » ses mains tremblaient, accrochées aux barreaux.
« Non. Mais le Capitaine Matsumoto et le jeune Hitsugaya le feront. » Ukitake répondit, parlant aux noms des deux. « Nous ne pouvons rien t'offrir d'autre. » sa voix était désolée, et Ichigo se sentit un peu mal.
« Je vais le faire. » La voix de l'homme avait quelque chose de déterminé. « Si vous me dites qu'ils me pardonneront, alors je veux bien le faire. » Ses mains tremblaient violemment autour de la barre, et sa voix craquait légèrement, mais Ichigo pouvait voir que ce simple fait était assez. « Après tout, je vais mourir, non ? » il tenta de sourire, mais une larme glissa sur sa joue, et ça ressemblait plus à une grimace.
Ichigo crut mourir intérieurement. L'homme venait vraiment d'accepter ?
Sa première pensée alla pour Toshiro. Il allait enfin avoir un peu de paix. Il allait enfin être soulagé.
Ichigo comprenait totalement ce que le garçon pouvait ressentir. Sa mère était morte pour le protéger, comme lui. Il ne pouvait qu'imaginer ce qu'il allait ressentir.
« Tu as pris la bonne décision. » Kyoraku releva son chapeau pour le regarder. « Je pense que Soifon se chargera de t'apprendre le sort. » il hocha la tête à l'homme qui retenait à peine ses larmes.
« D'a- d'accord. » il acquiesça, la gorge nouée.
Sora s'approcha de lui, et une fois derrière les barreaux, il s'inclina devant lui. « Merci. » c'était sincère, et les larmes de Tatsumi redoublèrent.
L'homme renifla et se tourna pour revenir s'asseoir sur son futon, prenant sa tête dans ses mains.
Ichigo tendit la main à Sora, lui disant silencieusement qu'il était temps de partir. Le garçon vint à sa hauteur, et attendit que la fraise pose la main sur son épaule, pour avancer.
Dans le couloir de la sortie, une fois que le garde eu refermé les portes, personne ne parla. Ils remontèrent à la lumière du jour, et quand le vent frais fouetta leurs visages, Kyoraku se tourna alors vers eux.
« C'est une bonne chose qu'il ait accepté. » commença t-il, mais son expression était toujours sérieusement, bien que plus détendu que face à Tatsumi « Mais il reste encore quelques points à éclaircir avant de pouvoir fêter victoire. »
Ukitake hocha la tête. « Oui. Nous devons nous assurer que le sort fonctionne et nous devons trouver l'endroit où Rangiku réapparaîtra. »
« Mais la priorité va d'abord au sort. » conclu Ichigo, serrant l'épaule de Sora.
Les deux capitaines hochèrent la tête. « En attendant, pas un mot à Toshiro. »
« Évidemment »
Cela n'empêchait pas qu'Ichigo était ravi.
Il y avait enfin de l'espoir.
…
Il courait dans la forêt, évitant les branches et les racines. Il sauta au dessus des petites rivières qu'il croisait, n'écoutant à aucun moment ses poumons hurler.
Sa course folle s'accéléra encore quand il entendit le cri lointain. Il courait en apnée, il ne respirait pas. Ses jambes étaient lourdes, mais il s'en fichait. Il courait juste.
Tout semblait durer une éternité, éviter la branche, sauter par dessus le buisson, enjamber la racine, branche, buisson, ruisseau, branche, buisson, racine, rivière, branche…
Il arriva dans un espace un peu plus dégagé, le ciel couvert par les immenses arbres, et le sol tapis de sang… tellement de sang.
Le quincy, celui qui avait volé ses pouvoirs, qui avait causé tellement de chaos dans sa vie, se tenait debout, au milieu de tout ça. À ses pieds, tremblante et ensanglanté, se trouvait sa mère, le corps tourné vers le sol alors qu'elle était sur ses avants-bras.
Elle tourna son regard bleu bébé vers lui, et Toshiro sentit ses émotions l'engloutir.
Ses jambes ont cédé, et il s'écroula. Il ne pouvait plus les bouger. Il ne pouvait plus faire un mouvement en dessous de son bassin. Comme si sa colonne vertébrale était touchée.
Rangiku le regarda tomber, aucune émotion sur son visage ou dans ses yeux. Toshiro tendit la main vers elle, essayant de s'approcher. Mais rien ne fonctionnait. La terre sous ses bras s'enfonçait à chaque impulsion qu'il prenait. Ses jambes étaient aussi lourdes que du plomb, et bientôt, tout son corps fut attiré par le sol.
Le quincy leva son épée, Hyorinmaru, au dessus du corps de la femme, et Toshiro cria.
Mais Rangiku ne fit rien pour se protéger. Elle le fixa juste, le visage tâché de sang et de sueur, ignorant son ennemi prêt à l'abattre.
« Bouge ! » Toshiro essaya de se relever, la peur le faisant pousser sur ses bras. Le seul résultat fut qu'il s'enfonça un peu plus « Maman ! » il cria, encore et encore, essayant de tendre la main vers elle.
« Tu es ma plus grosse déception » la voix de la femme n'était qu'un murmure alors que Hyorinmaru traversait son crane, la pointe perçant la terre de l'autre coté.
La vie quitta les yeux de la femme et le monde se figea.
Toshiro hurla en ouvrant les yeux.
Seul le plafond blanc de sa chambre sombre lui fit face. Il se redressa rapidement, ignorant totalement le hurlement de son dos alors qu'il regardait frénétiquement autour de lui.
Il n'y avait personne avec lui. Il n'y avait personne dans sa chambre.
'Tu n'es pas seul'
'Tu es ma plus grosse déception'
Son souffle se coupa, et son cerveau n'arrivait plus à réfléchir.
Il prit sa tête dans ses mains. Ses yeux se fermèrent alors qu'il essayait de chasser l'image de Rangiku sans vie, le crane transpercé par Hyorinmaru.
Il l'avait tué.
Le cri qui déchira sa gorge était tellement douloureux que sa propre voix lâcha. Les larmes dévalaient la pente de ses joues maintenant, trouvant refuge dans ses draps en dessous.
Il était responsable.
Il pleura, aussi bruyamment qu'il en avait besoin.
Il avait tué sa mère.
'Tu es ma plus grosse déception'
Son cœur se brisa. Il l'avait déçu. Elle le détestait. Elle regrettait.
Il était sa déception.
Il n'entendit pas la porte de sa chambre s'ouvrir, mais il se crispa un peu plus quand la lumière illumina la pièce, même à travers ses yeux fermement clos.
Il poussa un autre hurlement quand des bras s'enroulèrent autour de lui, et qu'il fut amené contre une poitrine.
Il continua à tenir ses mains contre ses oreilles, il continua à pleurer comme il le faisait.
Les caresses dans ses cheveux le forcèrent à enfoncer son visage dans le kimono de la personne qui le tenait.
Il était une déception. Juste et seulement, une putain de déception.
Ses pleurs s'intensifièrent, et il sentit la personne faire des mouvements lent d'avant en arrière.
Ses mains glissèrent de ses oreilles pour s'enfermer dans le kimono de la femme qu'il savait être là.
« Tout va bien » il l'entendit murmurer au dessus de lui « Ce n'était qu'un cauchemar, rien de plus. »
Unohana continua à passer ses mains d'avant en arrière dans ses cheveux, berçant son corps avec des mouvements lents et répétés.
Un cauchemar ?
Le cerveau de Toshiro commença à comprendre ce qu'il se passait.
Un cauchemar. Rien de plus.
Il avait rêvé.
Il sanglota contre la femme. Ce n'était pas arrivé ? Elle ne lui avait jamais dit ça ?
« Calme toi » dit doucement Unohana, le laissant s'enfoncer un peu plus en elle « Je te tiens, tout va bien. »
Il sentit la nausée frapper violemment et il s'écarta rapidement de la femme. Il convulsa une fois vers l'avant, avant qu'il ne se mette à vomir sur ses draps. Unohana glissa un récipient sous lui, et il continua, régurgitant le peu qu'il avait mangé au dîner.
« C'est bon » Unohana le maintenu droit alors que sa tête tournait violemment et que sa vision s'embrouillait. Quand elle fut sûre qu'il avait fini, elle retira la bassine et appela des infirmiers pour l'aider.
Toshiro sanglotait pathétiquement dans sa prise, le goût amer du vomi sur sa langue. Unohana enleva les draps souillés de ses jambes, et aida le garçon à pivoter vers elle.
« Madame ? » une voix masculine résonna à la porte, et Unohana fit un signe d'entrer.
« Nettoyez ça » elle ordonna aux deux infirmiers qui venaient en renfort, prenant le garçon sanglotant dans ses bras.
Il se fit porter comme une mariée, et ils entrèrent dans la petite salle de bain de sa chambre, la lumière faisant papillonner ses yeux fous. Unohana le déposa doucement sur le sol, contre les placards du lavabo, et glissa quelques serviette dans son dos, pour qu'il reste droit. Elle mouilla un tissu, et commença à essuyer le visage gluant du pauvre garçon.
« Tu es avec moi. Tout va bien. » Le frais fit un bien fou à sa peau brûlante, et calma tout ce que son cerveau envoyait.
« Maman » gémit le garçon, se penchant dans le toucher.
Les bras étaient de retour autour de lui, et sa tête fut dirigée vers un cou chaud et rassurant.
« C'est bon » murmura la grande femme au dessus de lui. « Tout va bien, ce n'était qu'un cauchemar » elle le berça doucement et Toshiro ferma les yeux quand une main vint caresser ses cheveux.
Il se retrouva à renifler, complètement pathétique dans la prise de la femme. Ses yeux brûlaient, tout comme sa gorge, et il continua de haleter dans son cou.
Il gémit pitoyablement, mais se laissa doucement bercer par les caresses.
À un moment, il fut à nouveau déplacé, mais c'était tellement lent qu'il ne ressentit pas le besoin d'ouvrir les yeux. Il était en sécurité.
Son corps fut allongé à nouveau, mais la main dans ses cheveux ne disparue pas, même lorsqu'il sentit la couverture être remontée jusqu'à son menton.
Alors il tourna la tête, et les doigts se déplacèrent sur sa joue. Le garçon l'écrasa doucement contre son lit, et il s'en servit comme nouvel oreiller. Le pouce continua doucement à glisser d'avant en arrière contre sa peau, même coincé sous lui.
Il entendit la femme soupirer, mais le sommeil le prit définitivement quand une deuxième main frotta ses cheveux.
Il était en sécurité.
…
« J'y crois pas » Toshiro tourna la tête pour le voir dans l'embrasure de la porte, un sourire mesquin sur les lèvres alors que sa voix moqueuse résonna dans la chambre.
« Quoi ? » raya le garçon, levant un sourcil entendu vers lui.
« Tu ne manges pas ce que la quatrième te donne, mais tu pioches dans les bonbons d'Ukitake. Il y a un ordre de priorité, tu sais ? » l'homme s'approcha et prit une chaise, s'asseyant à son chevet.
« Ils me faisaient plus envie. » Toshiro haussa les épaules, regardant le petit sac ouvert sur ses genoux.
En réalité, il n'en avait mangé que trois, mais le goût sucré sur sa langue lui donnait envie d'y retourner.
« En plus, je croyais que tu n'aimais pas ça » Ichigo se rapprocha, tendant la main et piquant un bonbon.
Ce n'est pas que Toshiro n'aimait pas ça – qui n'aimait pas les bonbons ? - c'est qu'il s'interdisait de les manger. Ce n'était pas sérieux, complètement enfantin, et ça, Ichigo le savait très bien.
Il haussa les épaules pour toutes réponses, et la fraise gloussa.
« Unohana ne va pas être contente. » dit-il en piochant une autre sucrerie.
Une nouvelle fois, la seule réponse qu'il reçut fut un signe de tête qui disait qu'il était d'accord, mais qu'il s'en fichait. « Comment tu vas, aujourd'hui ? » demanda alors la fraise en avalant.
Toshiro regarda avec perplexité ses bonbons, haussant les épaules après quelques secondes.
Le garçon avait des cernes sous les yeux, et Ichigo pensa immédiatement à la discussion qu'il avait eu avec Unohana ce matin en arrivant. Toshiro avait fait une crise relativement grave, et il avait été malade une bonne partie de la nuit.
« Fatigué ? » demanda alors Ichigo, regardant ses yeux ternes.
« Ouais » le garçon répondit dans un murmure, jouant paresseusement avec le sac entre ses doigts. « J'ai pas envie de faire de rééducation aujourd'hui. »
C'était plus comme une demande qu'une déclaration, et le cœur d'Ichigo se serra. Si seulement il pouvait lui dire !
L'homme se leva et attira le garçon dans une étreinte réconfortante. Toshiro fondit instantanément dans ses bras, enfouissant son visage dans son kimono.
« Je sais que c'est dur » murmura Ichigo, passant sa main dans les cheveux blancs qui repoussaient doucement « C'est pas facile et éprouvant. Mais tu ne peux pas te permettre de rater une séance, Toshiro. »
Il entendit le garçon renifler contre son épaule. Il avait l'air épuisé.
Mais ne pas faire la séance d'aujourd'hui revenait à prendre du retard. Le garçon pouvait garder des séquelles plus ou moins graves s'il ne faisait pas les choses correctement. Ichigo ne le supporterait pas.
« Et moins dur que d'habitude ? » supplia la voix de l'enfant, étouffée par ses vêtements.
Ichigo souffla, mais hocha la tête, réfléchissant déjà à ce qu'ils pouvaient abréger. « D'accord. Une fois les exercices dans le lit fait, on fera seulement un aller et ce sera bon. »
Toshiro soupira, reniflant juste après, et se dégagea de l'étreinte.
Il se posa contre la tête du lit, et regarda devant lui, attendant manifestement qu'Ichigo face quelque chose.
La fraise aida le garçon à s'allonger, avant de sortir sa crème stimulante et de masser ses jambes. Toshiro ne dit rien, mais il le vit serrer les dents quand il appuya plus distinctement sur une zone sensible. Ils passèrent ensuite aux petits exercices, dans lesquels le garçon devait lever les jambes le plus haut possible, ou bouger ses genoux de droite à gauche tout en maintenant une balle entre eux.
Quand ils eurent fini, Ichigo rangea ses affaires dans son sac et s'apprêtait à aider le garçon à glisser dans sa chaise roulante quand il vit l'expression déchirée sur son visage.
« Hey. Qu'est-ce-qu'il y a ? » il demanda immédiatement en s'asseyant à coté du corps allongé.
Toshiro renifla plusieurs fois, essayant manifestement de combattre les larmes. Il fuit son regard quand Ichigo posa une main sur son visage, mais il pouvait voir la douleur dans ses yeux.
« Je veux pas. » renifla le garçon, levant un bras tremblant et le passant sous son nez.
« Tu ne veux pas continuer les exercices ? » demanda Ichigo, essayant de déduire le problème. Toshiro secoua la tête, une larme tombant de ses yeux et roulant jusqu'à la racine de ses cheveux. Il avait l'air malheureux, et Ichigo n'eut pas la force d'aller plus loin. « Très bien. » il passa ses doigts dans les cheveux blancs mi-courts, et essuya une autre larme avec son pouce. « Pas plus d'exercices pour aujourd'hui. On verra demain. »
Ils avaient déjà fait la majeure partie des activités de la séance, et ne pas la terminer n'aurait pas, en réalité, beaucoup de conséquences. Le problème pourrait survenir si le garçon ratait plusieurs sessions de suite.
Toshiro renifla à nouveau et hocha la tête. Sa joue s'écrasa un peu contre la paume de sa main quand Ichigo fit glisser ses doigts le long de sa peau.
« Je pense qu'il est temps de dormir » il posa sa seconde main dans celle du garçon, et il la serra quand ses doigts s'enroulèrent en retour autour de lui.
Toshiro acquiesça et ferma ses yeux rouges et épuisés.
Cela ne servait à rien de la pousser trop loin. Surtout quand il était fatigué, cela allait inévitablement mal se finir. Et le garçon méritait de se reposer. Ichigo était passé par là, et il devait dire que ça avait été la plus douloureuse expérience qu'il ait jamais eu. En plus, Toshiro devait avoir un mental dur pour pouvoir se rétablir.
Et il était facile de comprendre que maintenir un mental d'acier pour récupérer physiquement, alors que notre esprit est brisé, n'est pas quelque chose d'aisé. C'était éprouvant, et le garçon le prenait en pleine face.
Ichigo continua à rester dans cette position jusqu'à ce qu'il soit sûr que Toshiro dormait profondément. Puis doucement, il retira sa main de sous sa joue, et libéra sa seconde de la prise relâchée que le garçon maintenait faiblement. Il glissa sa main dans les cheveux blancs indisciplinés, et sourit quand ils revinrent parfaitement à leur place. Ses cheveux avaient repoussé depuis trois semaines, et commençaient à nouveau à être indomptables.
« Est-ce-qu'il dort ? » demanda une voix calme derrière lui, avant qu'il ne sente une présence dans son dos.
« Oui, il était complètement épuisé. » répondit Ichigo, tournant sa tête pour voir Unohana regarder le garçon avec tendresse.
« Pas étonnant après cette nuit. » répondit seulement la femme passant à son tour ses doigts dans les cheveux indisciplinés. Quelques secondes passèrent, puis la femme se tourna vers lui, le regard changé en quelque chose de nouveau. « Soifon a donné son rapport. Tatsumi apprend bien. C'est encourageant pour la suite. »
Ichigo ne pu s'empêcher de sourire, malgré le fait qu'un homme était sur le point de mourir. Mais il se reprit rapidement, secouant la tête avec désapprobation.
« Je suis content de le savoir. Ça me rassure. » il regarda Unohana dans les yeux et les deux restèrent silencieux pendant un moment.
Leurs regards se dirigèrent vers le garçon endormi, qui avait attrapé la main d'Ichigo pendant qu'ils parlaient et la serrait.
« J'espère réellement que ça va marcher. » déclara Unohana, remontant la couverture jusqu'aux épaules du garçon.
« Ouais. Je pense que je ne supporterais pas un échec sur ça. » dit Ichigo, serrant la main du garçon en retour.
Les minutes passèrent, pendant lesquelles ils ne firent rien d'autre que regarder Toshiro marmonner dans son sommeil et passer leurs mains dans ses cheveux pour l'apaiser quand il gémissait un peu fort.
Unohana finit par soupirer, et c'est à ce moment là qu'elle remarqua le petit sachet de bonbons abandonné sur la table de chevet. Elle tendit la main et l'inspecta, avant de tourner son regard peu impressionné vers Ichigo.
« Vraiment ? » sa voix était à la limite de l'humour et de la désapprobation.
Ichigo gloussa et leva sa main libre dans un acte de paix. « 'faut voir ça avec Ukitake. » il ricana, avant de prendre une expression un peu plus sérieuse mais attendrit « Ça lui faisait envie. Mais je ne crois pas qu'il en ai mangé beaucoup. » il haussa les épaules au regard peu impressionné de la femme.
Unohana soupira « Au moins, il a mangé quelque chose. »
Elle plia le petit sac et le mit dans sa poche.
« Hé, attends. Tu vas le prendre ? »
« Évidemment, ce n'est pas bon pour lui. » raya la femme en se tournant vers la porte.
« Et moi ? » il accusa, portant une main outrée à son cœur.
Unohana se retourna et lui offrit son sourire, et Ichigo déglutit. Il comprit le message et détourna le regard.
Au moins il en avait mangé quelques uns…
…
Ichigo rumina, jurant et insultant absolument tout à voix basse.
Il fit demi tour pour la millième fois, et continua de faire les cent pas.
« Ichigo, je ne suis pas sûr que cela va aider en- » la voix de Sora s'arrêta quand l'homme leva la main pour le faire taire, ne lui accordant aucun regard avant de continuer.
« Il a raison, Ichigo. Arrête toi. » Rukia avait les bras croisés sur sa poitrine et soupira quand la fraise l'ignora.
« Comment osent-ils ? » demanda pour ce qui devait être le centième fois en vingt minutes.
« La prison n'est pas assez grande pour tout le monde. » répéta une centième fois Renji.
L'exécution de Ryo Tatsumi était aujourd'hui. Maintenant, pour être exact.
Et il n'avait pas le droit d'y assister !
Ichigo serra la mâchoire une nouvelle fois, envoyant un regard mortel à l'homme à la tête rouge.
« Et alors ? Beaucoup de Capitaines y sont ! » Seuls certains capitaines étaient autorisés à assister au 'sacrifice'. Soifon, Unohana, Kyoraku et Ukitake étaient là-bas. Et lui, il était coincé à l'extérieur !
« Oui, parce que ce sont des Capitaines » rétorqua Renji, soutenant son regard.
« Et alors ? » répéta une nouvelle fois la fraise, furieux. « C'est moi qui m'occupe de Toshiro depuis trois semaines. Tu ne penses pas que j'ai le droit d'y être ? » il cracha.
« De un, ne lui parle pas comme ça, Ichigo, personne ici n'y est pour quelque chose. » Rukia s'interposa, plaçant une main sur la poitrine de son ami et le poussant « De deux, moins il y a de personne à l'intérieur, moins on est susceptible d'avoir des ennuies. »
« Mais j'en ai rien à faire des ennuies ! » s'énerva à nouveau la fraise.
« Kurosaki, Rukia a raison. » la voix calme de Byakuya l'appela de l'autre coté du couloir dans lequel ils attendaient, à l'entrée de la prison. Le noble était venu car Rukia était là. Beaucoup de vice-capitaines étaient également présents, ainsi que la plupart des autres capitaines.
« Oui, poils de carotte, réfléchi deux minutes. » Hirako leva une main désinvolte vers lui. « Si ça ne marche pas, et que nous avons des problèmes, les personnes qui y ont assisté risques d'avoir de sérieux ennuies. Qui prendra soin de mini dragon après ça ? »
C'était comme si un seau d'eau froide venait de lui tomber dessus. S'il disparaissait, qui s'occuperait de Toshiro ?
Il ne pouvait pas faire ça au garçon. Il avait déjà perdu trop de choses.
Ichigo serra la mâchoire et s'appuya contre le mur à coté de Renji, croisant les bras sur la poitrine et soufflant du nez.
Il ne pouvait pas faire ça à Toshiro, mais c'était tellement frustrant de devoir attendre !
Il sentit la douce main de Rukia sur son épaule et il prit une grande respiration. Ils avaient raison, s'énerver n'arrangerait rien au problème.
« Combien de temps ça va durer ? » il demanda plus doucement cette fois, ouvrant les yeux pour rencontrer toutes les personnes présentes.
« Une heure, peut être plus. » haussa les épaules Kensei, faisant qu'Ichigo déglutit mais hocha la tête.
Frustré de ne pas pouvoir faire grand-chose d'autre, il se laissa glisser contre le mur et croisa les jambes. Assis, il trouva plus facile de détendre ses épaules.
Il devait se calmer. Rangiku ne reviendra pas s'il passait son heure à s'énerver et à trouver un moyen de franchir ces portes.
Il était coincé dehors. Il devra vivre avec.
« Comment va la famille ? » demanda Renji en s'asseyant à coté de lui, croisant lui aussi ses jambes et entrechoquant leurs genoux. Ichigo souffla, fermant les yeux.
« Bien. Kazui a eu trois ans la semaine dernière. Sa mère a voulu lui acheter un vélo, et il s'est déjà ouvert le genoux deux fois. » il sourit à la pensée de son fils jouant avec son nouveau vélo, criant de joie dans leur petite cours.
« Ichika a demandé un bokken pour son anniversaire. » expliqua Renji, semblant complètement désemparé. « Je crois qu'elle passe beaucoup trop de temps avec ces brutes de la onzième. »
« Hey ! » Ichigo entendit Ikkaku manifesté, et sourit plus largement.
« C'est vrai, plus brutaux, il n'y a pas. » confirma la fraise, ravi d'entendre le grognement du chauve.
Un silence plus confortable s'en suivit, les deux hommes pensant aux pitreries que leur enfant respectif avaient fait.
« Renji »
« Quoi ? »
« Ton genou »
« Et bien ? »
« Enlève le »
« Non »
« Si. Enlève le. Il me gène. »
« Ou quoi ? »
« Ne joue pas à ça avec moi »
« Jouer à quoi ? »
« Renji »
« Ichigo »
Les deux partagèrent un regard mauvais, attrapant le col de l'autre, prêt à en découdre.
« Et ce sont les hommes de la onzième qui sont des brutes ? » se moqua la fraise, resserrant sa prise sur l'uniforme de l'homme.
« Tu commences, et c'est moi la brute ? » cracha Renji, imitant son ami.
Il entendit plusieurs personnes glousser dans le couloir, avant de recevoir un coup de pied derrière tête, faisant cogner son front à celui de la betterave.
« C'est pas bientôt fini, tous les deux ? » la voix en colère de Rukia résonna derrière lui, et un simple regard à la petite femme le fit avaler.
« Dé… Désolé. » s'excusèrent les deux hommes en même temps.
Soudain, une pression spirituelle monta en flèche, faisant écarquiller les yeux d'Ichigo. Il se releva immédiatement, plaçant une main sur son épée, prêt à toute attaque.
« Calme l'ami » Hirako leva une nouvelle fois sa main vers lui. « C'est le reitsu de Tatsumi. Le sort a dû commencé. »
La prison était faite de telle façon qu'à l'extérieur des murs, aucune pression spirituelle n'était discernable. Cela servait notamment à cacher les identités des personnes internées. Donc Ichigo n'avait pas à s'inquiéter que Toshiro sente le pique soudain.
Bien que le garçon était sous contrôle de reitsu grâce à un sort d'Unohana, il n'en restait pas moins un prodige et serait capable, Ichigo en était sûr, de capter que quelque chose se passait.
« Reste plus qu'à attendre. » Kensei se posa lui aussi contre un mur, fermant les yeux et croisant les bras sur sa poitrine.
Ichigo marmonna, mais hocha la tête, revenant dans sa position initiale assise contre le mur.
Le stress commença à envahir un peu plus sa poitrine. Et si le sort ne marchait pas ? Et si Tatsumi n'était pas assez fort ? Ukitake l'avait rassuré, en disant que si très peu de personne l'utilisait, ce n'est pas parce qu'il était très difficile, mais parce qu'il était purement interdit, et que peu d'informations existaient à son sujet.
C'était une autre des raisons pour lesquelles il ne pouvait pas entrer dans cette cellule avec les autres.
Un frisson parcouru son échine quand la pression spirituelle de Tatsumi vibra, et il sentit une petite main tenir son épaule.
Ichigo ouvrit les yeux et vit que Sora s'était assis à coté de lui, et, lâchant son épaule, le garçon se mit à jouer nerveusement avec ses doigts. Bien-sûr, le gamin devait lui aussi être mortifié.
Rangiku était son capitaine, et si elle ne revenait pas, cela signifiait prendre la tête de la division, ou avoir un nouveau capitaine. Rangiku, bien que souvent froide avec les autres depuis l'incident d'il y a sept ans, était toujours amicale et gentille avec le garçon. Elle s'était occupée de lui d'une certaine manière, et même s'ils partageaient une relation professionnelle, il était évident que Sora aimait l'avoir comme supérieure.
Qui n'aimerait pas avoir Rangiku Matsumoto comme capitaine ?
Ichigo passa son bras autour du garçon et le rapprocha de lui. Le jeune lieutenant sembla d'abord surpris, mais très vite, il posa sa tête contre l'épaule de l'homme, lâchant un souffle tremblant.
« Ça va aller, hein ? » il murmura, et ça lui rappela à quel point le garçon était jeune. Il devait avoir le même âge que Toshiro, peut être légèrement plus vieux, mais il restait un enfant.
« Bien-sûr. Ils feront tout pour. » répondit Ichigo, resserrant sa prise sur son corps. Le garçon tremblait légèrement, et ses doigts continuaient à jouer les uns avec les autres.
Sora hocha simplement la tête en réponse, l'enfouissant un peu plus dans l'épaule de l'homme. Ichigo frotta son bras de façon apaisante avant de soupirer. Il espérait que ses paroles étaient vraies.
Après plus de quarante minutes d'attente, qui semblaient être des heures pour la fraise, la pression dans l'air chavira à nouveau. Ichigo déglutit, ravi que ce soit bientôt fini, mais terrifié à l'idée que ça ne fonctionne pas.
« Nous y voilà » Hirako tourna son regard vers la porte avant de fermer les yeux et de se concentrer.
Le reitsu de Tatsumi semblait incontrôlable et le cœur d'Ichigo s'accéléra.
Que le sort ne marche pas, n'était pas une option. Depuis que l'idée avait été évoqué, il avait basé absolument tous ses espoirs dessus.
C'était leur dernière chance que tout redevienne comme avant.
Puis, sans prévenir, la pression spirituelle de Tatsumi disparue, et Ichigo écarquilla les yeux, regardant frénétiquement les autres gradés dans la pièce pour avoir des réponses. « C'est normal ça ? Ça a disparu ! »
« Du calme. Le sort est terminé. Tatsumi est mort. » Kensei lui envoya un regard et Ichigo s'arrêta.
L'homme était mort.
Son cœur se serra.
Il espérait qu'il avait pu aller jusqu'au bout.
Tout le monde se leva, attendant que les capitaines accompagnants le défunt sortent et leur disent quelque chose.
Sora resta près de lui pendant ces dernières minutes douloureuses et Ichigo essaya de ne pas montrer à quel point il était anxieux. Il savait que son visage était plus pâle que d'habitude, et sentait qu'il pouvait s'évanouir à tout moment.
Il croisa les bras sur sa poitrine, cachant ses mains tremblantes, et fut le premier à se retourner quand la porte s'ouvrait enfin.
Unohana franchit le pas en premier, suivie de près par ses homologues. Ichigo fit un effort sur-humain pour ne pas leur crier dessus et leur demander ce qu'il voulait tant savoir.
Les quatre capitaines étaient légèrement pâles, le visage assombri par ce qu'ils avaient manifestement vu.
« C'est fini. » annonça Unohana, passant ses doigts sur sa tresse et trouvant le regard d'Isane, son vice-capitaine. « Le sort est terminé. C'est une réussite. »
Ichigo ne pouvait pas décrire à quel point ces quelques mots le firent presque s'évanouir. Tatsumi avait réussi.
Renji déglutit à coté de lui, faisant un pas incertain vers l'avant. « Alors… hum ? »
Soifon hocha la tête, semblant légèrement épuisée. « Tatsumi Tanaka est mort. Le Capitaine Matsumoto devrait pouvoir revenir maintenant. »
Les jambes de Sora cédèrent, et le garçon tomba au sol, tremblant. Ichigo se baissa immédiatement et attrapa ses épaules.
« Pour ce qui est de la suite » commença alors Ukitake, jetant un coup d'œil au garçon « Si les calculs de Kurotsuchi sont exacts, Matsumoto devrait réapparaître dans trois jours. D'ici là, c'est profil bas pour tout le monde. »
Après quelques secondes, tout le monde hocha la tête, même Ichigo qui tenait toujours un Sora tremblant dans ses bras.
« Et pour Toshiro ? » demanda t-il alors, regardant Unohana.
« Ne lui dit rien pour le moment. Si pour une raison ou une autre, il y a des complications inattendues, nous ne pouvons pas nous permettre de faire de faux espoirs. »
Ichigo hocha la tête, voulant affreusement le dire au garçon, mais comprenant totalement l'enjeu derrière.
Si à l'époque, quelqu'un lui avait dit que sa mère allait revenir, et que ça s'était avéré être un mensonge, il aurait pu tuer des gens. Il ne voulait même pas imaginer ce qu'il aurait pu ressentir. Les vagues de désespoir qui l'auraient envahies alors auraient fini par le détruire.
Personne ne méritait une telle chose.
« Et maintenant ? » la voix ennuyée de Kensei résonna derrière lui, et Kyoraku ajusta son chapeau.
« Nous attendons. »
Avec un souffle résigné, le capitaine de la neuvième division se tourna et appela qu'il les laissait gérer la suite, Hisagi derrière lui.
Et ainsi, la salle commença doucement à se vider.
Ichigo remercia ses amis pour leur soutien, et les capitaines pour avoir fait ce qu'ils avaient fait, éthique ou pas. Il aida ensuite Sora à se relever et l'escorta jusqu'à la sortie.
« Hey, Sora, tu as entendu, c'est fini. » il frotta les épaules du garçon, essayant de le détendre.
« Il… Il est mort à cause de moi. » le gamin renifla et serra ses flans avec ses mains.
« Wow ! » Ichigo l'arrêta net et le fit se tourner vers lui, surprenant Rukia et Renji qui marchaient derrière. Il s'agenouilla au niveau du garçon, et tint fermement ses épaules. « Tu n'as tué personne. » assura la fraise, regardant directement dans les yeux bleus larmoyants du garçon. « Il était déjà condamné. Tout ce que tu as fait c'est faire en sorte que sa mort soit utile. » Le garçon semblait peu convaincu, mais Ichigo lui offrit un sourire. « Sora, tu peux être fier de toi. »
« Ouais gamin, bien joué. » Renji posa une main sur la tête du garçon et passa devant eux, continuant son chemin.
Rukia, quant à elle, sourit doucement au petit lieutenant, avant d'appeler l'heure du déjeuné. « Je connais un super restaurant dans le quatrième distinct du Rukongai. Allons-y. » Elle tapa dans ses mains avec excitation et couru pour rattraper Renji, qui les attendait au coin.
« Aller, viens. » Ichigo frotta affectueusement les cheveux corbeaux du garçon et se releva, le poussant vers l'avant.
Sora hésita un instant, reniflant, mais hocha la tête et suivit le rythme des trois adultes.
Ils avaient fait la bonne chose.
…
« Tu penses que tu peux te lever tout seul ? » demanda Ichigo au garçon assis dans sa chaise roulante.
« Plus facile à dire qu'à faire. » marmonna ledit garçon, levant son regard cerné vers la fraise.
Il était fatigué, mais Ichigo ne le laissait pas manquer une seule séance. En réalité, il en avait marre de tous ces exercices de rééducation. Il voulait juste qu'on le laisse tranquille et qu'ils l'oublient.
Mais Ichigo semblait voir les choses différemment.
Il le forçait à faire ces ridicules exercices et lui souriait toujours à pleine dents. En fait, depuis quelques jours, Toshiro avait remarqué que la fraise était beaucoup plus jovial.
Il avait du se passer quelque chose dans sa famille.
« Aller, essaie, je suis là si tu tombes. » Ichigo se leva mais resta parfaitement devant lui.
Toshiro soupira. De toute manière, il n'allait pas le lâcher tant qu'il n'y était pas arrivé.
Il plaça ses mains sur les accoudoirs et prit une grande respiration. Heureusement Ichigo avait mis les freins à son fauteuil. C'était humiliant d'être là dedans, mais Toshiro s'en moquait. Il n'avait plus rien à perdre.
Il poussa sur ses bras, essayant de mettre du poids sur ses jambes tremblantes. Les mains d'Ichigo vinrent l'aider, et même si la fraise supportait une partie du mouvement, le garçon devait gérer l'autre.
« Non… Attends… Ichigo » Toshiro gémit, sentant la douleur dans son dos arriver alors qu'il forçait.
Ichigo l'attrapa immédiatement et prit la totalité de son poids alors que le garçon accrochaient ses mains au kimono de l'homme.
« Bien joué » Sourit Ichigo au dessus de lui, stabilisant le garçon sur ses jambes. « La fin était un peu laborieuse parce que tu n'as pas pris les bons appuis, mais c'était vraiment bien, Toshiro. » il félicita en serrant son corps contre le sien.
« Ça fait mal. » gémit une nouvelle fois le garçon, enfonçant son visage dans les vêtements de la fraise.
« Alors, on ne réessaye pas aujourd'hui. » apprit-il, prenant un air plus sérieux. « Ça va aller ? »
Il aurait pu dire non. Ichigo aurait sûrement appelé Unohana et la femme lui aurait donné d'autres médicaments dans son intraveineuse qui le suivait absolument partout. Il aurait ensuite demandé à se coucher, et il aurait pu dormir toute la journée, jusqu'au lendemain, où la fraise serait revenu avec de nouveaux exercices barbants.
Mais il pensa à ce qu'il lui avait dit 'Tu ne peux pas te permettre de rater une séance'. C'était ce qu'il pensait. S'il prenait trop de retard, il risquait de ne pas arriver à retrouver la mobilité parfaite qu'il avait avant. Pas qu'il s'en souci réellement, puisque de toute manière, il n'avait aucun projet. 'Elle s'est battue pour que tu vives et que tu retrouves ta mobilité !' le cri de colère d'Ichigo résonna dans sa tête.
Il ne pouvait pas lui faire ça à elle.
Il allait continuer de vivre. Il allait grandir et peut être qu'un jour il arrivera à trouver le bonheur. Pas qu'il le recherchait pour le moment de toute manière. Ce jour là, il ne voudrait pas avoir ce regret.
Enfin, c'est ce qu'il se disait. Parce qu'actuellement, il n'en avait plus rien à foutre de son avenir.
Il faisait ça pour Rangiku. Pour pas que plus tard, il ait le regret de l'avoir déçue.
« Ok. Alors, que dis-tu de faire un aller sans tomber ? » Proposa alors Ichigo le rapprochant des barres et le laissant s'accrocher.
« Plus facile à dire qu'à faire » répéta le garçon, regardant derrière l'homme et vomissant déjà son échec. Il n'y arriverait pas.
Il commença à marcher, supportant son poids avec ses bras et Ichigo posant sa main sur son épaule de temps à autres quand il chavirait légèrement.
Sans surprise, ou peut être pour la fraise, il tomba à mis parcours. Ichigo le rattrapa, et continua à l'encourager. Au final, il réussi à faire la totalité de la distance avec seulement une chute, et l'homme le félicita pour son 'nouveau record'.
Toshiro souffla.
Il était juste fatigué.
…
Ses yeux s'ouvrirent d'un seul coup et la lumière du soleil brûla ses rétines presque immédiatement. Elle tourna la tête sur le coté, essayant de comprendre ce qu'elle faisait ici. L'herbe sous elle était fraîche, et un petit vent frappa
doucement son visage. L'atmosphère autour d'elle était calme, et elle se permit de prendre une grande et apaisante respiration.
Puis elle se redressa en un instant.
Le quincy.
Elle regarda frénétiquement autour d'elle, cherchant une quelconque trace de bataille ou de ses amis.
Rien.
Son estomac se retourna et elle se retrouva à vomir dans l'herbe. C'était juste dégoûtant.
Elle se leva, ne voulant pas rester ici trop longtemps.
Où était-elle ?
Elle portait un kimono mauve, simple et peu coûteux. Elle remarqua que Haineko gisait à coté d'elle, et elle la ramassa, fixant la lame gaînée avec de grands yeux.
'Je suis désolée, Haineko'
'La décision était prise depuis longtemps.'
Mais alors?
Ses yeux s'écarquillèrent
Où était-elle ?
Elle voyait encore Ichigo au dessus, lui demandant de rester avec lui.
Elle était morte ?
Mais que faisait-elle ici ? Il n'y avait pas d'au-delà pour les shinigamis.
Ses yeux s'écarquillèrent un peu plus largement. Momo. Elle avait utilisé un sort pour faire revenir-
« Toshiro ! » elle regarda frénétiquement autour d'elle, comme si le garçon se cachait pas loin.
Putain. Si elle avait réussi, alors le garçon avait retrouvé ses pouvoirs. Donc-
Son cœur s'enflamma et ses yeux brûlèrent.
Il n'avait pas fait ça. Toshiro n'avait pas fait ça.
C'était juste un cercle vicieux.
Elle commença à marcher. Se sentant faible à cause de son réveil.
Haineko était ici, et elle sentait sa propre pression. Mais elle ne se sentait pas assez bien pour utiliser une quelconque technique.
Et où diable était-elle ?
Elle sentait plusieurs âmes pas très loin, sûrement un village. Elle devait demander dans quel putain de district ils étaient.
Mais si elle était là ? Quelqu'un avait forcément remarqué qu'un sort interdit avait été utilisé.
S'il vous plaît, faites que ce ne soit pas Toshiro.
Et puis, quand étaient-ils ?
Cela n'avait représenté que quelques secondes, tout comme le garçon l'avait dit.
Pas sept ans, s'il vous plaît.
« Rangiku ! » Une voix familière l'appela, et elle se sentit immédiatement soulagée de l'entendre. Il l'avait déjà trouvée.
Ichigo couru vers elle, un sourire complètement stupide sur le visage. Il n'avait pas vieilli.
« Ichigo ? » elle fut attirée dans la plus grosse étreinte qu'elle n'est jamais reçu de l'homme, et elle se sentit complètement déconcertée quand quelque chose d'humide glissa sur sa joue.
« Putain de merde. Ran. » Ichigo semblait aux anges, alors qu'il la regardait de haut en bas, avant de la ré-attirer dans ses bras. « Tu n'as pas idée de à quel point te voir est incroyable. » son visage fut poussé contre l'épaule de l'homme, et elle cligna plusieurs fois des yeux.
Tout allait beaucoup trop vite.
« Ichigo attend » elle repoussa la fraise et le regarda « Qu'est-ce-qu'il s'est passé ? »
Un immense sourire se fraya un nouveau chemin sur son visage, et elle ne pouvait pas se sentir plus stressée.
« Tout va bien. » il passa une main dans ses cheveux longs, et l'attira contre lui, la forçant à accepter l'étreinte. « Ça fait un mois que tu es morte. » c'était cru, mais elle se sentait tellement soulagée. Un mois seulement.
« Toshiro ? » demanda t-elle alors contre son épaule. Si Ichigo souriait aussi stupidement, alors ce n'était pas lui, n'est-ce pas ?
« Il a retrouvé ses pouvoirs. » Ce n'était pas un 'il va bien' mais ce n'était pas non plus un 'il est mort pour te ramener'. Elle s'en contentera pour le moment. « Ryo Tatsumi a utilisé le sort. »
« Quoi ? Tatsumi ? » répéta stupidement la femme.
Pourquoi, ou plutôt comment cet homme en était-il venu à faire ça ? Pour elle ?
« J'ai plein de choses à t'expliquer. » chanta la fraise, la laissant se dégager. Il essuya une larme de ses joues, et leva un pouce en arrière « Tu as manqué à beaucoup de monde. » ce sourire stupide était de retour.
Elle vit Nanao courir vers elle avant de sauter dans ses bras, la faisant presque chavirer en arrière. Jamais sa meilleure amie n'avait été aussi expressive.
« C'est tellement bon de te revoir ! » le lieutenant cria dans son cou, et Rangiku sourit doucement en enroulant ses bras autour d'elle.
« C'est bon de te revoir aussi » murmura la femme, rendant l'étreinte d'ours qu'elle recevait.
Sora fut le prochain, courant sur ses petites jambes dans sa direction. Le garçon s'arrêta juste devant elle, les larmes aux yeux et semblant absolument mal à l'aise. Il bredouilla des mots incohérents avant de s'incliner devant elle.
« C'est- c'est bon de vous revoir, Capitaine ! » sa voix se brisa légèrement à la fin, et Rangiku sourit tendrement.
Elle posa un genou à terre et ouvrit ses bras. « Aller, viens là. »
Le sourire du garçon n'avait pas de prix, et il se jeta dans ses bras, la serrant fort en retour. Elle pouvait le sentir se battre contre les larmes alors que son visage avait directement plongé dans son cou, et elle frotta son dos.
Et ainsi, beaucoup de ses amis ont défilé, bien qu'ils n'y soient pas tous. Elle s'est faite engueulé par beaucoup d'entre eux, bien qu'elle reçu une étreinte de tous.
Elle ne comprenait pas vraiment ce qu'il s'était passé, et bien que pour elle, elle avait vu la plupart d'entre eux il n'y a que quelques heures, ou minutes pour certains, elle était heureuse de tous les voir.
« Nous devons te ramener à Unohana. » dit Ichigo après que tout se soit légèrement calmé.
« Je veux bien mais… Je ne me sens pas très bien pour utiliser le shunpo jusque là bas. » Ils étaient dans le 64ème district, là où elle avait 'grandit', avec Gin.
« Je vais te porter. » affirma Ichigo, posant déjà une main dans son dos, avant que Kyoraku n'intervienne.
« Ichigo… » souffla t-il, semblant complètement désespéré « On ne porte pas une jolie demoiselle quand on est déjà marié »
« C'est Rangiku, ça ne compte pas. » ce défendit la fraise, la désignant avec une main désinvolte.
« Qu'est-ce-que ça veut dire ? » demanda Rangiku fronçant les sourcils.
« Laisse tomber, Ran-chan. Je vais m'occuper de toi » Kyoraku lui offrit son stupide sourire et ouvrit ses bras.
Immédiatement, il prit un coup de Nanao qui l'insulta de pervers, et Rangiku gloussa.
Les choses n'avaient pas vraiment changé.
Au final, elle se laissa porter par Shuhei, qui la ramena en toute sécurité. Elle s'est même évanouie dans ses bras, rythmée par sa course de shunpos.
Au moins, Toshiro n'avait pas fait ça.
…
« Attend, il s'est passé tout ça en un mois ? » demanda Rangiku après un résumé des évènements par Ichigo.
Unohana l'avait examinée et de nombreux tests avaient été réalisés. Cela faisait plusieurs heures maintenant, et Rangiku avait vraiment besoin de bouger.
« Ouais, ça a été assez mouvementé. »
« J'arrive pas à croire que le Central ait accepté ça. » dit-elle en balançant ses jambes hors du lit sur lequel elle était allongée. « Mais bon. Pour le moment, je veux voir Toshiro. » Ichigo l'aida à se relever avant de la lâcher quand elle étira son dos.
Il lui avait raconté dans quel état se trouvait le garçon, et elle ne voulait rien d'autre que le prendre dans ses bras et le garder pour l'éternité avec elle.
Le cœur de la femme tambourina fort dans sa poitrine : ils avaient tous les deux une autre chance, encore.
Et cette fois, Toshiro n'était plus entrain de mourir.
« Tu sais qu'il n'est pas bien. » rappela Ichigo, l'escortant dans les couloirs.
Les infirmiers la regardaient comme si elle était un fantôme, et honnêtement, ils n'avaient pas tord.
« Je sais, mais je suis là maintenant » Rangiku passa sous une porte et entra dans l'aile dédiée au 'Trauma'. Son cœur se serra, Toshiro était ici.
Ichigo tourna son visage vers elle, et sourit, semblant en dire plus avec son regard que les mots ne le pourraient jamais.
Toshiro avait besoin d'elle. Et elle mourrait d'envie d'être avec lui.
Elle savait parfaitement la douleur de perdre un être cher, et elle connaissait aussi le sentiment de le revoir. C'était à la fois une destruction et une bénédiction.
Ichigo s'arrêta devant une porte, prenant une grande respiration et se tournant vers elle. « Il n'a pas senti ton reitsu, donc il ne sait pas du tout que tu es ici. » Rangiku hocha la tête, tendant la main pour ouvrir la porte, mais des doigts attrapèrent les siens. « Ran. Il a lu ta lettre. » il annonça, comme si c'était un problème. « Il s'est mis en tête qu'il devait faire des efforts pour que tu sois fière de lui. Il a constamment peur de te décevoir, et il… » il prit une grande respiration, son regard directement dans le sien, sérieux. « Il en fait des cauchemars. Des crises même. Ta mort a vraiment été difficile pour lui, et il n'arrive pas à faire le deuil. » Rangiku sentit sa gorge se serrer, et ses yeux piquèrent affreusement. Toshiro n'allait pas bien du tout. « Il a besoin que tu sois forte pour vous deux. Il n'y arrivera pas tout seul. »
Elle hocha la tête. Que pouvait-elle faire d'autre ?
Elle leva une main et la passa sous ses yeux, enlevant les larmes qui menaçaient déjà de couler. Elle allait être forte. Et cela commençait par ne pas pleurer en entrant ici.
Elle regarda Ichigo avec détermination. Toshiro était son fils. Elle allait tout faire pour qu'il aille bien.
L'homme lâcha sa main et ouvrit lui-même la porte, souriant doucement à la vue à l'intérieur.
« Regardez moi ça, il ne m'a même pas attendu. » il gloussa, croisant les bras sur sa poitrine.
Le cœur de Rangiku battait horriblement vite, et elle ne se rappelait pas avoir déjà stressée autant dans sa vie.
Elle s'avança doucement dans la chambre, son regard se dirigeant vers le lit vide avant qu'elle ne le voit.
« Fallait être plus rapide. Pour quelqu'un qui aime tellement que je fasse ces stupides exercices, tu es- »
Sa voix avait quelque chose de légèrement différent, quelque chose de moins vivant.
Rangiku porta une main à sa bouche quand leurs regards se croisèrent, et elle se battu pour garder ses larmes.
Toshiro était debout.
C'est la première chose qu'elle remarqua. Il était guérit. Unohana se tenait derrière lui, prête à le rattraper en cas de problème, mais il ne faisait plus aucun mouvement. Tout son corps était figé, immobile.
La seconde chose qu'elle remarqua fut que ses cheveux avaient repoussé, et qu'ils étaient à nouveau indisciplinés sur sa tête, partant dans tous les sens.
Mais ce qui frappa le plus fort son cœur, tellement fort que ça fit trembler ses genoux, fut quand elle réalisa à quel point elle l'aimait.
Le garçon perdit toute la couleur de son visage. Il était aussi blanc que ses cheveux et ses yeux, ses magnifiques yeux, étaient écarquillés. Tellement qu'elle ne pensait pas les avoir jamais vu aussi grands. Sa bouche était ouverte d'incompréhension, et sa peau perdit encore un peu de tinte, si c'était même possible.
C'était son fils. C'était son Toshiro.
Ses pieds bougèrent, et elle entra rapidement dans la chambre, contournant l'étrange machine pour se retrouver elle aussi dans le petit couloir entre les barres en bois, qui soutenaient actuellement les bras du garçon. Elle s'agenouilla devant lui, leurs visages à la même hauteur l'un et l'autre, alors que les yeux exorbités, sarcelles et uniques, la suivirent dans ses mouvements.
Il ne dit rien, semblant complètement incapable de créer un simple son. Il la regardait comme s'il ne pouvait pas croire ce qu'il voyait. Il était paralysé.
Rangiku leva ses main et toucha son visage. Sa peau était froide, mais d'une douceur qu'elle ne se lasserait jamais de caresser. Elle prit ses joues en coupe, souriant stupidement alors que les larmes dévalaient la pente de ses pommettes roses.
« Mon Chéri » elle murmura, ne sachant plus quelle partie elle devait regarder.
Il était tellement beau.
La mâchoire de Toshiro se mit à trembler, et il inspira avec difficulté. Rangiku l'attira vers elle, prenant tout son poids et le collant à elle alors que ses bras lâchaient le bois. Unohana s'était écartée à un moment donné, elle s'en fichait.
Elle ramena son corps contre le sien, et plongea son visage dans ses cheveux.
Il sentait si bon.
Sa main voyagea, dans son cou, à la racine de ses cheveux. Elle ne le lâcherait pour rien au monde.
Tout le corps du garçon tremblait violemment contre elle, et elle pouvait l'entendre respirer avec difficulté dans sa gorge.
« Mon bébé » elle le serra un peu plus, sentant son propre sanglot arriver.
« M- » Toshiro inspira fortement contre elle, clignant plusieurs fois des yeux contre sa peau « M-Maman ? »
Rangiku renifla, sanglotant juste après alors qu'elle déposait des dizaines de baisers dans les cheveux de son fils. Elle hocha la tête, passant sa main dans les mèches blanches et se demandant comment il était possible d'aimer quelqu'un à ce point.
« Je suis là. Je te tiens mon Cœur. » elle tordit son cou pour pouvoir embrasser sa joue, sa tempe, tout ce qu'elle pouvait. « Je t'aime. Je te tiens. Je te tiens »
Les bras du garçon s'enroulèrent finalement autour d'elle, cherchant désespérément une accroche dans son dos, ses bras, ses vêtements. Il passa ses mains partout, jusqu'à exploser en sanglots dans son cou.
Elle ne l'avait jamais entendu pleurer autant. Il semblait complètement désespéré, à bout. Il s'accrocha à elle comme s'il n'y avait pas de lendemain, comme si elle allait disparaître d'un moment à l'autre.
« Maman ! » il cria dans son cou, faisant tordre le cœur de Rangiku. Il avait l'air tellement fragile.
Elle tomba en arrière, sur ses fesses, ramenant le petit corps sur elle, le serrant pour la vie.
Ichigo et Unohana avait quitté la pièce, mais cela n'avait pas d'importance.
La seule chose qui comptait, était Toshiro.
C'était tout. Il était tout.
« Je suis là, mon Cœur, je suis désolée. » elle continua à l'embrasser, ne se lassant jamais de la merveille qu'il était.
Toshiro pleura contre elle. C'était un son atroce à ses oreilles. Il semblait complètement perdu, brisé. Le monde semblait être beaucoup trop lourd sur ses épaules.
« Je te tiens. » Rangiku essaya de le rassurer autant qu'elle le pouvait dans son propre état sanglotant.
Toshiro se serra un peu plus contre elle, marmonnant de façon incohérente dans son état second.
Rangiku le berça doucement, balançant son corps lentement de droite à gauche. C'était la chose la plus merveilleuse que de l'avoir dans ses bras.
Le garçon sanglota contre elle, l'appelant entre deux souffles et changeant sa prise sur elle, comme s'il s'assurait qu'elle ne partait pas. Et il avait l'air tellement fatigué.
« Je te tiens. Je ne vais nulle part. » elle lui assura, le serrant contre elle, déposant continuellement des baisers sur sa tête.
Et elle le tint. Elle le tint comme ça pendant ce qui semblait des heures. Elle voulait rester comme ça pendant des heures, des années.
Elle tenait son monde entre les mains.
Le silence régnait, mais elle pouvait entendre les respirations de son fils dans son oreille.
Le soleil se couchait, et la luminosité de la chambre baissa doucement mais continuellement.
Rangiku tenait toujours le garçon dans ses bras, le berçant et caressant ses cheveux comme s'il était la chose la plus fragile de ce monde.
Toshiro était toujours accrochée à elle, même des heures après s'être évanoui. Il dormait paisiblement, la tête bien calée sur son épaule, le visage orienté vers son cou, envoyant des petites vagues chaudes et régulière contre sa peau à toutes ses respirations.
Rangiku ne demandait rien de plus.
Elle avait calé le garçon de telle façon à ce qu'il soit assis sur elle, ses jambes enroulées autour de son bassin. Ses petites mains étaient accrochées à son kimono et elle le sentait serrer de temps à autre.
« Ran ? » une voix la fit lever les yeux, et elle vit Ichigo les regarder depuis la porte, la lumière du couloir éclairant derrière lui. « Tout va bien ? » il murmura, voyant le garçon calme dans ses bras.
« Ça ne pourrait pas aller mieux. » dit la femme, reniflant en sentant ses émotions revenir. « Regarde le » elle sourit à la petite masse sur ses genoux, frottant ses cheveux avec délicatesse.
Ichigo gloussa et entra dans la chambre, s'accroupissant devant le couple, toujours et passant ses doigts à son tour dans les cheveux blancs. « Tu lui as manqué » sourit-il affectueusement « Il ne pourra pas dire le contraire, ou personne ne le croira. » il regarda le garçon serrer les vêtements de la femme alors qu'il rêvait.
« Je pense surtout qu'il n'essayera même pas de nier. » gloussa la femme en l'entendant murmurer son nom dans son sommeil.
Ichigo hocha la tête, un petit rire sortant de sa bouche alors qu'il fixait l'enfant. « Tu veux de l'aide pour le porter ? » il proposa, faisant signe au lit qui attendait depuis des heures.
Rangiku hésita, mais hocha la tête. Elle n'était pas dans une bonne position pour le porter, et de toute manière, elle ne sentait même plus ses jambes.
Ichigo décolla doucement Toshiro de sa prise, et même si le garçon gémit, il ne se réveilla pas. La fraise le posa délicatement dans son lit pendant que Rangiku détendait ses jambes et étirait son dos.
Elle se leva ensuite et vint au dessus du garçon, prenant une chaise et s'asseyant à son chevet. Elle attrapa sa main et embrassa ses jointures, regardant ses sourcils se détendre.
« J'ai une impression de déjà vu » murmura Rangiku, regardant Toshiro dans son lit d'hôpital, assise sur une chaise.
« Sauf que cette fois, il va guérir » Ichigo posa une main sur son épaule et la serra doucement. « Je vais rentrer. Kazui déteste que je ne sois pas là quand il se couche. »
« Merci, Ichigo » Rangiku tourna la tête vers lui et essaya de le regarder avec le maximum de sérieux possible « Pour tout. »
Ichigo lui sourit, avant de lui donner une légère claque à l'arrière de la tête. « Ne refais plus jamais ça. »
Rangiku lui lança un sourire désolé, mais hocha la tête. L'homme quitta alors la pièce, les laissant tranquille pour le reste de la nuit.
Elle tourna enfin son regard vers Toshiro, inconscient de l'échange et totalement endormi.
Il était si mignon.
Il était à elle.
Rangiku sourit se levant pour embrasser son front.
Elle avait tellement de chance de les avoir tous les deux dans sa vie.
…
Rangiku se réveilla au son de gémissements et d'appels qui venaient de quelque part sur sa gauche. Ses yeux papillonnèrent lentement dans la faible lueur du matin, éclairant la chambre avec des légers rayons de soleil.
Elle avait fini par s'endormir aussi, les bras croisés sous sa tête, eux-mêmes posés sur le matelas, près des hanches du garçon. Elle releva la tête quand elle entendit un nouveau gémissement plaintif et regarda Toshiro, chassant le sommeil de ses yeux.
« Salut mon Cœur » elle bailla, passant une main dans ses cheveux.
« Maman ! » le garçon semblait alarmé, les yeux larmoyants alors qu'il la regardait.
Rangiku se leva alors, se positionnant au dessus de lui, une peignant immédiatement ses cheveux. « Qu'est-ce-qu'il ne va pas ? Tu as mal quelque part ? Dis moi ce que tu veux. » Le garçon gémit plaintivement et un sanglot déchira sa gorge. Ses yeux montraient qu'il était encore fatigué, et Rangiku l'embrassa sur le front. « Hey, Chéri. Je suis là, tout va bien. »
Toshiro sanglota encore, mais ses mains vinrent accrocher son kimono. Il hoqueta, semblant d'abord surprit, avant de plonger ses yeux dans les siens, écarquillés et incrédules.
Oh, il pensait qu'elle n'était pas réelle.
« Je suis là, Chéri. Je ne suis pas un rêve. » elle lui sourit, embrassant sa joue humide.
Les pleurs du garçon reprirent du plus bels, et il s'accrocha fortement à elle, la tirant contre lui. Il plongea son visage dans sa poitrine, et Rangiku fut d'abord surprise, avant de glousser gentiment.
Elle monta dans le lit et ramena son corps sur le sien, faisant bien attention à le manipuler doucement et attentive à tous gémissements de douleur. Mais il n'en fut rien, et Toshiro s'enfonça entièrement en elle, arrivant même à monter ses jambes autour des siennes.
Elle commença presque immédiatement à passer ses mains dans ses cheveux et débuta une chanson, fredonnant alors que le garçon se reposait contre elle. Avec une main, elle déplaça l'oreiller derrière sa nuque, avant de revenir le tenir et le serrer contre elle.
Il y avait pire, comme façon de s'endormir.
…
Il y avait pire, comme façon de se réveiller.
C'est la conclusion à laquelle arriva après quelques secondes Toshiro.
Le garçon ouvrit les yeux quand les rayons du soleil lui arrivèrent des les yeux.
Pour une fois, il était allongé sur le ventre, mais il se sentait bien. En fait, il ne s'était pas sentie aussi bien depuis… Et bien, le réveil de son coma.
Sa première pensée fut pour sa mère. Il l'avait vu. Il l'avait tenu dans ses bras.
Elle avait été là.
Il l'avait vu deux fois, et il espérait réellement que ce n'était pas un rêve. En fait, le kimono dans sa vision, et le corps sous lui, l'informèrent rapidement de la situation.
Il leva la tête, voyant que le magnifique visage de Rangiku était détendu, alors que le soleil n'atteignait pas ses yeux.
Toshiro ne comprenait rien.
Était-ce son esprit brisé qui essayait de recréer la source principal de son malheur ? Comment pouvait-elle être là ?
Pourtant, il la sentait. Sous lui, dans ses mains, contre son oreille. Sa respiration, son battement de cœur… Tout était là.
Il ne voulait pas comprendre pour le moment. Il voulait juste profiter.
Fictive ou pas, elle était là, ses bras lâchement enroulés autour de son cadre, et son corps soutenant le sien.
Que ce soit réel ou non, il y avait pire comme façon de se réveiller.
Toshiro sourit, son premier sourire depuis trois semaines, et enfonça son visage contre la peau de la femme. Sa tête était dans sa poitrine, mais cela n'avait aucune importance, sa peau était là, contre ses lèvres, et son odeur était partout.
Si c'était une putain de création de son esprit défaillant, c'était incroyable.
Il prit une grande inspiration, adorant chaque seconde, avant de la relâcher. Cela fit convulser la femme, qui se mit à rire, et Toshiro releva la tête, la voyant ouvrir les yeux.
« Hey ! Ne fais pas ça, ça chatouille. » elle rigola, baillant en même temps, sa main trouvant immédiatement son chemin dans ses cheveux. Toshiro sourit et recommença, soufflant contre sa peau, faisant convulser la femme de rires. « Arrête » elle gloussa, prenant son visage en coupe et le regardant tendrement.
Ce regard lui avait tellement manqué.
Il fondit dans son touché, pressant ses joues contre ses doigts.
« Est-ce-que t'es réelle ? » demanda le garçon, regardant le visage devenir presque amoureux alors qu'elle ne bougeait pas ses yeux de lui.
« Évidemment. » répondit-elle, son pouce caressant son nez avant qu'il ne trace le contour de ses lèvres. « Je suis là, Chéri. Je ne bouge pas. » sa main glissa vers ses pommettes, et elle tira légèrement sur sa peau.
« Comment ? » demanda t-il, ses yeux brûlants déjà.
Elle était putain de vivante.
« Tatsumi » souffla tranquillement sa mère, caressant ses joues avec ses mains. « Il a utilisé le même sort que pour toi. » elle lui sourit, et Toshiro sentit son cœur fondre.
« Alors… ? Alors t'es vraiment là ? » sa voix était pleine d'espoir et la première larme glissa, récoltée immédiatement par le pouce de Rangiku.
« Oui. » elle leva le cou et déposa un baiser sur son front, avant de reposer sa tête sur l'oreiller.
« Pourquoi ? » demanda le garçon, la mâchoire tremblante. Est-ce-qu'elle était réellement là ? « Pourquoi il a fait ça ? »
« Parce qu'il se sentait coupable. » déclara Rangiku « Je pense qu'il voulait se repentir. »
Toshiro se sentait vivant. Depuis trois semaines, il y avait un poids dans sa poitrine, et il se sentait enfin libéré. Le reste n'avait aucune importance. « Tu lui pardonnes, alors ? »
« Je pardonnerai au monde entier pour te voir sourire, Chéri. » une nouvelle fois, elle pressa un baiser sur son front, le forçant à descendre la tête dans son étreinte.
Toshiro sourit. Il se sentait le plus complet, il se sentait entier.
Hyorinmaru, bien que lointain à cause des pouvoirs d'Unohana, gronda dans son esprit, lui indiquant que la situation était parfaitement réelle.
« Alors moi aussi. » il murmura contre sa peau, lâchant un souffle qu'il retenait depuis bien trop longtemps.
« Hey ! » cria un nouvelle fois la femme, écartant sa tête alors qu'elle riait. « Ne fais pas ça, ça chatouille. »
Son rire était communicatif, et le garçon se mit à glousser contre elle, les yeux toujours larmoyants de pouvoir être tenu par sa mère.
Rangiku souffla et posa sa tête contre l'oreiller, fermant les yeux, un sourire heureux accroché à ses lèvres.
Toshiro s'accrocha à son pyjama et tira, essayant de remonter pour ne plus être contre sa poitrine, mais dans son cou. Sa mère l'aida, et il se retrouva bientôt à plonger son visage dans sa gorge.
C'était familier. C'était chez lui.
« Faudra penser à couper ces cheveux. » il entendit Rangiku dire au dessus de lui, et il gloussa.
C'était sa maison.
…
« Et bien, tu débordes d'énergie aujourd'hui. » rigola Ichigo quand il l'aida à se mettre debout.
Toshiro haussa les épaules, alors qu'il s'accrochait aux barres. « J'ai bien dormi. »
Un petit sourire se glissa sur les lèvres de la fraise, et il passa une main dans ses cheveux, ne disant rien à ce sujet. « Tu penses pouvoir faire un aller complet ? » il proposa plutôt.
Toshiro se sentait bien aujourd'hui. Sa mère lui avait raconté ce qu'il s'était passé, avec un peu plus de détails, et il se sentait incroyablement reconnaissant envers l'homme. C'était grâce à lui, si ce matin, il s'était réveillé en sécurité dans les bras de sa mère.
« Ouais. » il gémit quand la fraise le lâcha, mais il resta debout.
Il arrivait, petit à petit, à mettre de plus en plus de poids sur ses jambes, libérant ses bras, et pouvant faire une marche plus longue.
« Ok, je me mets derrière. » il passa sous les barres, et se plaça juste derrière l'enfant. « Quand tu veux. »
Toshiro fit un pas, faisant glisser ses mains au fur et à mesure qu'il avançait.
« Salut les gars ! » chanta joyeusement Rangiku en entrant dans la pièce, un sourire rayonnant sur le visage.
« Regardez moi ça comme elle est belle. » rigola Ichigo, souriant de la même manière que la femme.
Rangiku leva les yeux au ciel et s'approcha du duo, frappant dans la main d'Ichigo en guise de salut, et attrapant la tête de Toshiro pour l'embrasser dans les cheveux.
« J'ai dû aller voir le Commandant. » soupira la femme, restant à coté d'eux et passant une main dédaigneuse dans ses cheveux. « Je recommence demain. » elle grimaça avant de soupirer.
« Dur » se moqua Ichigo, récoltant un regard noir de la femme. « Ça va, y a pire. Et puis, ça ne t'as jamais empêché de passer du temps avec Tosh. »
Rangiku retrouva une partie de son sourire. « Pas faux… Mais j'ai trois semaines de paperasse à rattraper. » elle gémit dramatiquement.
« Sora en a fait une partie. »
« Pas tout. »
Ichigo se moqua encore une fois, soufflant un 'coup dur' avant qu'elle ne frappe son épaule. Toshiro le sentit glousser, et sa mère leva encore les yeux au ciel, avant de poser son regard sur lui. Elle lui sourit, et passa une main dans ses cheveux. « Ça va, Chéri ? »
Toshiro aurait pu mourir pour ce sourire.
Alors il sourit légèrement en retour, et haussa les épaules comme il le pu dans sa position. « Ichigo me maltraite. »
Rangiku leva un sourcil interrogateur vers lui, alors que la fraise explosait de rire dans son dos. Puis la femme gloussa et se pencha à nouveau pour l'embrasser. « Ça ne m'étonne même pas. » l'ironie était dans ses mots, et Toshiro sourit un peu plus.
« Objectif : un aller entier sans tomber. » appela la fraise « Un vrai tirant. » il pouvait presque le voir hocher la tête dans son dos, alors que Rangiku semblait essayer de ne pas rire. « Oh, j'ai une idée. Ran, va en bout de piste. » il désigna la fin de la machine, comme s'il s'agissait d'une idée brillante.
Rangiku sembla comprendre et sourit malicieusement, avant de se déplacer. Elle s'agenouilla à son niveau, au bout du couloir et ouvrit les bras.
'Non, ne dis pas ç-'
« Toshiro, vient voir Maman. » elle lui sourit.
Ils allaient être sa mort.
« Hey ! Je suis pas un bébé ! » il se plaignit.
Aucun des deux adultes ne répondit, et il se sentit stupide face au regard amusé mais attendri de sa mère.
Soufflant, il commença à marcher, ignorant la façon dont Ichigo l'encourageait stupidement à 'aller voir Maman'.
La fin a été plus compliquée, son dos commençait à se rebeller, et ses bras tremblaient plutôt fort. Il essayait de faire des pas corrects, mais son souffle était court et rapide.
Sa mère l'encouragea alors qu'il arrivait à son niveau, et bientôt, elle posa ses mains sur ses hanches pour l'aider à se stabiliser, en plus de celles d'Ichigo autour de ses bras.
Il lâcha doucement les barres, une part une, pour venir agripper les épaules de Rangiku qui était toujours agenouillée à son niveau.
« C'est génial, mon Cœur, je suis fière de toi ! » chanta Rangiku quand il finit de s'accrocher à elle.
Quelque chose se passa dans la poitrine de Toshiro, et il se sentit sourire stupidement alors que ses yeux brûlaient.
Elle était fière de lui.
Il se pencha vers elle, et elle enroula immédiatement ses bras autour de lui alors que ses jambes cédaient enfin.
Il entendit Ichigo renifler de contentement derrière lui pendant qu'il plongeait son visage dans la gorge de sa mère, ce stupide sourire ne voulant pas partir.
Elle était fière de lui.
Elle venait de lui dire.
…
« 'Faut vraiment que tu ailles chez le coiffeur. » annonça Rangiku depuis sa place au bout du lit.
« Je sais, tu l'as déjà dit une centaine de fois. » Répondit Toshiro, croisant les bras sur sa poitrine alors qu'il était assis contre la tête du lit.
Unohana l'avait bloqué ici depuis deux mois, maintenant. Il n'avait pas vu le monde extérieur depuis deux longs mois. Pas que cela le dérange énormément, mais il commençait à tourner en rond dans sa chambre.
La femme avait affirmé que le garçon aurait pu sortir au bout d'un mois, mais avait préféré le garder ici, car son état psychologique était instable. Il s'était un peu énervé quand elle lui avait dit ça, mais au fond, il savait qu'elle n'avait pas tort.
Il faisait des cauchemars pratiquement toutes les nuits, il sursautait presque chaque fois qu'un bruit fort résonnait. Il faisait des crises de panique régulièrement, et finissait souvent malade à cause son anxiété.
Ça s'améliorait avec le temps, mais il restait 'instable', comme l'avait soulignée Unohana.
Pourtant, aujourd'hui, en début de matinée, le médecin capitaine était entré dans sa chambre et lui avait dit qu'il aurait l'autorisation de sortir quelques heures par jour. Toshiro en était heureux, il s'ennuyait vraiment ici, même si sa mère passait beaucoup de temps avec lui, qu'Ichigo lui rendait régulièrement visite, ou que les médecins venaient le vérifier trois fois par jour.
Mais les conditions étaient clairs. Trois heures maximums à l'extérieur, après quoi, il devait revenir ici. Il devait toujours être accompagné par quelqu'un, et porter une montre, que Kurotsuchi avait spécialement créé, qui alerterait immédiatement la quatrième division s'il avait une crise.
C'était assez strict, mais Toshiro s'en contenterait pour le moment. C'était une possibilité de sortir d'ici, et si tout ce passait bien, il aurait peut être l'autorisation de sortir définitivement.
« Et bien, je pense que c'est la première chose qu'on va faire. » renchérie sa mère.
Ses cheveux avaient inévitablement poussé, et Rangiku n'arrêtait pas de lui dire qu'il devait aller chez le coiffeur, que sa tête était trop mignonne quand il se les étaient coupés. Bien qu'il n'aime pas vraiment le terme 'mignon', il devait avoué qu'il préférait les cheveux courts. C'était beaucoup plus pratique.
Malgré ça, il souffla, acquiesçant.
Unohana était partie, lui disant qu'il ne pourrait sortir qu'en début d'après midi, et quand il avait répété ça à sa mère quand elle était venue le voir en fin de matinée, elle était presque devenue hystérique.
« Est-ce-qu'on pourra manger des sushis ? » demanda le garçon, sa bouche salivant presque. Il sortait du repas de midi, mais cela ne l'affecta pas plus que ça.
« Ce sera le milieu de l'après-midi, Chéri. » répondit Rangiku, sa tête posée sur ses avants bras au pied de son lit. Ils attendaient qu'Unohana ou quelqu'un leur dise qu'ils pouvaient y aller. Toshiro haussa les épaules. Ce n'est pas qu'il mangeait mal ici, c'est qu'il mangeait presque tout le temps la même chose. Rangiku soupira, mais un petit sourire se dessina sur ses lèvres. « D'accord, va pour les sushis. »
« Des sushis en plein après-midi ? » demanda la voix d'Unohana à la porte, portant dans ses mains une béquille et la fameuse montre dont elle lui avait parlé.
« Tu vois ça avec lui. » Rangiku le pointa du doigt mais Toshiro haussa les épaules pour la seconde fois.
Unohana gloussa mais ne dit rien, surprenant à moitié le petit patient. À la place, elle posa la béquille contre le matelas et montra la petite montre. « Tu la portes en tout temps dès que tu es dehors. Elle prend tes signes vitaux et nous alertera en cas de problème. » Toshiro souffla mais accepta l'objet, si c'était la condition pour qu'il sorte. « Alors, quel est le programme pour ta première journée dehors ? » elle demanda quand elle eut attaché la montre à son poignet.
« Coiffeur, puis apparemment, sushis. » répondit Rangiku en se levant et en s'étirant.
« Ça me paraît pas mal » acquiesça la femme. « Tu connais le topo : pas d'activité physique et si tu as mal, tu t'arrêtes et tu préviens. Tu ne forces pas. » elle lui avait répété ça pendant presque tous les exercices qu'ils avaient fait, mais Toshiro hocha la tête, balançant ses jambes au bord du lit et attrapant la béquille.
Il arrivait à se lever seul, et n'avait besoin que d'un seul support pour marcher. Comme l'avait dit Ichigo, au bout d'un mois, il marchait avec des béquilles, et la semaine dernière, il avait pu en enlever une. C'était une belle avancée, et dans quelques mois, il pourrait bouger aussi bien qu'avant.
Enfin, la dernière chose qui énervait le garçon, était qu'Unohana refusait obstinément de relâcher sa pression spirituelle. Elle le gardait sous contrôle, et même si cela évitait qu'il ne gèle ou blesse quelqu'un par mégarde lors de ses crises, il ne pouvait pas discuter avec Hyorinmaru s'il n'était pas directement dans son monde intérieur. Il entendait le dragon grogner ou ronronner de temps en temps, mais ils ne pouvaient pas réellement échanger.
Sans oublier que sa relation avec le dragon avait légèrement changé depuis qu'il avait essayé de le tuer. Il savait très bien que Hyorinmaru ne lui aurait jamais fait de mal s'il avait sût qui il était dès le début, mais il ne pouvait s'empêcher de revoir ce regard assoiffé de sang et cette envie de tuer qui brûlait dans ses yeux.
C'est pourquoi, il estimait que pouvoir parler avec lui pourrait les aider à retisser les liens d'antan. Il ne voulait pas avoir peur du dragon, ou même devenir réticent à utiliser son pouvoir.
Mais Unohana refusait. Elle lui assurait que pour le moment, il n'était pas encore prêt, et qu'il devait s'armer de patience.
Toshiro était à la fois énervé et d'accord avec ça.
Rangiku tapa dans ses mains d'excitation et lui ouvrit la porte. Elle avait insisté pour être la première personne avait qui il sortait, même s'il n'était pas obligatoire (d'après les règles d'Unohana), que ce soit spécifiquement elle qui soit avec lui. La contrainte était 'Ne doit jamais être seul'.
Le service dans lequel il était (il avait apprit qu'il était en Trauma), était au dernier étage afin d'éviter qu'il y ait beaucoup de passage. Unohana avait proposé de le déplacer dans le service psychologique quand il avait commencé à aller mieux, mais le calme ici lui allait bien.
Il avait encore du mal avec les escaliers, demandant un effort bien différent de celui de marcher. Il se rendait compte maintenant, à quel point les choses qui paraissaient si simple avant, étaient en réalité une chance.
Dans l'ascenseur, sa mère lui parla d'à quel point elle était excitée de pouvoir sortir avec lui, et combien elle était heureuse. Toshiro était d'accord. Il était vraiment enthousiaste à l'idée de sortir, et même s'il avait quelques peurs refoulées, il était heureux que ce soit elle qui l'accompagnait. Il n'aurait voulu personne d'autre.
« Je vais te porter jusqu'aux quartiers du Rukongai » annonça Rangiku.
De toute manière, il n'avait pas vraiment le choix, puisque les commerces étaient à des dizaines de kilomètres. Il hocha la tête et elle enroula ses bras autour de lui, décollant dans une course de shunpo rapide.
Quand ils arrivèrent dans les rues, elle ralentie jusqu'à s'arrêter devant le coiffeur de la dernière fois. Elle le posa alors, et Toshiro vit que les regards des habitants étaient sur eux, impressionné par le haori que sa mère portait, ou surpris du garçon qu'elle déposait sur le sol.
Il déglutit. C'était vraiment quelque chose qui ne lui avait pas manqué. Sa main libre trouva celle de Rangiku, ignorant le coté 'adulte' de son cerveau qui lui cria qu'il était ridicule, et écoutant la partie opposée qui voulait la sécurité que sa mère lui apporterait. La femme ne dit rien, sachant déjà tout sur lui, et serrant ses doigts dans les siens alors qu'elle le tirait doucement vers la boutique.
Au moins, il ne risquait rien avec elle.
…
« Échec et mat. » annonça Toshiro, souriant victorieusement en regardant le visage de son adversaire pâlir dangereusement.
« Encore ? » demanda Sora, incrédule, fronçant les sourcils en réfléchissant.
Toshiro gloussa et haussa les épaules, regardant l'autre garçon soupirer de défaite en fixant l'échiquier devant lui.
« Une autre fois. » sourit malicieusement le garçon aux cheveux blancs, passant une main dans ses mèches courtes en regardant son acolyte.
Sora et lui s'étaient beaucoup rapprochés. Ils étaient même devenus amis durant les deux derniers mois. Le garçon lui avait rendu visite dans sa chambre d'hôpital quelques temps après le retour de sa mère, et avait bredouillé des mots paniqués et incertains de bon rétablissement. Il lui avait même apporté des fleurs, car le garçon 'ne savait pas quoi apporter, et il était mal-poli de venir les mains vides.' cela avait été plutôt gênant au début, mais Rangiku avait bien rigolé en voyant son lieutenant donner les fleurs maladroitement à son fils tout aussi gêné. Une longue discussion entre les deux enfants avaient alors suivie, et une nouvelle amitié s'était bâtie. Toshiro avait insisté pour se lever et s'incliner devant le lieutenant, le remerciant avidement pour tout ce qu'il avait fait. Sora avait été plus que mal-à-l'aise, mais avait finalement accepté quand Toshiro avait pâli et que Rangiku avait dût le rattraper alors que ses jambes lâchaient.
Et depuis, le jeune lieutenant venait régulièrement le visiter, toujours en demandant la permission, mais ils devenaient de plus en plus familier et proches.
Et donc, lors de ses sorties autorisées de la quatrième division, Toshiro aimait venir au bureau de la dixième division et jouer aux échecs avec lui. Bien-sûr, il ne le distrayait jamais longtemps, seulement une vingtaine de minutes avant de laisser l'autre garçon faire son travail. Mais les deux étaient toujours contents de partager ce petit moment, et même si Toshiro gagnait presque la totalité des parties, Sora restait un adversaire de taille, ne lui faisant jamais d'ouverture facile.
« Tu es vraiment trop fort, Toshiro. » soupira le garçon en passant à son tour une main dans ses cheveux, regardant toujours l'échiquier avec dépit.
Toshiro avait réussi à lui faire abandonner le 'Capitaine' ou le 'Monsieur', et avait insisté pour qu'ils s'appellent par leur prénom, bien que cela n'avait pas été une tâche facile. Ce n'était pas quelque chose qu'il accordait facilement, Ichigo avait dû se battre de nombreuses années pour cela, mais il estimait que le garçon le méritait. Après tout, il lui avait sauvé la vie, puis avait trouvé un moyen de ramener sa mère. Il lui était redevable.
Une nouvelle fois, Toshiro haussa les épaules et l'aida à ranger le jeu.
« Sora, n'oublie pas que tu diriges le premier entraînement des novices dans 10 minutes. » appela Rangiku depuis son bureau, grimaçant devant ses papiers.
« Oui, Capitaine » Le garçon hocha la tête et accéléra le rangement.
« Tu penses que je peux venir avec toi ? » demanda doucement Toshiro.
Il n'avait aucune envie de se battre ou de tenir une arme, mais il s'ennuyait un peu ici, et il savait qu'il ne risquait rien, surtout que tous les hommes de la division étaient devenus sur-protecteurs envers lui. Ils lui demandaient constamment s'il allait bien, et n'arrêtaient pas de lui rappeler de venir les voir au moindre problème.
Sora sembla incertain de lui-même, et Toshiro sût qu'il se remémorait ce qu'il s'était passé la dernière fois. Le garçon le fixa pendant quelques secondes avant de hausser les épaules et de faire un signe du menton vers la femme qui travaillait au bureau. « Je suis pas sûr qu'elle accepte. »
murmura t-il en retour.
Toshiro se tourna alors vers sa mère, posant un bras sur le dossier du canapé sur lequel ils étaient assis. « Maman, est-ce-que je peux regarder l'entraînement ? »
Il n'avait plus de problème à l'appeler comme ça. Tout le monde s'était fait à l'idée, et même si certains les regardaient encore avec surprise, la plupart étaient habitués. Elle était sa mère et ils avaient traversé assez d'épreuves pour qu'ils puissent passer au dessus de quelques regards.
« Non. » répondit fermement la femme, levant un regard entendu vers lui.
Il pouvait dire à ses yeux qu'aucune objection ne pouvait être admise, mais Toshiro le voyait d'un autre angle.
« Je ne risque rien, tu sais. Sora sera là, et certains autres aussi. »
« Ce n'est pas négociable, Toshiro. »
« Mais ce sont des débutants. » gémit le garçon « Ils savent à peine tenir une arme. La dernière fois, ils étaient tous très entraînés. »
Rangiku avait le regard perçant, et il déglutit. Peut être était-il allé trop loin ?
« Je serai là, Madame. » Sora intervint, le soutenant, mais déglutissant et reculant légèrement quand le regard passa d'un garçon à un autre.
Rangiku posa son stylo et plaça les coudes sur son bureau, posant sa tête sur le dos de ses mains.
« Là n'est pas le problème, Sora. »
Le garçon avala nerveusement avant de lui aussi poser son bras sur le dossier du canapé, semblant s'armer de courage.
« Personne ne s'approchera de lui à moins de cinq mètres. Je ferai en sorte de ne jamais être trop loin, et de toujours me tenir prêt. » Le garçon soutint le regard de son capitaine, même si la légèrement sueur dans son cou le trahissait. « Je vous promets qu'il ne lui arrivera rien. »
Rangiku continua de les fixer, tour à tour. Elle semblait en pleine réflexion intérieure, le oui et le non en pleine bataille contre les arguments.
Puis, après quelques secondes, elle laissa sa tête s'enlever de ses mains et soupira. « On dirait que vous êtes devenus inséparables tous les deux. » elle leur jeta un nouveau regard et secoua la tête, regrettant déjà sa prochaine décision. « L'entraînement dure 1h30. » apprit la femme, plongeant son regard bébé dans le sien « Pas une minute de plus. »
Les deux garçons sourirent de victoire et il se regardèrent, frappant dans la main de l'autre.
Sora se reprit immédiatement, rougissant quand il regarda son capitaine mais se levant et s'inclinant.
« À vos ordres, Madame. Merci. »
Toshiro se leva, plaçant sa béquille sous lui et se dirigeant vers la porte, l'ouvrant pour que Sora puisse passer. Ils avaient tous les deux de petit sourire victorieux en coin, alors que Rangiku les rappelait.
« Pas une minute de plus ! »
« Pas une minute de plus. » répétèrent-ils à l'unisson alors qu'ils fermaient la porte.
Toshiro était content.
C'était la première fois qu'il avait un ami de son age (dans la Soul Society), et il pensait que c'était pareil pour Sora. C'était vraiment agréable.
…
« Est-ce-qu'on peut prendre les escaliers ? » demanda le garçon en rentrant dans l'hôpital, Ichigo à la remorque.
Ils avaient passé l'après-midi entre garçons, à la maison, à jouer à la console. Ça avait été cool, et Ichigo lui avait fait découvrir un nouveau jeu, que Toshiro adorait, Fornite. C'était à la fois stratégique et complètement bourrin, et il avait aimé la satisfaction de marquer des points, et le fait que la map changeait à chaque partie.
« Wow, entreprenant aujourd'hui. » sourit la fraise, ouvrant déjà la porte de la cage d'escaliers.
« Je me sens bien. » offrit simplement Toshiro, plaçant sa béquille dans l'autre main alors qu'il agrippait la rambarde avec celle qu'il venait de libérer.
« Ouais, ça c'est cool. » il entendit Ichigo soufflant avant de sentir ses mains sur ses hanches, le soutenant.
Il réussit à monter les cinq premières marches, avant de devoir faire une pause. C'était épuisant et frustrant, quand il pensait qu'avant, il les montait deux par deux en courant. Mais bon, comme le répétaient sans cesse Ichigo et Unohana : il devait en passer par là s'il souhaitait pouvoir retrouver l'entièreté de sa mobilité.
Et ils montèrent comme ça un étage et demi, avant que Rangiku ne débarque dans la cage d'escaliers, les regardant depuis la plateforme du deuxième étage.
« Je me demandais ce que vous faisiez. » annonça t-elle, souriant à son fils qui soufflait durement.
« Du shopping. » se moqua Ichigo, récoltant un gloussement de Toshiro et un roulement d'yeux de Rangiku.
« Quel manque de goût » ajouta le garçon, faisant contracté les épaules d'Ichigo de rire, et faisant faire la moue à sa mère.
« Vous êtes sur-excités. » déclara la femme, posant ses coudes sur la rambarde et regardant les deux rires plus bas.
Toshiro reprit sa montée, aussi lente soit-elle, alors que les deux adultes discutaient.
« Tu n'es pas sensé travailler ? » demanda Ichigo, faisant rire sans humour la femme.
« Je travaille quand je veux. » répondit-elle rapidement « Et toi, alors ? »
« La clinique est fermée pour l'après-midi. Une coupure de courant à frapper tout le quartier. » expliqua l'homme, aidant Toshiro avec la dernière marche.
Le garçon respirait fortement et était en sueur quand il arriva enfin. Rangiku se décolla de la rambarde, et s'agenouilla devant lui, posant ses mains sur ses épaules et déposant un baiser sur son front.
« Ça va ? » Toshiro hocha la tête, reprenant doucement son souffle. « Je suis fière de toi, Chéri. » Le garçon sourit légèrement alors qu'elle replaçait ses cheveux, les décollant de son visage. « On finit en ascenseur ? » demanda-t-elle, regardant la main qui tenait sa béquille trembler.
« Ouais » souffla Toshiro hochant la tête et la laissant le soulever dans ses bras.
Il s'était habitué à ça aussi. Elle le câlinait souvent, public ou pas, alors il avait dû se faire une raison. Et puis, Ichigo était le seul actuellement présent, et il les avait vu bien pire.
Elle le cala sur sa hanche, une main sous ses cuisses, alors qu'elle appelait l'ascenseur. Sa chambre était au cinquième étage, et il était déjà fier d'en avoir monté deux.
« Tu veux que je reste avec toi, ce soir ? » demanda tranquillement sa mère et entrant dans la cage.
Toshiro hocha la tête contre son épaule. Il aimait quand elle restait avec lui la nuit. Il savait qu'elle n'était pas bien installée sur sa chaise, mais elle finissait la plupart du temps dans le même lit que lui. Et puis, comme ça, elle n'était pas loin en cas de besoin.
Elle ne restait pas tous les soirs, parce qu'elle était parfois de garde, même si c'était assez rare, ou qu'elle allait se coucher tard ou se lever tôt le lendemain, et ne voulait pas le déranger. Mais Toshiro était toujours plus rassuré quand elle était là.
« Lit ? » demanda Rangiku quand ils entrèrent dans sa chambre, se dirigeant déjà vers le lieu dit.
« Douche. » contrat le garçon, regardant par dessus son épaule.
Sa mère hocha la tête et le conduisit dans la salle de bain. Il y avait un siège dans la douche, ainsi qu'un tapis de sol pour qu'il ne glisse pas. Ce n'était pas très pratique de devoir rester assis pour se laver, mais au moins, il pouvait le faire seul. Toutes les fois où des infirmiers étaient venus le nettoyer avaient été plus qu'embarrassant.
Rangiku le déposa sur la chaise, et l'aida à enlever ses chaussures, avant de sortir de nouveaux vêtements du placard. Unohana acceptait qu'il ne soit plus tout le temps en habits d'hôpital, et sa mère lui avait donc amené des kimono à lui.
Elle sortie un pyjama qu'elle posa à coté du lavabo, avant de lui demander si tout allait bien, et de partir. Elle ferma la porte derrière elle, et Toshiro l'entendit commencer une discussion avec Ichigo.
Ce n'est que trente minutes plus tard, que le garçon fut prêt, et c'est également à ce moment là que les lumières au dessus de lui clignotèrent. Ils leva la tête, mais les lampes se rallumèrent, alors il pensa simplement à un défaut de fabrication, ou au vieillissement de l'objet. Il en ferai part à Unohana plus tard : il ne voulait pas se retrouver dans le noir alors qu'il prenait sa douche.
C'est quand il se rendit compte qu'il n'y avait plus aucun bruit de l'autre coté de la porte qu'il trouva cela étrange. Rangiku et Ichigo avaient arrêté de parler ? Peut être que le courant était revenu dans la clinique de l'homme, et qu'il était rentré.
N'oubliant pas sa béquille, il se déplaça vers la porte, et c'est au moment où il toucha la poignée que les lumières s'éteignirent pour de bon. Il se retrouva totalement plongé dans le noir, et quand il ouvrit la porte, les faibles derniers rayons du soleil éclairaient sa chambre.
« Maman ? » il demanda, sortant de la salle d'eau et cherchant la femme.
Il n' avait personne. Tout était parfaitement silencieux et sombre.
Ce n'est que quand Toshiro vit l'homme dans le coin de sa chambre, le fixant et tout vêtu de noir, que son cœur s'accéléra.
« Oh Putain ! » il recula contre le mur près de son lit, son dos se plaquant contre lui alors qu'il regardait les yeux écarquillés l'homme faire un pas vers lui.
« Tututut. » L'homme secoua la tête, et quand son visage fut éclairé pendant une petite seconde par le soleil couchant, Toshiro crut qu'il aurai put faire un arrêt cardiaque.
« C'est- c'est impossible. » murmura le garçon, faisant face au quincy qui l'avait tué il y a sept ans.
Il était mort ! Rangiku l'avait tué. Il ne devrait pas être là, il ne devrait pas être tout court !
« Impossible ? » demanda l'homme en continuant de faire des pas vers lui. Son expression était complètement folle, et ses mains se serraient et se détendaient à intervalles irréguliers. « Ce qui est impossible, c'est que tu sois vivant. » cracha t-il. « Tu m'as volé ce qui était à moi. » Toshiro s'enfonça autant qu'il le put dans le mur derrière lui, sentant sa peur monter dans sa poitrine.
« Hyo- Hyorinmaru est à moi. » répondit le garçon, presque incertain face au regard complètement fou du quincy. « Il l'a toujours été. »
Les doigts froids comme la mort s'enroulèrent autour de son cou, et il se sentit étranglé. Ses propres mains attrapèrent le poignet de l'homme, forçant pour sa libération. Sa peau était noircie et froide, il pouvait presque sentir ses articulations à travers la faible couche qu'elle donnait à son bras.
Toshiro se retrouva suspendu dans les airs, le corps collé au mur de sa chambre d'hôpital alors que l'homme l'étranglait en le soulevant.
Un immense grognement résonna autour d'eux, et le quincy le lâcha soudainement, et il tomba au sol. Le son venait de Hyorinmaru, et un vent glacial s'abattit sur eux, faisant reculer un peu plus l'homme fou.
Toshiro regarda autour de lui, cherchant le dragon, mais il n'y avait aucune trace du reptile. Ses propres doigts étaient enroulés autour de sa gorge, essayant de diminuer la brûlure que l'étranglement avait causé.
« Toshiro ! » une voix lointaine et paniquée l'appela, mais le garçon ne voyait personne d'autre ici.
Puis une lumière rayonna de la poitrine du quincy, qui le regardait de façon folle, serrant malgré tout les dents de frustration. La lumière s'intensifia doucement, jusqu'à devenir aveuglante, et Toshiro se cacha la visage quand ses yeux brûlèrent face à la blancheur.
Il y avait des mains sur lui, soutenant sa tête, secouant ses épaules ou frottant sa poitrine. Différentes voix résonnaient aussi au dessus de lui, certaines plus paniquées que d'autres.
Ses yeux s'écarquillèrent et il prit une grande respiration, se retrouvant en position assise en quelques secondes. La lumière était partout, éclairant la pièce via les lampes accrochées au plafond.
Sa mère, Ichigo, Unohana et quelques infirmiers planaient au dessus de lui, lui parlant rapidement et lui demandant de rester couché.
Toshiro écarta les mains de lui et regarda autour de la pièce, cherchant l'homme qu'il venait de voir.
« Toshiro, regarde moi. » mais il ne le fit pas.
Comment pouvait-il encore être vivant ? Et que diable venait-il de se passer ?
Aucun des autres shinigamis ne la vu ?
Sa tête fut prise en coupe par sa mère, et son visage se retrouva collé au sien. « Toshiro, qu'est-ce-qu'il s'est passé ? » ordonna t-elle plus qu'elle ne demanda, ses yeux trahissant son inquiétude.
« Il… Il était là. » il leva la main et montra la fond de sa chambre.
Il était lui-même assis près de son lit, mais n'avait pas le souvenir d'avoir bougé, ou du moins, pas le souvenir d'avoir bougé dans cette réalité.
Toutes les personnes dans la pièce tournèrent la tête pour regarder le fond de la chambre, fixant un coin vide de toute chose.
« Qui était là ? » demanda Ichigo, derrière lui et maintenant son dos droit.
Toshiro frissonna. C'était impossible. Il était mort.
« Chéri, qui était là ? » demanda à nouveau Rangiku, les yeux fous d'inquiétude.
« Le… Le Quincy. » murmura le garçon, regardant dans les yeux de sa mère, avant de fixer le mur vide au fond. « Il était là et il… il a essayé de m'étrangler. » il montra une nouvelle fois le fond de sa chambre et frotta son cou, ne sentant plus la brûlure.
Il y eu un silence des adultes, puis Unohana se baissa à sa hauteur et alluma une lumière dans ses yeux. « Tu es sûr de ça ? »
Toshiro hocha la tête, sa main trouvant celle de sa mère.
« C'est impossible, il est mort. » chuchota Ichigo, complètement incertain.
« Je viens de le voir. » appuya Toshiro, regardant sa mère puis Unohana. « Je promets. » ses yeux brûlèrent alors qu'il se rendit compte qu'il devait ressembler à un fou. « Il était juste là. » sa main tremblait alors qu'il la levait une nouvelle fois, pointant le coin vide où l'homme s'était tenu.
« C'est bon » Il se fit aspirer par l'étreinte de sa mère, et il serra les dents pour s'empêcher de pleurer. « Tu vas bien, il est parti. »
Toshiro renifla dans le cou de la femme, s'accrochant désespérément à ses vêtements. Il n'avait pas rêvé. Le quincy avait été là.
Il n'était pas fou.
« D'accord » la voix d'Unohana était proche de lui, et il put sentir sa main se poser délicatement dans son dos. « Tu veux bien nous raconter ce que tu as vu ? »
Toshiro prit une grande respiration et décolla sa tête de la gorge sécurisante de Rangiku. Il regarda dans les yeux calmes d'Unohana et hocha doucement la tête.
« J'étais dans la salle de bain… » il leur raconta ce qu'il s'était passé, jusqu'au grognement de Hyorinmaru et comment le quincy avait reculé. Il leur décrit la lumière aveuglante, et son réveil ici. « Et puis… Et puis plus rien. J'ai entendu mon nom, et il a disparu. »
Rangiku frottait son dos de manière apaisante alors qu'il terminait, posant le coté de sa tête contre son épaule.
Aucun des adultes ne dit quoi que ce soit pendant un moment, et Toshiro sentit son cœur se tordre. « Est-ce-que je suis fou ? »
« Non, bien-sûr que non. » assura immédiatement sa mère, et il sentit les mains d'Ichigo sur ses épaules se serrer.
Unohana ne dit rien pendant quelques minutes avant de se tourner vers l'un des infirmiers derrière elle. « Préparez la salle de retenue. » ils hochèrent la tête et disparurent.
« Pourquoi ? » demanda immédiatement le garçon, reculant dans la prise de sa mère. « Qu'est-ce-que c'est ? »
Rangiku resserra sa prise autour de lui, mais Unohana secoua la tête.
« Pas de panique. C'est une salle qui permet de contenir les pressions spirituelles. Elle nous serre quand nous devons traiter un patient qui ne contrôle pas son reitsu. »
« Mais tu gardes le sien contrôlé. » argumenta Rangiku
« Oui, mais nous allons le libérer. » Unohana se releva, et leur fit signe de la suivre.
« Pourquoi ? » demanda Ichigo en aidant Rangiku à porter le garçon en se redressant.
« Parce que je crois comprendre ce qu'il s'est passé. »
…
« Qu'est-ce-que je dois faire exactement ? » demanda Toshiro, assis sur une table d'auscultation alors que tout le monde reculait.
Il avait l'air effrayé et le cœur de Rangiku se serra. Le garçon était apeuré et perdu, et il n'arrêtait pas de lui lancer des regards, jouant nerveusement avec ses propres doigts.
« Juste libérer ta pression spirituelle. » rassura Unohana, se tenant prête à retirer le sort.
« Mais… Et vous ? » il lui jeta un nouveau regard.
« Ne t'en fait pas pour nous. Tu n'as pas besoin de tout lâcher. » elle porta une main dans sa direction et murmura un sort, sa paume brillant d'une couleur jaune pâle.
Le visage du garçon était incertain, alors qu'il fronçait les sourcils, ressentant manifestement les changements.
« C'est tout ? » il demanda quand le médecin baissa la main.
« Oui. Je retiens ta pression spirituelle en cas de crise, mais je sais que tu sais la contrôler. » expliqua calmement la femme. « Maintenant, libère la. »
Toshiro hésita un instant, lui jetant un regard effrayé mais Rangiku hocha la tête. Elle l'encouragea, même si intérieurement, elle voulait juste le prendre dans ses bras.
Le garçon prit une grande respiration, et ils sentirent tous l'air changer, devenant plus fraîche. La température baissa considérablement, et du gel commença à se former autour du corps de Toshiro.
« Je pensais que la salle était ignifugée ? » chuchota Ichigo.
« Elle protège l'extérieur » compléta Unohana.
Puis la pression vacilla, et Toshiro écarquilla les yeux. Tout le monde dans la pièce retint sa respiration, alors que quelque chose d'étrange se passa. Le reitsu du garçon changea ou pour être plus clair, quelque chose s'ajouta à son reitsu.
« C'est bien ce que je pensais. » murmura Unohana, prenant des notes sur son carnet, indifférente au gel qui rampait partout.
« Qu'est-ce-qu'il se passe ? » demanda Ichigo, frottant ses bras.
Rangiku tourna aussi son attention vers Unohana qui continuait de noter des choses dans son carnet, avant de tourner ses yeux vers eux.
« Vous ne reconnaissez pas cette présence ? »
Les deux écarquillèrent leurs yeux en même temps. Maintenant que la femme l'avait signalé, c'était inévitablement là.
La présence du quincy qui avait tué Toshiro. Elle était là, mélangé à celle du garçon.
« Mais, Comment ? » demanda Rangiku, tournant le regard pour voir Toshiro serrer ses bras autour de lui et se pencher en avant.
« Je pense qu'il a intégré d'une façon ou d'une autre, une partie de son pouvoir dans celui de Toshiro. »
« Alors il l'a vraiment vu, tout à l'heure ? » demanda Ichigo.
Ce n'était pas la première question qu'aurait posé Rangiku, mais elle s'en contenterait.
« Je pense qu'il est apparu, oui, pendant que Toshiro avait baissé sa garde. »
« Mais comment ? » répéta stupidement Rangiku.
« Cela doit faire partie de son pouvoir, j'imagine. Même mort, il continu de vivre d'une certaine manière dans son monde intérieur. »
La femme porta ses mains à sa bouche, regardant l'enfant enrouler ses bras autour de sa tête.
« Comment pouvons-nous le tuer définitivement ? » demanda Ichigo, serrant les poings de rage.
Rangiku était d'accord. Cet enfoiré de quincy n'avait aucun droit de faire ça.
« Pour le moment, je ne sais pas, mais Kurotsuchi a déjà trouvé un moyen de rendre inefficace leur pouvoir une fois, je n'ai pas de doute qu'il y arrivera encore. » elle s'approcha du garçon tremblant, ignorant toujours le froid autour d'eux. « Toshiro tu peux arrêter. »
Le garçon hocha la tête mais garda ses bras enrouler de façon protectrice autour de lui. Le froid se calma doucement, et la pièce retrouva une température plus agréable.
Rangiku fondit sur Toshiro, le prenant immédiatement dans ses bras, et lui murmurant que tout allait bien. Le garçon s'accrocha à elle en retour, gémissant pathétiquement.
« Qu'est-ce-qu'on fait en attendant ? » demanda alors Ichigo, venant frotter le dos du garçon.
« Je vais lui remettre la suppression de reitsu, et voir avec Kurotsuchi. » expliqua Unohana.
Aussitôt dit, aussitôt fait, le sort était de retour, et la pression spirituelle de Toshiro était presque insondable.
« Tout va bien, mon cœur. » elle murmura à son oreille.
Cette putain d'histoire n'était pas finie, mais elle n'allait certainement pas abandonner.
Ils allaient buter ce quincy une fois pour toute.
…
« Maman » gémit le garçon, enfonçant son visage dans l'oreiller.
Rangiku se leva et passa sa main dans les cheveux de l'enfant, murmurant que tout allait bien.
Le pauvre garçon était stressé, à tel point qu'il en était tombé malade. Plusieurs heures après s'être couché, il s'était réveillé avec des sueurs froides et une forte fièvre. Rangiku ne pouvait pas faire grand-chose à part le tenir dans ses bras et lui apporter du réconfort.
Il avait peur de mourir, elle le savait. Il avait peur que le retour du quincy ne pourrisse leurs vies encore une fois. Mais elle ne laisserait pas cela arriver, pour rien au monde.
Kurotsuchi allait trouver une solution, ils allaient l'appliquer, et ils vivraient enfin ensemble, dans une atmosphère saine et sans danger.
Rangiku attrapa la bassine alors que le garçon convulsait et vomissait, à peine soutenu par ses avants-bras. Il était malade d'anxiété, mais qu'importe ce qu'elle disait, elle savait que ça ne le calmerait pas. Ils avaient tous les deux déjà vécus la perte de l'autre, et il n'avait pas besoin d'imaginer pour savoir ce que cela ferait.
« Chuuut, c'est bon, c'est fini. » elle frotta la dos du garçon alors qu'il toussait face à sa bassine.
Elle essuya sa bouche et son menton pour ce qui devait être la cinquième fois en une nuit, alors qu'il craquait et sanglotait. La fièvre qu'il avait développé n'aidait certainement pas, mais Unohana avait affirmé qu'elle n'était pas dangereuse. Rangiku devait cependant l'appeler si elle augmentait, ce qu'elle vérifiait minutieusement toutes les dix minutes.
« Pas bien. » gémit le garçon, écrasant une nouvelle fois son visage contre l'oreiller, refusant obstinément de se mettre sur le dos.
Rangiku ne comprenait pas vraiment pourquoi il restait seulement sur le ventre, la tête face au matelas, mais il semblait plus rassuré ainsi.
« Je sais, Chéri. Tu es malade. » répéta t-elle pour la dixième fois. « Ça va aller. »
Le garçon était dans un état second alors qu'il gémissait pitoyablement contre son oreiller et pleurait, toussant dangereusement et faisant s'inquiéter la femme quant à savoir s'il allait encore vomir.
Son estomac était vide depuis longtemps, mais du liquide continuait à sortir, même s'il se soulevait parfois à sec. C'était vraiment compliqué pour elle de le regarder comme ça, mais elle ne pouvait pas faire grand-chose.
Elle était inquiète, et lui aussi, mais elle semblait le gérer beaucoup mieux.
« Maman » appela une nouvelle fois le garçon, frottant son front contre le coussin. Une nouvelle fois, elle passa sa main dans ses cheveux humides de sueur, grimaçant à la chaleur qui toucha ses doigts. « Fatigué » gémit-il, fermant les yeux mais toussant, le faisant froncer les sourcils d'inconfort.
Toshiro refusait de sortir de sous la couette. Ses mains étaient fermement accrochées aux draps, et ne lâchèrent pour rien au monde. Son corps était parcouru de frissons désagréables, et Rangiku pensa alors que c'était parce qu'il estimait avoir froid. Elle connaissait assez bien cette sensation de malaise, pour savoir à quel point le garçon était mal.
« Je sais, mon Cœur. Ferme les yeux et calme toi. » Elle frotta ses cheveux, assise sur le matelas à coté de sa tête, l'encourageant doucement à se détendre.
Mais le garçon gémit, un sanglot déchirant sa gorge, apparemment frustré. Elle savait que les émotions étaient beaucoup plus fortes quand on est fatigué, et elle savait aussi qu'elles étaient vraiment horribles à gérer quand on est malade. Le combo n'était jamais bon, et Toshiro le découvrait, gémissant de colère alors qu'un frisson le parcourait.
La porte s'ouvrit doucement et la lumière du couloir inonda la chambre, avant de disparaître quand Unohana ferma la porte derrière elle. Ils avaient installé une petite veilleuse dans la pièce, car Toshiro avait obstinément refusé le noir complet. Cela leur permettaient de se voir, et Rangiku de surveiller le garçon malade.
« Ça ne va pas mieux ? » demanda la femme, regardant l'enfant pleurer de fatigue colérique dans son lit.
Ce n'était évidemment pas une vraie question, mais Rangiku répondit quand-même. « Il a vomi cinq fois maintenant. » elle désigna la bassine qu'elle avait posé sur la table de chevet.
Cela faisait une heure que sa crise avait débuté, et elle commençait aussi à être fatiguée, ayant accumulé une journée de travail et la veille du garçon. Elle avouait qu'elle ne serait pas contre simplement dormir, même dans cette chaise plus qu'inconfortable.
Toshiro s'étouffa avec ses sanglots, et Rangiku ramena une nouvelle fois la bassine sous sa tête alors qu'il se soulevait à vide, le bruit écœurant et semblant incroyablement douloureux pour sa gorge.
À peine fini, le garçon tomba contre son oreiller, pleurant et gémissant alors qu'elle passait une main dans ses cheveux.
« Sa fièvre a légèrement augmenté » précisa la femme, essuyant doucement la bouche baveuse du garçon, et le vérifiant.
Unohana hocha la tête et sortie une seringue de sa poche. « Très bien, alors comme il ne semble pas arriver à se calmer tout seul, je vais lui donner un somnifère. » elle s'approcha du garçon malade et soupira. « Je ne voulais pas le lui donner, parce que je souhaitais qu'il gère ça, mais apparemment, c'est encore trop tôt. » souffla la femme, injectant le produit dans le bras qu'elle avait sorti de la couverture.
Rangiku hocha la tête, démotivée aussi. Le garçon était fragile mentalement, mais elle devait garder espoir qu'il irait mieux un jour. Après tout, il y avait fait quelques progrès, comme le fait qu'il demande lui-même à monter les escaliers, ou qu'il sorte avec Sora pour assister aux entraînements.
Le garçon avait été sur la bonne voie, mais cette nuit semblait être un retour en arrière.
Mais elle ne pouvait pas réellement lui en vouloir, ils avaient apprit quelque chose de nouveau et négatif aujourd'hui. Sans oublier que le garçon avait eu un moment stressant avec sa vision, et qu'il était fatigué de sa journée. Elle espérait que cette nuit n'était qu'une exception, surtout qu'il était fiévreux et dans un état second.
Ses pleurs diminuèrent doucement, son visage se décrispant lentement et ses doigts desserrèrent progressivement leur prise sur la couverture.
« Avec le temps, il ira bien. » assura Unohana, tournant enfin le garçon sur le dos, calant sa tête loin de la partie mouillée de l'oreiller.
« J'en suis sûre » murmura Rangiku 'mais combien de temps ?' elle ne dit pas cette dernière partie, mais l'autre femme sembla comprendre.
« Les traumatismes ne sont pas quelque chose de facile. Ça prend du temps à guérir et chacun à sa propre manière de les combattre. Il a beaucoup de monde qui tient à lui, et il t'a toi. Il s'en remettra. » elle lui assura, et Rangiku se sentit rassurée.
Elle le savait bien-sûr, parce qu'elle ne laisserait pas le contraire arriver, mais c'était toujours bon à entendre.
« Il ira bien. » répéta t-elle, lançant un regard déterminé à l'autre capitaine.
L'autre façon n'était pas possible.
…
« Bonjour ? » demanda une voix timide à l'entrée de la chambre, faisant tourner la tête de Rangiku.
« Sora. » sourit-elle au garçon, lui faisant signe d'entrer.
Le jeune lieutenant hocha la tête et montra le sac qu'il portait. « J'ai les affaires que vous m'avez demandé, Madame. » il lui remit le bien et ses yeux tombèrent sur Toshiro. « Il va bien ? »
Rangiku regarda le garçon endormi avant de sourire doucement à son lieutenant « Il est tombé malade. Ça a été une nuit assez agitée. » elle sortie ensuite le contenu du sac qu'il avait apporté, souriant « Super, Sora, merci »
Ichigo lui avait dit que les enfants adoraient les peluches. Bien qu'elle était presque sûre que Toshiro allait lui faire une crise pour ça, elle lui en avait acheté une. Ou plutôt, elle avait demandé à Sora de lui en acheter une.
« Vous êtes sûre de ça, Madame ? » demanda le garçon, regardant la femme glisser la peluche dragon dans les bras de son fils endormi.
« Non, je pense qu'on va avoir le droit à une crise. » elle sourit malicieusement, regardant l'enfant se blottir contre le jouet.
« Quoi ? Mais alors pourquoi ? »
« Il nous fera une crise, mais il l'aimera quand-même. » ajouta le capitaine, tournant un regard narquois vers le lieutenant. « Ne t'en fais pas, je dirai que tu n'as rien à voir avec ça. »
Sora relâcha un souffle de soulagement, ne semblant pas friand d'être le sujet de la colère de l'ex-capitaine. « Je suis trop jeune pour mourir » il confirma.
Rangiku gloussa et lui fit signe de s'asseoir sur une chaise alors que Toshiro remuait.
Elle était contente que les deux enfants s'entendent bien. Toshiro avait été (très) réticent à parler avec Sora au début, ne l'aimant clairement pas, mais maintenant, il semblait apprécier sa compagnie plus que Rangiku ne l'avait imaginée. Il y avait une sorte d'amitié qui s'était créée entre eux, et le capitaine était tout à fait satisfait de ça.
Toshiro gémit et fronça les sourcils, enfonçant son visage dans l'oreiller. Elle se leva et passa doucement sa main dans ses cheveux blancs. Sa fièvre avait baissé, mais elle pouvait dire qu'à la pâleur de son visage que le garçon se sentait encore mal.
« Chéri ? » il ouvrit ses yeux vitreux vers elle, papillonnant et fronçant un peu plus les sourcils.
« mgfppfem » Sora lança un regard interrogateur vers son capitaine, mais elle lui sourit, haussant les épaules et bougeant ses lèvres dans un 'pas du matin' silencieux.
« Bonjour aussi. Comment tu vas ? » elle lui sourit, n'arrêtant pas de passer et repasser ses doigts dans les cheveux blancs et courts.
Toshiro soupira et réprima un bâillement, la regardant avec mécontentement. « Mal à la tête. » il gémit, tournant son visage de l'autre coté. Ses yeux tombèrent cependant sur la peluche dans ses bras, laissant quelques secondes de vide pendant qu'il semblait traiter l'information. Son regard revint alors sur elle, glacial alors qu'il soulevait le jouet pour le lui montrer. « C'est quoi ça ? » sa voix avait quelque chose d'énervée, et Rangiku se mordit la joue pour ne pas sourire.
« Une peluche qui ressemble à un dragon. » elle répondit, premier degré et essayant mortellement de ne rire au regard de son fils.
« Je vois ça, merci » cracha le garçon, posant le jouet de l'autre coté du lit. « Qu'est-ce-que ça fait là ? »
« Tu ne l'aimes pas ? » demanda la femme, faignant l'offense. Toshiro ne répondit pas, croisant les bras sur sa poitrine et soutenant son regard. Elle souffla, attrapant la peluche et reculant « Très bien, puisque tu ne la veux pas, je vais la rendre- » elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que l'objet lui était arraché des mains.
Elle sourit narquoisement au garçon qui la plaça à coté de son oreiller, loin d'elle.
« C'est bon, maintenant que ce truc est là, il peut rester. » marmonna t-il, détourant le regard, même si cela ne fit pas grand-chose pour cacher ses joues.
« Sora est là. » elle annonça ensuite, sans transition et le plus normalement du monde.
« Quoi ? » Toshiro semblait alarmé, et il se redressa d'un coup, son regard écarquillé directement dans celui du lieutenant. Ses joues prirent une couleur rouge encore plus approfondie, et elle était sûre qu'elle allait pouvoir le taquiner pendant des semaines.
« Sa- salut » l'autre garçon leva une main gênée, offrant un sourire tout aussi incertain, ses joues se colorants.
Qu'est-ce-que Rangiku aimait ce moment.
« Tu- mais- tu- Hé ! » Toshiro se tourna vers elle, le regard mortel et la pointant du doigt de façon accusatrice. « Pourquoi t'as rien dit ? »
« Si t'étais pas si grognon le matin, peut être que j'aurai pu en placer une. » elle haussa les épaules, faignant l'innocence, mais elle savait que son sourire la trahissait.
Toshiro la regarda en colère, marmonnant des choses incompréhensibles que Rangiku n'était pas sûre de vouloir connaître.
Un long silence s'en suivie, pendant lequel elle en profita pour remettre un peu d'ordre dans le lit de son fils, tapotant l'oreiller, se prenant une note mentale de demander à quelqu'un de changer les draps. Elle replaça également mieux le dragon, afin qu'il soit 'mieux installé'. Elle pouvait voir dans sa vision périphérique les deux garçons échanger des regards, faisant des signes que Rangiku ne chercha même pas à comprendre.
« J'ai amené des jeux » annonça alors Sora, prenant son sac sur les genoux et leur souriant, incertain de lui-même. « Si vous voulez ? »
Rangiku passa une main dans ses cheveux, souriant en retour au garçon. « Je vais rentrer prendre une douche et me changer. » elle annonça, frottant le dos du garçon malade. « Amusez-vous bien. » elle déposa un baiser sur le front de son fils avant de faire un signe de la main à Sora.
Même s'il avait dit avoir mal à la tête, Toshiro avait l'air plutôt bien, alors elle s'autorisa à sortir. Les deux garçons s'entendaient bien maintenant, donc elle n'était pas inquiète.
Soufflant, elle rentra chez elle, se dépêchant car elle avait vraiment l'impression de puer. C'était très désagréable.
Elle passa plus d'une heure dans sa salle de bain, profitant de l'eau chaude contre sa peau, contrastant avec le froid hivernal du mois de décembre.
Décembre. Elle sourit doucement.
C'était bientôt l'anniversaire de Toshiro.
Elle ne pensait plus pouvoir jamais le fêter, à tel point qu'elle avait même arrêté de célébrer le sien après tout, si celui du garçon ne pouvait plus être fêté, de quel droit ferait-elle quelque chose pour elle ?
Mais maintenant, les choses étaient différentes. Toshiro était là, elle aussi, et ils avaient tous les deux la possibilité de faire quelque chose pour ça.
Elle allait devoir lui trouver un cadeau. Et de taille, cette année. Elle n'avait pas d'idée pour le moment. Après tout, elle pourrait lui offrir le monde, alors trouver un simple cadeau d'anniversaire ne devrait pas être difficile.
Elle souffla, elle avait encore du temps, même si elle ne devait plus trop tarder.
La seule idée de fêter le 20 décembre comme avant, comme autre chose qu'une journée déchirante de souvenirs, la réjouissait.
Elle sourit stupidement en passant le peigne dans ses cheveux mouillés. Ça allait être une toute nouvelle journée.
…
« Hyorinmaru ? »
La plaine gelée était parfaitement calme. Le blizzard était moins fort que la dernière fois, remplacé par un simple vent glacial.
Toshiro n'avait pas spécialement essayé de venir dans son monde intérieur, alors il était légèrement surpris d'être là. Cependant, le dragon n'était nulle part dans son champ visuel, ce qui n'était pas vraiment habituel.
« Hyorinmaru ? »
Il regarda derrière des rochers, loin dans les montagnes enneigées qu'il voyait à peine d'où il était. Le dragon ne lui répondit pas.
Toshiro ferma les yeux et se concentra. Sa présence était ici, évidemment, alors il l'appela silencieusement. Peut-être était-il trop loin dans son monde intérieur pour qu'il puisse l'entendre ?
À son étonnement, c'est la lame du dragon qui se présenta à lui, se formant dans sa main, plutôt que l'esprit directement.
Pourquoi Hyorinmaru a t-il choisi de se présenter à lui ainsi ?
« Je t'attendais »
Le garçon sursauta, se retournant rapidement pour faire face à la voix. Il déglutit durement.
Le quincy se tenait devant lui, le regard sombre et un visage plus pâle que Toshiro n'avait jamais vu.
« Toi. » il serra les dents, ramenant Hyorinmaru devant lui.
Cet homme était dans son monde intérieur. De quel droit se tenait-il ici ?
Le quincy se tenait au sommet d'un rocher gelé, le regardant en contre-bas avec des yeux fous. Il tenait dans sa main un sabre et Toshiro écarquilla les yeux.
C'était Hyorinmaru. La lame était noire, tout comme la gaine et l'étoile, mais c'était bel et bien son zanpakuto que ce quincy avait dans les mains.
« Je vais te tuer, et récupéré ce qui m'est dû. » de la salive sorti d'entre ses lèvres alors qu'il parlait, et Toshiro recula légèrement.
Il était complètement malade.
« Hyorinmaru est à moi, et l'a toujours été. Tu n'as aucun droit sur lui. » répondit le garçon.
Ses mains tremblaient, mais il se força à ne pas y penser. Ce n'était pas le moment !
« Je te l'ai volé, il est donc à moi. » cracha le quincy, faisant un pas en avant et arrivant sur le bord du rocher.
« Tu n'as qu'à voir ça comme l'arroseur arrosé. » Toshiro se mit dans sa position de combat, faisant abstraction des battements de son cœur dans son oreille.
Il ne devait pas avoir peur.
Il était sur son territoire. Dans sa maison. Avec son zanpakuto.
Le quincy rigola sans humour et fondit sur lui. Il était rapide, et la lame noire entra violemment en contact avec la sienne qui s'était levée par instinct. Toshiro serra les dents alors qu'il avait beaucoup plus de force que lui. Ses pieds se décollèrent du sol et il fut projeté en arrière, atterrissant sans ménagement dans un arbre gelé, le détruisant.
Heureusement, ses blessures physiques dans le monde réel n'était pas présentes dans celui-ci. Alors il se releva, crachant le sang que sa langue perdait quand il se l'était mordue.
Le quincy le regarda faire, balançant la lame noire tout autour de lui, comme si l'envie de trancher quelque chose devenait trop forte.
« Regarde toi. » il pointa le bout de l'épée vers lui « Tu as peur d'utiliser ce pouvoir. Tu as peur de celui que tu appelles ton zanpakuto. Et pourtant tu te bats. Pourquoi ? » il fit un nouveau pas vers lui et Toshiro se remit en position. « Tu pourrais simplement me le donner. Il t'a abandonné i ans. Il t'a laissé mourir sans rien faire. Il est venu avec moi, il m'a choisi. Pourquoi continues-tu de te battre ? »
Toshiro n'écouta pas ce qu'il disait.
Hyorinmaru ne l'avait pas abandonné. Il avait été volé. Il n'avait pas eu le choix que de suivre ce quincy.
« Je sais que tu mens. » marmonna le garçon, passant son pouce le long de la gaine. « Hyorinmaru ne m'a pas abandonné. Il ne l'aurait jamais fait. »
Le tonnerre gronda au loin, alors que le quincy rigola. Le vent se fit plus fort, plus bruyant, et la neige commença à voler autour d'eux.
« Je mens ? » demanda t-il, levant son épée. « Alors pourquoi est-ce-qu'il est dans ma main ? Pourquoi est-ce-que je peux utiliser son pouvoir ? » de la glace se forma à ses pieds, et Toshiro résista à l'envie de reculer.
« Hyorinmaru n'a jamais été noir ! » cria t-il, lutant contre la brûlure de ses yeux.
Hyorinmaru ne l'avait pas abandonné !
Le quincy appela le zanpakuto, et un dragon rouge comme le sang se forma de la pointe de sa lame. Il vola au dessus de son maître, avant de fondre vers lui sur son ordre.
Toshiro repensa à l'image du dragon l'écrasant avec sa patte, à son regard meurtrier et à cette douleur dans son cœur, qui n'avait pas disparu.
Le quincy avait raison : Toshiro avait peur de Hyorinmaru.
Le garçon bloqua l'attaque, interposant sa lame avec les dents acérées de la créature. La mâchoire se referma autour de lui, et il avait beau tenir bon pour ne pas se faire broyer, la pointe des crocs s'enfoncèrent dans son épaule.
Une dent particulièrement pointue frotta son cou, et Toshiro ferma les yeux.
Hyorinmaru n'allait pas l'égorger.
Il serra la mâchoire, ce n'était pas Hyorinmaru !
Le dragon n'était pas rouge. Pas plus que sa lame n'était noire.
Il ne l'attaquerait jamais. Pas en sachant que s'était lui.
« Reprend toi, petit ! » la voix grondante et sourde du dragon résonna dans son esprit.
« Hyorinmaru ? » il ouvrit les yeux, seulement pour voir le rouge de la glace du dragon devant lui. La dent commença à s'enfoncer dans sa gorge, indépendamment de la résistance que montrait le garçon.
« N'oublie pas ce que tu as dans les mains et qui tu combats. » un grondement sourd résonna tout autour de lui, avant que le silence ne s'installe.
Son cœur se tut à ses oreilles, le rire du quincy s'étouffa, la glace arrêta de craquer, le dragon ne faisait plus aucun bruit.
Toshiro écarquilla les yeux.
Hyorinmaru était dans sa main. Il était apparu quand il l'avait appelé.
Son adversaire n'était pas Hyorinmaru. Il ne l'a jamais été.
Sa peur diminua au point de disparaître.
Hyorinmaru ne l'avait certainement pas abandonné.
Un battement, il serra les dents.
Deux battements, il plongea son regard dans celui de son adversaire.
Trois battements, il prit une grande respiration, l'air était pur.
Quatre battements, sa prise sur son épée se resserra.
Cinq battements, il appela sa pression spirituelle.
Il allait tuer son adversaire.
Il relâcha son souffle.
« Règne dans le ciel gelé, HYORINMARU ! »
La glace rouge explosa tout autour de lui, et les yeux du quincy s'écarquillèrent.
Le bruit commença à revenir à ses oreilles.
Son cœur qui battait fort, sa respiration rapide, la neige, la glace, le blizzard, le tonnerre.
Tout s'accéléra, et il fondit sur son adversaire, criant, hurlant à quel point il n'allait pas abandonner.
La lame noire et imparfaite se brisa au contact de la sienne, blanche et immaculée.
Toshiro prit appui sur ses jambes, ses chevilles tournant facilement sur la neige fraîche sous ses pieds. Ses poignets pivotèrent et ses épaules se contractèrent.
« AAAAAH »
Tout devint blanc.
…
« Toshiro ! »
Il se réveilla, s'asseyant rapidement, les yeux écarquillés.
« Toshiro, c'est pas vrai ! » sa mère était folle d'inquiétude, tenant son visage en coupe, les yeux larmoyants.
Plusieurs mains ont été pressées contre son épaule et son cou, et beaucoup de bruits résonna à ses oreilles.
Tout le monde semblait complètement agité autour de lui, des infirmiers entrant et sortant de sa chambre avec des serviettes imbibées de sang, des médecins parlant rapidement et tenant ce que Toshiro devina comme étant des compresses contre lui.
Sa mère avait l'air sur le point de s'évanouir, alors Toshiro leva la main pour la poser sur la sienne, plongeant son regard dans le sien.
C'était terminé.
Il avait plongé Hyorinmaru dans la poitrine du quincy. Il s'était tenu au dessus de son corps alors qu'il perdait peu à peu la vie qu'il lui restait. 'Hyorinmaru reste avec moi' avait-il simplement déclaré en arrachant la lame de son torse.
Le sang s'était répandu dans la neige, tout autour d'eux.
Le quincy était mort.
C'était terminé.
« Tout va bien » Toshiro sourit à sa mère, la voix se brisant d'émotions.
Tout allait bien.
Hyorinmaru était là, soufflant de l'air frais, calmant doucement le garçon, lui rappelant qu'il était là.
Rangiku le regarda, les yeux écarquillés, flous de larmes.
Les blessures qu'il pouvait sentir étaient les mêmes que celles que le quincy lui avait fait.
Apparemment, cela avait été répercuté sur son corps. Il comprenait alors la panique autour de lui. Il imaginait la tête des médecins ou de sa mère en voyant son corps s'ouvrir et saigner sans aucune raison apparente.
« Tout va bien » répéta-t-il un peu plus fort, attirant l'attention sur lui. Il garda ses yeux dans ceux de la femme, souriant doucement alors qu'il tendait la main et traçait sa joue. « Il est mort. »
Le silence lui répondit, ou alors, son esprit ne capta pas les bruits qui suivirent, alors qu'il tombait en arrière, sa conscience s'évanouissant.
Tout allait bien.
…
« Chéri ? »
C'était flou. Tout était chaud. Sa tête battait violemment, ses oreilles hurlaient. Tout était si bruyant, et en même temps, si désespérément silencieux. Sa gorge était en feu, sa vision était trouble.
Il y avait quelque chose de visqueux dans son cou, c'était dérangeant. Quelque chose appuyait douloureusement contre sa gorge. C'était vraiment très désagréable.
« Toshiro, est-ce-que tu m'entends ? » il connaissait cette voix. C'était celle d'Unohana.
Donc il était à la quatrième division. Encore malade ? Non, sûrement blessé. Est-ce-que c'était du sang contre son cou ? Son sang ?
La forme floue du médecin était au dessus de lui. Elle lui avait posé une question, non ? Il gémit. Espérant qu'elle le prendrait comme une réponse. Une réponse quelconque.
« Ne bouge pas » sa voix strict mais calme résonna une nouvelle fois, vibrant dans son esprit.
« Ma- man » pourquoi sa voix était-elle si rauque. Pourquoi avait-il mal ?
« Hey, Chéri. Ne parle pas, ne parle pas. » une main était dans ses cheveux, mais il ne la voyait pas.
Il avait chaud. Trop chaud. Était-ce de la fièvre ? Est-ce-que son esprit inventait des choses ?
« Ma-man » un goût métallique roula sur sa langue, puis imbiba ses lèvres avant de couler sur ses joues. Chaud. Trop chaud. Il gémit, une main s'accrochant aux draps humides de son lit. « Chaud » sa voix se brisa.
Un torchon humide passa sur son front, envoyant un frisson dans son corps. C'était tellement un sensation horrible : désagréablement agréable.
« Mon Cœur, ne parle pas, s'il te plaît. Je suis là. Ça va aller. » une main se posa sur sa poitrine, frottant doucement mais apaisant le sentiment naufragé qui montait en lui.
Ses yeux se fermèrent, il s'accrocha à sa main. Ses doigts étaient frais, comparé au reste de son corps, sécurisants et stables.
Il allait aller bien. Tout allait bien. Elle était là, il était là, il avait ses pouvoirs, le quincy était mort, tout allait bien.
Il ouvrit les yeux et le monde devint silencieux.
Un air frais caressa son visage, faisant flotter ses cheveux. Il leva la tête, la neige tombant doucement de sa poitrine alors qu'il se redressait peu à peu. C'était un sentiment familier, rassurant. Son cœur se calma, et il se sentit détendu.
Hyorinmaru se tenait devant lui, dans toute sa gloire, ses yeux rouges perçants mais pas effrayants.
Toshiro se leva, ne prenant pas la peine dépoussiérer ses vêtements blancs. Il regarda autour de lui, reconnaissant le monde qui semblait pourtant si ancien. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vu ainsi, en harmonie.
« Ça ressemble à la maison. » déclara t-il, regardant les feuilles d'arbres gelées mais flottant tout de même avec le vent. Cela ressemblait à son monde intérieur d'il y a toutes ses années.
Le grand dragon fredonna en réponse, se penchant pour que son museau se présente au garçon. Toshiro tourna son attention vers lui, passant ses doigts sur les écailles glacés entre ses narines, faisant ronronner l'être majestueux. Oui, Hyorinmaru ronronnait, il avait découvert ça dans les premières années de leur vie ensemble, et il trouvait toujours cela amusant. « C'est chez nous. » déclara le dragon, se frottant à la poitrine de son maître.
« Est-ce-que… » Toshiro regarda une nouvelle fois son environnement, appréciant le calme et l'équilibre « Est-ce-que tout est redevenu comme avant ? »
Hyorinmaru fredonna une nouvelle fois, se redressant pour regarder le plus petit. « Le pouvoir du Quincy n'est plus. » déclara t-il soufflant un air frais sur le garçon qui regardait au loin. « Tu nous as débarrassé de lui, petit. » Hyorinmaru le seul à pouvoir l'appeler comme ça sans faire face à sa colère ou a une réplique.
« Alors tout est vraiment fini, n'est-ce pas ? Nous allons pouvoir redevenir ce que nous étions il y a toutes ses années ? » Il tourna vers lui un regard d'espoir, mais aussi de soulagement.
« Quand cette femme enlèvera ce sort, oui. » grogna le dragon, faisant sourire le garçon.
« Unohana fait ça pour nous, mais aussi pour protéger les autres. » expliqua t-il « Je n'ai plus le même contrôle qu'avant. »
« Je sais, petit, je peux le sentir. » le dragon se frotta une nouvelle fois à lui de manière apaisante « Ce n'est qu'une question de temps. » Toshiro hocha la tête. Il allait travailler dur pour ça.
Un silence agréable plana entre eux, et le garçon caressa doucement la tête de son ami.
« Qu'est-ce-qu'il s'est passé tout à l'heure ? » demanda le garçon « C'était vraiment étrange. »
« La blessure de ton cou s'est ré-ouverte. » expliqua calmement le dragon « Tu as fait un mouvement en dormant, et les points de sutures ont sauté. »
« Maman doit être folle d'inquiétude. » grimaça Toshiro, sachant que Hyorinmaru savait de qui il parlait.
« Je pense que tu vas lui faire faire un arrêt cardiaque. » acquiesça le zanpakuto, soufflant sur le visage de son maître en voyant son expression inquiète. « Ne t'inquiète pas. La femme qui a mis le sort à réussi à arrêter l'hémorragie. Tu ne risques rien. »
Toshiro prit une grande respiration hochant la tête. Il allait bien.
« Je pense que je devrais retourner là bas » murmura la garçon, une neige douce commençant à tomber sur eux. Hyorinmaru hocha la tête à son tour, se redressant pour le regarder directement.
« Nous ne pourrons pas parler, à cause du sort, mais tu pourras toujours venir ici. »
Toshiro acquiesça, grattant une dernière fois les écailles du dragon avant de fermer les yeux.
C'était le début de soirée, pensa t-il quand il vit la faible lumière dans la pièce. Sa veilleuse était déjà allumée, mais les lampes aux plafonds restaient éteintes.
Il pouvait sentir quelque chose d'épais enroulé autour de son cou, et son bras droit était légèrement bandé aussi. Un masque à oxygène était posé sur son visage, et il leva doucement la main pour le retirer, le posant à coté de sa tête.
Il entendit quelqu'un bouger, et quelques secondes plus tard, le visage de sa mère était au dessus du sien, froncé mais calme. Leurs yeux se croisèrent, et Rangiku soupira, s'asseyant sur le matelas et passant une main dans ses cheveux blonds.
« Je vais avoir des rides plus tôt que prévu, si tu continues à me faire des frayeurs pareilles. » déclara t-elle, prenant une nouvelle grande respiration pour se calmer.
« Désolé » murmura le garçon, tendant la main pour attraper la sienne. Rangiku la serra en retour, mais elle avait l'air contrarié. « Quoi ? »
Les yeux bleus bébés de la femme se tournèrent vers lui, et il vit toute la frustration dans ses iris.
« Unohana a dit que ça allait laisser une cicatrice. » murmura t-elle en retour, levant sa seconde main pour la frotter contre son propre cou. Oh. Ce n'était pas bien grave, si ? Ne garder qu'une simple cicatrice de tout ce qu'il venait de traverser, ce n'était pas si dramatique.
« C'est pas grave, Maman. » Toshiro sourit, serrant un peu plus sa main. « Après tout ce qu'il s'est passé, une simple cicatrice n'est pas si grave. » Sa mère avait l'air en désapprobation alors qu'elle le regardait vivement.
Une minute passa avant qu'elle ne soupire, et elle se pencha vers lui, embrassant son front. « J'aurai préféré la porter plutôt que toi. » elle marmonna, passant sa seconde main dans ses cheveux blancs et courts.
Cette fois, ce fut Toshiro qui n'était pas d'accord « Jamais de la vie. » il raya « Tu es trop belle pour ça. »
Cela la fit rire sans humour, mais elle garda ses lèvres contre sa peau. « Tu passes avant tout ça. » elle murmura, et sa main glissa contre sa nuque, remontant sa tête pour l'amener dans une étreinte.
Son visage fut délicatement poussé contre sa gorge, et le menton de la femme se posa sur sa tête, alors qu'elle le relevait en position assise. Toshiro n'a pas résisté, lâchant sa main pour qu'elle puisse l'enrouler autour de lui et le garder dans cette position. Il la serra doucement en retour, appréciant les petits mouvements qu'elle faisait pour le bercer. Ses doigts étaient toujours posés contre sa nuque, jouant paresseusement avec la base très courte ses cheveux. « Je t'aime »
Ces trois mots, qui se veulent pourtant si inoffensifs déclenchèrent un torrent de sentiments dans la tête du garçon. Il se retrouva à sourire bêtement contre sa gorge, inhalant son odeur sa particulière. Ses doigts se resserrèrent autour d'elle, la rapprochant de lui alors qu'il posait ses lèvres contre son cou, lui donnant ce qui devait être son premier baiser. « Je t'aime aussi »
C'était murmuré, à peine quelques vibrations contre sa peau, mais les épaules de Rangiku se contractèrent, et il la sentit se presser contre lui un peu plus. Elle lâcha une respiration tremblante, puis commença à rire doucement. Cela n'avait rien à voir avec de la moquerie, des nerds, ou de sarcasme. Ce rire était rempli d'amour. Il ne saurait pas dire comment il pouvait le savoir, mais il le savait juste. « Tu es si mignon. » elle murmura, mais cette fois, c'était entièrement pour le taquiner.
« Hey ! » Il se pencha en arrière, mais s'arrêta quand il vit les larmes dans ses yeux bleus, et ce sourire amoureux qu'il ne voyait que quand elle le regardait.
« Tu es la meilleure chose qui puisse exister, tu le sais ça ? » elle prit ses joues en coupe et embrassa son front.
Les larmes lui montèrent à son tour, reniflant pathétiquement « Tu es la meilleure mère qui puisse exister. » répondit-il, souriant faiblement alors que ses yeux brûlaient. Il n'était pas habitué à recevoir autant d'amour, mais il se sentait tellement bien.
Rangiku gloussa, embrassant sa joue en souriant bêtement. « Les pairs vont ensemble. » annonça t-elle simplement, continuant de le bercer dans ses bras.
Elle le faisait se sentir comme la chose la plus magnifique dans ce monde. Comme un être rare et tellement incroyable qu'elle ne pouvait pas faire autrement que de l'aimer.
Toshiro soupira de contentement, se délectant totalement de la prise de sa mère. Il pouvait rester des heures comme ça. Il était bien.
Puis son ventre gronda, brisant le silence agréable qui planait sur eux, faisant glousser le capitaine. « Tu as faim, mon Cœur ? » Toshiro gémit pour toute réponse, se sentant froid quand elle se décolla de lui, le regardant avec amusement et amour. « Tu peux rester comme ça ? Je vais demander à ce que de le nourriture te soit livrée. »
Il hocha la tête, prenant lui-même le poids de son corps et restant assis alors que sa mère se levait. Elle ne perdit pas beaucoup de temps, appelant rapidement quelqu'un avant de revenir vers lui. Sans dire un mot, elle se glissa derrière lui, grimpant dans le lit et le serrant contre elle. Elle lui permit de se servir de son corps comme d'appui, et il ne dit rien, appréciant la façon dont ses bras étaient enroulés autour de son corps.
Ouais, il était bien.
…
« Ce sera visible, mais petit. » annonça Unohana en inspectant la marque de son cou. Rangiku serra la mâchoire à ce commentaire, croisant les bras sur sa poitrine alors qu'elle regardait son fils hausser les épaules pendant que le médecin appliquait une crème sur la plaie. Elle était contrariée par ça, que Toshiro garde une cicatrice de cet évènement. Un cicatrice physique, en plus de tout le reste. Même si le garçon avait raison, qu'ils avaient de la chance que ce soit la 'seule' chose qu'il garde de toute cette histoire. Il y avait eu beaucoup de moment difficile, alors elle devrait se sentir heureuse que tout soit enfin terminé, après presque huit années. Mais elle ne pouvait s'empêcher de se sentir un peu amère. Toshiro était un garçon incroyable, et cette cicatrice dans son cou ne ferai que lui rappeler à quel point ça a été dur.
Mais elle ne dit rien. Parce que Toshiro avait l'air de l'accepter. Parce qu'elle ne voulait pas ressasser quelque chose dont son fils avait du mal à faire face. Parce qu'elle ne voulait pas le brusquer. Parce qu'il était trop précieux.
« Est-ce-qu'il y a une chance pour que ça disparaisse totalement ? » demanda t-elle, regardant l'autre capitaine poser un nouveau pansement contre le gorge du garçon.
« Pour être tout à fait honnête, je ne pense pas. » répondit la femme, tournant un regard entendu vers elle.
Rangiku ravala le soupire qui montait, et se contenta de hocher la tête, le dos appuyé contre le mur du fond. Elle sentit Toshiro tourner son regard vers elle, et elle lui offrit un sourire rassurant. Elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle était déçue ou quoi que ce soit d'autre. Elle était simplement bouleversée par cette marque, mais elle allait apprendre vivre avec.
« Tu penses qu'il pourra bientôt sortir ? » elle changea de sujet, préférant parler d'autre chose pour le moment.
Unohana fredonna en réponse, se tournant vers elle et enlevant ses gants en latex alors qu'elle avait fini de mettre le pansement au garçon. « Je pense qu'on va pouvoir repartir sur un rythme de trois heures par jour. » elle hocha la tête, et Rangiku sourit.
« Cool, je dois aller voir Sora. » Toshiro semblait encore plus enthousiaste qu'elle à l'idée de sortir à nouveau. Le garçon enleva sa couverture de ses jambes, les levant pour les balancer sur le coté de son lit. « Maman, on y va ! »
Rangiku haussa un sourcil en réponse, surprise par l'énergie soudaine qu'il dégageait. Un sourire amusé dessina rapidement ses traits, et elle passa une main dans ses cheveux blonds « Quel garçon autoritaire. » se plaignit-elle, faignant le choc. « C'est Ok ? » elle se tourna vers Unohana qui semblait juste amusée par la situation, et hocha la tête.
« Il est déjà presque parti. » elle haussa les épaules en regardant le garçon se stabiliser sur sa béquille.
Rangiku sourit un peu plus, s'approchant de la petite armoire qui était à leur disposition dans la chambre. Elle l'ouvrit et en sortit un kimono bleu pâle et le tendit en garçon. Toshiro sembla surpris, avant qu'il ne baisse la tête sur lui-même et ne lâche un 'ah oui' en constatant qu'il était toujours dans les vêtements de l'hôpital.
« N'oublie pas ta montre. » dit Unohana en sortant de la chambre, leur faisant un signe de la main.
Rangiku s'assit sur le lit en attendant, envoyant un message à Ichigo pour lui annoncer qu'ils sortaient quelques heures. La fraise répondit presque instantanément par un 'Hâte de rejouer avec lui à la console', et Rangiku sourit. Elle ne savait pas vraiment comment avait évolué la relation entre les deux garçons, s'il était plus comme un oncle taquin qui aimait passer du temps à jouer avec son neveu, ou plus comme un grand frère protecteur qui prenait soin de son petit frère. Elle imaginait que c'était un mixte des deux, et cela la rendait heureuse de savoir que Toshiro était important pour lui. Ichigo n'avait certainement plus besoin de le prouver, mais Rangiku était toujours reconnaissante de la patience et de la dévotion de l'homme pour le garçon.
« Maman ? » elle leva les yeux pour voir le garçon claudiquer doucement vers elle, une paire de chaussures tenue dans sa main libre. Rangiku lui sourit et tapota le matelas à coté d'elle, descendant elle-même du lit pendant qu'il y grimpait.
« Tu es joli avec cette couleur. » dit sa mère en s'agenouillant devant lui et l'aidant à mettre ses chaussures. C'était quelque chose qu'il n'arrivait pas encore à faire. Se pencher en avant comme ça était toujours douloureux pour lui, et comme tout le monde lui répétait sans cesse qu'il ne devait pas faire d'effort en dehors de ses exercices quotidiens, le garçon avait fini par comprendre et demandait de l'aide. Bien que ce soit toujours aux mêmes personnes, et quand il n'y avait aucune autre présence dans la pièce.
« Mouais, c'est cool. » Toshiro ajusta sa ceinture pendant qu'elle accrochait ses chaussures. La couleur faisait ressortir ses yeux, et elle trouvait cela juste incroyable.
Rangiku le fit descendre, l'obligeant à mettre sa veste. Elle savait très bien qu'il n'avait plus froid, puisqu'il avait retrouvé ses pouvoirs, mais ce n'était pas négociable. Toshiro ne dit rien, cependant et ils partirent dans les couloirs, prenant l'ascenseur, évitant les regards indiscrets des infirmiers du rez-de-chaussée. Toshiro ne dit rien quand elle le souleva dans ses bras et utilisa le shunpo pour accéléré jusqu'à la dixième. Elle le posa doucement devant les portes, rendant le salut que les gardes lui adressèrent, et entrant tranquillement dans la division.
Le garçon marchait à coté d'elle, regardant comment les choses avaient évolué, même si ce n'était pas flagrant. Sa main trouva la sienne, et Rangiku fit comme si elle n'avait pas sentit alors que ses doigts se resserrèrent autour des siens. Elle savait que c'était ce qu'il attendait d'elle, qu'elle ne dise rien à ce sujet. Elle était heureuse de la démonstration d'affection en public, alors elle serra sa main en retour et les conduisit doucement vers le bureau. Aucun des soldats ne dirent quoi que ce soit, pas plus qu'ils ne levèrent un sourcil ou que leur bouche se contractait lorsqu'il l'appelait 'Maman'. Ils avaient compris l'importance qu'ils avaient l'un pour l'autre, et n'osaient rien dire. Ils allaient devoir s'habituer, et de toute manière, Rangiku ne laissera passer aucun commentaire.
« Demain, pourrons-nous aller voir Mamie ? » demanda le garçon alors qu'ils approchaient du bureau. « Je voudrais visiter Momo aussi. » il ne leva pas les yeux vers elle, mais elle voyait ses épaules tendues lorsqu'elle baissa son regard vers lui.
« Oui, ce serait bien. » elle lui serra la mains, et Toshiro hocha la tête. Il n'avait pas eu l'occasion d'aller les voir avec toute cette histoire, et Rangiku savait que cela devait être compliqué pour lui.
« On leur apportera des fleurs ? » demanda une nouvelle fois le garçon « Mamie a toujours aimé les roses. Celles qui sont blanches, elle les trouvait pures. Mais Momo je ne sais pas. Tu as une idée ? » il tourna son regard sarcelle vers elle, et put voir qu'il était inquiet.
« Nous trouvons quelque chose qui lui plaira, ne t'en fais pas. » elle lui serra la main, souriant au regard incertain qu'il lui lança. Mais le garçon hocha quand même la tête, lui faisant confiance sur ce point. « Alors, qu'est-ce-qui t'a rendu aussi excité à l'idée de venir ici ? » demanda t-elle pour le détendre. Cela eu de l'effet, et un petit sourire se dessina sur ses traits.
« Sora a un nouveau jeu. Il a dit que ça s'appelait 'Cluedo' et que c'était cool. »
Rangiku sourit « Ah oui, nous y avons jouer avec quelques officiers pendant la pause repas. C'était sympa. » confirma t-elle.
Elle ouvrit la porte de son bureau, et immédiatement, son vice-capitaine se leva pour s'incliner. « Bonjour, Capitaine. » salua t-il, avant que ses yeux ne tombent sur Toshiro et qu'ils se mettent à pétiller. « Toshiro ! » il sourit, s'approchant pour que leur main claquent ensemble.
Ils partirent immédiatement dans un discussion que Rangiku ne voulait même pas connaître, et elle les laissa pour s'installer à son bureau.
La prochaine chose qu'elle sut quand elle leva les yeux, fut que la table basse était devenue un véritable terrain de jeu, et que les deux garçons débattaient énergiquement autour d'elle. Rangiku posa son stylo et regarda un moment. Toshiro avait l'air de s'amuser, riant, souriant ou boudant quand Sora trouvait quelque chose avant lui. Il avait l'air à l'aise et en confiance, et ses lèvres se tirèrent vers le haut lorsqu'il leva les bras dans un signe de victoire.
Ce Toshiro était légèrement différent du Toshiro d'il y a sept ans. Jamais avant, il n'aura accepter de jouer comme un enfant, de se faire porter ou border, ou même de l'appeler 'Maman'. Elle savait cependant que ces dernières années, qui n'étaient que des mois pour le garçon, avait laissé une marque sur lui. Les évènements avaient été rapides, forts et enchaînés, et il en avait vraiment souffert. Unohana avait même utilisé le terme traumatisme pour décrire la situation, et même si Rangiku n'aimait pas ça, elle devait bien avouer qu'il y avait des éléments qui étaient concordants avec ça.
Peut être que le Capitaine Hitsugaya était juste endormi quelque part au fond de son esprit, mais certains de ses anciens comportements avaient disparu, et d'autres les avaient remplacé. Elle ne doutait pas qu'il allait refaire son apparition à un moment donné, alors elle n'était pas particulièrement inquiète à ce sujet. Le temps était parfois la solution à certains maux, alors elle allait le prendre avec Toshiro. Elle savait aussi que le garçon était bien entouré, aimé et en sécurité.
Il allait bien.
Et il continuerait à le faire.
Voilà ! J'espère que vous avez aimé cette histoire.
Elle n'était pas sensée être aussi longue, mais je me suis un peu perdue en écrivant !
N'hésitez pas à dire ce que vous en avez pensé, ou si vous voulez (peut être) une suite ?
Merci d'avoir lu mon histoire !:)
