Des chuchotements suspicieux vous transpercèrent l'âme à l'instant où vous traversâtes cette rue de New York. Curieux, vous vous engouffrâtes dans les pavés compressés des rues, le coeur battant, à l'idée de savoir qui était ces personnes.
Un mal de crâne vous violenta brusquement. Des bourdonnements d'insectes envahirent votre âme dérouté, titubant, vous vous tintes au mur pour ne pas vous écrouler contre le sol froid de la ville.
Vos pas continuèrent de s'enfoncer dans cette rue de crasse, un cadavre sous des flammes ardentes reposait près des déchets nauséabonds. C'était le cadavre de cet homme qui avait attenté à votre vie.
Plus il se décomposait sous le feu brûlant , plus son masque tombait. La peau fondit à petit feu et vous vîtes alors ce même homme en bon état : la peau lisse, privé de coupures, privé de blessure, le pouls battant. Le visage propre.
Ce même homme en vie. Ce même homme ayant survécu face aux flammes des enfers. Ce même homme qui n'avait aucune trace de violence.
Il se releva, vous lança un regard neutre, vous tourna le dos, et partit comme perdu au fond de lui vers la sortie de cette rue obscure.
Vous secouâtes votre tête pour empêcher les émotions négatives vous envahir. Quand vous la relevâtes, vous aperçûtes une personne encapuchonnée, vêtue d'une longue robe noire.
⏤ Je m'excuse, dit-elle. Il doit vivre, sinon la prophétie ne pourra pas s'accomplir.
Elle disparut dans une fumée grise et crasseuse.
Maritza ouvrit directement les yeux qui donnaient sur le plafond de sa chambre. Des fourmis parcoururent dans ses jambes et son coeur loupa un battement. Elle posa une main sur son front qui était brulant et sentait la sueur dégoulinante sur son dos. Elle était noyée dans un bain de sueurs.
Elle ne comprenait pas ce cauchemars et ne voulait pas le comprendre. Il n'était pas réel de toute manière. C'était juste le subconscient de son esprit qui lui jouait des tours.
Maritza prit un verre d'eau avant de trouver une position exacte pour se rendormir.
Les élèves étaient tous réunis vers le restaurant pour prendre leur petit déjeuner. Shana avait passé une bonne nuit dans cet hôtel. Elle n'avait pas cauchemardé à propos de Voldemort et elle n'était pas tourmentée par ces énigmes étranges.
Angelica et Jane, elles, racontèrent à Chester ce qui s'était passé avec Alex et Jenny.
⏤ Ah mince... Souffla-t-il désolé pour elles. Elles sont donc sorties ce soir ?
⏤ Non, avoua Jane un peu étonnée. Elles devaient être fatiguées par le voyage d'hier.
⏤ On ne peut pas les en vouloir, dit le jeune homme. Mes yeux se fermaient tous seul pendant le diner d'hier.
⏤ On l'avait remarqué, rit doucement Jane.
⏤ J'espère qu'on croisera Andy Williams, rêva-t-il.
Chester était fan de ce chanteur moldu. Il l'inspirait par moment.
⏤ Oui et aussi le président Reagan pendant qu'on y est, ricana Angelica.
⏤ En soi, on aurait plus de chance de croiser Andy ou le président, que d'avoir des pouvoirs magiques, rétorqua Chester. Les chances sont avec nous !
⏤ Oui bien sûr... Fit Jane en secouant la tête.
Après le petit déjeuner, les six professeurs se mirent à former six groupes d'élèves. Ils étaient tous répartis selon leur tranche d'âge.
Hagrid s'occupait des premières et deuxième années, Flitwick des troisièmes années, Brulopot des quatrièmes années, Chourave des cinquièmes années, Bibine des sixièmes années et González des septièmes années.
Jenny, Alex et Antares - étant en sixième année - furent très déçus d'être séparés de Felix et d'Hippolyte.
Shana n'avait pas cette malchance avec ses amis.
Cela faisait déjà un petit moment qu'un sorcier américain faisait une visite guidée aux élèves de troisième année. Il se nommait Peter Morris.
Il respirait la joie de vivre et Shana se disait qu'il s'entendrait parfaitement bien avec le professeur González.
Il était plutôt grand, la peau bronzée, d'épais cheveux châtains, le regard brun, avec un sourire adorable. Il était très gentil.
⏤ Ici nous voyons l'église des fidèle de Salem, annonça t-il en montrant un bâtiment en bois d'apparence misérable, comportant des fenêtres dissimulées et un balcon en mezzanine.
Une grande cloche était pendue vers l'extérieur montrant d'autant plus l'hostilité de cet endroit.
⏤ Il s'agissait du lieu hébergeant l'organisation anti-sorcellerie menée par Mary-Lou Bellebosse vers les années 20, quand Grindelwald commençait à effrayer notre nation. Cette église était remplie d'objets liés à l'association des fidèles de Salem, notamment des tracts et une banderole comportant son symbole, expliqua t-il sous les quelques regards angoissés des élèves.
Shana sentit alors une douleur lui traverser l'échine et s'imprégner dans les griffures faites à son dos. Ce bâtiment avait-il un lien ?
Ses yeux se perdirent vers les détails des fenêtres crasseuses et mal entretenues. Ce fut alors qu'une vision fit son apparition. Elle ressentait une hostilité luciférienne à travers ces murs, une insulte dont une femme en faisait les frais, prononçant des prières catholiques, une croix à la main. Des claquements de fouet lui percèrent les tympans et amplifièrent les douleurs dans son dos. Elle entendait des cris. Des cris de douleur, des cris de désespoir. "Satan !" "Ta magie est l'oeuvre de satan !" "Tu as fait un pacte avec le diable !" "Tous ceux qui font de la sorcellerie sont les ennemis de Dieu !" Ces mots se répercutèrent dans sa tête et Shana eut les larmes aux yeux, un enfant se faisait maltraiter à cause de sa magie. On disait qu'il était différent, qu'il était le pire, créant un profond mal-être au fond de lui. Shana ne pouvait pas faire face à ses visions avec une lucidité privée d'émotions, son cœur se serra d'une pure douleur.
Quand la main de Tonks rencontra la sienne, Shana retourna à la réalité.
⏤ Shana ? S'inquiéta son amie, le regard grave. Ça va ?
⏤ Oui ne t'en fais pas. J'ai juste senti quelque chose de bizarre par rapport à cette église.
⏤ Nous sommes des sorciers. C'est normal qu'on ne se sente pas bien près de ce bâtiment, la rassura Tulipe.
Peter conduisit ensuite la troupe vers une grande place remplies de commerces magiques. Elle était très différente du chemin de travers. C'était moins médiéval et plus moderne. Revenant plus vers la renaissance.
Il y avait plusieurs stands vendant des artefacts magiques, et de la musique, provenant d'un quartier qui était plus sur le thème des westerns, se faisait entendre.
Le professeur Flitwick et Peter se dirigèrent vers un grand groupe d'élèves qui était le reste des sorciers britanniques. Ils étaient le dernier groupe qui arrivait.
⏤ Vous avez quartier libre pendant une heure avant qu'on aille manger, leur annonça González. On se retrouve exactement ici à midi pile. Profitez bien de votre visite, leur sourit-elle.
Jenny et Felix partirent vers leurs amis et ils se dirigèrent vers des commerces où l'on vendait des boissons alcoolisées.
Shana et ses amis, eux, traversèrent la place et s'engouffrèrent dans une jolie ruelle de pavées d'où provenait la musique des westerns. Les bâtiments étaient dressés tels des arbres avec leurs briques orangées créant une ambiance qu'on pouvait trouver au Texas.
Les quatre amis virent un groupe de sorciers jouer avec des guitares et des flûtes en créant avec leurs magies des petits dessins sur les murs représentant des cowboys courant après un taureau. Ils ne manquaient pas d'audace.
Les cinq musiciens étaient tous habillés d'une chemise grise légère, un chapeau de paille sur la tête et une brindille coincées entre leurs lèvres.
Shana se demandait comment ils faisaient pour supporter le froid d'hiver, habillés de cette façon.
De leurs côtés, Renée et Pomona s'étaient éloignées de leurs collègues pour passer un petit moment rien que toutes les deux. Heureusement pour elles, l'Amérique magique n'avaient aucun lien avec l'URSS, et étaient donc très tolérante vis à vis des couples homosexuels. Elles étaient d'ailleurs très surprises d'avoir vu un couple gay s'assumer parfaitement vers un petit banc de la place.
En ayant vu cela, elles s'étaient échangées un sourire ravi. Main dans la main, elle se dirigèrent vers une petite ruelle où de magnifiques banderoles magiques avaient été suspendues.
⏤ Peut-être qu'on devrait partir aux États-Unis et vivre notre vie sans avoir peur du regard des autres, proposa Renée en souriant.
⏤ Tu plaisantes, pouffa Pomona.
⏤ Et pourquoi pas ? Rit-elle à son tour. On pourrait devenir professeurs à Ilvermony ou tout simplement vivre avec des plantes dans notre potentielle future maison.
⏤ C'est vrai que l'idée me plait plutôt bien, admit Pomona en posant ses lèvres sur celles de Renée.
Renée décida s'intensifier le baiser en se découvrant mutuellement. Leurs lèvres bougeaient entre elles et semblaient danser sous la musique du vent d'hiver.
Malgré la bonne humeur que Maritza voulait dégager, elle n'arrivait pas à éloigner de son esprit l'horrible cauchemars qui lui tournait dans la tête.
Elle crispa ses lèvres en essayant de faire ses éternels sourires positifs. Elle faisait semblant de rire aux blagues de ses collègues dans un petit bar bien tranquille.
Hagrid racontait ses anecdotes avec son nouveau chiot qu'il avait acheté durant les vacances été. Il s'appelait Crockdur et avait peur de tout. Silvanius l'écoutait passionné et Filius souriait pour faire plaisir à Hagrid.
Les guides touristiques, discutaient entre eux joyeusement de leur côté.
Maritza rebut une gorgée de son jus de limace le regard absent.
⏤ Ça n'a pas l'air d'aller, retendit une voix américaine.
Elle tourna la tête et vit Peter Morris, l'un des six guides touristiques s'assoir à côté d'elle.
⏤ Bof à vrai dire, avoua celle-ci.
Son regard doux et gentil avait le don de l'apaiser.
⏤ Je n'ai pas trop bien dormi.
⏤ Je vois ça, constata-t-il. Vous avez besoin de quelque chose ?
⏤ Non merci, c'est gentil de votre part. On peut se tutoyer ?
⏤ Oh... Bien sûr, sourit l'homme. Et appèle-moi Peter.
⏤ Eh bien Peter appèle-moi Maritza.
⏤ Très bien Maritza. Je vois que tu aimes bien AC/DC, dit-il en regardant son t-shirt.
⏤ Tu connais ? Demanda-t-elle en souriant.
⏤ Bien sûr ! C'est sûrement l'un de mes groupes préférés !
⏤ Moi aussi ! Les Beatles sont pas mal non plus.
⏤ J'adore ce groupe surtout leur chanson yellow submarine. J'apprécie également Bad Religion, Madonna, B. B. & Q. Band, Michael Jackson...
⏤ C'est officiel je t'adore ! S'écria Maritza enjouée.
⏤ Pas très loin il y a un groupe de musiciens qui chantent sous le thème de la musique westerns, tu voudrais aller les voir avec moi ? Proposa t-il d'une voix timide.
⏤ Pourquoi pas, accepta-t-elle en se levant.
Ils déposèrent des pourboires avant de quitter le bar et de se diriger vers la ruelle en question.
⏤ Oh il y aussi cette ruelle, magiquement décorée, on peut voir pleins de petites animations magiques ici, lui informa t-il en s'arrêtant devant elle.
⏤ On peut visiter cette rue avant d'entamer celle des westerns, proposa t-elle.
Peter accepta d'un hochement de tête, et les deux nouveaux amis arrivèrent au niveau de cette rue avec des banderoles de toutes les couleurs.
Tout à coup, Maritza se figea, la bouche grande ouverte ne croyant pas ce qu'elle voyait. Ses deux amies, Renée et Pomona s'embrassaient passionnément sur un banc.
Quand les deux amoureuses vit leur amie avec l'un des guides touristiques, elles se séparèrent directement avant de s'échanger des regards alarmés.
Peter, lui, n'avait pas l'air surpris. Pour lui, c'était juste un couple qui s'embrassait.
⏤ Maritza on peut t'expliquer... Murmura Renée très embarrassée.
⏤ Je... J'y crois pas. C'est... SUPER ! Sourit Maritza ce qui surprirent ses deux amies. Je le savais qu'il y avait un petit truc entre vous ! Je suis trop contente pour vous deux !
⏤ Ah bah... Bégaya Pomona qui ne savait pas où se placer.
⏤ On pensait que t'allais nous en vouloir, désolées de ne pas te l'avoir dit, s'excusa Renée d'un regard confus.
⏤ Mais vous n'avez pas à vous excuser ! C'est merveilleux les filles ! Je comprends tout à fait votre décision. L'Angleterre n'est pas comme les US.
Le couple s'échangea des sourires rassurés avant de s'embrasser fièrement devant une Maritza totalement amusée.
Elle était contente pour ses amies. Elles méritaient ce bonheur.
