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Notes de l'Auteure :

Cette histoire date du Samedi 23 novembre 2019.

Mais, j'ai décidé de la corriger pour la poster ici, ça reste dans le thème de mes autres histoires.

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Tout ce dont je me souviens, surtout, c'était de ce froid intense.

Ce froid qui me glaçait jusqu'aux os, jusqu'au plus profond de moi, de mon Être.

Lui, et moi.

Mick Davies.

Nous étions tous les deux dans ce manoir hanté. Attendant les fameux Winchester. Car, deux Chasseurs amateurs comme nous, ne pouvaient pas faire le poids face aux fantômes.

Chasseurs amateurs ?

Que dis-je... ?

Un ancien Homme de Lettres Britannique et une Sorcière...

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Dehors, il faisait déjà nuit. L'air était gelé. Ce qui n'arrangeait rien pour nous.

Le manoir était vide. Plongé dans l'obscurité.

Seules quelques lampes éparses éclairaient les murs d'une façon lugubre.

Qui les avait allumées ?

Pourquoi ?

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Mick tenait son revolver dans sa main gauche. Je tenais notre lampe dans la mienne.

Au creux de ma main droite, je serrais fermement une petite valise étanche.

À l'intérieur ?

Un violon.

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Voyez-vous, je suis une Sorcière un peu... Spéciale. Ma magie fonctionne uniquement grâce à la mélodie de cet instrument.

C'est mon catalyseur. Qui me permet de canaliser ma magie.

Pour notre Chasse en duo, il était normal que je l'ai à mes côtés.

Le manoir sentait le renfermé. La poussière. La cire des bougies.

Et la Mort...

Les murs humides en pierres suintaient. Les flammes vacillaient. Elles dansaient. Des ombres inquiétantes bougeaient sur les vieux tableaux aux visages fermés et sévères.

Leurs yeux nous suivaient dans la semi-pénombre.

À côté de moi, je sentais bien que Mick retenait sa respiration. Le souffle coupé. La peur au ventre.

J'avoue que, moi-même, je ne me sentais pas en sécurité. Cette oppression me rendait presque claustrophobe.

Mick me jeta un regard étrange. Le genre de regard qui signifiait :

'Et maintenant ?'

Et maintenant, nous avançons lentement.

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Lorsque le fantôme me traversa le corps, je sentis un froid glacial en moi. Comme si je venais de plonger, de tomber au milieu d'un lac gelé. La mallette me glissa des mains, et Mick accourut vers moi pour m'aider à me relever. La lumière de sa lampe dansait de tous les côtés en me rendant aveugle quelques secondes.

Un spectre traversa le corps de Mick, qui s'écroula à genoux sur le sol humide.

Sa lampe tomba également, nous privant ainsi de lumière. Les bougies étranges nous restaient comme seule source d'éclairage.

Et les bruits sourds qui tambourinaient dans la grande pièce ne nous rassuraient pas le moins du Monde.

Des bruits. Des murmures. Des voix portées par un vent inexistant.

Et le froid.

La nuit.

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Les fantômes étaient désormais visibles et nous entouraient. Mick me jeta derechef un regard paniqué. Me demandant par ses yeux exorbités de terreur de faire quelque chose. Mais sans mon violon, ma magie était vaine. Je cherchais alors mon précieux artefact.

Un esprit le trouva avant moi.

Il poussa la mallette loin de mes mains. Un autre traversa à nouveau Mick, qui resta collé au sol sans pouvoir bouger. Un autre, encore, passa également à travers moi, m'empêchant de courir vers mon violon. Malgré le froid intense qui me transperçait de part en part, j'entendis le cliquetis de ma valise s'ouvrir. Et une ombre blanche fit virevolter mon instrument dans les airs.

Je voulais crier. Même pleurer de voir mon bien entre de si mauvaises mains fantomatiques. Mais ce fut presque de la glace qui tomba le long de mes joues. Et la douleur en moi ne fit que s'aggraver.

Mick à mes côtés tenta de me parler. De supplier. De crier.

Nous étions démunis face aux nombreux fantômes si forts.

Où étaient donc les Winchester ?!

Et puis, le trou noir...

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Mes poignets m'élançaient affreusement.

En ouvrant les yeux, je compris. J'étais allongé par terre, Mick à mes côtés. Nos mains étaient liées par un fil de fer, qui nous dévorait la chair des poignets. Un filet de sang perlait sur la pierre humide, par terre. Mick se réveilla en même temps que moi et comprit à son tour. Il comprit que les fantômes nous avaient emprisonnés ainsi. Attachant nos mains à une balustrade rouillée.

Mais, je compris autre chose.

Qui me démoralisa encore plus.

Les fils utilisés comme liens, ces fils si douloureux qui rongeaient nos os...

C'étaient les cordes de mon violon.

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Si le froid du manoir, mélangé à celle des fantômes, n'avait pas glacé mes larmes, j'aurais pleuré.

Il est vrai, comme je l'ai dit, que mon violon m'aide à canaliser mes pouvoirs et à les amplifier. Pour les grands sorts. Les sortilèges puissants.

Pour les petites incantations, Dieu merci, je n'avais besoin que de ma voix. Sous le regard paniqué de Mick, je murmurai :

- Ic ia tóspringe.

Les cordes mordantes se détachèrent d'elles-mêmes. Mick en profita pour vite m'aider à me relever tout en se massant les plaies qui saignaient autour de ses poignets :

- Nous devons partir d'ici... chuchota-t-il.

Je fis 'oui' de la tête, tout à fait d'accord avec son idée.

Malgré la douleur et ce froid continuel, nous nous mîmes en route. Cherchant la grande porte par laquelle nous étions rentrés. Je cherchais également mon violon du regard, ou du moins ce qu'il en restait. Mais sans lumière...

- Leoht !

Une petite boule bleutée se mit à flotter au-dessus de nous. Nous éclairant d'une façon un peu moins angoissante que les bougies étranges sur les murs gris.

Nous marchions vers la sortie, lorsqu'un rire rauque nous glaça jusqu'aux os.

Les fantômes revenaient.

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Sur notre gauche, du coin de l'œil, je découvris mon violon allongé sur le sol sale. Comme un corps mort, sans corde. Comme je l'ai déjà dit, s'il ne faisait pas si froid, j'en aurai pleuré.

Je courus vers mon instrument lorsque les esprits se jetèrent sur nous.

Mick cria pour me prévenir.

Trop tard.

L'âme me traversa encore et me glaça jusqu'au plus profond de moi. Son âme toucha la mienne avec une horrible sensation. Celle de la Mort qui touche un Vivant.

Mick s'écroula aux côtés de mon violon. Il le fit glisser vers moi.

Je murmurai avec peur et espoir.

- Færblæd wawe...

Une fois le sort lancé, des cordes un peu balbutiantes apparurent par magie sur le violon. Rien de bien parfait, bien sûr, mais tout de même. Je réussis à attraper mon archet sur le sol mouillé et, avant que les fantômes ne se jettent à nouveau sur moi, je me mis à jouer.

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La mélodie n'était en rien harmonieuse. Du tout. Mais la magie de cette musique fonctionna néanmoins et les esprits commencèrent à mourir. Si une personne déjà morte peut mourir une seconde fois, bien sûr.

Mick sourit pour la première fois depuis cette Chasse.

Et son sourire me donna des ailes pour jouer de plus en plus vite et de plus en plus fort. Fortissimo comme on dit. Un mort. Et un autre. Puis un troisième disparut de la surface du manoir pour retourner en Enfer. N'en laissant que quelques-uns encore dans la demeure hantée.

J'aurai pu tous les renvoyer dans l'au-delà, si l'un d'entre eux n'avait pas brisé mon instrument.

Le plus vindicatif des fantômes l'arracha de mes mains pour l'écraser contre le mur.

Le bois de mon violon explosa devant mon regard apeuré et triste.

Mick fut lui aussi sous le choc.

Nous n'eûmes pas vraiment le temps de réfléchir à une issue de secours, car le fantôme nous propulsa contre le mur, à la manière de mon pauvre instrument.

Sauf que nous n'étions pas faits de bois, mais d'os.

Et j'en sentis quelques-uns se briser sous ma robe.

Mick hurla également de douleur.

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Nous attendions les Winchester.

Ils n'allaient pas arriver à temps pour nous sauver.

Les esprits nous encerclaient.

Mes pouvoirs n'étaient d'aucune utilité.

Mick, à mes côtés, me tenait la main.

Ensemble, quoi qu'il arrive.

Même la Mort.

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Puis, je me suis réveillée.

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23.11.2019

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