Première publication depuis… trop longtemps. Et surtout première tentative dans le fandom OP (11 ans de lecture après il était peut-être temps de tenter quelque chose).

Ce chapitre unique, très court, est un stand-alone, bien qu'il ait inspiré immédiatement après une fiction complète qui sera publiée d'ici fin Novembre je l'espère, fin Décembre-début Janvier au pire des cas.

Comment on disait avant ? Ah oui ! Enjoy~

(crossposted prévu AO3, ID MellynaYanou)

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Les lumières du boulevard traçaient des lignes blanches et noires dans sa vision. Il fixait sans regarder le lent défilé d'hôtels, de casinos et autres lieux de divertissement qui longeaient la plus longue rue de Las Vegas. Enseignes criardes, panneaux publicitaires aux dimensions folles, écrans plats révolutionnaires, reproductions fidèles des constructions les plus célèbres du monde entier… chaque complexe usait d'autant de stratagèmes peu discrets pour attirer le regard, aguicher le visiteur, piéger le faible d'esprit.

Sur la banquette du taxi, il observait de loin la masse humaine se mouvoir sur les trottoirs sans s'arrêter, comme une unique conscience avide et impossible à rassasier. Détaché du spectacle, ses pensées un peu moqueuses flattaient, tentantes, son égo, lui qui dédaignait toute mentalité de groupe, et chérissait sa solitude et son entourage trié sur le volet.

Un mouvement à ses côtés lui rappela sa compagnie du moment.

Law étendit son bras par-dessus le cuir de la banquette et rapprocha la jeune femme de lui. Elle se cala un peu plus confortablement, dos contre lui, vaguement accoudée au dossier. De son côté, elle observait en silence l'aberration qu'était la ville. Distraitement, il effleura son bras de ses doigts, récoltant un mélange de soupir et d'un bref rire. Sa tête était tournée vers la fenêtre, mais il devinait son sourire qui illuminait son visage, comme la Lune illumine la mer. Intense, absolue, mais sans chaleur. Indéchiffrable.

Pour la énième fois depuis leur rencontre, il se demandait ce qu'elle pouvait penser. Observait-elle la folie extérieure avec un sincère intérêt, ou se laissait-elle aller à ses tendres caresses ? Cryptique.

La sensation devait à présent se rapprocher de l'exquise brûlure provoquée par le léger frottement de leurs peaux, mais pas un frisson ne parcourut son bras. Chaque réaction, expression ou sursaut, était parfaitement contrôlé et orchestré.

Le taxi s'arrêta à hauteur de la fontaine du Bellagio ; un nouveau spectacle de son et de lumière venait de commencer. Il se désintéressa pourtant du paysage et du ballet de jets d'eau savamment programmé, pour se concentrer sur celui de ses doigts courant contre la peau de la jeune femme. Il se laissa hypnotiser par le lent mouvement de ses propres tatouages contre le marbre imperturbable de son bras. Elle inclina légèrement la tête. Ce simple geste fit dévaler en cascade une partie de sa chevelure sombre. Sans quitter sa bataille le long de son bras, de son autre main il écarta quelques mèches pour révéler son cou. Il s'arrêta à quelques millimètres de sa peau, juste assez pour que son souffle contre sa peau soit la seule chose qui la touche. Il accueillit en même temps les notes chaudes de patchouli et de jasmin, s'y perdant brièvement, enivré malgré lui.

Dans un unique élan, atrocement lent, ses doigts pivotèrent vers son avant-bras puis son poignet, le dos de sa main, pour finir par effleurer ses propres doigts. Elle les noua aux siens. Imperturbable. Il scella la fin de cette mascarade de lutte par un discret baiser contre son cou. Il ne put retenir un rictus. D'eux deux, le vainqueur n'était pas celui que l'on croyait. Manipulatrice.

Ils restèrent ainsi quelques instants, elle profitant peut-être de ce contact plus concret, lui s'enivrant définitivement du moindre arôme de son parfum qu'il découvrait à chaque inspiration. Le taxi reprit sa route à travers le trafic infernal des fêtes de fin d'année. Les dernières notes de Tennessee Whiskey s'envolèrent pour laisser la place à une nouvelle mélodie, peut-être moins country. Law s'en moquait.

Yeux fermés, il avait abandonné ce monde damné par des largesses imaginaires, pour un univers où il se faisait totalement manipuler avec sa propre bénédiction. Robin serait sa mort, il le savait, il n'en avait cure.

FIN