7 novembre 2008, chambre 335, hôpital Mercy, Grandview.

Mélinda dort au pied du lit dans lequel Jim se rétablit de l'opération à son épaule gauche. L'âme de Jim se tient à côté de Mélinda, qui se réveille lorsqu'il l'interpelle. Il ressemble au double de son corps, avec les vêtements de réhabilitation post-opératoire.

Elle lui dit : « Tu es bien rétabli. »

Son mari répond : « Je ne ressens aucune douleur. Je vais bien et je me sens léger. »

Quelques secondes après, le moniteur sonne et le cardiologue réagit rapidement. Mélinda regarde l'âme puis le corps de son mari et lui dit : « S'il te plaît, ne m'abandonnes pas. »

L'âme de Jim, après quelques tentatives de réanimation, revient dans son propre corps. Il ouvre lentement ses yeux. Il sourit faiblement à sa femme, penchée au-dessus de lui. Jim se lève à moitié dans le lit d'hôpital. Il se tourne vers Mélinda, mais le cardiologue lui dit de rester tranquille et l'aide à se coucher dans le lit. Étant donné le regard que lui adresse son mari, Mélinda comprend qu'il a vu un esprit. Étonnée, elle regarde autour d'elle, mais n'en voit aucun. « L'esprit que Jim a vu a peut-être disparu », pense-t-elle.

Elle sortit de la chambre pour dire les nouvelles du rétablissement de son époux à Délia Banks, Ned Banks et au professeur Eli James, qui étaient réunis dans la salle d'attente, avides de nouvelles.

Le professeur, à Mélinda, lorsqu'elle se dirige vers eux : « Et alors ? Quelles nouvelles nous apportez-vous ? »

Mélinda : — Mon mari va bien.

Elle fait un signe à ses amis et leur chuchote : « Je pense que Jim, après une expérience de mort imminente, a un don comme le mien. Je lui demanderai puis vous en informerai une fois que les médecins lui permettront de sortir de l'hôpital. »

Deux semaines après l'opération, Jim et Mélinda reviennent dans leur maison. Au cours de la première semaine, Mélinda était au chevet du lit de son mari, qui, ayant repris conscience, serra la main droite de sa femme. Aussi, elle fut le témoin d'un événement étrange : elle a vu l'âme de son mari sortir une fois par jour de son corps. À ce moment, le moniteur sonne et l'infirmière se dépêche de le réanimer. La semaine suivante, comme il se tient tranquille dans son corps, le docteur qui s'est occupé de lui, après avoir fait des tests, confirme que Jim peut revenir chez lui, comme tous les tests étaient positifs.

Une fois revenus dans leur maison — c'est Mélinda qui conduit la voiture — elle demande à son mari : « Qu'est-ce qui t'est arrivé au cours de tes expériences de hors-corps ? »

Jim sourit et répond : « Je te le dirai un jour ».

Mélinda : As-tu commencé à voir les esprits errants ?

Jim sourit énigmatiquement.

Deux semaines après la sortie de l'hôpital, le couple voit un esprit apparaître dans la cuisine au cours de leur repas du midi. L'esprit est un homme âgé entre 40 et 45 ans, vêtu d'une chemise blanche, d'un pantalon beige clair et de chaussures brunes. Jim et Mélinda tournent leurs têtes vers lui et disent à l'unisson : « Qu'attendez-vous de nous ? » Puis Mélinda, interloquée, jette rapidement un regard à son mari, qui lui sourit. L'esprit répond : « Je ne sais pas comment régler l'héritage de ma fille unique et de ma femme veuve, car je n'ai pas écris de testament ».

Jim lui répond : « Ma femme et moi nous aiderons à cela, ne vous inquiétez pas. »

Mélinda ajoute : « S'il vous plaît, quel est votre nom ? »

L'esprit : « Michael Strumpf ». Puis il disparut de leur vue.

Mélinda s'adresse à son époux : « Sérieux, tu vois les esprits ? Maintenant, c'est moins bizarre que lorsque je t'ai demandé de t'adresser à Kenny, alors qu'il changeait de chaîne sur notre télévision ? »

Jim : — C'est vrai, c'est moins bizarre. Depuis que je peux les voir, j'ai l'impression de partager le même don que le tien. Comme ça, tu n'es plus seule, et en tout cas, plus assurée qu'avec Gabriel, sans avoir à constamment à consulter le Professeur James. »

Mélinda se lève de sa chaise et s'assied sur les genoux de son mari, se blottit contre lui et Jim l'enlace.

Elle lui murmure : « Jim, tu te sens bien ? »

Il répond : « Oui. Seulement, je pense à Michael Strumpf. »

— C'est-à-dire ?

— Il me semble qu'il nous cache une partie de la vérité de sa situation. C'est pourquoi il a mauvaise conscience et qu'il est venu demander notre aide.

— Jim, attends deux secondes. Je vérifie quelles informations nous pouvons obtenir à son sujet et nous verrons ce que nous pouvons faire.

Après le repas, Mélinda débarrasse la table et court au salon, où elle prend son ordinateur et revient à sa place sur la table dans la cuisine. Elle fait une recherche au sujet de Michael Strumpf. Elle trouve un avis de décès, qu'elle lu à Jim. Le couple a ainsi trouvé l'adresse du salon funéraire dans lequel eut lieu la cérémonie d'enterrement il y a cinq ans.

Le lendemain, Jim et Mélinda se présentent au salon funéraire en question. Ils voient l'esprit d'un ancien agent du salon funéraire. Jim lui demande ce qu'il sait à propos de Michael Strumpf. L'esprit lui répond qu'il a seulement vu que cet esprit n'est pas parti dans la Lumière et qu'il a suivi sa femme et sa fille qui étaient venues à l'enterrement. Ensuite, il se tait et l'agent (en chair et en os) arrive et répond à leur question, en plus de leur fournir l'adresse de la maison où il vivait. Avec cette information à la main, le couple de chuchoteurs d'esprits (ghost whisperers) le remercie et se rend à ladite adresse.

Jim Clancy conduit la voiture. Ils arrivent devant une grande maison avec un grand jardin. Jim frappe à la porte, et comme il voit que la fenêtre est un peu ouverte, il dit : « Madame Strumpf. Je m'appelle Jim Clancy et je voudrais vous aidez. En fait, ma femme, Mélinda, et moi, voulons vous aidez concernant votre défunt mari. »

La porte s'ouvre et une femme âgée entre 40 et 45 ans apparaît dans le cadre de porte. Elle est vêtue d'une robe jaune clair et des souliers bruns. Elle avait des cheveux bruns clairs et des yeux bruns. Madame Strumpf dit en haussant la voix : « Vous venez me voir au sujet de mon mari ? Et bien ! Sachez qu'il n'est pas un mari exemplaire, puisqu'il nous à abandonné, ma fille et moi, et ce, sans rien nous laisser en héritage, hormis le droit d'habiter notre maison. » Après avoir observé pendant un court instant le couple, Madame Strumpf dit : « Monsieur et Madame, qui vous a informé de ma situation ? Depuis cinq ans que je suis veuve et vous n'êtes pas venus. D'où venez-vous ? Qui vous amène chez moi ? Répondez ou je ferme tout de suite la porte ! »

Jim répond : « Madame Strumpf, calmez-vous. Mais pour répondre à votre question, ma femme et moi avons appris votre situation hier, alors que l'esprit de votre mari est venu à nous au cours de notre repas. »

Mélinda ajoute : « Car nous voyons et pouvons parler avec les esprits errants afin de les mener vers la Lumière. Simplement, si votre mari n'est pas encore parti dans la Lumière, c'est que quelque chose lui pèse sur l'âme. À part être chuchoteurs d'esprits, mon mari est ambulancier, et moi, je suis propriétaire d'une boutique d'antiquités à Grandview le Same As It Never Was. »

Madame Strumpf, convaincue de leur sincérité, fait signe au couple de chuchoteurs d'esprits d'entrer chez elle. Le trio se rend dans la cuisine. Jim et Mélinda s'asseyent sur des chaises en face de Madame Strumpf, l'un à côté de l'autre.

Madame Strumpf, une fois assise sur une chaise dit : « Monsieur Jim Clancy, pouvez-vous m'expliquer davantage comment mon mari est venu à vous, comment vous m'avez trouvé et qu'attendez-vous de moi et que dois-je espérer de vous ? »

Jim répond : — Madame Strumpf, nous avons appris votre cas entre la discussion hier avec l'âme de votre mari. Et aujourd'hui, nous avons discuter avec l'agent du salon funéraire. C'est au cours de cette discussion qu'il nous fournit votre adresse. D'ailleurs, maintenant, votre mari est à côté de vous.

En effet, l'âme de Monsieur Michael Strumpf apparaît devant Jim et Mélinda, du côté droit de sa femme.

Monsieur Strumpf dit : — S'il vous plaît, dites à ma femme que je suis désolé pour le mal que j'ai fait. Veut-elle me pardonner ?

Jim dit à Madame Strumpf : — Madame, votre mari vous demande pardon pour tout ce qu'il vous aurait pu faire de mal. Il est vraiment désolé.

Madame Strumpf : — Non ! Il est hors de question que je lui pardonne !

Mélinda intervient : — Madame Strumpf, pouvez-vous préciser de ce dont il est question ?

Madame Strumpf : — Il est un mari infidèle qui m'a déshérité, ma fille et moi, au profit de sa maîtresse et du fils qu'il a eu avec elle.

Jim et Mélinda se regardent et demandent à l'unisson à l'esprit : Et alors, Monsieur Strumpf, est-ce que vous attendez que nous réparons légalement la situation ? Il aurait fallu le dire plus tôt et non attendre cinq ans !

Monsieur Strumpf, murmure : — Ça va, je suis vraiment désolé. Mais, s'il vous plaît, faites quelque chose !

Mélinda à Madame Strumpf : — Votre mari dit qu'il est vraiment désolé et nous supplie de faire quelque chose.

Jim ajoute : Il voudrait rétablir la situation, mais Madame Strumpf, vous savez très bien que, légalement, seule vous pouvez agir, à titre d'épouse légitime du défunt. Nous ne savons pas de quelle manière nous pouvons vous êtres utiles.

Madame Strumpf, pensive, dit après quelques minutes de silence : — Monsieur Clancy, vous m'êtes utile, puisque vous pouvez communiquer avec l'âme de Michael. Si mon mari vous dit autre choses, pouvez-vous me le communiquer ?

Jim : — Bien sûr, Madame Strumpf. D'ailleurs, c'est notre obligation de communiquer le message des esprits errants à leurs proches, et nous ne faillirons point à la tâche.

Madame Strumpf : — Merci d'être venus.

Madame Strumpf, Jim Clancy et Mélinda Gordon s'échangent leur numéro de téléphone respectif. Ensuite, Jim et Mélinda remercient Madame Strumpf d'avoir accepté de parler avec eux; ils serrent la main de Madame Strumpf et ils sortent de sa maison. Jim conduit jusqu'à la leur. Sur le trajet du retour, le couple de chuchoteurs d'esprits est silencieux.

De retour dans leur maison, Mélinda dit à son mari : — Jim, qu'est-ce que nous pouvons faire pour aider Madame Strumpf ?

— Je ne le sais pas. Nous pouvons seulement la renseigner sur ce qu'elle peut faire au point de vue légal, en plus de lui transmettre les informations que nous communique l'esprit errant qu'est devenu son mari.

— Après tout, tu as raison.

Mélinda s'approche de son mari, assis sur le canapé du salon; elle s'assied à ses côtés et il lui serre la main droite; elle l'embrasse tendrement sur les joues puis sur les lèvres.

Michael Strumpf apparaît devant eux, entre le canapé et la table du salon. Il dit : « S'il vous plaît, faites quelque chose pour rétablir la situation. »

Jim : — D'accord. Mais, dans ce cas, je vous prie de moins nous cacher la vérité sur votre situation. Autrement, nous serions mal informés et nous ne pourrions pas vous aider adéquatement.

Michael Strumpf : — Pourtant, vous saviez que je ne peux pas tout vous dire, car des ombres noires et un monsieur en noir m'espionnent et m'empêchent de tout dire.

Mélinda intervient : — Vous voulez dire les Ombres et Romano ?

Michael Strumpf, regarde autour de lui, puis disparaît de leur vue.

Jim commente : — Il semble que quelque chose ne tourne pas rond dans cette histoire.

Mélinda : — Tu as raison.

Jim : — Mél, es-tu là ?

Mélinda se tourne vers son mari, lui serre la main, inquiète d'une vision imprévisible qu'a Jim.

Michael Strumpf a plongé Jim dans une vision. Jim se trouve en vision dans une salle avec une autre femme, mais il compris que ce n'est pas son épouse. Cette femme semble à une mannequin âgée de vingt-cinq ans. Elle est habillée d'une jupe très courte et d'un chandail tricoté blanc avec un grand décolleté, laissant voir sa poitrine très généreuse. Elle est bien maquillée. Elle s'approche de lui, l'invite à table et lui verse du café dans une tasse qu'elle lui tend. Puis elle s'assied en face de lui, en se versant à son tour du café. Elle le fixe alors qu'il vide la tasse. Puis la vision disparaît.

Jim s'adresse à son épouse : « Mélinda, je pense que Monsieur Strumpf est mort empoisonné par son amante, qui est une mannequin plus jeune que lui, alors qu'ils ont bu du café. Pour ajouter un commentaire, il est facile d'ajouter du mercure d'un thermomètre et la victime meurt deux semaines après en avoir ingéré, avec des souffrances terribles.

Mélinda : — C'est horrible !

Jim : — J'ai une idée ! Puisque Michael Strumpf est un résident de Grandview, il me serait facile de trouver son dossier d'autopsie dans les archives de l'hôpital Mercy.

Mélinda : — Vas-y !

Et Jim se rend à l'hôpital Mercy. Il salue la réceptionniste qui lui demande la raison de sa venue. Il répond qu'il veut consulter le dossier d'un patient consigné dans les archives. Elle hoche de la tête et lui donne le numéro de la salle des archives, au sous-sol. Un fois rendu dans les archives, Jim se rend dans la section « S », car les documents sont classés selon l'ordre alphabétique des noms de famille. Après avoir vu le dossier « Michael Strumpf », il prend le dossier. À ce moment, l'esprit apparaît à ses côtés et pousse le dossier pour qu'il tombe derrière l'étagère. Jim lui dit sévèrement : — Monsieur Michael Strumpf ! Ôtez-vous de ma vue et ne me dérangez point ! Voulez-vous notre aide ou non ? Si vous ne savez ce que vous voulez, décampez !

Michael Strumpf : — Jim Clancy, vous pensez vraiment me faire peur. Je ne suis pas votre fils ! Pour qui vous vous prenez ? Pourquoi vous vous donnez le droit de crier sur moi. Sachez que je peux toujours posséder l'un de vos collègues pour qu'il fasse irruption dans cette salle, et, voyant que vous parlez avec personne, il vous demanderait de sortir de la salle. Pire encore, il pourrait vous prendre pour fou et vouloir exiger à ce que vous passiez des tests psychologiques.

Jim complète la phrase : — Autrement dit, un internement dans l'hôpital psychiatrique de l'université Rockland.

— Exactement. Donc, soyez prudent.

Et l'esprit se concentre et pousse peu à peu son dossier, mais Jim le rattrape à temps et foudroie l'esprit du regard. Celui-ci disparaît. Au moment où le mari de Mélinda tourne la poignée de la salle des archives de l'hôpital, un esprit noir (Romano) apparaît à sa gauche, un peu en retrait. Ayant ressenti sa présence, Jim se retourne.

Romano rit et lui dit : — Vous pensez sérieusement aider Mélinda. Pauvre vous ! On dirait un couple de fous qui parle à eux-mêmes en faisant croire aux autres qu'ils voient des esprits ! Pourtant, vous ne savez pas comment le monde des esprits fonctionne ! Il fonce sur Jim, passe à travers lui, lui coupant le souffle pendant quelques secondes. Mais Jim tient solidement de la main droite le dossier. Puis, il tourne la poignée de la porte, mais il ne peut point l'ouvrir. Il comprend aussitôt que Romano tient la poignée de l'autre côté.

Il crie : « Est-ce que quelqu'un peut m'ouvrir la porte de la salle des archives ? » Comme personne ne l'entend, il essaie de forcer la porte, et réussit à l'ouvrir en forçant la poignée. Romano lui sourit au bout du corridor puis disparaît de sa vue. Jim, ayant le vertige, s'appuie contre le mur.

Romano revient l'agacer : « C'est comme ça ! Vous êtes faible, et n'oubliez pas votre douleur du choc de la balle à l'épaule gauche ! »

Puis il éclate d'un rire diabolique et disparaît de sa vue.

Jim, en serrant les dents — car la douleur s'est ravivée au moment au l'esprit l'a rappelé — , marche le long du mur du corridor. Il demeure stoïque devant les répliques du mauvais esprit.

Au bout du corridor, une infirmière le voit et lui demande : « Jim, tout va bien ? Tu es mal en point. Je t'aiderais pour t'asseoir sur une chaise dans la salle d'attente. » Il hoche lentement de la tête. Appuyé sur l'infirmière, il se rend jusqu'à la salle d'attente, où il se repose sur l'une des chaises. À peine assis, il s'endort, en serrant le dossier de Michael Strumpf entre ses bras. Il a un cauchemar. Il se retrouve dans un asile psychiatrique du siècle passé, sur une chaise électrique. À côté de lui se trouve un sismothère. Il ressent l'électricité passer dans sa tête. La sensation est vraiment terrible ! Il avait un chiffon dans la bouche, tandis que ses bras et ses jambes sont attachés au lit sur lequel il était allongé. Tout son tronc se secoue sous l'effet du passage de l'électricité dans son corps. Deux assistants du psychiatre le tiennent. Il sait que le psychiatre devrait bientôt venir le voir.

Jim se réveille à ce moment, confus. Il pense : « Il est question d'un esprit mort à la suite de la thérapie par électrochocs. Peut-être Michael Strumpf ! » Il voit au coin de l'œil Romano, qui lui sourit méchamment. Jim ne réagit pas, mais le maudit en pensée, car il voit une infirmière passer à côté de lui. L'esprit malveillant disparaît, aspiré par le souterrain. Après quelques minutes, Jim Clancy se lève de la chaise, se dirige vers la sortie de l'hôpital et revient chez lui avec le dossier de Monsieur Strumpf.

Mélinda lui ouvre la porte, inquiète de son air un peu confus. Une fois rendu au salon, il lui explique sa mésaventure à l'hôpital. Elle lui dit : « Nous avons seulement à être plus prudents et nous devons régler au plus vite le cas de Michael Strumpf. » Il hoche de la tête et ouvre le dossier du patient. Il y trouve tous les documents qui lui sont nécessaires pour comprendre son cas. Le couple parcourt ainsi les documents. Jim et Mélinda apprennent que Monsieur Strumpf est né le 7 septembre 1958. Il était un patient dans l'Asile de Grandview de 1978 à 1980 à la suite d'une dépression qui s'est déclarée après une rupture avec une petite copine. Son dossier clinique indique qu'il connu une thérapie par électrochocs. Micheal Strumpf est mort le 22 mars 2003. Le dossier de l'autopsie révèle qu'il a été empoisonné au mercure le 8 mars 2003.

Jim commente : « Au moins, son triste dossier médical confirme mes visions. Mél, lisons attentivement son dossier psychiatrique afin de savoir qui est son docteur. » Il lu à nouveau le dossier de l'Asile de Grandview, et il lu à Mélinda le nom du Docteur : Monsieur le Pr. Dr. Calvin Byrd.

Mélinda commente : — Nous pourrons demander au professeur Eli James s'il connaît ce nom, puisqu'il connaît l'histoire de la psychologie et de la psychiatrie.

Jim : — C'est une bonne idée !

Mélinda, en chuchotant : « Et ainsi, chemin faisant, l'informer de ton don nouvellement reçu. »

Jim embrasse sa femme sur les lèvres. Derrière lui, Romano apparaît. Jim se retourne et Mélinda regarde l'esprit. Ce dernier leur dit : « Si vous pensez m'arracher des mains Michael Strumpf, sachez que vous auriez affaire à moi. » Puis il se rapproche du couple. Jim, tenant la main de sa femme, soutient le regard que lui lance l'esprit malveillant. En vitesse, il prend une bougie qu'il allume, faisant fuir l'esprit.

Le soir, le couple dort dans leur lit, Mélinda enlacée dans les bras de Jim. Ce dernier refait le même cauchemar que lors de son sommeil dans la salle d'attente dans l'hôpital Mercy plus tôt dans la journée. Il ressent à nouveau l'onde électrique, la convulsion musculaire, le chiffon dans la bouche qui étouffe ses cris, la présence des deux assistants du Dr. Byrd, sauf que cette fois, il voit le Docteur — un vieil homme maigre avec des lunettes rondes, un habit brun clair, des cheveux gris — se pencher au-dessus de son visage. Il lui dit : « Alors, Monsieur, vous allez bien ? » Puis, chuchotant brièvement quelques mots entre les dents avec les assistants, il s'assied sur une chaise mise à sa disposition un peu plus loin, face au lit. Jim a l'impression de se dédoubler de son corps. Puis, derrière Dr. Byrd, Romano lui sourit ironiquement. Il lui dit : « Jim, si tu penses au matin regagner ton corps, tu peux l'oublier ! » Et il fonce sur lui, mais Jim appelle Mélinda à l'aide, ce qui l'a réveillé. Sa femme, réveillée par son appel à voix haute, flatte doucement ses bras qui l'enlacent. Elle lui dit : « Ça va, Jim, je suis là. Ne t'inquiètes pas. » Jim lui raconte son cauchemar. Ils se consolent mutuellement et dorment à nouveau, cette fois-ci, sans cauchemar.

Le lendemain matin, Mélinda et Jim, après leur petit-déjeuner, appellent le professeur Eli James pour savoir s'ils peuvent se présenter à son bureau ce matin. Le professeur, entendant Jim Clancy lui adresse la demande avec un ton insistant, accepte de les rencontrer à 9h00. Il sent que quelque chose de grave est en trait de se passer au sein du couple. Le couple de chuchoteurs d'esprits errants se rendent au bureau de leur ami le professeur — c'est Mélinda qui conduit la voiture, car Jim, après une nuit aussi agitée, n'a ni la volonté ni la force. Une fois la porte du bureau d'Eli James fermée derrière eux, et après s'être assis sur deux chaises en face du professeur, Jim s'éclaircit la voix et dit d'un ton neutre : « Monsieur le professeur Eli James, nous sommes venus, ma femme et moi, pour demander votre aide au sujet d'un cas d'un esprit errant qui a connu pendant deux ans des séances d'électrochocs à l'Asile de Grandview. Il s'agit de Monsieur Michael Strumpf qui est venu nous voir il y a trois jours. »

Mélinda précise : « Simplement, Monsieur le Professeur, mon mari a le même don que le mien depuis son expérience de mort imminente. »

Eli James, bouche bée, se tourne vers Jim, qui hoche timidement de la tête.

Jim : — Et Michael Strumpf nous cause bien des ennuis pour rétablir le cas de sa femme et de sa fille, qu'il a déshérité au profit de son amante, une jeune mannequin, et du fils qu'il a eu de cette dernière. Voilà cinq ans qu'il est décédé, empoisonné au mercure par cette même amante. Mais pour revenir à son passé dans l'asile, le Docteur Calvin Byrd s'est occupé de lui. Et bien, professeur James, que saviez-vous au sujet de ce docteur ?

Eli James se lève de son siège et parcourt du regard les livres sur les étagères de sa bibliothèque. À ces côtés apparaît Michael Strumpf qui tente de prendre contrôle de lui, afin qu'il le dirige vers un livre. Jim pense à l'instant : « Certainement pour mener vers une fausse piste ». Il fait un signe discret à sa femme et ils interviennent à l'unisson : « Monsieur Strumpf, ne dérangez pas notre ami le professeur. Si vous ne savez pas si vous voulez rétablir la situation ou non, ne jouez pas le méchant ! Si vous voulez être tel, que le Diable vous emporte ! » Le professeur a sursauté et dit : « Monsieur Strumpf, vous savez que mes amis Mélinda et Jim ont raison. »

Michael Strumpf dit : — Vous pensez vraiment m'effrayer comme un petit enfant ? J'ai depuis longtemps dépassé cet âge-là !

Eli James : — Monsieur Strumpf, si vous êtes très confus et incertain de votre cas, sachez que vous pouvez toujours parler avec moi, car je suis professeur, docteur en psychologie et en philosophie.

Michael Strumpf rit puis réplique : — Vous pensez que parce que j'ai passé deux ans de ma jeunesse dans un asile que je suis un fou ? Qu'est-ce que vous pouvez être drôle !

Jim intervient : — Monsieur Strumpf, cessez d'être aussi sarcastique et nous vous demandons d'être plus collaboratif, car vous avez dit à votre femme que vous êtes désolé de votre adultère. N'allez pas maintenant changer d'idée parce que vous êtes sous l'influence de Romano et des ombres !

Michael Strumpf, d'une petite voix : — D'accord, vous avez raison, mais s'il vous plaît, comprenez bien ma situation.

L'esprit se déplace vers le couple.

Eli James se retourne vers ses livres et trouve un vieux livre brun relié dont le titre est Histoire de la psychiatrie à Grandview : Des origines à 2000. Il consulte la table des matières et repère le nom « Dr. Calvin Byrd ».

Il se rend à la page en question et dit à Jim et Mélinda : « Voilà. J'ai trouvé les pages sur le Dr. Calvin Byrd. » Le couple hoche de la tête. Michael Strumpf reste coi. Il est à la droite de Jim. Ce dernier fait signe au professeur de poursuivre sa lecture; il sort de son sac à dos un calepin et un stylo pour prendre des notes rapides.

Eli lit le texte : « Le Professeur Docteur Calvin Byrd est diplômé en 1940 à l'Université Rockland, études en psychologie, orientation clinique qu'il débuta en 1931. Il travailla comme psychiatre, après l'obtention de son diplôme, au Valley Springs Sanatorium jusqu'en avril 1959 puis trouva un emploi dès l'été dans l'Asile de Grandview. Il resta dans cet asile jusqu'à sa mort en 1992. Dans chacun des asiles au sein desquels il exerça sa profession, le Docteur Calvin Byrd connu de nombreux patients, hommes et femmes, jeunes et vieux, sur lesquels il pratiqua une thérapie populaire à l'époque : la thérapie par électrochocs. Outre celle-ci, il donnait des antidépresseurs et autres médicaments à ses patients atteints de névrose et de démence. Le Dr. Byrd pratiquait à ses débuts l'hypnose. Ensuite, la liste des patients est présentée, avec leur diagnostique respectif. Mais je ne vous la lirait point, pour passer à l'essentiel. De plus, le Docteur Calvin Byrd écrivit de nombreux ouvrages sur les bienfaits de ses pratiques curatives. En voici quelques titres : L'hypnose en psychiatrie — il s'agit de sa thèse de doctorat de 1940 (dont le titre est L'hypnose à des fins thérapeutiques, selon Sigmund Freud). L'année suivante, il publia une version augmentée, d'où le titre du livre. Ses autres ouvrages s'intitulent Des moyens pratiques pour guérir la névrose (publié en 1950) ; La thérapie par électrochocs : Effets et conséquences (publié en 1951) ; Comparaison des effets de la thérapie par électrochocs chez les patients dépressifs et névrosés : Étude clinique au Valley Springs Sanatorium de janvier à juillet 1952 (livre publié en 1953) ; Les médicaments pour les névrosés : Posologie établie d'après une observation clinique au Valley Springs Sanatorium de 1949 à 1955 (livre publié en décembre 1955) ; Médicaments ou thérapie par électrochocs pour les patients dépressifs (1956) ; Médicaments combinés avec l'Hypnose et la thérapie par électrochocs. Résultats d'expérimentations cliniques au Valley Springs Sanatorium jusqu'en de 1950 à 1958 (livre publié en 1959) ; Étude clinique des patients de l'Asile de Grandview (1960) ; La thérapie par électrochocs dans les années 1950 (1961) ; Observations cliniques de la thérapie par électrochocs sur des patients névrosés et dépressifs de l'Asile de Grandview de 1960 à 1980 (livre publié en 1981). Son dernier livre est un Résumé de la pratique clinique du Professeur Docteur Byrd de 1941 à 1990 (livre publié en 1991) ».

Il tourne le livre vers Mélinda et Jim afin qu'ils voient les photographies du Dr. Byrd. Jim reconnu aussitôt le psychiatre qu'il a vu en rêve le soir. Il fait un signe affirmatif et raconte son rêve au professeur James.

Après, Eli James ferme le livre et le remet à sa place dans sa bibliothèque. Jim prend les dernières notes sur son calepin, puis le range dans son sac.

Michael Strumpf dit : « Et alors ? Qu'est-ce que ces informations vous servent à régler mon cas ? Je sais bien que j'ai connu les tortures des électrochocs administrés par le Dr. Byrd. »

Jim lui réplique : — Monsieur Strumpf ! Ne soyez pas si sarcastique et ne nous déconcentrez pas !

Michael Strumpf : — Vous pensez vraiment m'intimider en me traitant comme votre fils, alors que vous êtes plus jeune que moi ?

Eli James intervient : — Mais, pour revenir au sujet de la thérapie par électrochocs, Monsieur Strumpf, pouvez-vous vous rappelez des changements survenus après cette thérapie ?

Michael Strumpf : — Je me souviens seulement d'avoir eu après chaque séance un maux de tête terrible et une confusion. À vrai dire, je préfère oublier cette triste épisode de ma vie.

Eli James : — Qui vous a amené à l'Asile de Grandview ?

Michael Strumpf : — Ma mère. C'est elle qui me conseilla de me faire soigner par un psychiatre pour me débarrasser de ma dépression à la suite de la première rupture amoureuse de ma vie. Ma petite copine, à l'époque, m'a abandonné après un an. Elle m'a quitté pour un autre avec lequel elle s'est mariée plus tard, ce que j'ai appris par l'intermédiaire d'une connaissance d'école.

Jim intervient : — Est-ce que votre épouse savait votre visite à l'asile ?

Michael Strumpf : — Non. J'ai pris soin de ne rien lui révéler.

Jim : — Depuis quand avez-vous connu votre amante ? Quel est son nom ?

Michael Strumpf disparaît, aspiré par le souterrain. À ce moment, Romano apparaît. Jim et Mélinda froncent des sourcils. Ils pensent : « Que vient-il faire ? Quel rapport y a-t-il entre Monsieur Strumpf et Romano ? »

L'esprit malveillant, comme s'il a lu leur pensée, répond : « Enfin une question intéressante ! Vous savez poser les bonnes questions ! Sauf que la réponse exige un prix ; aucune information de si haute importance ne se donne pas gratuitement au premier qui formule la question. Que votre naïveté me fait rire ! »

Le trio a sursauté en entendant une telle réponse — même si le professeur ignore la question — car chacun comprend la menace sous-entendue.

Romano, amusé, poursuit son discours : « Franchement ! J'accepterais de répondre à votre question que si l'un d'entre vous veux bien accepter une possession temporaire de ma part. »

Jim, Mélinda et Eli pensent : « Vous dites temporairement, alors que c'est une ruse pour s'attribuer d'un corps. Et notre âme, dans tout ça, elle va où ? »

Romano : — Ne soyez pas si méfiants ! Voulez-vous une réponse, oui ou non ?

Jim répond fermement : — Non, pas avec les conditions que vous nous imposez !

L'esprit malveillant réplique : — J'ai pris en note votre réponse. Sachez que la désobéissance est un délit !

Il rit diaboliquement et disparaît, aspiré par le souterrain.

Le trio de chuchoteurs d'esprits s'entr'observent, perplexes.

Eli James reprend la parole après une minute de silence gênante : « Pour revenir à l'Asile de Grandview, dans lequel le Docteur Calvin Byrd a travaillé, il a malheureusement une triste réputation. Une rumeur locale circule encore aujourd'hui malgré son changement de nom — depuis 2000, il est devenu une garderie pour enfants de la maternelle et existe encore aujourd'hui sous le nom École pré-maternelle et maternelle de Grandview. Le bâtiment est toujours le même, quoique rénové et aménagé autrement, mais dans son sous-sol, dit-on, toutes les installations propres de l'asile sont encore présentes : lits, chevets, sismothères, meubles des bureaux de psychiatres, entre autres. »

Le couple hoche de la tête. Mélinda ajoute : — Pouvez-vous nous donner l'adresse de l'endroit ?

Eli James, après avoir regardé sur des papiers : — Bien sûr, 1300 rue Heinzel.

Jim : — Merci beaucoup Eli James.

Puis, ils se serrent la main droite et Jim et Mélinda sortent du bureau de leur ami le professeur. Mélinda conduit sur le chemin du retour jusqu'à leur maison.

Une fois de retour dans leur maison, Jim et Mélinda s'asseyent en silence sur le canapé du salon. Elle regarde l'heure sur sa montre : 10h40. Elle demande à son mari : — Est-ce que tu travailles aujourd'hui ?

— Oui, en après-midi.

Vers 12h00, Jim et Mélinda se sont attablés. Michael Strumpf apparaît devant eux, à côté de leur table; le couple l'ignore.

L'esprit dit : — Ignorez-moi ! C'est comme ça que vous vous comportez devant des invités ? Quelle malpolitesse !

Jim et Mélinda soupirent à l'unisson. Jim lui répond, après avoir terminé une bouchée : — Monsieur Strumpf, voulez-vous nous laisser en paix, au lieu de commenter. Par ailleurs, je vous rappelle que c'est vous qui êtes venu à nous, et non pas nous vous.

Michael Strumpf : Et quoi ? Est-ce que vous pouvez m'aider, oui ou non ?

Mélinda : — Oui, bien sûr, mais à condition de savoir ce qui est nécessaire pour vous aider afin que vous allez à la Lumière.

Michael Strumpf : — Quelle lumière ? Il y a celle du soleil et celle des lampadaires.

Mélinda : — Non, ce n'est cette lumière, c'est l'au-delà, où tous les esprits vont après la mort physique.

Michael Strumpf : Qu'est-ce qu'elle a de spécial, cette lumière ?

Mélinda : — Elle est joie, bonheur et pardon.

L'esprit se rend près du mari; Jim tourne le regard vers lui et dit : — Monsieur Michael Strumpf, si vous voulez parler avec l'un d'entre nous, parler en vrai homme, face-à-face et point.

Michael Strumpf réplique : — Pourtant, je ne pas tout vous dire, seulement vous montrer certains indices.

À ce moment, l'esprit pose sa main droite sur Jim, l'amenant dans une vision.

Il se trouve dans un bureau de travail, où il griffonne quelque chose sur une feuille de papier, quand un collègue l'interpèle et vient à son bureau avec une jeune femme, qui est une mannequin. Elle lui est présentée sous le nom de Madeleine. Il la dévore des yeux. Une fois que le collègue sort de son bureau, il l'invite à s'asseoir sur une chaise en face de lui. Il demande à Madeleine comment elle est venue, elle lui répond que ce n'est pas important. Elle se rapproche de lui, et comme il ne lui résiste pas, voilà la situation d'adultère. Et une fois Madeleine sortit du bureau, il n'est même pas conscient de la situation, à savoir qu'il a connu une autre femme que son épouse. Il ne rougit même pas. Fin de la vision.

Pas besoin de dire que Jim rougit à sa place. En voyant que l'esprit est encore à côté de lui, il lui demande : — Vous étiez fonctionnaire dans un bureau, n'est-ce pas ? Et c'est la première rencontre avec votre amante ?

Michael Strumpf répond : — Oui. Par la suite, j'ai appris que mon collègue me l'a présenté, parce qu'il connaissait Madeleine depuis quelque années.

Jim : — Et Romano, dans tout ça ?

— Il m'a promis de pouvoir la revoir en prenant possession d'un autre corps. Mais c'est assez ! J'ai trop parler !

Puis l'esprit disparaît, aspiré par le souterrain. Jim se lève et se dépêche d'allumer une bougie sur la table. Le couple termine le repas.

Après avoir fait la vaisselle, Jim se prépare pour le travail, embrasse sa femme sur les lèvres et se rend à l'hôpital Mercy avec sa voiture.

Une fois rendu à son lieu de travail, Jim Clancy salue ses collègues. L'un d'eux (Bobby) lui dit : — Jim, tu arrives à temps. Nous venons à l'instant de recevoir un appel d'intervention d'urgence en raison d'un accident sur la route à la sortie de Grandview. On se demande qui conduira l'ambulance. Et bien, puisque tu es arrivé, c'est toi qui conduis.

Jim répond : — Comme si que j'avais le choix ! Personne n'est intéressé.

Il regarde furtivement ses collègues rassemblés devant lui. Jim poursuit : « Donc, c'est moi qui conduit. »

Jim et Bobby s'installent dans l'ambulance et le mari de Mélinda démarre le véhicule. Une fois sur la route, il se concentre sur la route, mais Michael Strumpf vient le déconcentrer et active la sirène de l'ambulance. Et il lui dit : « Monsieur Clancy, faites attention, car les méchants esprits préparent quelque chose de mauvais. » Puis il disparaît. En effet, quelques secondes plus tard, il voit sur la route que des formes diaphanes noires prennent possession de certains conducteurs qui étaient en contre-sens, voire même de certains qui sont derrière l'ambulance. Jim se concentre afin d'éviter les véhicules, car certains cherchent manifestement à frapper l'ambulance. Il se force même à faire un détour pour les éviter. Tout à coup, au moment où il compris qu'il est entouré d'ombres, il allume en vitesse une cigarette, conduisant de la main droite. Certaines ombres sont furieuses et se rapprochent dangereusement du véhicule, d'autres sont parties. Bobby, lui demande : — Jim, pourquoi ce détour ? Il me semble que continuer tout droit est plus court ? »

— Parce que je trouve qu'il y a trop de véhicules sur la route.

Bobby regarde du coin de l'œil Jim, qui semble ne pas être là. En effet, il est sorti de son corps, se trouve à côté de celui-ci, car il demande à son père, mort il y a plusieurs années, de lui venir en aide. Son père, dans un rayon de lumière arrive et prend temporairement le corps de son fils afin de diriger le véhicule jusqu'à destination. Les ombres rencontrées en chemin s'enfuient à la vue de tant de lumière.

Bobby, en voyant que Jim conduit en étant perdu dans le vague et qu'il conduit de plus en plus vite, lui demande : « Es-tu sûr que tout va bien ? Veux-tu que je conduise à ta place ? »

La réponse est : — Non.

Les deux ambulanciers se rendent au lieu de l'accident, dégagent les débris des deux voitures. Les deux conducteurs étaient blessés, à moitié conscients. Jim voit tout à coup Romano à côté de l'un d'eux.

Il le nargue : « Bonjour. Je ne pensais pas vous revoir si tôt ! »

Jim, tandis que Bobby est retourné pour préparer les civières, lui dit, en faisant semblant de parler sur son cellulaire : — S'il vous plaît, ne recommencer pas avec vos histoires.

— Jim, vous devez comprendre que ce ne sont pas des histoires, mais des vrais faits du monde des esprits. Voilà comme votre femme vous explique les choses !

— Elle ne prétend pas non plus tout savoir, seul Dieu sait tout.

Bobby revient près des blessés et fait signe à Jim de venir l'aider pour les déposer sur les civières qu'il a amener. Jim, en s'adressant à Romano : « Désolé, je ne peux pas poursuivre la conversation. Nous la poursuivrons plus tard, si vous appelez à nouveau. Mais j'espère que cela n'arrivera pas. » Puis il « éteint » son cellulaire et le range dans sa poche de chemise. Il s'excuse auprès de son collègue. Les deux ambulanciers se dépêchent d'agir. Jim voit l'esprit malveillant à sa gauche. Romano lui dit : « Vous pensez sérieusement ne pas continuer notre conversation, car sachez que la situation est sérieuse. Je comprends très bien que vous voulez aider Michael Strumpf, mais il est avec moi. D'ailleurs, vous ne l'aidez pas, mais vous mettez votre nez dans ce qui ne vous concerne pas. D'ailleurs, cela me serait plaisir de posséder temporairement votre corps pendant, disons, vingt-quatre heures. De gré ou de force, je le ferrais ! » Puis il passe à travers Jim, qui manque d'air pendant quelques secondes, le faisant tousser et, du coup, lâcher la civière qu'il transporte. Bobby, inquiet : « Fais attention, Jim. Il ne faut pas faire plus de mal au blessé. »

Jim, d'une voix faible : — Je sais, mais je ne peux pas tout t'expliquer.

Romano apparaît à sa gauche et lui murmure à l'oreille : « Si vous pensez rester stoïque, sachez que c'est faux. Impossible d'être insensible à la douleur. »

Puis une voiture passe, dans laquelle Romano prend contrôle du conducteur, mais Jim, en transportant la civière dans l'ambulance, évite le piège de l'esprit malveillant. Bobby se propose de conduire jusqu'à l'hôpital. Jim hoche de la tête et reste à l'arrière pour regarder les blessés. Il observe leurs blessures. Il rapporte les constats à Bobby au moyen du talkie walkie (émetteur-récepteur portatif).

Romano apparaît à côté de Jim et lui dit : « Bien joué. La vigilance est décidément votre qualité ! Mais sachez que même le plus vigilant au monde ne m'échappe pas, surtout pour refuser mes conditions de divulgation d'informations. Ne jouez pas le stoïque ! » Puis il passe à travers Jim, pour arriver derrière Bobby.

Jim, à bout de souffle crie d'une voix forte : « S'il te plaît, Bobby, arrêtes le véhicule ! »

Son collègue, étonné, appuie sur les freins en se dirigeant sur un côté de la route et demande : « Sérieux, Jim, qu'est-ce qui t'arrive ? As-tu tous tes esprits ? » Romano profite de la perplexité de son collègue pour augmenter sa colère et influencer son comportement. Il se tient à côté de lui et lui murmure des choses à l'oreille gauche.

Jim, d'un ton calme, réplique à la fois à son collègue et à l'esprit malveillant : « Je vais très bien, seulement regarde la route pour ne pas avoir d'accident comme la dernière fois. Et je te dis qu'un esprit malveillant se trouve derrière toi, et je voudrais bien que le Diable l'emporte pour de bon ! »

Romano, étonné de l'audace dont manifeste Jim, disparaît de sa vue.

Jim, poursuit : « Bobby, je t'avoue que depuis mon expérience de mort imminente il y a quelques semaines, alors que je me rétablissais de l'opération, je vois des esprits errants, c'est tout. » Bobby, étonné d'une telle déclaration, reste bouche bée et embarque dans le véhicule.

Le chemin jusqu'à l'hôpital se fait rapidement et sans encombre. Les deux ambulanciers se reposent dans la salle d'attente. Ils sont silencieux ; Jim ne sait pas quoi ajouter et pas plus la réaction de son collègue ; Bobby est perplexe, ne sachant pas que conclure de cet aveu inattendu.

L'esprit d'une ancienne infirmière, vêtue comme l'étaient les infirmières il y a cent ans, fait son apparition dans la salle d'attente. Elle s'arrête devant Jim, qui la suit du regard. L'infirmière dit : « Bonjour, Monsieur. Je me permet de m'adresser à vous, car voilà des années que je passe ici et tout le monde m'ignore. » Elle s'approche de Bobby, qui ne la voit pas, puis elle revient à Jim. Elle lui dit : « Monsieur, pouvez-vous m'aider à trouver mes clés ? L'hôpital a tellement changé d'aspect que je suis perdue. »

Jim regarde rapidement autour de lui, et ne voyant personne, lui chuchote : « Bien sûr, Madame, ce serait un plaisir pour moi de vous aider. Seulement, dites-moi où vous étiez lorsque vous avez perdu vos clés ? »

L'esprit infirmière : — Je pense que j'étais dans la salle de réunion du personnel.

— Où se trouve cette salle ?

— À vous de chercher, vous semblez mieux connaître l'hôpital que moi.

Puis elle disparaît de sa vue. Jim demeure perplexe. Bobby, qui regarde la scène avec scepticisme, puisqu'il voit son collègue parler avec personne, ne sait pas que penser : est-il fou ou non ? Il lui demande : « On dirait que tu cherches quelque chose, est-ce que tu crois vraiment que tu peux faire quelque chose ? »

— Oui.

Jim regarde dans la pièce quelque chose qui pourrait lui servir d'indice. Il trouve dans un coin de la salle d'attente une petite table à l'ancienne. D'un bond, il se lève de sa chaise, s'approche de la petite table, puis la touche de la main droite. Il est transporté dans une vision. Tout à coup, l'hôpital devient sous ses yeux ce qu'il a été cent ans plus tôt. Il se trouve dans la salle d'attente, où des patients étaient assis. Il se promène et dépasse la salle d'attente, se rend dans un couloir dont de chaque côté se trouvait les chambres des malades. Puis il monte un escalier, qui l'amène dans une salle « Réservée au personnel », longe le couloir et au bout de celui-ci se trouve une salle mystérieuse. Une infirmière lui dit que c'est le début de l'aile psychiatrique de l'hôpital. Il revient dans la salle d'attente. Fin de la vision. Il est confus. Bobby le regarde et semble plus confus que Jim, mais il demeure coi.

Une fois ses heures de travail terminées, Jim revient chez lui. Il salue sa femme, qui l'embrasse sur les lèvres. Il lui raconte sa mésaventure au travail. Après leur souper, Jim demande à sa femme si elle s'est occupée de chercher les lois afin de savoir les droits de Madame Strumpf. Mélinda répond affirmativement et qu'elle a même informé la dame. Ainsi, cette dernière n'aurait qu'à faire la suite des démarches, c'est-à-dire de contester devant le notaire le testament de Michael Strumpf et de demander une répartition équitable entre elle et sa fille, héritage dont cette dernière ne jouira qu'à sa majorité ou lorsqu'elle ne vivra pas avec sa mère. Satisfait de sa réponse, Jim embrasse sa femme et cherche sur son ordinateur le passé de l'hôpital Mercy. Il apprend ainsi qu'auparavant, il avait une aile psychiatrique, dans laquelle des patients diagnostiqués comme névrosés et fous étaient admis. Dans cette aile, seuls les psychiatres y entraient ; les visites étaient interdites. Les traitements étaient la camisole de force, les électrochocs, les drogues et les médicaments. Jim continue sa recherche afin de trouver un ancien plan de l'hôpital. Il résume ces informations à sa femme, qui le regarde avec des grands yeux. En poursuivant ses recherches, il découvre que cette aile est devenue l'aile de radiographie. En comparant avec le plan actuel, il conclue que la salle de réunion du personnel est l'ensemble des bureaux des médecins affiliés à l'hôpital.

Le soir, le couple s'endort, Mélinda enlacée dans les bras de son mari. Elle rêve que Jim est menacé par Romano et sa cohorte d'Ombres et qu'elle l'aide à se défendre de leurs attaques. Son mari, lui, eut un cauchemar : il se trouve en esprit dans l'aile psychiatrique de l'hôpital Mercy, dans une camisole de force, amené par un docteur qu'il ne pouvait pas identifier. En traversant le corridor, il sait qu'il est conduit dans la salle pour subir une thérapie par électrochocs. Il se débat, mais un autre docteur arrive pour le maîtriser. Il est installé sur le lit, les pieds attachés. Ensuite, les électrodes sont branchées sur sa tête. Comme un des docteurs voulait lui mettre un chiffon dans la bouche, Jim lui mord les doigts. Le docteur écarte sa main et dit à l'autre de l'aider. Le docteur tient solidement la mâchoire de Jim afin de l'empêcher de mordre, puis relâche sa pression après y avoir insérer un chiffon. Ne pouvant plus agir, vaincu, il attend avec angoisse les chocs électriques, mais ils n'arrivent pas. Il voit que les docteurs ont quitté la salle et reviennent après un certain temps, accompagnés d'un homme en noir. Ils chuchotent entre eux, puis les docteurs quittent la salle. L'homme en noir rit diaboliquement et lui dit : « Patient numéro 119, je vous souhaite un bon voyage entre les ondes électriques. » Puis il appuie sur le bouton pour lâcher l'électricité, mais après trois chocs, de plus en plus forts, Jim ne ressent plus rien et se détache de son corps. Tout à coup, il voit Mélinda en infirmière — comme celle qui cherche ses clés, qu'il a vu au cours de la journée — faire irruption dans la salle, armée d'une barre de fer. Avec cette arme, elle frappe l'homme en noir, l'assommant complètement. Jim revient dans son corps et Mélinda le délivre, puis les deux filent à l'extérieur de la salle. Fin du rêve.

Le lendemain, Mélinda et Jim se racontent leur rêve respectifs. Il commente : « Il me semble que le rêve se rapporte à l'infirmière que j'ai vu hier, je veux dire celle qui cherche ses clés. Cette infirmière était apparemment amoureuse d'un patient dans l'aile psychiatrique, le patient 119. Je ferais une recherche dans les archives pour mieux comprendre cette histoire. Au cas où ceci éclairera l'endroit où elle aurait pu égarée ses clés. »

Mélinda lui dit : « Sois prudent, Jim. »

— Oui, promis !

— Je vais faire un tour dans ma boutique d'antiquités. S'il y a de quoi, appelles-moi.

— Oui, Mél.

Il embrasse sa femme sur les lèvres et chacun part dans sa direction ; Mélinda vers sa boutique d'antiquités, Jim à l'hôpital Mercy, pour consulter à nouveau les archives. Chemin faisant, Michael Strumpf apparaît dans la voiture de Jim, alors qu'il attend le feu vert. Jim soupire. L'esprit dit : « Simplement pour vous remercier de ce que votre femme a fait pour la mienne. Et pour… » Et voilà Jim plongé dans une vision ! Il se trouve dans le bureau de travail de Michael Strumpf, où Madeleine entre et lui annonce qu'elle est enceinte. Ébahi, il exige d'elle un test de paternité. Elle lui dit qu'elle est certaine qu'il en est le père de l'enfant. Il s'assure lui-même de faire le test de paternité une fois le bébé né. Et le test révèle qu'il est bel et bien le père de l'enfant. Comme sa femme a vu les papiers des résultats du test de paternité, elle comprit toute suite la chose et demande le divorce. Fin de la vision par les coups de klaxon des automobilistes qui sont après le véhicule de Jim. Il s'excuse et poursuit sa route jusqu'à l'hôpital. Il se rend directement aux archives. Michael Strumpf apparaît devant lui et dit : « Vous cherchez les dossiers des internés ? C'est la troisième rangée au fond. » Jim s'y rend, un peu méfiant. Une fois rendu dans cette rangée, il voit effectivement que l'esprit ne ment pas. Mais Michael Strumpf lui dit : « Monsieur Clancy, si vous pensez savoir qui est le mystérieux patient 119, sachez que vous n'en sortirez pas indemne. »

Jim, entre les dents : — C'est ce qu'on verra !

Le mari de Mélinda cherche le dossier qui l'intéresse. Tout à coup, la porte des archives s'ouvrent; un docteur vient d'entrer. Jim regarde en vitesse vers sa direction et comprend qu'une Ombre diaphane le possède. Michael Strumpf dit : « Désolé, Monsieur, mais vous aurez à vous expliquer auprès de lui. » Il pousse un ensemble de dossiers derrière l'étagère près de l'endroit où se trouve Jim; avec le silence de la salle, le bruit est terrible.

Le docteur, alerté par le bruit, dit : — Qui est là ?

Jim : — Un ambulancier qui regarde un dossier dans les archives.

Puis, il se dirige vers le docteur, le docteur vers lui; les deux hommes se rencontrent à mi-chemin entre les dernières rangées des archives et la porte d'entrée. Le docteur s'exclame : « Jim Clancy ! Quel dossier cherchez-vous ? »

— Ce n'est d'aucune importance.

— Si vous cherchez des dossiers récents, ils sont dans les deux premières rangées à votre droite.

— Ah ! Je me suis un peu perdu dans les archives. Elles contiennent beaucoup de documents !

L'ambulancier sourit au docteur, qui le regarde par-dessus ses lunettes. Le docteur lui tourne le dos et se dirige vers la rangée de gauche pour ranger un dossier d'un patient. Jim le suit et fait semblant de chercher parmi les dossiers de la rangée de droite. Le docteur sort de la salle des archives. Jim se dirige rapidement vers la rangée qui l'intéresse. Michael Strumpf apparaît devant lui, peu avant la troisième rangée du fond. L'ambulancier passe à travers lui, indifférent à la sensation de froid. Une fois qu'il a repéré le dossier « Numéro 119 », il voit Romano apparaître à sa gauche et lui murmurer à l'oreille : « Monsieur Jim Clancy, votre naïveté me fait rire ! Sachez que vous pouvez très bien être prisonnier dans les archives. N'oubliez ce qui est arrivé à Mélinda dans les archives de la ville. » Puis il passe à travers l'ambulancier, lui coupant le souffle. Heureusement, il ne tient pas le dossier. Se relevant, Jim maudit l'esprit malveillant, qui lui dit en guise d'adieu : « À ce soir ! » Puis il disparaît. Jim s'empare du dossier puis sort des archives. Il revient chez lui et lit le dossier du patient numéro 119.

Mélinda, dans sa boutique d'antiquités, au Same As It Never Was.

Elle est derrière le comptoir. Quelques clients ont acheté certains objets. Madame Strumpf entre et la salue. Mélinda la salue et demande le motif de sa visite.

Madame Strumpf répond : — Simplement pour vous remercier de ce que vous m'avez informé sur mes droits.

— De rien, Madame Strumpf.

— J'ai demandé au notaire mon droit à l'héritage. Il a accepté ma requête et me répondra dans une semaine. Et concernant mon mari, est-il encore là ?

— Madame Strumpf, à vrai dire, depuis ces derniers jours, c'est mon mari, Jim, qui a consulté son dossier et qui est sujet de visions de sa part. Ainsi, nous avons appris que, dans sa jeunesse, il avait été pendant deux ans un patient de l'Asile de Grandview, sur le conseil de sa mère, après sa première rupture amoureuse. Il a connu les thérapies par électrochocs, sous la supervision du Dr. Calvin Byrd. Votre mari a pris soin de vous cacher ce sombre passé. Mais même après sa mort, il semble être retenu par un esprit malveillant qui joue sur la culpabilité des autres. Il nous manque seulement à régler ce point, afin de pouvoir aider votre mari à être dans la Lumière, mais Jim et moi, nous devons être vigilants, car le monde des esprits est plus compliqué que ce qu'il paraît à première vue. Et voici, en parlant du loup, le loup à la porte; votre mari est à votre droite.

En effet, Michael Strumpf vient d'apparaître à la droite de son épouse (après avoir accompagné Jim dans la salle des archives). Il dit à Mélinda : — Comment vous osez divulguer un secret médical qui ne concerne pas mon épouse ?

Mélinda dit : — Et votre mari est indigné du fait que je révèle son antécédent psychiatrique. À ça, je vous répond, Monsieur Strumpf, que mon mari et moi avons promis à votre épouse de l'informer de ce que vous nous communiquez. Point c'est tout !

Madame Strumpf demande : — Mais, pourquoi mon mari ne voulait pas me le dire ? Ceci explique certains troubles de la mémoire et la perte de concentration dont Michael souffrait.

Michael Strumpf : — Mélinda Gordon, vous oubliez un détail : votre mari aura un prix à payer pour vouloir me délivrer de l'homme en noir. On dit bien que la curiosité à tuer le chat.

L'esprit disparaît. Mélinda rapporte le danger dans lequel elle et son mari se trouvent. Madame Stumpf, inquiète, espère que tout ira bien. Les deux femmes se serrent la main, puis Madame Strumpf sort de la boutique pour revenir chez elle.

Mélinda, de retour chez elle, voit Jim à table, lisant les documents d'un dossier médical. Elle le salue et il l'embrasse. Il semble atterré et à moitié évanoui sur une chaise.

Elle dit : — Jim, tu es sûr que tout va bien ?

— Oui. Je suis perplexe.

Elle lui jette un regard interrogateur.

Il répond, entre les dents : — J'ai compris que le patient numéro 119 était l'une de mes incarnations passées. Ceci explique l'intensité des visions.

Mélinda s'assied en face de son mari et lui demande : — Je te crois. Quelles autres informations as-tu trouvé ?

— Entre ma lecture du dossier médical et des visions-souvenirs que j'ai eu en le lisant, je peux te dire toute son histoire et en déduire le reste. Dans cette vie, j'ai été amené de force dans l'aile psychiatrique de l'hôpital Mercy par mes parents. Le nom qui se cache derrière le numéro 119 est « Jim Berada ». Ses parents l'ont amené alors qu'il avait 17 ans, en 1917, en raison, officiellement, de démence, mais en réalité, c'est parce que je commençais à voir quelque chose — j'étais un peu voyant — et j'en parlais naïvement à mes parents. Ainsi, je leur parlais trois fois de certaines choses, et à la quatrième fois, ils m'ont amené de force après m'avoir fait avalé un mélange de calmants. À moitié assommé par les médicaments, ils m'ont amené en psychiatrie, où j'y suis resté sept ans, car je servais de cobaye aux docteurs. J'ai connu « différentes cures » administrées par le Docteur John Bird : plusieurs doses de chloropromazine (un médicament antipsychotique), de divers neuroleptiques, voire même la lobotomie et la thérapie par électrochocs. J'ai connu deux séances de thérapie par électrochocs, mais à la troisième séance, le directeur de l'aile psychiatrique — un homme en noir — un dénommé Dr. Samuel Douglas (dont l'âme est aussi obscure que Romano), est venu et a administré lui-même les chocs électriques, qui allaient de plus en plus forts. C'était tellement insupportable que j'étais sorti de mon corps. Mais l'infirmière qui veut chercher ses clés m'a délivré de cette torture — Mél, ne sois pas jalouse — en le frappant avec une barre de fer. Nous nous sommes enfuis de l'hôpital. Comme les docteurs n'ont pu nous retrouvé — car cette infirmière connaissait bien les chambres, nous permettant de se cacher lorsqu'ils circulaient dans le corridor — officiellement, dans les dossiers, il est écrit « patient perdu depuis mai 1924 ». En raison de tous ces traitements, les effets secondaires étaient terribles : mydriase, tremblements, troubles cognitifs, changements de comportement, apathie, en bref, une plante. Je n'étais plus que mon ombre. J'ai compris que cette infirmière m'a aperçu seulement cinq ans après mon arrivée à l'hôpital. Elle a perdu ses clés, car elle courrait pour me sauver de la thérapie par électrochocs, en prétextant qu'elle devait s'occuper d'un patient; elle m'expliqua plus tard qu'elle a entendu les docteurs parler entre eux et qu'ils compter bien en terminer avec moi. Mais heureusement, je suis endurant et cette demoiselle m'a sauvé d'une mort certaine, car elle avait pitié de mon état. J'ai vécu vingt après les traitements, revenant dans la société sous un pseudonyme (Carl Rauschenbach, car je savais l'allemand) afin de ne pas être rattrapé par les docteurs. Et Mél, ne t'inquiètes pas, tu restes mon seul amour, car nous nous sommes rencontrés dans cette vie passée et nous nous retrouvons encore maintenant et je l'espère par la suite.

Mélinda et Jim demeurent silencieux. Ils ont compris tout le sérieux de la situation. Mélinda fait une recherche rapide sur son ordinateur au sujet de Carl Rauschenbach. Elle trouve un dossier d'archive généalogique dans lequel il est question d'un mariage avec Mademoiselle Katharina Reich le 24 juillet 1927 à l'église protestante du Minnesota. Elle trouve aussi un avis de décès indiquant qu'il est mort d'une crise cardiaque le 25 juillet 1944. Mélinda cherche de même sur Katharina Rauschenbach (puisqu'elle prit le « nom de famille » de son mari) et découvre qu'elle a décédée le 30 janvier 1989 dans leur maison familiale au Minnesota. Elle rapporte les informations à son mari, qui l'écoute en silence.

Mélinda s'occupe ensuite du souper. Après avoir fait la vaisselle, Michael Strumpf apparaît. Le couple regarde l'esprit, qui se déplace d'un bout à l'autre de la cuisine. Il dit : — Je vous le dit, soyez vigilant, Jim, car maintenant, vous en savez trop ! Et n'oubliez pas que, si je pars dans la lumière, vous êtes en danger !

Mélinda demande : — En quel sens ?

Michael Strumpf : — Je ne le sais pas, mais Dr. Samuel Douglas, Dr. John Bird, Dr. Calvin Byrd, l'homme en noir et votre mari le savent. Sachez que votre mari est trop dangereux pour nous.

Après ces paroles, il disparaît.

Mélinda tourne le regard vers son mari, qui demeure silencieux. Il se lève, allume une bougie qu'il place sur la table de la cuisine entre eux et fume une cigarette. Il semble tendu.

Après un moment de silence, il répond, en chuchotant entre les dents : — Dans cette vie passée, j'ai compris trop de choses, mais je dois m'en souvenir. Le problème, c'est que j'ai l'impression d'être en course contre la montre pour retrouver ce savoir perdu.

Il serre la main droite de sa femme, l'embrasse tendrement.

Après une courte pause, Jim dit : — Mélinda, si nous nous rendons demain à l'École pré-maternelle et maternelle de Grandview afin de comprendre ce qui est arrivé à Michael Strumpf et régler son cas définitivement ?

— Mais, je ne veux pas te perdre !

Il enlace sa femme et lui réplique : — Ne t'inquiètes pas ! Tu sais que c'est un bluff.

Rassurée, Mélinda embrasse son mari; il l'embrasse en retour.

Le soir, le couple dort, Jim enlaçant Mélinda. Cette dernière a une nuit calme, avec de beaux rêves. Son mari, lui, reçoit la visite de Romano. Il revit dans un cauchemar cette vie passée, mais vue de l'extérieur. Jim comprend qu'un ensemble de mauvais esprits se sont ligués contre lui pour l'affaiblir psychiquement et physiquement. Il ne fait qu'observer ce qui se passe, ne pouvant agir. Jim se réveille en sueur.

Le lendemain, après le petit-déjeuner, Mélinda et Jim se racontent leur rêve respectif. Elle le console, puis ils décident de se rendre à l'École pré-maternelle et maternelle de Grandview, comme convenu la veille. Jim retrouve l'adresse dans ses notes lors de leur visite au professeur Eli James. Elle conduit la voiture. Michael Strumpf apparaît sur le siège arrière. Il regarde le couple et dit : — Soyez prudents ! Car vous ferez des découvertes inattendues. Puis il disparaît pour réapparaître entre le couple. Il dit : — À votre place, je ferais demi-tour et retournerais à mon travail. Il y a beaucoup d'esprits des anciens patients qui hantent le lieu, en plus des psychiatres.

Jim lui réplique : — Monsieur Strumpf, ne vous inquiétez pas pour nous, nous savons très bien ce que nous faisons.

L'esprit dit : — Pourtant, vous ne saviez pas tout, mais eux, le savent.

— N'essayez pas de m'effrayer comme un petit enfant !

L'esprit lui sourit malicieusement et passe à travers lui, lui coupant le souffle. Il revient sur le siège arrière et observe en silence le couple. Tout à coup, des conducteurs possédés par des ombres tentent plusieurs fois d'entre en collision avec le véhicule du couple de chuchoteurs d'esprits errants. Jim avertit sa femme et lui propose qu'au prochain feu rouge, il conduit la voiture. Elle accepte. Lorsque Jim conduit, Mélinda voit, au milieu du danger — alors qu'ils sont entourés d'ombres qui cherchent à les heurter — que l'âme de son mari sort de son corps et se tient à côté, tandis qu'une bonne âme prend possession du corps afin d'éviter les divers dangers. Jim et Mélinda se rendent (après de nombreux détours et une drôle de conduite, tantôt en ralentissant, tantôt en accélérant) devant l'École pré-maternelle et maternelle de Grandview. Ils entrent par l'entrée principale, saluent le réceptionniste à l'accueil. Celui-ci leur demande la raison de leur visite. Jim lui répond qu'ils veulent visiter l'école pour savoir si sa femme et lui inscriront leur futur enfant dans cette école maternelle. Le réceptionniste appelle le directeur, qui accepte de leur faire une visite guidée. En parcourant les différents corridors, le couple voit différents esprits errants, manifestement des patients de l'ancien asile psychiatrique qui les regardent passer. Un homme dans une camisole de force dit : « Pouvez-vous nous aider ? » Jim lui fait un discret signe négatif de la main. À mesure qu'ils avancent dans les corridors, en faisant des efforts pour se concentrer sur les propos du directeur, Jim trouve l'air de plus en plus oppressant, lui rappelant son arrivée dans l'hôpital psychiatrique dans sa vie passée. Il dit au directeur : « Merci, Monsieur le directeur pour cette visite, mais pouvons-nous discuter à votre bureau ? »

Le directeur réplique : « Monsieur Clancy, il vous reste encore quelques pièces à visiter. Mais, si vous le voulez, nous pouvons aller à mon bureau. »

Mélinda ajoute : « Je partage l'avis de mon mari. »

Le directeur les regarde par-dessus ses lunettes, hésitant pour la direction à prendre. Une ombre noire se tient près de lui et lui murmure des choses à l'oreille gauche. Jim bâille de mécontentement, faisant fuir l'ombre. À ce moment, Romano apparaît devant lui et possède le directeur, qui, aussitôt poursuit la visite. Jim est plongé dans une vision. À moitié drogué par des médicaments, il est amené par trois docteurs. Tout tourne autour de lui, sa vision est troublée. Il ne parvient pas à reconnaître où il se trouve, ayant l'impression que le corridor est d'une longueur indéfinie. Il ressent toute la lourdeur de son corps, la lourdeur de l'air, accentué par l'oppressante odeur des produits aseptiques caractéristique des hôpitaux. Heureusement, Mélinda le soutient, plus qu'elle lui serre la main. Elle avait un œil sur le directeur et pense : « Mauvais esprit, vas-t-en de ce corps et que le Diable t'emporte ! » Romano s'agite dans le directeur, faisant en sorte que celui-ci se retourne vers le couple, et remarquant que Jim n'est pas là, il dit à Mélinda : « Je comprends. Votre mari a bu un verre de trop. Dans ce cas, allons à mon bureau. » Mélinda répond affirmativement, simplement pour jouer son jeu. Le mauvais esprit sort du corps du directeur, mais se tient à sa gauche pour lui murmurer à l'oreille gauche. Le trio, une fois rendu au bureau, Jim, tout aussi confus, car la vision se poursuit. Il est amené chez le directeur de l'aile psychiatrique de l'hôpital Mercy. Il est mal en point, peinant à marcher. Il voit le mystérieux Docteur Samuel Douglas. Il est un homme vers la cinquantaine, vêtu de noir (sauf la chemise blanche), qui affichait une mine sérieuse. Il est assis sur une chaise en face du Docteur Douglas, qui le fixait attentivement. Il l'hypnotisa ainsi du regard et une conversation s'ensuit, dont il ne se rappelle de rien, mais il en garde une mauvaise impression. Fin de la vision. Il serre la main de Mélinda à sa gauche. Le directeur de l'école est face à eux et les observe attentivement. Jim est sur ses gardes, mais est encore confus de ses visions. Mélinda s'adresse au directeur : — Monsieur le directeur, pouvons-nous vous poser une question concernant votre établissement ?

— Oui, bien sûr. Il me serait un plaisir de répondre.

— J'ai entendu qu'avant d'être l'école que nous connaissons, cette bâtisse a été auparavant un asile, à savoir l'Asile de Grandview. Que savez-vous à ce sujet ?

— Je ne le sais pas.

Jim, l'interrompant : — Vous mentez !

Le directeur et Mélinda, étonnés, tournent le regard vers Jim. À côté de lui se tient un esprit d'un patient de l'asile psychiatrique qui lui chuchote à l'oreille droite que le directeur en sait long sur le passé de l'école. Et Jim n'a fait que répéter ce que l'esprit lui a dit. Néanmoins, il bredouille une excuse pour son interruption. Mélinda s'adresse au directeur : — Monsieur le directeur, veuillez bien excuser mon mari. La prochaine fois, je surveillerais ses consommations d'alcool. Mais, pour revenir à ma question, êtes-vous sûr que vous n'avez rien entendu au sujet du passé de l'école ?

Le directeur demeure silencieux et scrute attentivement le couple. Jim, bien que revenu de sa vision, joue un peu l'abasourdi et évite son regard. Mélinda regarde vaguement dans la direction du directeur, attendant une réponse.

Après quelques minutes de silence, il dit lentement : — J'en ai vaguement entendu parlé, mais je ne suis pas un historien. Et, d'ailleurs quelle importance ?

L'esprit du patient de l'ancien asile possède temporairement le directeur de l'école pour le faire parler. Il dit : — Pour vous dire que l'école a été construite sur l'Asile de Grandview. Seulement, les chambres ont été changées en salles de classe et des pupitres et tableaux ont été ajoutés. Il y a eu quelques réparations mineures, mais son aspect est presque intact. Les lits et les instruments qui appartenaient à l'asile se retrouvent au sous-sol, mais l'accès y est formellement interdit aux enfants et aux enseignantes. Aussi, plusieurs enfants affirment avoir vu des esprits des anciens patients qui sont morts dans cet asile. Soyez prudents, car plusieurs esprits sont dangereux, surtout quand ceux des docteurs et du directeur font leur tournée journalière !

Puis l'esprit sort du corps du directeur. Jim regarde autour d'eux. Il voit apparaître le Docteur Byrd, qui lui sourit ironiquement. À ses côtés se trouve l'esprit d'un autre docteur, plus jeune, sans lunettes et vêtu en beige. Ils regardent les trois êtres humains vivants. Jim et Mélinda les ignorent. Le directeur dit : — Pourquoi vous vous intéressez tant au passé de notre établissement ?

Le couple s'entr'observe. Et Jim répond : — Ma femme tient une boutique d'antiquités dans notre ville, et donc, forcément, nous nous intéressons à ce qui est « vieux » et à ce qui appartient au passé.

— Je comprends.

Après une courte pause, pause pendant laquelle les deux esprits des docteurs en profitent pour posséder le directeur à tour de rôle, faisant en sorte qu'ils lui soufflent des pensées, le directeur dit : — Eh bien. Si vous vous intéressés tant au matériel de l'ancien asile, accepteriez vous de faire une tournée dans le sous-sol de notre établissement ?

Romano apparaît à sa gauche, Dr. Calvin Byrd à sa droite, le jeune docteur possède le directeur. Tous fixent Jim et Mélinda et attendent leur réponse.

Jim, regarde sa montre et dit : — Désolé, monsieur le directeur, mais pas maintenant. Nous devons aller au travail. Mais une fois, nous viendrons, c'est sûr. Il serait plus simple si vous pouvez nous donner les clés de cet endroit, n'est-ce pas ?

Le directeur hésite à répondre. Les esprits essayent d'exercer leur influence sur le directeur, tandis que Jim et Mélinda en pensée, leur disent de ne point les déranger. Finalement vaincus, les trois esprits disparaissent de leur vue et le directeur accepte de leur remettre un double des clés du sous-sol. Jim s'empare des clés, les met dans sa poche, puis remercie le directeur. Ils se serrent la main et le couple reviennent jusqu'à l'entrée principale, sans manquer de chuchoter quelques mots rassurants aux pauvres esprits des patients de l'asile qui heurtent dans les corridors. Certains sont ainsi partis dans la lumière, joyeux. Une fois dans leur voiture, Jim et Mélinda voient que Romano, le docteur Byrd et le jeune docteur sont sur les sièges arrières. Michael Strumpf apparaît entre le couple. Jim allume une cigarette, car il trouve que l'atmosphère est oppressante, faisant fuir les esprits. Il démarre enfin la voiture. Tout au long du trajet, il fume cigarette après cigarette. Ainsi, ils reviennent sans encombre chez eux.

Une fois de retour chez eux, Mélinda demande : — Jim, il me semble que tu as eu une vision lorsque nous avons visité les salles de l'école, n'est-ce pas ?

— Exactement. Heureusement, tu as bien caché la chose. Tu es géniale !

Il embrasse son épouse sur les lèvres puis lui rapporte les visions qu'il a eu. Son commentaire est : — J'ai compris que les docteurs, dans ma vie passée, m'ont présenté au Dr. Douglas. Il me semble que…

Jim est interrompu par l'apparition de Michael Strumpf. L'esprit complète sa phrase : —Que vous n'auriez pas une nuit tranquille, une fois que les docteurs vous ont repérés. Là, vous comprenez que je ne plaisantais pas quand je disais que lorsque, vous creusez plus cette histoire souterraine en psychiatrie, vous vous exposez à un grave danger qui menace votre âme.

Mélinda réplique : — Monsieur Strumpf, mêlez-vous de vos affaires et partez enfin dans la Lumière ! Qu'est-ce qui vous retient encore sur terre ?

— J'ai tout dis !

L'esprit disparaît.

Jim dit à voix basse : — C'est ce que je voulais dire. Mais Mél, rassures-toi. Ils ne peuvent rien nous faire, en tout cas pas comme nous.

Mélinda, d'une voix douce : — Tu as raison.

Ils s'embrassent. Ils préparent leur repas du midi lorsque la faim se fait sentir. Après la vaisselle, Michael Strumpf, le Docteur Calvin Byrd et Romano apparaissent devant Jim. Ils sont dans le salon. Mélinda serre la main de son mari. Michael Strumpf dit : « Monsieur Clancy, les jeux sont faits. Je vous ai tout dit. Si vous ne parvenez pas par vous-mêmes, vous termineriez comme dans votre vie passée. »

Jim lui réplique : — Je n'en suis pas si sûr.

Romano : — C'est ce qu'on verra !

Puis, Romano fonce dans Jim, qui tombe à la renverse sous l'effet du choc. Le Docteur Byrd et Monsieur Strumpf s'avancent vers lui. Mélinda allume une bougie qu'elle dépose sur la table du salon, puis une deuxième puis une troisième. Les esprits s'enfuient, aspirés par le souterrain. Mélinda se tourne vers Jim, étendu sur le canapé. Par son regard, elle comprend qu'il n'est pas là. Elle serre doucement sa main. Elle pense « Il est peut-être dans une vision. » En effet, Jim est dans une vision. Il est jeté sur un lit d'hôpital, immobilisé par les trois docteurs qui l'ont traîné de force jusque dans une chambre. Ils le revêtent d'une camisole de force et l'attachent au lit. Il essaye de se débattre, mais en vain. Vaincu, il ferme les yeux et attend la suite. Il entend les trois docteurs chuchoter entre eux. Ils installent les connecteurs sur sa tête. Tout à coup, des courants électriques sont relâchés. Il les ressent tellement que son corps en tremble. Fin de la vision. Jim, confus de sa vision, regarde Mélinda, sans comprendre où il est. Elle lui serre doucement la main et murmure : « Jim, c'est moi. Ça va, ne t'inquiètes pas. Tu sais que je te ne laisserais pas seul avec tes visions. » Ainsi encouragé par sa femme, il se lève et lui rapporte sa vision. Le couple demeure silencieux, assis sur le canapé, se serrant les mains pour se rassurer. Après quelques minutes de silence, Jim, pensif, murmure : « Mélinda, je suis vraiment désolé des ennuis que je te cause, je ne veux pas être un fardeau. Parfois, je me demande pourquoi j'ai à savoir un don que j'avais dans ma vie passée. »

Elle lui réplique : — Tu sais que tout à une raison. Et tu sais que je n'abandonnerais jamais !

— Je le sais.

Il embrasse sa femme sur les lèvres. Elle lui demande : — Est-ce tu travailles, cet après-midi ?

— Non.

— Dans ce cas, veux-tu venir avec moi dans ma boutique d'antiquités ?

— Oui, avec plaisir !

Mélinda et Jim se rendent alors au Same As It Never Was. Ils sont derrière le comptoir en attendant que des clients entrent dans la boutique. Romano et Michael Strumpf apparaissent devant eux, de l'autre côté du comptoir. Jim est nerveux en leur présence, mais il fait mine de rien. Michael Strumpf dit : — Votre stoïcisme est touchant !

Mélinda lui coupe la parole : — Quelle es la raison de votre visite ?

Romano répond : — Vous le saviez très bien.

L'esprit malveillant fixe Jim dans les yeux, qui détourne son regard de l'esprit, préférant regarder sa femme. Mélinda promène son regard de Jim aux esprits et des esprits à Jim.

Michael Strumpf dit : — Jim, vous saviez qu'il vous reste peu de temps.

Romano complète la phrase : — Avant de devenir fou.

Les deux esprits éclatent d'un rire diabolique et sont à côté de Jim, Romano à sa gauche, Michael Strumpf à sa droite. Jim ne sourcille même pas. Il passe à travers Monsieur Strumpf pour serrer la main de Mélinda, qui observe du coin de l'œil les esprits. Jim réplique aux esprits : — On verra bien qui rira le dernier !

Romano, avec un sourire sarcastique : — Vous avez vraiment de l'audace ! C'est incroyable ! Michael, vous l'entendez ? Il prétend nous tenir tête simplement parce qu'il nous voit. Pourtant, il ne connaît rien du fonctionnement du monde des esprits et c'est ça qui lui a coûté la raison !

Jim ne peut pas s'empêcher de tressaillir à l'évocation de sa vie passée.

L'esprit malveillant poursuit son discours, en s'adressant au mari de Mélinda : — Et bien, vous saviez le prix pour votre curiosité est proportionnel à celle-ci. À votre place, mêlez-vous de vos oignons au lieu de mes affaires, sinon…

Puis il pose sa main droite sur l'épaule gauche de l'ambulancier, ce qui raviva sa douleur. Il est plongé dans une vision. Immobilisé dans un lit, avec la même douleur à l'épaule, en plus d'être extrêmement confus en raison d'une dose de neuroleptiques. Le Docteur John Bird est penché au-dessus de lui. Voyant qu'il ne répond pas, il lui tâte le pouls. Le Docteur Bird lui injecte une substance par une aiguille avec laquelle il lui pique l'épaule gauche. Après quelques minutes, il s'endort complètement. Fin de la vision. Étonné de se retrouver à moitié évanoui sur le comptoir et Mélinda qui le soutient, Jim se lève et bredouille une excuse.

Romano réapparaît devant lui et murmure : « Maintenant, à vous de choisir ! »

Michael Strumpf se tient silencieux. Tout à coup, les deux esprits disparaissent. Jim dit à sa femme : — Je me cacherai à l'arrière de ta boutique et je reviens. Il faut que je me repose un peu.

Mélinda l'accompagne, puis il s'allonge entre deux chaises après l'avoir embrassé sur les lèvres. Elle revient au comptoir. Un homme d'âge mûr entre dans sa boutique. Elle le salue. Il demande si elle n'a pas des instruments qui appartenaient à un ancien asile. Elle regarde rapidement et répond négativement. Le client vient près du comptoir, possédé par un esprit que Mélinda ne parvient point à identifier et dit : « Madame, ce n'est pas pour moi, c'est pour vous. Il s'agit d'un indice au sujet de Jim. Sachez que plusieurs suivent vos pas et certains n'apprécient pas votre travail, d'autres oui. » L'esprit sort du client : un flux de lumière l'accompagne et il disparaît. Le client, après avoir un peu tousser, s'excuse et sort de la boutique, laissant Mélinda perplexe. Voyant qu'aucun client n'est proche, elle compose le numéro de Délia pour la demander si elle pouvait être disponible maintenant pour s'occuper de sa boutique d'antiquités, car elle a quelque chose d'important à régler avec Jim. Délia accepte et arrive aussitôt. Une fois entrée dans la boutique, elle demande à Mélinda ce qui se passe. Elle lui répond que elle et son mari sont concernés et qu'ils doivent résoudre certaines choses avec leurs vies passées, sinon, son mari est gravement en danger. Puis, laissant Délia au comptoir, elle rejoint Jim à l'arrière de la boutique, mais elle est interceptée par l'âme de son mari, ce qui la fait sursauter. Il lui dit : — Mélinda, ne me dis pas que je te fais peur ! Je t'imaginais plus intrépide !

Mélinda lui réplique : — S'il te plaît, reviens dans ton corps puis on se parle. Tu sais très bien que ce n'est pas la même chose de parler à toi sans ton corps qu'avec.

Jim : — D'accord, je comprends !

Puis il revient dans son corps, qui est étendu sur le parquet. Il se réveille, se lève face à sa femme et dit : « J'ai compris ! On va MAINTENANT visiter le sous-sol de l'École pré-maternelle et maternelle de Grandview. »

Mélinda réplique : « Nous avons déjà visité l'école ce matin. Et il est 15h00. Bon d'accord, les enfants ont terminés avec leur journée et nous avons les clés et tu n'auras qu'à trouver un prétexte pour déjouer la sécurité. »

— Exactement.

Le couple s'embrasse. Mélinda et Jim sortent de la boutique en saluant Délia. Mélinda conduit la voiture. Entre-temps, Jim raconte à sa femme qu'il est au courant de ce qui lui est arrivé dans la boutique même s'il n'était pas physiquement présent. Elle apprend ainsi que son mari pouvait se séparer pour un court laps de temps de son corps — une sorte d'expérience de hors-corps (Out of Body) et qu'il est capable de comprendre « par télépathie » ce qui s'est passé dans la pièce voisine. Ils se rendent à l'École pré-maternelle et maternelle de Grandview. Le réceptionniste, étonné de les voir, les salue et demande le motif de leur visite. Jim invente la raison suivante : ils veulent remettre quelque chose au directeur de l'école pour le remercier de son temps qu'il leur a accordé ce matin lors de la visite. Le réceptionniste appelle le directeur, qui se présente après cinq minutes. Michael Strumpf et Docteur Byrd apparaissent derrière le réceptionniste. Le couple chuchoteurs d'esprits les ignorent. Le Docteur s'avance devant eux et les nargue : — Maintenant que vous avez compris presque toute l'histoire, vous faites semblants de ne point nous voir. C'est comme ça que vous nous aidez, nous, pauvres esprits. Et bien, j'ai une meilleure solution. Au lieu d'errer dans cet hôpital, il serait bien de vivre à nouveau dans un corps vacant.

D'autres esprits des anciens patients de l'asile apparaissent, remplissant la réception. Elles disent à l'unisson : « Monsieur le Docteur a raison ! »

L'un des esprits (un jeune homme dans une camisole de force délabrée) se sépare du groupe pour s'approcher du couple et leur dit : « Faites attention ! Le Docteur Byrd est puissant. Il faut mieux ne pas se mesurer à lui. »

Jim leur fait un signe de la main, faisant déguerpir les âmes, sauf le Docteur Byrd et Michael Strumpf, qui sont face au couple. Le directeur arrive à ce moment. Jim et Mélinda le saluent, mais continuent d'ignorer les âmes errantes, malgré qu'elles continuent à les narguer. Le trio (en plus des deux esprits) se rendent au bureau du directeur.

Jim, une fois assis sur une chaise face au directeur, dit : — Monsieur le Directeur, merci de votre patience et désolé de mon comportement de ce matin.

— Ce n'est rien, Monsieur Clancy. J'ai vu pire.

— En fait, nous, ma femme et moi, voulons visiter le sous-sol de votre établissement et vous ramener les clés que vous nous avez donné ce matin.

— D'accord. Donc, à tout à l'heure !

Puis le couple sort du bureau du directeur. Jim tient dans sa main droite les clés du sous-sol, de sa main gauche, il serre celle de Mélinda. Le couple se rend jusqu'à cet endroit. Chemin faisant, ils parviennent à convaincre des âmes des anciens patients de l'asile de partir dans la Lumière. Ces âmes sont contentes d'être délivrées de l'emprise du Docteur Byrd. Ce dernier, étant à côté de Jim, lui dit : — Faites attention à ce que vous dites, car m'arracher des patients m'enrage ! »

Michael Strumpf : — Monsieur le Docteur, il faudrait agir au lieu de parler.

— Monsieur, c'est à moi que vous obéissez ! C'est moi qui décide quoi faire.

— D'accord Monsieur le Docteur.

Jim ouvre la porte; elle grince avec un terrible bruit. Mélinda tressaille. Les deux vivants entrent lentement au sous-sol. Certains esprits errants sont là. Jim leur dit : « Qu'attendez-vous pour partir dans la Lumière, où il n'y a que joie ? »

Un esprit répond timidement : — La permission du Docteur Byrd. Il nous a dit que la Lumière est un mythe et qu'elle n'existe pas.

Mélinda ajoute : — Ne vous laissez pas abattre par vos défauts ! Seulement, pardonnez-vous vos erreurs et vous pourrez partir la paix dans l'âme. C'est dans la Lumière que vont les âmes après la fin d'une incarnation. Tel est le processus normal des choses.

Le Docteur Byrd l'interrompt : — N'écoutez pas ces charlatans ! Ils vous mentent ! Vous ne pouvez que revenir dans un autre corps et c'est tout ! Il est impossible de se faire pardonner sa folie, qu'il s'agit d'une psychose, d'un homicide ou d'un infanticide.

Les âmes, effrayées par les propos du Docteur, se déplacent dans le sous-sol, nerveuses.

Jim leur dit : « S'il vous plaît, écoutez ma femme. Elle sait de quoi elle parle. »

Certaines âmes, convaincues de leur sincérité, se sont pardonnées leurs fautes et sont parties dans la Lumière après avoir craché au visage du Docteur Byrd.

Michael Strumpf apparaît aux côtés du couple et leur dit : — Je vous recommande de ne pas fâcher encore plus le Docteur Byrd, car il connaît le Docteur John Bird, qui est son cousin de troisième degré.

Jim lui réplique : Laissez-nous en paix avec vos menaces ! Et bien, je règlerais au plus vite votre cas, puis ensuite je règlerais le mien !

Docteur Byrd rit puis lui dit : — Jim, vous me faites rire ! Qui vous prendrez au sérieux si vous tombez rapidement dans nos visions que nous vous transmettons ? On dirait un épileptique !

Jim grince furieusement des dents. Mélinda lui caresse le bras gauche.

Docteur Byrd continue son monologue : — J'espère que vous plaisantez quand vous pensez délivrer mes patients de mon emprise, surtout quand ils sont fous et ne savent pas quoi faire par eux-mêmes. N'oubliez pas, Jim, vous aussi, vous êtes sur la liste des patients de mon cousin John ! Alors, John, viens !

Jim lui réplique : Que le Diable vous emporte tous les deux !

Le Docteur Byrd, surpris de son audace, disparaît pour réapparaître quelques mètres plus loin. Mélinda et Jim regardent autour d'eux : les lits poussiéreux qui servaient aux patients de l'asile sont tous alignés en rang d'oignons. Dans un coin, les sismothères sont bien aussi bien alignés. Jim et Mélinda touchent le bord d'un lit que Michael Strumpf leur indique d'un signe de la tête. Ils sont immédiatement transportés dans une vision. Chacun d'eux se trouvent ligoté à un lit, à moitié assommé par une thérapie par électrochocs — le chiffon dans la bouche les empêche de crier. Le Docteur Calvin Byrd se penche au-dessus du visage du patient. Comme il n'y avait aucune réaction, il décide d'administrer un autre courant d'électricité. Après, il sort de la chambre. Fin de la vision. Mélinda et Jim se serrent mutuellement dans les bras, tremblants sous l'effet de la vision. Romano apparaît devant eux et leur dit : — Maintenant, le pas est décisif. Ou bien vous assouvissez votre curiosité et vous ne sortez pas vivants d'ici, ou bien vous revenez sur vos pas et vous êtes saufs.

Jim lui réplique : — Et ces pauvres âmes de cet ancien asile, vont-elles partir à la Lumière ?

— Il n'est pas question d'elles, mais de vous, Jim.

Il se rapproche du mari de Mélinda, qui hésite. Mélinda lui serre la main et cherche à l'entraîner pour continuer leur visite du lieu sinistre. Jim suit sa femme. Ils poursuivent leur visite. Romano les nargue : « Vous pensez m'échapper ? Cette fois, non ! » Et il fonce sur le dos de Jim, le faisant tomber devant et lui coupant le souffle lorsque l'esprit passe à travers lui. Mélinda soutient entre ses bras son mari. Ce dernier la supplie par gestes de l'allonger sur un lit, ce qu'elle fait. À peine allongé, Jim sort de son corps. Romano se tient à côté de lui, amusé. Et l'esprit de Jim lui dit : — Pour en finir maintenant, je vous propose un duel dont le vainqueur est celui qui, sans aucune aide, parvient à mettre en fuite son adversaire.

— Intéressant… Qu'est-ce que vous êtes irréfléchis ! Mais, j'accepte votre offre.

Mélinda, impuissante, regarde le duel entre les deux esprits, assise sur le lit à côté du corps de son mari. Les esprits des patients de l'asile, le Docteur Calvin Byrd et Michael Strumpf regardent l'affrontement d'un air intéressé.

Les deux adversaires sont face à face. Jim se concentre quelques secondes, le temps de récupérer sa force puis observe Romano. Ce dernier se concentre aussi. Et leurs regards s'affrontent. Les autres âmes errantes sont atterrées par le spectacle qui s'offre sous leurs yeux. D'un côté, une lumière blanche et pure, de l'autre, une lumière noire et dense. Les lumières se rencontrent, mais se repoussent. Puis le mauvais esprit tente d'avancer, mais il est intercepter par la lumière qui irradie des yeux de Jim. Ce dernier s'avance vers son ennemi, qui tente de l'attraper, mais n'y parvient pas et prend la fuite. Il disparaît aspiré par le souterrain. Jim, victorieux, bien qu'épuisé, regagne son corps. Les spectateurs sont interloqués. De retour dans son corps, il sourit faiblement à sa femme, qui lui serre les deux mains entre les siennes. Mélinda chuchote : « Jim, j'espère que tu vas bien. Mais prends ton temps pour te rétablir d'un coup aussi rude, Tu es capable ! » En réponse, Jim flatte la main droite de sa femme ; elle remarque que ses mains sont moites. Le Docteur Calvin Byrd, les sourcils froncés, est devant le lit sur lequel se trouve le couple. Il observe Jim et Mélinda et dit : — Si vous pensez nous dissuader de nos projets, sachez que c'est impossible ! »

Jim lui réplique : — Parce que vous voulez vivre dans un corps vacant tout en conservant vos connaissances de votre vie passée. Et que vous m'avez déjà vu comme votre prochain cobaye lors de ma prochaine expérience hors-corps ?

— Jim, ça suffit. Sachez qu'on ne parle pas comme ça à un Docteur. Quel manque de respect ! Votre insolence mérite punition !

— C'est ce qu'on verra !

— Ah ! Je ne suis pas certain que vous rirez si vous vous rappelez les merveilleux traitements que vous avez connu. Sauf que cette fois, impossible de nous échapper !

Le Docteur Calvin Byrd disparaît, aspiré par le souterrain. Les autres âmes, dont Monsieur Strumpf, regardent Mélinda et Jim en silence. Elles se placent en cercle autour du couple. Épuisé, Jim s'endort, Mélinda peu après. Michael Strumpf, les larmes aux yeux, dit aux autres âmes: « Il serait dommage de les abandonner dans un lieu aussi sinistre. Veillons jusqu'à ce qu'ils se réveillent. » Après une heure de sommeil réparateur sans aucun cauchemar, le couple se réveille. Mélinda remercie les esprits errants d'avoir monté la garde. La plupart d'entre eux, contents, sont partis dans la Lumière.

Michael Strumpf dit : — Merci à vous, mais je reste encore un peu sur terre, tant que je ne suis pas certain que ma femme et ma fille ont leur part de l'héritage.

Jim lui demande : — Mais pouvez-vous nous dire sans crainte quel marché vous a proposé Romano, l'homme en noir ?

— Il m'a proposé de rentrer dans un corps vacant afin de jouir encore de ma maîtresse, puisqu'elle avait obtenu l'héritage.

— En ce qui concerne votre épouse, ne vous inquiétez pas. Vous saviez très bien que nous avons fait de notre mieux pour l'aider et que les démarches sont déjà faites.

— Merci encore une fois. Mais Jim, soyez prudent, car la menace est sérieuse.

Michael Strumpf disparaît de sa vue. Jim et Mélinda terminent de visiter le sous-sol puis reviennent au bureau du directeur pour lui remettre les clés, comme convenu. Ils le remercient et reviennent chez eux, sains et saufs.

Une semaine plus tard, Jim est au travail, Mélinda dans sa boutique d'antiquités. Madame Strumpf entre dans la boutique, contente. Elle s'écrie : — Merci Madame Mélinda Gordon ! Le notaire a accepté de changer le testament de mon mari et de laisser une partie pour moi et ma fille. Merci encore une fois.

Mélinda : — Ce n'est rien. Simplement notre obligation de réparer la situation afin que votre mari part dans la Lumière. En parlant de lui, le voilà maintenant à votre droite.

En effet, Michael Strumpf apparaît à la droite de sa femme. Il caresse du dos de sa main la joue de sa femme. Elle se touche la joue, émue. Mélinda lui explique ce qu'elle sait en ce qui concerne Michael Strumpf. Ce dernier dit à Mélinda : — Je vous remercie, vous et votre mari. Maintenant tout est clair et je vais dans la Lumière. Cependant, dites à votre mari d'être prudent.

— Oui, je le lui dirais.

— Et concernant mon épouse et ma fille, dites qu'elles n'ont rien à craindre, maintenant que la situation est réglée.

Et l'esprit va dans la Lumière, envoyant un dernier bisou à sa femme.

Mélinda rapporte à Madame Strumpf les propos de son mari. Les deux femmes se réconfortent et se serrent la main droite. Madame Strumpf sort de la boutique d'antiquité. Peu après, un esprit apparaît devant Mélinda. C'est une jeune femme en robe blanche, les cheveux bruns clairs flottant sur ses épaules. L'esprit, en chantonnant « Alouette, gentille alouette », se promène dans la boutique puis disparaît.

Jim, à l'hôpital Mercy, s'est résolu à aider l'âme de l'infirmière qui cherche ses clés, maintenant qu'il a compris son rapport avec lui. Il attend dans le corridor de l'hôpital que ses collèges ramènent un blessé.

L'esprit de l'infirmière apparaît devant lui et lui murmure : — Monsieur, pouvez-vous m'aider ? Je vous conseille de sortir de l'hôpital au plus vite. Soyez prudent, car le Docteur et le directeur arrivent.

Jim lui répond : — Bien sûr, je vous aiderais. Et ce, à l'instant. Pour le reste, ne vous inquiétez pas, je serais sain et sauf, promis.

L'ambulancier fouille dans ses poches pour trouver ses notes. Il retrouve l'endroit de la salle de réunion du personnel après s'être concentré. Il file jusqu'à un couloir où se trouvent les bureaux des docteurs. À ce moment, l'esprit de l'infirmière apparaît et lui dit : « Le directeur est à l'entrée de l'hôpital. Faites vite ! »

Jim, après avoir regardé autour de lui, répond : « Pouvez-vous me dire l'endroit précis où vous pensez avoir perdu vos clés ? »

— Si mon souvenir est exact, près d'une table qui se trouve contre un mur.

Jim se trouve dans une vision. Comme s'il voit tout ce qui s'était passé dans la salle de réunion. Ainsi, il voit l'infirmière qui discute avec une collègue. En regardant sa montre, elle s'excuse auprès d'elle et dit qu'elle doit s'occuper d'un patient. Elle sort en vitesse les clés d'un petit sac qu'elle traînait toujours avec elle, les échappant par terre, mais elle ne le remarque que plus tard, alors qu'elle se trouvait déjà devant l'aile psychiatrique. Dans la salle de réunion, les clés sont restées à la place où elles sont tombées. Ce n'est que plus tard que le concierge les ramasse et les ramène à l'infirmière en chef, responsable des autre infirmières, qui, elle, les remet au directeur Samuel Douglas. Fin de la vision.

L'ambulancier, voyant que l'esprit-infirmière est encore devant lui et que personne n'est susceptible d'arriver, lui dit : « Inutile de chercher vos clés dans la salle de réunion, elles sont en possession du directeur de l'aile psychiatrique de l'hôpital »

— De Monsieur Samuel Douglas.

L'esprit-infirmière disparaît de sa vue. Jim se retourne et salue une infirmière qui passe. Celle-ci lui demande qui cherche-t-il. Il lui répond évasivement et revient dans la salle d'attente. L'esprit-infirmière apparaît devant lui et dit : « Faites attention ! Le directeur est là ! »

En effet, Samuel Douglas apparaît devant Jim, qui s'assied sur une chaise, interloqué. L'esprit l'apostrophe : « C'est comme ça ! Vous croyez m'échapper ! Sachez que les évadés méritent une punition terrible ! »

Il serre très fort le bras droit de l'esprit-infirmière, qui déguerpit de peur. Le mauvais esprit est devant l'ambulancier, qui se lève de sa chaise et court jusqu'à l'entrée de l'hôpital. Là se trouvent ses collègues qui amènent un blessé ; Jim ignore Samuel Douglas qui le nargue. L'esprit lui dit : « En pensant m'échapper et voilà que vous revenez ici, car vous y êtes apparemment trop attaché à cet endroit. Sauf que cette fois, vous ne m'échapperez pas ! » Il éclate d'un rire diabolique et fonce sur Jim au moment où il aide ses collègues à déposer doucement le blessé de la civière de l'ambulance sur une autre de l'hôpital. Jim, le souffle coupé, s'excuse auprès de ses collègues, sort de l'hôpital et allume une cigarette quelques mètres plus loin. L'esprit disparaît. Jim, après avoir terminé sa cigarette, revient aider ses collègues. L'esprit-infirmière, tremblante, murmure : « Allez-vous, jeune homme. Ne restez pas ici. Sortez immédiatement avant que le directeur revient. » Puis elle disparaît de sa vue. Jim s'excuse auprès de ses collègues, en prétextant un malaise et s'en va chez lui.

Quand Mélinda ferme sa boutique et revient dans sa maison, elle voit Jim à table, en conversation avec l'esprit-infirmière. Cette dernière disparaît à la vue de Mélinda. Jim lui dit qu'elle n'a rien à craindre de sa femme; elle réapparaît alors devant le couple. L'épouse de Jim demande quel est le sujet de leur conversation. Il répond qu'ils réfléchissent sur les moyens de récupérer les clés perdues de l'infirmière alors qu'elles sont entre les mains du directeur de l'aile psychiatrique. L'infirmière affirme que c'est peine perdue d'exiger à ce que ce dernier les rende. Jim, au contraire, pense qu'il est possible de les retrouver, en sachant où se trouve le bureau du directeur par rapport au plan actuel.

Mélinda demande à son mari : — Sais-tu où se trouve le bureau du directeur par rapport au plan actuel de l'hôpital ?

— Oui. C'est le bureau du directeur actuel de l'hôpital. Seulement, il est modernisé, mais il conserve néanmoins quelques anciens meubles.

L'esprit-infirmière : — Mais vous n'imaginez pas frapper à la porte de son bureau et lui demander les anciennes clés des infirmières ? C'est insensé !

Jim : — Pas forcément de cette manière. D'ailleurs, il ne faudrait pas s'attendre à trouver les anciennes clés, qui ont forcément été fondues afin de servir à autre chose. Dans ce cas, Mademoiselle, inutile de chercher vos clés. Mais, laissez-moi trois minutes, le temps de confirmer l'information. Par contre, s'il existe un exemplaire de ces clés, je vous les remet et vous partez dans la Lumière, c'est correct ?

L'esprit-infirmière hoche de la tête. Jim, sur l'ordinateur de Mélinda, cherche au sujet des clés des infirmières. Il découvre ainsi qu'en effet, la plupart d'entre elles sont encore utilisées, sauf qu'elles ont été réparées. Quelques exemplaires sont conservés dans les archives locales de la ville et les plus usées ont été fondues. Il rapporte les résultats à l'esprit, qui partage alors l'espoir de retrouver ses clés. Elle lui murmure : « Vous devez absolument les retrouver, elles vous ouvrirons une porte dans votre âme et vous comprendrez votre grandeur. » Puis elle disparaît de la vue de Jim et Mélinda, qui sont, à vrai dire, perplexes. Ils prennent leur souper, font la vaisselle, et dorment dans leur chambre, Mélinda enlacée par son mari. Leur nuit est très agitée; Mélinda rêve que son mari, affaibli par des traitements psychiatriques, la supplie de le sauver du Docteur John Bird et lui montre comme au travers une fenêtre les traitements. Jim, lui, rêve qu'il subit ces traitements par le Docteur John Bird. Cette fois, son cousin le Docteur Calvin Byrd et le Docteur Samuel Douglas l'assistent. Jim, impuissant, est attaché à lit. Il comprend que les docteurs font une expérimentation bizarre afin que son âme ne puisse pas rejoindre son corps au matin. Cette perspective le terrifie. Il comprend que les docteurs ont pris possession du corps de certains de ses collègues docteurs, ce qui complique un peu la situation. Jim tente néanmoins de se sauver de leur emprise. Il y parvient in extremis, grâce à l'intervention de Mélinda et de l'esprit-infirmière. Il se réveille en sueur. À côté de son lit, une ombre noire apparaît : l'ombre se dissipe et il voit qu'il s'agit du Docteur Samuel Douglas. Ce dernier lui sourit malicieusement, passe à travers lui et disparaît. Jim tousse lorsque l'esprit passe à travers lui, ce qui réveille Mélinda. Il la serre tendrement dans ses bras pour la rassurer. Ils se racontent mutuellement leur cauchemar et s'endorment, avec la suite du rêve, qui devient de plus en plus angoissant pour Jim, car Romano est venu les assister. Il comprend tout le sérieux de la situation : Ou bien lui, ou bien eux. S'il parvient à trouver la dernière clé (celle que lui fournit l'esprit-infirmière), il parviendra à les vaincre, car il saurait toutes ses capacités dans le monde des esprits. S'il ne parvient pas à la trouver, il est vaincu et est encore une fois leur victime.

Le lendemain matin, après le petit-déjeuner, Mélinda et Jim s'embrassent tendrement, puis chacun va à son lieu de travail ; elle, dans sa boutique d'antiquités, lui, à l'hôpital Mercy. Lorsque Jim entre dans l'hôpital, l'esprit-infirmière apparaît devant lui. Elle dit : « Soyez prudent, le directeur est à son bureau et les quatre hommes se sont réunis hier soir. Ils vous ont préparé quelque chose. »

Jim pense : « Et je ne dois rien accepter d'eux. »

Elle hoche discrètement de la tête et disparaît de sa vue.

Il se dirige tranquillement jusqu'à la salle d'attente réservée au personnel, dans laquelle il trouve ses collègues. Ils se saluent mutuellement. Un docteur fait interruption peu après l'arrivée de Jim. Ce dernier se retourne à moitié, et voit du coin de l'œil que le docteur est possédé par John Bird. Jim l'ignore et s'assied à côté de l'un de ses collègues. Ainsi, le docteur serait face à lui. Le docteur, à travers lequel parle le mauvais esprit, dit : « Monsieur Jim Clancy, je voudrais vous remercier pour votre dévouement dans votre métier. Vous êtes un vrai professionnel. Voici, aux noms des docteurs de l'hôpital Mercy, un anneau d'argent. »

Il s'avance vers l'ambulancier, qui lui réplique : « Merci Monsieur le docteur, mais je pense que le travail m'appelle. » En effet, les haut-parleurs de l'hôpital crient : « Les ambulanciers doivent intervenir d'urgence. Qu'une équipe soit envoyée à la rue Heinstein, numéro 33. Un incendie est déclaré et les pompiers se dépêchent de rejoindre les lieux. »

Jim et plusieurs collègues se rendent à l'endroit pour sortir les survivants. Une fois dans l'édifice, Jim voit un esprit errant qui se tient devant lui et qui le conduit jusqu'à son corps. Jim le rassure par la pensée au sujet de la prochaine étape, à savoir la Lumières. Et l'esprit, satisfait, part dans la Lumière. L'esprit-infirmière apparaît devant lui et dit : « Jeune homme, faites attention à votre collègue de gauche, car il est payé par les méchants docteurs afin de ramasser les traces de votre soulier droit. Attention pour ne pas laisser de traces et que Dieu vous protège ». Elle disparaît. Jim a compris de quel collègue il est question, ce qui l'étonne. Il fait attention où il met ses pieds, afin qu'ils soient mêlés à d'autres traces des autres intervenants (pompiers ou ambulanciers). Cependant, il remarque que ce collègue le suit de loin. Néanmoins, les ambulanciers parviennent à évacuer les survivants. Bilan : cinq vivants, quoique peu mal en point en raison de la fumée, et un mort.

Après avoir accompagner les survivants à l'hôpital, où ils passeront un certain temps pour être sûr de leur rétablissement, les ambulanciers se reposent dans la salle réservée au personnel. Le docteur possédé par John Bird attend Jim et lui remet un petit anneau d'argent sur lequel il est gravé en latin « Fidélité et courage ». Jim prend l'anneau et le range dans la poche droite de son pantalon. Le docteur, satisfait, le salue et sort de la pièce lentement.

Une fois le docteur parti, Jim va aux toilettes pour satisfaire un besoin naturel puis jette au passage l'anneau dans une poubelle. Dans la salle d'attente, lorsqu'il revient, il voit l'esprit-infirmière qui lui sourit.

Elle dit : « Jeune homme, malheureusement, votre collègue a parvenu à prendre ce qu'il cherche. Soyez vigilant quant aux effets que leurs pratiques peuvent avoir. Et attention au prochain docteur ! » Puis elle disparaît. Quelques minutes après que le mari de Mélinda revient dans la salle d'attente, il voit un docteur, possédé par Calvin Byrd, faire irruption dans la salle. Il salue l'équipe des ambulanciers qui ont intervenu sur les lieux ; il serre la main de chacun pour les remercier de leur courage. Inutile de dire que Jim ne peut pas éviter de lui serrer la main, ce qui l'inquiète au plus haut point, mais il fait mine de rien. Le docteur, satisfait, regarde intensément Jim pendant quelques secondes, puis remercie les individus présents dans la salle et sort de celle-ci. Jim, lorsqu'il sent le regard du docteur rivé sur lui, a l'impression que tous ses collègues se sont tournés vers lui; il avait l'impression que des serpents le regardent, ce qui le fait frémir. Puis Romano et Samuel Douglas font leur apparition dans la salle. Romano possède le traître (le collègue qui travaille pour eux), tandis que le docteur Douglas possède un autre collègue ambulancier. Jim, se sentant coincé, prend de grandes respirations pour rester calme. Le collègue possédé par Romano sort de la salle puis donne ce qu'il a trouvé au docteur possédé par John Bird. Celui possédé par Samuel Douglas tente de parler avec Jim. Ce dernier lui répond poliment qu'il n'est pas d'humeur à la conversation. Mais Douglas insiste et tente de l'hypnotiser, mais Jim fuit son regard et lui réplique qu'il n'a pas le temps et sort de la salle.

L'esprit-infirmière apparaît et lui dit : « Sortez immédiatement de l'hôpital, sinon… » Mais elle disparaît de sa vue, effrayée. Jim regarde rapidement autour de lui. Il voit de esprits errants qui flânent dans le corridor où il se trouve. Lorsqu'il porte son regard sur l'un d'eux, l'esprit lève timidement ses yeux vers lui. Ces pauvres âmes semblent terrorisées. Elles s'écartent de son chemin, attendant que Jim passe. Il fonce vers la sortie, sans se soucier du regard bizarre que peut lui jeter la réceptionniste. Lorsqu'il sort de l'hôpital, Romano apparaît devant lui. Jim retient son souffle et attend qu'il parle. Mais l'esprit lui sourit malicieusement en silence. Les docteurs Samuel Douglas, Calvin Byrd et John Bird apparaissent aux côtés de l'esprit malveillant. Jim les contourne et retourne en vitesse chez lui ; il comprend ce qu'il doit faire vite. Les esprits apparaissent devant lui lorsque le mari de Mélinda s'assied sur le canapé du salon.

Romano dit : « Votre naïveté nous fait rire ! Jim, vous pensez sérieusement que cette infirmière vous aide ? Vous pensez sérieusement nous échapper ? »

Samuel Douglas ajoute : « Vous êtes franchement un mauvais élève ! Allez relire ce que dit Friedrich Wilhelm Nietzsche sur l'Éternel Retour et vous comprendrez qu'il est impossible de nous échapper. Vous ne pouvez rien contre nous : à un contre quatre ! Révisez vos mathématiques ! »

Les méchants esprits rient diaboliquement. Jim ne sourcille pas; il est perplexe.

Mélinda, dans sa boutique d'antiquité, a une journée de travail tranquille. Elle revient chez elle, trouvant son mari sur le canapé, en pleine conversation avec les quatre esprits. Lorsqu'elle entre, les quatre esprits et Jim s'interrompent et tournent leur regard dans sa direction. Jim serre la main de sa femme et dit aux esprits : « Messieurs, la conversation est terminée. Assez discuter pour aujourd'hui. »

Samuel Douglas réplique, froissé : — Ce n'est pas à vous de nous donner des ordres. C'est plutôt nous qui devons commander ; n'oubliez pas que vous avez été notre patient et que vous pouvez encore l'être.

Mélinda intervient, fâchée : — C'est assez ! On ne parle pas comme ça à mon mari !

Jim caresse le dos de la main droite de sa femme pour la calmer. Mais elle poursuit : « Et messieurs, vous pouvez bien poursuivre votre conversation après que mon mari se serait reposé. Il serait bien de ne pas le malmener. »

Jim hoche de la tête. Les esprits restent silencieux, vexés. Le couple se rendent à la cuisine, où Mélinda verse à Jim un verre d'eau. Les esprits apparaissent devant eux. Après avoir bu, l'ambulancier dit : « Si vous voulez bien poursuivre votre conversation, allez-y. Je vous écoute. »

Romano : — Enfin, Jim, vous savez une chose : vous êtes rendu à un point de non-retour.

Samuel Douglas précise : — Impossible donc de revenir à ce que vous étiez avant votre expérience de mort imminente. Vous devez savoir pourquoi vous avez eu un don, don qui nous intéresse aussi. Nous voulons en faire une étude scientifique, vous comprenez ?

Jim lui répond : — Je comprend où vous voulez en venir et il est hors de question que je sois à nouveau votre cobaye dans le monde des esprits ! Car vous comprenez bien que nous ne sommes pas de la même communauté des esprits, Dieu merci !

Samuel Douglas : — Nous le savons tous, d'où l'intérêt que nous vous portons. C'est pourquoi nous vous proposons un échange : vous acceptez de venir avec nous afin que nous vous montrons toutes vos capacités psychiques de votre vie passée ce soir, mais comme la démonstration prendra plus de temps que prévu, l'un de nous reviendra au matin dans votre corps. Ainsi, vous auriez une perception différente, intéressant, n'est-ce pas ?

Jim : — Non merci. Je trouverais par moi-même mes propres capacités de ma vie passée. Mon inconscient est assez subtil pour m'informer.

John Bird dit, sarcastiquement : — Voilà un patient original ! Il prétend mieux connaître la psychologie que nous, psychiatres. Calvin, il est comique ce patient.

Calvin Byrd ajoute : — Ouais. En plus, si on le projetait dans l'état mental qu'il était après tes traitements, je pense qu'il ne se montrerait pas si arrogant !

Jim intervient : — S'il vous plaît, ne me faites pas ce coup-là !

Romano dit : — Pourtant vous savez que vous ne pouvez pas l'éviter, car vous l'avez cherché. Ah ! Messieurs les docteurs ! Voici qu'il revient à son état faible et désespéré de cobaye vaincu par la science. La science aura toujours raison de lui !

Mélinda intervient : — Vous savez pourtant que mon mari est solide ! Vous ne parviendrez jamais à comprendre sa véritable valeur.

Les quatre esprits éclatent d'un rire diabolique et passent à travers Jim, qui est renversé sur sa chaise ; leur contact l'a fatigué. Puis, les esprits disparaissent, aspirés par le souterrain.

Mélinda caresse doucement son mari. Jim l'enlace. Elle pleure dans ses bras, il l'embrasse tendrement le front pour la rassurer.

Elle dit, après quelques minutes de silence : — Jim, qu'est-ce que les esprits veulent ?

Il répond : — Ils me proposent de les rejoindre en esprit afin de tout comprendre, mais avec la possibilité de ne jamais revenir dans mon corps, ce que je ne peux pas accepter.

— Mais alors, que fais-tu ?

— Je n'ai pas le choix que de me souvenir de ma vie passée pour les vaincre. Mais je comprends que, comme ils ont possédé des docteurs, qui ont participé avec eux dans cette expérimentation, ils ont voulu me faire des « cadeaux » pour me vaincre, dont une bague, que j'ai jeté. Mais aujourd'hui, je ne pouvais pas éviter le contact de l'un de ces docteurs (j'ai dû lui serrer la main) et pas plus que l'un de mes collègues qui a ramassé un peu de la terre qui est de mon soulier du pied droit alors que j'ai intervenu pour sauver les gens victimes d'un incendie. Il n'y a eu qu'un mort, car c'est son âme qui m'a conduit vers son corps. Pour ne pas les avoir éviter deux fois, je crains la suite ce soir.

— Tu t'en sortiras bien. Je te fais confiance.

— Je suis vraiment en course contre la montre. Et je ne sais pas quoi faire pour me souvenir de ma vie passée.

— Et nous allons rendre visite au Professeur Eli James. Il se connaît en hypnothérapie régressive, ce qui peut t'être utile.

— Non merci. J'ai horreur de l'hypnose, car le directeur Samuel Douglas pratiquait l'hypnose pour me soutirer des informations, mais je n'ai aucun souvenir de ces conversations, ce qui me frustre. Comprends, Mél, que c'est dangereux pour moi une telle situation.

— Désolé.

— Je dois me concentrer. C'est tout.

Elle se lève de sa chaise et s'assied sur les genoux de son mari, qui l'enlace. Ils demeurent ainsi silencieux pendant plusieurs minutes. Jim rompt ce silence : — Mél, je pense que je sais. Mais, enfin, je ne sais pas si mon esprit me joue des tours ou si c'est vrai.

Mélinda, se lève et lui dit : — Qu'est-ce qui se passe ?

— Je ne sais pas tout à fait, mais j'ai une idée.

Il se lève rapidement de sa chaise, file dans leur chambre et revient dans la cuisine avec les photocopies des documents du dossier du Patient Numéro 119. Mélinda revient à sa place, en face de lui, étonnée. Il s'assied à sa place et lit les dossiers. Il se concentre mentalement et pense : « Allez, Jim, tu es capable de te souvenir de ta vie passée. Qu'est-ce que j'ai pour que mes ennemis s'intéressent encore à moi ? » Il soupire en lisant à nouveau le dossier. Sa femme le regarde fixement. En manipulant les feuilles de papiers, il est perdu dans ses pensées. Il dit : « Je ne sais pas comment je dois retrouver la clé qui me manque. Je me demande quelle est cette clé. À moins que… »

Jim s'interrompt et regarde Mélinda. Cette dernière dit : — Que puis-je faire pour t'aider ?

À ce moment, Romano apparaît entre le couple, à côté de la table. Jim et Mélinda tournent leur regard vers lui.

L'esprit dit : « Jim, votre naïveté est adorable ! Mais n'oubliez pas que nous savons ce que vous ne saviez pas ! » Il éclate d'un rire diabolique et disparaît, comme aspiré par le souterrain. Le couple s'entr'observe.

Jim, se lève de sa chaise, nerveux ; les propos de l'esprit l'a mis en colère. Il tourne en rond dans le salon. Mélinda le rejoint et le regarde, perplexe. Il la regarde. Ils demeurent silencieux et immobiles pendant plusieurs minutes. Jim s'approche de sa femme et lui serre la main droite.

D'un ton sec, il dit : « Je ne suis pas certain de rester normal. Si tu vois qu'ils m'ont eu, tu peux demander divorce, car tu sais que je ne serais plus le mari que tu as aimé. » Elle lui caresse le bras droit et lui murmure doucement : « Ne sois pas si pessimiste. Je suis sûre que tu parviendras à les vaincre. » Jim soupire puis embrasse sa femme. Il est désespéré.

Elle lâche son mari, qui s'assied sur le canapé, la tête entre les mains. Elle s'assied à côté de lui. Il se concentre pour trouver la clé qui lui manque.

Le souper est préparé par Mélinda. Après voir fait la vaisselle, Mélinda et Jim s'asseyent sur le canapé du salon; Jim enlace Mélinda dans ses bras. Il fait attention pour qu'elle ne voit pas qu'il est presque à pleurer sur lui-même. Elle, blottit contre lui, pleure silencieusement.

Il s'empresse de sécher ses larmes et lui murmure : « Mélinda, je t'en prie, ne pleures pas. Tu me brises le cœur. Sois courageuse ! »

Elle lui dit : — Je ne veux pas te perdre. Je me sens impuissante face à ce qui nous arrive.

— Ça va, Mél. Je suis là. Du reste, c'est mon combat. Je dois les vaincre, sinon je suis vaincu. Mais je t'avoue que je suis désorienté.

— S'il te plaît, Jim, fais un effort pour se souvenir de ce qui te manque.

— Je fais du mieux que je peux, mais ce soir serait décisif.

Il embrasse sa femme; elle l'embrasse en retour.

Le soir, Mélinda dort dans les bras de son mari. Elle a un cauchemar. Son mari de même. Elle voit Jim attaché à un lit d'hôpital psychiatrique, impuissant. Il l'appelle mentalement à l'aide. Elle ne sait pas comment agir. Il est encadré par Romano, les Docteurs John Bird, Calvin Byrd et Samuel Douglas. Ils le torturent avec beaucoup de sadisme. Puis l'un d'eux prend l'apparence de Jim pour s'approcher de Mélinda, qui s'enfuit à son approche. Ceci la réveille en sueur.

Son mari, lui, rêve qu'il suit les quatre esprits malveillants, qui l'amènent dans un lit d'hôpital, sur lequel ils l'attachent, puis commencent à le torturer. Romano lui dit ironiquement : « Jim, tu ne pourras pas regagner ton corps au matin. Mais nous te dirons ce que tu peux : rien ! » Et le docteur Bird dit : « Au sujet de Mélinda, ne t'inquiètes pas. Elle aurait seulement l'impression que son mari a changé de personnalité. »

Samuel Douglas ajoute : « Nous te laissons un choix : tu regagnes ton corps au matin, mais en acceptant notre influence ; ou bien tu restes ici et je me chargerais d'animer ton corps. »

Jim répond mentalement : « Aucune ! »

Romano : — Ce n'est pas une réponse.

Jim : — La première option.

Les esprits libèrent Jim, qui regagne son corps à 2h du matin. Il n'est pas seul. Le docteur Byrd l'accompagne et l'influence à distance.

Le lendemain matin, Mélinda se réveille avant son mari. Elle l'observe. Il semble agité. Elle lui caressa doucement le bras droit. Jim se réveille à son contact. Il la caresse et ouvre ses yeux. Il a l'impression que tout tourne autour de lui. Il voit du coin de l'œil le Docteur Calvin Byrd qui agit sur lui. Jim trouve cela insupportable. Son âme sort de son corps. Mélinda regarde son mari, étonnée. Il lui dit : « Le Docteur Calvin Byrd m'accompagne. » Comme son mari regarde vers sa gauche, elle tourne son regard et voit le docteur qui se tient là, immobile. Il dit : « Jim, si tu changes d'idée, il faut que tu saches que tu resteras avec nous. »

Jim revient en vitesse dans son corps, se lève d'un bond et lui dit : « Essayez, si vous l'osez ! »

— Je ne penses pas que tu trouveras ça drôle. Mais nous t'avons à l'œil. Tu es entre nos mains. À tout à l'heure !

Et l'esprit disparaît, aspiré par le souterrain.

Le couple prend leur petit-déjeuner en silence. Après, Jim rapporte à sa femme son cauchemar; elle lui raconte le sien. Ils s'enlacent tendrement. Il dit : « Je suis désolé. Je ne veux pas te faire de mal, mais je ne sais pas si je parviendrais à me débarrasser de ces esprits. »

Elle lui dit : — Tu y parviendras, je ne doute pas de toi. Nous avons bien réussi à faire passer dans la Lumière Julian Borgia, qui s'est attaché à toi.

— Mais cette fois, Mél, c'est complètement différent. Ils sont quatre, et je dois lutter contre eux pour ne pas devenir fou. La situation est très sérieuse. C'est pour ça, je te répète ce que je t'ai dit hier : je ne serais pas fâcher si tu cherches le divorce, car je ne serais pas le mari que tu as connu.

— Jim, ne sois pas pessimiste. Ne me dis pas que tu crois à ce que ces esprits veulent te faire croire ? Je t'en pris, reprends tes sens.

Elle embrasse son mari, qui l'embrasse froidement en retour. Elle comprend que son âme est torturée et que le docteur Calvin Byrd agit sur lui.

Elle lui murmure tendrement : « Sois prudent. Et n'oublies pas que notre amour est plus fort que leur haine. »

Calvin Byrd passe à travers Jim et disparaît de leur vue. Lorsque l'esprit passe, Jim tousse. Il embrasse tendrement sa femme. Chacun va à son travail, lui, à l'hôpital Mercy, elle, dans sa boutique d'antiquité.

Jim, rendu à l'hôpital, salue ses collègues. Il remarque Calvin Byrd près de lui. Il ressent son énergie négative, ce qui le rend nerveux et lui brouille les pensées. Le collègue traître lui demande d'un air naïf : — Jim, pourquoi es-tu nerveux ? Je comprends que tu es impatient de sauver des gens…

Romano le possède et il poursuit sa phrase : — ce qui est paradoxal, car tu ne peux pas t'aider toi-même.

Le mauvais esprit sort du traître et fonce vers Jim, qui l'esquive au dernier moment. Tous les collègues, interloqués, regardent Jim, comme s'il est fou. Celui-ci, fâché, envoye Romano et Calvin Byrd au Diable, puis s'assied sur une chaise dans la salle d'attente. Bobby, s'approchant de lui, touche légèrement son bras gauche, puis demande : — Jim, qu'est-ce qui t'arrive ? Aurais-tu vu un esprit ?

— Oui.

— Ne t'inquiètes pas, j'ai informé nos autres collègues au sujet de ton don.

Jim se lève de sa chaise et lui dit : — Merci, mais je n'ai pas l'impression qu'ils prennent la nouvelle avec joie.

L'esprit-infirmière apparaît devant lui et dit : Pour votre sécurité, restez ici et concentrez-vous pour trouver la clé. Je vous aiderais, mais pas beaucoup, car je ne voudrais pas qu'ils vous attrapent pour de bon.

Elle disparaît après ces mots. Jim pense : « Il ne me reste qu'une petite chance de trouver la clé de ma vie passée. »

Samuel Douglas apparaît devant lui. Il frémit. L'esprit, comme s'il a lu ses pensées, dit : « Mais vous oubliez que nous avons votre clé. Et que nous vous suivons dans tous vos pas. »

L'esprit se déplace à sa gauche et l'observe. L'ambulancier, nerveux, quitte la salle d'attente et se promène – ou plutôt, flâne comme une âme errante — dans les couloirs de l'hôpital en vue d'un indice. Il se rend jusqu'à la salle d'attente destinée aux patients de l'hôpital, où il s'assied sur une chaise. L'esprit le suit. Il est plongé dans une vision. Il est dans la salle d'attente telle qu'elle était dans sa vie passée. Il est assis sur une chaise, dans une camisole de force, encadré par trois docteurs. L'un d'eux le force à se lever de la chaise. Les autres le soutiennent, car il est faible, la tête lui tourne et il ne sait pas ni où il est ni ce qu'il fait. Entraîné par les docteurs, il passe dans les corridors de l'hôpital, monte les escaliers, passe d'autres corridors sur l'étage. L'air devient de plus en plus oppressant pour lui. Il se trouve devant une porte. L'un des docteurs l'ouvre. Il avait l'impression d'entrer dans une pièce noire. Lorsqu'ils passent la porte, Jim comprend qu'il vient d'entrer dans le bureau de Samuel Douglas. Ce dernier était assis sur sa chaise. Tout à coup, le directeur se transforme en un gros serpent qui fixe Jim, assis de force sur une chaise en face de lui, encadré par les docteurs qui l'ont amené. Le serpent directeur l'hypnotise. Il lui demande certains détails du Monde des Esprits, faisant voyager son âme entre les deux Mondes. Ainsi, il obtient des informations qu'il ne devrait pas savoir. Après la séance d'hypnose, Jim comprend que son âme revenait dans son corps. Il était ensuite ramené par les docteurs dans sa chambre. Fin de la vision.

L'ambulancier se réveille, perplexe de sa vision. Jim se lève de chaise sur laquelle il est assis. Il remarque que Samuel Douglas le fixe à sa gauche. Jim le maudit par la pensée puis il décide de monter les escaliers vers les bureaux des docteurs. Une fois rendu à l'étage, Samuel Douglas apparaît, accompagné de Romano, de John Bird et de Calvin Byrd. L'ambulancier sursaute à leur vue. Les esprits se tiennent devant lui. Il n'ose pas passer à travers eux. Il leur ordonne par la pensée : « Ôtez-vous de mon chemin ! » Ils ne bougent pas; ils font semblant de ne pas comprendre. Jim jette un coup d'œil rapide sur le corridor de l'étage : une infirmière est présente et se dirige avers les escaliers. Elle regarde l'ambulancier, étonnée de son immobilité. Il s'excuse et la laisse passer vers les escaliers. L'infirmière passe à travers les esprits puis descend les escaliers. Le mari de Mélinda se dépêche de passer entre les esprits, espace qui s'est créé par le passage de l'infirmière. Il se promène sur l'étage, suivi par les quatre esprits. Samuel Douglas lui dit : « Rendez-vous au fond de ce couloir et vous comprendriez tout. » Jim se retourne vers les esprits, qui donnent un signe affirmatif. Derrière eux, l'esprit-infirmière apparaît et donne un signe négatif. Les esprits malveillants se retournent et disent à l'unisson à l'esprit-infirmière : « Mademoiselle, mêlez-vous de vos affaires ! Ceci ne concerne que nous et Jim. Disparaissez immédiatement de notre vue ». Elle réplique : « Il n'en est pas question ! » Puis elle disparaît. Elle apparaît devant Mélinda et l'avertit du danger dans lequel se trouve Jim. Elle réapparaît ensuite auprès de ce dernier, face aux quatre esprits malveillants. Mélinda arrive au plus vite qu'elle pouvait. L'esprit-infirmière se tient entre Jim et les quatre esprits malveillants. Elle les empêche de s'approcher de lui. Jim comprend qu'il est en danger et peut-être susceptible d'être manipulé par eux. Il pense : « Je ne me laisserais pas faire ! » Il se concentre et pense : « Jim, tu es capable de comprendre qui tu es ! Reprends tes esprits ! » Cette concentration fait peur aux mauvais esprits, qui s'entr'observent.

Samuel Douglas lui dit : — Jim, n'oublies pas que tu ne peux rien contre nous, car nous te connaissons mieux que toi-même !

L'esprit-infirmière réplique : — C'est faux ! S'il vous plaît, jeune homme, ne croyez pas en ces mensonges !

Mélinda apparaît devant le groupe et dit d'un ton sévère : « Est-ce que quelqu'un veut bien m'expliquer ce qui se passe ? »

Les cinq esprits se retournent vers elle, mais personne ne répond.

Mélinda ajoute : « Et je voudrais bien que vous ne vous jouez pas de mon mari ! »

Romano lui réplique : « Vous pensez vraiment nous faire peur avec un air aussi sérieux ? Au contraire, vous nous faites rire ! »

John Bird ajoute : « Madame, à votre place, faites attention à vos prochaines paroles, car c'est votre mari qui payera les conséquences ! »

Samuel Douglas intervient : « Par ailleurs, mêlez-vous de vos affaires et laissez-nous régler nos histoires avec votre mari. Ce qui le concerne ne vous concerne pas, vous comprenez ? »

Mélinda ne répond pas. Elle regarde les esprits et son mari, qui se tient au milieu du corridor. Jim demeure immobile et essaye de se concentrer pour trouver la clé qui lui manque. Il fixe sa femme, sans prêter attention aux esprits. L'esprit-infirmière l'encourage mentalement, tandis que Romano, Samuel Douglas, John Bird et Calvin Byrd essayent d'influencer ses pensées. Jim est dans une vision, vision qui est une réponse à ses questions.

Il se trouve dans l'hôpital tel qu'il était dans sa vie passée. Il voit dans l'ensemble ce qui s'est passé, selon une perspective extérieure. Il a une vue d'ensemble des événements. Jim voit qu'il est amené par ses parents, à moitié assommé et chancelant. Une voix lui dit : « Cet état est induit par des calmants que les parents ont administré à leur fils unique deux heures plus tôt ». Une fois à l'intérieur, le trio se rend à la réception, où le réceptionniste les redirige vers la salle d'attente. Chacun s'assied sur une chaise. Un docteur arrive et dit : « Au suivant ! » Les parents et Jim arrivent dans le bureau du docteur John Bird. Une fois assis sur des chaises face au docteur, Jim comprend qu'il a vu celui-ci comme un serpent. Après une discussion, les parents le laissent entre les mains des docteurs et sortent de l'asile. Le jeune homme est encadré par trois docteurs, qu'il sait intuitivement être possédés par des mauvais esprits. Jim comprend que le jeune homme prie son ange gardien de le protéger. Il est amener dans une chambre où il est attaché à un lit. Fin de la vision.

Jim regarde les esprits et sa femme. Il se concentre et appelle son ange gardien à son secours pour rester normal. Et il dit, à l'adresse des esprits : « Je comprends que vous ne me pouvez rien si je ne veux pas tomber encore une fois sous votre influence. Allez-vous en ! Je ne veux plus vous revoir ! »

John Bird lui réplique : — D'accord, nous le reconnaissons, nous sommes vaincus. Alors, peux-tu nous dire pourquoi le numéro de ton dossier était 119 ?

Inspiré (ou plutôt, illuminé), Jim répond : — 119, parce que c'est la date de mon anniversaire dans cette vie passée. J'étais né le 19 janvier. En additionnant tous les chiffres, nous obtenons onze. Onze, qui est le chiffre des piliers d'initiation, ce qui se retrouve deux fois; une fois dans la date de naissance, une autre dans le numéro de dossier. Et c'est pourquoi vous voulez m'avoir une troisième fois, afin d'avoir mon âme et de m'utiliser pour vos desseins. Sachez qu'il est hors de question que j'accepte un tel marché. Jamais ! »

Romano, Samuel Douglas, John Bird et Calvin Byrd, interloqués, disparaissent, comme aspirés par le souterrain.

L'esprit-infirmière sourit et dit : « Toutes mes félicitations ! Vous avez trouvez la clé ! » Elle sort de son vêtement une clé qu'elle dépose face à l'ambulancier, qui la dépose mentalement dans son cœur.

Il lui murmure un timide merci.

Elle sourit à nouveau et dit : « Merci à vous. Maintenant que vous êtes sain et sauf, je pars dans la Lumière. » Elle disparaît dans la Lumière.

Jim et Mélinda s'entr'observent. Ils se tiennent enlacés.

Jim, en regardant autour de lui, voit une infirmière qui s'approche d'eux. Il relâche sa femme. L'infirmière leur demande : « Est-ce que vous allez bien ? »

Le couple hoche de la tête. L'infirmière descend les escaliers.

Jim murmure à sa femme : — Merci d'être venue.

— Il n'y a de quoi. Je me sens obligée d'être présente lorsque tu es en danger. Je t'aime.

— Moi aussi.

Ils s'embrassent et se quittent. Elle revient dans sa boutique d'antiquités, qu'elle a laissé à Délia, lorsqu'elle a rejoint son mari. Ce dernier rejoint ses collègues dans la salle d'attente du personnel.

Jim et Mélinda reviennent chez eux pour le souper. Après, ils dorment bien enlacés. Jim rêve qu'il est entouré de mauvais esprits (des ombres), mais que des êtres de lumière lui créé un passage pour se promener sans danger. Mélinda fait aussi un beau rêve.

Le lendemain, après le petit-déjeuner, Mélinda et Jim se racontent leur rêve respectif. Ils s'embrassent tendrement. Jim dit : « J'ai compris que nous sommes protégés par des bons esprits. »

Un esprit apparaît. C'est une jeune femme en robe blanche, les cheveux bruns clairs flottant sur ses épaules. Elle chantonne « Alouette, gentille alouette » pendant quelques minutes. Puis elle dit : « Faites attention au Docteur Calvin Byrd ! »

Jim : — Pourquoi ?

— Il est très puissant et dangereux.

— Ne vous laissez pas dominer par la peur.

— Ne soyez pas si arrogant.

Mélinda intervient : — Madame, quel est votre nom ?

L'esprit : — Joannie Miller.

Puis elle disparaît.

Calvin Byrd apparaît devant le couple. Jim tressaillit à sa vue. L'esprit dit, d'un ton menaçant : « Cette fois, je ne tolèrerai pas que vous m'arracher un autre patient. Si vous le faite, les conséquences seront lourdes. » Puis il disparaît.

Jim s'adresse à Mélinda : « Il me semble que c'est encore un bluff. »

Elle réplique, inquiète : « Je n'en suis pas si sûre. »

Jim s'approche de sa femme et l'embrasse.

Elle dit : — Et si on aidait Joannie Miller ?

— Oui.

Mélinda se lève de sa chaise et au salon, prend son ordinateur. Elle revient à sa place et fait une recherche sur Joannie Miller. Elle découvre que cette dernière était une patiente du Docteur John Bird de 1942 à 1950 puis du Docteur Calvin Byrd de 1950 à 1959. Elle rapporte les informations à Jim.

Il commente : « Il faut simplement qu'elle ait confiance en elle-même et qu'elle ne se laisse pas dominer par la peur. »

Mélinda ajoute : « Tu as raison. »

Elle embrasse son mari, penché au-dessus d'elle. Il l'embrasse en retour.

Jim ajoute : « Je comprend qu'il faut rassurer ces pauvres esprits errants. Dans ce cas, je propose que nous nous rendons à l'École pré-maternelle et maternelle de Grandview, puis à l'hôpital Mercy afin de faire passer dans la Lumière ces âmes. Ainsi, elles n'hanteront plus ces lieux. »

— Oui, c'est une bonne idée !

Le lendemain, alors que Jim est au travail à l'hôpital, Mélinda vient sous prétexte d'une visite à son mari. Et, ensemble, ils parviennent mentalement à convaincre quelques esprits errants de partir dans la Lumière. Ils procèdent de la manière devant la cour de récréation de l'École pré-maternelle et maternelle de Grandview, dans laquelle des esprits se rassemblent (parmi lesquels se trouvent Joannie Miller) deux jours plus tard.

Une semaine après l'intervention du couple de chuchoteurs d'esprits errants, Romano, Samuel Douglas, John Bird et Calvin Byrd apparaissent devant Jim et Mélinda alors qu'ils se sont attablés pour leur repas du midi. Jim leur dit d'un ton sévère : « N'essayez surtout pas de nous faire du mal, à ma femme, à mon enfant ou à moi. Sinon, vous aurez le double ! »

Romano : « Quelle témérité ! Vous n'oubliez pas que nous avons des sympathies parmi vos collègues. »

– Je le sais, mais je ne me laisse pas intimider.

– C'est ce qu'on verra !

Les quatre esprits éclatent d'un rire diabolique et disparaissent de leur vue.

Mélinda dit timidement : – Jim, comment tu peux être certain que je suis enceinte, alors que moi-même je ne le sais pas, car avec tout ce qui nous est arrivé, je n'ai pas remarqué ni les symptômes de grossesse ni mes dernières règles. Je fais maintenant un test de grossesse.

Jim sourit. Elle file aux toilettes pour vérifier son état et à sa surprise, le test est positif.

Elle revient, contente, dans la cuisine et montre à son mari le résultat. Elle l'embrasse sur les lèvres et s'assied sur ses genoux.

Mélinda dit : Je peux consulter un docteur afin de savoir si notre futur enfant est correct ?

– Bien sûr, ma chérie. Je conduis la voiture.

Jim conduit sa femme jusqu'à l'hôpital Mercy, où Mélinda se rend auprès d'un docteur pour une échographie. Le docteur confirme qu'elle est enceinte depuis environ sept semaines. Le docteur dit qu'elle devrait accoucher le 13 août 2009.

Effectivement, toute la grossesse se déroule sans incident. Les mauvais esprits se tiennent loin de la famille. Jim et Mélinda parviennent même à convaincre Calvin Byrd et son cousin de passer dans la Lumière.

Le 13 août 2009, Mélinda accouche d'un garçon, qu'elle prénomme Aiden.

Un an après (le 20 mai), Jim et Mélinda deviennent parents d'une fille, Marie-Anne. Les deux enfants sont des empathiques.

Avec le temps, ils apprennent à vivre avec leur don. Ainsi, la petite famille et le professeur Eli James parviennent à faire passer dans la Lumière de nombreux esprits errants. Romano et Samuel Douglas ne viennent plus les déranger, car ils sont protégés par des bons esprits de lumière, parmi lesquels se trouve l'ange gardien de Jim. Ce dernier l'a retrouvé après la découverte de ses capacités psychiques.