Petit mot de l'auteure : ma toute première tentative sur le fandom !
Ce texte est une réponse à un challenge organisé par la fabrique à plumes : A regarde avec B un film d'horreur pour lui faire plaisir alors qu'il déteste ça / a la trouille. J'aurais pu faire du fluff, au final j'ai plutôt traité ça en hurt/confort sur fond de pre relation pas très saine. Fin le canon quoi.
- Je suis la seule survivante, et voilà ce que j'avais pour mission de raconter...
La télévision s'ouvrit sur ces sinistres paroles prononcées par une jeune femme dont le visage portait encore des traces d'un sang qui n'avait séché que très récemment. L'image de la scène, dans le commissariat, se fondit pour laisser place à un autre plan : une bande d'adolescents qui arrivait joyeusement devant un manoir abandonné.
- Ah, le scenario typique du « oh une vieille maison réputée pour le massacre qui a eu lieu là-bas, allons-y gaiement » ! ironisa Nick à ses côtés. Je me demande lequel de ces idiots va mourir en premier.
Comme pour lui donner raison, la caméra se tourna vers les coquelicots qui bordaient l'allée et dont la teinte était aussi rouge que le sang. Un présage de plus que les adolescents du film ne semblaient pas destinés à prendre en compte...
- Je parie sur le mec en tee-shirt rouge. Et toi ? Lança Nick d'un ton enjoué à Charlie.
- Je sais pas... je... la brune ?
Charlie avait essayé de mettre tout son enthousiasme en répondant et pensait y être plutôt bien parvenu. Néanmoins, Nick ne sembla pas convaincu.
- T'es sûr que tu veux le voir ? Il n'y a aucune honte à ne pas aimer les films d'horreur ou d'en avoir peur.
- Si, si, je veux le voir. Je veux te faire plaisir.
Le blond leva un sourcil, conduisant Charlie à compléter sa phrase :
- Ça me fait plaisir qu'on voit ça ensemble.
Ceci n'était pas entièrement faux. Le brun n'était jamais contre l'idée de passer du temps avec son petit-ami. Au contraire. Toutefois, il aurait préféré ne pas regarder ce genre de film là. Il détestait les films d'horreur. Mais Nick les aimait tellement...
Celui-ci s'était d'ailleurs redirigé vers le film, rassuré par le sourire du brun. Charlie tâcha de conserver cet air ravi les minutes suivantes, mais quand les personnages commencèrent à être poursuivis par une créature au visage terrifiant, il ne put empêcher ses mains de trembler. Il savait que rien de ceci n'était réel, mais tout de même... il avait l'impression d'être scruté par des ombres menaçantes dans son propre chez lui. S'il aimait s'inquiéter pour les personnages lors d'une enquête ou d'une disparition, il n'appréciait aucunement cette sensation de ne plus pouvoir être en sécurité dans sa maison.
Et quand la créature tua le premier adolescent fêtard, ce fut trop. Il sentit alors son cœur battre à tous rompre son souffle se faisait court son esprit ne parvenait plus à réfléchir correctement. Il n'arrivait plus à discerner la réalité de la fiction, à savoir où il était.
- Charlie ? Charlie ! s'affola une voix venue de très loin. Tu paniques, mais tout va bien. Je suis là. Écoute... suis ma voix, ok ?
Il se laissa guider par le rythme rassurant imposé par Nick et finit par reprendre pied dans la réalité. Son petit-ami le tenait fermement par la main – il ne s'en était même pas rendu compte.
- Ca va ? Demanda-t-il, inquiet.
- Oui, oui, je... Désolé, j'ai dû m'endormir ou...
- Charlie, le coupa-t-il brusquement. Ne me ment pas. Tu as fait une crise d'angoisse à cause du film. Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Je... je déteste les films d'horreur, admit le brun. À chaque fois que j'ai essayé d'en regarder un, j'ai eu ce genre de réaction.
- Mais pourquoi ne m'avoir rien dit ? Je t'ai dit que nous n'avions pas à le voir !
Pourquoi, en effet ? Comme bien souvent qu'il se comportait comme un imbécile, la réponse tenait en un mot.
- Ben. Il... il ne voulait jamais être avec moi, sauf si on faisait ce qu'il voulait.
Nick avait toujours l'air particulièrement furieux quand il abordait le sujet « Ben ». Cette fois-ci, sa colère était à un niveau encore plus haut dans l'échelle de l'énervement.
- Charlie... Ben était un connard qui n'assumait pas ses propres sentiments et qui n'a pas eu le cran d'assumer le fait qu'il ne les assumait pas !
- Hein ? demanda le brun, un peu perdu.
- Ce que je veux dire, c'est que je peux l'excuser de ne pas bien assumer en public sa sexualité. Ce n'est pas évident. Mais je ne peux pas cautionner la manière dont il t'a traité. Au lieu de t'expliquer son manque d'assurance à ce sujet, il t'as fait croire que s'il ne sortait pas au grand jour avec toi, ce n'était pas à cause de lui mais à cause de toi. Parce que tu n'étais pas assez bien ou je ne sais qu'elle autre connerie. Et c'est complètement dégueulasse en plus d'être faux ! D'accord ?
- D'accord, acquiesça mollement Charlie.
Là encore, il avait essayé d'insuffler toute sa conviction, en vain. Nick n'allait pas se laisser berner par un faux sourire deux fois. Celui-ci se força donc à se calmer.
- Charlie... Tu ne peux pas accepter de faire des choses que tu ne veux pas faire par peur de l'abandon. Aujourd'hui c'était le film d'horreur, mais demain, qu'est-ce que ça sera ? Imagine nous décidons de passer à l'étape... de...
Le blond fit un geste assez éloquent qui fit rougir Nick.
- Qu'est-ce qui se passera si je te propose de... de faire l'amour, et que tu me dis oui mais que tu n'en a pas vraiment envie mais que tu n'oses pas me le dire ?
- Ce n'est pas pareil, protesta Nick. Là, c'est juste un film.
- Je pense que le problème tient au fait que non, ce n'est pas juste un film, contra Charlie. C'est... c'est l'impact de Ben qui fait qu'aujourd'hui, tu préfères te forcer à faire des choses que tu ne veux pas plutôt que d'être rejeté.
Nick ne répondit rien, accusant le coup. Il voulait crier à son petit-ami qu'il se trompait mais savait au fond de lui qu'il avait mis le doigt sur quelque chose de vrai.
- Je pense que consulter quelqu'un pourrait être utile, tu sais. Pour parler de ça, puis de l'année dernière.
Là encore, Nick ne put rien répondre. Les larmes qu'il avait trop longtemps retenues s'échappèrent alors et, sans qu'il s'en aperçoive, il s'était réfugié dans les bras de Nick. Le blond les referma autour de lui sans hésitation, le berçant doucement.
- Je sais que c'est dur, mais ça va aller, d'accord ?
- D'accord... chuchota Charlie.
Il n'était pas entièrement convaincu que tout aille parfaitement bien un jour, mais adossé au torse de Charlie, il avait envie de le croire.
- En attendant, reprit Nick, sache que quoi tu fasses ou ne fasses pas, jamais, jamais je ne te rejetterai. Même si tu dis que Iron Man est nul ou que le rubgy est un sport idiot.
- Le rugby est un sport idiot, marmonna le brun par-dessus les larmes.
- Tu vois ? soupira d'un ton faussement dramatique le rugbyman. Je suis toujours là. Même si tu dis de totales aberrations. Alors par pitié... plus jamais tu me fais un coup pareil, d'accord ?
Ce fut alors que Charlie réalisa que c'était à ça que devait ressembler un petit-ami digne de ce nom : un partenaire qui ne souhaitait que votre bonheur, et vous aidait à prendre conscience de la manière dont vous pouviez l'atteindre. Et là où l'ancien Charlie aurait pensé que ce bonheur dépendait de la satisfaction du dit partenaire, le Charlie qui côtoyait Nick commençait à comprendre qu'en réalité, sa joie dépendait de sa propre satisfaction.
- D'accord, promit-il alors.
Et cette fois-ci, il ne pouvait pas être plus sincère.
