Disclaimer : Presque tout ici appartient à JK Rowling.
Les Chroniques des Maraudeurs
Première année
Chapitre 2 : En route vers Poudlard
Les jours, les semaines qui suivirent semblèrent désespérément longs. Pour s'occuper, Lily faisait puis défaisait sa valise, pliait ses robes, s'entraînait à tenir sa baguette… et surtout passait le plus de temps possibles dans ses livres. L'Etude de la Société Magique d'Aujourd'hui et l'Histoire de Poudlard qu'elle avait acheté étaient des livres longs et compliqués, mais Lily était décidée à les finir avant la rentrée ; quant à l'Encyclopédie des Créatures Magiques, elle était tout simplement passionnante. Beaucoup plus complète et riche que le petit manuel Vie et Habitat des Animaux Fantastiques de sa liste de fournitures. En plus, celui-ci commençait à dater sérieusement, et avait franchement besoin d'une mise à jour – apparemment, il avait été écrit dans les années 20. Dans l'Encyclopédie, elle pouvait chercher toutes les créatures magiques, des " simples " animaux comme les hippogriffes, les licornes ou les dragons, aux créatures plus proches des humains – les centaures, par exemple – ou encore des créatures des Ténèbres, comme les vampires ou les loups-garous. Fascinant.
Elle passait ainsi presque toutes ses journées dans sa chambre. En descendant manger, elle parlait sans fin de tout ce qu'elle avait lu, et ses parents l'écoutaient, fascinés. Sa sœur Pétunia gardait le silence pendant tout le repas, ce qui constituait un changement assez radical – d'ordinaire elle ne laissait pas Lily en placer une.
Lily n'avait d'ailleurs pas constaté que ce changement chez sa sœur aînée. Pétunia, toujours si prompte à tout critiquer chez tout le monde, et qui faisait parfois profiter sa petite sœur des potins qu'elle avait entendus, se renfermait désormais dès que Lily entrait dans la pièce. Jamais elle ne posait la moindre question sur Poudlard, les livres, la baguette magique et tout ce qui se rapportait au monde des sorciers. Elle passait le plus de temps possible dehors, avec ses amies du collège qui habitaient à côté. Lily avait toujours eu des rapports un peu distants avec sa sœur, mais ça ne l'empêchait pas d'être un peu triste de cet état de choses. Elle se rappelait les fous rires qu'elles partageaient parfois, quand Pétunia était de bonne humeur – Lily, elle, était presque toujours de bonne humeur – et qu'elle voulait bien lui raconter des histoires gratuitement, pour le plaisir de la faire rire. Mais depuis le retour de Lily du Chemin de Traverse, pas un mot, pas un sourire, rien. Et Lily le regrettait.
Vint la fin août, petit à petit. Le soir du 31, Lily eut beaucoup de mal à s'endormir. Les yeux grand ouverts dans la pénombre, elle fixait le mur devant elle en se récitant mentalement des formules magiques qu'elle avait apprises dans son Livre des Sorts et Enchantements ; son cœur battait fort quand elle se disait qu'elle allait passer dix mois séparée de sa famille – elle ne reviendrait pas pour les vacances de Noël et de Pâques – et encore, ce n'était que la première année.
Mais une pensée la rassura juste avant qu'elle ne s'endorme. Elle ne serait pas seule – elle aurait des amis, qui seraient dans la même galère qu'elle, et avec qui elle s'était bien entendue pour le premier contact…
"Si' ! Si', maintenant tu te lèves !"
Véga Black secouait fermement la forme gémissante qui se tortillait sous les couvertures.
"Sirius Ian Black ! Sors, ou je te pousse hors du lit !"
"Véga, espèce de dingue," grommela une voix étouffée. "T'as pas vu l'heure qu'il est ? Il ne fait même pas encore jour, je parie qu'il n'est même pas six heures…"
"Des clous ! Il est six heures et quart, et je ne veux pas prendre le risque d'être en retard. Maintenant, debout ! Je vais préparer les toasts."
Sirius Black sortit une tête ébouriffée de dessous sa couverture ; ses cheveux noirs et un peu bouclés partaient dans tous les sens, et ses yeux clairs étaient encore bouffis de sommeil. En temps ordinaire, il aurait lancé un oreiller en direction de sa sœur avant de se fourrer de nouveau la tête sous les couvertures. Mais là, il s'agissait quand même de sa première rentrée à Poudlard, alors il fit un effort et s'assit, non sans jeter un regard assassin vers la porte par laquelle Véga avait disparu :
"Six heures et quart… Franchement, Véga…"
Son père arriva dans la cuisine quand Sirius entamait sa tasse de thé. Franck Black avait visiblement du mal à garder les yeux ouverts lui aussi :
"Heureusement que tu es là, Véga," marmonna-t-il avec un léger sourire tout de même, "sinon je crois bien que j'aurais dormi jusqu'à… au moins sept heures."
Puis, comme Véga se retournait en fronçant légèrement les sourcils :
"Ne t'en fais pas, ma puce. Vous ne serez pas en retard, je te le promet. On met à peine une heure et demie en voiture d'ici à Londres. Il suffit qu'on parte à huit heures et demie, et on sera largement en avance."
Sirius marmonna quelque chose qui se perdit dans le thé. Véga préféra ne pas savoir ce qu'il avait dit.
Comment ils arrivèrent à s'entasser tous dans la petite voiture avec les bagages et la cage de Lucy, la chouette de Véga, Sirius n'en avait qu'une vague idée. Le voyage fut assez animé, entre Sirius qui bombardait Véga des questions sur Poudlard qu'il ne lui avait pas encore posées, ou dont il avait oublié les réponses, Véga qui râlait parce que son frère devenait assommant et Lucy qui hululait, Franck Black avait un peu de mal à se concentrer sur la route.
Quand ils finirent par arriver à la gare de King's Cross, Sirius était au bord de la nausée – les voyages en voitures ne lui réussissaient pas. Le temps de récupérer un peu, et les trois Black se dirigèrent tant bien que mal vers les voies 9 et 10. Certains Moldus les regardaient d'un drôle d'air ; il faut dire qu'avec leurs valises et surtout la cage où Lucy, effrayée comme toujours par tout ce monde, hululait tant qu'elle pouvait, ils ne passaient pas vraiment inaperçus.
Ce fut les cris de Lucy qui parvinrent d'abord aux oreilles de Lily Evans ; ils la sortirent de l'état de début de panique dans lequel elle était plongée depuis le moment où elle était entrée dans la gare et avait regardé son billet. Poudlard Express de 11 heures, voie 9 ¾. Elle avait dit au revoir à ses parents et à sa sœur avant de prendre le bus pour la gare, et maintenant elle se retrouvait là, plantée entre les entrées des voies 9 et 10, sans avoir la moindre idée du moyen d'atteindre cette fameuse voie 9 ¾. Et Nina commençait à s'impatienter.
Entendant un hibou hululer, Lily se retourna, immensément soulagée ; elle le fut encore plus quand elle entendit plus nettement une voix un peu rauque, qu'elle reconnut tout de suite, s'exclamer :
"Véga, tu veux pas faire taire ta chouette ? Il y en a parmi nous qui tiennent à leurs tympans, et c'est pire que toi quand tu es sous ta douche et qu'on coupe l'eau chaude !"
"Sirius !" s'écria Lily…
C'était bien lui, avec sa grande sœur et un homme très brun aux yeux clairs qui devait être son père. Sirius se tourna vers Lily et son visage s'éclaira :
"Tiens, regardez qui voilà ! Salut, Lil'. Ça baigne ?"
"Pas vraiment, je suis bloquée là et je ne sais absolument pas comment aller sur cette satanée voie 9 ¾…"
"No problema chica, c'est un truc de sorciers pour la cacher aux Moldus. Tu vas voir, c'est super facile, et en plus c'est assez marrant."
"Comment tu t'appelles ?" demanda gentiment Véga en s'approchant. De près, elle avait l'air moins féroce que l'autre jour sur le Chemin de Traverse, et ses yeux bleus brillaient.
"Lily Evans."
"Tiens, Lily, donne-moi tes bagages, on va les mettre sur un chariot. Ca sera plus simple. Tu vois, le truc c'est de courir entre les entrées des voies 9 et 10, de s'accrocher à ton chariot et de ne pas ralentir, surtout."
"Mais… si je me cogne ?" fit Lily, pas sûre du tout. Sirius haussa les épaules avec un sourire :
"Un, tu ne te cogneras pas, et deux, si tu t'assommes c'est pas grave, je connais la respiration artificielle. Le bouche-à-bouche. On nous apprenait le secourisme à l'école."
"Beurk ! Te vexe pas, mais je crois que je préfère encore rester assommée que de te laisser m'embrasser."
"Vas-y," fit Véga, passe avant Sirius. "Allez, vas-y !"
Lily s'avança en hésitant, serra fort la poignée du chariot et le poussa de toutes ses forces. Le mur se rapprocha… plus près… encore plus près… Elle ferma les yeux ; quand elle les rouvrit, elle n'était plus dans le hall de la gare, mais sur un quai, devant une grande locomotive rouge qui crachait de la vapeur.
Sa première pensée fut " Je croyais qu'on n'en faisait plus, des comme ça " ; puis, un peu perdue, elle jeta des rapides coups d'œil autour d'elle.
Au-dessus de sa tête, une pancarte en fer indiquait : " Poudlard Express – 11 heures ", et en se retournant une seconde elle vit une grande arche de fer forgé également : " Voie 9 ¾ ". Le quai, devant elle, était rempli d'étudiants qui entraient et sortaient du train, traînant leurs bagages, leurs cages à hibou, leurs paniers à chat ou leurs boîtes à rat. Un vacarme impressionnant régnait, entre les adieux, les recommandations, les quelques sanglots et les nombreux hululements, miaulements et autres cris d'animaux. Elle entendit à peine une voix murmurer à son oreille :
"Je sais, moi aussi ça m'a fait cet effet-là la première fois."
Sirius avait passé la barrière à son tour, et son père et sa sœur suivaient de près. Lily reprit ses bagages du chariot avec un sourire :
"Merci de m'avoir aidée."
"Tu parles, c'est normal, nous on est des habitués, avec la vieille qui rentre en cinquième année…"
"Si' !"
"Je rigole, sœurette. Enfin, voilà."
"T'as pas peur ?"
"Pourquoi j'aurais peur ? Ca va être génial ! On va pouvoir apprendre des sortilèges pour embêter tout le monde, surtout les Serpentard !"
"Les quoi ? Ah oui, ceux de la maison Serpentard. Pourquoi eux en particulier ?"
Sirius eut un clin d'œil :
"Je crois que tu le découvriras bien assez tôt."
Puis son visage s'éclaira de nouveau, et il s'écria d'une voix joyeuse :
"Hé, Jamsie !"
Lily se retourna, et vit James Potter qui venait vers eux en traînant ses valises, suivi de sa mère.
"Salut, James !"
"'Lut, Lily, Sirius ! Je vous cherchais !"
Il avait l'air un peu rouge et essoufflé, ses lunettes étaient de travers, et il avait toujours l'air de ne pas s'être donné un coup de peigne depuis une semaine. Ses cheveux noirs étaient plus en bataille que la première fois que Lily l'avait vu. Mais c'était peut-être à cause de la précipitation.
"T'as couru ?"
"Ouais, le réveil n'a pas sonné au bon moment. Et ma mère est une maniaque de l'heure juste."
"Tiens, moi aussi j'en connais une comme ça," marmonna Sirius avec un regard en coin vers sa sœur qui discutait avec son père et Mrs Potter. James reprenait son souffle ; quand il put respirer normalement, il se tourna vers Lily :
"Comment tu as trouvé la voie ?"
"C'est lui qui m'a montré," répondit-elle en montrant Sirius du doigt. "On y va ?"
"Attend une minute. Tu es bien la première fille que je voie qui aie autant envie d'aller à l'école !"
Lily haussa les épaules et s'assit sur sa valise en attendant. James dit au revoir à sa mère ; elle le serra contre elle, comme si elle s'attendait à ne plus jamais le revoir. Elle avait presque des larmes dans les yeux quand elle souffla :
"Je suis si fière, James… vraiment, je suis très fière de toi."
James sentait une drôle de boule se former dans sa gorge ; c'était la première fois qu'il quittait sa maison pour aussi longtemps. Il laissa sa mère l'embrasser sur la joue bien qu'il déteste ça, avant de prendre ses valises et de rejoindre Lily. De son côté, Sirius semblait légèrement mal à l'aise lui aussi, mais il se serra contre son père quand celui-ci le prit dans ses bras.
"La maison va avoir l'air vide, maintenant," souffla Franck Black avec un léger sourire. "Mortellement calme, même."
"Je t'enverrai plein de lettres qui exploseront quand tu les ouvriras," fit Sirius, dont la voix tremblait un peu. "Et des sortilèges pour mieux mélanger tes couleurs quand tu peints. Et si tu lis dans une de mes lettres " les haricots magiques sont cuits ", là il faudra venir me chercher tout de suite, parce que Véga m'aura rendu fou. Ok ?"
"D'accord, fils. Pas trop de bêtises quand même ?"
"Pas trop, juré, Pa."
Franck se releva tandis que Sirius empoignait ses valises en criant :
"Allez, Véga, arrête de draguer, on n'a pas que ça à faire !"
Il avait dû frapper juste, car quand Véga revint en vue, elle avait l'air furieuse. Sirius échangea un dernier sourire avec son père, et suivit James et Lily vers les wagons.
Tous ceux du début semblaient bondés. Une fois qu'ils eurent à peu près franchi la foule des étudiants et à monter dans le train avec tous leurs bagages, il fallut encore les traîner jusqu'à un compartiment libre. Ce ne fut pas chose facile. Après avoir fait trois ou quatre wagons, ils suaient à grosses gouttes, et Lily finit par poser ses valises pour relever ses cheveux de sa nuque trempée ; juste à ce moment-là, ils entendirent une voix basse et douce, qui leur était déjà familière :
"Venez dans celui-là, il est vide."
James reconnut les cheveux châtains et les yeux bleus gris et fit, soulagé :
"Ça devient une habitude chez toi, de tomber à pic, Remus ?"
Remus Lupin sourit et empoigna les cages des hiboux – Lucy, Nina, et Merlin, le hibou de James. Bientôt les cinq eurent franchi la porte du compartiment, posé leurs valises dans le porte-bagages et s'effondrèrent sur les banquettes, épuisés. Il y eut un instant de silence, puis Véga se releva :
"Ça t'ennuie de garder Lucy, Si ? Je vais voir Angie et Dan."
Sans même attendre la réponse de son frère, elle était partie. James leva un sourcil :
" Si " ?
Sirius haussa les épaules d'un air excédé :
"Je déteste quand elle m'appelle comme ça."
"Je sais ce que tu peux endurer," fit James. "Ma mère s'obstine à m'appeler Jimmy."
Lily gloussa.
"Quoi ?"
"C'est… c'est mignon, Jimmy, non ?"
"Jimmy c'est pour les petits garçons !"
"Ah… et toi t'as quoi, soixante ans ?"
"J'ai onze ans, et je préfère James à Jimmy. Ou peut-être même Jamsie. Ça te suffit comme réponse ?"
"Doucement, mon gars, te fâche pas… Remus, empêche-le de me mordre."
"Hé, Remus," coupa Sirius en le regardant de plus près. "T'as une tête terrible."
En effet, Remus avait de grands cernes sombres sous les yeux, et son visage semblait plus pâle que la dernière fois. Il eut un sourire tranquillement ironique :
"Vous aussi vous auriez une tête terrible si un fantôme timbré s'était amusé à chanter " Je suis Henri le Huitième " toute la nuit jusqu'à cinq heures du matin."
Les trois autres éclatèrent de rire, puis un sifflet retentit.
"Hé, regardez, il y a les parents, là !"
Quatre têtes se tournèrent vers la fenêtre alors que le train s'ébranlait :
"Salut, M'man !!"
"Sirius, c'est ton père, là ?"
"Oui, celui qui discute avec ta mère."
"Ouah, c'est qui toute cette bande de rouquins ?"
"C'est les Weasley, ils sont très nombreux dans leur famille, d'après ce que ma mère m'a dit. Je t'écrirai, M'man !"
"Au revoir !!"
Petit à petit, le quai s'éloignait, et le train prenait de la vitesse. James sentit que la boule de tout à l'heure était revenue, et lui serrait méchamment la gorge. Il vit sa mère rétrécir, rétrécir, puis se perdre dans l'horizon en même temps que la gare de King's Cross. Sirius avait une drôle d'expression sur son visage habituellement rieur, et Remus ne souriait plus non plus.
Il y eut un moment de silence, puis Lily frappa dans ses mains :
"Bon ! En route pour l'aventure ?"
Trois haussements de sourcils plus tard, elle rougit et baissa un peu le nez :
"Ben quoi, il fallait bien dire quelque chose. Ça devenait pénible, ce silence."
"Je suis d'accord avec toi, Lily," fit Remus en s'installant dans son fauteuil. "Puisque le voyage va durer quelque chose comme une dizaine d'heures, si on commence à se regarder dans le blanc des yeux maintenant, qu'est-ce que ça va être plus tard… De quoi on parle ?"
"Ah tiens, James," fit Lily en se tournant vers lui. "Je viens d'y penser : pourquoi tu as bondi comme ça quand l'autre abruti nous a traité de je ne sais plus quoi ?"
"Il vous avait traité de Sang-de-Bourbe," répondit James d'une voix durcie. Remus sursauta et fronça les sourcils :
"Alors c'était ça ? Eh ben je regrette encore moins ma lèvre fendue. Le sale petit crétin."
"Mais qu'est-ce que ça veut dire ?" demanda Sirius.
"C'est la pire insulte qu'on puisse faire à une sorcière ou un sorcier dont les parents sont des Moldus. Comme si c'était mieux de descendre depuis toujours d'une vieille famille de sorciers."
"Severus Rogue est un " sang pur "," ajouta Remus avec du dédain dans la voix. "Et lui, comme d'autres sorciers – hélas – il se persuade qu'il vaut mieux que tout le monde à cause de ça. Pour des gens comme lui, il y a les " Sang-Pur ", les " Sang-Mêlé ", les " Sang-de-Bourbe " et tout en bas, les Moldus. Heureusement que tous les sorciers et sorcières ne sont pas de cet avis."
"Voldemort est de cet avis," fit Sirius d'un ton coupant comme la glace. A sa surprise, Remus ne broncha pas. Son regard se durcit tout au plus.
"J'ai lu dans La Gazette du Sorcier que des Mangemorts avaient encore frappé, dit James. Ils ont torturé et tué au moins sept personnes du côté des Cornouailles. Monstrueux."
"Des Mangemorts ?"
Devant l'air perdu de Lily, Remus expliqua :
"C'est comme ça que les partisans de Lord Voldemort se nomment entre eux. Je ne préfère pas savoir pourquoi."
"Ouais, moi non plus."
Leurs conversations roulaient au rythme du Poudlard Express ; à un moment, une sorcière poussant un chariot rempli de friandises ouvrit la porte du compartiment. Les quatre visages s'éclairèrent d'un coup – la faim commençait à se faire sérieusement sentir.
"Vous avez faim, mes enfants ?" demanda la sorcière. Elle avait un visage souriant et des fossettes. James, Remus, Sirius et Lily remplirent leurs poches de Ballongommes du Bullard, de Baguettes Magique au Réglisse, de Dragées Surprises de Bertie Crochue, de Marrons Marrants, de Chocogrenouilles, de Patacitrouilles… Lily ne connaissait rien de ces bonbons – aucun livre ne mentionnait les différentes friandises du monde des sorciers ! – alors elle en prit un peu de chaque, avec cependant une préférence pour les Chocogrenouilles, car elle avait un faible pour le chocolat. En se rasseyant, elle jeta un coup d'œil à ce que les autres avaient acheté : James avait pris beaucoup de Chocogrenouilles, Sirius avait préféré les Fondants du Chaudron, et Remus mâchait déjà une de ses Ballongommes ; il regarda les Dragées Surprises de Lily d'un œil méfiant :
"Fais attention à ces trucs-là, Lily," fit-il. "Tu peux trouver absolument tout dedans, du chou de Bruxelles, de l'orange, des épinards, du chocolat, du sang de gobelin, de la menthe, même du sang de gobelin à la menthe… La première fois que j'ai essayé, je suis tombé sur du fromage de chèvre."
Lily jeta un coup d'œil en coin à ses Dragées, et en prit trois qu'elle offrit à ses amis :
"Allez-y, servez-vous."
Remus, Sirius et James prirent chacun une Dragée, mais ne bougèrent pas.
"Toi aussi, prends-en une."
"Ok."
Lily ramassa une dragée d'une vague couleur rosâtre, défiant les trois autres du regard.
"On les mange ensemble. Et on verra bien qui tombe sur quoi."
"A trois."
"D'accord."
Les quatre amis soutenaient le regard de chacun, chacun tenant sa Dragée surprise dans la main ; James se mit à compter à voix basse :
"Un… deux…"
"Stop !"
Tout le monde se tourna vers Sirius qui venait de crier. Il haussa les sourcils :
"Vous avez dit " à trois ", hein ? Mais ça veut dire " un, deux, trois et on y va " ou " un, deux, et on y va à trois " ?"
"Ça veut dire " un, deux… trois ! "
"Mais on mange à " trois " ou après " trois " ?"
"On mange à… oh puis ça suffit. Un, deux… trois !"
Les quatre prirent chacun une bouchée. Il y eut un moment de silence, puis Remus et James changèrent de couleur. En même temps. Immédiatement, ils ouvrirent la fenêtre et recrachèrent ce qu'ils avaient dans la bouche, avant de se rasseoir et de regarder d'un air presque envieux Sirius et Lily qui mâchaient tranquillement :
"Alors ?" fit Lily quand elle eut avalé le reste de sa dragée. "Sur quoi vous êtes tombés qui vous a mis dans cet état ?"
"Des tripes," grommela James.
"Du foie de dragon," marmonna Remus. "Et vous ?"
"Chocolat et poire."
"Orange."
"Orange ? Lily, veinarde…"
"La chance du débutant !"
Ils se regardèrent, et explosèrent de rire.
"Faudra recommencer un duel comme ça," fit Lily en essuyant ses larmes de rire. "Histoire de ne pas rester sur une défaite. Pour vous, je veux dire."
Tout l'après-midi, ils discutèrent, rigolèrent et… discutèrent encore ; Véga passait de temps en temps pour garder un œil sur son frère, restait un instant puis repartait voir ses copains.
Vers la fin de l'après-midi, alors qu'ils se racontaient les choses les plus bizarres qui leur étaient arrivées, la porte du compartiment s'ouvrit et trois garçons entrèrent.
"Salut," fit le premier froidement. "Première année ?"
"Ouais," fit James. "Et toi ?"
"Non, deuxième année !" fit l'autre en haussant dédaigneusement les épaules. "Ça se voit, non ?"
"Ben, euh…"
Il faut dire que James et Sirius étaient tous les deux aussi grands que lui, même s'ils avaient un an de moins. Le garçon avait le teint presque aussi pâle que Remus, des cheveux blonds très clairs et des yeux gris froids. Lui avait l'air méprisant et glacial, mais les deux garçons qui se tenaient de chaque côté de lui comme des gardes du corps avaient l'air positivement féroce.
"Tu t'appelles comment ?" demanda poliment Remus.
"Malefoy, Lucius Malefoy, et eux c'est Crabbe et Goyle."
"Et ils ont pas de prénom ?" souffla Sirius à James. James fronça les sourcils en même temps que Remus : ils avaient entendu parler des Malefoy.
"Qu'est-ce que vous venez faire ici ?" fit James, et Lily remarqua que sa voix s'était légèrement durcie. "Visiter ?"
"Tu es un Potter, toi, non ? Ça se voit. Mon père m'a dit qu'ils ont tous des lunettes, des cheveux noirs et beaucoup trop d'insolence pour pouvoir vivre longtemps."
"Mon père est presque roux et il ne porte plus de lunettes depuis l'âge de vingt ans, Malefoy, trouve autre chose."
"Pourquoi être " un Machin " ou " un Truc " est si important pour vous ?" coupa Lily en haussant les épaules. "Il n'est pas " un Potter ", il est James. Moi c'est Lily Evans, et voilà Remus Lupin et Sirius Black."
Et elle appuya bien sur les prénoms. Malefoy eut une petite grimace dédaigneuse :
"On voit que tu est une Moldue, toi. Si tu étais vraiment une sorcière, tu connaîtrais la fierté d'avoir une longue lignée de sorciers derrière un nom. Ma famille est puissante, parce que ce sont tous des sorciers. Aucun Moldu n'est venu en corrompre le sang, ajouta-t-il avec orgueil. Ce n'est pas le cas de tout le monde, malheureusement."
Sirius était devenu très rouge, et James et Remus fumaient de colère.
"Dehors," dit James dans un murmure. "Dehors, ou on te jette hors d'ici par la fenêtre."
Malefoy eut un petit rire de dédain :
"Et qu'est-ce que vous allez faire ? Me frapper ? Lancer des étincelles avec vos baguettes magiques ? J'aimerais assez voir ça…"
Il fit un signe de tête vers Crabbe et Goyle qui s'avancèrent dans le compartiment.
"Et vous faites quoi, là, au juste ?" aboya Lily.
"Vu que nous avons fini toutes nos Chocogrenouilles et qu'on a encore faim, vous pourriez partager avec nous ? Vous en avez beaucoup, on dirait."
D'un mouvement vif, Remus, James et Sirius s'étaient emparés de leurs baguettes magiques, et Lily avait fait de même ; elle fut surprise de sentir une vague de chaleur dans sa baguette, et de voir des petites étincelles de différentes couleurs jaillir au bout des quatre baguettes.
"Essaye, et tu le regretteras," siffla James. "On n'est peut-être pas des spécialistes, mais je sais jeter quelques sorts."
"Moi aussi," fit Remus à voix basse. "Et j'en connais des pas mal."
"La dernière fois que quelqu'un m'a cherché, il s'est retrouvé avec son pantalon en feu," renchérit Sirius avec un sourire féroce. "Et encore, il y avait de l'eau tout près pour éteindre le feu."
Quant à Lily, elle tenait fermement sa baguette, et avait rivé ses yeux étincelants à ceux de Malefoy. Celui-ci ne dit rien, puis recula dans le couloir et fit signe à ses deux gorilles d'en faire autant.
"C'est dommage pour vous deux," fit-il en direction de James et Remus. "Traîner avec une Sang-de-Bourbe et un Sang-Mêlé. J'attendais mieux de deux vrais sorciers comme vous."
"Va te faire voir chez les Grecs, Malefoy," fit Remus d'une voix froide. "On n'a pas la même idée de ce que doit être un " vrai sorcier "."
"Maintenant, dehors ! Et emmène tes chiens de garde avec toi."
Juste après le départ des trois, Sirius se tourna vers Lily :
"Quand je te disais que c'était les Serpentard qu'il fallait embêter en priorité ? Eh ben, ces trois-là sont à Serpentard. Et je te parie un Gallion que notre petit camarade du Chemin de Traverse atterrira à Serpentard aussi, avec toute sa bande."
"Ce ne serait pas étonnant."
"Hé, tout va bien là-dedans ?"
Véga venait d'ouvrir la porte du compartiment.
"Je crois que Malefoy et ses sbires sont passés par là, ils remontent le train à la recherche de première année à terroriser pour leur piquer des bonbons. Il est venu ici ?"
"Oui, il est passé par là. Mais pas longtemps. On l'a découragé, je crois."
"Il ne s'attendait pas à de la résistance."
"Tant mieux. C'est un crétin, mais il adore faire peur à plus faible que lui. Mériterait un bon coup de pied là où je pense, cette espèce de…"
"Doucement, Véga ! Il y a des oreilles sensibles ici."
"Ah ha, Sirius. Vraiment drôle."
"Merci de t'inquiéter pour nous, c'est gentil, mais on est grands, on peut se défendre tout seuls."
"Ok, je retourne avec mes potes. Angie a perdu son chat, on va l'aider à le trouver. A tout à l'heure !"
"Salut !"
Quelques heures après, la porte du compartiment s'ouvrit de nouveau, mais cette fois ce n'était ni Véga ni Malefoy, mais un garçon plutôt petit et grassouillet, qui trébucha et tomba presque dans le compartiment et s'écria d'une voix aiguë essoufflée :
"Il est derrière moi ! Aidez-moi, il est derrière moi !"
James le releva et l'assit sur la banquette :
"Eh, du calme ! Qui est derrière toi ?"
"Un type avec des cheveux gras, je lui ai marché sur les pieds sans faire exprès quand je suis revenu des toilettes, et il a dit qu'il n'aime pas les petits gros et il veut me couper les oreilles et puis la langue et puis autre chose et c'est même pas vrai que je suis gros et…"
"Calme-toi," coupa Sirius. "Personne ne va couper les oreilles ou la langue de personne. Qu'est-ce que t'as dit qu'il voulait te couper ensuite ?"
"S'il te plaît, Sirius… Comment tu t'appelles, toi ?"
"P… Peter… P… Pettigrow…"
"Respire, Peter. Personne ne va te faire de mal. Ce type est un imbécile, tu n'as pas de chance d'être tombé dessus, c'est tout. Laisse-nous faire maintenant, et ne dis plus rien."
Rogue venait d'ouvrir la porte d'un air furieux :
"Encore vous ? Vous êtes quoi, la SPA ? Rendez-moi le petit rat !"
"Oh, le petit Sevie a perdu son animal de compagnie ?" fit Sirius en souriant largement. "Désolé, mon pote, mais je crois que c'est plutôt ton shampoing que tu as perdu. Va te laver les cheveux."
"Peter n'est pas un rat, Severus," fit Remus, dont les yeux d'un bleu gris rêveur avaient brusquement tourné à un bleu de glace menaçant. "Tu n'as pas honte de lui faire peur comme ça ? Je pouvais comprendre une attitude aussi imbécile d'un gamin de sept ans, mais pas d'un jeune sorcier de onze ans qui va rentrer à Poudlard !"
"On ne t'a pas sonné, Lupin !"
"Reste poli, tu veux ! Peter ne t'a pas marché sur les pieds exprès, que je sache ?" coupa James. "Ça suffit, sors d'ici avant qu'on te fiche dehors à quatre !"
Lily fit craquer ses articulations d'un air menaçant. Le bruit des os qui craquent fit courir un frisson sur la nuque de Rogue. Il battit en retraite, non sans un regard meurtrier en direction des cinq.
"Installe-toi, Peter," fit gentiment Lily. "Ne t'en fait pas pour cet idiot. On te protège."
"Merci," marmonna Peter, encore un peu essoufflé.
Il avait l'air plus calme, mais sursauta néanmoins quand la porte se rouvrit encore une fois. Cette fois, ce fut une fille brune avec de grandes dents qui passa la tête par l'ouverture. Elle était suivie de deux garçons, l'un avec des cheveux blonds roux et un visage parsemé de taches de rousseur, l'autre avec des cheveux bruns presque roux et des yeux bleus :
"Pourquoi il y a autant de bruit ? Vous passez votre temps à vous battre, ou quoi ?"
"C'est rien," fit Lily. "Rogue voulait couper les oreilles et le nez…"
"La langue !"
"…et la langue – merci Sirius – de Peter, alors il a couru et il s'est réfugié dans notre compartiment."
"Ah, bon, je croyais que c'était juste pour vous amuser."
Peter laissa échapper un grognement.
"Je m'appelle Lisa Dodger," fit la fille aux cheveux bruns. "Vous c'est comment ?"
Les cinq se présentèrent tour à tour, puis :
"Moi c'est Fergus Finnigan, fit le garçon aux cheveux blonds roux."
"Martin Riley, fit le garçon brun aux yeux bleus. C'est mon meilleur ami, et lui, Lisa, Tim et moi on vient d'Irlande."
"Tim ?"
"Tim Thomas," fit une voix derrière eux. "C'est vous qui faisiez tout ce bruit ? Je dormais, moi."
Le propriétaire de la voix avait des yeux verts et des cheveux bruns.
"Tu ronflais, même, Tim," dit Lisa Dodger en se tournant vers lui. "Tu ronflais tellement fort que je ne pouvais même pas lire."
Avant que Tim Thomas aie pu protester, Lisa se tourna vers Sirius, Lily, James et Remus qui ne portaient pas leurs uniformes :
"Vous feriez mieux de vous changer, vous. On arrive bientôt."
Lily pâlit un peu :
"Quoi, déjà ?"
"Ben oui, déjà," fit Lisa Dodger en haussant les épaules d'un air détaché – mais Lily vit quand même qu'elle avait pâli également. "On va pas passer toute l'année dans ce train, quand même ?"
Lily haussa les épaules et prit sa robe dans son sac pour aller se changer avec Lisa. Quand elle revint, Fergus, Tim et Martin étaient partis, et James, Remus, Sirius et Peter avait enfilé leurs uniformes. Celui de Peter était trop grand pour lui – il flottait dedans – et les robes de Remus n'avaient vraiment pas l'air neuves. Le noir initial commençait à s'éclaircir comme celui d'un vieux vêtement qu'on a lavé trop souvent et on pouvait voir qu'il avait été rapiécé.
"C'est mon cousin qui me passe ses robes," fit Remus quand il saisit le regard de Lily. "Et elles sont loin d'être neuves."
Il haussa les épaules d'un air fataliste ; Lily craignait d'avoir été malpolie. Sirius avait attrapé un de ses sacs dans le porte-bagages et le tapotait nerveusement des doigts. James se tourna vers lui :
"C'est quoi, ce truc ?"
"Ma guitare," répondit Sirius. James ouvrit de grands yeux :
"Ta quoi ?"
"Tu ne sais pas ce que c'est ?"
C'est Moldu ?"
"Oui," intervint Lily, "c'est pour faire de la musique. Tu sais vraiment en jouer, Sirius ?"
"Ouaip. Sinon je ne l'aurais pas amenée. Mais pour l'échantillon, attendez un peu, parce qu'on est presque arrivés à ce qu'il paraît."
"Tu crois qu'on a le droit d'amener une guitare ?"
"J'espère…"
Quelques minutes passèrent, puis on entendit une voix :
"Nous arriverons en gare de Pré-au-Lard dans quelques minutes. Pour les première année, veuillez laisser vos bagages dans le train, ils seront acheminés séparément dans les locaux scolaires."
"Pourquoi " que les première année " ?" demanda Lily. "Pourquoi pas les autres ? Sirius, ta sœur ne t'a rien dit là-dessus ?"
"Relax, Lil', Véga est loin d'être infaillible. Et elle adore me faire flipper. Donc, je ne sais rien de ce qui va se passer maintenant."
Le train ralentit bientôt, puis s'arrêta. Un grand vacarme retentit alors : c'était tous les élèves qui se pressaient dans le couloir. Ils sortirent également, en essayant de ne pas se perdre les uns les autres. Sirius jeta un dernier coup d'œil inquiet à sa guitare avant de sortir à son tour.
Dehors, il faisait nuit, et Lily regretta de ne pas avoir emporté sa cape. La brise était fraîche, et elle pouvait voir qu'elle n'était pas la seule à se retenir de frissonner. Puis une grosse voix retentit dans la pénombre :
"Les première année, par ici, suivez-moi ! Par ici !"
Celui qui avait prononcé ces mots aurait été très difficile à manquer. Avec sa barbe et ses cheveux noirs en broussaille et surtout sa silhouette gigantesque – James pensa avec stupéfaction qu'il devait faire dans les trois mètres de haut – il ne passait pas inaperçu. Lily se demanda s'il fallait avoir peur, mais quand elle vit les petits yeux noirs qui rayonnaient au milieu de son visage presque caché par la barbe et les cheveux, elle se sentit rassurée quelque part. Les cinq suivirent le géant avec la foule des première année, parmi laquelle on pouvait reconnaître Lisa Dodger, Tim Thomas, Fergus Finnigan, Martin Riley et malheureusement, Severus Rogue et ses acolytes – Avery, Nott, Rosier, Wilkes. Ils leur lancèrent un regard mauvais. Sirius et Lily leur envoyèrent une grimace en même temps et James sortit sa baguette de sa ceinture d'un air menaçant.
Ils cheminèrent comme ils purent derrière le géant – le sentier escarpé qu'ils suivaient était étroit et glissant, et plongé dans la pénombre.
"Je crois que c'est la Forêt Interdite," murmura Remus à Lily quand elle passa près de lui, le nez en l'air, regardant d'un air inquiet les immenses troncs d'arbres sombres. "Il paraît qu'il y a plein de trucs bizarres dedans. Il y avait même des vampires, à un moment."
"Des vampires ?"
Lily n'aurait pas su dire, au son de sa voix, si Sirius était enchanté ou effrayé. Peut-être les deux, qui sait. Apparemment, il voulait ajouter un commentaire de son cru, mais un grand " Oooooh ! " l'en empêcha.
Il faisait toujours aussi sombre, mais on pouvait apercevoir un grand lac noir. Le reflet de la lune décroissante scintillait à la surface, souvent masqué par les nuages. Et surtout, derrière le lac, presque dans le ciel, de petites lumières dorées brillaient au sommet d'une montagne ; à un moment, les nuages disparurent entièrement, et James ouvrit de grands yeux devant la grande masse sombre hérissée de tours pointues.
"Voilà le château," annonça le géant. "Impressionnant, hein ?"
Alors c'est ça, pensait James. C'est Poudlard. Impressionnant, oui, on peut dire.
"Quatre par barque, pas plus !"
James n'avait même pas vu les petits canots amarrés le long de la rive. Tous les élèves s'étaient rassemblés au bord de l'eau et montaient dans les barques, et avant d'avoir pu se poser la moindre question, James se retrouvait dans un bateau avec Sirius, Remus, et à leur grand dégoût, Severus Rogue. Les trois jetèrent un regard envieux à Lily et Peter Pettigrow, le garçon du train, qui étaient montés avec Fergus et Martin.
"Tout le monde est bien installé ?" lança le géant. Sirius marmonna quelque chose d'inaudible. "En avant ! Et ne faites pas trop de bruit, pour ne pas réveiller le calmar géant."
"Un calmar géant ?"
Cette fois, Sirius était positivement ravi.
"J'adore cet endroit !" s'exclama-t-il en se penchant pour voir. James le poussa légèrement :
"Attends, laisse-moi voir… J'ai jamais vu de calmar géant…"
Tout ce passa très vite. Remus vit une lueur bizarre s'allumer dans les yeux de Rogue ; avant qu'il ait pu avertir ses deux amis, il vit Rogue bondir et bousculer brusquement James. Les lunettes tombèrent les premières, et le temps que James tende une main fébrile pour les rattraper, il bascula lui aussi. Sirius se releva de toute sa hauteur, faisant dangereusement trembler la barque, et poussa brutalement Rogue pour venir à la rescousse de James ; il parvint à agripper fermement sa robe de sorcier, mais le poids de James l'entraîna et il tomba à son tour.
Remus hurla quelque chose vers le seul adulte présent – le géant barbu – pour l'avertir, puis se pencha vers la surface noire du lac, fou d'inquiétude, pendant que Rogue envoyait des clins d'œil à ses camarades dans une barque voisine. Lily scrutait l'eau également, sans résultat – les vaguelettes causées par la chute des deux garçons s'aplanissaient peu à peu, et l'eau était aussi noire que de la poix. Tout d'un coup, elle crut apercevoir quelque chose, et regarda mieux : une petite lumière dorée, ténue, s'était allumée au fond de l'eau, et une forme remontait. James sortit une tête trempée de l'eau, une tête furieuse :
"Si j'attrape ce type…"
Remus lui tendit la main avec un soupir de soulagement pour l'aider à remonter dans la barque. Rogue se tint le plus loin possible de James dont les yeux verts lançaient des éclairs. Il secoua sa tignasse trempée alors que le géant arrivait rapidement vers eux :
"Tu vas bien, toi ? Où est l'autre garçon ?"
James et Remus se regardèrent, l'air paniqué : Sirius n'était pas remonté. James devint livide et scruta la surface du lac en criant : " Sirius ! ". Remus se tourna vers Rogue, les yeux flamboyants. Rogue recula vivement vers le fond de la barque en gémissant :
"Ne me regarde pas comme ça ! Je savais pas qu'il savait pas nager !…"
Remus parut encore plus furieux. Severus se ratatina encore plus sur lui-même, le teint blafard. Soudain, un bruit se fit entendre sous la surface du lac et des remous apparurent brusquement ; quelque chose de grand fut projeté hors de l'eau et atterrit dans le fond de la barque de Remus, James et Severus. L'instant d'après, Sirius écartait ses mèches trempées de son visage un peu pâle, mais rayonnant :
"Vous savez quoi ? Y a vraiment un calmar géant là-dedans !"
James poussa un énorme soupir de soulagement, et un peu de couleur revint sur les joues de Remus. Sirius tourna la tête vers Rogue, écroulé à côté de lui dans le fond du canot :
"Désolé de te décevoir, face de rat, mais il faut plus que ça pour me tuer."
Puis, avisant les visages secoués de ses deux amis :
"Vous n'avez quand même pas eu peur pour moi, non ? Fallait pas vous en faire, je suis indestructible."
James eut un petit rire, tandis que le géant demandait, l'air inquiet :
"Ça va ? Qu'est-ce qui s'est passé ?"
"Je me suis penché, mes lunettes sont tombées dans l'eau, j'ai basculé en voulant les rattraper et Sirius est tombé en voulant me rattraper," fit vivement James, sans faire attention aux protestations de Sirius et à l'air scandalisé de Remus. Puis il tourna la tête vers Rogue, et fit dans un murmure féroce :
"C'est une déclaration de guerre, mon gars."
Le géant n'avait pas entendu, mais fronça les sourcils d'un air suspicieux en grommelant :
"Bon, d'accord, mais je ne veux plus vous voir bouger jusqu'à ce qu'on arrive, compris ?"
Puis il fit d'une voix moins bourrue :
"Vous n'avez pas trop froid ?"
James secoua la tête en frissonnant imperceptiblement, et malgré ses lèvres légèrement bleues Sirius eut un large sourire.
"Alors en route."
Les barques se remirent en mouvement. Rogue se tassa dans le fond du canot, pendant que Remus demandait à James :
"C'était quoi, cette petite lumière, au fond de l'eau ?"
"J'avais perdu mes lunettes, alors j'ai allumé ma baguette pour les retrouver. Tu sais, c'est facile, il suffit de dire Lumos."
"Mais comment tu as fait pour bien articuler sous l'eau ?" demanda Remus intrigué. James haussa les épaules :
"Ben, j'ai pensé très fort à la formule, à ma baguette et au résultat que je voulais obtenir, et ça a marché. C'est pas comme ça, d'habitude ?"
Remus n'eut pas le temps de répondre. Les canots accostaient. Devant eux, un passage semblait s'ouvrir dans la montagne. Ils suivirent la petite lumière dansante de la lanterne que le géant tenait à la main et arrivèrent enfin à découvert, sur une pelouse au bout de laquelle le château dressait sa masse sombre. Les élèves, intimidés, n'osaient pas faire de bruit, et on n'entendait que le " floc, floc " que faisaient les chaussures et les vêtements trempés de James et Sirius.
Une fois tous arrivés devant une immense porte en chêne, le géant leva la main et frappa trois coups à la porte. Elle s'ouvrit immédiatement.
"Ils sont là, professeur Walsh," fit le géant à quelqu'un que les élèves ne voyaient pas. Lily, Remus, James et Sirius se tordirent le cou pour mieux voir la personne que la grande masse du géant leur cachait.
"Merci, Hagrid," fit une voix un peu grinçante, "ça sera tout."
Lily sentit Peter Pettigrow frissonner près d'elle. La sorcière que Hagrid leur avait caché jusqu'ici était petite – elle ne dépassait James et Sirius que d'une tête à peine – et sèche, avec des cheveux courts d'une vague couleur rousse, un nez pointu et des mains nerveuses. Elle riva ses yeux perçants sur les élèves et fit d'une voix brusque :
"Suivez-moi."
C'était donc le 2ème chapitre. Attendez-vous au 3ème bientôt – désolée de speeder autant, mais je préfère me dépêcher avant de retourner à la fac. A la prochaine !
Bisous de Belphégor la Bizarre ! :o)
