Disclaimer : Presque tout ici appartient à JK Rowling.
Les Chroniques des Maraudeurs
Première année
Chapitre 7 : Une Pierre et des Problèmes
" Chers Maman, Papa et Pétunia,
" J'espère que vous avez passé un bon Halloween, et que Pétunia n'a pas essayé de faire manger de la citrouille au chat de Mrs Richards comme l'année dernière. Ici, on a eu un banquet absolument parfait, les frites étaient aussi bonnes que celles que fait Maman, et ce gourmand de Peter a repris quatre fois du pudding ! Il était un peu vert le lendemain, mais il a été voir Madame Pomfresh, l'infirmière, et il a eu moins mal au ventre. Je l'avait prévenu pourtant, mais rien à faire ! C'est comme Sirius, lui aussi il ne pense qu'avec son estomac. C'est ce que lui a dit Remus l'autre jour, et je crois bien que c'est vrai. La tête qu'il a fait nous a fait rire pendant au moins cinq minutes, James, Remus et moi.
" Est-ce qu'il a neigé chez vous aussi ? Ici il y a tellement de neige que Hagrid va dégeler les balais tous les jours, sinon on ne pourrait pas voler. Les garçons ne parlent que de Quidditch ces jours-ci, il va bientôt y avoir un match, je crois que c'est Serpentard contre Serdaigle. Il me tarde de voir comment Lucius Malefoy se débrouille sur un balai. J'espère qu'il est mauvais, tout le monde dit que c'est grâce à l'argent et à l'influence de son père qu'il a eu la place d'Attrapeur dans l'équipe. Normalement je ne triche jamais, vous le savez, mais ce type me donne vraiment envie de lui envoyer un bon sortilège quand il sera sur son balai !
" James m'a expliqué les règles du Quidditch, je vous les expliquerai en détail dans ma prochaine lettre, c'est assez compliqué. Lisa m'a dit qu'elle adorerait faire partie de l'équipe, vu que l'année prochaine presque tous les joueurs de cette année seront partis, s'ils ont leurs ASPIC – Accumulation de Sorcellerie Particulièrement Intensive et Contraignante, ça promet, hein ? – et qu'ils quittent l'école. Et Lisa est vraiment bonne sur un balai – l'autre jour, en leçon de vol, elle est arrivée troisième après James et Sirius, qui sont les meilleurs de toute la classe sur un balai. Remarque, moi je ne me débrouille pas si mal, mais je trouve ça vraiment inconfortable, je n'aime pas du tout rester assise longtemps sur un balai, j'ai des fourmis dans les bras et les jambes et en plus ça fait un mal de chien au derrière…
" Je m'en vais, maintenant, j'ai un cours de Potions dans un quart d'heure, et j'aimerais bien réviser ma Solution Sifflante, le professeur Walsh a dit qu'elle nous interrogerait dessus un de ces jours.
" Gros bisous,
" Lily. "
La lettre était longue, mais Lily décida qu'elle était parfaite, même si elle aurait voulu écrire plus encore. Mais Nina n'était pas grande, et elle ne pouvait pas porter de trop grandes enveloppes. Lily appliqua le sceau de cire qu'elle avait acheté avec son parchemin à lettre, le chauffa un instant en marmonnant quelques mots et en y appliquant sa baguette magique, et la lettre fut finie.
Lily trouvait ce sceau plutôt joli, et bien plus amusant et original que si elle avait entouré seulement le rouleau de parchemin avec de la ficelle. Ses parents lui écrivaient qu'ils adoraient recevoir des lettres par hibou postal quant à Pétunia, elle ne lui avait pas écrit du tout, et Lily ne pouvait s'empêcher de se sentir à la fois vexée et triste, même si elle s'y était un peu attendue. L'absence de lettres de Pétunia ne faisait que confirmer son dégoût de tout ce qui touchait à la magie. Pourtant, Lily avait résisté à l'envie de lui envoyer des lettres " piégées " comme lui avait suggéré James et Sirius – elle ne voulait pas que sa sœur la déteste encore plus.
Les fenêtres de la salle commune s'éclairaient peu à peu le jour commençait à poindre. Lily aimait bien ce moment de la journée, quand le soleil était à peine visible sous les nuages encore sombres qui obscurcissaient le ciel d'hiver. La grande majorité des élèves étaient dans le Grand Hall pour prendre le petit déjeuner, et il n'y avait presque personne dans la salle commune, mis à part Lisa Dodger qui lisait un livre qu'elle avait emprunté à la bibliothèque, un petit groupe de sixième années assis près de la cheminée, et Martin Riley qui terminait son devoir d'Histoire de la Magie qu'ils devaient rendre le jour même… Lily leva les yeux au ciel. Ces garçons, alors. Ils s'y prennent trop tard, et après ils s'étonnent que le travail soit bâclé et qu'ils aient de mauvaises notes.
Elle attacha le petit rouleau de parchemin à la patte de Nina, et s'approcha de la fenêtre Nina s'envola dans l'air froid, et Lily la suivit des yeux jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus la voir. Après avoir regardé le paysage pendant un bout de temps, elle finit par avoir froid et ferma la fenêtre – ce fut à ce moment-là que la voix de James fit derrière elle :
_ Euh… Lily ? On aurait peut-être besoin de ton aide…
Lily se retourna pour se retrouver nez à nez avec James, Sirius, Remus et Peter, qui la regardaient tous avec une sorte d'espoir dans les yeux.
_ Tiens, mais voilà John Lennon, Paul McCartney, Georges Harrison et Ringo Starr…
_ Hein ? firent James et Peter, tandis que Sirius et Remus souriaient d'un air entendu. Lily haussa les épaules :
_ Peu importe. Vous avez besoin de mon aide ? C'est encore pour Rogue, ou quoi ?
_ Oh non, dit rapidement James, c'est que, euh…
_ On aurait besoin de tes connaissances en matière de joyaux, coupa Remus, voyant que James hésitait. Peut-être que tu pourrais nous aider.
Il y eut un petit silence, pendant lequel Lily les fixa attentivement l'un après l'autre, dévorée de curiosité. En quoi les joyaux pouvaient bien intéresser ces quatre olibrius ? La dernière fois qu'elle avait voulu discuter de ce sujet avec eux, Sirius avait dit un truc idiot et James s'était mis à rigoler. Il fallait que ce soit important pour qu'ils se risquent à apprendre quelque chose en dehors du programme… Elle décida de les aider. Après tout, ça pourrait se révéler intéressant.
_ D'accord, ça marche. Qu'est-ce qu'il y a ?
Elle fut assez surprise de l'expression de soulagement qui se peignit immédiatement sur le visage de James, et à vrai dire assez flattée.
* * *
Les garçons remontèrent dans leur dortoir en vitesse et fermèrent la porte à clef Lily se sentit bizarrement contente de se retrouver dans ce bazar sympathique, de s'asseoir sur le lit de James au milieu des couvertures arrangées maladroitement et de regarder devant elle le lit de Sirius beaucoup plus en désordre, avec ce qui ressemblait à une chaussette rouge qui dépassait de la couverture. Peter avait fermé les rideaux du sien avec précaution, pensant sans doute que Lily ne savait pas qu'il cachait son ours en peluche sous son oreiller, et Remus s'était assis par terre après avoir pris l'oreiller de son propre lit qui, du coup, paraissait étrangement vide avec seulement le traversin et le dessus de lit rouge.
_ Voilà, commença James. Hier soir, on est tombés sur un drôle de truc – une espèce de cachette secrète dans le pied d'un des lits.
_ Montrez-la moi, fit Lily, méfiante. Sirius lui montra du doigt la porte minuscule creusée dans le bois de son lit qu'ils avaient pris soin de ne pas refermer complètement. Lily fronça les sourcils – au moins, cette partie semblait vraie.
_ Et cette cachette n'était pas vide, continua James. Il y avait quelque chose dedans. Un sac. Un tout petit sac.
Cette fois, Lily était toutes ouïes. Ca avait vraiment l'air de plus en plus intéressant. Remus lui montra un petit sac fait d'une peau bizarre, entre le brun et le gris, qu'elle ne connaissait pas elle l'ouvrit et en sortit une agate. Une petite agate, noire veinée de blanc, toute petite et très jolie – et pourtant Lily pouvait sentir quelque chose de légèrement étrange dans cette pierre, sans pouvoir dire quoi. Elle la tournait et retournait dans sa main, essayant de se rappeler les propriétés des agates et les superstitions que l'on faisait autour d'elles. Ce n'étaient pas des pierres qui avait la réputation d'être maudites – la plupart des joyaux maudis étaient des pierres de grande valeur, comme des saphirs ou des rubis Lily avait beau chercher, elle ne voyait aucune malédiction notoire attachée à une agate quelconque. Cependant…
_ C'est une agate, dit-elle, les sourcils froncés par la concentration. Une agate noire veinée de blanc – d'après ce que je sais, c'est un talisman, supposé apporter la puissance et la victoire sur les ennemis.
_ Tu parles le langage des pierres, Lily ? demanda Sirius d'un ton sarcastique mais légèrement admiratif. Lily lui décocha un regard en coin :
_ Non, mais j'aime les pierres précieuses et leur histoire. Bon, pour savoir si elle a une vertu magique quelconque, il faudrait la tremper dans de l'eau bouillante. Si l'agate fait refroidir l'eau, elle est magique.
_ Un vrai livre de recettes, notre Lily.
_ Ferme-la, James.
_ D'accord. Tu ne connais pas des agates célèbres dans l'histoire de la magie ? Des jeteurs de sorts, enfin n'importe quoi qui puisse nous aider ? C'est pas que je croie que notre agate soit célèbre, je veux juste savoir ce que des agates ont put causer comme dégâts dans l'histoire. En plus j'ai comme l'impression qu'on ne l'a pas mise là pour rien. Elle était vraiment bien cachée.
_ Hm… Je ne sais pas vraiment, pour l'instant je n'ai pas d'idée. Faudrait aller à la bibliothèque pour être sûrs.
_ On ira après la classe – je vous signale qu'on va être en retard en cours de Potions, fit remarquer Remus en regardant sa montre. Peter pâlit légèrement à la pensée du redoutable professeur Walsh, et James sauta sur ses pieds :
_ Vous savez ce à quoi je pense ? On pourrait se faufiler dans les cuisines après la classe, et demander une bassine d'eau bouillante aux elfes de maison – comme ça on pourra essayer le truc de Lily. Puis on ira à la bibliothèque et on cherchera un peu.
_ Ok, fit Sirius. Remus et Peter hochèrent la tête, tandis que Lily fronçait les sourcils :
_ Les quoi ?
_ Quoi, les… ah, les elfes de maison ? Tu vas les adorer, c'est des petites créatures bizarres qui s'occupent de tout ce qui est ménage, repas…
Lily eut l'air intriguée James continua :
_ On en a une chez nous, quand j'étais petit c'était presque ma nounou. Elle s'appelle Fidget – du moins, on l'appelle comme ça parce qu'elle n'arrête pas de gigoter et de courir partout.
_ Nous aussi, on en a un ! s'exclama Peter. Puis il ajouta avec une petite moue contrite :
_ Enfin, on a failli le perdre quand j'étais petit, je lui avais donné un gant dont je ne me servais plus. Mais mon père est intervenu à temps, heureusement.
James hocha la tête d'un air grave. Lily n'avait pas la moindre idée de ce dont ils étaient en train de parler. Elle se contenta de secouer la tête et de se lever en disant :
_ Bon, c'est pas grave. On descend ?
James fourra le petit sac de peau contenant l'agate dans sa poche et l'y figea avec un petit Sortilège Colle-Forte. Comme ça, pas de risque qu'on la leur vole.
* * *
Après le cours de Potions qui leur parut une éternité, ils se ruèrent dehors et montèrent quelques marches, entraînant Lily dans un couloir qu'elle ne connaissait pas. Il y avait des tableaux pleins de couleurs sur les murs joliment éclairés de torches flottant à la hauteur de sa tête, représentant des plats divers, assez appétissants – l'estomac de Lily fit entendre un grognement à la vue de toute cette nourriture, lui rappelant qu'elle n'avait rien mangé depuis tôt le matin.
Soudain, James s'arrêta net, et fit signe aux autres de faire de même après une seconde de silence complet, les cinq rôdeurs purent entendre un bruit de pas, lourd, puissant mais comme étouffé. Et qui venait de leur côté.
_ Là-dedans, vite ! siffla Sirius, qui avait ouvert la porte la plus proche avec un Sortilège Alohomora. Les quatre autres s'empressèrent de le suivre à l'intérieur de la salle de classe vide. Les pas se rapprochaient.
_ Mur-de-Verre ? chuchota Remus. Les quatre autres hochèrent la tête, et quelques instants plus tard ils pouvaient voir à travers la porte et en toute sécurité ce qui se passait dans le couloir.
Ils pouvaient essayer, du moins – car ils ne voyaient rien, à part le grand tableau sur le mur qui leur faisait face, représentant une énorme dinde farcie, juteuse et dorée, posée sur de la salade d'un vert éclatant. Les pas se rapprochèrent, ralentirent, puis s'arrêtèrent – juste devant la porte de leur classe.
Et pourtant, ils ne voyaient toujours personne.
Puis, après une seconde qui leur parut durer bien plus, les pas s'éloignèrent et se perdirent dans le dédale de couloirs.
Interloqués, les cinq amis se regardèrent, incapables d'expliquer cela. Puis Lily secoua la tête, et soupira dans un murmure :
_ De plus en plus en plus curieux.
_ Hein ? fit James.
Ils annulèrent le Sortilège Mur-de-Verre et sortirent avec précautions de la classe vide. Remus avait l'air soucieux.
_ C'était quoi, à votre avis ?
_ Ca ne pouvait pas être un fantôme, ni Peeves, fit James d'un ton ferme. En plus, ces pas me rappelaient quelque chose… Sirius ? T'as pas une idée ?
Sirius, qui d'habitude avait toujours une idée sur tout, secoua la tête d'un air piteux :
_ Euh… non. Pas la moindre, désolé. Là, je sèche.
_ S'il vous plaît, couina Peter, je peux chatouiller la poire ?
Lily hésitait entre éclater de rire et s'inquiéter sérieusement pour la santé mentale de Peter.
_ Vas-y, Peter, fit James qui réfléchissait toujours. Peter s'avança avec un enthousiasme évident vers un tableau représentant une énorme coupe en argent débordant de fruits, et chatouilla du doigt une grosse poire verte. A la surprise de Lily, la poire se mit à glousser et à se tortiller, et le tableau pivota sur lui-même comme celui de la grosse dame qui gardait l'entrée de leur salle commune.
La pièce que Lily découvrit derrière la porte bizarre, néanmoins, n'avait rien à voir avec leur salle commune petite et douillette. Elle était immense – Lily eut soudain une réminiscence de son impression de vertige en entrant pour la première fois dans le Grand Hall – avec quatre longues tables exactement à la même place que celles des quatre maisons dans la Grande Salle qui se trouvait juste au-dessus ces tables étaient couvertes de plats encore plus appétissants que ceux des tableaux dans le couloir, et Lily sentit son estomac vide protester encore plus vigoureusement que l'instant d'avant.
_ J'ai une de ces faims, grommela Peter comme en réponse. Sirius lui décocha un regard ironique :
_ T'en fais pas, on ne mettra pas beaucoup de temps. Ventre sur pattes, va.
_ Tu peux parler, marmonna Remus avec un sourire.
_ Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Lily. Mais déjà une drôle de petite créature habillée d'un torchon drapé comme une toge et frappé aux armes de Poudlard accourait vers eux en s'écriant d'une voix perçante :
_ Désirez quelque chose, messieurs et miss ?
Lily ouvrit de grands yeux. La créature lui arrivait un peu plus bas que la taille elle était d'une vague couleur brune, avec de grandes oreilles dont la forme rappelait des feuilles de chou-fleur, et un long nez qui frémissait d'un air plein d'espoir en se levant vers les cinq amis.
_ On voudrait une bassine d'eau bouillante, fit James.
_ S'il vous plaît, précisa Remus, avec un regard de léger reproche vers son ami. L'elfe de maison fit une courbette et courut vers la grande cheminée de briques rouges qui occupait toute une partie du mur de gauche. Lily interrogea James du regard il lui répondit :
_ C'est la troisième fois qu'on vient aux cuisines, ils commencent à nous connaître.
_ Et vous ne m'en avez même pas fait profiter ? murmura Lily scandalisée.
_ La première fois on est tombés dessus complètement par hasard, et la deuxième, on s'y était cachés pour ne pas tomber sur Walsh qui montait la garde dans le couloir.
_ Vous auriez pu au moins prendre quelque chose à manger, insista Lily, moins vexée. Remus haussa les épaules :
_ Tout le monde nous aurait demandé où on l'aurait eu. En plus, on n'est pas assez discrets pour se permettre des voyages réguliers aux cuisines – on se ferait remarquer par Walsh ou Adams.
_ Pas faux.
L'elfe aux oreilles en feuilles de chou-fleur était revenu, tenant dans un énorme torchon une bassine pleine d'eau qui fumait James la prit en remerciant l'elfe, qui rougit jusqu'au bout de son nez pointu et s'empressa de retourner à ses tâches culinaires. Sirius, qui s'était éloigné un moment, revint, tenant un morceau de tarte au fromage à moitié entamée dans la main James lui jeta un regard de reproche amusé tandis que Peter fixait la tarte d'un air envieux. Sirius le regarda, puis regarda la tarte, et finalement la lui tendit d'un air résigné. Le regard éperdu de gratitude de Peter le consola en partie de la perte de son morceau de tarte, mais en partie seulement.
James prit le sac de peau dans sa poche après l'avoir Décollé.
_ Alors, il suffit de plonger l'agate dedans ? demanda-t-il à Lily. Lily hocha la tête en fronçant les sourcils :
_ D'après ce que je sais, si on la plonge dedans, l'eau refroidit.
_ Bon.
Et James lâcha l'agate dans l'eau en faisant attention aux éclaboussures.
Tout d'abord, rien ne se passa puis la vapeur s'estompa et les cinq amis se penchèrent un peu plus en avant vers la bassine. L'eau avait cessé de bouillir et de fumer, et demeurait maintenant aussi calme qu'une nappe d'huile.
_ Je crois que ça résout la question de savoir si cette agate est magique ou non, murmura Remus. Sirius plongea immédiatement la main dans l'eau sans se préoccuper de l'exclamation étranglée de Peter et du sursaut de James il en retira l'agate dégoulinante et l'essuya sur sa robe de sorcier.
_ Quoi ? fit-il en levant un sourcil. L'eau est froide, maintenant, non ? Qu'est-ce que je risquais ?
_ Tu aurais dû t'assurer qu'elle était vraiment froide, répondit Remus en fronçant légèrement les sourcils. C'était imprudent de plonger la main tout de suite – imagine que cela n'aie été qu'une illusion, que l'eau bouillait encore…
Sirius haussa les épaules.
_ Bon, j'aurais attendre, d'accord. One ne va pas en faire tout un fromage… On remonte, maintenant ?
Remus secoua la tête en soupirant.
Ils allèrent vers la porte avant de passer par le trou du tableau, Lily ne put s'empêcher de jeter un regard de profond regret vers les magnifiques plats qui ornaient les tables. James suivit son regard, et se mit à rire :
_ Tu as faim à ce point-là ? T'en fais pas, tout ce que tu vois ici va être envoyé sur les tables à travers le plafond dans une seconde.
_ A travers le plafond ? fit Peter interloqué, léchant ses doigts un à un au cas où un peu de fromage s'y serait attardé.
_ Je croyais que tu avais compris, fit Remus en refermant le passage. Ce n'est pas pour rien que les quatre tables correspondent à celles de la Grande Salle !
Peter eut l'air vexé.
Ils entrèrent dans la Grande Salle juste pour les entrées – plusieurs Gryffondor les regardèrent d'un air curieux :
_ Où vous étiez ? demanda Fergus Finnigan tandis que les cinq se répartissaient sur les chaises qui restaient.
_ On se baladait, répondit Sirius évasivement en tirant sa chaise. Véga lui jeta un regard en coin :
_ Qu'est-ce que vous avez encore fait comme bêtise ?
_ Qu'est-ce qui te fait penser qu'on a fait une bêtise, Véga ? demanda Remus, la gratifiant de son sourire le plus innocent. Véga, pas dupe, leva les yeux au ciel et se servit des pommes de terre en salade. James et Sirius rigolaient sous cape.
* * *
Après le repas, ils leur restait encore une demi-heure avant leur prochain cours. La bibliothécaire, Madame Pince, eut l'air surpris et suspicieux de voir courir vers son domaine particulier cinq élèves qui d'habitude étaient loin de montrer autant d'enthousiasme.
_ On ne court pas dans la bibliothèque ! grinça-t-elle quand les cinq passèrent à la hauteur de son bureau. Remus ralentit et fit d'un ton piteux mais poli :
_ Désolé, Madame. On ne le refera plus.
_ C'est bien vrai, ça, lui chuchota Sirius quand il les rejoignit. Ca m'étonnerait qu'on me reprenne à courir vers la bibliothèque.
_ Qu'est-ce qu'on cherche ? demanda Peter après avoir repris son souffle. Lily fronça les sourcils en regardant vers le plafond.
_ Euh… Attendez une minute.
Elle alla vers la bibliothécaire – qui la regardait venir d'un air méfiant – et lui dédia son sourire le plus innocent et le plus " chouchou du prof " :
_ Excusez-moi, Madame Pince, le professeur Ricochet nous a demandé de faire une recherche sur les joyaux ensorcelés, et sur l'histoire magique des agates, en particulier… vous pourriez nous aider ?
Madame Pince l'étudia un moment, pendant lequel les quatre garçons attendirent anxieusement Remus murmura pour lui-même :
_ J'aurais peut-être dû y aller.
_ C'est vrai, siffla James d'une voix basse. Après tout, tu es de loin le meilleur menteur de Poudlard, non ?
Remus lui jeta un regard rapide, mais ne dit rien. Toutefois James put voir que sa mâchoire s'était légèrement contractée, et qu'il avait pâli, comme si ce qu'avait dit James l'avait blessé. Et nous alors, pensa James en réponse à un sentiment de culpabilité qui commençait à le serrer quelque part dans les environs de son estomac, on ne serait pas blessés s'il nous mentait ? James commençait à avoir le sentiment que Remus leur cachait vraiment quelque chose d'important, et il se prit à se demander si cela n'avait pas quelque chose à voir avec la mystérieuse maladie de son ami.
Madame Pince avait fini de jauger Lily du regard elle dut lui sembler suffisamment honnête, parce qu'elle sortit de derrière son bureau et emmena la jeune fille en disant d'une voix plus aimable :
_ Bon, vous avez ce rayon, là, vers la gauche : vous pouvez y trouver des titres comme Histoire des Pierres Précieuses et leur Signification, Joyaux Ensorceleurs et Joyaux Ensorcelés, et beaucoup d'autres… Si vous avez besoin de moi, je serai à mon bureau.
_ Ca alors, c'est pas croyable, chuchota Sirius. Il suffit qu'elle lui fasse un sourire et hop ! C'est dans la poche…
_ Ne sous-estime jamais le pouvoir de séduction d'une fille, sourit Remus, dont la pâleur soudaine semblait s'être envolée. Lily revint vers eux, et fit avec un clin d'œil narquois :
_ Si ces messieurs veulent bien me suivre…
_ Eh, ho, fit Sirius d'un ton vexé, c'est pas parce qu'elle t'a crue que tu es la meilleure menteuse du monde, alors ferme ta boîte à camembert !
Lily lui tira la langue et Sirius répondit par une horrible grimace. James s'étranglait de rire dans son coin.
Quelques instants plus tard, ils étaient tous les cinq assis à une table à l'écart, chacun feuilletant un livre quand ils avaient fini, ils le posaient par terre, où deux piles s'élevaient : celle des livres à garder éventuellement et celle des livres inutiles. Chacun avait devant lui un livre ouvert, un ou plusieurs rouleaux de parchemin et sa plume pour éventuellement prendre des notes ; le silence qui régnait dans la bibliothèque n'était troublé que par quelques murmures, en dehors du grattement des plumes sur le parchemin.
_ C'est bien ce que je disais, chuchota Lily après un moment. L'agate est une sorte de talisman. Regardez ça. Chez nous en Angleterre, on dit que ça éloigne la foudre et les Forces du Mal.
_ Rien que ça ? fit Sirius, sarcastique, reposant son propre livre – Les Pierres Magiques en Europe – sur la table. Ici, c'est marqué que autour du Bassin Méditerranéen, l'agate protège du Mauvais Œil – pas des Forces du Mal en général.
_ D'après mon bouquin, fit James, les Perses l'utilisaient pour se rendre invincibles.
Il remonta d'un doigt ses lunettes sur son nez et ajouta en haussant les épaules :
_ Mais il ne disent pas si ça marchait ou pas.
_ Celui-là ne parle même pas des agates, soupira Peter en posant le livre qu'il feuilletait sur la pile " inutile ".
_ Et le tien, Remus ? demanda Lily en se frottant les yeux. Remus leva les yeux de Joyaux Magiques, du Moyen Âge à la Renaissance d'un air bizarre :
_ Euh… il parle effectivement des agates. Ils avaient des habitudes bizarres, au Moyen Âge.
_ Qu'est-ce qu'il disait, Remus ? insista Lily.
_ D'après ça, si on trempait un tissu de poudre d'agate pulvérisée puis dans de la… beurk, de la graisse de loup…
Remus frissonna légèrement, et Peter pâlit. Remus cligna des yeux et continua de lire :
_ Enfin, apparemment, si on portait ce tissu comme ceinture, ça coupait…
Ses sourcils châtains remontèrent d'un bon demi centimètre, et une distincte couleur rouge apparut sur ses joues un peu maigres. James, intrigué, demanda :
_ Quoi ? Qu'est-ce que ça coupe ?
_ Donne-moi ça, fit Lily en lui prenant le livre des mains. Elle chercha le passage des yeux, et se mit à pouffer de rire :
_ Hm, hm… " semblait constituer une ceinture qui permettait de se protéger des… des aiguillons de la chair… et… garantissait la chasteté " ! Je ne connaissais pas cette vertu de l'agate, Remus…
James et Sirius se mirent à rire de l'expression de Remus, qui referma le livre, plus rouge que jamais :
_ Oui, bon… rien d'intéressant là-dedans.
_ On va trop vite, fit Lily d'un air déçu. On devrait emprunter les livres les plus intéressants et les lire tranquillement. On n'a plus le temps, là maintenant.
_ C'est vrai, fit James. On n'a qu'à prendre celui-là, Histoire des Pierres Précieuses et leur Signification, et puis le tien, Lily. Il a l'air assez complet, ajouta-t-il, regardant l'épaisseur du livre que Lily tenait dans les mains.
Lily se leva, glissant son livre sous le bras James et elle allèrent signer le registre de la bibliothèque, et Madame Pince écrivit la date de retour à la dernière page de chaque livre.
En Histoire de la Magie, tandis que Remus et Lily prenaient des notes d'une plume distraite, Sirius et James feuilletaient La Magie Noire et Comment s'en Protéger, au cas où ils trouveraient quelque chose se référant aux agates, sans résultat. D'autant plus malheureusement que cela n'arrivait que rarement, le professeur Binns les repéra alors qu'il levait la tête des copies posées sur son bureau – le devoir que les élèves venaient de rendre – et les colla tous les deux en retenue. Sirius passa le reste de l'heure à maudire Binns à voix basse jusqu'à la soixante-douzième génération, tandis que Peter le regardait d'un air effaré et que Remus gardait ses commentaires pour lui, mais ne pouvait s'empêcher de lui jeter un regard de reproche de temps en temps.
Ils se donnèrent rendez-vous dans la salle commune pour après la retenue de James et Sirius Binns leur demanda de faire la poussière dans les rayons les plus reculés de la bibliothèque. Et sans utiliser de magie – seulement un chiffon à poussière. Sirius y était habitué, mais pas James néanmoins, il apprit vite, et il s'améliorait à mesure que l'heure de retenue passait.
A un moment, alors que Sirius enlevait quelques livres d'un rayon pour le nettoyer, il sursauta quand le volume qu'il venait de retirer découvrit deux yeux brillants, qu'il reconnut après une seconde :
_ Remus ? Nom d'un chien, tu as failli me faire peur… Qu'est-ce que tu fais là ?
Les yeux bleus gris clignèrent une ou deux fois apparemment, Remus avait été aussi surpris que Sirius. Puis il répondit, de la même voix basse, avec un sourire que Sirius ne pouvait que deviner, vu qu'il ne voyait que ses yeux :
_ Eh, c'est une bibliothèque ici, non ? Ben, j'emprunte un livre.
_ Lequel ?
_ Un dont je ne me rappelais plus jusqu'à tout à l'heure et qui pourrait nous être utile.
_ Mais sur quoi ? Ton rayon c'est la Divination, je viens de le nettoyer… rien à voir avec notre agate, non ?
_ On verra. Ca va, la poussière ? Vous y arrivez ?
_ On survit. Tiens, regarde ça…
Et Sirius souffla sur un livre qu'il venait de prendre les yeux clairs disparurent vivement de son champ de vision et il entendit un éternuement brusque. Sirius se mit à rire :
_ Pardon, Remus ! Je ne savais pas que tu étais allergique à la poussière… c'est marrant pour un rat de bibliothèque comme toi…
_ Très drôle, petit malin, renifla Remus en se mouchant un coup. Concentre-toi sur ta poussière à toi, tu veux, et à tout à l'heure !
_ Salut, mon vieux !
Et Remus disparut pour de bon, soufflant de nouveau dans son mouchoir. Sirius remit les livres en place en riant pour lui-même.
_ Qu'est-ce qu'il y a ? demanda James, émergeant d'un rayon, son chiffon à la main.
_ Remus. Il était là il n'y a pas une minute – pour emprunter un livre apparemment.
_ Dans une bibliothèque, c'est logique. Tu as bientôt fini ?
_ Presque. Je commence à en avoir un peu marre. Pourtant, avant ça m'amusait assez de faire la poussière, surtout quand Véga la faisait avec moi… elle était tellement marrante avec son immense chiffon…
Et Sirius eut un sourire amusé, mais ses yeux brillaient. James se retourna vers son rayon, souriant également en imaginant le tableau. Chez lui, les meubles étaient ensorcelés pour que la poussière ne se dépose pas, et il n'avait jamais eu à faire le ménage de plus, les elfes de maison étaient là pour cela. D'un certain côté, ne pouvoir qu'imaginer une scène de ce genre au lieu de se la rappeler le chagrinait un peu il ne pouvait s'empêcher d'envier légèrement Sirius et ses souvenirs simples et banals, mais heureux. Pourtant, les Potter étaient une vieille famille de sorciers, et riches par-dessus le marché – James n'aurait pas dû avoir à envier quoique ce soit à qui que ce soit, non ?
* * *
Après leur retenue, Sirius et James montèrent quatre à quatre à leur salle commune, sans remarquer Martin Riley qui se plaignait à Fergus Finnigan d'avoir bâclé son devoir d'Histoire de la Magie ils y retrouvèrent Lily et Peter penchés sur leurs devoirs de Métamorphoses – Peter avait l'air perplexe, et Lily essayait de lui expliquer de son mieux.
_ Ah, James ? Tu peux m'aider, j'ai un problème avec Peter, il n'arrive pas à transformer sa plume d'oie en plume d'aigle…
James lui expliqua deux ou trois tuyaux, lui donna deux ou trois conseils et Peter, à force de se concentrer, parvint à obtenir une plume d'aigle à peu près acceptable. Tout content, il rangea ses affaires dans son sac et se leva pour suivre les trois autres en haut.
Ils avaient à peine fermé la porte de leur dortoir que Remus entrait, les joues rouges et visiblement essoufflé d'avoir monté l'escalier quatre à quatre.
_ Attendez, souffla-t-il, après avoir bloqué la porte de sa main gauche. Attendez-moi …!
_ Du calme, Remus, fit Lily d'une voix rassurante. Entre, on t'attendait.
Remus entra d'un pas mal assuré il était pâle malgré ses pommettes où le sang dessinait deux taches de la grosseur et la couleur de deux cerises, et il s'adossa à son lit à baldaquin dès qu'il le put. Lily le regarda d'un air inquiet.
_ Remus ? Ca va ?
_ Tout va bien, articula Remus en hochant la tête. Avant d'ajouter avec un pâle sourire :
_ J'ai couru depuis la bibliothèque jusqu'ici. Ca fait une sacrée trotte. Satané escalier.
Lily acquiesça, mais elle fronçait les sourcils d'un air sceptique.
_ Alors, Remus ? demanda Sirius. C'était quoi, cette histoire de Divination ?
_ Ah, oui…
Remus ouvrit son sac, et sortit un livre qui n'avait sûrement pas dû être ouvert depuis très longtemps.
_ La Lécanoncie, ou l'Art de la Divination par les Pierres Précieuses… je ne sais pas pourquoi je n'y ai pas pensé quand on était en train de chercher à la bibliothèque. Il y a sûrement quelque chose qui nous intéresse là-dedans.
Il tendit le livre à Lily et essuya avec sa manche la sueur qui perlait à son front. Ses joues étaient blêmes. Lily lui jeta un autre regard vaguement inquiet, puis ouvrit le livre et commença à le feuilleter.
_ Ah ha ! s'écria-t-elle quand elle eut trouvé l'index, qu'elle avait cherché pendant un moment. James et Peter s'approchèrent d'un air intrigué Sirius restait debout, sans bouger, une expression étrange flottant sur son visage. Il ne lâchait pas Remus du regard.
_ Il y a effectivement quelque chose sur les agates là-dedans – pages 11, 46, de 50 à 54 – bien joué, Remus ! Comment t'as fait ?
L'interpellé ne répondant rien, elle leva les yeux de l'index et eut un hoquet de surprise :
_ Mais qu'est-ce que tu as, enfin ?
Remus respira un grand coup, et fit d'une voix rauque :
_ Je… en fait je crois que je ne me sens pas très bien…
Lily jeta le livre dans les mains de James et, en deux grandes enjambées, alla poser une petite main potelée sur le front couvert de sueur de son ami elle la retira rapidement, et fit d'un ton très inquiet :
_ Remus, tu as de la fièvre… je t'accompagne à l'infirmerie – et n'ajoute pas un mot ! Je t'assomme et je t'y traîne s'il le faut.
James s'approcha, et demanda avec plus d'inquiétude que de reproche dans la voix :
_ Au fait, pourquoi tu n'y es pas allé plus tôt, hein, tête de mule ? Ma parole, tu es encore plus têtu que Sirius.
_ Je suis désolé de l'admettre, mon vieux, mais là il a raison, fit Sirius, prenant sa propre cape et la passant sur les épaules de Remus. Tiens, prend ça – t'auras peut-être moins froid. Allez, hop. Au trot. Madame Pomfresh va être ravie de te voir, tiens.
Remus se laissa emmener sans faire d'histoires cette fois. Tremblant, le visage blême mais les pommettes écarlates, il ne semblait d'ailleurs pas vraiment en état de protester.
Madame Pomfresh ouvrit de grands yeux quand elle les vit débarquer tous les cinq puis, fronçant les sourcils d'un air sévère que n'aurait pas renié le professeur McGonagall, elle emmena Remus et ferma la porte au nez des quatre autres. Ce fut tout juste si elle ne leur passa pas un savon pour ne pas l'avoir amené plus tôt. James, Lily, Sirius et Peter se retrouvèrent dans le couloir froid, devant une porte fermée, une inquiétude un peu absurde mais très tenace leur serrant les tripes.
_ Mais qu'est-ce qu'il peut bien avoir ? murmura Lily, fixant la porte fermée de l'infirmerie comme si elle voulait la percer du regard.
_ J'en sais rien, mais ça a l'air grave, fit Sirius, l'air soucieux. Et tout à l'heure encore, à la bibliothèque, il avait l'air bien.
Ce fut à cet instant que James comprit, voyant la légère pâleur et les dents serrées de Sirius, qu'il s'inquiétait pour Remus au moins autant que lui, même s'il ne le montrait pas.
_ C'est vrai, ça, flûta Peter. Et encore, le mois dernier ça avait l'air moins terrible – il avait seulement l'air fatigué.
_ Le mois dernier ?
_ Ben oui, la dernière fois qu'il est rentré chez lui – c'était… euh… oui, à peu près une semaine avant Halloween. Le 23, ou le 24 peut-être… Je sais plus. Enfin, de toute façon ça n'a rien à voir, non ? Là c'était sa mère qui était malade.
James eut l'air pensif.
_ Allez, fit Lily avec un dernier regard vers la porte de l'infirmerie, de toute façon Madame Pomfresh s'occupe de lui, maintenant tout va bien, hein ? On n'aura qu'à lui recopier ses cours, comme ça il ne manquera rien.
_ Ouaip, fit Sirius. D'ailleurs on commence ce soir – on a Astronomie à neuf heures avec Sinistra, je vous rappelle.
_ Elle va encore nous coller un devoir à faire, marmonna Peter. On ne verra rien dans le télescope, c'est la pleine lune ce soir.
_ Oh, c'est vrai… c'était quoi, déjà, le sujet de la dernière fois ? demanda Sirius, avant d'ajouter avec un grand sourire :
_ Ah oui, la constellation du Grand Chien et ses étoiles.
_ Je parie qu'elle l'a donné uniquement pour te faire plaisir, plaisanta Lily alors qu'ils arrivaient devant le portrait de la grosse dame. Jus de citrouille, dit-elle au portrait. Avant de s'ouvrir, la grosse dame demanda :
_ Comment va le petit Remus ? Il n'avait vraiment pas l'air bien tout à l'heure, quand vous êtes sortis…
_ Il est à l'infirmerie, répondit James. De quoi je me mêle ? pensa Sirius, qui depuis la nouvelle histoire de Sir Catogan gardait toujours une dent contre les personnages des tableaux. Il aimait bien la grosse dame pourtant, mais cela ne l'empêchait pas de la trouver un peu trop curieuse. Le tableau pivota pour les laisser passer sans un mot de plus, cependant.
_ Pour le devoir d'Astronomie, qu'est-ce qu'on dit à Sinistra ? fit James en s'installant dans un fauteuil de leur salle commune.
_ Ben, que Remus est malade et qu'il fera sans doute le devoir une autre fois, répliqua Lily en haussant les épaules.
_ Remus est malade ?
C'était une petite voix flûtée, qui avait parlé de derrière le fauteuil de Lily. Zoé Zig fit un pas timide entre les fauteuils de James et Lily le livre d'Astronomie qu'elle tenait dans les bras avait l'air presque deux fois trop gros pour elle.
_ Qu'est-ce qu'il a ? demanda-t-elle, l'air à la fois surpris et un peu inquiet, et intimidée de se retrouver devant les plus fameux première années de Gryffondor.
_ Une mauvaise grippe, apparemment, répondit Sirius en la fixant droit dans les yeux. Il est à l'infirmerie.
_ C'est pas grave, au moins ?
Les grands yeux noisette sautaient de l'un à l'autre.
_ Non, la rassura Lily. Il devrait vite sortir, à mon avis – trois ou quatre jours, peut-être une semaine – mais c'est gentil de t'inquiéter pour lui. Je lui dirai.
_ Oh, tu n'es pas obligée, fit Zoé toute rougissante. Mais merci quand même…
Et elle s'éloigna, agrippant toujours son gros livre d'Astronomie.
_ On dirait que ce cher Remus lui a tapé dans l'œil, rigola Sirius. C'est dommage qu'elle soit si timide – d'ailleurs je trouve qu'elle en fait un peu trop, de ce côté-là.
_ Oh non, vraiment ? fit Peter, l'air vraiment surpris. Moi je la trouve plutôt mignonne…
Sirius et James se regardèrent une seconde, puis éclatèrent de rire.
_ Quoi ? fit Peter désemparé. Qu'est-ce que j'ai dit, encore ?
* * *
Le professeur Sinistra leur donna effectivement un devoir à faire la lune était trop brillante pour qu'ils puissent bien voir le ciel nocturne.
Tout en remplissant son rouleau de parchemin sur l'importance de la Voie Lactée dans l'Univers, James ne pouvait s'empêcher de se poser des questions – encore ! – à propos de Remus. Chaque mois, et chaque fois presque au même moment, il s'arrangeait pour être absent. Les deux premières fois, il partait chez lui en disant que sa mère était malade, mais revenait avec la tête d'un déterré et aujourd'hui, il était tellement malade qu'il avait accepté d'aller à l'infirmerie. Cette fois, James commençait à s'inquiéter sérieusement de la santé de son ami.
Il faut dire que ses absences à répétitions devenaient préoccupantes. Bon, d'accord les deux fois précédentes il avait dit qu'il allait voir sa mère. Ce qui ramenait James à ses interrogations précédentes à propos de cette excuse – et encore, si jamais c'était seulement une excuse – enfin bref, il tournait en rond.
Cette fois, décida-t-il en posant sa plume quand il eut terminé à la fois ses réflexions et son devoir d'Astronomie, dès qu'il sort je lui pose la question – et bien en face. Ca suffit, maintenant.
Lily demanda le livre sur la Lécanoncie pour l'étudier dans son lit à la fin du cours les trois garçons le lui donnèrent, et elle repartit avec ainsi qu'avec son Joyaux et Légendes. James lui rappela seulement de ne pas y passer toute la nuit et de penser à dormir un peu – quelque chose qu'aurait dit Remus, pensa Lily en revenant dans son dortoir, avec un petit pincement au cœur.
Elle fut la dernière de son dortoir à se coucher Lisa Dodger et Fleur Delaney étaient au lit et discutaient à voix basse, et les jumelles Scott dormaient déjà. Fleur se tourna vers Lily avec un air gourmand quand elle ferma la porte du dortoir :
_ T'étais où ? Encore avec les garçons ?
Lily haussa les épaules et sortit sa chemise de nuit de dessous son oreiller sans répondre. Mais Fleur n'allait pas en rester là :
_ Remus était encore absent ce soir, hein ! Qu'est-ce qui lui arrive ? C'est la deuxième fois qu'il manque un devoir d'Astronomie ! Je n'aurais jamais cru ça de lui, un garçon si poli, si sérieux…
_ Remus est sérieux, coupa Lily agacée. S'il n'est pas venu au cours, c'est parce que tout à l'heure il avait une telle fièvre qu'il tenait à peine debout. Je ne sais même pas si Madame Pomfresh nous laissera aller le voir à l'infirmerie demain pour les devoirs tellement il était malade aujourd'hui.
_ C'est vrai ? demanda Lisa. Oh, le pauvre…
Fleur baissait un peu le nez. Mais elle le releva vite :
_ C'est quoi, tes livres ?
_ Ca ne peut pas t'intéresser, c'est pas au programme, fit Lily d'un ton dont elles ne perçurent pas la légère ironie. J'ai juste du mal à m'endormir, en ce moment. Ca fait passer le temps.
_ Lis tant que tu veux, mais sois discrète, marmonna Fleur vexée, soufflant la bougie parfumée qu'elle allumait toujours le soir sur sa table de nuit. J'ai sommeil, moi.
_ Bonne nuit, Fleur, fit Lisa en se pelotonnant à son tour sous ses couvertures. Puis, juste avant de fermer ses rideaux, elle lança avec un sourire vers le lit voisin :
_ Fais de beaux rêves, Lily.
_ Merci Lisa, toi aussi, répondit Lily en lui rendant son sourire elle éteignit sa petite lampe de chevet et à son tour ferma les rideaux de son lit à baldaquin. Puis elle prit les livres et sa baguette magique, et – " Lumos ! " – commença à feuilleter les deux épais volumes.
La tête calée contre son oreiller remonté pour la circonstance, ses boucles de flammes sombres retenues derrière sa tête par un élastique et pelotonnée dans ses draps, Lily se sentait bien. Même si la chaleur collait ses mèches folles sur son front humide – ces lits à baldaquins étaient vraiment parfaits pour garder la chaleur humaine à l'intérieur – elle adorait la saveur particulière d'un instant comme celui-là. Comme lorsque, petite, elle se cachait sous ses draps avec une lampe de poche pour pouvoir continuer le livre qu'elle n'avait pas terminé sans que Pétunia aille râler dans la chambre des parents. Vraiment une agréable sensation, l'impression d'être cachée, dissimulée à tous les dangers du monde extérieur, même s'ils étaient imaginaires, comme par exemple le monstre dont Pétunia lui avait longtemps fait croire qu'il vivait sous son lit… Quoique, après les évènements de ces derniers jours, Lily n'avait plus tellement l'impression que ces dangers étaient vraiment imaginaires…
Allez, hop Lily ! Un peu de concentration. Retour aux agates…
Lily reprit les index des deux livres et marqua les pages qui l'intéressaient avec de petits morceaux de parchemin qu'elle avait déchirés de l'un de ses rouleaux puis, prenant Joyaux et Légendes, elle se mit à lire, passant rapidement sur ce qui ne l'intéressait pas, prenant des notes sur ce qui lui semblait important sur un rouleau de parchemin qu'elle avait pris soin de fourrer sous son oreiller.
" En Iran, rêver d'une agate signifiait respect et fortune… "
" L'agate noire éloigne les querelles et favorisait les amitiés… "
" L'agate veinée de rouge était et est toujours une amulette très précieuse pour la défense contre les Forces du Mal… "
Après une heure de recherches obstinées, Lily n'avait toujours rien trouvé de concluant si elle n'avait pas été aussi têtue, elle se serait sans doute sentie découragée. Elle poussa un soupir et se frotta le front, où le début d'un mal de tête commençait à naître. Posant son livre à côté d'elle sur son lit et éteignant sa baguette – " Nox " – , elle ouvrit les baldaquins et alla ouvrir la fenêtre.
Il faisait froid la neige allait sans doute geler. La nuit était très claire et Lily avait du mal à voir les étoiles, ce à quoi elle était plus ou moins habituée, vivant à Londres – les lumières de la ville cachaient souvent celles, beaucoup plus subtiles, des étoiles et de la lune. Le paysage était beau, et voir la pleine lune jeter son éclat si particulier sur les arbres bleus et l'herbe gelée avait un effet apaisant. Le léger mal de tête de Lily s'envolait peu à peu, à mesure que son regard passait sur la cime des arbres, sur les montagnes qui se détachaient sur le ciel nocturne, revenant toujours à la lune haut dans le ciel, si blanche qu'elle en semblait de glace. La jeune fille se prit à sourire au disque pâle elle aimait la lune et cette sorte de lumière obscure qui mélangeait les couleurs et adoucissait les formes. Cela pouvait paraître ringard, ou d'un romantique presque écœurant, mais Lily s'en moquait bien – du moins, tant qu'elle était seule. S'il y avait eu quelqu'un d'autre de réveillé dans la pièce, peut-être qu'elle n'aurait pas été en train de sourire ainsi, de cet air rêveur et attendri qui frisait franchement le ridicule s'il avait un témoin. Que voulez-vous, le romantique ne faisait plus recette aujourd'hui.
Lily finit par avoir froid et ferma la fenêtre elle se sentait mieux, l'esprit un peu plus clair. Elle revint dans son lit, se fourra de nouveau dans ses draps encore chauds et au lieu de reprendre Joyaux et Légendes là où elle l'avait laissé, elle ouvrit La Lécanoncie, ou l'Art de la Divination par les Pierres Précieuses et se remit à prendre des notes. Plus tard, alors qu'elle bâillait à s'en décrocher la mâchoire, le conseil de James lui revint en mémoire elle regarda sa montre : il était plus d'une heure du matin. Elle batailla pendant quelques secondes avec sa conscience qui lui criait d'éteindre et de se coucher, puis finit par abandonner la lutte et poser les deux livres et sa baguette magique sur sa table de nuit. Quant aux rouleaux de parchemin qu'elle avait utilisés pour prendre des notes, elle fit un mouvement pour les poser également sur sa table de nuit, à côté de sa baguette et du livre sur la Lécanoncie, mais décida au dernier moment de les fourrer de nouveau sous son oreiller après les avoir roulés avec précautions.
Bien lui en prit.
Le lendemain matin, les rouleaux était toujours en sécurité sous son oreiller, sa baguette reposait sagement sur sa table de nuit, près de Joyaux et Légendes qui n'avait pas bougé non plus – mais La Lécanoncie, ou l'Art de la Divination par les Pierres Précieuses avait disparu.
*~*~*
