Une semaine plus tard, fin des cours.
Subaru sortit du bâtiment et traversa la cours du lycée balayée par un vent glacial, l'air pensif. Le rêve dans lequel Seishiro affrontait une personne vêtue d'une cape revenait de façon récurrente, et il ne savait qu'en penser. Il avait pu remarquer que chaque songe offrait un élément nouveau, comme pour cette nuit où il avait remarqué un long fourreau appuyé sur le tronc du cerisier. Et à chaque fois, il se réveillait sans qu'il ne connaisse l'issue du duel ou le visage de l'inconnu.
- T'as de beaux yeux tu sais ?
Le lycéen fit un bond en arrière en rencontrant le visage souriant de sa voisine de classe à moins de dix centimètres du sien.
- Tori ? Tu m'as fais une de ces peurs.
- Tes yeux reflètent ce que tu penses. Et là tu te fais du souci. C'est pour ça que je les trouve beau.
Les prunelles vertes plongèrent dans celles de l'Australienne sans comprendre. Tori tenait souvent des propos décousus… Presque immédiatement, une impression de trouble s'empara du médium qui secoua la tête. Quand il reporta à nouveau son regard sur Tori, tout était redevenu normal.
- Ce n'est rien ne t'inquiètes pas. Qu'y a t-il ?
- Le prof de géo veut savoir quand tu rattraperas son dernier examen, il semblerait que tu n'y étais pas. Alors, on sèche les cours M. Sumeragi ? Le taquina t-elle en lui enfonçant un doigt dans les côtes.
L'exorciste se déroba prestement. Le souvenir de cette journée lui revint en mémoire. Quelques jours avant l'arrivée de Tori, il avait combattu l'âme perdue d'une jeune fille restée sur terre pour régler ses comptes avec sa belle-famille qui l'avait persécutée de son vivant, l'accusant d'avoir fait un mariage d'intérêt. Elle, si douce avant sa mort était devenue une vraie furie débordante d'amour et de colère, ce qui avait valu à Subaru d'importantes blessures et un repos forcé. L'ironie du sort avait voulu que cette fille ne sache jamais si son compagnon l'avait vraiment aimée.
- Dis-lui que c'est quand il veut. Mais je me demande si je ne devrais pas me faire corriger par toi, ajouta t-il, l'air songeur.
- Pourquoi donc ? Interrogea l'étudiante surprise.
- Parce que le prof n'est pas un modèle de douceur quand il s'agit de corriger ses élèves. Et que je suis loin d'être doué en géographie.
- J'peux t'aider si tu veux.
- Tu ferais ça ?
- Moui ! Assura t-elle avec un grand sourire. Comme ça je pourrai mieux te saquer si je te corrige !
Ils séparèrent en riant et Tori réintégra l'enceinte du lycée non sans avoir gratifié Subaru d'un rapide bisou sur une joue lisse et un peu rouge. Gêné par cette marque d'affection, l'adolescent baissa les yeux et ne les releva que lorsqu'elle lui eut tourné le dos.
C'était vraiment une fille à part que cette Tori Kazetenshi. Rien ne semblait l'empêcher de sourire ni de bouger tout le temps. Vive et ouverte d'esprit, exubérante et un rien lunatique, elle était appréciée de beaucoup et détestée par certains à cause d'un franc-parler parfois ravageur. Une chose dont Subaru était pratiquement sûr : Tori entretenait un mystère autour d'elle. Quoi qu'il se passe, elle semblait toujours hors d'atteinte.
Ils n'avaient pas bougé depuis qu'elle l'avait appelé, et cela faisait bientôt cinq minutes qu'ils discutaient, avec animation lui semblait-il mais il était trop loin, trop haut pour entendre.
Elle était devenue son amie si vite.
Elle s'était adossée à la grille et lui tournait le dos. C'était sans importance, seul celui qui se tenait devant elle l'intéressait.
Il entendit son rire clair monter jusqu'au toit où il était posté et ne put retenir un sourire : il aimait le voir comme ça.
En la voyant s'éloigner, son sourire s'élargit, cette empêcheuse de mater Subaru en rond allait disparaître de sa vue.
Sa main se crispa soudain sur le grillage qui le séparait du vide. Qu'est ce qu'elle faisait ?
Non ! Elle n'avait pas le droit ! Comment pouvait-elle ? Comment osait-elle ?
D'aucun lui aurait dit que ce baiser n'avait rien de formel, qu'il était simplement pour elle une façon comme une autre de marquer son amitié, que ça faisait partie de cette façon fantasque qu'elle avait d'agir. Mais lui ne l'entendait pas ainsi.
Les yeux pleins de fureur, il la regarda regagner le lycée. Elle dut sentir ce regard car elle stoppa sa course et leva les yeux vers lui. Tranquillement, elle lui fit un signe de la main avant de reprendre son chemin.
Son poing se serra. Il ne permettrait pas qu'elle se rapproche de lui d'avantage.
Subaru était à lui.
Parce qu'il l'aimait.
A peine Subaru eut-il tourné le dos au lycée qu'un poids hurlant lui tomba dessus.
- Que… ?
- Je t'ai vu sale traître ! Cria une voix suraiguë à son oreille.
- Hokuto ?
- Comment oses-tu ? Le coupa sa sœur visiblement très en colère. Espèce de sans cœur ! Trahir ce pauvre Seishiro qui t'aime tant ! Et avec une fille en plus ! Le pauvre quand il va savoir…
Si le froid ne s'en était pas déjà chargé, Subaru aurait eut les joues rouges.
- Mais qu'est ce que tu racontes ? Oh tu parles de Tori ? Mais c'est la nouvelle dont je t'ai parlé. Se défendit-il en décrochant sa sœur de son dos.
- Mouais, fit-elle suspicieuse. Et visiblement tu la trouves à ton goût. Pauvre Sei…
- Mais arrêtes ! C'est juste une amie.
- Hum… Hokuto parut réfléchir quelques instants. Bien admettons. J'accepte de passer l'éponge sur ce regrettable incident qui j'espère ne se reproduira plus…
- Hokuto…
- Mais désormais, tu ne devras plus rien me cacher de ce que vous faites quand vous sortez Seishiro et toi !
Plus rouge que jamais, Subaru enjoignit sa sœur à le suivre à la maison.
21h30
- Pfff moi et mon sens de l'orientation pourrave… (1)
Un plan dans la main droite, ses commissions sous son bras gauche et un walkman sur les oreilles, Tori rentrait chez elle. Enfin essayait. Le quartier était un vrai labyrinthe pour les non-habitués et pour ne rien arranger, il faisait nuit et un froid insupportable même pour un canard. Pour le moment, elle se trouvait dans un square dans lequel elle était sûre d'être passée au moins trois fois vu que les mêmes arbres étaient là avec les mêmes bancs en dessous et les mêmes amoureux dessus, d'ailleurs vu le froid qu'il faisait, elle se demandait comment ils pouvaient rester là à se bécoter.
Et elle commençait à perdre patience.
- J'suis crevée ! J'veux dormiiiiiiiiiiiiiir ! (2)
Elle chemina encore pendant une demi-heure en râlant. Elle tourna à droite, à gauche puis encore à droite, pour finalement tomber sur une petite place bordée d'arbres avec des bancs en dessous…
- ENCORE ! S'écria t-elle en se tapant le front. Aïeuh ! Mais c'est pas vrai ! Ah non tiens, y'a plus les amoureux…
Dans son agitation, un des écouteurs s'était enlevé de son oreille. L'Australienne se mit à sa recherche.
Un bruissement lui fit suspendre son geste. Un souffle de vent passa dans les branches. Tori se détendit un peu.
- Trop stressée moi, faut vraiment que j'aille dor…
Mais le bruit se reproduisit et cette fois le vent ne se manifesta pas. Subitement sur la défensive, la jeune fille scruta les arbres et les ténèbres. Elle se sentait observée, elle sentait… Une présence.
- Qui est là ?
Quelque chose remua dans les végétaux. Elle se tendit, prête à se défendre. Mais rien d'autre ne survint. Après un temps de concentration, elle ne percevait plus rien.
Tori expira lentement pour apaiser sa tension. Quoi que ça ait pu être, ça avait disparu et elle n'avait aucune envie de se mettre à sa recherche.
- Fait trop froid et j'ai autre chose à faire que de courir après des fantômes… Elle étouffa un bâillement sonore. Dormir par exemple.
Elle jeta un dernier coup d'œil circulaire au parc avant de reprendre sa route… Et de percuter un individu. Un bras puissant la rattrapa avant qu'elle ne tombe mais ses achats eux, subirent la loi de la gravité. (3)
- Tout va bien mademoiselle ? Demanda une voix grave.
L'étudiante regarda fixement son propriétaire. Grand, un visage bien dessiné, des cheveux aussi noirs que ses yeux et un costume sombre. Bien que pas très douée pour cet exercice, elle lui donnait à peu près 25 ans.
"Roh mais c'est qu'il est très mignon !"
- Euh… Oui. Pardonnez-moi j'étais ailleurs… Zut mes courses !
- Laissez-moi vous aider.
- Oh ne vous dérangez pas.
Mais il avait déjà commencé à tout récupérer. Avec un sourire il lui remit ses courses, puis il se repencha pour ramasser un bout de papier.
- Vous seriez-vous perdue ? Demanda t-il en montrant le plan.
- Faut croire que oui, répondit-elle en faisant la moue.
- Allons ne vous en faites pas. En fait vous n'êtes pas très loin. Je veux accompagne si vous voulez. Ces rues ne sont pas très sûres.
- Euh… Merci.
Ils marchèrent côte à côte en silence pendant un moment jusqu'à un croisement.
- Voilà à partir d'ici vous poursuivez tout droit et vous y êtes.
- Encore merci.
- Vous êtes nouvelle par ici. Observa l'inconnu. Je ne vous ai encore jamais vue.
- Dois-je en déduire que vous habitez par ici ? Mais vous avez raison, je viens juste d'emménager. Je m'appelle Tori Kazetenshi.
- Seishiro Sakurazuka (4)
Un sourire étira les lèvres de Tori.
- Enchantée, fit-elle en lui tendant une main qu'il serra.
- Moi de même. Bien, je dois partir. Bonne soirée jeune demoiselle.
Tori le regarda disparaître au coin de la rue avant d'élargir son sourire. Et de filer à toute vitesse vers son appartement.
- Raaaaaaaaaah, mon liiiiiit !
***
Seishiro se réveilla en sursaut, tenaillé par une impression étrange. Un coup d'œil au réveil lui apprit qu'il était 3h41 du matin. (5)
Se concentrant, il étendit ses sens à sa chambre puis au reste de l'appartement.
Rien.
Mais la sensation désagréable était encore là, elle s'intensifiait même.
Seishiro…
Pris d'une subite impulsion, il s'habilla rapidement et se rendit chez Subaru. Arrivé là, il put constater par les volets ouverts que son jeune protégé dormait d'un sommeil paisible emmitouflé dans une couette ornée de chatons noirs et blancs.
Il aurait pu rester des heures à le regarder ainsi, si cette désagréable impression n'était encore montée d'un cran. A regret, il détacha son regard de la chambre et le promena sur la ville.
Le parc. Ca venait de la.
Seishiro.
La scène d'il y a quelques jours lui revint en mémoire. Il reprit sa course. Avec un peu de chanson, il intercepterait cet individu amateur de tags sur bois.
A mi-parcours, une brise froide se leva. Puis aussi soudainement qu'il était apparu, son malaise se dissipa. Quelque chose dit au tueur de se dépêcher ou il allait rater ce -ou celui- qui l'avait réveillé.
Arrivé au pied du cerisier sacré, son intuition se confirma. Seul restait dans l'air un parfum léger qu'il ne put identifier. Il se rappela la marque sur le tronc et se décida à l'examiner de plus près. Mais à sa grande surprise, elle avait disparu. A sa place, il pouvait lire une inscription.
Je suis revenue.
Pour toi.
Un peu déconcerté, il avança une main sur l'inscription. Une personne capable de faire ce genre de chose sur un arbre magique était un fait suffisamment extraordinaire pour qu'il s'y intéresse un peu. Il la trouverait. On ne faisait pas des graffitis sur son arbre comme ça.
Au moment ou il posa sa main sur le bois, une formidable décharge d'énergie spirituelle en jaillit. Submergé par la puissance, le Sakurazukamori s'effondra au sol, les tempes bourdonnantes.
Seishiro.
Cette voix, il ne l'a jamais entendue.
Seishiro, je…
Une sensation effleure son esprit, un sentiment… c'est…
Je t'aime.
C'est impossible. Il ne connaît pas cet amour-là. Il ne connaît l'amour que d'une seule personne.
- Qui es-tu… ? Il se sentait partir.
Des boucles noires, un visage pâle, des yeux bleu nuit. Et toujours ce parfum.
Il sombra dans l'inconscience.
Je t'attendrai.
***
Lendemain – Journal télévisé
Ce matin, aux abords du quartier de Shinjuku, les corps presque sans vie d'un couple de jeunes mariés ont été retrouvés.
C'est ici, à Reilive Square, petit parc connu pour être un lieu de rendez-vous amoureux, qu'un homme et une femme tous deux âgés d'une trentaine d'années ont été découverts. Les deux époux ont été emmenés à l'hôpital central. Selon les médecins, ils souffriraient d'hypothermie avancée et seraient actuellement dans un coma léger, cependant leurs jours ne seraient plus en danger. D'après la police en charge de l'enquête, aucun de leurs effets personnels n'aurait été dérobé.
***
Avec un minimum de bruit, Subaru ouvrit la porte de l'appartement et passa la tête à l'intérieur.
- Seishirô ?
Pas de réponse. L'exorciste referma la porte derrière lui. Il était inquiet. Une fois encore, il avait fait le même rêve. Une fois encore, le visage de l'inconnu appuyé au tronc d'arbre lui échappait. Mais cette fois, il avait clairement perçu une urgence, une menace.
- Seishiro tu es là ?
Après les cours, il était passé à la clinique vétérinaire où on lui avait apprit qu'il avait fait annuler tous ses rendez-vous et qu'il n'était pas venu. Alors Subaru était venu ici en espérant le trouver. Mais de toute évidence, son ami n'était pas présent.
Il s'apprêtait à repartir quand un bruit provenant de la chambre attira son attention. Le jeune médium poussa la porte et son cœur fit un bond dans sa poitrine.
- SEISHIRO !
Le vétérinaire était bien là mais dans quel état. Presque aussi pâle qu ses draps, il avait les traits tirés et les cheveux en bataille. Il était blessé à plusieurs endroits et certaines plaies n'étaient toujours pas cicatrisées au vu des tâches de sang qui parsemaient les draps.
Subaru se laissa tomber au bord du lit et passa une main sur le front de son ami qu'il trouva un peu fiévreux. Seishiro ouvrit des yeux fatigués sur lui.
- Je vois que tu t'es décidé à utiliser le double de clés. Dit-il avec un sourire qui ressemblait plus à une grimace.
Malgré ce qu'il éprouvait pour Seishiro, Subaru n'avait encore jamais osé pénétrer de lui-même dans cet appartement qu'il connaissait pourtant par cœur.
- Qu'est ce qui t'es arrivé ? Demanda l'exorciste d'une voix angoissée.
- Je crois que j'ai fait une mauvaise rencontre, répondit l'autre. Mais ne t'inquiètes pas je vais un peu mieux.
Il se redressa sur le lit pour appuyer ses dires. Mais cela ne fit en rien disparaître l'expression anxieuse de son jeune ami.
- Subaru qu'est ce que tu as ?
- Je… Je l'avais senti. Que tu courais un danger… Je l'avais rêvé.
- Quoi ?
- Le rêve. Je l'ai refait. Et ces pressentiments toute la journée, et tu ne répondais pas, et je ne te trouvais pas et… et… Il se tut incapable de poursuivre et baissa les yeux. J'ai eu peur.
Seishiro lui prit le menton dans sa main, le forçant doucement à le regarder. Il ne comprenait pas..
- Tu étais inquiet… pour moi ?
Subaru hocha lentement la tête.
Pourquoi ? Pourquoi ça le touchait autant ? Pourquoi, alors que tout ce que pouvait éprouver Subaru le laissait indifférent ? Pourquoi maintenant ?
Seishiro observa longuement les yeux pleins de crainte de son cadet : il était sincère, il était toujours sincère. Sans un mot, il se pencha sur lui et posa ses lèvres contre les siennes, lui donnant un tendre baiser. Puis s'écartant un peu, il le serra dans ses bras.
- Sei…
Subaru se sentait mieux, rassuré dans ces bras puissants. Le baiser lui avait presque fait oublier ses angoisses. Presque.
Il sentit soudain les muscles du vétérinaire se contracter et un gémissement franchir ses lèvres.
- Seishiro tu… qu'est ce que tu as.. Arrêtes tu me fais mal !
Rien à faire : malgré toutes ses tentatives, le médium ne parvenait pas à se dégager de l'étreinte du tueur. Il parvint cependant à suffisamment s'écarter pour lever les yeux sur lui. Il cessa tout mouvement.
Les traits de Seishiro étaient crispés, exprimant une incroyable douleur.
La capuche de son manteau rejetée en arrière, la jeune femme ne put que constater les faits : quelqu'un avait effacé sa marque, brisant du même coup le contact qui la liait à sa mission.
- Quelque chose ne va pas ?
Elle respira profondément. Le vent froid de la nuit souleva ses longs cheveux.
- Non. Quelqu'un s'est invité à la fête et veut jouer les pique-assiette…
A part son cinglé de patron et quelques-uns de ses collègues, personne ne pouvait marquer un arbre magique de la sorte. A fortiori, elle et elle seule pouvait agir ainsi sur le protecteur du Sakurazukamori.
- Ca fait combien de temps que tu as perdu sa trace ?
- Vingt quatre heures environs. J'aime pas ça.
Elle passa la paume de sa main sur le tronc, à l'endroit du message. Normalement ce genre d'opération laissait toujours une trace de magie, aussi infime soit-elle.
Ce qui la surprenait le plus c'était l'absence de réaction de l'arbre face à cette agression alors qu'il répondait toujours à sa présence.
Repoussant une mèche qui lui tombait sur le front, elle récita une incantation et plaqua sa main sur le bois.
Une violente explosion la propulsa en arrière et elle se réceptionna durement au sol. Elle constata en se relevant que sa cape était hors-service.
- Mais putain de chierie de truc ! C'est quoi ce délire ! (6) Brailla t-elle en repoussant les lambeaux de tissus. Un manteau que j'ai acheté y'a même pas un mois !
Fermant les yeux, elle fit jouer ses doigts dans l'air, en quête d'un indice pouvant lui fournir des renseignements utiles à travers la vague de pure haine qu'elle venait de se prendre en pleine face.
Ce qu'elle découvrit fit naître une nouvelle série de jurons assez imaginatifs pour faire passer un marin pour une enfant de chœur. Ca et le nouveau message incrusté dans le tronc du cerisier.
Il est à moi.
- T'as un client très demandé…
L'expression de la magicienne se durcit.
- Quelle idiote. T'as vraiment mal choisi ton moment pour revenir.
La réplique fut immédiate. Des pierres se mirent en lévitation et foncèrent droit sur la combattante, qui surprise ne put tout esquiver. Son salut résida dans les airs où elle resta en suspension. De là elle fouilla du regard les alentours. Ses yeux s'étrécirent.
- Je t'ai trouvée.
Elle leva une main vers le ciel et cria une formule. Le vent se leva, emportant avec lui une myriade de pétales de cerisiers.
- Oh oh…
Un puissant jet de lumière tomba du ciel directement dans sa main. Quand il se dissipa, la magicienne tenait une longue et fine épée argentée couverte de signes. Sans préavis elle l'abattit dans l'air vers l'endroit où elle avait repéré son adversaire. L'assaut heurta le cerisier de plein fouet et une masse sombre en tomba et disparut instantanément.
En silence, la jeune fille se posa près de l'arbre sacré et grimaça de douleur
- Tu vas bien ?
- Elle m'a pas loupée. Grogna t-elle en comptant ses nombreuses coupures. Puis elle fit le tour de l'arbre pour vérifier qu'il n'avait rien.
- Dommage que je sois si loin…
- Pas grave, t'inquiètes pas. Elle soupira. Je vais devoir revoir mes plans. Dis-moi petit frère tu peux me trouver quelques tuyaux sur elle ?
- Sans problème Tori-chan.
Elle ferma les yeux et appliqua la garde de l'arme sur le cerisier. Le symbole de son affiliation réapparut sur le bois.
Une étoile renversée à cinq branches.
Quand ce fut fini, des flocons de neige descendaient doucement des nuages. Tori sentit son visage se contracter, sans qu'elle le veuille, elle prit une grande inspiration, renversa sa tête en arrière, mit sa main devant sa bouche et…
- ACHTAAAAA !
- A tes souhaits frangine.
- Beuh… Connerie de fantôme. Si je la chope…
Le corps de Seishiro se détendit soudain et bascula sur le lit, entraînant Subaru à sa suite.
- Sei…
Seishiro s'était rendormi, épuisé par la douleur. Subaru se leva lentement et se dirigea vers le téléphone afin d'avertir sa sœur qu'il ne rentrerait pas Il tut cependant le lieu où il se trouvait, peu désireux d'entendre une nouvelle plaisanterie. Ensuite il revint s'asseoir sur le lit et prit la main de son occupant en attendant qu'il se réveille.
***
C'est le soleil qui réveilla Seishiro. Le soleil et l'odeur familière des cerisiers.
- Ah t'es enfin réveillé.
Seishiro se redressa et regarda autour de lui, il avait encore changé d'endroit. A son grand désarroi, il s'aperçut qu'il n'était pas dans son lit mais au pied d'un arbre en fleur. Il constata aussi que ses blessures avaient disparu mais que ses pouvoirs étaient inopérants.
- Ne t'en fais pas tu iras beaucoup mieux dans quelque temps.
Il se retourna vivement mais ne trouva personne. Comment était-il arrivé ici ? Et comment Avit-Il fait pour regagner son appartement la dernière fois ?
- Honnêtement j'en sais rien non plus.
- Qui êtes-vous ? Et où est ce qu'on est ici ?
- Roh quelle autorité ! Roucoula la voix indéniablement féminine. Bon si tu veux tout savoir, nous sommes dans un rêve que j'ai crée. Quant à ta première question, il est inutile que j'y réponde vu que tu m'auras oubliée que tu quitteras ce lieu….
Le tueur sourit, il avait enfin trouvé l'origine de la voix, là-haut dans les branches du cerisier.
- … Mais pour résumer en très gros, je suis ton ange.
Silence.
- Les Sakurazukamoris n'ont pas d'anges. S'entendit-il dire.
- Tu es différent des autres Sakurazukamoris car tu as la clé de tes sentiments.
- Quoi ?
- Rappelles-toi hier soir.
Seishiro réfléchit. De quoi parlait-elle ? La solution fit naître un rictus cynique.
- C'est ridicule. Il n'est que ma proie.
- Vraiment ?
- Laisse-moi partir.
- Comme tu veux.
Autour de lui, le décor commençait à s'estomper. Les ténèbres s'installèrent et une silhouette vêtue de noir se matérialisa près du tueur. Il ne put distinguer d'elle que ses yeux. Roses
- Alors prends-en soin où il risque de souffrir et toi… toi tu risques de le perdre. Définitivement.
Les contours de la chambre apparurent en même temps que la prétendue ange s'effaçait. Dehors, la neige luisait au soleil.
Allongé dans son lit, Seishiro regarda longtemps le visage de Subaru endormi, une main dans la sienne.
A suivre (Eh oui encore ^_^)
Cyrius : Ohlala mais dans quoi je me suis embarquée… bouhouhouh !
Sei : Au cas où t'aurais pas remarquer, tu dis ça à chaque fois que t'écris une fic…
Cyrius : Groumph…
1 - Sei : ça me rappelle quelqu'un ça… Cyrius : oups ?
2 - Hommage à ma plus petite sœur Cyn, la plus flemmarde de la famille
3 - Ils se cassent la gueule quoi…
4 - Un nom a couché dehors, je vous le dis
5 - Heure à laquelle j'ai fini ce chapitre... Maintenant vous savez pourquoi ça ne vole pas bien haut.
6 - Sei : ça aussi ça me rappelle quelqu'un… Cyrius : oh la ferme !
7 - Disons surtout que j'avais la flemme de trouver une explication valable.
