Salle de restauration de l'hôtel, 8 heures.
Les cinq pilotes de Gundam, beaux, lavés et bien habillés, prirent place à leur table. Quatre regarda les autres qui mangeaient.
- Mes amis, dit-il, demain il va y avoir un match de foot sur le terrain de l'hôtel. Ce serait bien qu'on y participe. Les jeunes du coin ne sont que dix et ils ont besoin de joueur supplémentaires pour affronter l'équipe de la Colonie qui va bientôt se rendre sur rendre sur la Terre pour la coupe du monde universel des espoirs. On pourrait leur proposer un coup de main, qu'est-ce que vous en dites ?
- Pourquoi pas ? répondit Wufei, un peu de compétition ne nous fera pas de mal.
"Pourquoi il regarde Heero comme ça ?" se demanda Duo.
- Très bien, moi aussi j'ai besoin de faire un peu de sport, lança Duo pour faire converger les regards sur lui, surtout celui du Chinois.
- Je suis partant, ajouta Trowa.
- On est déjà quatre, c'est bien, dit le jeune blond. Et toi Heero ?
- Hn.
- Allez Heero, supplia Duo, tu ne vas pas faire bande à part.
- Bon d'accord, je jouerai, annonça le Japonais.
Duo n'attendait que ça. Il sourit en pensant que le lendemain, il allait enfin pouvoir faire ses preuves en montrant à Heero qu'il avait aussi des qualités.
Les G-Boys continuèrent de déjeuner et Quatre reprit bientôt la parole :
- En plus, après le match, je serai en mesure de vous dire où nous partirons pour les vacances.
- Cool ! répliqua Duo qui n'était en fait intéressé que par ce fameux match.
Le petit déjeuner se terminant, Quatre fit un signe à Trowa. Celui-ci se leva et dit aux autres :
- Heero, Wufei, venez avec moi, il faut absolument que je vous emmène quelque part.
Les deux intéressés se regardèrent dans les yeux, le regard étonné, puis ils jetèrent un coup d'oeil à Trowa qui attendait. Enfin, Wufei et Heero se regardèrent à nouveau droit dans les yeux, mais cette fois, c'étaient des regards d'intimidation. Wufei continua à fixer le Japonais. Mais ce dernier tourna la tête le premier, comme s'il refusait le face-à-face. Il demanda à Trowa :
- Où ?
- Vous verrez bien, répondit le Français. Alors, vous venez ?
Heero et Wufei se levèrent et mirent leurs vestes.
- Et moi ? demanda Duo étonné. Je viens pas ?
- Non, il vaut mieux les laisser seuls, lui expliqua Quatre. Ces trois-là ont des choses à se dire.
Et comme le Français, le Chinois et le Japonais sortaient de l'hôtel, le jeune blond ajouta :
- Et nous aussi, on a des choses à se dire. Mais viens dans ma chambre, on y sera mieux pour discuter.
Une fois les deux pilotes dans la chambre de l'Arabe, la discussion commença :
- Alors ? demanda Duo, Trowa est allé parler à Heero ?
- Oui, et il est venu me voir après et on a tiré les conclusions suivantes.
Duo était on ne peut plus attentif.
- D'abord, poursuivit Quatre, nous pensons qu'il n'y a rien entre Heero et Relena.
Duo eut un large sourire, qu'il effaça aussitôt pour reprendre sa concentration. Il était aussi nerveux qu'un mauvais steak.
- Nous pensons ça car Heero a dit qu'il n'était jamais tombé amoureux. Et il a dit que ça le rassurait que toi non plus. Car tu lui as bien dit que tu n'avais jamais été amoureux de quelqu'un, non ?
- Oui répondit Duo, c'était hier, quand on est parti de l'aéroport.
- Mais tu lui as menti, tu ne lui as pas dit que tu l'aimais.
- Je sais, mais tu comprends Quatre, je ne voulais pas lui annoncer ça comme ça. Et puis j'ai très peur de sa réaction, confia l'Américain.
- Oui, je te comprends, lui dit Quatre en lui prenant les deux mains. Mais je crois qu'Heero aussi a peur. Il a remarqué que tu ne te comportais pas comme d'habitude avec lui ces derniers temps et il prend ses distances. D'ailleurs, je crois que c'est pour ça qu'il t'a menti à propos de Relena et du docteur J.
Duo regarda son ami d'un air inquiet :
- Alors... ça veut dire... que les choses vont en s'empirant ?
- C'est pas pour te démoraliser Duo mais... oui, si tu ne fais rien, c'est ce qui va arriver.
- Mais je dois faire quoi ? demanda l'Américain, presque paniqué.
- Je ne sais pas trop, dit Quatre. Commence par prendre ton courage à deux mains. Ensuite, il faut que tu dévoiles tes sentiments à Heero. Si tu ne le fais pas, lui le fera encore moins. D'autant plus qu'il se méfie de toi.
- Et s'il me rejette ? demanda Duo, la voix tremblante.
Quatre resta muet. Il se contenta de hausser les épaules et de relâcher les mains de l'Américain.
- Il faut essayer, lui dit-il après l'avoir regardé dans les yeux une bonne dizaine de secondes. Prends le temps d'y penser... et décide-toi.
- D'accord. Merci Quatre, lui dit Duo en sortant de la chambre.
Duo se rendit immédiatement dans sa chambre et s'allongea sur le lit, les bras derrière la tête, les yeux ouverts, le regard vide. Il resta comme ça pendant quelques minutes puis il ferma les yeux. "C'est bien facile pour Quatre de dire ça" se dit-il. "Lui, il n'a pas ce problème, il est déjà avec son Trowa. Il ne se rend pas compte de ce que ça pourrait lui faire si on lui enlevait son Trowa... Moi je ne veux pas perdre mon Heero... Mais je ne sais pas comment m'y prendre, à quel moment lui parler...". Duo prit un oreiller et se le mit sur le visage.
Environ une heure plus tard, Trowa, Heero et Wufei revinrent à l'hôtel. Wufei marchait avec fière allure, comme s'il venait d'accomplir quelque chose de grand, Trowa accélérait le pas pour aller rejoindre Quatre au plus vite et Heero les suivait, un peu en recul, l'air impassible.
Trowa arriva le premier dans le couloir de l'hôtel où les G-Boys avaient leur chambre. Il frappa à la porte de son amant.
- Oui ? fit le jeune blond.
- C'est moi, annonça Trowa.
- Entre vite, je t'attendais.
- Alors ? Tu as pu parler avec Duo ?
- Oui oui, et ça s'est passé comme prévu. Je lui ai dit ce qu'on avait décidé qu'il fallait lui dire. Et il a l'air d'avoir compris. En tout cas, il semble fortement apprécier notre aide.
- Tant mieux, dit Trowa, on en fait pas ça pour rien. Mais tu ne crois pas que cette situation risque de jouer contre Duo ?
- Comment ça ? demanda le jeune Arabe.
- Si à chaque fois, c'est moi qui vais voir Heero et toi qui fais un compte- rendu à Duo, jamais celui-ci ne fera de pas vers Heero.
- C'est possible, mais je lui ai bien dit que c'était à lui de foncer, de prendre des risques.
- Et comment il a réagi ? demanda le Français.
- Il m'a l'air encore hésitant. Peut-être qu'il faudrait aller voir Heero pour essayer de lui faire comprendre la situation.
- Oui... peut-être, marmonna Trowa. Je vais y réfléchir et je parlerai à Heero dans l'après-midi. En attendant, je pense qu'il faut arrêter d'épauler Duo de la sorte. Il faut le laisser se débrouiller seul.
- Oui, tu as raison, dit Quatre en souriant. J'espère que ces deux-là vont connaître les mêmes choses que nous. Ce serait dommage qu'ils passent à côté.
Trowa acquiesça et vint déposer un baiser sur le front de son compagnon.
- Mais dis-moi Trowa, demanda Quatre, tu les as emmené où les deux autres ?
- Et bien, j'ai remarqué que Wufei regardait Heero avec un air menaçant. C'est depuis qu'Heero l'a surpris en train d'écouter à ta porte. Alors je les ai emmenés à la salle de jeux du coin pour faire une partie de fléchettes. Je leur ai dit qu'ils avaient un différend à régler et que je ne jouerais pas. Alors Heero et Wufei ont joué chacun leur tour. Mais ce n'était pas très intéressant, ils sont les deux très bons tireurs.
- Et qui a gagné ? demanda Quatre intéressé.
- Ils ont fait trois fois égalité. La quatrième, Heero et Wufei étaient encore à égalité. Il ne leur restait qu'une fléchette chacun et ils devaient faire cinquante. Wufei a lancé en premier et il a tapé en plein dans le milieu de la cible. Il s'est ensuite tourné vers Heero en espérant que celui-ci manque son coup. Heero a bien mis trente secondes avant de jeter sa fléchette. Et il a raté son coup, il n'a fait que 25. Je crois qu'il a fait exprès, gagner ne l'intéressait pas. Par contre, Wufei... je ne l'avais jamais vu aussi content de gagner. Ce n'était pourtant qu'une simple partie de fléchettes. Ce garçon est vraiment bizarre...
- Oui, mais si on y regarde de plus près, ajouta Quatre, nous sommes tous bizarres. Et peut-être même que, de nous cinq, le moins bizarre, c'est Wufei.
- Peut-être... Au fait, il n'a toujours pas l'air d'être au courant pour nous. Imagine sa réaction s'il apprend que nous deux... et que Duo et Heero...
- Je préfère pas imaginer, répliqua Quatre en riant. De toute façon, il finira bien par s'en apercevoir un jour ou l'autre.
- Bon... et qu'est-ce qu'on fait cet après-midi ? demanda le Français.
- J'ai ma petite idée là-dessus. Je la soumettrai à midi, lors du repas.
**********
Salle de restauration de l'hôtel, midi et demi.
Les cinq G-Boys étaient à table, en train de manger. Comme ça commençait à en devenir une habitude à chaque repas, Quatre prit la parole :
- Puisque tout le monde a accepté de jouer pour le match de demain, nous rencontrerons cet après-midi, les autres joueurs de l'équipe. J'ai parlé avec le capitaine ce matin et il veut voir de quoi on est capables. Alors, à 15 heures, on ira les rejoindre sur le terrain pour nous rencontrer.
- Ils veulent nous tester ! s'exclama Wufei.
- On dirait bien, poursuivit Duo. Mais je les comprends, c'est vrai, si jamais on n'était pas aussi bons qu'eux, on serait un handicap pour eux.
- Oui, mais ça ne sera pas le cas, répondit le Chinois avec un air fier.
- Je l'espère, dit Duo.
- De toute façon, ajouta Quatre, on ne cherche pas à faire les malins, on les aide parce qu'ils ne sont pas assez nombreux. Evidemment, on ne va pas tout faire pour qu'ils perdent, mais il ne faudra pas jouer juste entre nous cinq. Si on joue les cinq en même temps...
- Oui, Quatre a raison, ajouta Trowa.
"Vous pouvez dire ce que vous voulez, moi je dois impressionner Heero alors vos conseils, vous seriez pas contents de savoir ce que j'en fais" se dit Duo en souriant bêtement.
Une fois le repas terminé, Quatre dit aux autres avant que chacun n'allât dans sa chambre :
- Je passe vous chercher à trois heures, soyez prêts et en tenue de sport. Et surtout, soyez là, n'est-ce pas Heero ?
- Hn.
Quatre se rendit dans la chambre de Trowa.
- A mon avis, tout le monde va faire la sieste en attendant tout à l'heure, alors, si tu veux parler à Heero, je crois que le moment serait bien choisi.
- Quatre, je vais aller lui parler, mais c'est la dernière fois, après, on les laisse se débrouiller. Et tu n'iras pas voir Duo pour lui raconter ce que j'aurais dit à Heero.
- Mais... protesta le jeune blond.
- D'ailleurs, je ne te dirai pas ce que je vais aller dire à Heero. Pas tant que qu'ils ne seront pas ensemble.
- Bon, si tu veux. Mais Trowa, je veux juste savoir une chose : tu me fais la tête ?
- Mais non, je ne te fais pas la tête. Mais je pense que tu devrais penser un peu plus à toi de temps en temps plutôt que de tout le temps vouloir aider les autres. Regarde, Duo et Heero, le match de foot de demain...
- Oui je sais, mais c'est plus fort que moi, avoua Quatre.
- C'est pour ça que j'agis ainsi, répondit Trowa en le serrant dans ses bras. Tu sais bien que je t'aime et que je ne veux que ton bien.
- Merci Trowa, moi aussi je t'aime.
Après s'être embrassés plusieurs fois, ils sortirent de la chambre de Trowa. Quatre retourna dans la sienne tandis que le Français alla voir Heero. Il frappa à la porte du Japonais et entra lorsqu'il le lui autorisa.
**********
Couloir de l'hôtel, premier étage, 15 heures.
Quatre tapa à la porte de Duo qui sortit aussitôt. Il avait enfilé un short noir assez long, genre bermuda, et portait un T-shirt noir sous lequel il dissimulait sa natte. Il tomba nez à nez avec un Quatre en short blanc très court, avec un T-shirt moulant rose bonbon et une casquette à l'envers de couleur bleu ciel. Duo eut du mal à se retenir d'éclater de rire. Il se contenta de dire :
- Woah ! Quelles jolies couleurs !
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Quatre. Ça ne te plait pas ?
- Si si... c'est juste que... tu crois que ça va plaire à Trowa ?
- Oh oui, c'est lui qui m'a acheté ce T-shirt, répondit le jeune blond en souriant.
Ils tapèrent à la porte de Trowa qui portait les mêmes habits que Duo mais dans des tons plutôt beiges. Il ne put se retenir de rougir lorsqu'il vit Quatre habillé ainsi.
- Ah ben t'avais raison, dit Duo à Quatre en lui donnant un petit coup de coude, ça a l'air de lui plaire. En tout cas, ça lui fait de l'effet !
Wufei sortit à ce moment-là, attiré par les voix qu'il entendait dans le couloir. Il regarda les autres d'un oeil bizarre, surtout Quatre qu'il fixa pendant dix secondes avant d'afficher un grand sourire. Le jeune Arabe rougit à son tour et commença à se demander s'il ne ferait pas mieux d'aller se changer.
- Bon, faites sortir Heero, dit Quatre en retournant dans sa chambre, j'en ai pour deux minutes.
Wufei s'apprêta à taper à la porte du Japonais mais il fut interrompu par l'Américain :
- Tu crois pas que tu vas mourir de chaud avec ton pantalon et tes manches longues ?
- Et alors ? répondit le Chinois, au moins ils sont blancs, pas comme les tiens qui sont noirs. On verra bien qui de nous deux aura le plus chaud.
Il frappa à la porte et Heero sortit, fidèle à lui-même, short bleu marine et débardeur vert. Il regarda les autres qui n'étaient pas habillés comme d'habitude. Il esquissa à son tour un sourire. Puis ils attendirent Quatre. Celui-ci les rejoignit deux minutes plus tard. Il avait troqué son T-shirt moulant rose contre un T-shirt orange foncé, ample, qui lui cachait presque totalement son short. Duo ne put s'empêcher de faire une remarque :
- Tu es mieux comme ça je trouve.
Trowa acquiesça. Les cinq garçons sortirent de l'hôtel et allèrent à la rencontre des dix autres jeunes qui s'entraînaient sur le terrain de l'hôtel. Ce fut Quatre qui engagea la conversation avec les autres. Ensuite, les G-Boys firent les mêmes exercices que les autres joueurs. Le reste de l'entraînement se déroula bien. Les pilotes de Gundam impressionnèrent les autres joueurs qui étaient bien contents de les avoir avec eux. Cependant, il avait été décidé à l'avance que seul un des G-Boys jouerait dès le début, les quatre autres étant remplaçants. Quatre sentit que ça allait être la guerre entre Wufei et Duo pour savoir lequel des deux serait titulaire lors du match du lendemain. Mais contre toute attente, les autres joueurs de l'équipe désignèrent Heero. Ce dernier accepta mais il ne s'en faisait pas particulièrement une joie. Duo était déçu, il allait devoir trouver un autre moyen pour impressionner le Japonais.
Les quinze membres de l'équipe se donnèrent rendez-vous le lendemain une heure avant le match pour mettre au point la tactique. Les G-Boys retournèrent dans leur chambre pour aller se doucher. Trowa et Quatre restèrent en retrait du Chinois, de l'Américain et du Japonais pour discuter.
- Alors ? Pas trop déçu de ne pas jouer ? demanda le jeune blond à son compagnon.
- Pas du tout. On fait ça pour rendre service, ce n'est pas trop mon truc le foot.
- Tu as pu parler à Heero tout à l'heure ?
- Oui.
- Et ça s'est bien passé ?
- Je crois que oui.
- Et... c'est tout ?
- Oui, c'est tout, répondit le Français. A partir de maintenant, on n'intervient plus de nous-mêmes. J'ai redit à Heero que s'il voulait en parler, tu étais là.
- Ah bon ? s'étonna Quatre. Et toi ?
- Avec Heero, on ne se parle pas beaucoup. Je le comprends... mais c'est pas comme avec toi. Avec toi, un simple regard suffit pour qu'on se comprenne. Avec Heero... les choses sont plus difficiles. On verra bien s'il ira te voir. Tu sauras quoi lui dire au moins ?
- Oui, ne t'inquiète pas, je trouverai, répliqua le jeune blond en souriant. Bon, tu viens te doucher avec moi ?
- Je passe par ma chambre et j'arrive, lui répondit Trowa avec un clin d'oeil.
**********
Salle de restauration de l'hôtel, vingt heures et des poussières.
Les cinq pilotes quittèrent leur table après avoir fini leurs desserts. Ils remontèrent dans leur chambre. Trowa marchait devant Heero pour l'empêcher d'arriver en premier dans sa chambre. Une fois le Chinois, l'Américain, l'Arabe rentrés dans leurs chambres respectives, Trowa laissa passer Heero et au moment où celui-ci ouvrit la porte de sa chambre, Trowa lui dit :
- Maintenant.
Heero attendit que Trowa eût fermé la porte de sa chambre avant de bouger. Il prit quelques secondes pour inspirer puis alla frapper à la porte de Duo. Ce dernier répondit d'entrer sans savoir qui avait frappé. Il fut tout étonné de découvrir que c'était le Japonais.
- Heero ?!?
- Quoi ? répondit l'intéressé en refermant la porte derrière lui. On dirait que tu as vu un fantôme.
"Le fantôme qui hante mes nuits" se dit Duo. Puis après quelques secondes, il demanda :
- Tu voulais quelque chose ?
- Oui.
- Quoi ?
- Te parler.
- Ah, répliqua l'Américain intéressé.
- De demain.
- Ah, répéta Duo, mais avec l'air un peu déçu.
- Du match.
- Bon... et si tu faisais des phrases un peu plus longues ? proposa Duo en souriant.
- Je vais essayer, répondit Heero.
Il prit quelques secondes avant de prononcer quoi que ce soit. Ils avaient l'air aussi coincés l'un que l'autre. Mais ils tentaient de le cacher au maximum. Duo en s'asseyant sur son bureau, Heero en prenant la parole.
- Ce n'est pas moi qui ai demandé à jouer dans l'équipe, ce sont les autres joueurs qui m'ont choisi.
- Oui, je sais, répondit Duo.
- Je sais, mais comme tu avais l'air de vouloir jouer à tout prix...
- Non, c'est pas grave, c'est qu'un match de foot, lui dit l'Américain qui ne pouvait pas lui expliquer les vraies raisons de son envie de jouer.
- Si tu veux, lui proposa Heero en s'approchant du jeune homme en noir, je pourrais te céder ma place à la mi-temps.
- C'est vrai ? demanda Duo, les yeux scintillants.
- Oui, je dirai aux autres que je serai fatigué et que j'aurai besoin d'être remplacé.
Heero se trouvait très près de Duo si bien que celui-ci sentait l'air chaud qui sortait de la bouche du Japonais arriver sur ses joues. Heero continuait à parler, mais l'Américain ne l'écoutait plus. Il s'imaginait déjà en train de passer sa main sur la joue d'Heero, puis en train de l'embrasser, de l'étreindre, de lui murmurer des mots doux. Il imaginait aussi la réaction d'Heero, qui selon lui se laissait faire et éprouvait du plaisir. Mais dans la réalité, Duo ne bougeait pas. Il avait les yeux perdus sur le visage d'Heero et il ne faisait rien à part imaginer. Le Japonais passa plusieurs fois ses mains devant les yeux de l'Américain, mais ses gestes n'eurent aucun effet. Heero non plus n'osait pas toucher Duo, et il se mit à faire les cent pas devant le bureau en attendant que l'autre pilote reprît ses esprits. Au bout de deux minutes, Duo se redressa et vit Heero en train de tourner en rond.
- Ben qu'est-ce que tu fais Heero ? demanda-t-il d'un ton surpris.
- J'attends que tu aies fini de rêver.
Duo prit quelques secondes pour réfléchir.
- Ah... et ça fait longtemps que... "je rêve" ?
- Environ cinq minutes.
- Tout ça ! s'exclama le jeune homme en noir.
"Mais qu'est-ce qu'Heero doit être en train de penser maintenant ?" se demanda-t-il. Il se remit en position pour penser, mais cette fois, il avait le dos très courbé et il regardait par terre. Heero s'approcha de lui et lui posa une main sur l'épaule.
- Ecoute Duo, tu n'as pas l'air très en forme ce soir, on discutera une autre fois.
Duo ne sut quoi répondre à ça. Heero ajouta :
- Mais ça tient toujours pour demain.
Il prit la direction de la sortie mais l'Américain l'arrêta en demandant :
- Qu'est-ce qui tient toujours pour demain ?
Heero se mit sur le pas de la porte, côté couloir et répondit en refermant la porte :
- Je te laisserai ma place à la mi-temps.
Et il ferma totalement la porte pour aller ensuite rejoindre sa chambre. Il n'avait pas l'air très content de ce qui s'était passé. Quant à Duo, il était reparti dans ses pensées : "Oh la la, j'ai pas assuré du tout là... Je me demande ce qu'il pense de moi. Je l'ai même pas remercié pour sa proposition. Il voulait me faire plaisir et je l'ai même pas remercié... Non vraiment, j'ai pas assuré."
Les cinq pilotes de Gundam, beaux, lavés et bien habillés, prirent place à leur table. Quatre regarda les autres qui mangeaient.
- Mes amis, dit-il, demain il va y avoir un match de foot sur le terrain de l'hôtel. Ce serait bien qu'on y participe. Les jeunes du coin ne sont que dix et ils ont besoin de joueur supplémentaires pour affronter l'équipe de la Colonie qui va bientôt se rendre sur rendre sur la Terre pour la coupe du monde universel des espoirs. On pourrait leur proposer un coup de main, qu'est-ce que vous en dites ?
- Pourquoi pas ? répondit Wufei, un peu de compétition ne nous fera pas de mal.
"Pourquoi il regarde Heero comme ça ?" se demanda Duo.
- Très bien, moi aussi j'ai besoin de faire un peu de sport, lança Duo pour faire converger les regards sur lui, surtout celui du Chinois.
- Je suis partant, ajouta Trowa.
- On est déjà quatre, c'est bien, dit le jeune blond. Et toi Heero ?
- Hn.
- Allez Heero, supplia Duo, tu ne vas pas faire bande à part.
- Bon d'accord, je jouerai, annonça le Japonais.
Duo n'attendait que ça. Il sourit en pensant que le lendemain, il allait enfin pouvoir faire ses preuves en montrant à Heero qu'il avait aussi des qualités.
Les G-Boys continuèrent de déjeuner et Quatre reprit bientôt la parole :
- En plus, après le match, je serai en mesure de vous dire où nous partirons pour les vacances.
- Cool ! répliqua Duo qui n'était en fait intéressé que par ce fameux match.
Le petit déjeuner se terminant, Quatre fit un signe à Trowa. Celui-ci se leva et dit aux autres :
- Heero, Wufei, venez avec moi, il faut absolument que je vous emmène quelque part.
Les deux intéressés se regardèrent dans les yeux, le regard étonné, puis ils jetèrent un coup d'oeil à Trowa qui attendait. Enfin, Wufei et Heero se regardèrent à nouveau droit dans les yeux, mais cette fois, c'étaient des regards d'intimidation. Wufei continua à fixer le Japonais. Mais ce dernier tourna la tête le premier, comme s'il refusait le face-à-face. Il demanda à Trowa :
- Où ?
- Vous verrez bien, répondit le Français. Alors, vous venez ?
Heero et Wufei se levèrent et mirent leurs vestes.
- Et moi ? demanda Duo étonné. Je viens pas ?
- Non, il vaut mieux les laisser seuls, lui expliqua Quatre. Ces trois-là ont des choses à se dire.
Et comme le Français, le Chinois et le Japonais sortaient de l'hôtel, le jeune blond ajouta :
- Et nous aussi, on a des choses à se dire. Mais viens dans ma chambre, on y sera mieux pour discuter.
Une fois les deux pilotes dans la chambre de l'Arabe, la discussion commença :
- Alors ? demanda Duo, Trowa est allé parler à Heero ?
- Oui, et il est venu me voir après et on a tiré les conclusions suivantes.
Duo était on ne peut plus attentif.
- D'abord, poursuivit Quatre, nous pensons qu'il n'y a rien entre Heero et Relena.
Duo eut un large sourire, qu'il effaça aussitôt pour reprendre sa concentration. Il était aussi nerveux qu'un mauvais steak.
- Nous pensons ça car Heero a dit qu'il n'était jamais tombé amoureux. Et il a dit que ça le rassurait que toi non plus. Car tu lui as bien dit que tu n'avais jamais été amoureux de quelqu'un, non ?
- Oui répondit Duo, c'était hier, quand on est parti de l'aéroport.
- Mais tu lui as menti, tu ne lui as pas dit que tu l'aimais.
- Je sais, mais tu comprends Quatre, je ne voulais pas lui annoncer ça comme ça. Et puis j'ai très peur de sa réaction, confia l'Américain.
- Oui, je te comprends, lui dit Quatre en lui prenant les deux mains. Mais je crois qu'Heero aussi a peur. Il a remarqué que tu ne te comportais pas comme d'habitude avec lui ces derniers temps et il prend ses distances. D'ailleurs, je crois que c'est pour ça qu'il t'a menti à propos de Relena et du docteur J.
Duo regarda son ami d'un air inquiet :
- Alors... ça veut dire... que les choses vont en s'empirant ?
- C'est pas pour te démoraliser Duo mais... oui, si tu ne fais rien, c'est ce qui va arriver.
- Mais je dois faire quoi ? demanda l'Américain, presque paniqué.
- Je ne sais pas trop, dit Quatre. Commence par prendre ton courage à deux mains. Ensuite, il faut que tu dévoiles tes sentiments à Heero. Si tu ne le fais pas, lui le fera encore moins. D'autant plus qu'il se méfie de toi.
- Et s'il me rejette ? demanda Duo, la voix tremblante.
Quatre resta muet. Il se contenta de hausser les épaules et de relâcher les mains de l'Américain.
- Il faut essayer, lui dit-il après l'avoir regardé dans les yeux une bonne dizaine de secondes. Prends le temps d'y penser... et décide-toi.
- D'accord. Merci Quatre, lui dit Duo en sortant de la chambre.
Duo se rendit immédiatement dans sa chambre et s'allongea sur le lit, les bras derrière la tête, les yeux ouverts, le regard vide. Il resta comme ça pendant quelques minutes puis il ferma les yeux. "C'est bien facile pour Quatre de dire ça" se dit-il. "Lui, il n'a pas ce problème, il est déjà avec son Trowa. Il ne se rend pas compte de ce que ça pourrait lui faire si on lui enlevait son Trowa... Moi je ne veux pas perdre mon Heero... Mais je ne sais pas comment m'y prendre, à quel moment lui parler...". Duo prit un oreiller et se le mit sur le visage.
Environ une heure plus tard, Trowa, Heero et Wufei revinrent à l'hôtel. Wufei marchait avec fière allure, comme s'il venait d'accomplir quelque chose de grand, Trowa accélérait le pas pour aller rejoindre Quatre au plus vite et Heero les suivait, un peu en recul, l'air impassible.
Trowa arriva le premier dans le couloir de l'hôtel où les G-Boys avaient leur chambre. Il frappa à la porte de son amant.
- Oui ? fit le jeune blond.
- C'est moi, annonça Trowa.
- Entre vite, je t'attendais.
- Alors ? Tu as pu parler avec Duo ?
- Oui oui, et ça s'est passé comme prévu. Je lui ai dit ce qu'on avait décidé qu'il fallait lui dire. Et il a l'air d'avoir compris. En tout cas, il semble fortement apprécier notre aide.
- Tant mieux, dit Trowa, on en fait pas ça pour rien. Mais tu ne crois pas que cette situation risque de jouer contre Duo ?
- Comment ça ? demanda le jeune Arabe.
- Si à chaque fois, c'est moi qui vais voir Heero et toi qui fais un compte- rendu à Duo, jamais celui-ci ne fera de pas vers Heero.
- C'est possible, mais je lui ai bien dit que c'était à lui de foncer, de prendre des risques.
- Et comment il a réagi ? demanda le Français.
- Il m'a l'air encore hésitant. Peut-être qu'il faudrait aller voir Heero pour essayer de lui faire comprendre la situation.
- Oui... peut-être, marmonna Trowa. Je vais y réfléchir et je parlerai à Heero dans l'après-midi. En attendant, je pense qu'il faut arrêter d'épauler Duo de la sorte. Il faut le laisser se débrouiller seul.
- Oui, tu as raison, dit Quatre en souriant. J'espère que ces deux-là vont connaître les mêmes choses que nous. Ce serait dommage qu'ils passent à côté.
Trowa acquiesça et vint déposer un baiser sur le front de son compagnon.
- Mais dis-moi Trowa, demanda Quatre, tu les as emmené où les deux autres ?
- Et bien, j'ai remarqué que Wufei regardait Heero avec un air menaçant. C'est depuis qu'Heero l'a surpris en train d'écouter à ta porte. Alors je les ai emmenés à la salle de jeux du coin pour faire une partie de fléchettes. Je leur ai dit qu'ils avaient un différend à régler et que je ne jouerais pas. Alors Heero et Wufei ont joué chacun leur tour. Mais ce n'était pas très intéressant, ils sont les deux très bons tireurs.
- Et qui a gagné ? demanda Quatre intéressé.
- Ils ont fait trois fois égalité. La quatrième, Heero et Wufei étaient encore à égalité. Il ne leur restait qu'une fléchette chacun et ils devaient faire cinquante. Wufei a lancé en premier et il a tapé en plein dans le milieu de la cible. Il s'est ensuite tourné vers Heero en espérant que celui-ci manque son coup. Heero a bien mis trente secondes avant de jeter sa fléchette. Et il a raté son coup, il n'a fait que 25. Je crois qu'il a fait exprès, gagner ne l'intéressait pas. Par contre, Wufei... je ne l'avais jamais vu aussi content de gagner. Ce n'était pourtant qu'une simple partie de fléchettes. Ce garçon est vraiment bizarre...
- Oui, mais si on y regarde de plus près, ajouta Quatre, nous sommes tous bizarres. Et peut-être même que, de nous cinq, le moins bizarre, c'est Wufei.
- Peut-être... Au fait, il n'a toujours pas l'air d'être au courant pour nous. Imagine sa réaction s'il apprend que nous deux... et que Duo et Heero...
- Je préfère pas imaginer, répliqua Quatre en riant. De toute façon, il finira bien par s'en apercevoir un jour ou l'autre.
- Bon... et qu'est-ce qu'on fait cet après-midi ? demanda le Français.
- J'ai ma petite idée là-dessus. Je la soumettrai à midi, lors du repas.
**********
Salle de restauration de l'hôtel, midi et demi.
Les cinq G-Boys étaient à table, en train de manger. Comme ça commençait à en devenir une habitude à chaque repas, Quatre prit la parole :
- Puisque tout le monde a accepté de jouer pour le match de demain, nous rencontrerons cet après-midi, les autres joueurs de l'équipe. J'ai parlé avec le capitaine ce matin et il veut voir de quoi on est capables. Alors, à 15 heures, on ira les rejoindre sur le terrain pour nous rencontrer.
- Ils veulent nous tester ! s'exclama Wufei.
- On dirait bien, poursuivit Duo. Mais je les comprends, c'est vrai, si jamais on n'était pas aussi bons qu'eux, on serait un handicap pour eux.
- Oui, mais ça ne sera pas le cas, répondit le Chinois avec un air fier.
- Je l'espère, dit Duo.
- De toute façon, ajouta Quatre, on ne cherche pas à faire les malins, on les aide parce qu'ils ne sont pas assez nombreux. Evidemment, on ne va pas tout faire pour qu'ils perdent, mais il ne faudra pas jouer juste entre nous cinq. Si on joue les cinq en même temps...
- Oui, Quatre a raison, ajouta Trowa.
"Vous pouvez dire ce que vous voulez, moi je dois impressionner Heero alors vos conseils, vous seriez pas contents de savoir ce que j'en fais" se dit Duo en souriant bêtement.
Une fois le repas terminé, Quatre dit aux autres avant que chacun n'allât dans sa chambre :
- Je passe vous chercher à trois heures, soyez prêts et en tenue de sport. Et surtout, soyez là, n'est-ce pas Heero ?
- Hn.
Quatre se rendit dans la chambre de Trowa.
- A mon avis, tout le monde va faire la sieste en attendant tout à l'heure, alors, si tu veux parler à Heero, je crois que le moment serait bien choisi.
- Quatre, je vais aller lui parler, mais c'est la dernière fois, après, on les laisse se débrouiller. Et tu n'iras pas voir Duo pour lui raconter ce que j'aurais dit à Heero.
- Mais... protesta le jeune blond.
- D'ailleurs, je ne te dirai pas ce que je vais aller dire à Heero. Pas tant que qu'ils ne seront pas ensemble.
- Bon, si tu veux. Mais Trowa, je veux juste savoir une chose : tu me fais la tête ?
- Mais non, je ne te fais pas la tête. Mais je pense que tu devrais penser un peu plus à toi de temps en temps plutôt que de tout le temps vouloir aider les autres. Regarde, Duo et Heero, le match de foot de demain...
- Oui je sais, mais c'est plus fort que moi, avoua Quatre.
- C'est pour ça que j'agis ainsi, répondit Trowa en le serrant dans ses bras. Tu sais bien que je t'aime et que je ne veux que ton bien.
- Merci Trowa, moi aussi je t'aime.
Après s'être embrassés plusieurs fois, ils sortirent de la chambre de Trowa. Quatre retourna dans la sienne tandis que le Français alla voir Heero. Il frappa à la porte du Japonais et entra lorsqu'il le lui autorisa.
**********
Couloir de l'hôtel, premier étage, 15 heures.
Quatre tapa à la porte de Duo qui sortit aussitôt. Il avait enfilé un short noir assez long, genre bermuda, et portait un T-shirt noir sous lequel il dissimulait sa natte. Il tomba nez à nez avec un Quatre en short blanc très court, avec un T-shirt moulant rose bonbon et une casquette à l'envers de couleur bleu ciel. Duo eut du mal à se retenir d'éclater de rire. Il se contenta de dire :
- Woah ! Quelles jolies couleurs !
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Quatre. Ça ne te plait pas ?
- Si si... c'est juste que... tu crois que ça va plaire à Trowa ?
- Oh oui, c'est lui qui m'a acheté ce T-shirt, répondit le jeune blond en souriant.
Ils tapèrent à la porte de Trowa qui portait les mêmes habits que Duo mais dans des tons plutôt beiges. Il ne put se retenir de rougir lorsqu'il vit Quatre habillé ainsi.
- Ah ben t'avais raison, dit Duo à Quatre en lui donnant un petit coup de coude, ça a l'air de lui plaire. En tout cas, ça lui fait de l'effet !
Wufei sortit à ce moment-là, attiré par les voix qu'il entendait dans le couloir. Il regarda les autres d'un oeil bizarre, surtout Quatre qu'il fixa pendant dix secondes avant d'afficher un grand sourire. Le jeune Arabe rougit à son tour et commença à se demander s'il ne ferait pas mieux d'aller se changer.
- Bon, faites sortir Heero, dit Quatre en retournant dans sa chambre, j'en ai pour deux minutes.
Wufei s'apprêta à taper à la porte du Japonais mais il fut interrompu par l'Américain :
- Tu crois pas que tu vas mourir de chaud avec ton pantalon et tes manches longues ?
- Et alors ? répondit le Chinois, au moins ils sont blancs, pas comme les tiens qui sont noirs. On verra bien qui de nous deux aura le plus chaud.
Il frappa à la porte et Heero sortit, fidèle à lui-même, short bleu marine et débardeur vert. Il regarda les autres qui n'étaient pas habillés comme d'habitude. Il esquissa à son tour un sourire. Puis ils attendirent Quatre. Celui-ci les rejoignit deux minutes plus tard. Il avait troqué son T-shirt moulant rose contre un T-shirt orange foncé, ample, qui lui cachait presque totalement son short. Duo ne put s'empêcher de faire une remarque :
- Tu es mieux comme ça je trouve.
Trowa acquiesça. Les cinq garçons sortirent de l'hôtel et allèrent à la rencontre des dix autres jeunes qui s'entraînaient sur le terrain de l'hôtel. Ce fut Quatre qui engagea la conversation avec les autres. Ensuite, les G-Boys firent les mêmes exercices que les autres joueurs. Le reste de l'entraînement se déroula bien. Les pilotes de Gundam impressionnèrent les autres joueurs qui étaient bien contents de les avoir avec eux. Cependant, il avait été décidé à l'avance que seul un des G-Boys jouerait dès le début, les quatre autres étant remplaçants. Quatre sentit que ça allait être la guerre entre Wufei et Duo pour savoir lequel des deux serait titulaire lors du match du lendemain. Mais contre toute attente, les autres joueurs de l'équipe désignèrent Heero. Ce dernier accepta mais il ne s'en faisait pas particulièrement une joie. Duo était déçu, il allait devoir trouver un autre moyen pour impressionner le Japonais.
Les quinze membres de l'équipe se donnèrent rendez-vous le lendemain une heure avant le match pour mettre au point la tactique. Les G-Boys retournèrent dans leur chambre pour aller se doucher. Trowa et Quatre restèrent en retrait du Chinois, de l'Américain et du Japonais pour discuter.
- Alors ? Pas trop déçu de ne pas jouer ? demanda le jeune blond à son compagnon.
- Pas du tout. On fait ça pour rendre service, ce n'est pas trop mon truc le foot.
- Tu as pu parler à Heero tout à l'heure ?
- Oui.
- Et ça s'est bien passé ?
- Je crois que oui.
- Et... c'est tout ?
- Oui, c'est tout, répondit le Français. A partir de maintenant, on n'intervient plus de nous-mêmes. J'ai redit à Heero que s'il voulait en parler, tu étais là.
- Ah bon ? s'étonna Quatre. Et toi ?
- Avec Heero, on ne se parle pas beaucoup. Je le comprends... mais c'est pas comme avec toi. Avec toi, un simple regard suffit pour qu'on se comprenne. Avec Heero... les choses sont plus difficiles. On verra bien s'il ira te voir. Tu sauras quoi lui dire au moins ?
- Oui, ne t'inquiète pas, je trouverai, répliqua le jeune blond en souriant. Bon, tu viens te doucher avec moi ?
- Je passe par ma chambre et j'arrive, lui répondit Trowa avec un clin d'oeil.
**********
Salle de restauration de l'hôtel, vingt heures et des poussières.
Les cinq pilotes quittèrent leur table après avoir fini leurs desserts. Ils remontèrent dans leur chambre. Trowa marchait devant Heero pour l'empêcher d'arriver en premier dans sa chambre. Une fois le Chinois, l'Américain, l'Arabe rentrés dans leurs chambres respectives, Trowa laissa passer Heero et au moment où celui-ci ouvrit la porte de sa chambre, Trowa lui dit :
- Maintenant.
Heero attendit que Trowa eût fermé la porte de sa chambre avant de bouger. Il prit quelques secondes pour inspirer puis alla frapper à la porte de Duo. Ce dernier répondit d'entrer sans savoir qui avait frappé. Il fut tout étonné de découvrir que c'était le Japonais.
- Heero ?!?
- Quoi ? répondit l'intéressé en refermant la porte derrière lui. On dirait que tu as vu un fantôme.
"Le fantôme qui hante mes nuits" se dit Duo. Puis après quelques secondes, il demanda :
- Tu voulais quelque chose ?
- Oui.
- Quoi ?
- Te parler.
- Ah, répliqua l'Américain intéressé.
- De demain.
- Ah, répéta Duo, mais avec l'air un peu déçu.
- Du match.
- Bon... et si tu faisais des phrases un peu plus longues ? proposa Duo en souriant.
- Je vais essayer, répondit Heero.
Il prit quelques secondes avant de prononcer quoi que ce soit. Ils avaient l'air aussi coincés l'un que l'autre. Mais ils tentaient de le cacher au maximum. Duo en s'asseyant sur son bureau, Heero en prenant la parole.
- Ce n'est pas moi qui ai demandé à jouer dans l'équipe, ce sont les autres joueurs qui m'ont choisi.
- Oui, je sais, répondit Duo.
- Je sais, mais comme tu avais l'air de vouloir jouer à tout prix...
- Non, c'est pas grave, c'est qu'un match de foot, lui dit l'Américain qui ne pouvait pas lui expliquer les vraies raisons de son envie de jouer.
- Si tu veux, lui proposa Heero en s'approchant du jeune homme en noir, je pourrais te céder ma place à la mi-temps.
- C'est vrai ? demanda Duo, les yeux scintillants.
- Oui, je dirai aux autres que je serai fatigué et que j'aurai besoin d'être remplacé.
Heero se trouvait très près de Duo si bien que celui-ci sentait l'air chaud qui sortait de la bouche du Japonais arriver sur ses joues. Heero continuait à parler, mais l'Américain ne l'écoutait plus. Il s'imaginait déjà en train de passer sa main sur la joue d'Heero, puis en train de l'embrasser, de l'étreindre, de lui murmurer des mots doux. Il imaginait aussi la réaction d'Heero, qui selon lui se laissait faire et éprouvait du plaisir. Mais dans la réalité, Duo ne bougeait pas. Il avait les yeux perdus sur le visage d'Heero et il ne faisait rien à part imaginer. Le Japonais passa plusieurs fois ses mains devant les yeux de l'Américain, mais ses gestes n'eurent aucun effet. Heero non plus n'osait pas toucher Duo, et il se mit à faire les cent pas devant le bureau en attendant que l'autre pilote reprît ses esprits. Au bout de deux minutes, Duo se redressa et vit Heero en train de tourner en rond.
- Ben qu'est-ce que tu fais Heero ? demanda-t-il d'un ton surpris.
- J'attends que tu aies fini de rêver.
Duo prit quelques secondes pour réfléchir.
- Ah... et ça fait longtemps que... "je rêve" ?
- Environ cinq minutes.
- Tout ça ! s'exclama le jeune homme en noir.
"Mais qu'est-ce qu'Heero doit être en train de penser maintenant ?" se demanda-t-il. Il se remit en position pour penser, mais cette fois, il avait le dos très courbé et il regardait par terre. Heero s'approcha de lui et lui posa une main sur l'épaule.
- Ecoute Duo, tu n'as pas l'air très en forme ce soir, on discutera une autre fois.
Duo ne sut quoi répondre à ça. Heero ajouta :
- Mais ça tient toujours pour demain.
Il prit la direction de la sortie mais l'Américain l'arrêta en demandant :
- Qu'est-ce qui tient toujours pour demain ?
Heero se mit sur le pas de la porte, côté couloir et répondit en refermant la porte :
- Je te laisserai ma place à la mi-temps.
Et il ferma totalement la porte pour aller ensuite rejoindre sa chambre. Il n'avait pas l'air très content de ce qui s'était passé. Quant à Duo, il était reparti dans ses pensées : "Oh la la, j'ai pas assuré du tout là... Je me demande ce qu'il pense de moi. Je l'ai même pas remercié pour sa proposition. Il voulait me faire plaisir et je l'ai même pas remercié... Non vraiment, j'ai pas assuré."
