Rayon de soleil

Note : Ce deuxième chapitre devrait répondre à quelques-unes de vos questions, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, ou vos théories sur ce qu'ils ont vécu !

Elisa : Merci, j'espère que la suite te plaira :)

Ally84 : Merci beaucoup ! Des réponses dans ce chapitre, dis-moi si tu avais bien deviné ! C'est vrai que c'est dommage qu'il n'y ait pas plus de nouvelles fics sur Arrow, mais ce n'est pas étonnant vu que la série est terminée maintenant. En tout cas j'ai encore quelques idées en stock, et recevoir des petites reviews comme les tiennes c'est super encourageant pour les écrire et publier, alors merci :)

...

-Lorsque j'ai retrouvé Sara, après un an à vivre seul sur l'île alors qu'elle était sur ce bateau… Elle avait un bébé dans les bras.

Laurel avait dû mal entendre. Son cerveau refusait de tirer les conclusions évidentes de cette simple phrase. C'était impossible. Impossible.

-Qu'est-ce que tu sous-entends, Queen ? gronda son père.

-Il y avait un médecin sur le bateau. Il l'a aidée à accoucher de notre enfant.

Oliver énonçait les faits avec calme mais ça n'aidait pas à rendre la situation plus réelle. Son ancien petit-ami et sa petite sœur présumés morts depuis des années avaient eu un enfant ensemble. Sara avait été mère. Alors qu'ils se battaient pour leur vie, pour rentrer chez eux, ils s'étaient aussi occupés d'un bébé. Leur volonté de tout risquer pour quitter cette île prenait tout son sens, ils avaient eu ce petit être à protéger.

-Tu mens, cracha son père. Sara n'aurait jamais été aussi inconsciente, quoi, tu veux nous amadouer avec cette histoire à dormir debout pour te rapprocher de Laurel ? Quel que soit ton plan, je t'interdis d'utiliser la mémoire de ma fille en…

-Quentin ça suffit ! s'emporta sa mère. Il n'a aucune raison d'inventer une chose pareille.

Il s'arrêta là dans ses accusations mais ne revint pas sur ses paroles, la fureur exsudant de tous ses pores. Elle reporta son attention sur Oliver et parla avec des trémolos dans la voix, redoutant sa réponse.

-Est-ce qu'il a survécu ?

Le cœur au bord des lèvres, Laurel réalisa combien il était invraisemblable qu'un bébé ait grandi dans ces conditions. Il allait leur annoncer une autre tragédie. Elle avait eu son quota pour toute une vie. Heureusement, et malgré les accusations de son père, Oliver n'avait pas perdu son presque sourire depuis qu'il avait mentionné ce bébé, et il répondit avec chaleur, en contraste total avec son impassibilité du départ.

-C'est une petite fille de quatre ans en pleine santé. Elle est impatiente de vous rencontrer.

Laurel relâcha le souffle qu'elle avait retenu sans s'en rendre compte. Elle avait une nièce. Cette pensée lui donna le tournis, son cœur ne savait plus où donner de la tête, elle était à la fois heureuse et blessée, sous le choc et soulagée.

-C'est impossible, dites-moi que c'est un cauchemar, marmonna son père en passant une main nerveuse dans ses cheveux.

Les poings serrés, Oliver lui adressa un regard noir et sa mère lui conseilla d'ignorer Quentin, qu'il était sous le choc et ne pensait pas ce qu'il disait, que cet enfant était un cadeau du ciel. Laurel serra le bras de son père pour lui insuffler un peu de courage et de calme, voyant qu'il atteignait le point de rupture. La mort de Sara restait une plaie ouverte au quotidien, il n'avait jamais surmonté son deuil, et parler de ses derniers moments avait déjà été éprouvant. En plus de ça, Oliver venait de lâcher une bombe.

La détresse incomprise de son père lui donna la force de rassembler ses esprits et de mettre son choc au second plan pour se concentrer sur l'important. Cet enfant qui était revenu avec Oliver et qui faisait partie de leur famille.

-Comment elle s'appelle ?

Il allait répondre mais leva brusquement la tête vers la porte comme s'il s'attendait à la voir s'ouvrir et effectivement, quelques secondes plus tard, la poignée s'abaissa et une mini tornade blonde se dirigea droit sur lui.

-Papa !

C'est à ce moment qu'elle se rendit vraiment compte qu'Oliver était père. Cela faisait quatre ans qu'il s'occupait de cet enfant. Il l'accueillit à bras ouverts et elle cacha son visage contre son flanc. Dans un geste rassurant et protecteur, il posa la main derrière sa tête pour la maintenir contre lui alors qu'elle s'agrippait à sa chemise. Théa la tira de ce tableau adorable.

-Désolée Oliver, dit-elle d'une voix essoufflée. Elle voulait te voir et j'ai pas réussi à la rattraper...

-C'est rien, la coupa-t-il sans aucun reproche dans son ton.

D'un signe de la tête, il lui fit signe de repartir et elle s'exécuta en murmurant de nouvelles excuses. Ses parents étaient subjugués par la nouvelle apparition et Laurel n'en menait pas large. Cette fillette était sa nièce. L'enfant de sa sœur. Une part d'elle vivait encore.

-Désolé solnychka, c'était un peu long.

Il avait parlé avec une tendresse qui lui serra le cœur. Son visage s'était considérablement radouci en sa présence mais il était toujours sur la défensive, avec une dureté qui ne semblait jamais le quitter. Ces cinq dernières années avaient été un cauchemar constant. Les bribes qu'il avait partagées avec eux suffisaient à la glacer. Mais cette petite fille l'avait empêché de sombrer totalement.

-Tu es prête à rencontrer le reste de ta famille ?

Elle acquiesça dans sa chemise sans rien faire pour se détacher de lui. Il murmura quelque chose à son oreille et lui prit le bras pour l'encourager à se retourner. Elle le fit timidement, en restant collée à ses jambes. Au premier regard, elle lui vola son cœur. Des yeux d'un bleu profond, un visage candide encadré de longs cheveux blonds, la même fossette sur le menton que sa sœur. Adorable.

Alors qu'ils la dévisageaient en silence, Oliver passa une main sur le ventre de sa fille pour s'assurer qu'elle ne se cache pas à nouveau contre lui, intimidée par leurs regards scrutateurs. Laurel n'arrivait pas à se sortir de cette transe, obnubilée par cet enfant qui était un miracle et qui changeait tout pour leur famille. Tout.

Oliver prit la situation en main, réalisant certainement combien ils étaient sous le choc et ne voulant pas que le moment soit trop inconfortable pour sa fille.

-Je vous présente Éléanore Queen.

Son père prit une inspiration brusque. C'était le prénom de la seule grand-mère qu'elles avaient connue, qui les avait choyées et gâtées et dont le décès les avait beaucoup affectées. Sara avait pensé à elle lorsqu'elle avait choisi son prénom.

-Les deux-là ce sont tes grands-parents, continua Oliver en les désignant de la main, le papa et la maman de ta maman. Et elle c'est...

-Tante Laurel ! s'exclama-t-elle en levant un regard triomphant vers son père pour qu'il confirme sa supposition.

Il acquiesça avec des yeux rieurs devant son excitation. Laurel était estomaquée par sa réaction, ne comprenant pas comment elle avait pu la reconnaître.

-Tu sais qui je suis ? croassa-t-elle.

-Papa m'a dit plein d'histoires ! Et tu es comme sur la photo.

-Quelle photo ? demanda son père en se reposant sur ses réflexes de détective pour surmonter son choc.

Oliver lui adressa un regard empli à la fois de remords et d'affection, et elle comprit.

-Celle que je lui ai donné avant qu'il embarque, dit-elle dans un souffle. Pour qu'il pense à moi.

Son père se tendit à côté d'elle, prêt à sauter à la gorge de son ancien petit-ami qui l'avait tant blessée, à déverser son trop plein de rage et de haine contre lui. Laurel resserra sa prise sur son bras pour le retenir et lui enjoindre de se contenir. Ce n'était pas le moment, elle n'avait pas besoin qu'il la défende, pas devant cette petite fille si innocente qui les rencontrait pour la première fois. Elle n'avait pas à les voir se déchirer.

Il échangea un long regard avec elle, puisant en elle la force de se calmer avant de hocher la tête d'un air entendu. Oliver ne ferait pas les frais de sa colère ce soir. Il serra et desserra les poings pour évacuer sa frustration et lorsque Laurel reporta son attention sur leur hôte, elle fut surprise de voir sa mère agenouillée près de sa petite fille. Les joues maculées de larmes, elle lui adressait un sourire doux.

-Bonjour Éléanore, dit-elle avec douceur comme pour ne pas l'effrayer. Je suis vraiment contente d'enfin te rencontrer.

Oliver l'encouragea à s'approcher pour lui dire bonjour et elle avança, gardant la main sur le genou de son père pour ne pas perdre le contact avec lui. Elle serra timidement la main de sa grand-mère qui lui dit qu'elle était très jolie dans sa robe de princesse.

-Merci, dit-elle en rougissant avant de se réfugier à nouveau dans les bras d'Oliver, le visage caché dans sa chemise.

-Elle n'est pas tout le temps aussi timide, dit-il en posant une main dans son dos. Mais elle n'a pas l'habitude de rencontrer autant de nouvelles personnes.

Elle avait vécu toute sa vie sur une île. Sa mère était morte alors qu'elle était encore bébé et les seules autres personnes qu'elle avait pu rencontrer avaient été des criminels. Oliver n'avait rien dit sur ce qu'il s'était passé après, mais s'il avait eu des alliés il serait certainement rentré plus tôt.

-Elle est très attachée à toi, dit sa mère en restant à la hauteur de la fillette qui avait tourné la tête vers eux pour les observer de sa cachette.

-J'étais tout ce qu'elle avait. Et vice-versa.

Il reporta son attention sur sa fille et l'encouragea à les saluer aussi. Elle avait apparemment été excitée de les voir, surtout sa tante Laurel, il était temps qu'elle en profite avant qu'ils ne repartent.

-Non, dit-elle avec force. Ils partent pas.

-Ils n'habitent pas ici, ils ne vont pas rester toute la nuit.

Tiraillée, elle se pinça les lèvres avant de se détacher finalement de son père. Laurel s'abaissa un peu pour l'encourager à venir, le cœur battant la chamade, alors qu'Éléanore dépassait sa mère pour la rejoindre. La petite ignora sa main tendue et la prit dans ses bras, la serrant à la taille en murmurant un bonjour tante Laurel. Émue, elle resta figée quelques secondes avant de passer un bras dans son dos.

-Tu sens vraiment bon, ajouta-t-elle.

Un rire lui échappa et elle la serra contre elle, des larmes au coin des yeux. La matérialisation en chair et en os de la tromperie de son petit-ami et de sa sœur n'avait aucun droit d'être aussi adorable. Cet enfant apaisait tous les maux.

Éléanore recula finalement avec un sourire excité et se retourna vers son grand-père. Il n'avait esquissé aucun geste vers elle même s'il ne la quittait pas des yeux. Sentant son mal-être, elle lui prit simplement la main qui reposait sur ses genoux avec un bonjour timide.

Après une seconde de battement, il se leva brusquement, brisant le contact.

-Désolé, je ne peux pas… je ne peux pas.

Il quitta le salon presque en courant, dépassé par la situation. Laurel se leva pour le suivre mais s'arrêta net en voyant la réaction de la petite fille. Son sourire s'était fané et les larmes menaçaient de couler. Son père reviendrait à la raison, elle le savait, il avait juste besoin de temps pour digérer tout ça. Elle se mit à sa hauteur et lui prit doucement l'épaule pour la rassurer et attirer son attention. Ses yeux bleus emplis de tristesse cherchaient du réconfort auprès d'elle.

-Ce n'est pas de ta faute. Il est juste un peu déboussolé avec toutes les histoires qu'a racontées Oliver.

Du bout des doigts, elle glissa une mèche blonde derrière son oreille et remarqua une ligne blanche presque effacée à la lisière de ses cheveux. Avec une boule à la gorge, elle réalisa qu'il s'agissait d'une cicatrice suite à une blessure. Laurel ravala ses questions, ne doutant pas qu'Oliver avait tout fait pour la ramener saine et sauve ici et que l'histoire derrière cette marque ne pouvait qu'être douloureuse. Ce n'était pas le moment, ça ne le serait peut-être jamais.

-Si tu veux, je reviendrai demain, dit-elle pour lui redonner le sourire. J'ai plein d'histoires à te raconter sur ta maman qu'Oliver ne connaît pas.

Éléanore acquiesça avec vigueur avant de s'élancer vers son père et Laurel se releva, remarquant que sa mère et lui étaient debout et discutaient doucement. Dans un geste habituel, il prit sa fille dans ses bras et elle entoura son cou de ses petits bras, posant la tête sur son épaule. Sa mère leva la main comme pour la toucher mais se ravisa.

-Merci de l'avoir protégée pendant toutes ces années. De nous l'avoir ramenée.

Son regard se voila et il resserra sa prise sur sa fille qui devait être tout pour lui.

-Je suis désolé pour Sara.

-Ce n'était pas de ta faute, lui assura-t-elle.

Laurel déglutit. Pendant longtemps, elle l'avait blâmé, et son père aussi, car sans lui, sa sœur n'aurait jamais été sur ce bateau. Une part d'elle détestait même que ce soit lui qui ait survécu et pas Sara. Voir qu'il se sentait tout aussi coupable était un baume sur les plaies de son cœur. Il ne cherchait pas à fuir la réalité de ce qu'il s'était passé et elle serait peut-être un jour prête à entendre ses excuses, si elle le savait sincère.

-Comment vous pouvez dire ça ? s'emporta-t-il sans élever la voix pour ne pas effrayer sa fille. C'est à cause de moi que…

-Tu es tout autant victime qu'elle de ce qu'il s'est passé sur cette île, le coupa sa mère. Sara a choisi de suivre son cœur quand elle a embarqué avec toi. Et votre relation, aussi brève soit-elle, a donné naissance à cette magnifique petite fille. Je t'interdis de regretter quoi que ce soit.

Oliver déglutit et détourna le regard comme si ces mots étaient trop durs à entendre. Sa mère lui avait pris le bras pour lui signifier son soutien et appuyer ses paroles mais il ne semblait en tirer aucun réconfort et elle le lâcha rapidement. Éléanore ne les écoutait plus et faisait tourner entre ses doigts un bouton du col de la chemise de son père. Ce tableau lui mit un nouveau coup au cœur. Dans une autre vie, Oliver et elle se seraient mariés, ils auraient eu des enfants ensemble et Sara aurait été une superbe tata prête à leur faire faire les quatre cent coups. Cet avenir était parti en fumée. Ça faisait tellement mal.

Laurel commençait à étouffer dans cette pièce et elle utilisa son père en excuse pour annoncer qu'il était temps qu'elles partent si elles ne voulaient pas qu'il les laisse en plan ici. Sa mère acquiesça à regret et demanda à Oliver si elle pourrait revenir le lendemain.

-Bien sûr. Vous êtes les bienvenus si vous voulez faire partie de sa vie.

-J'aimerais beaucoup, répondit-elle avec un sourire ému. J'habite à Central City mais je suis là cette semaine, et j'espère pouvoir en profiter.

-Je ne te cache pas que ça va être difficile pour moi mais… elle fait partie de notre famille.

Laurel ne mentait pas, cette petite fille n'avait rien fait pour mériter sa colère, elle ne pouvait pas lui reprocher de simplement exister et la priver de la famille qu'il lui restait.

-Pourquoi tu n'es pas plus en colère ? demanda-t-il lorsque sa mère sortit après avoir salué Éléanore qui lui faisait au revoir de la main. Tu devrais me haïr.

-Je t'ai détesté pendant longtemps. Et rien n'est pardonné, ni oublié, mais je suis contente de te revoir en vie. Et puis, Éléanore est adorable, ajouta-t-elle pour ne pas s'appesantir sur ses sentiments.

-Ma sauveuse, dit-il avec un regard doux vers sa fille.

Laurel était reconnaissante qu'il respecte sa demande du début et ne cherche pas à s'excuser ni à se justifier, elle n'était toujours pas prête à l'entendre. Il avait vraiment changé.

-Pour ton père, si il veut la voir sans moi on peut organiser ça.

-Elle acceptera d'être séparée de toi ?

-Les premières fois je ne serai pas loin. Après elle vous connaîtra et je suis sûr qu'elle aimera passer du temps avec vous.

Sans en être consciente, elle pourrait recoller les fragments brisés de leur famille.

Laurel partit finalement en promettant à Éléanore de revenir le lendemain et rejoignit ses parents dans la voiture. Son père tenait le volant des deux mains, anxieux de partir et de noyer sa détresse dans l'alcool. L'existence de cette petite fille apaiserait peut-être ses maux, quand il aura digéré la nouvelle et réalisé qu'il était grand-père. Sa mère était déchirée, la confirmation du décès de Sara était un coup dur pour elle, mais Éléanore pansait déjà les fêlures de son cœur.

Depuis l'annonce de la survie d'Oliver, Laurel s'était imaginée toutes sortes de scénarios concernant leurs retrouvailles. Elle rêvait à chaque fois de lui dire ses quatre vérités, de lui faire mal comme il lui avait fait mal. Ce qu'elle venait de vivre ce soir était tellement à l'opposé de tout ce qu'elle avait pu envisager qu'elle en était encore sous le choc. Ce qu'il avait vécu sur l'île allait bien au-delà de toute punition qu'il aurait pu mériter pour l'avoir trompée. Et il en était revenu avec un trésor.