Note : Diggle fait une découverte qui ne va pas vraiment lui plaire.

Chapitre 5

John grimpait les escaliers du manoir à toute allure, les dernières heures de surveillance venaient de porter leurs fruits, les braqueurs de banque avaient enfin mentionné leur prochaine cible. Il traversa vivement le couloir, remarqua d'un regard qu'Oliver n'était pas dans sa chambre et continua sa route jusqu'à la suivante. Assis au bord du lit de sa fille, il leva les yeux vers lui en l'entendant arriver. John s'arrêta à la porte avec un signe de tête lui signifiant qu'ils devaient y aller. Aucune explication n'était nécessaire, il savait qu'il écoutait chacune des paroles des criminels et qu'il était temps pour le justicier de faire son apparition.

-J'arrive, dit-il avant de reporter son attention sur Éléanore.

John s'en voulait d'interrompre ce moment privilégié avec sa fille, mais c'était Oliver qui avait choisi cette vie et qui était prêt à tous les sacrifices pour mener à bien sa mission. Allongée dans son lit, Éléanore lui fit un petit signe de la main pour le saluer et il le lui rendit malgré la tension qui l'habitait à cause de l'imminence de l'attaque. Ils avaient une fenêtre de trente minutes pour les arrêter, après quoi il faudrait tout reprendre à zéro, s'ils ne quittaient pas la ville entretemps.

Oliver arrangea les draps autour d'elle et lui souhaita bonne nuit en glissant une mèche blonde rebelle derrière son oreille, lui caressant la joue au passage. Le voir interagir avec tant de tendresse envers sa fille était ce qui l'avait convaincu qu'il n'était pas ce criminel sans pitié que les médias et la police décrivaient. Qu'il y avait encore de l'humanité en lui, même s'il se montrait sans merci envers ceux qu'il pourchassait. John espérait que son soutien ferait la différence pour qu'il ne se perde pas dans ses ténèbres et pour qu'il ait la vie sauve. Éléanore ne méritait pas de perdre un deuxième parent.

-Bonne nuit papa, répondit-elle candidement. Tu vas attaquer un méchant ?

Son cœur s'arrêta. Elle savait.

-Oui mais je serai là demain, répondit Oliver comme si son monde ne venait pas de se redéfinir. Et le jour d'après.

-Et le suivant, compléta-t-elle.

C'était un rituel, elle était au courant de ce que son père faisait sous le couvert de la nuit et il lui assurait qu'il reviendrait indemne. John était tellement sous le choc qu'il ne savait pas s'il devait être en colère ou horrifié. Oliver embrassa Éléanore sur le front avant de sortir en fermant doucement la porte derrière lui.

-J'ai rêvé ou ta fille est au courant ? demanda-t-il d'une voix blanche.

Oliver lui fit signe de ne pas parler si fort et le devança pour dévaler les escaliers. John l'imita, l'esprit encore bloqué sur la découverte qu'il venait de faire. Cela changeait tout. Leur secret, leur liberté, reposaient entre les mains d'une petite fille de quatre ans. Ils étaient fichus.

-Elle sait tout, elle était avec moi je te rappelle, répondit Oliver en passant la porte d'entrée à vive allure, comme s'il énonçait une évidence.

Car c'était une évidence. Elle avait été là, avec lui, sur cette île si mystérieuse qui l'avait transformé en guerrier puissant et sans peur. Est-ce qu'elle aussi savait se battre ? Impossible. Non, c'était une petite fille normale, ce qui le surprenait toujours étant donné qu'elle avait supposément grandi dans une jungle, avec son père pour seule compagnie. Ils étaient tous les deux bien plus sains d'esprit qu'il ne l'avait imaginé lorsqu'il avait entendu leur histoire. Pas qu'il en sache beaucoup plus sur ce qu'ils avaient vécu, Oliver gardait ses secrets près de lui.

John démarra à toute allure alors qu'Oliver enfilait déjà son costume à l'arrière, il n'aurait qu'à attraper son arc dans le coffre en arrivant à destination. Maintenant qu'ils n'étaient plus à découvert et que son… ami ? partenaire ? patron ? coéquipier ? appliquait le maquillage pour dissimuler ses yeux, John estima que le temps des explications était arrivé.

-Qu'est-ce qu'elle sait ?

Oliver croisa son regard dans le rétroviseur, pris de court par son ton qui avait été plus dur que prévu, mais au-delà du choc, John était furieux qu'encore une fois, il lui cache des informations capitales alors qu'il l'avait impliqué dans sa mission. Il n'était pas qu'un pion dans son jeu, il devait arrêter de le considérer comme tel.

-Tout.

-Comment ça, tout ?

-Tout, Diggle. Elle sait que je pourchasse les criminels avec un arc et des flèches. Elle sait que mon père m'a laissé une liste avant de mourir et elle sait pourquoi je porte cette capuche.

Rien de ça n'était censé.

-Et tu ne t'es jamais dit que ce serait important de mentionner ce détail avant que je m'engage avec toi ? Quand est-ce que tu vas te mettre dans la tête qu'on forme une équipe ? Si tu tombes, je tombe.

Un coup sec du volant refléta son énervement alors qu'il continuait sa route effrénée vers la banque du quartier nord. Il était tenté de laisser Oliver sur le bas-côté et d'appeler simplement la police pour qu'ils s'occupent des criminels. Son coéquipier borné et si secret avait encore du mal à lui confier quoi que ce soit, et il commençait vraiment à en avoir assez.

-Tu peux lui faire confiance, dit-il d'un ton calme malgré les mots durs qu'il lui avait adressés. Avant que tu ne sois dans la confidence, tu ne l'as jamais rien entendu dire à ce propos n'est-ce pas ?

Prenant un nouveau tournant serré à gauche, John repensa à tous les moments qu'il avait passés avec la gamine, et il en avait passé beaucoup, il était plus son garde du corps à elle qu'à Oliver qui n'avait pas hésité à la lui confier à chaque fois qu'il devait partir en urgence. Au début, avant qu'il n'apprenne son secret, il avait cru qu'il se servait de lui pour se débarrasser de sa fille à tout moment et passer du bon temps avec des femmes ou à faire la tournée des clubs. Il n'avait pas eu une très haute estime de ce milliardaire insouciant qui ne pensait qu'à s'amuser. S'il n'avait pas simplement démissionné, c'était seulement grâce à Éléanore qui avait conquis son cœur et qu'il ne voulait pas abandonner si facilement.

Maintenant qu'il connaissait la vérité, il mesurait la confiance qu'Oliver avait très vite placé en lui. Il comptait sur lui pour protéger la prunelle de ses yeux quand il ne pouvait pas le faire. Et malgré toute les heures qu'il avait passées avec elle, il devait avouer qu'elle n'avait jamais rien laissé entendre à propos du double nocturne de son père. Éléanore n'était pourtant pas timide avec lui, elle l'avait adopté dès la première fois où Oliver l'avait abandonnée entre ses bras, et malgré tous ses bavardages, il n'avait jamais rien appris sur leur vie d'avant.

Dans le rétroviseur, il croisa le regard d'Oliver qui l'étudiait sans un mot pour qu'il tire ses propres conclusions. Les lèvres pincées, toujours frustré par son manque de communication et par la foi infaillible qu'il accordait à cet enfant, car elle restait un enfant qui en plus ne méritait pas de supporter le poids d'un tel secret, John se contenta d'un signe de tête pour lui signifier qu'il n'avait pas totalement tort.

-Quand elle n'est pas sûre de ce qu'elle doit garder secret, elle me parle simplement en russe.

Rien de tout ça ne pouvait être qualifié de simple. Ses tentatives d'explications ne firent qu'augmenter sa colère, pour cette petite fille qui n'avait rien demandé, pour Oliver qui sacrifiait absolument tout pour mener à bien sa mission. Où est-ce que ça s'arrêterait ?

-Elle a quatre ans, Oliver ! lâcha-t-il avec un regard dur.

-Tu crois que je ne sais pas ça ? s'emporta-t-il finalement.

C'était bien de voir qu'il n'était pas blasé sur ce sujet. Il était conscient que sa fille n'était pas censée vivre ça ni devoir garder un si grand secret. Les mots qui suivirent lui serrèrent le cœur dans un étau de fer alors qu'il réalisait le tourment que vivait son coéquipier au quotidien, en plus de tout le reste.

-Elle a vu et vécu des choses qu'aucun enfant n'aurait jamais dû endurer, continua-t-il d'une voix qui mêlait rage et désespoir. Elle ne se rappelle pas de tout mais suffisamment pour faire des cauchemars toutes les nuits. Je n'ai pas besoin que tu me fasses la morale sur le prix qu'elle paie simplement parce qu'elle est ma fille, parce que je le connais mieux que personne.

C'était dur de voir Oliver si affecté, lui qui était si secret et imperturbable au quotidien, toujours contrôlé, sur ses gardes même quand il prétendait être le même milliardaire insouciant qu'il avait été. John était tenté d'arrêter la voiture, d'ouvrir la portière arrière et de le prendre dans ses bras. Pour lui apporter un peu de réconfort. Pour partager son fardeau. Sauf qu'Oliver ne l'accepterait jamais. Il avait instauré des murs de solitude tout autour de lui, la seule qui y faisait des brèches était Éléanore.

Penser que cette petite fille si solaire avait été maltraitée par la vie était insoutenable. C'était peut-être pour ça qu'il s'était refusé pendant longtemps de s'attarder sur cette réalité évidente. Ces cinq ans avaient été un enfer pour eux deux, et si son père en était ressorti en guerrier, Éléanore ne pouvait pas en être revenue totalement indemne. John ne lui demanderait pas ce qui lui était arrivé, même si des théories toutes plus horribles les unes que les autres se faisaient déjà une place dans un coin de son esprit. Rien ne garantissait qu'Oliver répondrait, et il lui avait assez fait revivre de cauchemars pour la soirée.

-Tu l'as ramenée saine et sauve, dit-il d'un ton certain, toute colère évaporée. Les cauchemars s'apaiseront avec le temps.

Oliver ne répondit rien et s'installa au fond du siège, sous l'ombre de sa capuche, mettant fin à la discussion. Il devait s'en vouloir de ne pas avoir réussi à mieux protéger sa fille et n'accepterait aucune louange de sa part, aussi vraies soient-elles. Il avait vraiment besoin de quelqu'un pour réaliser qu'il n'était pas responsable de ce qui leur était arrivé. Contrôler les circonstances qui les entouraient était impossible. John ne doutait pas instant qu'il avait toujours fait son maximum pour épargner Éléanore et s'assurer de son bien-être.

C'était ça l'important, et Oliver n'avait pas failli, il le savait dans ses tripes.

Arrivés à destination, le justicier sortit comme une ombre combattre les maux de ce monde. John espérait rester à ses côtés assez longtemps pour le voir abattre tous ses murs de défense et réaliser la force de bien qu'il pouvait être.

Note : C'est le dernier chapitre de cette petite fic avec un Oliver papa, j'espère que vous avez passé un bon moment avec nos personnages favoris qui découvrent la petite Éléanore. J'ai encore quelques idées dans cet univers mais je ne suis pas encore sûre de les mettre en forme, est-ce que vous aimeriez en savoir plus sur leur passé ?

Je m'arrête là, merci d'avoir lu jusqu'ici, j'espère vous retrouver dans de futures fics ! Pensez à me laisser une petite review :)