Titre : Les Mémoires de Tom Jedusor
Auteur : Katounette
E-mail : skippy_the_kangourou@yahoo.fr
Spoilers : les quatre tomes parus
Nouveaux personnages : Ivar Jansen et Ambar.
Rappel des persos :
Henri Nott : Serpentard de cinquième année, fils de l'un des instigateurs de la Cellule Secrète et ennemi juré de Nathan Weasley.
Chester Fairway : Serpentard de cinquième année, fils de l'ancien Chef de la Brigade, Luke Fairway.
Romulus Lupin : Serpentard de cinquième année, éternel comique de la petite bande et petit ami de la jolie Ella Wilkinson.
Peter Spinnet : Serpentard de cinquième année, élément pessimiste de la pair de drôles qu'il forme avec Romulus.
Ella Wilkinson : Serpentard de cinquième année, petite amie de Romulus et meilleure amie d'Audrey Fletcher.
Olive Hornby : Serpentard de cinquième année, harpie folle furieuse qui fait ingurgiter toute sorte de mixtures infectes à ses camarades. Ennemie jurée de Mimi Trelawney de Poufsouffle.
Ambre Quigley : elle fut élève à Serpentard, mais a malencontreusement perdu la vie de la main d'Ellie en troisième année.
Clara O'Brien : Serpentard de cinquième année, meilleure amie d'Ambre Quigley.
Silver Malfoy : Serpentard de quatrième année, il a tendance à exaspéré Tom à ses heures.
Angus Pettigrow : Serpentard de sixième année, ennemi juré de Marius Wright.
Marius Wright : Serdaigle de sixième année, Attrapeur dans l'équipe de Quidditch de sa maison et petit ami d'Ellie.
Balthus Black : Serdaigle de cinquième année, Capitaine de l'équipe de Quidditch de sa maison.
Nathan Weasley : Gryffondor de cinquième année, meilleur ami de Josh Potter.
Argus Rusard : Gryffondor de cinquième année, pot de col et sac à catastrophe qui traîne toujours derrière la triplette que forme Sassia, Josh et Nathan. Il est presque Cracmol.
Rubeus Hagrid : Gryffondor de troisième année, très très grand type (presque deux mètres) qui suit lui aussi sans arrêt la triplette du pathétisme et qui est un grand fanatique de Josh.
Résumé général : Après quelques investigations dans la Réserve, Tom découvre un étrange livret blanc qui recèle d'une magie peu commode.
Disclaimer : Tout appartient à Mrs J. K. Rowling, et ça on ne s'en serait vraiment jamais douté.
Chapitre 6 --- Découvertes
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La bibliothèque ne grouille pas de monde, et ce n'est pas très étonnant : seul les élèves studieux ou organisateurs de mauvais coups s'accordent à venir flâner entre les rayons bien rangés de cette pièce vaste et froide du château. Mais moi, je suis ici pour faire des recherches. Des recherches sur la Marque. Car je dois découvrir le lien, il le faut. Il y a forcément un rapport direct avec moi ou avec ce nom, 'Voldemort'.
Madame Lovegood m'aperçoit et elle s'approche de moi.
-Ah ! s'exclame-t-elle joyeusement. Mr Jedusor, je désespérai de vous revoir ici un jour ! Et dire que je croyais faire un boulot ou le contact humain était considérable, je me suis bien trompée. Mais trêve de blabla, dites-moi plutôt en quoi puis-je vous être utile.
« Euh. je dois faire des recherches dans la Réserve. » j'essaie tant bien que mal de dissimuler mon malaise à la bibliothécaire, mais ce n'est décidément pas une réussite. « Mr Diggory m'en a donné l'autorisation. »
Et sans plus de cérémonie, je lui colle le mot de Diggory devant les yeux. Mon mouvement a dû être un peu brusque, car Madame Lovegood sursaute. Qu'est-ce que vous voulez ? C'est la nervosité, je suppose.
-Rhmm. euh. bien sûr, je vais vous ouvrir la porte.
Elle m'emmène à travers les rayonnages multicolores et poussiéreux jusqu'à une petite porte vitrée close au dessus de laquelle le mot 'Réserve' est gravé en lettres dorées. Elle fait glisser soigneusement le verrou et m'ouvre grand la porte.
-Voilà, l'accès vous est permis pendant une heure au grand maximum. Au fait, vous n'allez pas déjeuner avec vos camarades ?
« Non, je n'ai pas faim. Et de plus, je n'ai pas d'autre moment de libre pour venir mener mes recherches avant au moins un mois.
-Oh !
Visiblement mon mensonge n'a pas pris. Probablement parce que le ton de ma voix laisse beaucoup trop transparaître mon embarras. Elle me fait entrer dans la pièce, avant de refermer consciencieusement la porte derrière moi au cas où un petit voyou serait pris de l'idée de s'engouffrer dans les lieux à son insu.
Ma mâchoire inférieure pend lamentablement et mes yeux sont ronds comme des billes de loto. Je n'ai jamais vu un endroit aussi fascinant. Tout n'est qu'obscurité, silence, secret et surtout magie. Une magie terrible et noire qui emplit cette petite pièce pourvue de deux étagères qui font presque la longueur de la pièce exiguë. Et au centre des lieux se tient une simple petite table poussiéreuse pourvue d'une chaise et d'une unique chandelle altérée par le temps.
Craintivement, je m'approche de la table et je m'apprête à saisir la bougie. A peine mes
doigts se referment-ils sur l'objet qu'une lumière diffuse et innée s'en échappe soudainement, éclairant la salle dans sa totalité, n'épargnant aucun recoin, aucun interstice. Ca risque de me faciliter beaucoup la tâche. Je n'aurais aucun mal à faire toute la lumière sur cette affaire, sans vouloir faire de jeu de mots.
Le premier livre dont je m'empare est titré 'Empreintes du Mal et Marques des Ombres'. Je vais déjà essayé avec ça et on verra ce que ça donnera. Je m'affale sur la petite chaise qui craque sous mon poids et je pose l'épais livre noir dans un bruit sourd, ce qui a pour effet de balayer la poussière grisâtre qui recouvre la table. Je fixe la chandelle dans son bougeoir et j'ouvre l'épaisse couverture de cuir du bouquin. Je commence la lecture :
'Les Empreintes du Mal et les Marques des Ombres sont deux sujets fondamentalement différents en tout point de vue.
D'abord sur le plan physique :
Les Empreintes du Mal sont des signes maléfiques visibles qui signalent la présence de mauvais sorts très puissants ayant été détournés par une forme de magie ancienne. Le seul cas recensé est celui d'un jeune sorcier du XIIIème siècle ayant été soumis au sortilège Doloris. Sa fiancée s'étant sacrifiée pour lui sauver la vie, une protection s'est déposée sur le jeune homme, lui permettant de ne rien ressentir des effets du Sortilège Impardonnable de la douleur. Le sort a comme 'rebondi' sur le bouclier invisible et s'est retourné contre son auteur. Mais l'affaire n'a pas pu être réellement étudiée, car le mage auteur du maléfice a su contrecarré le retour du sort, puis il a achevé son adversaire en utilisant le Sortilège Impardonnable de la mort. Mais néanmoins, lorsque le cadavre du jeune homme a été retrouvé, les Médicomages ont dénoté qu'une légère cicatrice en forme d'accent circonflexe était apparue sur la pommette gauche du sorcier.
Les Marques des Ombres sont au contraire des signes créés de toute pièce par leur concepteur. Elles servent généralement de signature que les Mages Noires laissent sur les lieux de leurs crimes pour narguer les Aurors et les Brigadiers. Mais elles peuvent également servir de sceaux ou de signes de reconnaissance pour des associations de Sorciers Noirs.'
Le reste des écrits continue sur des théories de la magie et des exemples très célèbres d'utilisation d'Empreintes du Mal et de Marques des Ombres. Avec tout cela, je ne suis vraiment pas avancé, malheureusement.
Je referme le livre et je vais le reposer où je l'ai trouvé. Je m'apprête à en saisir un autre dont le titre me semble intéressant ('Signes Noirs : malédiction ou mise en garde ?), lorsqu'un tout petit livre blanc attire mon regard. Il est coincé entre deux énormes bouquins aux titres peu avenants ('Maléfices de mort lente' et 'Sortilèges de mutilation') et je ne sais pas par quel miracle je suis parvenu à le voir. Je m'en empare à grand- peine et je le feuillette rapidement. Ca n'a pas l'air d'être un livre traitant des Arts Noirs.
La première pages est noircie de runes anciennes qui semblent avoir été marquées de la main pressée d'une personne terrorisée.
Heureusement que j'ai choisi Étude des Runes comme branche à option ! Divination m'attirait au début, mais maintenant, je me rends compte que j'ai bien fait d'hésiter. Encore un jeu du sort qui tourne en ma faveur.
Voyons ce qui est écrit. L'écriture est trop précipitée, j'ai de la peine à déchiffrer. Une chose est sûre, ces notes n'ont pas été rédigées par l'auteur. On dirait plutôt que c'est un élève ayant lu le livre.
'Toi qui lit ces lignes, prends garde à toi !'
On peut vraiment dire que ça commence bien.
'Comme toi, j'étais avide de pouvoir. Comme toi j'ai cherché des explications. Mais les explications n'existent pas. Elles n'existent PAS ! Ce livre t'apprendra l'essentiel, mais jamais la solution. Tu dois savoir que l'enjeu est déjà maudit. Et comme l'enjeu est une énigme, il ne te mènera qu'à une autre énigme et ainsi de suite. Je n'ai pas compris tout de suite. Mais maintenant que je sais, je te mets en garde.'
Mais que veut dire ce type, nom d'une chauve-souris ! Soit ses idées n'étaient pas clairs, soit je ne suis pas doué pour la traduction des runes. Mais je suis plutôt pour la première solution.
'Tourne les pages, mais cherche le sens caché de ce qui y est inscrit. La vérité se trouve au-delà des pages, au-delà des lettres, au-delà de l'encre.'
Le texte s'arrête là. C'est étrange, mais je ne parviens pas à saisir ce qu'essaie, ou plutôt ce qu'essayait, de me faire comprendre ce type. Pourtant, je suis certain que ses paroles sont à prendre au premier degré.
Je tourne les pages et je suis soulagé de voir que plus aucun commentaire runique n'est écrit. Mais à ma plus grande stupéfaction, le livre est complètement blanc. Pas une seule ligne, pas une seule note. Le vide le plus total.
Un coup donné contre la porte me fait sursauter.
-Il est temps de sortir, Mr Jedusor.
« J'a. j'arrive, Madame Lovegood. »
Les pensées se bousculent dans mon esprit. Le temps ne peut pas avoir filé si vite : j'ai mis environ un quart d'heure à trouver et lire le bouquin parlant des Empreintes et des Marques. C'est comme si le fait d'avoir ouvert le petit livret blanc ait fait avancé le temps ou m'ait carrément coupé du monde réel. Mais je n'ai pas le temps d'y réfléchir maintenant.
Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, mais au lieu de reposer le livre immaculé où je l'ai trouvé, je le glisse dans la poche de ma cape. Mes mouvements sont lents, saccadés et totalement indépendants de ma volonté.
-Mr Jedusor, vous êtes coincé sous un tas de livres, ou quoi ? Dépêchez- vous !
Je me précipite vers la sortie et Madame Lovegood referme la porte en me lançant des regards suspicieux. Mais je coupe court à toute tentative de discussion en tournant le dos à la sorcière et en me dirigeant vers la sortie de la bibliothèque.
Mais qu'est-ce qu'il m'arrive, bon sang ! Pourquoi je tremble ? Pourquoi mes mains sont elles moites ? Et pourquoi ai-je l'impression d'avoir commis la plus belle erreur de ma vie ?
-Hey ! Tom ! Par ici !
Je suis arrivé dans le hall d'entrée et Audrey vient à ma rencontre. Je me dirige vers elle et je vois que ses yeux s'emplissent d'inquiétude lorsqu'elle voit l'état dans lequel je me trouve.
-Ben ça alors, Tom ! Qu'est-ce que t'as, mon vieux ? C'est les potions d'Olive qui t'ont mis dans cet état ?
Elle rigole à sa bonne blague, mais elle se reprend en voyant que je ne trouve pas ça très drôle.
-Rhmm. euh. Romulus et les autres doivent déjà être arrivés en classe. On a Défense contre les Forces du Mal.
« Merci, je suis encore au courant de mes horaires, Audrey. »
-Oh, excuse-moi ! Faut pas t'énerver pour si peu. Mais au fait, où t'étais, on t'a pas vu au déjeuner.
« Je faisais des recherches à la bibliothèque. »
-Alors comme ça, tu te la joues studieux maintenant ?
« Est-ce que tu vas arrêter de te foutre de moi cinq minutes ? »
-Mais calme-toi ! Ce que tu peux être nerveux quand tu t'y mets ! Dépêche- toi maintenant ! A moins que tu veuilles arriver en retard au cours d'Ollivander. Je crois d'ailleurs savoir que tu es à l'épreuve à partir d'aujourd'hui.
« Nom d'une chauve-souris ! Tu es déjà au courant ? »
-C'est que les nouvelles vont bon train à Poudlard, tu te rappelles ?
« Tu es désespérante. »
Elle ne répond rien à cela et nous montons les escaliers de marbre, en direction de la salle de Défense contre les Forces du Mal.
Nous entrons dans la classe et nous nous séparons, elle pour aller s'installer à côté d'Olive, et moi pour rejoindre Romulus à ma place habituelle.
-Les recherches étaient fructueuses ? me demande Romulus.
« Pas vraiment. »
-Tu cherchais quoi au juste ?
« Un livre de théorie sur les sortilèges de conversion, pour préparer le prochain examen de Diggory. »
La réponse semble le satisfaire et il ne cherche pas plus loin, ce qui a pour effet de me soulager. Je déteste lui mentir, mais que puis-je faire d'autre.
Miss Ollivander choisit ce moment précis pour pénétrer en coup de vent dans la pièce ce qui fait sursauter tout le monde. Elle se place face à nous, les bras croisés, et elle nous toise de son pénétrant regard vert.
-Je suppose que très peu d'entre vous se sont donnés la peine de trouver une réponse à la question que vous aviez à préparer pour aujourd'hui. Pour ceux qui auraient 'oublié', je rappelle que vous deviez me trouver la principale différence qu'il y a entre un Sinistros et un Spectre de la Mort.
-Moi, je sais madame, fait Romulus.
-Je vous écoute, Mr Lupin.
-Le Sinistros est un chien et le Spectre de la Mort un humain, c'est évident.
Les ricanements fusent dans la salle et le visage de Miss Ollivander s'assombrit.
-Mr Lupin, je vous demande de laisser votre humour très 'spirituel' dans la salle commune de Serpentard, la prochaine fois.
Chester lève la main, et le professeur lui lance un regard étonné. Il faut dire que ce n'est pas du genre de Chester de connaître les réponses aux devoirs.
-Oui, Mr Fairway.
-Le Sinistros présage la mort de la personne qui le voit, tandis que le Spectre de la Mort annonce la mort d'un proche de l'individu auquel il se présente.
-C'est tout à fait ça, Mr Fairway, fait Miss Ollivander de plus en plus étonnée. J'accorde donc cinq points à Serpentard pour cette excellente réponse.
-Oui, commence Romulus, bravo à notre nouveau Mr Je-Sais-Tout. On applaudit bien.
-Taisez-vous, Mr Lupin ! s'énerve-t-elle. Ce cours portera sur le Spectre de la Mort et je vous conseille de bien noter tout ce qui sera dit sur le sujet, car je comte en faire un examen écrit.
Une vague de murmures désapprobateurs parcourt la classe et Miss Ollivander se renfrogne d'avantage.
-Je pense qu'on devrait demander à Ellie de venir servir de cobaye, lance discrètement Romulus à Peter et Chester qui sont assis derrière nous.
Mais visiblement ce n'était pas assez discret, car les yeux de Miss Ollivander dardent Romulus d'éclairs.
-Mr Lupin, vous n'êtes pas le premier idiot à faire cette remarque stupide. Et je peux vous assurer que Miss Prewett est encore moins Spectre de la Mort que vous n'êtes loup-garou.
L'ironie pointe dans sa voix et elle semble satisfaite de l'effet que sa remarque produit sur Romulus : ce dernier a le teint cramoisi et les poings serrés.
-Bon, il est temps de commencer le travail sérieux, déclare Miss Ollivander. Prenez vos livres à la page.
-Attendez, la coupe Clara O'Brien, je ne suis pas sûre que votre affirmation quant à la nature d'Ellie soit fondée.
-Ah oui, Miss O'Brien ? s'étonne le professeur. Contestez-vous mes propos ? Croyez-vous que je manque d'expérience en la matière.
Clara déglutit bruyamment et elle perd toute contenance.
-Euh. ce. ce n'est p. pas ce que je voulais dire, balbutie-t-elle. Mais j'ai des raisons personnelles de penser qu'Ellie puisse être l'une de ses créatures.
-Je suis impatiente de savoir ça, Miss O'Brien. Je vous en prie, continuez.
-Et bien, voilà : j'appartiens à la lignée O'Brien qui est une très vieille famille irlandaise. Et comme vous le savez, la plupart des vieilles familles irlandaises ont leur Spectre de la Mort attiré. Et comme le Spectre annonce la mort d'un proche, j'ai toute les raisons de croire qu'Ellie en est un, parce qu'Ambre est décédée et que c'était ma meilleure amie.
-C'est vrai que les détails peuvent concorder, déclare Miss Ollivander pensive, mais vous oubliez un léger détail : Miss Prewett a 'tué' Miss Quigley, elle n'a pas prédit sa mort. Et je vous ferais remarqué que le Spectre de la Mort rattaché à la famille O'Brien se nomme Aibhill. Et de plus, Miss Quigley était votre amie, mais elle ne faisait pas partie intégrante de votre famille. Et les Spectres sont annonciateurs de la mort prochaine d'un parent ou de quelqu'un rattaché par des liens de sang à la famille concernée. Donc je le redis : Miss Prewett n'est pas un Spectre de la Mort. Et rassurez-vous, Mr Dippet ne laisserait jamais des créatures à caractère non humain étudier à Poudlard.
Je passe le reste du cours à prendre des notes et à poser des questions. Mais j'ai de la peine à ramener mon attention sur la leçon, parce que le petit livre blanc de la Réserve m'obsède. Je le sens dans ma poche et j'ai la rude impression qu'il me nargue. Nom d'une chauve-souris, je deviens complètement débile ! Me faire narguer par un vulgaire carnet, non mais oh ! Je vais pas bien là. Debout, Tom ! T'est l'héritier de Salazar Serpentard, alors tu vas quand même pas t'inquiéter pour un livre qui de plus est totalement vide ?
-Ollivander est folle ! gémit Peter. Un examen écrit sur 'ça', c'est de la torture à proprement parlé !
« Du calme, Peter, on en a vu pire. »
-Peut-être, réplique-t-il, mais est-ce que tu te rappelles du nom du Roi de je-sais-plus-quelle-époque qui avait vu un Spectre de la Mort ? La prof parlait tellement vite que je n'ai pas réussi à noter son nom.
-C'est Brian Boru et ça c'est passé en 1014, répond machinalement Henri d'une voix exaspérée.
-Merci, sanglote Peter.
-Eh ! Mais c'est que t'es un gros bébé, s'exclame Romulus. Faut te reprendre mon gars, c'est pas comme ça que tu vas t'en sortir dans la vie.
Nous marchons dans le parc, en direction des abords de la Forêt Interdite, où se déroule le cour de Soin au Créatures Magiques. Les Gryffondor, avec qui nous avons cours commun, sont déjà là et ils nous toisent d'un air supérieur.
-Oh, non ! Pas eux ! souffle Chester à mon oreille.
-Tiens, mais le petit Peter est en larme à ce que je vois, s'exclame Nathan Weasley ce qui déclenche immédiatement les hostilités.
-La ferme, Weasley ! tonne Henri qui a déjà sortit sa baguette et qui la brandit devant lui comme une épée.
-Tu cherches la bagarre, Nott ?
Weasley sort également sa baguette, mais le professeur Jansen - Ivar de son prénom - , un petit vieillard rondouillard au crâne dégarnit et aux yeux pâles dont l'un est barré d'une cicatrice terrible qui l'a rendu borgne, fait son arrivée, ce qui empêche à Henri et Weasley d'en découdre.
-Bonjour les enfants ! s'exclame-t-il d'un ton bourru.
Il nous fixe les uns après les autres de son ?il valide, puis il nous fait signe de le suivre. Il nous emmène devant un petit enclos remplit de sable où une étrange créature se meut. C'est une sorte de serpent grenat à la peau extrêmement brillante, sauf que sa tête est double et qu'il possède six petites pattes griffues. Jennifer Landry étouffe un cri d'horreur et elle est vite imitée par les autres filles, excepté Sassia Fletcher qui reste impassible, comme à son habitude. Elle est d'ailleurs la seule élève du groupe, Serpentard et Gryffondor confondus, à ne manifester aucune crainte et aucun étonnement pour la bestiole.
-C'est une Sordonne, fait-elle d'un ton détaché. Je ne vois pas l'intérêt de toutes ses simagrées.
« Une quoi ? » m'exclamé-je en même temps que tout le monde.
-Une Sor-don-ne ! Un démon des sables, si vous préférez.
-Oui, en effet, intervient Jansen. J'accorde cinq points à Gryffondor. Mais vous semblez montrer peu d'appréhension envers cette créature qui pourtant effraie plus d'un de vos camarades, Miss Sassia (les professeur ont tendance à appeler les triplés Fletcher par leur prénom pour ne pas prêter à confusion). Puis-je savoir pour quelle raison ?
-Pour la simple et bonne raison que la Sordonne ici présente n'a aucune raison de nous attaquer puisqu'elle n'est pas en présence d'un danger imminent. Et puis si elle venait à le faire, elle n'y parviendrait pas, puisque nous sommes protégés par les barrières de l'enclos.
-Mais admettons qu'il n'y ait pas d'enclos et qu'elle vous attaquait, que feriez-vous, l'interroge Jansen admiratif qui semble avoir oublié que dans cette classe il n'y a pas qu'une élève.
-Et bien je pense que je lancerais un sortilège de défense tel qu'un Maléfice d'Entrave ou un sort de stupéfixion. Mais je suis certaine qu'avec un simple sortilège de répulsion, je serais capable de la mettre hors d'état de nuire.
-Arrête de crâner, Fletcher ! s'exclame Romulus. On sait que t'es une fayotte de Miss Je-Sais-Tout !
-Vous me semblez bien sûre de vous, Miss Sassia, fait remarquer Mr Jansen sans prêter attention à Romulus. Mais peut-être êtes-vous justement 'trop' sûre de vous. Vous ne mettriez probablement pas en doute que je suis un expert en créatures magiques et que j'ai affronté bien des monstres ?
-Bien sûr que non, professeur, répond Sassia ce qui fait ricaner Romulus.
-Et bien vous vous trompez !
Un silence de mort tombe soudain et personne n'ose se regarder. La plus secouée, c'est Sassia : elle reste bouche bée et ses yeux sont exorbités.
-Et bien ! Ne faites pas cette tête-là, mes enfants ! Que croyiez-vous, que je n'avais jamais failli devant aucune menace ? Regardez donc ma cicatrice. Vous ne pensiez tout de même pas que je m'étais fait cela en tombant d'un balai ?
En effet, il est irrationnel de penser que la cicatrice de Jansen fût causée par un petit accident banal. On dirait plutôt une séquelle due à un combat. Elle barre son ?il gauche de l'arcade sourcilière à la pommette en une horrible traînée rougeâtre, le défigurant affreusement. Cela lui donne un air rude et sévère, et pourtant il est encore plus gentil et plus doux que le professeur Ichneumon, et ce n'est pas peu dire.
-Mais alors, comment vous êtes-vous fait ça ? demande Josh.
Tiens, je m'étonnais de ne pas encore l'avoir entendu, celui-là. Mais c'est maintenant chose faite.
-J'étais encore jeune et insouciant lorsque c'est arrivé, répond Jansen. Je sortais tout juste de Poudlard et je partais à la découverte du monde de la sorcellerie dans toute sa grandeur et sa diversité. Je suis allé en Égypte pour étudier les Dragons des Sables et apprendre à les neutraliser. Parce que, comme tout le monde le sait, les Dragons des Sables se confondent parfaitement dans les dunes, grâce à leur couleur sablée, et il causent de terribles dégâts dans les tribus Moldues et sorcières qui peuplent les déserts du monde. Le groupe de recherches auquel j'étais affilié avait établi un campement pour effectuer des investigations sur la plaine où nous nous trouvions. Et un soir, je me suis éloigné du secteur sécurisé pour tromper l'insomnie qui m'avait gagnée. Et c'est alors que j'ai vu une Sordonne pour la toute première fois. Je ne l'ai pas remarquée immédiatement, à cause de l'obscurité, mais les reflets de sa peau écarlate ont attirés mon attention. Elle s'est arrêtée à quelques pas de moi et elle m'a fixé de ses deux pairs d'yeux jaunes et faméliques. Étonné, et surtout très inconscient, j'ai approché la main de l'étrange créature qui m'était apparue. Elle a pris mon geste pour une tentative d'agression et elle m'a sauté dessus et m'a plaqué au sol, ses deux gueules emplies de dents acérées ne cessant de claquer à quelques centimètres de mon visage.
Jansen fait une pause et nous le fixons tous intensément, le souffle coupé.
-Continuez professeur ! Je vous en prie ! s'exclame Ella.
-Du calme, Miss Wilkinson. Je vais reprendre, mais laissez-moi le temps de souffler.
Tout le monde est excité et tendu. Moi aussi, je dois l'avouer. Avec tout cela, j' ai tout oublié du livre blanc, qui est toujours dans la poche de ma cape, à la Marque, en passant par ma mission d'extermination des Sang-de- Bourbe et les remarques de Dippet sur mon comportement de Préfet. La seule chose qui compte pour moi maintenant, c'est de connaître l'issue du combat entre la Sordonne et le professeur Jansen.
-Comme vous, Miss Sassia, je pensais pouvoir venir très facilement à bout de la Sordonne. L'adrénaline avait gagné les moindres partie de mon corps, et elle m'a donné la force de repousser le démon des sables qui a été projeté à plusieurs mètres de moi, me laissant le temps de sortir ma baguette magique. La Sordonne se préparait à l'offensive et j'en ai profité pour lui jeter un Maléfice d'Entrave. Mais aucun effet. Puis un sortilège de stupéfixion. Mais c'était encore moins réussi que le précédent sort. La créature a bondi et j'ai tenté un sort de répulsion. Mais rien ne semblait avoir d'effet sur la Sordonne. Elle m'a atteint au visage, m'arrachant l'?il de l'une de ses gueules et me déchirant le côté gauche de la face à l'aide de ses griffes. Je suis à nouveau parvenu à l'éloigner de moi en la repoussant et je l'ai foudroyé à l'aide du Sortilège Impardonnable de la mort. Cette fois-ci, le maléfice a opéré et la Sordonne est morte sur le coup.
-Le Sortilège Impardonnable de la mort ? Et vous n'avez pas été puni pour l'avoir utilisé, demande stupidement Josh.
-Non, j'étais en cas de légitime défense, explique Jansen.
-En tous cas, elle est terrifiante votre histoire ! s'exclame Romulus béat d'admiration.
-Merci, je suis content que cela vous ait plus, Mr Lupin. Mais cela m'amène à vous poser une question : pourquoi les charmes utilisés avant le Sortilège Impardonnable de la mort ont été inopérants ?
-Parce que les lois magiques qui régissent en Afrique ne sont pas les mêmes qu'en Europe, répond Henri ce qui a pour effet de renfrogner Sassia. Mais le Sortilège Impardonnable de la mort étant universel, la Sordonne a succombé.
-C'est parfait ! J'accorde cinq points à Serpentard.
-Oui, mais professeur, interrompt timidement Chester en levant le doigt.
-Je vous en prie, Mr Fairway.
-Si les sortilèges ne fonctionnaient pas en Égypte, ils doivent par contre fonctionner ici. Donc nous serions capable de venir facilement à bout de la Sordonne qui est dans cet enclos.
-C'est exact, Mr Fairway. Vous possédez un très bon sens de l'observation. Mais je vous ai amené ce spécimen pour que vous puissiez étudier ses comportements et ses habitudes, afin que vous soyez capables de vous en tirer si vous étiez un jour amenés à en croiser un dans son environnement naturel. Je vais également vous enseigner les sorts africains qui vous permettront de tenir un démon des sables à l'écart de votre personne. Mais sachez que cela recèle plus de la Défense contre les Forces du Mal que du Soin au Créatures Magiques. C'est d'ailleurs à la demande de Miss Ollivander que je vous ai amené cette créature. Mais pour que le cours restent dans les règles de l'art, je vais également tout vous apprendre sur la vie et l'habitat de la Sordonne, ainsi que comment la domestiquer.
-Ca risque d'être très passionnant, me souffle Audrey à l'oreille.
« Tu es sérieuse ? »
-Et bien oui, les créatures du désert sont parmi les plus fascinantes du monde de la sorcellerie.
Je m'étonne de voir Audrey s'intéresser de cette manière à des créatures magiques : d'habitude elle se contente de pousser une grimace et de gémir.
Tout le monde part maintenant dans de grandes théories et Jansen se racle bruyamment la gorge pour obtenir un silence plus ou moins relatif, avant de reprendre :
-Je vais séparé la classe en trois groupes de cinq et un groupe de quatre. Un tournus sera organisé : le premier poste sera avec moi, pour la théorie; le second permettra aux membres du groupe de se consulter et d'apprendre les sorts africains; le troisième consistera à observer les comportements de la Sordonne; et le dernier se passera dans l'enclos où chacun de vous tentera de maîtriser la Sordonne en utilisant un minimum de sorts - et des sorts bien de chez nous, évidemment, car les sortilèges africains n'ont pas cours ici.
Je vais maintenant former les groupes : Aidan Fudge, Patsy Cameron, Orlando Murray, Clara O'Brien et Peter Spinnet, vous formerez le groupe A. Le groupe B sera composé d'Ewan Lovegood, Jennifer Landry, Romulus Lupin, Olive Hornby et Audrey Fletcher. Mary Bones, Sassia Fletcher, Alicia Faucett, Chester Fairway et Ella Wilkinson, vous serez le groupe C. Et enfin le groupe D comptera Nathan Weasley, Joshua Potter, Henri Nott et Tom Jedusor.
Il y eut bon nombre de protestations, mais cela ne suffit pas à convaincre Jansen. En deux trois moulinets de baguette, il fit apparaître un tableau sur lequel il inscrivit les formules africaines et leurs équivalents européens.
-Voilà, maintenant la répartition : le groupe A est dans l'enclos avec la Sordonne, le groupe B avec moi pour la théorie, le groupe C prépare les formules et le groupe D observe la réaction du démon des sables face aux élèves du groupe A. Dans un quart d'heure vous passez au poste suivant. C'est partit.
Et nous voilà, Henri et moi, assis en tailleur sur l'herbe en compagnie de nos pires ennemis à observer le groupe A tenter de dompter la salle bête. pardon. je voulais dire la Sordonne.
-Qu'est-ce qu'on est censé noter ? demande Nathan pour la dixième fois.
-J'en sais pas plus que toi, répond Josh pour la dixième fois également.
Contrairement à eux, Henri griffonne plein de choses sur son parchemin et moi de même.
-Qu'est-ce que vous écrivez ?
-C'est trop subtile pour que ton cerveau puisse capter, Weasley, fait Henri, alors laisse tomber. Tu pourrais te griller un neurone à essayer de comprendre.
-La ferme, Nott ! enrage Josh.
« Calme-toi, 'Joshua' ! »
-Commence pas, Tom 'Elvis' ! Oublie pas que tu ne dois pas essayer de perdre ton grade.
« Et toi, n'oublie pas que tu dois essayer de me le faire perdre. »
-T'inquiète pas pour ça, je m'y applique.
« C'est fou comme c'est flagrant. Bravo, Potter. »
-Sois patient, Jedusor. Tout vient à point à qui sait attendre.
« Je suis très patient, mais n'oublie pas : qui sème le vent, récolte la tempête. »
-Changement ! tonne la voix de Jansen.
Nous nous levons tous quatre et entrons dans l'enclos. Je croise un Peter en nage qui s'empresse de s'éloigner de la créature.
-Bonne chance ! me souffle-t-il tout tremblant.
Je pénètre dans l'espace sablonneux et je reste en retrait, comme les autres, pour que la Sordonne ne se sente pas menacée.
-J'y vais le premier, dit Josh. Couvrez-moi, si jamais elle devenait trop violente.
« Faut pas trembler comme ça, Potter. C'est juste un serpent avec deux têtes, des dents acérées et des pattes griffues, rien de plus. »
Josh me jette un regard glacial, puis il avance au centre de l'enclos. Il tient fermement sa baguette face à lui et lance des regards inquiets vers la bestiole puis vers la sortie. La Sordonne le scrute de ses yeux jaunes et globuleux, mais elle semble aussi inoffensive qu'un lézard se dorant au soleil. Du moins, selon les apparences. Mais faut-il se fier aux apparences ? Bien sûr que non !
Le démon des sables saute soudain, faisant sursauter Josh. Le connaissant, il va se servir d'un sort de répulsion.
-'Arcere' ! s'écrie Josh.
La Sordonne est stoppée dans son élan, puis repoussée loin de Josh qui tremble comme une feuille morte. Mais l'horrible serpent n'est pas décidé à laisser Josh s'en tirer à si bon compte. Elle bondit en direction de celui- ci, mais elle retombe stupéfixée.
-Tu l'a mal joué sur ce coup là, Potter, le raille Henri. Laisse donc faire le maître.
Il s'avance à son tour et la Sordonne l'attaque presque immédiatement :
-'Maneo Interuallum' ! déclare calmement Henri en abaissant sa baguette.
La créature se fige, mais pas de la même manière que si Henri lui avait jeté un Maléfice d'Entrave. Elle reste à terre, loin d'Henri et elle le regarde intensément, alors que ses deux têtes vont deux gauches à droite, dans un mouvement de balancier. Puis, lentement, elle ferme les paupières et je jurerai que si je collais mon oreille contre son dos, je l'entendrais ronronner.
Henri revient triomphalement vers nous et me fait signe que c'est à mon tour.
-Qu'est-ce que c'est que ce sort que tu as utilisé, lui demande suspicieusement Weasley.
-Un sortilège de distance, explique Henri.
-Mais, on a jamais appris ça avec Diggory, fait remarquer Potter.
-Non, en effet, répond Henri. Je l'ai appris seul pendant l'été, grâce à des notes que m'a laissé mon père avant de mourir, ou plutôt, avant que ton papounet ne l'envoie droit chez les Détraqueurs, Potter.
-Tu ne vas pas me dire que tu me reproches ça ? s'exclame Potter.
-Je ne te blâme en aucun cas pour ce qu'il s'est passé, c'est à ton père que j'en veux.
-Mais attends ! Mon père est Auror, ton père était l'un des membres de la Cellule Secrète, que voulais-tu qu'il fasse ? Qu'il le laisse continuer de s'en prendre à des innocents ?
-Je crois, Potter, qu'il y a une chose que tu ne sais pas. Quand ton père a arrêté le mien, c'était il y a quinze ans, environ, peu après ma naissance. Donc, il était bien loin le temps de la Cellule Secrète. Et mon père n'était plus un dangereux criminel : il était juste mari et père.
« Je ne crois pas que ce soit le bon moment pour tenter vainement de changer le passé. »
-Pour une fois, je suis d'accord avec lui, dit Weasley.
Les discussions cessent et j'avance vers la Sordonne, qui a maintenant cessé de 'ronronner'. Elle semble à nouveau irritée et n'a pas l'air contente que je me sois permis de m'approcher d'elle. Mais moi, j'ai la situation bien en main. Je sais que je n'aurai besoin d'aucun sortilège, juste ma bouche et mes paroles. Un des avantages premiers à être l'héritier de Serpentard, c'est de posséder le rare don de parler Fourchelang. Et comme la Sordonne est un reptile, je ne devrais avoir aucun mal à en user sur elle.
Les trois autres ont recommencé à discuter et le ton monte de plus en plus. Ca va probablement se terminer par une bagarre, mais en ce moment, ça m'arrange beaucoup, car il ne m'entendront pas siffler et crachoter.
« Reste tranquille, petite Sordonne, je ne te veux aucun mal. »
Le démon des sables me regarde avec étonnement.
-Tu parle la Langue des Serpents ? Je n'ai jamais eu l'occasion de rencontrer quelqu'un comme toi.
« Je le pense bien, les Fourchelang sont très rares. Je suis probablement le seul que tu ne verras jamais dans ta vie. »
La Sordonne semble beaucoup plus confiante et elle s'approche de moi. Je m'assieds à terre, comme pour l'inviter à venir discuter avec moi.
-Si tu parles la Langue des Serpents, tu es un mauvais sorcier.
« Pourquoi en es-tu si sûre ? »
-Parce que nous sommes des créatures maudites. Tout le monde sait ça.
Je voudrais répliquer, mais des exclamations de stupéfaction m'obligent à me retourner. Tous les élèves du cours, ainsi que Jansen, sont autour de l'enclos à me regarder faire. Pour faire un peu le malin j'approche ma main des deux têtes de l'animal.
« Laisse-toi faire, ma jolie. »
Et me voilà en train de caresser la salle bestiole et tout le monde en train de s'extasier comme si je venais de marcher sur l'eau.
Je ressors ensuite de l'enclos et Jansen accorde dix points à Serpentard. Il ne me demande pas comment j'ai fait, et cela me rassure. Je crois que je ne serais pas parvenu à inventer un mensonge, s'il l'avait fait.
Le plafond de la Grande Salle est d'un indigo profond et les étoiles qui le constellent brillent de tout leur feu.
Je suis attablé autour d'un délicieux dîner et je m'applique à manger le plus de pommes de terre sautées possible. A côté de moi, Romulus tente de faire passer une arrête avalée de travers en buvant du jus de citrouille et Olive est en train d'écrire la recette d'une potion de son invention qui, selon elle, serait capable de faire revenir des gens ayant été pétrifiés.
Quelques hiboux s'engouffrent dans la Grande Salle pour distribuer les exemplaires du 'Sorcier du Soir' aux élèves qui y sont abonnés.
Le hibou de Peter, Arabesque, atterrit près de son maître et lui tend sa petite patte où est enroulé le journal. Peter décharge le petit volatile au plumage crème et aux yeux ambrés, et lui tend quelques biscuits.
-Journal du matin, chagrin; journal du soir, espoir, dit philosophiquement Peter en l'ouvrant.
-T'es trop débile ! souffle Audrey entre deux bouchées.
Moment de silence pendant lequel nous mangeons, buvons, lisons, digérons, puis soudain des exclamations, des cris, des gémissements et des pleurs s'élèvent un peu partout dans la Grande Salle.
-Nom d'une Sordonne ! s'exclame Peter. Lisez-moi ça.
Il me tend le journal que j'attrape et que je lis à voix haute, pour que les autres puissent entendre :
'Kenmare Kestrels vs Pride of Portree
Cet après-midi se déroulait la demi-finale de la Coupe de la Ligue qui voyait s'affronter les Kennmare Kestrels et les Pride of Portree. Un millier de mages et sorcières étaient au rendez-vous, dont quelques membres du Ministère.
Le match de Quidditch se déroulait normalement et dans les règles, jusqu'à ce qu'un étrange homme encapuchonné et vêtu d'une cape noire ne transplane au beau milieu du terrain. Il s'est alors mis à jeter une volée d'Imperium sur les joueurs et les a obligé à fondre sur le public et à leur jeter des Sortilèges Impardonnable de la douleur et même de la mort, pour certains.
La situation a été rétablie assez rapidement, car le public comptait dans ses rangs le Chef de la Brigade et Oubliator, Gallia Potter, ainsi que plusieurs Aurors, dont l'illustre Alastor Maugrey.
Le nombre de morts s'élève à vingt-cinq personnes, dont l'Auror Owen Potter et sa fille aînée, Daïra Potter, qui était Poursuiveuse dans l'équipe des Kenmare Kestrels.'
Le reste de l'article continue sur l'énumération des victimes et leurs fonctions, mais je ne veux pas savoir qui a succombé. Je donne le journal aux autres, si ça les intéresse de connaître l'identité des morts.
Je regarde vers la table des Gryffondor et je vois Potter en larmes, serrant le journal de toutes ses forces dans son poing gauche. En ce moment, je n'ai pas envie de le détester. J'ai envie de compatir à sa douleur et de le réconforter, comme les autres. Mais je ne le ferai pas, j'y perdrais trop d'amour-propre.
Je suis étonné de voir que KC Prewett pleure aussi. Peut-être a-t-elle perdu quelqu'un de proche dans l'attaque ?
-La mère des Prewett est morte, commente Romulus.
Je tourne immédiatement la tête vers la table des Serdaigle pour voir comment va Ellie, mais elle n'est pas là. Elle est probablement en train d'errer dans le parc pour pleurer tout son soûl, loin des autres.
Je me lève de table et je me dirige vers la sortie de la Grande Salle.
-Où tu vas ? me lance Chester.
« Promener. »
Je débouche dans le grand hall et je sors dans le parc. J'avance en direction du lac et elle est là. Assise sur la grève, les pieds dans l'eau, elle fixe un point au loin et je l'entends sangloter.
« Ellie, tu ne devrais pas rester toute seule. »
Elle sursaute et se retourne vivement. Son visage est noyé de larmes et elles sont. bleues ! Ses joues son zébrées de traînées d'un bleu profond et glacé ! C'est impressionnant. J'en reste bouche bée.
-Vas-t-en ! s'écrie-t-elle. Laisse-moi tranquille.
« Mais Ellie, tes larmes. »
-Ne regarde pas ! Je t'interdis de regarder !
Elle plonge son visage dans ses bras.
-Pars ! hurle-t-elle.
Apparemment, je ne peux rien faire pour elle, alors mieux vaut faire ce qu'elle m'ordonne.
Je fais sens inverse en effectuant un détour par le terrain de Quidditch. Je m'installe sur les gradins et je fais de la lumière avec ma baguette.
Et alors, pour la première fois depuis ce matin, je sors le livret blanc de ma poche. Je le scrute un moment, comme s'il allait éclaté d'un instant à l'autre et je l'ouvre. Les runes de mise en garde ont disparue. Je parie mon insigne de Préfet que ce livre est relié et scellé par la Magie Noire. Je le feuillette un instant et soudain, des lignes apparaissent lentement sur la première pages. Elles ne sont pas écrites en runes, cette fois. C'est du bon Anglais bien de chez nous :
'Ah ! Te voilà enfin ! Nous pensions que tu viendrais nous voir plus vite. Sache que nous avons le pouvoir de te révéler des tas de choses qui te seront très utiles dans ta quête du pouvoir.'
Je referme brusquement le livre. Mes mains tremblent et tout mon corps est glacé. Je ne sais pas si je ne ferais pas mieux de brûler ce livre. Mais je n'ai pas le temps à la réflexion, car des éclats de voix viennent dans ma direction. Je fourre le livre dans ma poche et je me glisse doucement par terre pour me cacher à la vue des nouveaux arrivants. Ils sont deux. Je vois leurs silhouettes grimper les gradins et venir s'installer un peu plus bas que moi. Il ne m'ont pas repéré.
-Elle n'aurait pas dû venir à Poudlard, entonne une voix douce et grave que j'identifie comme celle de Dumbledore. Ange, le processus est lancé, maintenant.
-Mais Albus, qui est exactement cette Femme ? questionne la voix tremblante de Miss Ollivander.
-Elle appartient à un ordre très ancien qui est considéré comme l'ancêtre de la sorcellerie. Les personnes qui en font partie ne sont pas des mages à proprement parlé. Ils savent maîtriser la magie, mais Ils dominent aussi des puissances plus grande encore. Des puissances telles que la Lune, le Sang, les Larmes, les Éléments et même les Esprits. Ils sont très peu nombreux sur Terre à faire partie de cet ordre : une centaine tout au plus.
-Mais que vient-Elle faire ici ? Elle ne vient tout de même pas chercher la petite ?
-Non, la petite n'est d'aucune manière capable de suivre sa Mère. Mais le fait que la Femme soit arrivée si tôt signifie que le Mal progresse de jour en jour et que le temps nous est compté.
-Il faudra se battre alors, déclare fermement Miss Ollivander.
-Cela ne suffira malheureusement pas. Seule la petite a le pouvoir de terrasser le Mal.
-Alors où est le problème, Albus.
-Le problème est que la petite n'a pas encore le pouvoir. Elle doit le trouver. Et quand elle l'aura récupérer, elle ne pourra pas s'en servir, elle devra le transmettre à un sorcier aux pouvoirs immenses.
-Je suis sûre que c'est à vous qu'elle le donnera.
-Je suis flatté, Ange, mais il ne peut s'agir de moi.
-Mais pourquoi donc ?
-Parce que le sorcier digne de recevoir ce pouvoir n'est pas encore né, et ce n'est pas de la petite qu'il recevra le pouvoir.
-Je ne comprends pas. Et qu'est-ce que la Femme vient faire dans cette histoire ?
-Elle a malheureusement tout à y faire : la dernière fois qu'Elle est venue, c'était pour enterré son ancienne Fille, Elléahrra. Ce qui fait à peu près un siècle, jour pour jour.
-Alors vous voulez dire que.
-Que si Ambar est revenue, cela signifie que la petite Ellijandra va mourir, termine Dumbledore.
Miss Ollivander se met à sangloter et je vois Dumbledore tenter de la réconforter.
-Mais en êtes-vous sûr ? N'est-t-Elle pas venue uniquement dans le but d'initier la petite ?
-Non, Ambar ne vient qu'en de rares occasions à Poudlard. Et depuis que Godric Gryffondor, Helga Poufsouffle, Rowena Serdaigle et Salazar Serpentard ont fondé cette école, Ambar n'est venue que pour ensevelir le corps de ses Filles.
-Quelle horrible créature ! Pourquoi prend-t-elle si facilement la vie de ses Filles ? Quel genre de Mère est-ce ?
-Ce n'est pas Elle qui Les tue, Elle n'est ici que pour Les mener à Leur repos éternel. Croyez-moi, c'est très douloureux pour Elle de perdre ses Filles. Et Elle les a vu défiler, je peux vous l'assurer. Il y a eu Ellimanthra et Ellémanthra, Elliloptra et Elléloptra, Ellicyambra et Ellécyambra, Elliahrra et Elléahrra, qui sont les plus récentes : je ne me souviens plus des noms des anciennes.
-Mais Albus, le jour de la mort d'Ellijandra est-il déjà fixé ?
-Non, mais je crains qu'elle ne sera pas des nôtres au banquet de fin d'année.
-Quand je pense, quand je pense qu'elle est sur le point de mourir et que tous ces camarades l'ignorent, la compare au Spectre de la Mort et la traitent de tueuse. S'ils pouvaient savoir qu'elle est bien au-dessus d'eux et que d'un geste de la main elle pourrait tous les envoyer au tapis, s'ils savaient cela il la respecterait et il la craindrait.
-Je vous en prie, Ange, vous vous laissez emporter.
-Pardonnez-moi, Albus, mais le comportement des élèves me répugne. Je suis pour la justice et contre la discrimination.
-Je vous comprends, Ange. Mais il faut s'en aller maintenant, Ambar tient à nous parler. Et il va falloir être forts pour annoncer tout cela à Ellijandra.
Les deux professeurs se relèvent et disparaissent de ma vue. Je suis totalement hébété.
J'avance dans le grand hall en direction de la Grande Salle. Plusieurs professeurs sont amassés dans le couloir, dont Diggory, Ichneumon, Jansen, Dumbledore et Miss Ollivander. Dippet est aussi là et il discute véhémentement avec une femme. C'est une inconnue. Mais pas pour moi, je sais que c'est la fameuse Ambar. Elle est frêle et longue avec une peau très pâle et des yeux d'un bleu glacé et profond. Ses cheveux sont blancs avec des reflets mauves et Ses lèvres sont de carmin. Elle est vêtue d'une longue et légère robe blanche, mais Ses épaules et Ses bras sont dénudés. Son visage est sans âge et il n'est pas difficile à deviner qu'Elle à traverser les siècles et peut-être même les millénaires.
Je passe à côté d'eux, mais personne ne fait attention à moi. Je retourne dans la Grande Salle qui est presque déserte maintenant. Je m'assieds à la table des Serpentard où les autres sont toujours installés et occupés à discuter du drame qui s'est produit.
Mes yeux sont perdus dans le vide et un goût d'amertume empli ma gorge. Mes pensées dérivent en des lieux insoupçonnés et je n'entends même pas Olive qui s'évertue à me demander comment je vais. Je vois ses lèvres bouger et ses yeux s'emplir d'inquiétude, mais le son n'atteint pas mon cerveau. Et alors que je ne m'y attends pas, elle me gifle. Je sors soudain de ma transe et les bruits alentours me vrillent les tympans.
-Tu m'entends ? me demande Olive.
Je suis encore secoué par le choc, mais je hoche tout de même la tête.
-Tu m'as fait une belle peur, dis-donc ! Tu veux une potion ?
« Non. non. merci. Ca. ça va aller. »
-Tu as raté plein de choses ! s'exclame-t-elle.
« Ah oui ? Et je peux te demander quoi ? »
-Tout le monde discutait, mangeait, pleurait, et tout ça, et d'un coup une femme est entrée. Une femme blanche aux cheveux mauves. Elle portait un grand sceptre d'or à la main et elle a demandé à parler aux professeurs. C'était étonnant.
« Ouais, je connais » ai-je marmonné. « Mais tu dis qu'Elle avait un sceptre, je ne l'ai pas vu. »
-Ah bon. C'est étrange, pourtant il était de taille impressionnante. Mais au fait, tu étais où ?
« J'étais dehors. J'essayais de consoler Ellie. »
-Apparemment ça n'a pas marché, dit-elle en fronçant les sourcils.
« Non, elle m'a dit de partir. Je crois que perdre sa mère l'a vraiment secouée. »
-Et c'est très compréhensible, c'est toujours difficile de perdre quelqu'un de sa famille. Même si on ne le connaissait pas vraiment.
« Pourquoi tu dis ça ? »
-Mais regarde-toi ! Et regarde Henri. Tu n'as pas connu ta mère et il a à peine connu son père, et cela ne vous empêche pas d'être rongé de l'intérieur.
« Ca se voit tant que ça ? »
-Est-ce que les dragons crachent du feu ? Bien sûr que ça se voit. Ca crève les yeux, même.
Je ne trouve rien à répliquer à cela et je préfère m'intéresser aux arabesques que dessinent les rainures du bois de la table.
Les autres lâchent enfin le journal et semblent remarquer ma présence.
-Tu es là, toi ? s'étonne Chester.
-Ca fait au moins dix minutes qu'il est là, lui fait remarquer Olive.
-Ben je l'avais pas vu, scuse-moi.
Je tente de manger une pomme, mais mon estomac se soulève. Je ne peux rien avaler : dès que j'approche le fruit de mes lèvres, des images furtives d'Ellie étendue raide morte sur les dalles du couloir me traversent l'esprit.
« Je vais me coucher. »
-Déjà, s'étonne Audrey, mais tu viens à peine d'arriver.
« Et alors ? »
-Je peux venir avec toi, propose Olive.
« Oui, si ça te fait plaisir. »
Je dis rapidement bonne nuit aux autres, puis, en compagnie d'Olive, je quitte la Grande Salle. Les professeurs et Ambar ne sont plus dans le hall d'entrée.
En arrivant au sommet des escaliers qui mènent aux cachots, je me rappelle soudain de quelque chose.
« Attends, Olive. »
-Quoi ?
« Vas-y déjà, j'ai quelque chose à faire au deuxième étage. »
-Et je ne peux pas t'accompagner ?
« Non. »
Elle est surprise par toute la désinvolture que j'ai mise dans le ton de ma voix.
-Euh. ben dans ce cas tant pis. Je suppose qu'on se reverra demain matin. Bonne nuit.
« Bonne nuit. »
Elle disparaît dans l'escalier et moi, je gravis rapidement les marches qui mènent au premier étage, puis celles qui mènent aux deuxième. Et ensuite je me dirige en direction des toilettes des filles. J'ai quelques petites vérifications à y faire.
Mais alors que je m'apprête à pousser la porte, une voix féminine grave, légère et douce m'interpelle :
-Tu es sûr que tu vas au bon endroit ?
Je me retourne vivement pour me retrouver face à Ambar. Elle est encore plus impressionnante que la première fois que je l'ai vue. Mais je ne vois toujours pas Son sceptre, peut-être qu'Olive a rêvé ?
« Euh. je. je. ne. » Bon sang qu'est-ce qui m'arrive, je suis incapable d'aligner deux mots correctement. Ressaisis-toi, bon sang !
-Oui, je vous écoute.
« Je me suis trompé de porte. » dis-je plus confiant.
-Vous me haïssez, n'est-ce pas ?
Je suis surpris par Sa question et mes yeux s'agrandissent sous le coup de l'étonnement.
« Je. je vous demande pardon ? »
-Vous me haïssez. Je le vois dans vos yeux. Vous aimeriez me tuer. Me tuer de façon atroce et douloureuse.
« Voyons Madame, comment pourrais-je souhaiter de pareilles choses ? »
-Parce que vous l'aimez. Vous aimez ma Fille et vous ne voulez pas qu'elle meurt.
Nom d'une chauve-souris ! Elle sait que je sais. Je ne sais pas comment Elle s'y prend, mais cette Femme lit dans mon esprit comme dans un livre.
-Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas fouiller dans vos petits secrets. Je ne lis en vous que ce que j'ai besoin de savoir. Que ce qui m'est utile, mais jamais ce qui peut vous détruire. Je ne suis pas une créature du Mal, je ne suis qu'une Mère endeuillée qui a vu mourir ses Filles les unes après les autres sans pouvoir les aimer.
Que puis-je bien répondre à cela ? Que puis-je bien répliquer à une mage de mille ans ?
-Je ne suis pas mage, ni sorcière. Et j'ai bien plus de mille ans, croyez- moi.
« Cessez de lire mes pensées, c'est très gênant, vous savez ? »
-Auriez-vous quelque chose à cacher ? Auriez-vous peur que je découvre quelque chose qui vous trahirait ? Un cadavre dans le placard, peut-être ?
« Si il y a quelqu'un qui possède un cadavre dans son placard, c'est votre Fille. » répliqué-je sèchement.
-Ah oui ? Vraiment ?
« Oui, elle s'appelait Ambre Quigley. »
Je Lui raconte l'histoire d'Halloween en troisième année et ce qui en a résulté : c'est-à-dire le fait qu'Ellie soit comparé à un Spectre de la Mort et que tout le monde l'évite sans arrêt.
-Ma pauvre petite. Je ne savais pas tout cela. Comment va-t-elle en ce moment ?
« Très mal. Elle vient de perdre sa mère. Enfin. je veux dire sa mère d'adoption où je sais pas comment vous appelez ça. »
-Vous pouvez dire sa mère. Ellijandra est née du corps de cette femme, mais c'est de mes gênes qu'elle est constituée.
« Mais comment. »
-Pchhhht ! Aucune question, ce ne sont pas vos affaires, jeune homme. Je vais vous laissez , maintenant.
Sans un mot, d'une démarche aussi légère que les plumes qui composent Sa robe, Elle s'éloigne de moi et disparaît de mon champ de vision.
Je lance des regards furtifs autour de moi, puis je pénètre dans les toilettes des filles. Il n'y a personne. C'est logique, tous ont dû réintégrer leur salle commune à l'heure qu'il est.
Je traverse la pièce humide en longeant les lavabos de porcelaine fixés sur toute la longueur du mur. Lorsque j'arrive devant le dernier, celui qui est hors d'usage, je me baisse et scrute le tuyau. Rien du tout. Pourtant l'entrée est ici. Je me relève et je regarde dans le lavabo, mais rien non plus. Soudain, mon regard est attiré par quelque chose d'étrange. Ah ! Ca y est, j'ai trouvé. Sur l'un des robinets est gravé un minuscule serpent. Je me concentre pour me donner l'illusion que le reptile est réel. Quand j'en suis tout à fait convaincu, je murmure 'Ouvre-toi !' et au lieux des mots habituels, c'est un sifflement glacial qui sort de ma bouche.
Le robinet se met à luire d'une étrange lueur blanchâtre et il pivote. Le lavabo bascule en avant et disparaît, laissant apparaître l'entrée d'un gros tuyau où je peux sans mal me glisser.
A peine suis-je entré dans le conduit cylindrique que le lavabo reprend sa position initiale et que je suis projeté en avant. C'est le début d'une glissade sans fin dans les entrailles de Poudlard. C'est excitant, comme si je dévalais un toboggan, et effrayant, comme si j'étais avalé par un animal gigantesque.
L'arrivée est rude : je suis projeté hors du tuyau à l'horizontal et je me retrouve étalé sur le sol vaseux d'une espèce de tunnel. Je me relève, m'époussette un peu et je commence la traversée du long couloir humide.
Je marche depuis maintenant une dizaine de minutes et je ne parviens pas à voir la sortie de ce tunnel sans fin. J'espère que je ne me suis pas trompé de chemin. Selon les indications que j'ai réussi à récolter pendant toutes ces années, je dois me diriger droit dans la salle secrète construite jadis par le grand Salazar Serpentard pour y cacher un monstre capable de rayer les Sang-de-Bourbe de la carte de Poudlard. Mais peut-être que j'ai été mal renseigné ? Peut-être que je vais déboucher dans l'antre d'un dragon ou dans un nid de Sordonnes, qui sait ?
Tiens, j'aperçois quelque chose au fond. Une porte. Je m'en approche et je la détaille du regard : c'est une sorte de mur sur lequel sont gravés deux serpents entrelacés. A la place des yeux, il y a des émeraudes.
« Ouvrez ! »
Un crachotement sort de ma bouche et les deux serpents se séparent presque immédiatement et les deux pans du mur sur lesquels il étaient gravés s'écartent dans un bruit sourd.
Bienvenue dans la Chambre des Secrets.
Auteur : Katounette
E-mail : skippy_the_kangourou@yahoo.fr
Spoilers : les quatre tomes parus
Nouveaux personnages : Ivar Jansen et Ambar.
Rappel des persos :
Henri Nott : Serpentard de cinquième année, fils de l'un des instigateurs de la Cellule Secrète et ennemi juré de Nathan Weasley.
Chester Fairway : Serpentard de cinquième année, fils de l'ancien Chef de la Brigade, Luke Fairway.
Romulus Lupin : Serpentard de cinquième année, éternel comique de la petite bande et petit ami de la jolie Ella Wilkinson.
Peter Spinnet : Serpentard de cinquième année, élément pessimiste de la pair de drôles qu'il forme avec Romulus.
Ella Wilkinson : Serpentard de cinquième année, petite amie de Romulus et meilleure amie d'Audrey Fletcher.
Olive Hornby : Serpentard de cinquième année, harpie folle furieuse qui fait ingurgiter toute sorte de mixtures infectes à ses camarades. Ennemie jurée de Mimi Trelawney de Poufsouffle.
Ambre Quigley : elle fut élève à Serpentard, mais a malencontreusement perdu la vie de la main d'Ellie en troisième année.
Clara O'Brien : Serpentard de cinquième année, meilleure amie d'Ambre Quigley.
Silver Malfoy : Serpentard de quatrième année, il a tendance à exaspéré Tom à ses heures.
Angus Pettigrow : Serpentard de sixième année, ennemi juré de Marius Wright.
Marius Wright : Serdaigle de sixième année, Attrapeur dans l'équipe de Quidditch de sa maison et petit ami d'Ellie.
Balthus Black : Serdaigle de cinquième année, Capitaine de l'équipe de Quidditch de sa maison.
Nathan Weasley : Gryffondor de cinquième année, meilleur ami de Josh Potter.
Argus Rusard : Gryffondor de cinquième année, pot de col et sac à catastrophe qui traîne toujours derrière la triplette que forme Sassia, Josh et Nathan. Il est presque Cracmol.
Rubeus Hagrid : Gryffondor de troisième année, très très grand type (presque deux mètres) qui suit lui aussi sans arrêt la triplette du pathétisme et qui est un grand fanatique de Josh.
Résumé général : Après quelques investigations dans la Réserve, Tom découvre un étrange livret blanc qui recèle d'une magie peu commode.
Disclaimer : Tout appartient à Mrs J. K. Rowling, et ça on ne s'en serait vraiment jamais douté.
Chapitre 6 --- Découvertes
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La bibliothèque ne grouille pas de monde, et ce n'est pas très étonnant : seul les élèves studieux ou organisateurs de mauvais coups s'accordent à venir flâner entre les rayons bien rangés de cette pièce vaste et froide du château. Mais moi, je suis ici pour faire des recherches. Des recherches sur la Marque. Car je dois découvrir le lien, il le faut. Il y a forcément un rapport direct avec moi ou avec ce nom, 'Voldemort'.
Madame Lovegood m'aperçoit et elle s'approche de moi.
-Ah ! s'exclame-t-elle joyeusement. Mr Jedusor, je désespérai de vous revoir ici un jour ! Et dire que je croyais faire un boulot ou le contact humain était considérable, je me suis bien trompée. Mais trêve de blabla, dites-moi plutôt en quoi puis-je vous être utile.
« Euh. je dois faire des recherches dans la Réserve. » j'essaie tant bien que mal de dissimuler mon malaise à la bibliothécaire, mais ce n'est décidément pas une réussite. « Mr Diggory m'en a donné l'autorisation. »
Et sans plus de cérémonie, je lui colle le mot de Diggory devant les yeux. Mon mouvement a dû être un peu brusque, car Madame Lovegood sursaute. Qu'est-ce que vous voulez ? C'est la nervosité, je suppose.
-Rhmm. euh. bien sûr, je vais vous ouvrir la porte.
Elle m'emmène à travers les rayonnages multicolores et poussiéreux jusqu'à une petite porte vitrée close au dessus de laquelle le mot 'Réserve' est gravé en lettres dorées. Elle fait glisser soigneusement le verrou et m'ouvre grand la porte.
-Voilà, l'accès vous est permis pendant une heure au grand maximum. Au fait, vous n'allez pas déjeuner avec vos camarades ?
« Non, je n'ai pas faim. Et de plus, je n'ai pas d'autre moment de libre pour venir mener mes recherches avant au moins un mois.
-Oh !
Visiblement mon mensonge n'a pas pris. Probablement parce que le ton de ma voix laisse beaucoup trop transparaître mon embarras. Elle me fait entrer dans la pièce, avant de refermer consciencieusement la porte derrière moi au cas où un petit voyou serait pris de l'idée de s'engouffrer dans les lieux à son insu.
Ma mâchoire inférieure pend lamentablement et mes yeux sont ronds comme des billes de loto. Je n'ai jamais vu un endroit aussi fascinant. Tout n'est qu'obscurité, silence, secret et surtout magie. Une magie terrible et noire qui emplit cette petite pièce pourvue de deux étagères qui font presque la longueur de la pièce exiguë. Et au centre des lieux se tient une simple petite table poussiéreuse pourvue d'une chaise et d'une unique chandelle altérée par le temps.
Craintivement, je m'approche de la table et je m'apprête à saisir la bougie. A peine mes
doigts se referment-ils sur l'objet qu'une lumière diffuse et innée s'en échappe soudainement, éclairant la salle dans sa totalité, n'épargnant aucun recoin, aucun interstice. Ca risque de me faciliter beaucoup la tâche. Je n'aurais aucun mal à faire toute la lumière sur cette affaire, sans vouloir faire de jeu de mots.
Le premier livre dont je m'empare est titré 'Empreintes du Mal et Marques des Ombres'. Je vais déjà essayé avec ça et on verra ce que ça donnera. Je m'affale sur la petite chaise qui craque sous mon poids et je pose l'épais livre noir dans un bruit sourd, ce qui a pour effet de balayer la poussière grisâtre qui recouvre la table. Je fixe la chandelle dans son bougeoir et j'ouvre l'épaisse couverture de cuir du bouquin. Je commence la lecture :
'Les Empreintes du Mal et les Marques des Ombres sont deux sujets fondamentalement différents en tout point de vue.
D'abord sur le plan physique :
Les Empreintes du Mal sont des signes maléfiques visibles qui signalent la présence de mauvais sorts très puissants ayant été détournés par une forme de magie ancienne. Le seul cas recensé est celui d'un jeune sorcier du XIIIème siècle ayant été soumis au sortilège Doloris. Sa fiancée s'étant sacrifiée pour lui sauver la vie, une protection s'est déposée sur le jeune homme, lui permettant de ne rien ressentir des effets du Sortilège Impardonnable de la douleur. Le sort a comme 'rebondi' sur le bouclier invisible et s'est retourné contre son auteur. Mais l'affaire n'a pas pu être réellement étudiée, car le mage auteur du maléfice a su contrecarré le retour du sort, puis il a achevé son adversaire en utilisant le Sortilège Impardonnable de la mort. Mais néanmoins, lorsque le cadavre du jeune homme a été retrouvé, les Médicomages ont dénoté qu'une légère cicatrice en forme d'accent circonflexe était apparue sur la pommette gauche du sorcier.
Les Marques des Ombres sont au contraire des signes créés de toute pièce par leur concepteur. Elles servent généralement de signature que les Mages Noires laissent sur les lieux de leurs crimes pour narguer les Aurors et les Brigadiers. Mais elles peuvent également servir de sceaux ou de signes de reconnaissance pour des associations de Sorciers Noirs.'
Le reste des écrits continue sur des théories de la magie et des exemples très célèbres d'utilisation d'Empreintes du Mal et de Marques des Ombres. Avec tout cela, je ne suis vraiment pas avancé, malheureusement.
Je referme le livre et je vais le reposer où je l'ai trouvé. Je m'apprête à en saisir un autre dont le titre me semble intéressant ('Signes Noirs : malédiction ou mise en garde ?), lorsqu'un tout petit livre blanc attire mon regard. Il est coincé entre deux énormes bouquins aux titres peu avenants ('Maléfices de mort lente' et 'Sortilèges de mutilation') et je ne sais pas par quel miracle je suis parvenu à le voir. Je m'en empare à grand- peine et je le feuillette rapidement. Ca n'a pas l'air d'être un livre traitant des Arts Noirs.
La première pages est noircie de runes anciennes qui semblent avoir été marquées de la main pressée d'une personne terrorisée.
Heureusement que j'ai choisi Étude des Runes comme branche à option ! Divination m'attirait au début, mais maintenant, je me rends compte que j'ai bien fait d'hésiter. Encore un jeu du sort qui tourne en ma faveur.
Voyons ce qui est écrit. L'écriture est trop précipitée, j'ai de la peine à déchiffrer. Une chose est sûre, ces notes n'ont pas été rédigées par l'auteur. On dirait plutôt que c'est un élève ayant lu le livre.
'Toi qui lit ces lignes, prends garde à toi !'
On peut vraiment dire que ça commence bien.
'Comme toi, j'étais avide de pouvoir. Comme toi j'ai cherché des explications. Mais les explications n'existent pas. Elles n'existent PAS ! Ce livre t'apprendra l'essentiel, mais jamais la solution. Tu dois savoir que l'enjeu est déjà maudit. Et comme l'enjeu est une énigme, il ne te mènera qu'à une autre énigme et ainsi de suite. Je n'ai pas compris tout de suite. Mais maintenant que je sais, je te mets en garde.'
Mais que veut dire ce type, nom d'une chauve-souris ! Soit ses idées n'étaient pas clairs, soit je ne suis pas doué pour la traduction des runes. Mais je suis plutôt pour la première solution.
'Tourne les pages, mais cherche le sens caché de ce qui y est inscrit. La vérité se trouve au-delà des pages, au-delà des lettres, au-delà de l'encre.'
Le texte s'arrête là. C'est étrange, mais je ne parviens pas à saisir ce qu'essaie, ou plutôt ce qu'essayait, de me faire comprendre ce type. Pourtant, je suis certain que ses paroles sont à prendre au premier degré.
Je tourne les pages et je suis soulagé de voir que plus aucun commentaire runique n'est écrit. Mais à ma plus grande stupéfaction, le livre est complètement blanc. Pas une seule ligne, pas une seule note. Le vide le plus total.
Un coup donné contre la porte me fait sursauter.
-Il est temps de sortir, Mr Jedusor.
« J'a. j'arrive, Madame Lovegood. »
Les pensées se bousculent dans mon esprit. Le temps ne peut pas avoir filé si vite : j'ai mis environ un quart d'heure à trouver et lire le bouquin parlant des Empreintes et des Marques. C'est comme si le fait d'avoir ouvert le petit livret blanc ait fait avancé le temps ou m'ait carrément coupé du monde réel. Mais je n'ai pas le temps d'y réfléchir maintenant.
Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, mais au lieu de reposer le livre immaculé où je l'ai trouvé, je le glisse dans la poche de ma cape. Mes mouvements sont lents, saccadés et totalement indépendants de ma volonté.
-Mr Jedusor, vous êtes coincé sous un tas de livres, ou quoi ? Dépêchez- vous !
Je me précipite vers la sortie et Madame Lovegood referme la porte en me lançant des regards suspicieux. Mais je coupe court à toute tentative de discussion en tournant le dos à la sorcière et en me dirigeant vers la sortie de la bibliothèque.
Mais qu'est-ce qu'il m'arrive, bon sang ! Pourquoi je tremble ? Pourquoi mes mains sont elles moites ? Et pourquoi ai-je l'impression d'avoir commis la plus belle erreur de ma vie ?
-Hey ! Tom ! Par ici !
Je suis arrivé dans le hall d'entrée et Audrey vient à ma rencontre. Je me dirige vers elle et je vois que ses yeux s'emplissent d'inquiétude lorsqu'elle voit l'état dans lequel je me trouve.
-Ben ça alors, Tom ! Qu'est-ce que t'as, mon vieux ? C'est les potions d'Olive qui t'ont mis dans cet état ?
Elle rigole à sa bonne blague, mais elle se reprend en voyant que je ne trouve pas ça très drôle.
-Rhmm. euh. Romulus et les autres doivent déjà être arrivés en classe. On a Défense contre les Forces du Mal.
« Merci, je suis encore au courant de mes horaires, Audrey. »
-Oh, excuse-moi ! Faut pas t'énerver pour si peu. Mais au fait, où t'étais, on t'a pas vu au déjeuner.
« Je faisais des recherches à la bibliothèque. »
-Alors comme ça, tu te la joues studieux maintenant ?
« Est-ce que tu vas arrêter de te foutre de moi cinq minutes ? »
-Mais calme-toi ! Ce que tu peux être nerveux quand tu t'y mets ! Dépêche- toi maintenant ! A moins que tu veuilles arriver en retard au cours d'Ollivander. Je crois d'ailleurs savoir que tu es à l'épreuve à partir d'aujourd'hui.
« Nom d'une chauve-souris ! Tu es déjà au courant ? »
-C'est que les nouvelles vont bon train à Poudlard, tu te rappelles ?
« Tu es désespérante. »
Elle ne répond rien à cela et nous montons les escaliers de marbre, en direction de la salle de Défense contre les Forces du Mal.
Nous entrons dans la classe et nous nous séparons, elle pour aller s'installer à côté d'Olive, et moi pour rejoindre Romulus à ma place habituelle.
-Les recherches étaient fructueuses ? me demande Romulus.
« Pas vraiment. »
-Tu cherchais quoi au juste ?
« Un livre de théorie sur les sortilèges de conversion, pour préparer le prochain examen de Diggory. »
La réponse semble le satisfaire et il ne cherche pas plus loin, ce qui a pour effet de me soulager. Je déteste lui mentir, mais que puis-je faire d'autre.
Miss Ollivander choisit ce moment précis pour pénétrer en coup de vent dans la pièce ce qui fait sursauter tout le monde. Elle se place face à nous, les bras croisés, et elle nous toise de son pénétrant regard vert.
-Je suppose que très peu d'entre vous se sont donnés la peine de trouver une réponse à la question que vous aviez à préparer pour aujourd'hui. Pour ceux qui auraient 'oublié', je rappelle que vous deviez me trouver la principale différence qu'il y a entre un Sinistros et un Spectre de la Mort.
-Moi, je sais madame, fait Romulus.
-Je vous écoute, Mr Lupin.
-Le Sinistros est un chien et le Spectre de la Mort un humain, c'est évident.
Les ricanements fusent dans la salle et le visage de Miss Ollivander s'assombrit.
-Mr Lupin, je vous demande de laisser votre humour très 'spirituel' dans la salle commune de Serpentard, la prochaine fois.
Chester lève la main, et le professeur lui lance un regard étonné. Il faut dire que ce n'est pas du genre de Chester de connaître les réponses aux devoirs.
-Oui, Mr Fairway.
-Le Sinistros présage la mort de la personne qui le voit, tandis que le Spectre de la Mort annonce la mort d'un proche de l'individu auquel il se présente.
-C'est tout à fait ça, Mr Fairway, fait Miss Ollivander de plus en plus étonnée. J'accorde donc cinq points à Serpentard pour cette excellente réponse.
-Oui, commence Romulus, bravo à notre nouveau Mr Je-Sais-Tout. On applaudit bien.
-Taisez-vous, Mr Lupin ! s'énerve-t-elle. Ce cours portera sur le Spectre de la Mort et je vous conseille de bien noter tout ce qui sera dit sur le sujet, car je comte en faire un examen écrit.
Une vague de murmures désapprobateurs parcourt la classe et Miss Ollivander se renfrogne d'avantage.
-Je pense qu'on devrait demander à Ellie de venir servir de cobaye, lance discrètement Romulus à Peter et Chester qui sont assis derrière nous.
Mais visiblement ce n'était pas assez discret, car les yeux de Miss Ollivander dardent Romulus d'éclairs.
-Mr Lupin, vous n'êtes pas le premier idiot à faire cette remarque stupide. Et je peux vous assurer que Miss Prewett est encore moins Spectre de la Mort que vous n'êtes loup-garou.
L'ironie pointe dans sa voix et elle semble satisfaite de l'effet que sa remarque produit sur Romulus : ce dernier a le teint cramoisi et les poings serrés.
-Bon, il est temps de commencer le travail sérieux, déclare Miss Ollivander. Prenez vos livres à la page.
-Attendez, la coupe Clara O'Brien, je ne suis pas sûre que votre affirmation quant à la nature d'Ellie soit fondée.
-Ah oui, Miss O'Brien ? s'étonne le professeur. Contestez-vous mes propos ? Croyez-vous que je manque d'expérience en la matière.
Clara déglutit bruyamment et elle perd toute contenance.
-Euh. ce. ce n'est p. pas ce que je voulais dire, balbutie-t-elle. Mais j'ai des raisons personnelles de penser qu'Ellie puisse être l'une de ses créatures.
-Je suis impatiente de savoir ça, Miss O'Brien. Je vous en prie, continuez.
-Et bien, voilà : j'appartiens à la lignée O'Brien qui est une très vieille famille irlandaise. Et comme vous le savez, la plupart des vieilles familles irlandaises ont leur Spectre de la Mort attiré. Et comme le Spectre annonce la mort d'un proche, j'ai toute les raisons de croire qu'Ellie en est un, parce qu'Ambre est décédée et que c'était ma meilleure amie.
-C'est vrai que les détails peuvent concorder, déclare Miss Ollivander pensive, mais vous oubliez un léger détail : Miss Prewett a 'tué' Miss Quigley, elle n'a pas prédit sa mort. Et je vous ferais remarqué que le Spectre de la Mort rattaché à la famille O'Brien se nomme Aibhill. Et de plus, Miss Quigley était votre amie, mais elle ne faisait pas partie intégrante de votre famille. Et les Spectres sont annonciateurs de la mort prochaine d'un parent ou de quelqu'un rattaché par des liens de sang à la famille concernée. Donc je le redis : Miss Prewett n'est pas un Spectre de la Mort. Et rassurez-vous, Mr Dippet ne laisserait jamais des créatures à caractère non humain étudier à Poudlard.
Je passe le reste du cours à prendre des notes et à poser des questions. Mais j'ai de la peine à ramener mon attention sur la leçon, parce que le petit livre blanc de la Réserve m'obsède. Je le sens dans ma poche et j'ai la rude impression qu'il me nargue. Nom d'une chauve-souris, je deviens complètement débile ! Me faire narguer par un vulgaire carnet, non mais oh ! Je vais pas bien là. Debout, Tom ! T'est l'héritier de Salazar Serpentard, alors tu vas quand même pas t'inquiéter pour un livre qui de plus est totalement vide ?
-Ollivander est folle ! gémit Peter. Un examen écrit sur 'ça', c'est de la torture à proprement parlé !
« Du calme, Peter, on en a vu pire. »
-Peut-être, réplique-t-il, mais est-ce que tu te rappelles du nom du Roi de je-sais-plus-quelle-époque qui avait vu un Spectre de la Mort ? La prof parlait tellement vite que je n'ai pas réussi à noter son nom.
-C'est Brian Boru et ça c'est passé en 1014, répond machinalement Henri d'une voix exaspérée.
-Merci, sanglote Peter.
-Eh ! Mais c'est que t'es un gros bébé, s'exclame Romulus. Faut te reprendre mon gars, c'est pas comme ça que tu vas t'en sortir dans la vie.
Nous marchons dans le parc, en direction des abords de la Forêt Interdite, où se déroule le cour de Soin au Créatures Magiques. Les Gryffondor, avec qui nous avons cours commun, sont déjà là et ils nous toisent d'un air supérieur.
-Oh, non ! Pas eux ! souffle Chester à mon oreille.
-Tiens, mais le petit Peter est en larme à ce que je vois, s'exclame Nathan Weasley ce qui déclenche immédiatement les hostilités.
-La ferme, Weasley ! tonne Henri qui a déjà sortit sa baguette et qui la brandit devant lui comme une épée.
-Tu cherches la bagarre, Nott ?
Weasley sort également sa baguette, mais le professeur Jansen - Ivar de son prénom - , un petit vieillard rondouillard au crâne dégarnit et aux yeux pâles dont l'un est barré d'une cicatrice terrible qui l'a rendu borgne, fait son arrivée, ce qui empêche à Henri et Weasley d'en découdre.
-Bonjour les enfants ! s'exclame-t-il d'un ton bourru.
Il nous fixe les uns après les autres de son ?il valide, puis il nous fait signe de le suivre. Il nous emmène devant un petit enclos remplit de sable où une étrange créature se meut. C'est une sorte de serpent grenat à la peau extrêmement brillante, sauf que sa tête est double et qu'il possède six petites pattes griffues. Jennifer Landry étouffe un cri d'horreur et elle est vite imitée par les autres filles, excepté Sassia Fletcher qui reste impassible, comme à son habitude. Elle est d'ailleurs la seule élève du groupe, Serpentard et Gryffondor confondus, à ne manifester aucune crainte et aucun étonnement pour la bestiole.
-C'est une Sordonne, fait-elle d'un ton détaché. Je ne vois pas l'intérêt de toutes ses simagrées.
« Une quoi ? » m'exclamé-je en même temps que tout le monde.
-Une Sor-don-ne ! Un démon des sables, si vous préférez.
-Oui, en effet, intervient Jansen. J'accorde cinq points à Gryffondor. Mais vous semblez montrer peu d'appréhension envers cette créature qui pourtant effraie plus d'un de vos camarades, Miss Sassia (les professeur ont tendance à appeler les triplés Fletcher par leur prénom pour ne pas prêter à confusion). Puis-je savoir pour quelle raison ?
-Pour la simple et bonne raison que la Sordonne ici présente n'a aucune raison de nous attaquer puisqu'elle n'est pas en présence d'un danger imminent. Et puis si elle venait à le faire, elle n'y parviendrait pas, puisque nous sommes protégés par les barrières de l'enclos.
-Mais admettons qu'il n'y ait pas d'enclos et qu'elle vous attaquait, que feriez-vous, l'interroge Jansen admiratif qui semble avoir oublié que dans cette classe il n'y a pas qu'une élève.
-Et bien je pense que je lancerais un sortilège de défense tel qu'un Maléfice d'Entrave ou un sort de stupéfixion. Mais je suis certaine qu'avec un simple sortilège de répulsion, je serais capable de la mettre hors d'état de nuire.
-Arrête de crâner, Fletcher ! s'exclame Romulus. On sait que t'es une fayotte de Miss Je-Sais-Tout !
-Vous me semblez bien sûre de vous, Miss Sassia, fait remarquer Mr Jansen sans prêter attention à Romulus. Mais peut-être êtes-vous justement 'trop' sûre de vous. Vous ne mettriez probablement pas en doute que je suis un expert en créatures magiques et que j'ai affronté bien des monstres ?
-Bien sûr que non, professeur, répond Sassia ce qui fait ricaner Romulus.
-Et bien vous vous trompez !
Un silence de mort tombe soudain et personne n'ose se regarder. La plus secouée, c'est Sassia : elle reste bouche bée et ses yeux sont exorbités.
-Et bien ! Ne faites pas cette tête-là, mes enfants ! Que croyiez-vous, que je n'avais jamais failli devant aucune menace ? Regardez donc ma cicatrice. Vous ne pensiez tout de même pas que je m'étais fait cela en tombant d'un balai ?
En effet, il est irrationnel de penser que la cicatrice de Jansen fût causée par un petit accident banal. On dirait plutôt une séquelle due à un combat. Elle barre son ?il gauche de l'arcade sourcilière à la pommette en une horrible traînée rougeâtre, le défigurant affreusement. Cela lui donne un air rude et sévère, et pourtant il est encore plus gentil et plus doux que le professeur Ichneumon, et ce n'est pas peu dire.
-Mais alors, comment vous êtes-vous fait ça ? demande Josh.
Tiens, je m'étonnais de ne pas encore l'avoir entendu, celui-là. Mais c'est maintenant chose faite.
-J'étais encore jeune et insouciant lorsque c'est arrivé, répond Jansen. Je sortais tout juste de Poudlard et je partais à la découverte du monde de la sorcellerie dans toute sa grandeur et sa diversité. Je suis allé en Égypte pour étudier les Dragons des Sables et apprendre à les neutraliser. Parce que, comme tout le monde le sait, les Dragons des Sables se confondent parfaitement dans les dunes, grâce à leur couleur sablée, et il causent de terribles dégâts dans les tribus Moldues et sorcières qui peuplent les déserts du monde. Le groupe de recherches auquel j'étais affilié avait établi un campement pour effectuer des investigations sur la plaine où nous nous trouvions. Et un soir, je me suis éloigné du secteur sécurisé pour tromper l'insomnie qui m'avait gagnée. Et c'est alors que j'ai vu une Sordonne pour la toute première fois. Je ne l'ai pas remarquée immédiatement, à cause de l'obscurité, mais les reflets de sa peau écarlate ont attirés mon attention. Elle s'est arrêtée à quelques pas de moi et elle m'a fixé de ses deux pairs d'yeux jaunes et faméliques. Étonné, et surtout très inconscient, j'ai approché la main de l'étrange créature qui m'était apparue. Elle a pris mon geste pour une tentative d'agression et elle m'a sauté dessus et m'a plaqué au sol, ses deux gueules emplies de dents acérées ne cessant de claquer à quelques centimètres de mon visage.
Jansen fait une pause et nous le fixons tous intensément, le souffle coupé.
-Continuez professeur ! Je vous en prie ! s'exclame Ella.
-Du calme, Miss Wilkinson. Je vais reprendre, mais laissez-moi le temps de souffler.
Tout le monde est excité et tendu. Moi aussi, je dois l'avouer. Avec tout cela, j' ai tout oublié du livre blanc, qui est toujours dans la poche de ma cape, à la Marque, en passant par ma mission d'extermination des Sang-de- Bourbe et les remarques de Dippet sur mon comportement de Préfet. La seule chose qui compte pour moi maintenant, c'est de connaître l'issue du combat entre la Sordonne et le professeur Jansen.
-Comme vous, Miss Sassia, je pensais pouvoir venir très facilement à bout de la Sordonne. L'adrénaline avait gagné les moindres partie de mon corps, et elle m'a donné la force de repousser le démon des sables qui a été projeté à plusieurs mètres de moi, me laissant le temps de sortir ma baguette magique. La Sordonne se préparait à l'offensive et j'en ai profité pour lui jeter un Maléfice d'Entrave. Mais aucun effet. Puis un sortilège de stupéfixion. Mais c'était encore moins réussi que le précédent sort. La créature a bondi et j'ai tenté un sort de répulsion. Mais rien ne semblait avoir d'effet sur la Sordonne. Elle m'a atteint au visage, m'arrachant l'?il de l'une de ses gueules et me déchirant le côté gauche de la face à l'aide de ses griffes. Je suis à nouveau parvenu à l'éloigner de moi en la repoussant et je l'ai foudroyé à l'aide du Sortilège Impardonnable de la mort. Cette fois-ci, le maléfice a opéré et la Sordonne est morte sur le coup.
-Le Sortilège Impardonnable de la mort ? Et vous n'avez pas été puni pour l'avoir utilisé, demande stupidement Josh.
-Non, j'étais en cas de légitime défense, explique Jansen.
-En tous cas, elle est terrifiante votre histoire ! s'exclame Romulus béat d'admiration.
-Merci, je suis content que cela vous ait plus, Mr Lupin. Mais cela m'amène à vous poser une question : pourquoi les charmes utilisés avant le Sortilège Impardonnable de la mort ont été inopérants ?
-Parce que les lois magiques qui régissent en Afrique ne sont pas les mêmes qu'en Europe, répond Henri ce qui a pour effet de renfrogner Sassia. Mais le Sortilège Impardonnable de la mort étant universel, la Sordonne a succombé.
-C'est parfait ! J'accorde cinq points à Serpentard.
-Oui, mais professeur, interrompt timidement Chester en levant le doigt.
-Je vous en prie, Mr Fairway.
-Si les sortilèges ne fonctionnaient pas en Égypte, ils doivent par contre fonctionner ici. Donc nous serions capable de venir facilement à bout de la Sordonne qui est dans cet enclos.
-C'est exact, Mr Fairway. Vous possédez un très bon sens de l'observation. Mais je vous ai amené ce spécimen pour que vous puissiez étudier ses comportements et ses habitudes, afin que vous soyez capables de vous en tirer si vous étiez un jour amenés à en croiser un dans son environnement naturel. Je vais également vous enseigner les sorts africains qui vous permettront de tenir un démon des sables à l'écart de votre personne. Mais sachez que cela recèle plus de la Défense contre les Forces du Mal que du Soin au Créatures Magiques. C'est d'ailleurs à la demande de Miss Ollivander que je vous ai amené cette créature. Mais pour que le cours restent dans les règles de l'art, je vais également tout vous apprendre sur la vie et l'habitat de la Sordonne, ainsi que comment la domestiquer.
-Ca risque d'être très passionnant, me souffle Audrey à l'oreille.
« Tu es sérieuse ? »
-Et bien oui, les créatures du désert sont parmi les plus fascinantes du monde de la sorcellerie.
Je m'étonne de voir Audrey s'intéresser de cette manière à des créatures magiques : d'habitude elle se contente de pousser une grimace et de gémir.
Tout le monde part maintenant dans de grandes théories et Jansen se racle bruyamment la gorge pour obtenir un silence plus ou moins relatif, avant de reprendre :
-Je vais séparé la classe en trois groupes de cinq et un groupe de quatre. Un tournus sera organisé : le premier poste sera avec moi, pour la théorie; le second permettra aux membres du groupe de se consulter et d'apprendre les sorts africains; le troisième consistera à observer les comportements de la Sordonne; et le dernier se passera dans l'enclos où chacun de vous tentera de maîtriser la Sordonne en utilisant un minimum de sorts - et des sorts bien de chez nous, évidemment, car les sortilèges africains n'ont pas cours ici.
Je vais maintenant former les groupes : Aidan Fudge, Patsy Cameron, Orlando Murray, Clara O'Brien et Peter Spinnet, vous formerez le groupe A. Le groupe B sera composé d'Ewan Lovegood, Jennifer Landry, Romulus Lupin, Olive Hornby et Audrey Fletcher. Mary Bones, Sassia Fletcher, Alicia Faucett, Chester Fairway et Ella Wilkinson, vous serez le groupe C. Et enfin le groupe D comptera Nathan Weasley, Joshua Potter, Henri Nott et Tom Jedusor.
Il y eut bon nombre de protestations, mais cela ne suffit pas à convaincre Jansen. En deux trois moulinets de baguette, il fit apparaître un tableau sur lequel il inscrivit les formules africaines et leurs équivalents européens.
-Voilà, maintenant la répartition : le groupe A est dans l'enclos avec la Sordonne, le groupe B avec moi pour la théorie, le groupe C prépare les formules et le groupe D observe la réaction du démon des sables face aux élèves du groupe A. Dans un quart d'heure vous passez au poste suivant. C'est partit.
Et nous voilà, Henri et moi, assis en tailleur sur l'herbe en compagnie de nos pires ennemis à observer le groupe A tenter de dompter la salle bête. pardon. je voulais dire la Sordonne.
-Qu'est-ce qu'on est censé noter ? demande Nathan pour la dixième fois.
-J'en sais pas plus que toi, répond Josh pour la dixième fois également.
Contrairement à eux, Henri griffonne plein de choses sur son parchemin et moi de même.
-Qu'est-ce que vous écrivez ?
-C'est trop subtile pour que ton cerveau puisse capter, Weasley, fait Henri, alors laisse tomber. Tu pourrais te griller un neurone à essayer de comprendre.
-La ferme, Nott ! enrage Josh.
« Calme-toi, 'Joshua' ! »
-Commence pas, Tom 'Elvis' ! Oublie pas que tu ne dois pas essayer de perdre ton grade.
« Et toi, n'oublie pas que tu dois essayer de me le faire perdre. »
-T'inquiète pas pour ça, je m'y applique.
« C'est fou comme c'est flagrant. Bravo, Potter. »
-Sois patient, Jedusor. Tout vient à point à qui sait attendre.
« Je suis très patient, mais n'oublie pas : qui sème le vent, récolte la tempête. »
-Changement ! tonne la voix de Jansen.
Nous nous levons tous quatre et entrons dans l'enclos. Je croise un Peter en nage qui s'empresse de s'éloigner de la créature.
-Bonne chance ! me souffle-t-il tout tremblant.
Je pénètre dans l'espace sablonneux et je reste en retrait, comme les autres, pour que la Sordonne ne se sente pas menacée.
-J'y vais le premier, dit Josh. Couvrez-moi, si jamais elle devenait trop violente.
« Faut pas trembler comme ça, Potter. C'est juste un serpent avec deux têtes, des dents acérées et des pattes griffues, rien de plus. »
Josh me jette un regard glacial, puis il avance au centre de l'enclos. Il tient fermement sa baguette face à lui et lance des regards inquiets vers la bestiole puis vers la sortie. La Sordonne le scrute de ses yeux jaunes et globuleux, mais elle semble aussi inoffensive qu'un lézard se dorant au soleil. Du moins, selon les apparences. Mais faut-il se fier aux apparences ? Bien sûr que non !
Le démon des sables saute soudain, faisant sursauter Josh. Le connaissant, il va se servir d'un sort de répulsion.
-'Arcere' ! s'écrie Josh.
La Sordonne est stoppée dans son élan, puis repoussée loin de Josh qui tremble comme une feuille morte. Mais l'horrible serpent n'est pas décidé à laisser Josh s'en tirer à si bon compte. Elle bondit en direction de celui- ci, mais elle retombe stupéfixée.
-Tu l'a mal joué sur ce coup là, Potter, le raille Henri. Laisse donc faire le maître.
Il s'avance à son tour et la Sordonne l'attaque presque immédiatement :
-'Maneo Interuallum' ! déclare calmement Henri en abaissant sa baguette.
La créature se fige, mais pas de la même manière que si Henri lui avait jeté un Maléfice d'Entrave. Elle reste à terre, loin d'Henri et elle le regarde intensément, alors que ses deux têtes vont deux gauches à droite, dans un mouvement de balancier. Puis, lentement, elle ferme les paupières et je jurerai que si je collais mon oreille contre son dos, je l'entendrais ronronner.
Henri revient triomphalement vers nous et me fait signe que c'est à mon tour.
-Qu'est-ce que c'est que ce sort que tu as utilisé, lui demande suspicieusement Weasley.
-Un sortilège de distance, explique Henri.
-Mais, on a jamais appris ça avec Diggory, fait remarquer Potter.
-Non, en effet, répond Henri. Je l'ai appris seul pendant l'été, grâce à des notes que m'a laissé mon père avant de mourir, ou plutôt, avant que ton papounet ne l'envoie droit chez les Détraqueurs, Potter.
-Tu ne vas pas me dire que tu me reproches ça ? s'exclame Potter.
-Je ne te blâme en aucun cas pour ce qu'il s'est passé, c'est à ton père que j'en veux.
-Mais attends ! Mon père est Auror, ton père était l'un des membres de la Cellule Secrète, que voulais-tu qu'il fasse ? Qu'il le laisse continuer de s'en prendre à des innocents ?
-Je crois, Potter, qu'il y a une chose que tu ne sais pas. Quand ton père a arrêté le mien, c'était il y a quinze ans, environ, peu après ma naissance. Donc, il était bien loin le temps de la Cellule Secrète. Et mon père n'était plus un dangereux criminel : il était juste mari et père.
« Je ne crois pas que ce soit le bon moment pour tenter vainement de changer le passé. »
-Pour une fois, je suis d'accord avec lui, dit Weasley.
Les discussions cessent et j'avance vers la Sordonne, qui a maintenant cessé de 'ronronner'. Elle semble à nouveau irritée et n'a pas l'air contente que je me sois permis de m'approcher d'elle. Mais moi, j'ai la situation bien en main. Je sais que je n'aurai besoin d'aucun sortilège, juste ma bouche et mes paroles. Un des avantages premiers à être l'héritier de Serpentard, c'est de posséder le rare don de parler Fourchelang. Et comme la Sordonne est un reptile, je ne devrais avoir aucun mal à en user sur elle.
Les trois autres ont recommencé à discuter et le ton monte de plus en plus. Ca va probablement se terminer par une bagarre, mais en ce moment, ça m'arrange beaucoup, car il ne m'entendront pas siffler et crachoter.
« Reste tranquille, petite Sordonne, je ne te veux aucun mal. »
Le démon des sables me regarde avec étonnement.
-Tu parle la Langue des Serpents ? Je n'ai jamais eu l'occasion de rencontrer quelqu'un comme toi.
« Je le pense bien, les Fourchelang sont très rares. Je suis probablement le seul que tu ne verras jamais dans ta vie. »
La Sordonne semble beaucoup plus confiante et elle s'approche de moi. Je m'assieds à terre, comme pour l'inviter à venir discuter avec moi.
-Si tu parles la Langue des Serpents, tu es un mauvais sorcier.
« Pourquoi en es-tu si sûre ? »
-Parce que nous sommes des créatures maudites. Tout le monde sait ça.
Je voudrais répliquer, mais des exclamations de stupéfaction m'obligent à me retourner. Tous les élèves du cours, ainsi que Jansen, sont autour de l'enclos à me regarder faire. Pour faire un peu le malin j'approche ma main des deux têtes de l'animal.
« Laisse-toi faire, ma jolie. »
Et me voilà en train de caresser la salle bestiole et tout le monde en train de s'extasier comme si je venais de marcher sur l'eau.
Je ressors ensuite de l'enclos et Jansen accorde dix points à Serpentard. Il ne me demande pas comment j'ai fait, et cela me rassure. Je crois que je ne serais pas parvenu à inventer un mensonge, s'il l'avait fait.
Le plafond de la Grande Salle est d'un indigo profond et les étoiles qui le constellent brillent de tout leur feu.
Je suis attablé autour d'un délicieux dîner et je m'applique à manger le plus de pommes de terre sautées possible. A côté de moi, Romulus tente de faire passer une arrête avalée de travers en buvant du jus de citrouille et Olive est en train d'écrire la recette d'une potion de son invention qui, selon elle, serait capable de faire revenir des gens ayant été pétrifiés.
Quelques hiboux s'engouffrent dans la Grande Salle pour distribuer les exemplaires du 'Sorcier du Soir' aux élèves qui y sont abonnés.
Le hibou de Peter, Arabesque, atterrit près de son maître et lui tend sa petite patte où est enroulé le journal. Peter décharge le petit volatile au plumage crème et aux yeux ambrés, et lui tend quelques biscuits.
-Journal du matin, chagrin; journal du soir, espoir, dit philosophiquement Peter en l'ouvrant.
-T'es trop débile ! souffle Audrey entre deux bouchées.
Moment de silence pendant lequel nous mangeons, buvons, lisons, digérons, puis soudain des exclamations, des cris, des gémissements et des pleurs s'élèvent un peu partout dans la Grande Salle.
-Nom d'une Sordonne ! s'exclame Peter. Lisez-moi ça.
Il me tend le journal que j'attrape et que je lis à voix haute, pour que les autres puissent entendre :
'Kenmare Kestrels vs Pride of Portree
Cet après-midi se déroulait la demi-finale de la Coupe de la Ligue qui voyait s'affronter les Kennmare Kestrels et les Pride of Portree. Un millier de mages et sorcières étaient au rendez-vous, dont quelques membres du Ministère.
Le match de Quidditch se déroulait normalement et dans les règles, jusqu'à ce qu'un étrange homme encapuchonné et vêtu d'une cape noire ne transplane au beau milieu du terrain. Il s'est alors mis à jeter une volée d'Imperium sur les joueurs et les a obligé à fondre sur le public et à leur jeter des Sortilèges Impardonnable de la douleur et même de la mort, pour certains.
La situation a été rétablie assez rapidement, car le public comptait dans ses rangs le Chef de la Brigade et Oubliator, Gallia Potter, ainsi que plusieurs Aurors, dont l'illustre Alastor Maugrey.
Le nombre de morts s'élève à vingt-cinq personnes, dont l'Auror Owen Potter et sa fille aînée, Daïra Potter, qui était Poursuiveuse dans l'équipe des Kenmare Kestrels.'
Le reste de l'article continue sur l'énumération des victimes et leurs fonctions, mais je ne veux pas savoir qui a succombé. Je donne le journal aux autres, si ça les intéresse de connaître l'identité des morts.
Je regarde vers la table des Gryffondor et je vois Potter en larmes, serrant le journal de toutes ses forces dans son poing gauche. En ce moment, je n'ai pas envie de le détester. J'ai envie de compatir à sa douleur et de le réconforter, comme les autres. Mais je ne le ferai pas, j'y perdrais trop d'amour-propre.
Je suis étonné de voir que KC Prewett pleure aussi. Peut-être a-t-elle perdu quelqu'un de proche dans l'attaque ?
-La mère des Prewett est morte, commente Romulus.
Je tourne immédiatement la tête vers la table des Serdaigle pour voir comment va Ellie, mais elle n'est pas là. Elle est probablement en train d'errer dans le parc pour pleurer tout son soûl, loin des autres.
Je me lève de table et je me dirige vers la sortie de la Grande Salle.
-Où tu vas ? me lance Chester.
« Promener. »
Je débouche dans le grand hall et je sors dans le parc. J'avance en direction du lac et elle est là. Assise sur la grève, les pieds dans l'eau, elle fixe un point au loin et je l'entends sangloter.
« Ellie, tu ne devrais pas rester toute seule. »
Elle sursaute et se retourne vivement. Son visage est noyé de larmes et elles sont. bleues ! Ses joues son zébrées de traînées d'un bleu profond et glacé ! C'est impressionnant. J'en reste bouche bée.
-Vas-t-en ! s'écrie-t-elle. Laisse-moi tranquille.
« Mais Ellie, tes larmes. »
-Ne regarde pas ! Je t'interdis de regarder !
Elle plonge son visage dans ses bras.
-Pars ! hurle-t-elle.
Apparemment, je ne peux rien faire pour elle, alors mieux vaut faire ce qu'elle m'ordonne.
Je fais sens inverse en effectuant un détour par le terrain de Quidditch. Je m'installe sur les gradins et je fais de la lumière avec ma baguette.
Et alors, pour la première fois depuis ce matin, je sors le livret blanc de ma poche. Je le scrute un moment, comme s'il allait éclaté d'un instant à l'autre et je l'ouvre. Les runes de mise en garde ont disparue. Je parie mon insigne de Préfet que ce livre est relié et scellé par la Magie Noire. Je le feuillette un instant et soudain, des lignes apparaissent lentement sur la première pages. Elles ne sont pas écrites en runes, cette fois. C'est du bon Anglais bien de chez nous :
'Ah ! Te voilà enfin ! Nous pensions que tu viendrais nous voir plus vite. Sache que nous avons le pouvoir de te révéler des tas de choses qui te seront très utiles dans ta quête du pouvoir.'
Je referme brusquement le livre. Mes mains tremblent et tout mon corps est glacé. Je ne sais pas si je ne ferais pas mieux de brûler ce livre. Mais je n'ai pas le temps à la réflexion, car des éclats de voix viennent dans ma direction. Je fourre le livre dans ma poche et je me glisse doucement par terre pour me cacher à la vue des nouveaux arrivants. Ils sont deux. Je vois leurs silhouettes grimper les gradins et venir s'installer un peu plus bas que moi. Il ne m'ont pas repéré.
-Elle n'aurait pas dû venir à Poudlard, entonne une voix douce et grave que j'identifie comme celle de Dumbledore. Ange, le processus est lancé, maintenant.
-Mais Albus, qui est exactement cette Femme ? questionne la voix tremblante de Miss Ollivander.
-Elle appartient à un ordre très ancien qui est considéré comme l'ancêtre de la sorcellerie. Les personnes qui en font partie ne sont pas des mages à proprement parlé. Ils savent maîtriser la magie, mais Ils dominent aussi des puissances plus grande encore. Des puissances telles que la Lune, le Sang, les Larmes, les Éléments et même les Esprits. Ils sont très peu nombreux sur Terre à faire partie de cet ordre : une centaine tout au plus.
-Mais que vient-Elle faire ici ? Elle ne vient tout de même pas chercher la petite ?
-Non, la petite n'est d'aucune manière capable de suivre sa Mère. Mais le fait que la Femme soit arrivée si tôt signifie que le Mal progresse de jour en jour et que le temps nous est compté.
-Il faudra se battre alors, déclare fermement Miss Ollivander.
-Cela ne suffira malheureusement pas. Seule la petite a le pouvoir de terrasser le Mal.
-Alors où est le problème, Albus.
-Le problème est que la petite n'a pas encore le pouvoir. Elle doit le trouver. Et quand elle l'aura récupérer, elle ne pourra pas s'en servir, elle devra le transmettre à un sorcier aux pouvoirs immenses.
-Je suis sûre que c'est à vous qu'elle le donnera.
-Je suis flatté, Ange, mais il ne peut s'agir de moi.
-Mais pourquoi donc ?
-Parce que le sorcier digne de recevoir ce pouvoir n'est pas encore né, et ce n'est pas de la petite qu'il recevra le pouvoir.
-Je ne comprends pas. Et qu'est-ce que la Femme vient faire dans cette histoire ?
-Elle a malheureusement tout à y faire : la dernière fois qu'Elle est venue, c'était pour enterré son ancienne Fille, Elléahrra. Ce qui fait à peu près un siècle, jour pour jour.
-Alors vous voulez dire que.
-Que si Ambar est revenue, cela signifie que la petite Ellijandra va mourir, termine Dumbledore.
Miss Ollivander se met à sangloter et je vois Dumbledore tenter de la réconforter.
-Mais en êtes-vous sûr ? N'est-t-Elle pas venue uniquement dans le but d'initier la petite ?
-Non, Ambar ne vient qu'en de rares occasions à Poudlard. Et depuis que Godric Gryffondor, Helga Poufsouffle, Rowena Serdaigle et Salazar Serpentard ont fondé cette école, Ambar n'est venue que pour ensevelir le corps de ses Filles.
-Quelle horrible créature ! Pourquoi prend-t-elle si facilement la vie de ses Filles ? Quel genre de Mère est-ce ?
-Ce n'est pas Elle qui Les tue, Elle n'est ici que pour Les mener à Leur repos éternel. Croyez-moi, c'est très douloureux pour Elle de perdre ses Filles. Et Elle les a vu défiler, je peux vous l'assurer. Il y a eu Ellimanthra et Ellémanthra, Elliloptra et Elléloptra, Ellicyambra et Ellécyambra, Elliahrra et Elléahrra, qui sont les plus récentes : je ne me souviens plus des noms des anciennes.
-Mais Albus, le jour de la mort d'Ellijandra est-il déjà fixé ?
-Non, mais je crains qu'elle ne sera pas des nôtres au banquet de fin d'année.
-Quand je pense, quand je pense qu'elle est sur le point de mourir et que tous ces camarades l'ignorent, la compare au Spectre de la Mort et la traitent de tueuse. S'ils pouvaient savoir qu'elle est bien au-dessus d'eux et que d'un geste de la main elle pourrait tous les envoyer au tapis, s'ils savaient cela il la respecterait et il la craindrait.
-Je vous en prie, Ange, vous vous laissez emporter.
-Pardonnez-moi, Albus, mais le comportement des élèves me répugne. Je suis pour la justice et contre la discrimination.
-Je vous comprends, Ange. Mais il faut s'en aller maintenant, Ambar tient à nous parler. Et il va falloir être forts pour annoncer tout cela à Ellijandra.
Les deux professeurs se relèvent et disparaissent de ma vue. Je suis totalement hébété.
J'avance dans le grand hall en direction de la Grande Salle. Plusieurs professeurs sont amassés dans le couloir, dont Diggory, Ichneumon, Jansen, Dumbledore et Miss Ollivander. Dippet est aussi là et il discute véhémentement avec une femme. C'est une inconnue. Mais pas pour moi, je sais que c'est la fameuse Ambar. Elle est frêle et longue avec une peau très pâle et des yeux d'un bleu glacé et profond. Ses cheveux sont blancs avec des reflets mauves et Ses lèvres sont de carmin. Elle est vêtue d'une longue et légère robe blanche, mais Ses épaules et Ses bras sont dénudés. Son visage est sans âge et il n'est pas difficile à deviner qu'Elle à traverser les siècles et peut-être même les millénaires.
Je passe à côté d'eux, mais personne ne fait attention à moi. Je retourne dans la Grande Salle qui est presque déserte maintenant. Je m'assieds à la table des Serpentard où les autres sont toujours installés et occupés à discuter du drame qui s'est produit.
Mes yeux sont perdus dans le vide et un goût d'amertume empli ma gorge. Mes pensées dérivent en des lieux insoupçonnés et je n'entends même pas Olive qui s'évertue à me demander comment je vais. Je vois ses lèvres bouger et ses yeux s'emplir d'inquiétude, mais le son n'atteint pas mon cerveau. Et alors que je ne m'y attends pas, elle me gifle. Je sors soudain de ma transe et les bruits alentours me vrillent les tympans.
-Tu m'entends ? me demande Olive.
Je suis encore secoué par le choc, mais je hoche tout de même la tête.
-Tu m'as fait une belle peur, dis-donc ! Tu veux une potion ?
« Non. non. merci. Ca. ça va aller. »
-Tu as raté plein de choses ! s'exclame-t-elle.
« Ah oui ? Et je peux te demander quoi ? »
-Tout le monde discutait, mangeait, pleurait, et tout ça, et d'un coup une femme est entrée. Une femme blanche aux cheveux mauves. Elle portait un grand sceptre d'or à la main et elle a demandé à parler aux professeurs. C'était étonnant.
« Ouais, je connais » ai-je marmonné. « Mais tu dis qu'Elle avait un sceptre, je ne l'ai pas vu. »
-Ah bon. C'est étrange, pourtant il était de taille impressionnante. Mais au fait, tu étais où ?
« J'étais dehors. J'essayais de consoler Ellie. »
-Apparemment ça n'a pas marché, dit-elle en fronçant les sourcils.
« Non, elle m'a dit de partir. Je crois que perdre sa mère l'a vraiment secouée. »
-Et c'est très compréhensible, c'est toujours difficile de perdre quelqu'un de sa famille. Même si on ne le connaissait pas vraiment.
« Pourquoi tu dis ça ? »
-Mais regarde-toi ! Et regarde Henri. Tu n'as pas connu ta mère et il a à peine connu son père, et cela ne vous empêche pas d'être rongé de l'intérieur.
« Ca se voit tant que ça ? »
-Est-ce que les dragons crachent du feu ? Bien sûr que ça se voit. Ca crève les yeux, même.
Je ne trouve rien à répliquer à cela et je préfère m'intéresser aux arabesques que dessinent les rainures du bois de la table.
Les autres lâchent enfin le journal et semblent remarquer ma présence.
-Tu es là, toi ? s'étonne Chester.
-Ca fait au moins dix minutes qu'il est là, lui fait remarquer Olive.
-Ben je l'avais pas vu, scuse-moi.
Je tente de manger une pomme, mais mon estomac se soulève. Je ne peux rien avaler : dès que j'approche le fruit de mes lèvres, des images furtives d'Ellie étendue raide morte sur les dalles du couloir me traversent l'esprit.
« Je vais me coucher. »
-Déjà, s'étonne Audrey, mais tu viens à peine d'arriver.
« Et alors ? »
-Je peux venir avec toi, propose Olive.
« Oui, si ça te fait plaisir. »
Je dis rapidement bonne nuit aux autres, puis, en compagnie d'Olive, je quitte la Grande Salle. Les professeurs et Ambar ne sont plus dans le hall d'entrée.
En arrivant au sommet des escaliers qui mènent aux cachots, je me rappelle soudain de quelque chose.
« Attends, Olive. »
-Quoi ?
« Vas-y déjà, j'ai quelque chose à faire au deuxième étage. »
-Et je ne peux pas t'accompagner ?
« Non. »
Elle est surprise par toute la désinvolture que j'ai mise dans le ton de ma voix.
-Euh. ben dans ce cas tant pis. Je suppose qu'on se reverra demain matin. Bonne nuit.
« Bonne nuit. »
Elle disparaît dans l'escalier et moi, je gravis rapidement les marches qui mènent au premier étage, puis celles qui mènent aux deuxième. Et ensuite je me dirige en direction des toilettes des filles. J'ai quelques petites vérifications à y faire.
Mais alors que je m'apprête à pousser la porte, une voix féminine grave, légère et douce m'interpelle :
-Tu es sûr que tu vas au bon endroit ?
Je me retourne vivement pour me retrouver face à Ambar. Elle est encore plus impressionnante que la première fois que je l'ai vue. Mais je ne vois toujours pas Son sceptre, peut-être qu'Olive a rêvé ?
« Euh. je. je. ne. » Bon sang qu'est-ce qui m'arrive, je suis incapable d'aligner deux mots correctement. Ressaisis-toi, bon sang !
-Oui, je vous écoute.
« Je me suis trompé de porte. » dis-je plus confiant.
-Vous me haïssez, n'est-ce pas ?
Je suis surpris par Sa question et mes yeux s'agrandissent sous le coup de l'étonnement.
« Je. je vous demande pardon ? »
-Vous me haïssez. Je le vois dans vos yeux. Vous aimeriez me tuer. Me tuer de façon atroce et douloureuse.
« Voyons Madame, comment pourrais-je souhaiter de pareilles choses ? »
-Parce que vous l'aimez. Vous aimez ma Fille et vous ne voulez pas qu'elle meurt.
Nom d'une chauve-souris ! Elle sait que je sais. Je ne sais pas comment Elle s'y prend, mais cette Femme lit dans mon esprit comme dans un livre.
-Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas fouiller dans vos petits secrets. Je ne lis en vous que ce que j'ai besoin de savoir. Que ce qui m'est utile, mais jamais ce qui peut vous détruire. Je ne suis pas une créature du Mal, je ne suis qu'une Mère endeuillée qui a vu mourir ses Filles les unes après les autres sans pouvoir les aimer.
Que puis-je bien répondre à cela ? Que puis-je bien répliquer à une mage de mille ans ?
-Je ne suis pas mage, ni sorcière. Et j'ai bien plus de mille ans, croyez- moi.
« Cessez de lire mes pensées, c'est très gênant, vous savez ? »
-Auriez-vous quelque chose à cacher ? Auriez-vous peur que je découvre quelque chose qui vous trahirait ? Un cadavre dans le placard, peut-être ?
« Si il y a quelqu'un qui possède un cadavre dans son placard, c'est votre Fille. » répliqué-je sèchement.
-Ah oui ? Vraiment ?
« Oui, elle s'appelait Ambre Quigley. »
Je Lui raconte l'histoire d'Halloween en troisième année et ce qui en a résulté : c'est-à-dire le fait qu'Ellie soit comparé à un Spectre de la Mort et que tout le monde l'évite sans arrêt.
-Ma pauvre petite. Je ne savais pas tout cela. Comment va-t-elle en ce moment ?
« Très mal. Elle vient de perdre sa mère. Enfin. je veux dire sa mère d'adoption où je sais pas comment vous appelez ça. »
-Vous pouvez dire sa mère. Ellijandra est née du corps de cette femme, mais c'est de mes gênes qu'elle est constituée.
« Mais comment. »
-Pchhhht ! Aucune question, ce ne sont pas vos affaires, jeune homme. Je vais vous laissez , maintenant.
Sans un mot, d'une démarche aussi légère que les plumes qui composent Sa robe, Elle s'éloigne de moi et disparaît de mon champ de vision.
Je lance des regards furtifs autour de moi, puis je pénètre dans les toilettes des filles. Il n'y a personne. C'est logique, tous ont dû réintégrer leur salle commune à l'heure qu'il est.
Je traverse la pièce humide en longeant les lavabos de porcelaine fixés sur toute la longueur du mur. Lorsque j'arrive devant le dernier, celui qui est hors d'usage, je me baisse et scrute le tuyau. Rien du tout. Pourtant l'entrée est ici. Je me relève et je regarde dans le lavabo, mais rien non plus. Soudain, mon regard est attiré par quelque chose d'étrange. Ah ! Ca y est, j'ai trouvé. Sur l'un des robinets est gravé un minuscule serpent. Je me concentre pour me donner l'illusion que le reptile est réel. Quand j'en suis tout à fait convaincu, je murmure 'Ouvre-toi !' et au lieux des mots habituels, c'est un sifflement glacial qui sort de ma bouche.
Le robinet se met à luire d'une étrange lueur blanchâtre et il pivote. Le lavabo bascule en avant et disparaît, laissant apparaître l'entrée d'un gros tuyau où je peux sans mal me glisser.
A peine suis-je entré dans le conduit cylindrique que le lavabo reprend sa position initiale et que je suis projeté en avant. C'est le début d'une glissade sans fin dans les entrailles de Poudlard. C'est excitant, comme si je dévalais un toboggan, et effrayant, comme si j'étais avalé par un animal gigantesque.
L'arrivée est rude : je suis projeté hors du tuyau à l'horizontal et je me retrouve étalé sur le sol vaseux d'une espèce de tunnel. Je me relève, m'époussette un peu et je commence la traversée du long couloir humide.
Je marche depuis maintenant une dizaine de minutes et je ne parviens pas à voir la sortie de ce tunnel sans fin. J'espère que je ne me suis pas trompé de chemin. Selon les indications que j'ai réussi à récolter pendant toutes ces années, je dois me diriger droit dans la salle secrète construite jadis par le grand Salazar Serpentard pour y cacher un monstre capable de rayer les Sang-de-Bourbe de la carte de Poudlard. Mais peut-être que j'ai été mal renseigné ? Peut-être que je vais déboucher dans l'antre d'un dragon ou dans un nid de Sordonnes, qui sait ?
Tiens, j'aperçois quelque chose au fond. Une porte. Je m'en approche et je la détaille du regard : c'est une sorte de mur sur lequel sont gravés deux serpents entrelacés. A la place des yeux, il y a des émeraudes.
« Ouvrez ! »
Un crachotement sort de ma bouche et les deux serpents se séparent presque immédiatement et les deux pans du mur sur lesquels il étaient gravés s'écartent dans un bruit sourd.
Bienvenue dans la Chambre des Secrets.
