Titre : Les Mémoires de Tom Jedusor
Auteur : Katounette
E-mail : skippy_the_kangourou@yahoo.fr
Spoilers : les quatre tomes parus
Nouveaux personnages : Elsa et Artus Rookwood, Claudio-Alano Avery, Dahra Kersh, Gallan McKinnon et Kerria Logan.
Rappel des persos :
Tara Greeth : Serdaigle de cinquième année. Mandy Brooks : Serdaigle de cinquième année. Annie Watson : Serdaigle de cinquième année. Mary Connelly : Serdaigle de cinquième année. Balthus Black : Serdaigle de cinquième année, Capitaine de l'équipe de Quidditch de sa maison. Marius Wright : Serdaigle de sixième année, Attrapeur dans l'équipe de Quidditch de sa Maison et petit ami d'Ellie.
Henri Nott : Serpentard de cinquième année, fils de l'un des instigateurs de la Cellule Secrète et ennemi juré de Nathan Weasley. Chester Fairway : Serpentard de cinquième année, fils de l'ancien Chef de la Brigade, Luke Fairway. Romulus Lupin : Serpentard de cinquième année, éternel comique de la petite bande et petit ami de la jolie Ella Wilkinson. Peter Spinnet : Serpentard de cinquième année, élément pessimiste de la pair de drôles qu'il forme avec Romulus. Ella Wilkinson : Serpentard de cinquième année, petite amie de Romulus et meilleure amie d'Audrey Fletcher. Olive Hornby : Serpentard de cinquième année, harpie folle furieuse qui fait ingurgiter toute sorte de mixtures infectes à ses camarades. Ennemie jurée de Mimi Trelawney de Poufsouffle. Audrey Fletcher : Serpentard de cinquième année, s?ur de Sassia, Kim, Jake et Jamie, et meilleure amie d'Ella Wilkinson. Silver Malfoy : Serpentard de quatrième année, il a tendance à exaspéré Tom à ses heures. Angus Pettigrow : Serpentard de sixième année, ennemi juré de Marius Wright.
Josh Potter : Gryffondor de cinquième année, grand ennemi de Tom Jedusor et Attrapeur de l'équipe de Quidditch de sa Maison. Rubeus Hagrid : Gryffondor de troisième année, très très grand type (presque deux mètres) qui est un grand fanatique de Josh. KC Prewett : Gryffondor de troisième année et petite s?ur d'Ellie. Elle désespère que Josh s'intéresse un jour à elle.
Ivar Jansen : Professeur de Soin au Créatures Magiques. Il est l'un des professeurs les plus appréciés de Poudlard, mais il suscite tout de même un peu de dégoût à sa élève, car son visage est barré d'un énorme cicatrice qui le défigure affreusement. Genius Ichneumon : Professeur de Potions et directeur de la Maison Serpentard. Marlon Diggory : Professeur de Sortilèges, directeur de la Maison Serdaigle et directeur-adjoint de Poudlard. Ambar : Membre d'un ordre étrange aux pouvoirs supérieurs à ceux des sorciers. Elle est la véritable mère d'Ellie et à fait son apparition à Poudlard pour annoncer de mauvaises nouvelles aux professeurs.
NDLA : Le point de vue bascule du côté d'Ellie pour ce chapitre, et le prologue débile commence enfin à agir sur l'histoire.
Résumé général : Une journée de dimanche riche en évènements pour Ellie, ainsi que des investigations très fructueuses dans la Forêt Interdite.
Disclaimer : Tout appartient à Mrs J. K. Rowling. Ah bon ?!
Chapitre 7 --- Le cimetière
On pourrait définir le matin par le lever du jour, la mort de la lune, l'éclosion des fleurs, l'évaporation de la rosée, le réveil des oiseaux et bien d'autres choses encore. Mais c'est la définition pour toute personne normale et pour les lâches. Pour moi, le matin signifie quitter les doux rêves de la nuit qui sont si apaisants, ouvrir mes yeux sur un monde cruel et sans pitié, me lever pour une nouvelle journée de galère, m'exposer aux railleries et aux méchancetés des autres élèves de Poudlard. Et pourtant, pour la première fois depuis bientôt deux ans, je suis heureuse de m'éveiller. Je cligne des yeux et je vois le décor se dessiner tout autour de moi : les plis de mon duvet, les ondulations des tentures bleu roi du lit à baldaquin sous la fraîche brise qui s'engouffre par la fenêtre ouverte, les contours de mon réveil posé sur la table de nuit, et le tout zébré par les mèches de cheveux blonds qui me tombent devant les yeux.
Je tire les draps et je m'assieds en tailleur au bord de mon lit. Les autres dorment encore, noyées dans l'océan de leurs rêves. Elle ne vont pas tarder à se réveiller et c'est pour cela que je dois quitter au plus vite le dortoir. Je fais cela depuis deux ans, chaque matin, car je sais que si j'ai le malheur d'être ici quand elles se réveilleront, j'aurai droit à leur remarques désagréables. Mais pas aujourd'hui. Les choses ont changé et je ne fuirai pas comme une lâche. Non, je vais rester campée sur mes positions et je ferai front à cette bande de pimbêches.
Un bruissement léger se fait entendre. Je tourne la tête. C'est Pattenrond qui frôle les tentures du lit à baldaquin. Il s'approche de moi et vient se prélasser sur mes jambes. Je le gratouille et le papouille et le voilà qui se met à ronronner.
« Bonjour Pattou ! »
-Miaou !
« Bien dormi ? »
-Maraou !
« Dans une semaine c'est Halloween. Tu te rends compte, Pattou ? Ca va faire deux ans qu'elle est morte ! Et le plus étrange, c'est que je m'en fiche. Pour la première fois depuis deux ans je me sens inattaquable. »
-Maôôw !
Je pousse légèrement Pattenrond et je me lève. Je m'approche de l'armoire et je l'ouvre. Mon costume est là, fin prêt pour le grand soir. J'ai hâte de le porter et de me trémousser dedans sur le rythme des dernières chansons à la mode. Je ne sais pas ce qui a bien pu se passer dans l'esprit tordu et vieux jeu de Dippet, mais il a organisé un bal costumé pour la fête d'Halloween. L'année passée, j'aurais grimacé à cette idée et j'aurais évité d'aller me mélanger avec les autres, mais tout est différent maintenant. Je fouille dans l'armoire et j'attrape ma robe préférée, celle que je porte les week-ends pour être à l'aise, parce que l'uniforme de Poudlard n'est vraiment pas génial. C'est un vêtement vert foncé, ample et léger avec de longues manches évasées et un col large. Je l'enfile rapidement et je me chausse. Je me regarde dans le miroir accroché à la porte de l'armoire et j'évalue les dégâts de la nuit. Aïe ! Il me semble que mes cheveux ont encore blanchi et que mes lèvres se sont encore assombries : elles virent gentiment sur le grenat. Un doute soudain m'envahit : que pense Marius de tout cela ? Il ne m'a jamais fait de remarques sur mon physique, que ce soit en bien ou en mal. Je commence à m'inquiéter de l'image de moi que je lui reflète, car ces temps-ci il est de plus en plus distant à mon égard et ne semble plus sortir avec moi que par principe.
DRRRRRRRRRRRIIIIIIIIIIIIIIINNNNG ! Les quatre réveils s'enclenchent en même temps me tirant de mes inquiétudes. Une à une, les têtes échevelées de Tara Greeth, Mandy Brooks, Mary Connelly et Annie Watson émergent des lits à baldaquins. Elles se lèvent et entament leur toilette machinalement avec des mouvements lents et mécaniques. Ce spectacle étonnant s'arrête soudainement lorsque Tara étouffe un cri en remarquant ma présence dans la pièce.
-Qu'est-ce que tu fais ici, 'toi' ? siffle méchamment Mandy.
Je lance un regard farouche à la petite noiraude grassouillette.
« Je prépare un crime dont tu es la victime. Réfléchis, idiote : je me prépare, ça ne se voit pas ?! »
Elle ne sait quoi répondre. Elle se contente de me fixer avec ses gros yeux marron exorbités et elle ouvre et ferme la bouche comme une carpe hors de l'eau.
-Tu. tu. tu.
« Oui ? »
-Tu ne devrais pas être ici, achève Annie.
« Écoute Watson, tu n'as pas à me dire ce que je dois faire ou non. Et j'entends bien ne plus me laisser marcher sur les pieds par vous quatre. »
-Dis-donc, c'est la révolution ou je rêve ? demande Mary d'un ton railleur.
« Oui, on peut dire ça comme ça. Disons que je me réveille d'un long cauchemar et que j'ai décidé de ne plus y replonger. »
-Ca me paraît rationnel comme explication. Mais si tu veux reprendre ta place dans les rangs, il faudra que tu te montres à la hauteur de la tâche.
-Mary, qu'est-ce que tu dis ? s'écrie Tara. Tu ne veux tout de même pas l'intégrer à notre groupe ?
-Pourquoi pas, Tara ? Disons que je ne l'intègre pas directement, ce serait plutôt que je lui donne une chance de faire ses preuves. J'ai toujours pensé qu'elle aurait pu être un bon élément, mais disons qu'elle a toujours été trop introvertie et marginale.
« Je suis prête à faire des efforts, mais il faudra que vous me rendiez la pareille dans ce cas. »
-C'est faisable, dit Mary pensive. Qu'en pensez-vous les filles.
-C'est toi la chef, on te fait confiance, grogne Mandy.
Les deux autres approuvent d'un rapide signe de la tête et Mary semble satisfaite. Du haut de son mètre soixante-quinze, avec sa crinière flamboyante et ses yeux gris, Mary a vraiment tout pour être la leader d'un groupe. Elle a l'esprit vif et sait toujours parer à toutes les éventualités. Annie, Tara et Mandy se sont toujours rangées bien sagement derrière elle et j'ai toujours été la seule 'rivale' potentielle de Mary, car je n'ai jamais ployé devant sa supériorité. De plus, le fait d'être Préfète me donne un certain pouvoir sur elle, ce qu'elle a de la peine à supporter.
La salle commune de Serdaigle est une vaste pièce aux murs de crépi bleu, recouverts de tableaux représentant toutes les sortes d'oiseaux possibles et inimaginables allant du phénix à l'augurey en passant par le vivet doré et le jobarbille. Au centre se tient une grande table bordée de chaises où les Serdaigle s'installent pour faire leur devoirs, jouer, discuter ou même manger, parfois; et au fond de la pièce se trouve une immense cheminée au manteau de marbre noir gravé de runes étranges. Des fauteuils de velours turquoise un peu râpé sont installés tout autour de l'âtre, posés sur un gigantesque tapis bleu roi enjolivé de figures noires évoquant des scènes du passé, qui fait toute la longueur de la salle.
Marius est installé dans l'un des fauteuils, occupé à lire un livre Moldu de sa collection. Je m'approche doucement de lui et je pose les paumes de mes mains contre ses yeux. Et sans que je ne m'y attende, il lâche son bouquin et m'attrape les poignets. Il me les tord et je réprime un cri. Il semble se moquer de ma douleur et se contente de tourner sa tête vers moi et de me lancer un sourire un peu trop forcé à mon goût.
-Bonjour Ellie ! Bien dormi ? demande-t-il d'un ton morne
« Ouais. Et toi ? »
-Je me fais du souci pour mes parents.
« Ah oui ? Pourtant ils ne t'ont pas dit que tout allait bien pour eux ? »
-Oui, je sais, mais il y a eu ce satané attentat il y a trois semaines et j'ai de plus en plus peur de ce qu'il pourrait arriver si Grindelwald se mettait dans l'idée de faire un petit tour par Édimbourg.
« Allons, Marius. Tes parents sont des Moldus, pourquoi Grindelwald voudrait s'en prendre à eux ? Il n'a tué que des sorciers dans la dernière attaque. »
-Oui, mais tu oublies l'hécatombe de Glasgow en 38, le massacre de Gloucester en 40, la tuerie à Londres côté Moldu en 41 et j'en passe et des meilleures.
« Ne te casse pas la tête avec ça. Plus tu seras obsédé par cette crainte, plus elle aura des chances de se réaliser. »
-Merci, je suis rassuré maintenant, dit-il sarcastiquement.
« Tu es désespérant, tu sais ? Aller, viens maintenant, j'ai faim. »
Marius se lève à contrec?ur et me suit. Je lui prends la main pour l'encourager, mais cela le fait tiquer. Je l'entraîne de force hors de la salle commune pour le mener jusqu'à la Grande Salle, mais dans les escaliers du deuxième étage, nous croisons un Tom essoufflé.
« Hé, ça va Tommy ? »
-Pas le temps. faut que je file.
Et le voilà qui repart à toute vitesse en direction du hall d'entrée.
-Ce type est fou, si tu veux mon avis, fait remarquer Marius.
« Mais non. Enfin. si. peut-être un peu. »
-Au fait, il est toujours Préfet ?
« Ouais, pour l'instant du moins. Je crois qu'il lui reste encore deux ou trois jours avant que son examen ne se termine. En tous cas Josh n'a pas été à la hauteur de la tâche. »
-Le pauvre, tu crois qu'il s'inclinera s'il perd ? Parce que le premier match de Quidditch se déroulera dimanche prochain. Ca m'étonnerait que Potter accepte de se désister : Gryffondor contre Serpentard.
Nous pénétrons dans la Grande Salle. Un brouhaha infernal y règne. Je m'assieds à la table des Serdaigle, entre Marius et Mary, qui a bien voulu s'asseoir à côté de moi.
« Pourquoi tout ce cirque, Mary ? D'habitude il sont tous amorphes le dimanche. »
-Le bal, qu'est-ce que tu crois ? Tout le monde se demande qui ira avec qui et tout ça. Sans parler des demandes, des refus et tout ce qui précède un bal, quoi ! Au fait, toi t'y vas avec qui ?
« Marius, bien évidemment. »
-Oh, j'aurais dû m'en douter, fait-elle déçue.
« T'aurais voulu que j'y aille avec qui ? »
-Avec Tom.
-Jedusor ?! s'exclame Marius la bouche pleine de poulet.
-Ben oui, réplique Mary, j'ai toujours trouvé que ces deux-là feraient un très beau couple.
-Ellie, je t'en prie, dis-lui de se taire ou je l'étrangle ! m'ordonne-t-il en riant. Jedusor. ah là, là. Ma pauvre Mary, tu as de ses idées.
-Tu dis ça parce que tu es jaloux, le provoque-t-elle.
-Dis pas de bêtises. Moi, jaloux d'un p'tit de cinquième ?
-Eh ! Ferme-là ! Je suis aussi une 'p'tite' de cinquième !
-Tout doux, Mary, je voulais pas te blesser dans ton amour propre.
-Ellie, je t'en prie, dis-lui de se taire ou je l'étrangle !
« Tiens, j'ai déjà entendu ça quelque part. » dis-je d'un ton détaché.
-Ok, on change de sujet, dit Marius. Dis-moi, Mary, et toi, avec qui t'y vas, au bal ?
-Avec Balthus.
-Black ?! s'écrie Marius d'un air dégoûté.
A ce moment là, Balthus Black s'assied à côté de Mary et fusille Marius du regard.
-En personne, Wright. Pourquoi, ça te pose un problème ?
-Non, aucunement. C'est juste que je pensais que tu choisirais quelqu'un de plus exceptionnel pour te mettre en valeur.
-Quoi ? s'exclame Mary. Mais je suis assez exceptionnelle !
Et c'est repartit pour un tour. Un déjeuner des plus normal à la table des Serdaigle. Je commence à comprendre pourquoi j'ai choisi d'être solitaire. Je n'en peux plus de les écouter se disputer pour des inepties, alors je termine rapidement mon assiette de purée et je me lève. Personne ne semble me voir, même pas Marius. Avec le temps, j'ai même réussi à devenir transparente à ses yeux, à moins que ce soit lui qui ne veuille plus faire attention à moi. Peut-être que je suis avec lui depuis trop de temps. Après tout, ne dit-on pas qu'avec le temps la passion s'affaiblit ? C'est peut- être vrai.
Je sors dans le hall d'entrée qui est désert et là j'hésite : est-ce que je sors dans le parc ou est-ce que je réintègre la salle commune ? Où serais- je le plus tranquille ? Dans le parc, évidemment. C'est donc là que je me dirige. Dehors le soleil brille anormalement pour un jour d'octobre, mais il ne parvient pas à réchauffer le froid qui embaume l'air. Au loin, les arbres de la Forêt Interdites émerveillent les sens par leurs couleurs or et pourpres. Je suis soudainement envahie d'une vague de nostalgie. Les paroles d'Ambar me reviennent à l'esprit : 'Lorsque les feuilles seront d'or et que le froid te piquera les yeux, alors seulement tu accompliras la tâche dont tu es investie.' Je lève les yeux vers le ciel et je murmure quelque chose dans une langue inconnue.
-Qu'est-ce que tu dis ?
Je sursaute et me retourne vivement.
« Tom ? Qu'est-ce que tu fais là ? »
-Je t'ai vu sortir, alors je t'ai suivie.
« Et tu veux quoi ? Tu ne m'as sûrement pas suivie sans raison. »
Mon ton est un peu cassant, je lui en veut de m'avoir surpris comme ça. Déjà qu'il m'a vu pleurer il y'a trois semaines et que depuis cela je passe mon temps à éluder ses questions gênantes.
-Ben, disons que je voulais te parler. Mais tu veux pas qu'on aille dans un endroit plus discret, ce serait mieux.
J'acquiesce, en espérant qu'il ne m'interroge pas sur la couleur de mes larmes, et il m'emmène à l'orée de la Forêt Interdite, à mi-chemin entre les serres et la cabane du garde-chasse. Il regarde de tous côtés, s'assurant que personne ne peut nous entendre, puis il tourne son visage vers moi. Un étrange sourire se dessine sur ses lèvres et ses yeux brillent étrangement, fuyant sans arrêt mon regard. Il ouvre la bouche, mais aucun son n'en sort.
« Qu'est-ce qu'il y a ? » demandé-je inquiète.
-Je. c'est difficile à dire. Je. je suppose que tu as déjà un cavalier pour le bal. Wright, n'est-ce pas.
Je ne parviens pas à articuler un seul mot. Je suis totalement tétanisée et mon c?ur cogne douloureusement dans ma poitrine. Tom Jedusor, essaierait-il de m'inviter au bal ? Je baisse les yeux et il semble comprendre que c'est le cas.
-Oui, je m'en doutais bien. Mais tu sais, c'est pas ça l'important. Ce. ce que je voulais te dire c'est que. que. Ellie, je.
Il n'arrive pas à le dire, mais j'ai déjà compris. Du moins c'est ce que je crois.
-Voilà, je. je voulais te dire que de. depuis qu'on est en première. Mais qu'est-ce que je dis, moi ? Bon, je vais pas tourner autour du pot plus longtemps. Ellie, je. et bien. je t. je t'aime, finit-il par lâcher dans un souffle.
J'ai l'impression qu'on vient de me stupéfixée à l'instant. Je m'y attendais et je m'étais préparée à cela, mais pourtant cela ne m'a pas permis de minimiser l'impact des mots sur mon métabolisme : mes joues s'empourprent, mes pupilles se dilatent, mon c?ur tente de s'arracher à ma poitrine, ma respiration s'accélère et tout mon corps est comme électrisé. La main de Tom se pose tout doucement sur ma joue et il approche son visage du mien. Je suis incapable de réagir, incapable de le repousser, d'empêcher ce qui va se produire dans quelques secondes. Mes paupières se ferment, dominées par une volonté qui ne m'est pas propre et je sens le souffle chaud de sa respiration sur mon visage. Lorsque ses lèvres fraîches se déposent sur les miennes dans un tendre baiser, je reprends soudainement conscience du monde qui m'entoure. Je réouvre les yeux suffisamment rapidement pour voir son visage s'éloigner du mien. Je veux dire quelque chose, mais à peine mes lèvres s'entrouvrent-elles qu'il s'enfuit en courant et disparaît derrière les serres.
-Ellie, tu es sûre que ça va ? me demande Marius pour la dixième fois.
Je suis assise dans un fauteuil de la salle commune et je me réchauffe devant l'âtre. Je suis incapable de le regarder dans les yeux et je me contente d'opiner de la tête. Tout est brouillé dans mon esprit. J'essaie de penser à autre chose, mais à chaque fois l'expression qu'affichait Tom en me disant qu'il m'aimait repousse toutes mes pensées. Ai-je rêvé ? C'est l'impression que j'ai. Tout à été trop rapide, trop soudain pour que mon esprit puisse assimilé ce qu'il s'était réellement passé. Soudain, un sentiment nouveau envahit tout mon être. Je brûle de l'intérieur. Je. je brûle d'amour ?! Est-ce que j'aime Tom ? C'est étrange, mais j'ai l'impression que ça n'aurait jamais pu en être autrement. Je prends mon courage à deux mains et je me lève du fauteuil. Je me retourne vers Marius et je plante mon regard droit dans le sien. Il me regarde suspicieusement, mais je reste totalement impassible.
« Marius, je ne peux pas aller au bal avec toi. »
-Pardon ? Recommence, s'il te plaît, je crois que j'avais quelque chose dans l'oreille.
« J'ai dit que je ne pouvais pas aller au bal avec toi. Je suis désolée, mais. Non ! Non, en fait je ne suis pas désolée du tout. Et ce n'est pas que je ne 'peux' pas, c'est plutôt que je ne 'veux' pas. »
Ses yeux s'agrandissent sur le coup de la stupeur et il éclate soudain de rire.
-Arrête ça, Ellie. Ok, c'était très drôle, mais maintenant ça suffit.
« Mais je ne rigole pas, Marius. Je ne vais pas avec toi, c'est tout. » -Ellie, je veux bien admettre que tu es très fatiguée ces dernier temps, vu que tu as perdu ta mère et tout ça. Mais je ne comprends pas vraiment ce qui t'arrive maintenant.
« C'est pourtant très clair. D'ailleurs tu devrais être content. Tu ne m'aime plus, avoue-le. Ou du moins plus autant qu'avant. »
Il baisse les yeux et fixe ses chaussures. J'avais vu juste.
-Oui, c'est vrai que ce n'est plus autant rose qu'au début, mais c'est de ta faute !
« Ma faute ? »
-Ben oui, avec tout tes mystères tu m'effraies. Je ne sais plus quoi penser, plus quoi faire. Et puis, regarde-toi : tu as l'air d'une morte- vivante, d'un. d'un Spectre. Ce n'est pas que j'accorde grande importance à l'aspect physique, mais. mais.
« Inutile de te justifier, Marius. Je ne suis pas fâchée contre toi, loin de là. Peut-être qu'on devrait arrêter, qu'est-ce que tu en penses ? »
-Ben, je n'osais pas t'en parler, mais puisque tu en parles et ben oui, je préférerais.
Je lui souris et il me rend mon sourire. Je me sens totalement soulagée. Maintenant, pas une minute à perdre, il faut que je trouve Tom au plus vite. Je me précipite hors de la salle commune en bousculant tout le monde au passage. Une fois dans le couloir, je me rappelle soudain que je n'ai aucune idée de l'endroit où peut se trouver Tom en ce moment. Pas le temps de réfléchir, je fais un petit saut chez Serpentard et s'il n'y est pas, j'aviserai.
Les cachots sont toujours aussi froids et aussi visqueux. La salle commune des Serpentard doit se trouver par là, mais impossible de différencier l'entrée de la salle commune du mur, et le couloir est désert, donc il n'y a aucune chance que je trouve quelqu'un pour aller chercher Tom. Alors que je suis au bord du désespoir, un pan de mur gris glisse soudain, laissant apparaître Silver Malfoy.
-Prewett, qu'est-ce que tu fiches ici, bon sang ?
« Contente de te voir aussi, Malfoy. Euh, disons que je me demandais si tu pouvais pas aller chercher Tom pour moi. »
-Ouais, attends ici.
Il disparaît de ma vue et j'attends tranquillement son retour. Je me balance sur mes jambes pour me réchauffer un peu et je plisse les paupières, car la pénombre commence à envahir les cachots. Il doit être environ quatre ou cinq heures de l'après-midi, maintenant. Le mur bascule à nouveau et c'est un Malfoy bredouille qui en sort.
-Désolé, il est pas là. Romulus m'a dit qu'il était partit il y a plus d'une heure.
« Merci quand même. »
-Maintenant, écoute-moi bien, Prewett : j'ai été bien gentil aujourd'hui, mais il faut que je t'avertisse : ce sont les quartiers de Serpentard, alors merci de rester bien sagement dans ta tour et de ne plus venir rôder par ici. Je te dis ça en ami, car j'en connais certains qui se feraient un grand plaisir d'amocher ton joli petit minois, s'ils venaient à te croiser.
« C'est. c'est d'accord » dis-je en déglutissant bruyamment.
Malfoy m'accompagne jusque dans le hall d'entrée où nous nous séparons : lui pour aller dans le parc, et moi pour monter au deuxième étage. J'ai souvent vu Tom traîner par là, alors je suppose qu'il y est probablement. Je suis encore toute retournée par ce que m'a dit Malfoy. Apparemment les Serpentard préparent quelque chose de pas très net si même l'accès de leur couloir nous est maintenant interdit. Il faudra que je mène ma petite enquête. Je fais rapidement le tour de l'étage, mais aucun signe de Tom. Et soudain j'entends un bruit provenant des toilettes des filles. Je m'approche doucement et j'entre. Il n'y a personne. J'ai dû entendre le bruit des robinets qui gouttaient. Mais soudain une chasse d'eau est tirée et la porte de la cabine du fond s'ouvre. C'est Mimi Trelawney. Elle s'approche de moi suspicieusement, battant des paupières derrière ses grosses lunettes. Ses cheveux noirs et gras tombent sur son visage pâle couvert de boutons, lui donnant un air de zombie. Ses yeux sont rougis par les larmes et elle ne cesse de renifler.
-Qu'est-ce que tu fais là ? Ce n'est pas ton étage, je te ferais remarquer, dit-elle la voix tremblante.
« Excuse-moi, Mimi, je. j'ai cru que tu étais Tom. »
-Tom ? s'exclame-t-elle. Allons, tu es folle ou quoi ? C'est des toilettes de filles ici, je te signale. Et en plus ici c'est l'étage des Poufsouffle.
« Oui, c'est vrai, suis-je bête. Rhmm ! Euh. je ferais mieux d'y aller... Je ne voudrais pas être indiscrète, Mimi, mais pourquoi tu pleures ? »
Elle éclate soudainement en sanglots et elle se blottit contre moi. Ne sachant pas quoi faire, je lui passe les bras autour du cou et je tente de l'apaiser en chantonnant doucement. Mimi se dégage finalement de mon étreinte et sèche ses larmes. Elle me jette un regard où se mélange l'étonnement, l'admiration et le soupçon.
-C'est beau ce que tu chantes, mais c'est en quelle langue ?
Sans m'en rendre compte, j'ai chanté dans la langue d'Ambar. Je me donne mentalement une gifle pour m'être laissée aller à ce point.
« Je ne sais pas, je. je crois que c'est une langue. euh. celtique. »
La lueur qui s'allume dans ses yeux noirs me confirme qu'elle ne m'a pas crue. Mais elle ne me cherche pas querelles.
-Tu voulais savoir pourquoi je pleurais, et bien disons que c'est à cause.
« D'Hornby » achevé-je
-Oui, elle m'a encore ridiculisée devant tout le monde, il y'a une demi- heure. Je ne sais pas ce qu'elle a contre moi, mais c'est toujours pareil. Elle s'était calmée un moment, mais depuis avant-hier, elle a redoublé ses attaques.
« Laisse-moi réfléchir. Avant-hier, est-ce que quelqu'un t'as demandé de l'accompagner au bal ? »
-Oui.
« Et ce quelqu'un, est-ce qu'il ne s'appellerait pas Tomas Dubois, par le plus grand des hasards ? »
-Exactement, il est en cinquième année à Poufsouffle.
« Je sais, on a cours commun de botanique, j'ai déjà eu l'occasion de le voir. Un très beau garçon en vérité, n'est-ce pas ? »
Pour toute réponse, Mimi vire au cramoisi.
« Et bien, cette chère Hornby a des vues sur Tomas. C'est donc pour ça qu'elle recommence à t'emm. à t'embêter. Alors je te conseille de te servir de cette faille et de l'exploiter. Fait bien comprendre à Hornby que Tomas est avec toi et qu'elle n'a aucune chance face à toi. Il faut qu'elle ait mal et qu'elle soit profondément blessée dans son amour propre.
-Tu dois être Serpentard dans l'âme, c'est sûr, souffle Mimi comme pour elle-même avec une pointe de dégoût dans le ton. Mais il me semblait qu'elle s'était entichée de Jedusor ?
« C'était encore vrai il y'a quelques semaines, mais je crois qu'il lui a mis les points sur les 'i' et qu'elle cessé de creuser de ce côté. »
-Ouais peut-être, mais jamais j'oserais faire ça à Hornby. Tu sais vraiment pas comment elle est.
« Tu fais comme tu veux, Mimi, mais c'est ton unique chance, alors ne la laisse pas passer. Allez, j'y vais maintenant. Au revoir Mimi. »
Je lui fais un signe de la main et quitte les toilettes des filles et je me dirige dans le hall d'entrée pour poursuivre mes recherches. En entrant dans la Grande Salle, un souvenir m'assaille soudain. 'Tu dois être Serpentard dans l'âme' m'a dit Mimi. Et bien voilà ce que m'a dit le Choixpeau lors de la Répartition :
'Prewett ? Est-tu sûre que c'est bien ton nom. Je ne vois pas en toi la fille de Linda et de Jack. Mais peu importe. C'est intéressant. très intéressant. Secrète, ambitieuse, introvertie, studieuse et même audacieuse. Difficile de te répartir, certes. Avec une aura et une détermination comme les tiennes, tu aurais tout à fait ta place chez Serpentard. Oui, tu es exactement le genre de personne que Salazar Serpentard aimait compter dans ses rangs. Mais néanmoins, avec une soif d'apprentissage pareille, ce serait un crime que de ne pas t'envoyer à SERDAIGLE !'
La Grande Salle est pratiquement déserte maintenant. Malheureusement pour moi, Tom n'est pas plus ici que dans les toilettes des filles du deuxième étage. Je soupire d'exaspération et je m'assieds sur un banc, sans prendre la peine de savoir si c'est ma table ou non.
-Ellie !
C'est KC, elle est installée en bout de table avec Rubeus Hagrid, son meilleur ami. Je me lève et vais m'installer à leurs côtés.
« Salut soeurette, salut Rubeus. »
-Tu vas bien ? s'enquière KC.
« Ouais. je cherche Tom, vous l'avez pas vu ? »
-Nan, pas vu, répondent-ils en c?ur.
-Tu veux du jus de citrouille ? me demande KC en me tendant un verre.
« Non merci, je vais y aller. »
-Oh non ! Je t'en prie, reste avec nous !
Je soupire, puis je hoche lentement la tête ce qui fait apparaître un immense sourire sur le visage de ma petite s?ur.
-Tu vas avec qui au bal ? me demande Hagrid pour lancer la conversation.
« Euh. ben c'est pour ça que je cherche Tom, en fait. Pour répondre oui à sa proposition. enfin. à sa sorte de proposition. »
-Ohoh ! Avec Tom. c'est nouveau ça. Et qu'en pense Wright, demande KC.
« J'en ai fini avec lui. On a tout arrêté aujourd'hui. »
Un sourire malicieux et satisfait passe rapidement sur les lèvres de KC. Elle n'a jamais tellement aimé Marius et le fait que je ne sois plus sa petite amie semble l'emplir d'une joie malsaine.
-Ca ne me plaît pas tellement. fait-elle pensive.
-Quoi ça ? s'étonne Hagrid.
-Ben qu'Ellie aille avec Tom. Je n'aime pas tellement ce type. D'ailleurs je n'aime aucun Serpentard de sa petite bande.
« Voyez-vous ça, je t'en prie, explique nous pourquoi. »
-Ok, je vais vous faire mon exposé, qui est assez long, donc accrochez vous : D'abord Jedusor, vu que c'est le chef de cette joyeuse bande : lui c'est le profil type du véritable Serpentard. Il est froid, intelligent, distant, direct, méthodique et machiavélique. Il en connaît probablement un bon rayon sur les Forces Obscures et il en sait beaucoup plus sur la magie que ce qu'il veut bien laisser paraître. Lupin, c'est le ver dans le fruit: il est beaucoup trop sociale, comique et audacieux pour être un bon Serpentard, mais toutefois il est beaucoup trop ambitieux pour faire un Gryffondor acceptable. Wilkinson est un peu dans le même cas, sauf qu'elle est partagée entre Serdaigle et Serpentard, ce qui l'a rend très assidue à tout ce qu'elle entreprend. Ensuite vient Fairway : alors lui c'est le musclé sans cervelle. Il a un caractère malsain, ce qui lui donne droit à sa place chez Serpentard, mais son QI fait tout de même un peu honte à sa Maison. Hornby est cruelle et intelligente, ce qui lui permet de frapper là où ça fait mal : il suffit de regarder Mimi Trelawney pour se faire une idée concrète de ce que je dis. Elle est passée maître dans l'art des Potions et je mettrais ma main à couper qu'elle ne concocte pas uniquement des infusions relaxantes, si vous voyez ce que je veux dire. Maintenant, Spinnet : pathétique, hypocrite, coincé, pessimiste mais tout de même intelligent et ambitieux, il préfère se cacher dans l'ombre des autres, et au moindre problème, ce serait le premier à lâcher ses camarades. Il aurait parfaitement eu sa place chez Poufsouffle, mais il semblerait que le destin en ait décidé autrement. Audrey Fletcher, c'est la rebelle. Son caractère fort et persévérant pourrait laisser penser qu'elle est faite pour gouverner la bande, mais face à Jedusor elle n'est qu'un petit grain de poussière parmi tant d'autres. Elle est orgueilleuse et fière à un tel point qu'elle serait prête à sacrifier ses frères et s?urs plutôt que de perdre son honneur. Je passe maintenant à Silver Malfoy : c'est le plus jeune, étant donné qu'il est en quatrième, et il n'a pas encore réussi à imposer parfaitement sa présence au sein du groupe. Elsa Rookwood est une sixième année à la froide intelligence et c'est une experte en métamorphose - je la soupçonne d'ailleurs d'être un Animagi non- déclaré. Son point faible est qu'elle se prend sans arrêt pour plus que ce qu'elle n'est, car son frère n'est autre que le grand Artus Rookwood qui enseigne la Nécromancie à l'école de sorcellerie de Durmstrang. Un autre sixième année : Angus Pettigrow. Je ne le connais pas des plus, mais je crois savoir que sa matière de prédilection est la Divination, ce qui est très étrange de la part d'un Serpentard. Il y a aussi Claudio-Alano Avery, le Préfet-en-Chef de Serpentard. C'est l'aîné de la bande, sans pour autant en être le leader, et je sais de source sûre qu'il est passé expert dans la pratique des Arts Sombres. Et enfin, le plus intéressant de tous, j'ai nommé Henri Nott : il est aussi le profil type du parfait petit Serpentard, et pourtant il se différencie par son sang froid et son impassibilité à toute épreuve. Peu de chose sont aptes à le démonter et il a toujours une bonne réplique cinglante à assener à quiconque lui cherches des noises. Il est très fidèle et c'est le plus fervent membres de la petite bande. Il n'arrive pas à la cheville de Jedusor et encore moins à celle d'Avery du point de vue Magie Noire, bien qu'il puisse se vanter d'en savoir bien plus que nécessaire sur certains sortilèges, mais il n'en est pas pour autant moins respecté. C'est sûrement dû à son appartenance à la famille Nott qui égale facilement celle des Malfoy et des Rogue qui sont très craintes dans le monde de la sorcellerie. Bref, c'est le parfait Mangemort, comme dirait Sassia.
« Mangequoi ? » m'écrié-je en m'étouffant avec le jus de citrouille que j'ai fini par boire.
-'Mangemort'. C'est comme ça que Sassia surnomme les amis de Jedusor. Elle se plaît à dire que c'est lui le 'maître' de la bande et que les autres sont en quelque sorte ses 'partisans'. Alors elle leur a dégoté ce sobriquet. J'avoue qu'il y a de l'idée.
-T'es vraiment trop drôle, KC, s'esclaffe Hagrid. Tu es hyper douée pour nous décrire la bande à Jedusor, mais tu es incapable de rendre une dissertation présentable en Histoire de la Magie.
« Ouais, ça c'est bien vrai. En tous cas, merci pour l'explication, KC. Euh. et puis vous deux, vous y allez avec qui au bal. » dis-je pour détourner la conversation qui commence à me mettre sérieusement mal à l'aise.
Ils rougissent tous les deux et baissent les yeux.
-Je n'y vais avec personne, répond Hagrid déconfit.
-Et moi j'y vais avec Josh, dit KC qui a maintenant le teint cramoisi.
« Oh, alors il s'est enfin décidé à te porter un peu d'attention ?! Il en a mis du temps. Mais toi, Rubeus, pourquoi tu n'y vas avec personne ?
-Ben j'ai essayé de demander à Dahra Kersh, mais elle y va avec Gallan McKinnon, et aussi à Kerria Logan, mais elle a dit qu'elle ne voulait pas y aller avec moi à cause de. à cause de.
Les mots restent coincés dans sa gorge et des larmes apparaissent aux coins de ses yeux.
« Je sais pourquoi, Rubeus. Mais ne te mets pas dans des états pareils pour cette petite imbécile. Ne fais pas attention au jugement que les gens portent sur ta taille. euh. démesurée. Ils ne voient que ce que leurs petits yeux crétins veulent bien voir et ils ne prennent pas conscience de ce qu'ils ratent. »
Hagrid se passe rapidement la main sur les yeux et KC me lance un regard plein de gratitude. Je reprends le verre de jus de citrouille et je le sirote lentement. Un silence s'installe et tout le monde semble perdu dans ses pensées. Mais soudain KC s'agite et un sourire radieux fend son visage d'une oreille à l'autre. Elle regarde Hagrid avec insistance, mais celui-ci ne semble pas percevoir le message muet qu'elle lui lance.
« Qu'est-ce qu'il y a ? » demandé-je suspicieusement.
-Rubeus, tu crois qu'on peut lui montrer ?
-Non, répond fermement ce dernier.
-Oh, s'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît !
Devant son air de chien battu, Hagrid lève les yeux au ciel et soupire d'exaspération.
-Ouais, je veux bien. Mais il faudra qu'elle promette de se taire.
-Promets-le, Ellie.
« Euh. je le promets. Mais que. »
-Allez, viens ! On va te montrer.
Elle saute littéralement sur ses pieds et me tire par le bras pour que j'en fasse autant. Hagrid se lève lui aussi et KC nous presse de la suivre. A ma plus grande horreur, elle prend la direction des cachots. Je veux l'arrêter, mais elle est déjà en bas de l'escalier.
« KC ! KC ! Attends ! »
Elle se retourne pour nous attendre et me lance un regard interrogateur.
« On ne peut pas venir par ici. Malfoy m'a dit d'éviter l'endroit autant que possible. »
-Ne me dis tout de même pas que tu vas t'abaisser devant les menaces d'un Serpentard, ricane-t-elle le ton plein de désinvolture.
« Non, mais tu sais comment ils sont. »
Je me sens soudain très stupide. Je me racle la gorge pour me redonner un peu de contenance et je fais signe à KC de reprendre sa route. Lorsque nous arrivons à la hauteur de la salle commune de Serpentard, elle bifurque dans un couloir adjacent que je connais fort bien : c'est le chemin qui mène au cachot n° 8, où se déroulent les cours de Potions. KC se retourne et nous fais signe de ne faire aucun bruit. Nous traversons le couloir comme des voleurs en passant à pas de loup devant la porte de la salle de classe, au cas ou Ichneumon serait à l'intérieur en train de corriger je ne sais quel devoir. Au fond du corridor, nous prenons un nouvel embranchement qui nous mène devant. un placard. Un simple placard à la grande porte de chêne encastré dans le mur.
-A toi l'honneur, me fait KC en me lançant un clin d'?il malicieux.
Je m'approche de la porte et je tire la poignée. Elle est fermée, évidemment. Je sors ma baguette qui est coincée dans le cordon de ma robe et je tapote la serrure en murmurant 'Alohomora', mais rien ne se produit et le loquet reste bloqué. Je réessaie en y mettant un peu plus de conviction, mais toujours rien. Derrière moi, KC se met à pouffer de rire et Hagrid tente tant bien que mal de réprimer son fou rire. J'essaie de les ignorer et je tente le nouveau sortilège que nous a appris Diggory, la semaine passée :
« 'Nuntiare Foramen' ! »
Un jet orangé en forme de clé jaillit de l'extrémité de ma baguette et s'insinue dans le verrou. Je me retourne et voit que les deux autres ont cessé de rire : ils regardent avec appréhension la serrure. Un tintement retentit et je reporte mon attention sur le verrou. La clé de fumée est soudainement projetée hors du loquet et vient me frapper en pleine poitrine, me projetant contre le mur opposé. KC s'écroule tant elle rigole, alors qu'Hagrid m'aide à me relever entre deux éclats de rire.
« OK, dites-moi quel est ce sortilège. » demandé-je vexée en me massant le bas du dos encore endolori par le choc.
-On a scellé la serrure à l'aide d'un maléfice de verrouillage qu'on a trouvé dans l'un des livres de Diggory, m'explique fièrement KC.
« Ah, parce que vous avez accès aux grimoires de Diggory, vous deux ? »
Ma remarque produit l'effet escompté : ma s?ur pâlit dangereusement et Hagrid déglutit difficilement.
-Ben. euh. c'est-à-dire, commence Hagrid.
-Qu'on les lui a emprunté, termine précipitamment KC.
« En tant que Préfète, je me devrait d'informer le directeur de ma Maison que vous piquez ses bouquins. » fais-je remarqué en essayant de rester le plus sérieuse possible devant leurs têtes d'enterrement. « Mais après tout vous êtes des Gryffondor : c'est dans votre nature d'enfreindre le règlement, alors est-ce que je peux aller contre des siècles de tradition ? Non, c'est pas mon genre. »
-Bref, reprend KC soulagée, on a trouvé une super formule de verrouillage capable de résister même aux 'Alohomora' les plus persistants.
« Oui, c'est très bien, mais j'aimerais bien que vous ouvriez cette porte, si c'est possible. »
KC fait signe à Hagrid de s'exécuter et il sort sa baguette, avant de s'approcher de la porte à son tour.
-Le maléfice ne peut se briser qu'à l'aide d'un seul et unique sort, m'explique-t-il. 'Licentiae Aditum' !
Une petite bulle argentée s'échappe alors de sa baguette et va se glisser dans le trou de la serrure. Il ne se passe rien pendant un moment, puis la bulle éclate, ce qui a pour effet de déverrouillé la porte qui s'entrebâille légèrement. L'embrasure s'élargit de plus en plus et Hagrid empoigne la poignée avec force pour ouvrir la porte en grand. J'étouffe un cri ou se mêle la stupeur et l'admiration. Sur le fond de la penderie est étendue une étoffe en fourrure d'Olyga - étrange croisement entre un Fwooper et un Jarvet (ne me demandez surtout pas qui a eu l'idée de croiser un oiseau et un mammifère, je serais incapable de vous répondre), possédant un pelage aux propriétés magiques étonnantes : il produit de la chaleur lorsque le froid est insupportable et inversement lorsque la chaleur est trop élevée (cet animal est en voie d'extinction, car il est très recherché pour la fabrication de vêtements) - et dans le fouillis des longs poils grenats est emmitouflé un énorme ?uf gris au reflets argentés.
« Qu'est-ce que c'est ? »
-Un ?uf, répond KC.
« Oui, ça j'ai vu que c'est un ?uf, bécasse. Mais j'aimerais savoir ce qu'il contient.
-Je n'en ai aucune idée, répond Hagrid. Je l'ai acheté à un type au Chaudron Baveur cet été. Il ne m'a pas dit ce que c'était.
« Oh, c'est vraiment malin. Et qu'est-ce que vous allez faire, si c'est un dragon ? »
-Un dragon ? s'étonne Hagrid avec une joie non dissimulée. Ce serait bien : c'est mon rêve d'avoir un dragon.
« Oui, mais tu ne peux pas te permettre de mettre la vie des autres élèves en danger à cause de ton grand rêve » répliqué-je sèchement. « Il faut que j'avertisse le directeur. »
-Oh non, Ellie, je t'en prie ! supplie KC. Tu as promis que tu garderais le secret. Et puis on est même pas sûrs que c'est bien un dragon. Attendons qu'il ait éclos et si c'est une créature inoffensive ou maîtrisable, on s'en occupera nous-mêmes, Hagrid et moi.
« Bon c'est d'accord. » concédé-je. « Mais soyez très discrets et ne vous laissez surprendre par personne. Et surtout faites attention aux allées et venues des Serpentard, car ils ne seraient pas aussi indulgents que moi sur la question. »
Hagrid referme précautionneusement la porte de la penderie, puis tapote le verrou avec sa baguette en murmurant 'Vetare Aditum'. Cette fois-ci, une petit bulle dorée se forme à l'intérieur même de la serrure et s'en extrait pour venir regagner la baguette d'Hagrid.
« C'est un sort d'auto-reconnaissance. » fais-je impressionnée.
-Qu'est-ce que tu entends par là, me demande KC.
« C'est-à-dire que seule la personne ayant ensorcelé la serrure est capable de conjurer le sort. As-tu déjà ouvert la porte KC ?
-Non, ce n'est que Hagrid qui en a le pouvoir : c'est lui qui a scellé le verrou.
« J'espère pour vous deux que personne ne remarquera quelque chose d'anormal. Parce que même si vous avez utilisé un maléfice de cette catégorie, un professeur le brisera facilement en rompant le lien magique.
-Un peu comme la formule 'Finite Incantatem' ? demande Hagrid.
« Oui, c'est exactement ce genre de sortilèges dont il faut se méfier. Alors j'espère pour vous que lorsque l'?uf aura éclos, la créature ne se montrera pas trop turbulente. »
-On y veillera, répond évasivement KC.
Je lève les yeux au ciel, puis prends la direction opposée avec la ferme intention de retourner dans la Grande Salle. L'heure avance inexorablement et la pénombre qui se fait de plus en plus persistante me laisse présager que la nuit ne va pas tarder à tomber.
-Tu fais quoi maintenant, Ellie, me demande KC en me rattrapant.
« Je réintègre la Grande Salle. Il est tard maintenant, alors j'aimerais bien me mettre quelque chose dans l'estomac avant d'aller dormir. »
Hagrid nous rejoint à son tour. Un mauvais pressentiment m'assaille soudain, alors je presse le pas. Nous passons devant le cachot n° 8 et, au moment où nous bifurquons pour rejoindre le couloir principal, une voix nous hèle. Je me retourne brusquement, en même temps que les deux autres. La porte de la salle de Potions est ouverte et le professeur Ichneumon se tient bras croisés dans le couloir.
-Venez par ici, nous ordonne-t-il d'une voix cassante - ce qui n'est pas dans ses habitudes.
Il nous fais entrer dans son bureau et nous intime de nous asseoir en faisant un signe de la main.
-Puis-je savoir, dit-il en articulant les mots, ce qui amène deux jeunes élèves de Gryffondor et la Préfète de Serdaigle dans les cachots, une demi- heure avant le couvre-feu ?
-Monsieur, nous. nous. faisions une petite ballade, répond stupidement KC.
-Tiens, tiens ! Une petite 'balade'. C'est vrai que c'est une vraie promenade de santé que de rôder dans les couloirs sombres des cachots.
« En fait, j'étais venue chercher Tom. » dis-je. « KC et Rubeus m'ont proposé de m'accompagner et j'ai accepter. Mais comme aucun de nous ne connaissait l'emplacement de la salle commune de Serpentard, on a erré un peu au hasard pour trouver quelqu'un susceptible de nous aider. »
-C'est bon Miss Prewett, inutile de vous mettre d'avantage dans le pétrin, réplique-t-il froidement.
« Je crains de ne pas saisir. »
A l'expression qu'affichent Hagrid et KC, ils n'ont pas compris non plus.
-Et bien dans ce cas je vais éclairer vos lanternes à tous les trois : c'est bien joli de se 'balader' dans les cachots, mais il ne faut pas oublier d'omettre le fait que vous soyez passés en catimini devant mon bureau. Surtout qu'il aurait été bien plus sage et réfléchi de votre part de venir frapper à la porte et de demander au directeur de Serpentard en personne de vous donner accès à la salle commune de sa Maison, n'est-ce pas ?
Touché ! Rhâ, pourquoi est-ce qu'Ichneumon peut-être aussi rusé et mauvais que gentil et étourdi ?
-Évidemment, ne connaissant pas la raison précise de vos investigations mystérieuses, je ne suis pas en mesure de vous sanctionner. Mais je ne manquerai pas d'aviser les professeurs Dumbledore et Diggory de ce regrettable incident.
C'est bien ma veine : Diggory ne me porte pas dans son c?ur et il se fera un réel plaisir de me donner une retenue pour se venger des cent-huit pour cent de bonnes réponses que j'ai eu à son dernier examen. Mais peut-être qu'avec un peu de chance Dumbledore interviendra en ma faveur, qui sait ? Ichneumon laisse tomber ses manières de professeur sévère et son visage redevient doux et serein.
-Maintenant filez vite si vous voulez pouvoir manger avant le couvre-feu, nous presse-t-il d'une voix mielleuse en nous décochant un sourire jovial.
Personne ne se risque à demander son reste et nous quittons tous trois les lieux le plus rapidement possible. Je prends la tête du groupe et je cours presque dans les couloirs glacés qui mènent aux escaliers. Mais en passant devant l'endroit que j'identifie comme l'emplacement de l'entrée de la salle commune de Serpentard, je croise Malfoy. Je fonce tête baissée sans lui accorder un seul regard. Hagrid et KC suivent et ne lui disent rien non plus. La voix de Malfoy résonne derrière moi :
-Tu joues avec le feu, Ellie ! Si tu continues sur la lancée, n'espère pas t'en tirer à si bon compte !
Je ne prête pas attention aux protestations virulentes que lui lancent les deux autres et je gravis les escaliers quatre à quatre. Il n'est plus question que je redescende dans les quartiers des Serpentard, sauf pour les cours de Potions, évidemment.
Pas le moindre bruit ne vient troublé le silence parfait qui règne dans la salle commune. Dans l'âtre, les dernière cendres rougeoyante luisent dans les ténèbres. Quelle heure est-il ? Je n'en ai pas la moindre idée. Minuit, une heure, peut-être plus. Je fais silencieusement glisser le tableau qui bouche l'entrée des lieux et je me glisse par l'entrebâillement. Le couloir est désert et plongé dans la pénombre. Je referme le passage et je m'engage prudemment dans le corridor en prenant soin de ne pas faire résonner mes pas. La crainte me noue la gorge et je ne cesse de me tordre les doigts sous l'effet de la nervosité.
L'herbe scintille sous la lumière vive de la lune parfaitement incurvée qui brille de mille éclats. Je traverse le parc à pas de loup en me cachant derrière les bosquets. Plus la barrière noire et spectrale de la Forêt Interdite se rapproche et plus mon sang se glace dans mes veines. Soudain je m'arrête : je ne sais pas si j'aurais le courage de le faire. et pourtant il le faut ! Ressaisis-toi Ellie ! Je ravale ma salive et je prends un air déterminé avant de reprendre ma course.
J'aperçois le sentier. Je m'y dirige en tremblant avant de pénétrer lentement dans les ténèbres de la Forêt Interdite. Si je me rappelle bien les paroles d'Ambar, je dois suivre le chemin jusqu'à une clairière, puis je dois le quitter et prendre la direction du nord. C'est pas très compliqué. Enfin, disons que ce serait moins compliqué si les branches d'arbres ne me fouettaient pas sans cesse le visage, ralentissant ma progression. Plus j'avance et plus les feuillages s'épaississent, à un tel point que je me demande s'il y a vraiment une clairière dans les environs. A moins que je l'ai déjà dépassée ? Oh non ! Je crois que je suis perdue ! Il ne faut pas que je panique. J'attrape ma baguette, je la pose à plat sur ma main.
« 'Pointe au nord' ! »
La baguette tourne un moment sur elle même, puis s'immobilise pour désigner la gauche. Je marche dans cette direction, malgré que je doive quitter le sentier. La progression est encore plus difficile qu'avant, mais au moins les arbres sont plus clairsemés et une légère lumière blanche s'y infiltre. Je marche ainsi pendant près d'un quart d'heure et je débouche finalement dans une minuscule clairière. J'avance jusqu'à son centre et reste immobile. L'aura puissante qui embaume ce lieu me fait deviner que c'est ici qu'Ambar voulait que je vienne. Mais pourtant je ne vois rien. Seulement un terrain bossué et sombre, ainsi que quelques petits cailloux. Je regarde le ciel. Les étoiles brillent de mille feu, mais la lune reste obstinément cachée derrière un gros nuage. Ce dernier finit par s'écarter et je la vois enfin. Lumineuse comme jamais dans son infini beauté. Alors que la pâle lumière froide pénètre la clairière, quelque chose d'étrange attire mon attention : des formes floues commencent à apparaître tout autour de moi. Très lentement, elles se matérialisent dans l'espace stérile et leur contour se fait de plus en plus net. Ca alors ! C'est un cimetière ! Des tombes, des tombes partout. Mais que ne sont elles pas magnifiques ! D'un fin marbre blanc striés de lignes sombres, les stèles sont toutes identiques. Je m'approche de l'une d'entre elle pour lire l'inscription dorées qui brille sous les rayons de lune : Ellémanthra - Auror. Je me relève et examine plusieurs tombes : Ellicyambra - professeur de Potions, Elléahrra - écrivain, Elliloptra - élève de septième année, Ellébora - astrologue, etc.
Mes 's?urs', ce sont toutes mes défuntes s?urs. J'en suis toute retournée. Ambar m'a parlé de ce cimetière - seule chose dont elle m'ait parlé, d'ailleurs - mais je ne m'attendais vraiment pas à cela. Un bruissement de feuille près de moi, je sursaute.
« Qui est là ? »
Pas de réponses et plus aucun bruit. Mais soudain une lumière, puis quelqu'un qui pénètre dans la clairière, baguette à la main. C'est le professeur Jansen. Il me fixe de son oeil valide et me lance un sourire avenant.
-Une nuit bien fraîche, me dit-il d'une façon trop naturelle.
« Oui, mais que faites-vous ici ? »
Il me fait un sourire mais ne me répond pas. Ma vision se brouille, il me semble que ça cicatrice disparaît. Mais non je ne rêve pas. Son visage est parfaitement pur et. et il n'a presque plus de rides. Ses cheveux poussent à une vitesse folle et se teintent d'or et de blanc argenté, sa silhouette s'affine et s'allonge, son visage change et prend une couleur extrêmement pâle et enfin ses lèvres se colorent et prennent une teinte bleue électrique. Je m'accroche à une stèle pour ne pas m'écrouler à terre, ébranlée par ce subit changement. Je ferme les yeux et respire trois grande goulée d'air frais. Lorsque je rouvre mes yeux, sa métamorphose est parfaitement achevée et le 'professeur Jansen' est maintenant vêtu d'une simple robe de laine couleur sable serrée par une corde brune à la taille.
-Impressionnant, n'est-ce pas ? lâche-t-il d'une voix douce et chantante.
Je ne dis rien, je me contente d'ouvrir et de fermer ma bouche sans qu'aucun son ne s'en échappe. Je dois vraiment avoir l'air d'une idiote.
-Bien plus seyant que le pauvre corps courbaturé et meurtri de ce bon vieux professeur Jansen, continue-t-il sans prêter attention à mon état de stupeur.
« Qui. qui êtes-vous ? » finis-je par articuler.
-Je suis Ivar, car je ne porte en réalité de ton professeur que le prénom, le nom étant fictif et nécessaire uniquement pour la bonne forme.
Il a dit cela comme s'il m'annonçait qu'il allait acheter quelques affaires sur le Chemin de Traverse, ce qui me décontenance encore plus.
« Vous êtes un envoyé d'Ambar ? »
-Non, je ne travaille pas pour elle en particulier. Mon rôle est très simple : je suis leur contact à Poudlard.
« Le contact de qui ? »
-Et bien celui d'Ambar et des autres. Mais j'ai l'impression que ta mère ne s'est pas beaucoup étendue sur le sujet avec toi.
« Non, elle n'est pas restée bien longtemps. Elle m'a seulement parlé du cimetière et donné l'ordre de m'y rendre aujourd'hui. »
-Oui, je comprends bien. Je crois qu'elle aurait voulu rester plus longtemps, mais tu ne lui inspire pas beaucoup de confiance et d'amour.
« Comment cela ? »
-Et bien disons qu'Ambar ne te porte pas beaucoup dans son c?ur. Comme moi et comme les autres.
Il n'y aucune trace de culpabilité dans sa voix et cela me frustre atrocement. J'aimerais lui demander pourquoi on ne m'aime pas, mais il ne m'en laisse pas le temps.
-Je n'ai pas non plus envie de m'étendre des heures sur le sujet et répondre à tes questions, donc je vais essayer de t'expliquer tout ce que tu dois savoir le plus simplement possible. La première chose à savoir est que tu n'es pas.
« Attendez, stop, stop, stop ! Je veux vous poser une seule question, une question d'ordre pratique. »
-Et bien vas-y, je t'écoute.
« Vous, vous êtes un de ses types comme. comme moi, mais vous étiez métamorphosé en un sorcier 'normal', le professeur Jansen en l'occurrence. » Ivar hocha la tête. « Mais quelque chose me chiffonne : il est impossible de tenir le lien magique sur une aussi longue durée, à moins que vous n'ayez pris du Polynectar ou que quelqu'un d'autre que vous se soit occupé de la métamorphose. Mais je ne pense pas que l'un de ces deux moyens ait été utilisé, je me trompe ? »
-Non tu ne te trompes pas, et j'avoue que ta question est très pertinente. En effet, c'est moi qui tenait la métamorphose, de jour comme de nuit, et jamais je n'ai eu besoin de renouveler la puissance du lien magique. La raison en est très simple : les sorciers sont pareils à des aimants et ils attirent continuellement la magie en eux. Lorsqu'ils sont des petits enfants, ils ne sont pas assez puissants pour le faire, et lorsqu'il sont vieux, ils sont trop faibles. C'est pourquoi un sorcier est en pleine puissance d'environ dix ans à 130 ans, ensuite la magie s'éteint totalement en eux et ils finissent par mourir, à quelques rares exceptions près. Pour nous, c'est le contraire. La magie prend source au c?ur de nos êtres et elle s'échappe sans cesse de notre corps pour ne pas créer de 'bouchons'. C'est pour cela que notre puissance est supérieure a celle des sorciers et que nous pouvons vivre éternellement.
« Donc » l'interromps-je « si je comprends bien, les sorciers concentrent la magie en eux, alors que nous la diffusons ? »
-C'est exact, je ne l'aurais pas mieux dit moi-même. C'est pour cela que je peux tenir le lien magique. La magie étant constante en moins, je ne me fatigue pas. Tandis qu'un sorcier normalement constitué ne pourra pas tenir le sortilège actif suffisamment longtemps, car la magie utilisée s'épuisera et aura besoin d'être renouvelée.
« Mais quel nom portons nous, si nous ne sommes pas des sorciers ? »
-Et bien, nous n'avons pas de nom. Nous sommes considérés comme un ordre de grands prêtres de la sorcellerie. Dans certains pays, on nous nommes les Gardiens de la Magie. C'est tout à fait notre rôle, puisque c'est la magie qui émane de nous qui est concentrée dans les sorciers. Du moins, la plus grande partie. Si nous mourrions, les sorciers existeraient encore, mais leur force serait fortement diminuée. Pour un exemple plus concret et bien je vais t'expliquer quelque chose : selon le rapport du Ministère de la Magie, tous les élèves diplômés de Poudlard qui ont fait leur entrée dans la vie active ces cinq dernières années étaient extrêmement brillants et puissants. Pourquoi cela ? Pour la simple raison que tu es arrivée à Poudlard il y a cinq ans et que leur proximité avec toi les a rempli d'une magie pure et puissante. C'est aussi simple que cela.
Je suis toute retournée par tout ce que mon esprit vient d'assimiler. En me concentrant suffisamment, je suis presque capable de ressentir quelque chose de chaud et doux émaner de tout mon corps, c'est terrifiant.
-Et moi qui ne voulais pas te laisser poser de questions, c'est raté. Ce qui est certain, c'est que tu sais tout ce qu'il y a à savoir sur nous. Il te reste une seule chose importante à savoir, avant d'accomplir ta tâche. Une chose d'ordre capitale qu'Ambar avait confiée à Albus Dumbledore. Il était censé t'en parler, mais je le lui est interdit, préférant te l'annoncer moi-même.
« Et qu'est-ce donc ? »
Il ne me répond pas. Il tend son bras devant lui et désigne quelque chose du doigt. Je suis des yeux la direction indiquée et j'aperçois dans le fond du cimetière une autre stèle. Elle est pareille aux autre à vu d'?il, mis à part qu'elle est noire et scindée par un éclair de marbre blanc. Je m'approche lentement de la pierre tombale. Je remarque qu'une fosse est creusée et qu'il n'y a aucun cercueil à l'intérieur. Je m'agenouille pour lire l'inscription dorée. Je chasse la poussière du plat de la main et plisse les yeux. Je pousse un petit cris d'étonnement. Il est inscrit : Ellijandra - élève de cinquième année. Je me relève vivement et manque de tomber dans le trou. Je me dirige furieuse et tremblante vers Ivar.
« Qu'est-ce que cela ? » m'écrié-je la voix entrecoupée de sanglots. « Pourquoi ? Dites moi pourquoi ! »
-Ca je n'en sais rien, personne ne le sait. La seule chose qui est sûre, c'est que tu perdras la vie avant la fin de l'année. Nous l'avons lu dans les étoiles.
« Mais tout le monde sait que ce que disent les étoiles n'est pas fiable. Peut-être avez-vous mal interprété les signes ? »
Il secoue lentement la tête et un sourire condescendant apparaît sur son visage.
-Ne t'en fais pas, ça n'est pas si terrible que ça. D'après ce que j'ai compris, tu n'as rien à perdre. Tout le monde te méprise, et tu le leur rends bien.
« Oui c'est vrai, mais il y'a mes parents, enfin, j'entends par là Linda et Jack, et ma s?ur, et. et Tom. Et pourquoi une stèle noire et pas blanche comme les autres ? »
-Rends-toi bien compte, Ellijandra, que de toutes les filles d'Ambar, tu es la seule qui commettra un acte terrible, car ta mort engendrera le Mal. Mais ce que tu vas faire ce soir sera l'unique moyen de contrer l'irréparable. Alors mieux vaut nous y mettre tout de suite.
Ivar sort quelque chose de l'une des poches de son habit : une petite fiole de cristal contenant un liquide d'un bleu profond.
-Ceci contient les Larmes du doyen de notre ordre qui a donné sa vie il y a mille ans de cela lorsque Salazar Serpentard, l'un des fondateurs de Poudlard, naquit. Sentant que le Mal était sur le point de s'éveiller, il sut qu'il devait mourir et donner ses Larmes pour donner naissance à l'unique arme capable de contrer la menace qui pesait. Il accomplit l'acte à l'aide de deux de ses disciples. L'un se tua pour ajouter son Sang aux Larmes du Maître et l'autre fut chargé de transporter le flacon contenant les deux éléments et de le donner à son successeur après sa mort.
« Mais je croyais que l'on vivait éternellement. »
-Oui c'est vrai, mais il faut savoir que si les Larmes sont éternelles, le Sang ne l'est pas. Et il doit sans cesse être renouvelé.
« Je ne comprends pas. »
-Et bien au bout de plusieurs années - j'entends par là une cinquantaine tout au moins - le Sang dans la fiole s'assèche et seules les Larmes restent. Donc il faut que le disciple se tue et renouvèle le Sang, avant de transmettre le flacon à une autre personne.
« Donc, si j'ai bien compris, c'est ce que vous allez faire maintenant. »
-Oui, et c'est la dernière fois que le Sang sera renouvelé. Quand je serai mort, il faudra que tu prennes la fiole et que tu la confie à quelqu'un de confiance, qui la transmettra inévitablement à la bonne personne, celle qui sera capable d'anéantir le Mal.
« Que ferais-je de votre corps ? Dois-je l'enterrer ici ? »
-Non, tu avertiras Dumbledore et tu lui indiquera l'emplacement de la clairière, il saura quoi faire.
J'hoche la tête en signe d'approbation. Ivar me tend le flacon de cristal que je prends avec la plus grande précaution. Ensuite il sort une étrange dague en verre incrustée de gemmes multicolores qui étincellent sous la lumière de la lune.
-Lorsque je serais mort, remplis la fiole de mon Sang.
« Oui. » dis-je simplement.
Il lève la dague et d'un mouvement rapide et précis la plante profondément dans son c?ur. Je suis prise de nausée et détourne vivement le regard. Un bruit mat se fait entendre et quand je rouvre les yeux, Ivar est allongé par terre, mort. Je m'approche prudemment du corps sans vie, je dévisse le bouchon d'argent du flacon et je retire délicatement la dague de la poitrine sanglante du défunt. Je fais goutter le Sang jaune qui souille la lame dans la fiole puis je la repose à terre, puis referme le flacon. Le jaune du Sang se mélange au bleu des Larmes et bientôt l'étrange liquide prend une teinte d'un vert profond, presque surnaturel.
'La couleur du Sortilège Impardonnable de la mort' pensé-je en frissonnant.
Je referme ensuite la petite bouteille et je la glisse dans l'une de mes poches. J'enjambe le cadavre et prends le chemin du retour. Je m'apprête à quitter la clairière mais un frôlement presque imperceptible me fait faire volte-face. Puis soudain je distingue un éclat argenté, puis j'entends un bruit de tissu qui s'affaisse et je vois Josh Potter qui se tient devant moi.
« Mais c'est pas vrai ? Qu'est-ce que tu fais là ? » m'exclamé-je abasourdie.
-Je t'ai vue dans le parc depuis la fenêtre de mon dortoir. Je suis descendu et je t'ai suivie et j'ai. et j'ai tout entendu.
« Alors c'était toi le bruissement de feuilles tout à l'heure, j'ai cru qu c'était Ivar quand je l'ai vu arrivé ensuite. J'aurais dû m'en douter, il a pénétré dans la clairière totalement à l'opposé du bruit. » dis-je en me mordant la lèvre inférieure.
Il se baisse pour ramasser l'étoffe argentée qui gît à ses pieds comme une flaque d'eau.
« Une Cape d'Invisibilité ! » m'exclamé-je admirative. « Où as-tu eu ça ? »
-Je l'ai héritée de mon père, et lui même la héritée du sien avant moi. C'est un héritage de famille qui se révèle très pratique, je suis obligé de l'admettre.
Le sourire qui a éclairé son visage un instant, disparaît et son expression se fait beaucoup plus grave.
-Ellie, je crois que tu devrais me remettre la fiole.
Je m'étouffe presque sous le choc et mes yeux s'agrandissent.
« Tu peux répéter ? »
-J'aimerais être la personne de confiance qui gardera les Larmes et le Sang. Je sais que tu peux me faire confiance. Et je me sentirais beaucoup plus en sécurité de les savoir en ma possession, plutôt qu'entre les mains de Tom.
« Qu'est-ce qui te laisse penser que c'est à lui que je les lui confierais ? »
-J'en sais rien, une intuition.
Je scrute son regard de mes yeux, il est très sérieux. Au fond de moi, je sais que c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Josh est quelqu'un en qui je peux avoir confiance et en plus c'est un Gryffondor. Je plonge ma main dans ma poche et en ressors le flacon de cristal, avant de le lui tendre.
« Tiens, prends en soin et surtout ne le mets pas en de mauvaises mains. »
-Ne t'en fais pas pour ça. Viens, maintenant, rentrons au château.
Il glisse la bouteille dans sa poche et quitte la clairière. Je lui emboîte le pas, non sans jeter un dernier regard au cadavre d'Ivar et au cimetière.
Nous rejoignons bientôt le sentier et je sens la fatigue me gagner. Alors que la sortie de la Forêt Interdite n'est plus qu'à une dizaine de mètres, quelque chose ou quelqu'un surgit sur notre gauche et nous percute de plein fouet. Nous roulons tous trois à terre dans un enchevêtrement de capes de baguettes et de membres. Je parviens à me dégager et je me relève en époussetant ma robe. Je sors ma baguette.
« 'Lumos' ! »
Un jet de lumière éclaire le bout de sentier où nous nous trouvons et j'aperçois Josh assis à terre, et la silhouette qui se relève lentement se révèle n'être autre que :
-Lupin ! Qu'est-ce que tu fais ici ?! s'exclame Josh en même temps que moi.
-Je peux vous retourner la question, je vous signale, marmonne-t-il en se relevant.
« Pourquoi tu courais ? » lui demandé-je en aidant Josh à se relever.
-Parce que je suis tombé sur un loup-garou, ma chère Prewett.
-Ouais, ouais, tu nous la fait pas à nous celle-là, ricane Josh. Dis plutôt que t'avais peur du noir.
« C'est pas le moment de se déclarer guerre ouverte. » fais-je remarquer. « Le mieux ce serait de rentrer avant que quelqu'un s'aperçoive de notre absence. »
Les deux autres approuvent d'un rapide signe de tête, mais profitent que j'ai le dos tourné pour se lancer des regards assassins. Nous reprenons notre marche et débouchons dans le parc de Poudlard. Josh déploie sa Cape d'Invisibilité, ce qui arrache un sifflement admiratif à Lupin.
« 'Nox' ! » murmuré-je.
La lumière que produit ma baguette s'éteint. Josh me fait signe de venir et nous recouvre tout deux du tissus argenté.
-Tu peux venir aussi, Lupin, murmure Josh.
-Sérieux ? Whaou ! Je ne vais pas manquer une occasion pareille.
Il se glisse à son tour sous la Cape et nous tentons de progresser le plus rapidement qu'il nous soit permis jusqu'à l'imposante porte de chêne. Une fois arrivés dans le hall d'entée, Lupin sort de sous la Cape et descends les escaliers qui mènent aux cachots sans même nous remercier. Josh et moi continuons notre chemin jusqu'au troisième étage. Josh enlève la Cape et nous sommes à nouveau visibles. C'est tellement étrange !
-Il faut se méfier de Lupin, me murmure-t-il. Ses investigations dans la Forêt Interdite son douteuses. J'ai remarqué qu'un joli paquet d'herbes et de fleurs en tous genres dépassait de l'une de ses poches.
« C'est louche tout ça, mais de la part d'un Serpentard ce n'est pas très étonnant. Au fait, la fiole ne s'est pas brisée au moins ? »
-Non, j'ai contrôlé tout à l'heure quand je me suis relevé de ma chute. Allez, bonne nuit !
Il me fait un signe de la main que je m'empresse de lui rendre, puis il se recouvre de la Cape d'Invisibilité. Je l'entends gravir les marches de l'escalier et lorsque le bruits de ses pas me devient imperceptible, je traverse le long couloir sombre pour rejoindre la salle commune de Serdaigle.
Auteur : Katounette
E-mail : skippy_the_kangourou@yahoo.fr
Spoilers : les quatre tomes parus
Nouveaux personnages : Elsa et Artus Rookwood, Claudio-Alano Avery, Dahra Kersh, Gallan McKinnon et Kerria Logan.
Rappel des persos :
Tara Greeth : Serdaigle de cinquième année. Mandy Brooks : Serdaigle de cinquième année. Annie Watson : Serdaigle de cinquième année. Mary Connelly : Serdaigle de cinquième année. Balthus Black : Serdaigle de cinquième année, Capitaine de l'équipe de Quidditch de sa maison. Marius Wright : Serdaigle de sixième année, Attrapeur dans l'équipe de Quidditch de sa Maison et petit ami d'Ellie.
Henri Nott : Serpentard de cinquième année, fils de l'un des instigateurs de la Cellule Secrète et ennemi juré de Nathan Weasley. Chester Fairway : Serpentard de cinquième année, fils de l'ancien Chef de la Brigade, Luke Fairway. Romulus Lupin : Serpentard de cinquième année, éternel comique de la petite bande et petit ami de la jolie Ella Wilkinson. Peter Spinnet : Serpentard de cinquième année, élément pessimiste de la pair de drôles qu'il forme avec Romulus. Ella Wilkinson : Serpentard de cinquième année, petite amie de Romulus et meilleure amie d'Audrey Fletcher. Olive Hornby : Serpentard de cinquième année, harpie folle furieuse qui fait ingurgiter toute sorte de mixtures infectes à ses camarades. Ennemie jurée de Mimi Trelawney de Poufsouffle. Audrey Fletcher : Serpentard de cinquième année, s?ur de Sassia, Kim, Jake et Jamie, et meilleure amie d'Ella Wilkinson. Silver Malfoy : Serpentard de quatrième année, il a tendance à exaspéré Tom à ses heures. Angus Pettigrow : Serpentard de sixième année, ennemi juré de Marius Wright.
Josh Potter : Gryffondor de cinquième année, grand ennemi de Tom Jedusor et Attrapeur de l'équipe de Quidditch de sa Maison. Rubeus Hagrid : Gryffondor de troisième année, très très grand type (presque deux mètres) qui est un grand fanatique de Josh. KC Prewett : Gryffondor de troisième année et petite s?ur d'Ellie. Elle désespère que Josh s'intéresse un jour à elle.
Ivar Jansen : Professeur de Soin au Créatures Magiques. Il est l'un des professeurs les plus appréciés de Poudlard, mais il suscite tout de même un peu de dégoût à sa élève, car son visage est barré d'un énorme cicatrice qui le défigure affreusement. Genius Ichneumon : Professeur de Potions et directeur de la Maison Serpentard. Marlon Diggory : Professeur de Sortilèges, directeur de la Maison Serdaigle et directeur-adjoint de Poudlard. Ambar : Membre d'un ordre étrange aux pouvoirs supérieurs à ceux des sorciers. Elle est la véritable mère d'Ellie et à fait son apparition à Poudlard pour annoncer de mauvaises nouvelles aux professeurs.
NDLA : Le point de vue bascule du côté d'Ellie pour ce chapitre, et le prologue débile commence enfin à agir sur l'histoire.
Résumé général : Une journée de dimanche riche en évènements pour Ellie, ainsi que des investigations très fructueuses dans la Forêt Interdite.
Disclaimer : Tout appartient à Mrs J. K. Rowling. Ah bon ?!
Chapitre 7 --- Le cimetière
On pourrait définir le matin par le lever du jour, la mort de la lune, l'éclosion des fleurs, l'évaporation de la rosée, le réveil des oiseaux et bien d'autres choses encore. Mais c'est la définition pour toute personne normale et pour les lâches. Pour moi, le matin signifie quitter les doux rêves de la nuit qui sont si apaisants, ouvrir mes yeux sur un monde cruel et sans pitié, me lever pour une nouvelle journée de galère, m'exposer aux railleries et aux méchancetés des autres élèves de Poudlard. Et pourtant, pour la première fois depuis bientôt deux ans, je suis heureuse de m'éveiller. Je cligne des yeux et je vois le décor se dessiner tout autour de moi : les plis de mon duvet, les ondulations des tentures bleu roi du lit à baldaquin sous la fraîche brise qui s'engouffre par la fenêtre ouverte, les contours de mon réveil posé sur la table de nuit, et le tout zébré par les mèches de cheveux blonds qui me tombent devant les yeux.
Je tire les draps et je m'assieds en tailleur au bord de mon lit. Les autres dorment encore, noyées dans l'océan de leurs rêves. Elle ne vont pas tarder à se réveiller et c'est pour cela que je dois quitter au plus vite le dortoir. Je fais cela depuis deux ans, chaque matin, car je sais que si j'ai le malheur d'être ici quand elles se réveilleront, j'aurai droit à leur remarques désagréables. Mais pas aujourd'hui. Les choses ont changé et je ne fuirai pas comme une lâche. Non, je vais rester campée sur mes positions et je ferai front à cette bande de pimbêches.
Un bruissement léger se fait entendre. Je tourne la tête. C'est Pattenrond qui frôle les tentures du lit à baldaquin. Il s'approche de moi et vient se prélasser sur mes jambes. Je le gratouille et le papouille et le voilà qui se met à ronronner.
« Bonjour Pattou ! »
-Miaou !
« Bien dormi ? »
-Maraou !
« Dans une semaine c'est Halloween. Tu te rends compte, Pattou ? Ca va faire deux ans qu'elle est morte ! Et le plus étrange, c'est que je m'en fiche. Pour la première fois depuis deux ans je me sens inattaquable. »
-Maôôw !
Je pousse légèrement Pattenrond et je me lève. Je m'approche de l'armoire et je l'ouvre. Mon costume est là, fin prêt pour le grand soir. J'ai hâte de le porter et de me trémousser dedans sur le rythme des dernières chansons à la mode. Je ne sais pas ce qui a bien pu se passer dans l'esprit tordu et vieux jeu de Dippet, mais il a organisé un bal costumé pour la fête d'Halloween. L'année passée, j'aurais grimacé à cette idée et j'aurais évité d'aller me mélanger avec les autres, mais tout est différent maintenant. Je fouille dans l'armoire et j'attrape ma robe préférée, celle que je porte les week-ends pour être à l'aise, parce que l'uniforme de Poudlard n'est vraiment pas génial. C'est un vêtement vert foncé, ample et léger avec de longues manches évasées et un col large. Je l'enfile rapidement et je me chausse. Je me regarde dans le miroir accroché à la porte de l'armoire et j'évalue les dégâts de la nuit. Aïe ! Il me semble que mes cheveux ont encore blanchi et que mes lèvres se sont encore assombries : elles virent gentiment sur le grenat. Un doute soudain m'envahit : que pense Marius de tout cela ? Il ne m'a jamais fait de remarques sur mon physique, que ce soit en bien ou en mal. Je commence à m'inquiéter de l'image de moi que je lui reflète, car ces temps-ci il est de plus en plus distant à mon égard et ne semble plus sortir avec moi que par principe.
DRRRRRRRRRRRIIIIIIIIIIIIIIINNNNG ! Les quatre réveils s'enclenchent en même temps me tirant de mes inquiétudes. Une à une, les têtes échevelées de Tara Greeth, Mandy Brooks, Mary Connelly et Annie Watson émergent des lits à baldaquins. Elles se lèvent et entament leur toilette machinalement avec des mouvements lents et mécaniques. Ce spectacle étonnant s'arrête soudainement lorsque Tara étouffe un cri en remarquant ma présence dans la pièce.
-Qu'est-ce que tu fais ici, 'toi' ? siffle méchamment Mandy.
Je lance un regard farouche à la petite noiraude grassouillette.
« Je prépare un crime dont tu es la victime. Réfléchis, idiote : je me prépare, ça ne se voit pas ?! »
Elle ne sait quoi répondre. Elle se contente de me fixer avec ses gros yeux marron exorbités et elle ouvre et ferme la bouche comme une carpe hors de l'eau.
-Tu. tu. tu.
« Oui ? »
-Tu ne devrais pas être ici, achève Annie.
« Écoute Watson, tu n'as pas à me dire ce que je dois faire ou non. Et j'entends bien ne plus me laisser marcher sur les pieds par vous quatre. »
-Dis-donc, c'est la révolution ou je rêve ? demande Mary d'un ton railleur.
« Oui, on peut dire ça comme ça. Disons que je me réveille d'un long cauchemar et que j'ai décidé de ne plus y replonger. »
-Ca me paraît rationnel comme explication. Mais si tu veux reprendre ta place dans les rangs, il faudra que tu te montres à la hauteur de la tâche.
-Mary, qu'est-ce que tu dis ? s'écrie Tara. Tu ne veux tout de même pas l'intégrer à notre groupe ?
-Pourquoi pas, Tara ? Disons que je ne l'intègre pas directement, ce serait plutôt que je lui donne une chance de faire ses preuves. J'ai toujours pensé qu'elle aurait pu être un bon élément, mais disons qu'elle a toujours été trop introvertie et marginale.
« Je suis prête à faire des efforts, mais il faudra que vous me rendiez la pareille dans ce cas. »
-C'est faisable, dit Mary pensive. Qu'en pensez-vous les filles.
-C'est toi la chef, on te fait confiance, grogne Mandy.
Les deux autres approuvent d'un rapide signe de la tête et Mary semble satisfaite. Du haut de son mètre soixante-quinze, avec sa crinière flamboyante et ses yeux gris, Mary a vraiment tout pour être la leader d'un groupe. Elle a l'esprit vif et sait toujours parer à toutes les éventualités. Annie, Tara et Mandy se sont toujours rangées bien sagement derrière elle et j'ai toujours été la seule 'rivale' potentielle de Mary, car je n'ai jamais ployé devant sa supériorité. De plus, le fait d'être Préfète me donne un certain pouvoir sur elle, ce qu'elle a de la peine à supporter.
La salle commune de Serdaigle est une vaste pièce aux murs de crépi bleu, recouverts de tableaux représentant toutes les sortes d'oiseaux possibles et inimaginables allant du phénix à l'augurey en passant par le vivet doré et le jobarbille. Au centre se tient une grande table bordée de chaises où les Serdaigle s'installent pour faire leur devoirs, jouer, discuter ou même manger, parfois; et au fond de la pièce se trouve une immense cheminée au manteau de marbre noir gravé de runes étranges. Des fauteuils de velours turquoise un peu râpé sont installés tout autour de l'âtre, posés sur un gigantesque tapis bleu roi enjolivé de figures noires évoquant des scènes du passé, qui fait toute la longueur de la salle.
Marius est installé dans l'un des fauteuils, occupé à lire un livre Moldu de sa collection. Je m'approche doucement de lui et je pose les paumes de mes mains contre ses yeux. Et sans que je ne m'y attende, il lâche son bouquin et m'attrape les poignets. Il me les tord et je réprime un cri. Il semble se moquer de ma douleur et se contente de tourner sa tête vers moi et de me lancer un sourire un peu trop forcé à mon goût.
-Bonjour Ellie ! Bien dormi ? demande-t-il d'un ton morne
« Ouais. Et toi ? »
-Je me fais du souci pour mes parents.
« Ah oui ? Pourtant ils ne t'ont pas dit que tout allait bien pour eux ? »
-Oui, je sais, mais il y a eu ce satané attentat il y a trois semaines et j'ai de plus en plus peur de ce qu'il pourrait arriver si Grindelwald se mettait dans l'idée de faire un petit tour par Édimbourg.
« Allons, Marius. Tes parents sont des Moldus, pourquoi Grindelwald voudrait s'en prendre à eux ? Il n'a tué que des sorciers dans la dernière attaque. »
-Oui, mais tu oublies l'hécatombe de Glasgow en 38, le massacre de Gloucester en 40, la tuerie à Londres côté Moldu en 41 et j'en passe et des meilleures.
« Ne te casse pas la tête avec ça. Plus tu seras obsédé par cette crainte, plus elle aura des chances de se réaliser. »
-Merci, je suis rassuré maintenant, dit-il sarcastiquement.
« Tu es désespérant, tu sais ? Aller, viens maintenant, j'ai faim. »
Marius se lève à contrec?ur et me suit. Je lui prends la main pour l'encourager, mais cela le fait tiquer. Je l'entraîne de force hors de la salle commune pour le mener jusqu'à la Grande Salle, mais dans les escaliers du deuxième étage, nous croisons un Tom essoufflé.
« Hé, ça va Tommy ? »
-Pas le temps. faut que je file.
Et le voilà qui repart à toute vitesse en direction du hall d'entrée.
-Ce type est fou, si tu veux mon avis, fait remarquer Marius.
« Mais non. Enfin. si. peut-être un peu. »
-Au fait, il est toujours Préfet ?
« Ouais, pour l'instant du moins. Je crois qu'il lui reste encore deux ou trois jours avant que son examen ne se termine. En tous cas Josh n'a pas été à la hauteur de la tâche. »
-Le pauvre, tu crois qu'il s'inclinera s'il perd ? Parce que le premier match de Quidditch se déroulera dimanche prochain. Ca m'étonnerait que Potter accepte de se désister : Gryffondor contre Serpentard.
Nous pénétrons dans la Grande Salle. Un brouhaha infernal y règne. Je m'assieds à la table des Serdaigle, entre Marius et Mary, qui a bien voulu s'asseoir à côté de moi.
« Pourquoi tout ce cirque, Mary ? D'habitude il sont tous amorphes le dimanche. »
-Le bal, qu'est-ce que tu crois ? Tout le monde se demande qui ira avec qui et tout ça. Sans parler des demandes, des refus et tout ce qui précède un bal, quoi ! Au fait, toi t'y vas avec qui ?
« Marius, bien évidemment. »
-Oh, j'aurais dû m'en douter, fait-elle déçue.
« T'aurais voulu que j'y aille avec qui ? »
-Avec Tom.
-Jedusor ?! s'exclame Marius la bouche pleine de poulet.
-Ben oui, réplique Mary, j'ai toujours trouvé que ces deux-là feraient un très beau couple.
-Ellie, je t'en prie, dis-lui de se taire ou je l'étrangle ! m'ordonne-t-il en riant. Jedusor. ah là, là. Ma pauvre Mary, tu as de ses idées.
-Tu dis ça parce que tu es jaloux, le provoque-t-elle.
-Dis pas de bêtises. Moi, jaloux d'un p'tit de cinquième ?
-Eh ! Ferme-là ! Je suis aussi une 'p'tite' de cinquième !
-Tout doux, Mary, je voulais pas te blesser dans ton amour propre.
-Ellie, je t'en prie, dis-lui de se taire ou je l'étrangle !
« Tiens, j'ai déjà entendu ça quelque part. » dis-je d'un ton détaché.
-Ok, on change de sujet, dit Marius. Dis-moi, Mary, et toi, avec qui t'y vas, au bal ?
-Avec Balthus.
-Black ?! s'écrie Marius d'un air dégoûté.
A ce moment là, Balthus Black s'assied à côté de Mary et fusille Marius du regard.
-En personne, Wright. Pourquoi, ça te pose un problème ?
-Non, aucunement. C'est juste que je pensais que tu choisirais quelqu'un de plus exceptionnel pour te mettre en valeur.
-Quoi ? s'exclame Mary. Mais je suis assez exceptionnelle !
Et c'est repartit pour un tour. Un déjeuner des plus normal à la table des Serdaigle. Je commence à comprendre pourquoi j'ai choisi d'être solitaire. Je n'en peux plus de les écouter se disputer pour des inepties, alors je termine rapidement mon assiette de purée et je me lève. Personne ne semble me voir, même pas Marius. Avec le temps, j'ai même réussi à devenir transparente à ses yeux, à moins que ce soit lui qui ne veuille plus faire attention à moi. Peut-être que je suis avec lui depuis trop de temps. Après tout, ne dit-on pas qu'avec le temps la passion s'affaiblit ? C'est peut- être vrai.
Je sors dans le hall d'entrée qui est désert et là j'hésite : est-ce que je sors dans le parc ou est-ce que je réintègre la salle commune ? Où serais- je le plus tranquille ? Dans le parc, évidemment. C'est donc là que je me dirige. Dehors le soleil brille anormalement pour un jour d'octobre, mais il ne parvient pas à réchauffer le froid qui embaume l'air. Au loin, les arbres de la Forêt Interdites émerveillent les sens par leurs couleurs or et pourpres. Je suis soudainement envahie d'une vague de nostalgie. Les paroles d'Ambar me reviennent à l'esprit : 'Lorsque les feuilles seront d'or et que le froid te piquera les yeux, alors seulement tu accompliras la tâche dont tu es investie.' Je lève les yeux vers le ciel et je murmure quelque chose dans une langue inconnue.
-Qu'est-ce que tu dis ?
Je sursaute et me retourne vivement.
« Tom ? Qu'est-ce que tu fais là ? »
-Je t'ai vu sortir, alors je t'ai suivie.
« Et tu veux quoi ? Tu ne m'as sûrement pas suivie sans raison. »
Mon ton est un peu cassant, je lui en veut de m'avoir surpris comme ça. Déjà qu'il m'a vu pleurer il y'a trois semaines et que depuis cela je passe mon temps à éluder ses questions gênantes.
-Ben, disons que je voulais te parler. Mais tu veux pas qu'on aille dans un endroit plus discret, ce serait mieux.
J'acquiesce, en espérant qu'il ne m'interroge pas sur la couleur de mes larmes, et il m'emmène à l'orée de la Forêt Interdite, à mi-chemin entre les serres et la cabane du garde-chasse. Il regarde de tous côtés, s'assurant que personne ne peut nous entendre, puis il tourne son visage vers moi. Un étrange sourire se dessine sur ses lèvres et ses yeux brillent étrangement, fuyant sans arrêt mon regard. Il ouvre la bouche, mais aucun son n'en sort.
« Qu'est-ce qu'il y a ? » demandé-je inquiète.
-Je. c'est difficile à dire. Je. je suppose que tu as déjà un cavalier pour le bal. Wright, n'est-ce pas.
Je ne parviens pas à articuler un seul mot. Je suis totalement tétanisée et mon c?ur cogne douloureusement dans ma poitrine. Tom Jedusor, essaierait-il de m'inviter au bal ? Je baisse les yeux et il semble comprendre que c'est le cas.
-Oui, je m'en doutais bien. Mais tu sais, c'est pas ça l'important. Ce. ce que je voulais te dire c'est que. que. Ellie, je.
Il n'arrive pas à le dire, mais j'ai déjà compris. Du moins c'est ce que je crois.
-Voilà, je. je voulais te dire que de. depuis qu'on est en première. Mais qu'est-ce que je dis, moi ? Bon, je vais pas tourner autour du pot plus longtemps. Ellie, je. et bien. je t. je t'aime, finit-il par lâcher dans un souffle.
J'ai l'impression qu'on vient de me stupéfixée à l'instant. Je m'y attendais et je m'étais préparée à cela, mais pourtant cela ne m'a pas permis de minimiser l'impact des mots sur mon métabolisme : mes joues s'empourprent, mes pupilles se dilatent, mon c?ur tente de s'arracher à ma poitrine, ma respiration s'accélère et tout mon corps est comme électrisé. La main de Tom se pose tout doucement sur ma joue et il approche son visage du mien. Je suis incapable de réagir, incapable de le repousser, d'empêcher ce qui va se produire dans quelques secondes. Mes paupières se ferment, dominées par une volonté qui ne m'est pas propre et je sens le souffle chaud de sa respiration sur mon visage. Lorsque ses lèvres fraîches se déposent sur les miennes dans un tendre baiser, je reprends soudainement conscience du monde qui m'entoure. Je réouvre les yeux suffisamment rapidement pour voir son visage s'éloigner du mien. Je veux dire quelque chose, mais à peine mes lèvres s'entrouvrent-elles qu'il s'enfuit en courant et disparaît derrière les serres.
-Ellie, tu es sûre que ça va ? me demande Marius pour la dixième fois.
Je suis assise dans un fauteuil de la salle commune et je me réchauffe devant l'âtre. Je suis incapable de le regarder dans les yeux et je me contente d'opiner de la tête. Tout est brouillé dans mon esprit. J'essaie de penser à autre chose, mais à chaque fois l'expression qu'affichait Tom en me disant qu'il m'aimait repousse toutes mes pensées. Ai-je rêvé ? C'est l'impression que j'ai. Tout à été trop rapide, trop soudain pour que mon esprit puisse assimilé ce qu'il s'était réellement passé. Soudain, un sentiment nouveau envahit tout mon être. Je brûle de l'intérieur. Je. je brûle d'amour ?! Est-ce que j'aime Tom ? C'est étrange, mais j'ai l'impression que ça n'aurait jamais pu en être autrement. Je prends mon courage à deux mains et je me lève du fauteuil. Je me retourne vers Marius et je plante mon regard droit dans le sien. Il me regarde suspicieusement, mais je reste totalement impassible.
« Marius, je ne peux pas aller au bal avec toi. »
-Pardon ? Recommence, s'il te plaît, je crois que j'avais quelque chose dans l'oreille.
« J'ai dit que je ne pouvais pas aller au bal avec toi. Je suis désolée, mais. Non ! Non, en fait je ne suis pas désolée du tout. Et ce n'est pas que je ne 'peux' pas, c'est plutôt que je ne 'veux' pas. »
Ses yeux s'agrandissent sur le coup de la stupeur et il éclate soudain de rire.
-Arrête ça, Ellie. Ok, c'était très drôle, mais maintenant ça suffit.
« Mais je ne rigole pas, Marius. Je ne vais pas avec toi, c'est tout. » -Ellie, je veux bien admettre que tu es très fatiguée ces dernier temps, vu que tu as perdu ta mère et tout ça. Mais je ne comprends pas vraiment ce qui t'arrive maintenant.
« C'est pourtant très clair. D'ailleurs tu devrais être content. Tu ne m'aime plus, avoue-le. Ou du moins plus autant qu'avant. »
Il baisse les yeux et fixe ses chaussures. J'avais vu juste.
-Oui, c'est vrai que ce n'est plus autant rose qu'au début, mais c'est de ta faute !
« Ma faute ? »
-Ben oui, avec tout tes mystères tu m'effraies. Je ne sais plus quoi penser, plus quoi faire. Et puis, regarde-toi : tu as l'air d'une morte- vivante, d'un. d'un Spectre. Ce n'est pas que j'accorde grande importance à l'aspect physique, mais. mais.
« Inutile de te justifier, Marius. Je ne suis pas fâchée contre toi, loin de là. Peut-être qu'on devrait arrêter, qu'est-ce que tu en penses ? »
-Ben, je n'osais pas t'en parler, mais puisque tu en parles et ben oui, je préférerais.
Je lui souris et il me rend mon sourire. Je me sens totalement soulagée. Maintenant, pas une minute à perdre, il faut que je trouve Tom au plus vite. Je me précipite hors de la salle commune en bousculant tout le monde au passage. Une fois dans le couloir, je me rappelle soudain que je n'ai aucune idée de l'endroit où peut se trouver Tom en ce moment. Pas le temps de réfléchir, je fais un petit saut chez Serpentard et s'il n'y est pas, j'aviserai.
Les cachots sont toujours aussi froids et aussi visqueux. La salle commune des Serpentard doit se trouver par là, mais impossible de différencier l'entrée de la salle commune du mur, et le couloir est désert, donc il n'y a aucune chance que je trouve quelqu'un pour aller chercher Tom. Alors que je suis au bord du désespoir, un pan de mur gris glisse soudain, laissant apparaître Silver Malfoy.
-Prewett, qu'est-ce que tu fiches ici, bon sang ?
« Contente de te voir aussi, Malfoy. Euh, disons que je me demandais si tu pouvais pas aller chercher Tom pour moi. »
-Ouais, attends ici.
Il disparaît de ma vue et j'attends tranquillement son retour. Je me balance sur mes jambes pour me réchauffer un peu et je plisse les paupières, car la pénombre commence à envahir les cachots. Il doit être environ quatre ou cinq heures de l'après-midi, maintenant. Le mur bascule à nouveau et c'est un Malfoy bredouille qui en sort.
-Désolé, il est pas là. Romulus m'a dit qu'il était partit il y a plus d'une heure.
« Merci quand même. »
-Maintenant, écoute-moi bien, Prewett : j'ai été bien gentil aujourd'hui, mais il faut que je t'avertisse : ce sont les quartiers de Serpentard, alors merci de rester bien sagement dans ta tour et de ne plus venir rôder par ici. Je te dis ça en ami, car j'en connais certains qui se feraient un grand plaisir d'amocher ton joli petit minois, s'ils venaient à te croiser.
« C'est. c'est d'accord » dis-je en déglutissant bruyamment.
Malfoy m'accompagne jusque dans le hall d'entrée où nous nous séparons : lui pour aller dans le parc, et moi pour monter au deuxième étage. J'ai souvent vu Tom traîner par là, alors je suppose qu'il y est probablement. Je suis encore toute retournée par ce que m'a dit Malfoy. Apparemment les Serpentard préparent quelque chose de pas très net si même l'accès de leur couloir nous est maintenant interdit. Il faudra que je mène ma petite enquête. Je fais rapidement le tour de l'étage, mais aucun signe de Tom. Et soudain j'entends un bruit provenant des toilettes des filles. Je m'approche doucement et j'entre. Il n'y a personne. J'ai dû entendre le bruit des robinets qui gouttaient. Mais soudain une chasse d'eau est tirée et la porte de la cabine du fond s'ouvre. C'est Mimi Trelawney. Elle s'approche de moi suspicieusement, battant des paupières derrière ses grosses lunettes. Ses cheveux noirs et gras tombent sur son visage pâle couvert de boutons, lui donnant un air de zombie. Ses yeux sont rougis par les larmes et elle ne cesse de renifler.
-Qu'est-ce que tu fais là ? Ce n'est pas ton étage, je te ferais remarquer, dit-elle la voix tremblante.
« Excuse-moi, Mimi, je. j'ai cru que tu étais Tom. »
-Tom ? s'exclame-t-elle. Allons, tu es folle ou quoi ? C'est des toilettes de filles ici, je te signale. Et en plus ici c'est l'étage des Poufsouffle.
« Oui, c'est vrai, suis-je bête. Rhmm ! Euh. je ferais mieux d'y aller... Je ne voudrais pas être indiscrète, Mimi, mais pourquoi tu pleures ? »
Elle éclate soudainement en sanglots et elle se blottit contre moi. Ne sachant pas quoi faire, je lui passe les bras autour du cou et je tente de l'apaiser en chantonnant doucement. Mimi se dégage finalement de mon étreinte et sèche ses larmes. Elle me jette un regard où se mélange l'étonnement, l'admiration et le soupçon.
-C'est beau ce que tu chantes, mais c'est en quelle langue ?
Sans m'en rendre compte, j'ai chanté dans la langue d'Ambar. Je me donne mentalement une gifle pour m'être laissée aller à ce point.
« Je ne sais pas, je. je crois que c'est une langue. euh. celtique. »
La lueur qui s'allume dans ses yeux noirs me confirme qu'elle ne m'a pas crue. Mais elle ne me cherche pas querelles.
-Tu voulais savoir pourquoi je pleurais, et bien disons que c'est à cause.
« D'Hornby » achevé-je
-Oui, elle m'a encore ridiculisée devant tout le monde, il y'a une demi- heure. Je ne sais pas ce qu'elle a contre moi, mais c'est toujours pareil. Elle s'était calmée un moment, mais depuis avant-hier, elle a redoublé ses attaques.
« Laisse-moi réfléchir. Avant-hier, est-ce que quelqu'un t'as demandé de l'accompagner au bal ? »
-Oui.
« Et ce quelqu'un, est-ce qu'il ne s'appellerait pas Tomas Dubois, par le plus grand des hasards ? »
-Exactement, il est en cinquième année à Poufsouffle.
« Je sais, on a cours commun de botanique, j'ai déjà eu l'occasion de le voir. Un très beau garçon en vérité, n'est-ce pas ? »
Pour toute réponse, Mimi vire au cramoisi.
« Et bien, cette chère Hornby a des vues sur Tomas. C'est donc pour ça qu'elle recommence à t'emm. à t'embêter. Alors je te conseille de te servir de cette faille et de l'exploiter. Fait bien comprendre à Hornby que Tomas est avec toi et qu'elle n'a aucune chance face à toi. Il faut qu'elle ait mal et qu'elle soit profondément blessée dans son amour propre.
-Tu dois être Serpentard dans l'âme, c'est sûr, souffle Mimi comme pour elle-même avec une pointe de dégoût dans le ton. Mais il me semblait qu'elle s'était entichée de Jedusor ?
« C'était encore vrai il y'a quelques semaines, mais je crois qu'il lui a mis les points sur les 'i' et qu'elle cessé de creuser de ce côté. »
-Ouais peut-être, mais jamais j'oserais faire ça à Hornby. Tu sais vraiment pas comment elle est.
« Tu fais comme tu veux, Mimi, mais c'est ton unique chance, alors ne la laisse pas passer. Allez, j'y vais maintenant. Au revoir Mimi. »
Je lui fais un signe de la main et quitte les toilettes des filles et je me dirige dans le hall d'entrée pour poursuivre mes recherches. En entrant dans la Grande Salle, un souvenir m'assaille soudain. 'Tu dois être Serpentard dans l'âme' m'a dit Mimi. Et bien voilà ce que m'a dit le Choixpeau lors de la Répartition :
'Prewett ? Est-tu sûre que c'est bien ton nom. Je ne vois pas en toi la fille de Linda et de Jack. Mais peu importe. C'est intéressant. très intéressant. Secrète, ambitieuse, introvertie, studieuse et même audacieuse. Difficile de te répartir, certes. Avec une aura et une détermination comme les tiennes, tu aurais tout à fait ta place chez Serpentard. Oui, tu es exactement le genre de personne que Salazar Serpentard aimait compter dans ses rangs. Mais néanmoins, avec une soif d'apprentissage pareille, ce serait un crime que de ne pas t'envoyer à SERDAIGLE !'
La Grande Salle est pratiquement déserte maintenant. Malheureusement pour moi, Tom n'est pas plus ici que dans les toilettes des filles du deuxième étage. Je soupire d'exaspération et je m'assieds sur un banc, sans prendre la peine de savoir si c'est ma table ou non.
-Ellie !
C'est KC, elle est installée en bout de table avec Rubeus Hagrid, son meilleur ami. Je me lève et vais m'installer à leurs côtés.
« Salut soeurette, salut Rubeus. »
-Tu vas bien ? s'enquière KC.
« Ouais. je cherche Tom, vous l'avez pas vu ? »
-Nan, pas vu, répondent-ils en c?ur.
-Tu veux du jus de citrouille ? me demande KC en me tendant un verre.
« Non merci, je vais y aller. »
-Oh non ! Je t'en prie, reste avec nous !
Je soupire, puis je hoche lentement la tête ce qui fait apparaître un immense sourire sur le visage de ma petite s?ur.
-Tu vas avec qui au bal ? me demande Hagrid pour lancer la conversation.
« Euh. ben c'est pour ça que je cherche Tom, en fait. Pour répondre oui à sa proposition. enfin. à sa sorte de proposition. »
-Ohoh ! Avec Tom. c'est nouveau ça. Et qu'en pense Wright, demande KC.
« J'en ai fini avec lui. On a tout arrêté aujourd'hui. »
Un sourire malicieux et satisfait passe rapidement sur les lèvres de KC. Elle n'a jamais tellement aimé Marius et le fait que je ne sois plus sa petite amie semble l'emplir d'une joie malsaine.
-Ca ne me plaît pas tellement. fait-elle pensive.
-Quoi ça ? s'étonne Hagrid.
-Ben qu'Ellie aille avec Tom. Je n'aime pas tellement ce type. D'ailleurs je n'aime aucun Serpentard de sa petite bande.
« Voyez-vous ça, je t'en prie, explique nous pourquoi. »
-Ok, je vais vous faire mon exposé, qui est assez long, donc accrochez vous : D'abord Jedusor, vu que c'est le chef de cette joyeuse bande : lui c'est le profil type du véritable Serpentard. Il est froid, intelligent, distant, direct, méthodique et machiavélique. Il en connaît probablement un bon rayon sur les Forces Obscures et il en sait beaucoup plus sur la magie que ce qu'il veut bien laisser paraître. Lupin, c'est le ver dans le fruit: il est beaucoup trop sociale, comique et audacieux pour être un bon Serpentard, mais toutefois il est beaucoup trop ambitieux pour faire un Gryffondor acceptable. Wilkinson est un peu dans le même cas, sauf qu'elle est partagée entre Serdaigle et Serpentard, ce qui l'a rend très assidue à tout ce qu'elle entreprend. Ensuite vient Fairway : alors lui c'est le musclé sans cervelle. Il a un caractère malsain, ce qui lui donne droit à sa place chez Serpentard, mais son QI fait tout de même un peu honte à sa Maison. Hornby est cruelle et intelligente, ce qui lui permet de frapper là où ça fait mal : il suffit de regarder Mimi Trelawney pour se faire une idée concrète de ce que je dis. Elle est passée maître dans l'art des Potions et je mettrais ma main à couper qu'elle ne concocte pas uniquement des infusions relaxantes, si vous voyez ce que je veux dire. Maintenant, Spinnet : pathétique, hypocrite, coincé, pessimiste mais tout de même intelligent et ambitieux, il préfère se cacher dans l'ombre des autres, et au moindre problème, ce serait le premier à lâcher ses camarades. Il aurait parfaitement eu sa place chez Poufsouffle, mais il semblerait que le destin en ait décidé autrement. Audrey Fletcher, c'est la rebelle. Son caractère fort et persévérant pourrait laisser penser qu'elle est faite pour gouverner la bande, mais face à Jedusor elle n'est qu'un petit grain de poussière parmi tant d'autres. Elle est orgueilleuse et fière à un tel point qu'elle serait prête à sacrifier ses frères et s?urs plutôt que de perdre son honneur. Je passe maintenant à Silver Malfoy : c'est le plus jeune, étant donné qu'il est en quatrième, et il n'a pas encore réussi à imposer parfaitement sa présence au sein du groupe. Elsa Rookwood est une sixième année à la froide intelligence et c'est une experte en métamorphose - je la soupçonne d'ailleurs d'être un Animagi non- déclaré. Son point faible est qu'elle se prend sans arrêt pour plus que ce qu'elle n'est, car son frère n'est autre que le grand Artus Rookwood qui enseigne la Nécromancie à l'école de sorcellerie de Durmstrang. Un autre sixième année : Angus Pettigrow. Je ne le connais pas des plus, mais je crois savoir que sa matière de prédilection est la Divination, ce qui est très étrange de la part d'un Serpentard. Il y a aussi Claudio-Alano Avery, le Préfet-en-Chef de Serpentard. C'est l'aîné de la bande, sans pour autant en être le leader, et je sais de source sûre qu'il est passé expert dans la pratique des Arts Sombres. Et enfin, le plus intéressant de tous, j'ai nommé Henri Nott : il est aussi le profil type du parfait petit Serpentard, et pourtant il se différencie par son sang froid et son impassibilité à toute épreuve. Peu de chose sont aptes à le démonter et il a toujours une bonne réplique cinglante à assener à quiconque lui cherches des noises. Il est très fidèle et c'est le plus fervent membres de la petite bande. Il n'arrive pas à la cheville de Jedusor et encore moins à celle d'Avery du point de vue Magie Noire, bien qu'il puisse se vanter d'en savoir bien plus que nécessaire sur certains sortilèges, mais il n'en est pas pour autant moins respecté. C'est sûrement dû à son appartenance à la famille Nott qui égale facilement celle des Malfoy et des Rogue qui sont très craintes dans le monde de la sorcellerie. Bref, c'est le parfait Mangemort, comme dirait Sassia.
« Mangequoi ? » m'écrié-je en m'étouffant avec le jus de citrouille que j'ai fini par boire.
-'Mangemort'. C'est comme ça que Sassia surnomme les amis de Jedusor. Elle se plaît à dire que c'est lui le 'maître' de la bande et que les autres sont en quelque sorte ses 'partisans'. Alors elle leur a dégoté ce sobriquet. J'avoue qu'il y a de l'idée.
-T'es vraiment trop drôle, KC, s'esclaffe Hagrid. Tu es hyper douée pour nous décrire la bande à Jedusor, mais tu es incapable de rendre une dissertation présentable en Histoire de la Magie.
« Ouais, ça c'est bien vrai. En tous cas, merci pour l'explication, KC. Euh. et puis vous deux, vous y allez avec qui au bal. » dis-je pour détourner la conversation qui commence à me mettre sérieusement mal à l'aise.
Ils rougissent tous les deux et baissent les yeux.
-Je n'y vais avec personne, répond Hagrid déconfit.
-Et moi j'y vais avec Josh, dit KC qui a maintenant le teint cramoisi.
« Oh, alors il s'est enfin décidé à te porter un peu d'attention ?! Il en a mis du temps. Mais toi, Rubeus, pourquoi tu n'y vas avec personne ?
-Ben j'ai essayé de demander à Dahra Kersh, mais elle y va avec Gallan McKinnon, et aussi à Kerria Logan, mais elle a dit qu'elle ne voulait pas y aller avec moi à cause de. à cause de.
Les mots restent coincés dans sa gorge et des larmes apparaissent aux coins de ses yeux.
« Je sais pourquoi, Rubeus. Mais ne te mets pas dans des états pareils pour cette petite imbécile. Ne fais pas attention au jugement que les gens portent sur ta taille. euh. démesurée. Ils ne voient que ce que leurs petits yeux crétins veulent bien voir et ils ne prennent pas conscience de ce qu'ils ratent. »
Hagrid se passe rapidement la main sur les yeux et KC me lance un regard plein de gratitude. Je reprends le verre de jus de citrouille et je le sirote lentement. Un silence s'installe et tout le monde semble perdu dans ses pensées. Mais soudain KC s'agite et un sourire radieux fend son visage d'une oreille à l'autre. Elle regarde Hagrid avec insistance, mais celui-ci ne semble pas percevoir le message muet qu'elle lui lance.
« Qu'est-ce qu'il y a ? » demandé-je suspicieusement.
-Rubeus, tu crois qu'on peut lui montrer ?
-Non, répond fermement ce dernier.
-Oh, s'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît !
Devant son air de chien battu, Hagrid lève les yeux au ciel et soupire d'exaspération.
-Ouais, je veux bien. Mais il faudra qu'elle promette de se taire.
-Promets-le, Ellie.
« Euh. je le promets. Mais que. »
-Allez, viens ! On va te montrer.
Elle saute littéralement sur ses pieds et me tire par le bras pour que j'en fasse autant. Hagrid se lève lui aussi et KC nous presse de la suivre. A ma plus grande horreur, elle prend la direction des cachots. Je veux l'arrêter, mais elle est déjà en bas de l'escalier.
« KC ! KC ! Attends ! »
Elle se retourne pour nous attendre et me lance un regard interrogateur.
« On ne peut pas venir par ici. Malfoy m'a dit d'éviter l'endroit autant que possible. »
-Ne me dis tout de même pas que tu vas t'abaisser devant les menaces d'un Serpentard, ricane-t-elle le ton plein de désinvolture.
« Non, mais tu sais comment ils sont. »
Je me sens soudain très stupide. Je me racle la gorge pour me redonner un peu de contenance et je fais signe à KC de reprendre sa route. Lorsque nous arrivons à la hauteur de la salle commune de Serpentard, elle bifurque dans un couloir adjacent que je connais fort bien : c'est le chemin qui mène au cachot n° 8, où se déroulent les cours de Potions. KC se retourne et nous fais signe de ne faire aucun bruit. Nous traversons le couloir comme des voleurs en passant à pas de loup devant la porte de la salle de classe, au cas ou Ichneumon serait à l'intérieur en train de corriger je ne sais quel devoir. Au fond du corridor, nous prenons un nouvel embranchement qui nous mène devant. un placard. Un simple placard à la grande porte de chêne encastré dans le mur.
-A toi l'honneur, me fait KC en me lançant un clin d'?il malicieux.
Je m'approche de la porte et je tire la poignée. Elle est fermée, évidemment. Je sors ma baguette qui est coincée dans le cordon de ma robe et je tapote la serrure en murmurant 'Alohomora', mais rien ne se produit et le loquet reste bloqué. Je réessaie en y mettant un peu plus de conviction, mais toujours rien. Derrière moi, KC se met à pouffer de rire et Hagrid tente tant bien que mal de réprimer son fou rire. J'essaie de les ignorer et je tente le nouveau sortilège que nous a appris Diggory, la semaine passée :
« 'Nuntiare Foramen' ! »
Un jet orangé en forme de clé jaillit de l'extrémité de ma baguette et s'insinue dans le verrou. Je me retourne et voit que les deux autres ont cessé de rire : ils regardent avec appréhension la serrure. Un tintement retentit et je reporte mon attention sur le verrou. La clé de fumée est soudainement projetée hors du loquet et vient me frapper en pleine poitrine, me projetant contre le mur opposé. KC s'écroule tant elle rigole, alors qu'Hagrid m'aide à me relever entre deux éclats de rire.
« OK, dites-moi quel est ce sortilège. » demandé-je vexée en me massant le bas du dos encore endolori par le choc.
-On a scellé la serrure à l'aide d'un maléfice de verrouillage qu'on a trouvé dans l'un des livres de Diggory, m'explique fièrement KC.
« Ah, parce que vous avez accès aux grimoires de Diggory, vous deux ? »
Ma remarque produit l'effet escompté : ma s?ur pâlit dangereusement et Hagrid déglutit difficilement.
-Ben. euh. c'est-à-dire, commence Hagrid.
-Qu'on les lui a emprunté, termine précipitamment KC.
« En tant que Préfète, je me devrait d'informer le directeur de ma Maison que vous piquez ses bouquins. » fais-je remarqué en essayant de rester le plus sérieuse possible devant leurs têtes d'enterrement. « Mais après tout vous êtes des Gryffondor : c'est dans votre nature d'enfreindre le règlement, alors est-ce que je peux aller contre des siècles de tradition ? Non, c'est pas mon genre. »
-Bref, reprend KC soulagée, on a trouvé une super formule de verrouillage capable de résister même aux 'Alohomora' les plus persistants.
« Oui, c'est très bien, mais j'aimerais bien que vous ouvriez cette porte, si c'est possible. »
KC fait signe à Hagrid de s'exécuter et il sort sa baguette, avant de s'approcher de la porte à son tour.
-Le maléfice ne peut se briser qu'à l'aide d'un seul et unique sort, m'explique-t-il. 'Licentiae Aditum' !
Une petite bulle argentée s'échappe alors de sa baguette et va se glisser dans le trou de la serrure. Il ne se passe rien pendant un moment, puis la bulle éclate, ce qui a pour effet de déverrouillé la porte qui s'entrebâille légèrement. L'embrasure s'élargit de plus en plus et Hagrid empoigne la poignée avec force pour ouvrir la porte en grand. J'étouffe un cri ou se mêle la stupeur et l'admiration. Sur le fond de la penderie est étendue une étoffe en fourrure d'Olyga - étrange croisement entre un Fwooper et un Jarvet (ne me demandez surtout pas qui a eu l'idée de croiser un oiseau et un mammifère, je serais incapable de vous répondre), possédant un pelage aux propriétés magiques étonnantes : il produit de la chaleur lorsque le froid est insupportable et inversement lorsque la chaleur est trop élevée (cet animal est en voie d'extinction, car il est très recherché pour la fabrication de vêtements) - et dans le fouillis des longs poils grenats est emmitouflé un énorme ?uf gris au reflets argentés.
« Qu'est-ce que c'est ? »
-Un ?uf, répond KC.
« Oui, ça j'ai vu que c'est un ?uf, bécasse. Mais j'aimerais savoir ce qu'il contient.
-Je n'en ai aucune idée, répond Hagrid. Je l'ai acheté à un type au Chaudron Baveur cet été. Il ne m'a pas dit ce que c'était.
« Oh, c'est vraiment malin. Et qu'est-ce que vous allez faire, si c'est un dragon ? »
-Un dragon ? s'étonne Hagrid avec une joie non dissimulée. Ce serait bien : c'est mon rêve d'avoir un dragon.
« Oui, mais tu ne peux pas te permettre de mettre la vie des autres élèves en danger à cause de ton grand rêve » répliqué-je sèchement. « Il faut que j'avertisse le directeur. »
-Oh non, Ellie, je t'en prie ! supplie KC. Tu as promis que tu garderais le secret. Et puis on est même pas sûrs que c'est bien un dragon. Attendons qu'il ait éclos et si c'est une créature inoffensive ou maîtrisable, on s'en occupera nous-mêmes, Hagrid et moi.
« Bon c'est d'accord. » concédé-je. « Mais soyez très discrets et ne vous laissez surprendre par personne. Et surtout faites attention aux allées et venues des Serpentard, car ils ne seraient pas aussi indulgents que moi sur la question. »
Hagrid referme précautionneusement la porte de la penderie, puis tapote le verrou avec sa baguette en murmurant 'Vetare Aditum'. Cette fois-ci, une petit bulle dorée se forme à l'intérieur même de la serrure et s'en extrait pour venir regagner la baguette d'Hagrid.
« C'est un sort d'auto-reconnaissance. » fais-je impressionnée.
-Qu'est-ce que tu entends par là, me demande KC.
« C'est-à-dire que seule la personne ayant ensorcelé la serrure est capable de conjurer le sort. As-tu déjà ouvert la porte KC ?
-Non, ce n'est que Hagrid qui en a le pouvoir : c'est lui qui a scellé le verrou.
« J'espère pour vous deux que personne ne remarquera quelque chose d'anormal. Parce que même si vous avez utilisé un maléfice de cette catégorie, un professeur le brisera facilement en rompant le lien magique.
-Un peu comme la formule 'Finite Incantatem' ? demande Hagrid.
« Oui, c'est exactement ce genre de sortilèges dont il faut se méfier. Alors j'espère pour vous que lorsque l'?uf aura éclos, la créature ne se montrera pas trop turbulente. »
-On y veillera, répond évasivement KC.
Je lève les yeux au ciel, puis prends la direction opposée avec la ferme intention de retourner dans la Grande Salle. L'heure avance inexorablement et la pénombre qui se fait de plus en plus persistante me laisse présager que la nuit ne va pas tarder à tomber.
-Tu fais quoi maintenant, Ellie, me demande KC en me rattrapant.
« Je réintègre la Grande Salle. Il est tard maintenant, alors j'aimerais bien me mettre quelque chose dans l'estomac avant d'aller dormir. »
Hagrid nous rejoint à son tour. Un mauvais pressentiment m'assaille soudain, alors je presse le pas. Nous passons devant le cachot n° 8 et, au moment où nous bifurquons pour rejoindre le couloir principal, une voix nous hèle. Je me retourne brusquement, en même temps que les deux autres. La porte de la salle de Potions est ouverte et le professeur Ichneumon se tient bras croisés dans le couloir.
-Venez par ici, nous ordonne-t-il d'une voix cassante - ce qui n'est pas dans ses habitudes.
Il nous fais entrer dans son bureau et nous intime de nous asseoir en faisant un signe de la main.
-Puis-je savoir, dit-il en articulant les mots, ce qui amène deux jeunes élèves de Gryffondor et la Préfète de Serdaigle dans les cachots, une demi- heure avant le couvre-feu ?
-Monsieur, nous. nous. faisions une petite ballade, répond stupidement KC.
-Tiens, tiens ! Une petite 'balade'. C'est vrai que c'est une vraie promenade de santé que de rôder dans les couloirs sombres des cachots.
« En fait, j'étais venue chercher Tom. » dis-je. « KC et Rubeus m'ont proposé de m'accompagner et j'ai accepter. Mais comme aucun de nous ne connaissait l'emplacement de la salle commune de Serpentard, on a erré un peu au hasard pour trouver quelqu'un susceptible de nous aider. »
-C'est bon Miss Prewett, inutile de vous mettre d'avantage dans le pétrin, réplique-t-il froidement.
« Je crains de ne pas saisir. »
A l'expression qu'affichent Hagrid et KC, ils n'ont pas compris non plus.
-Et bien dans ce cas je vais éclairer vos lanternes à tous les trois : c'est bien joli de se 'balader' dans les cachots, mais il ne faut pas oublier d'omettre le fait que vous soyez passés en catimini devant mon bureau. Surtout qu'il aurait été bien plus sage et réfléchi de votre part de venir frapper à la porte et de demander au directeur de Serpentard en personne de vous donner accès à la salle commune de sa Maison, n'est-ce pas ?
Touché ! Rhâ, pourquoi est-ce qu'Ichneumon peut-être aussi rusé et mauvais que gentil et étourdi ?
-Évidemment, ne connaissant pas la raison précise de vos investigations mystérieuses, je ne suis pas en mesure de vous sanctionner. Mais je ne manquerai pas d'aviser les professeurs Dumbledore et Diggory de ce regrettable incident.
C'est bien ma veine : Diggory ne me porte pas dans son c?ur et il se fera un réel plaisir de me donner une retenue pour se venger des cent-huit pour cent de bonnes réponses que j'ai eu à son dernier examen. Mais peut-être qu'avec un peu de chance Dumbledore interviendra en ma faveur, qui sait ? Ichneumon laisse tomber ses manières de professeur sévère et son visage redevient doux et serein.
-Maintenant filez vite si vous voulez pouvoir manger avant le couvre-feu, nous presse-t-il d'une voix mielleuse en nous décochant un sourire jovial.
Personne ne se risque à demander son reste et nous quittons tous trois les lieux le plus rapidement possible. Je prends la tête du groupe et je cours presque dans les couloirs glacés qui mènent aux escaliers. Mais en passant devant l'endroit que j'identifie comme l'emplacement de l'entrée de la salle commune de Serpentard, je croise Malfoy. Je fonce tête baissée sans lui accorder un seul regard. Hagrid et KC suivent et ne lui disent rien non plus. La voix de Malfoy résonne derrière moi :
-Tu joues avec le feu, Ellie ! Si tu continues sur la lancée, n'espère pas t'en tirer à si bon compte !
Je ne prête pas attention aux protestations virulentes que lui lancent les deux autres et je gravis les escaliers quatre à quatre. Il n'est plus question que je redescende dans les quartiers des Serpentard, sauf pour les cours de Potions, évidemment.
Pas le moindre bruit ne vient troublé le silence parfait qui règne dans la salle commune. Dans l'âtre, les dernière cendres rougeoyante luisent dans les ténèbres. Quelle heure est-il ? Je n'en ai pas la moindre idée. Minuit, une heure, peut-être plus. Je fais silencieusement glisser le tableau qui bouche l'entrée des lieux et je me glisse par l'entrebâillement. Le couloir est désert et plongé dans la pénombre. Je referme le passage et je m'engage prudemment dans le corridor en prenant soin de ne pas faire résonner mes pas. La crainte me noue la gorge et je ne cesse de me tordre les doigts sous l'effet de la nervosité.
L'herbe scintille sous la lumière vive de la lune parfaitement incurvée qui brille de mille éclats. Je traverse le parc à pas de loup en me cachant derrière les bosquets. Plus la barrière noire et spectrale de la Forêt Interdite se rapproche et plus mon sang se glace dans mes veines. Soudain je m'arrête : je ne sais pas si j'aurais le courage de le faire. et pourtant il le faut ! Ressaisis-toi Ellie ! Je ravale ma salive et je prends un air déterminé avant de reprendre ma course.
J'aperçois le sentier. Je m'y dirige en tremblant avant de pénétrer lentement dans les ténèbres de la Forêt Interdite. Si je me rappelle bien les paroles d'Ambar, je dois suivre le chemin jusqu'à une clairière, puis je dois le quitter et prendre la direction du nord. C'est pas très compliqué. Enfin, disons que ce serait moins compliqué si les branches d'arbres ne me fouettaient pas sans cesse le visage, ralentissant ma progression. Plus j'avance et plus les feuillages s'épaississent, à un tel point que je me demande s'il y a vraiment une clairière dans les environs. A moins que je l'ai déjà dépassée ? Oh non ! Je crois que je suis perdue ! Il ne faut pas que je panique. J'attrape ma baguette, je la pose à plat sur ma main.
« 'Pointe au nord' ! »
La baguette tourne un moment sur elle même, puis s'immobilise pour désigner la gauche. Je marche dans cette direction, malgré que je doive quitter le sentier. La progression est encore plus difficile qu'avant, mais au moins les arbres sont plus clairsemés et une légère lumière blanche s'y infiltre. Je marche ainsi pendant près d'un quart d'heure et je débouche finalement dans une minuscule clairière. J'avance jusqu'à son centre et reste immobile. L'aura puissante qui embaume ce lieu me fait deviner que c'est ici qu'Ambar voulait que je vienne. Mais pourtant je ne vois rien. Seulement un terrain bossué et sombre, ainsi que quelques petits cailloux. Je regarde le ciel. Les étoiles brillent de mille feu, mais la lune reste obstinément cachée derrière un gros nuage. Ce dernier finit par s'écarter et je la vois enfin. Lumineuse comme jamais dans son infini beauté. Alors que la pâle lumière froide pénètre la clairière, quelque chose d'étrange attire mon attention : des formes floues commencent à apparaître tout autour de moi. Très lentement, elles se matérialisent dans l'espace stérile et leur contour se fait de plus en plus net. Ca alors ! C'est un cimetière ! Des tombes, des tombes partout. Mais que ne sont elles pas magnifiques ! D'un fin marbre blanc striés de lignes sombres, les stèles sont toutes identiques. Je m'approche de l'une d'entre elle pour lire l'inscription dorées qui brille sous les rayons de lune : Ellémanthra - Auror. Je me relève et examine plusieurs tombes : Ellicyambra - professeur de Potions, Elléahrra - écrivain, Elliloptra - élève de septième année, Ellébora - astrologue, etc.
Mes 's?urs', ce sont toutes mes défuntes s?urs. J'en suis toute retournée. Ambar m'a parlé de ce cimetière - seule chose dont elle m'ait parlé, d'ailleurs - mais je ne m'attendais vraiment pas à cela. Un bruissement de feuille près de moi, je sursaute.
« Qui est là ? »
Pas de réponses et plus aucun bruit. Mais soudain une lumière, puis quelqu'un qui pénètre dans la clairière, baguette à la main. C'est le professeur Jansen. Il me fixe de son oeil valide et me lance un sourire avenant.
-Une nuit bien fraîche, me dit-il d'une façon trop naturelle.
« Oui, mais que faites-vous ici ? »
Il me fait un sourire mais ne me répond pas. Ma vision se brouille, il me semble que ça cicatrice disparaît. Mais non je ne rêve pas. Son visage est parfaitement pur et. et il n'a presque plus de rides. Ses cheveux poussent à une vitesse folle et se teintent d'or et de blanc argenté, sa silhouette s'affine et s'allonge, son visage change et prend une couleur extrêmement pâle et enfin ses lèvres se colorent et prennent une teinte bleue électrique. Je m'accroche à une stèle pour ne pas m'écrouler à terre, ébranlée par ce subit changement. Je ferme les yeux et respire trois grande goulée d'air frais. Lorsque je rouvre mes yeux, sa métamorphose est parfaitement achevée et le 'professeur Jansen' est maintenant vêtu d'une simple robe de laine couleur sable serrée par une corde brune à la taille.
-Impressionnant, n'est-ce pas ? lâche-t-il d'une voix douce et chantante.
Je ne dis rien, je me contente d'ouvrir et de fermer ma bouche sans qu'aucun son ne s'en échappe. Je dois vraiment avoir l'air d'une idiote.
-Bien plus seyant que le pauvre corps courbaturé et meurtri de ce bon vieux professeur Jansen, continue-t-il sans prêter attention à mon état de stupeur.
« Qui. qui êtes-vous ? » finis-je par articuler.
-Je suis Ivar, car je ne porte en réalité de ton professeur que le prénom, le nom étant fictif et nécessaire uniquement pour la bonne forme.
Il a dit cela comme s'il m'annonçait qu'il allait acheter quelques affaires sur le Chemin de Traverse, ce qui me décontenance encore plus.
« Vous êtes un envoyé d'Ambar ? »
-Non, je ne travaille pas pour elle en particulier. Mon rôle est très simple : je suis leur contact à Poudlard.
« Le contact de qui ? »
-Et bien celui d'Ambar et des autres. Mais j'ai l'impression que ta mère ne s'est pas beaucoup étendue sur le sujet avec toi.
« Non, elle n'est pas restée bien longtemps. Elle m'a seulement parlé du cimetière et donné l'ordre de m'y rendre aujourd'hui. »
-Oui, je comprends bien. Je crois qu'elle aurait voulu rester plus longtemps, mais tu ne lui inspire pas beaucoup de confiance et d'amour.
« Comment cela ? »
-Et bien disons qu'Ambar ne te porte pas beaucoup dans son c?ur. Comme moi et comme les autres.
Il n'y aucune trace de culpabilité dans sa voix et cela me frustre atrocement. J'aimerais lui demander pourquoi on ne m'aime pas, mais il ne m'en laisse pas le temps.
-Je n'ai pas non plus envie de m'étendre des heures sur le sujet et répondre à tes questions, donc je vais essayer de t'expliquer tout ce que tu dois savoir le plus simplement possible. La première chose à savoir est que tu n'es pas.
« Attendez, stop, stop, stop ! Je veux vous poser une seule question, une question d'ordre pratique. »
-Et bien vas-y, je t'écoute.
« Vous, vous êtes un de ses types comme. comme moi, mais vous étiez métamorphosé en un sorcier 'normal', le professeur Jansen en l'occurrence. » Ivar hocha la tête. « Mais quelque chose me chiffonne : il est impossible de tenir le lien magique sur une aussi longue durée, à moins que vous n'ayez pris du Polynectar ou que quelqu'un d'autre que vous se soit occupé de la métamorphose. Mais je ne pense pas que l'un de ces deux moyens ait été utilisé, je me trompe ? »
-Non tu ne te trompes pas, et j'avoue que ta question est très pertinente. En effet, c'est moi qui tenait la métamorphose, de jour comme de nuit, et jamais je n'ai eu besoin de renouveler la puissance du lien magique. La raison en est très simple : les sorciers sont pareils à des aimants et ils attirent continuellement la magie en eux. Lorsqu'ils sont des petits enfants, ils ne sont pas assez puissants pour le faire, et lorsqu'il sont vieux, ils sont trop faibles. C'est pourquoi un sorcier est en pleine puissance d'environ dix ans à 130 ans, ensuite la magie s'éteint totalement en eux et ils finissent par mourir, à quelques rares exceptions près. Pour nous, c'est le contraire. La magie prend source au c?ur de nos êtres et elle s'échappe sans cesse de notre corps pour ne pas créer de 'bouchons'. C'est pour cela que notre puissance est supérieure a celle des sorciers et que nous pouvons vivre éternellement.
« Donc » l'interromps-je « si je comprends bien, les sorciers concentrent la magie en eux, alors que nous la diffusons ? »
-C'est exact, je ne l'aurais pas mieux dit moi-même. C'est pour cela que je peux tenir le lien magique. La magie étant constante en moins, je ne me fatigue pas. Tandis qu'un sorcier normalement constitué ne pourra pas tenir le sortilège actif suffisamment longtemps, car la magie utilisée s'épuisera et aura besoin d'être renouvelée.
« Mais quel nom portons nous, si nous ne sommes pas des sorciers ? »
-Et bien, nous n'avons pas de nom. Nous sommes considérés comme un ordre de grands prêtres de la sorcellerie. Dans certains pays, on nous nommes les Gardiens de la Magie. C'est tout à fait notre rôle, puisque c'est la magie qui émane de nous qui est concentrée dans les sorciers. Du moins, la plus grande partie. Si nous mourrions, les sorciers existeraient encore, mais leur force serait fortement diminuée. Pour un exemple plus concret et bien je vais t'expliquer quelque chose : selon le rapport du Ministère de la Magie, tous les élèves diplômés de Poudlard qui ont fait leur entrée dans la vie active ces cinq dernières années étaient extrêmement brillants et puissants. Pourquoi cela ? Pour la simple raison que tu es arrivée à Poudlard il y a cinq ans et que leur proximité avec toi les a rempli d'une magie pure et puissante. C'est aussi simple que cela.
Je suis toute retournée par tout ce que mon esprit vient d'assimiler. En me concentrant suffisamment, je suis presque capable de ressentir quelque chose de chaud et doux émaner de tout mon corps, c'est terrifiant.
-Et moi qui ne voulais pas te laisser poser de questions, c'est raté. Ce qui est certain, c'est que tu sais tout ce qu'il y a à savoir sur nous. Il te reste une seule chose importante à savoir, avant d'accomplir ta tâche. Une chose d'ordre capitale qu'Ambar avait confiée à Albus Dumbledore. Il était censé t'en parler, mais je le lui est interdit, préférant te l'annoncer moi-même.
« Et qu'est-ce donc ? »
Il ne me répond pas. Il tend son bras devant lui et désigne quelque chose du doigt. Je suis des yeux la direction indiquée et j'aperçois dans le fond du cimetière une autre stèle. Elle est pareille aux autre à vu d'?il, mis à part qu'elle est noire et scindée par un éclair de marbre blanc. Je m'approche lentement de la pierre tombale. Je remarque qu'une fosse est creusée et qu'il n'y a aucun cercueil à l'intérieur. Je m'agenouille pour lire l'inscription dorée. Je chasse la poussière du plat de la main et plisse les yeux. Je pousse un petit cris d'étonnement. Il est inscrit : Ellijandra - élève de cinquième année. Je me relève vivement et manque de tomber dans le trou. Je me dirige furieuse et tremblante vers Ivar.
« Qu'est-ce que cela ? » m'écrié-je la voix entrecoupée de sanglots. « Pourquoi ? Dites moi pourquoi ! »
-Ca je n'en sais rien, personne ne le sait. La seule chose qui est sûre, c'est que tu perdras la vie avant la fin de l'année. Nous l'avons lu dans les étoiles.
« Mais tout le monde sait que ce que disent les étoiles n'est pas fiable. Peut-être avez-vous mal interprété les signes ? »
Il secoue lentement la tête et un sourire condescendant apparaît sur son visage.
-Ne t'en fais pas, ça n'est pas si terrible que ça. D'après ce que j'ai compris, tu n'as rien à perdre. Tout le monde te méprise, et tu le leur rends bien.
« Oui c'est vrai, mais il y'a mes parents, enfin, j'entends par là Linda et Jack, et ma s?ur, et. et Tom. Et pourquoi une stèle noire et pas blanche comme les autres ? »
-Rends-toi bien compte, Ellijandra, que de toutes les filles d'Ambar, tu es la seule qui commettra un acte terrible, car ta mort engendrera le Mal. Mais ce que tu vas faire ce soir sera l'unique moyen de contrer l'irréparable. Alors mieux vaut nous y mettre tout de suite.
Ivar sort quelque chose de l'une des poches de son habit : une petite fiole de cristal contenant un liquide d'un bleu profond.
-Ceci contient les Larmes du doyen de notre ordre qui a donné sa vie il y a mille ans de cela lorsque Salazar Serpentard, l'un des fondateurs de Poudlard, naquit. Sentant que le Mal était sur le point de s'éveiller, il sut qu'il devait mourir et donner ses Larmes pour donner naissance à l'unique arme capable de contrer la menace qui pesait. Il accomplit l'acte à l'aide de deux de ses disciples. L'un se tua pour ajouter son Sang aux Larmes du Maître et l'autre fut chargé de transporter le flacon contenant les deux éléments et de le donner à son successeur après sa mort.
« Mais je croyais que l'on vivait éternellement. »
-Oui c'est vrai, mais il faut savoir que si les Larmes sont éternelles, le Sang ne l'est pas. Et il doit sans cesse être renouvelé.
« Je ne comprends pas. »
-Et bien au bout de plusieurs années - j'entends par là une cinquantaine tout au moins - le Sang dans la fiole s'assèche et seules les Larmes restent. Donc il faut que le disciple se tue et renouvèle le Sang, avant de transmettre le flacon à une autre personne.
« Donc, si j'ai bien compris, c'est ce que vous allez faire maintenant. »
-Oui, et c'est la dernière fois que le Sang sera renouvelé. Quand je serai mort, il faudra que tu prennes la fiole et que tu la confie à quelqu'un de confiance, qui la transmettra inévitablement à la bonne personne, celle qui sera capable d'anéantir le Mal.
« Que ferais-je de votre corps ? Dois-je l'enterrer ici ? »
-Non, tu avertiras Dumbledore et tu lui indiquera l'emplacement de la clairière, il saura quoi faire.
J'hoche la tête en signe d'approbation. Ivar me tend le flacon de cristal que je prends avec la plus grande précaution. Ensuite il sort une étrange dague en verre incrustée de gemmes multicolores qui étincellent sous la lumière de la lune.
-Lorsque je serais mort, remplis la fiole de mon Sang.
« Oui. » dis-je simplement.
Il lève la dague et d'un mouvement rapide et précis la plante profondément dans son c?ur. Je suis prise de nausée et détourne vivement le regard. Un bruit mat se fait entendre et quand je rouvre les yeux, Ivar est allongé par terre, mort. Je m'approche prudemment du corps sans vie, je dévisse le bouchon d'argent du flacon et je retire délicatement la dague de la poitrine sanglante du défunt. Je fais goutter le Sang jaune qui souille la lame dans la fiole puis je la repose à terre, puis referme le flacon. Le jaune du Sang se mélange au bleu des Larmes et bientôt l'étrange liquide prend une teinte d'un vert profond, presque surnaturel.
'La couleur du Sortilège Impardonnable de la mort' pensé-je en frissonnant.
Je referme ensuite la petite bouteille et je la glisse dans l'une de mes poches. J'enjambe le cadavre et prends le chemin du retour. Je m'apprête à quitter la clairière mais un frôlement presque imperceptible me fait faire volte-face. Puis soudain je distingue un éclat argenté, puis j'entends un bruit de tissu qui s'affaisse et je vois Josh Potter qui se tient devant moi.
« Mais c'est pas vrai ? Qu'est-ce que tu fais là ? » m'exclamé-je abasourdie.
-Je t'ai vue dans le parc depuis la fenêtre de mon dortoir. Je suis descendu et je t'ai suivie et j'ai. et j'ai tout entendu.
« Alors c'était toi le bruissement de feuilles tout à l'heure, j'ai cru qu c'était Ivar quand je l'ai vu arrivé ensuite. J'aurais dû m'en douter, il a pénétré dans la clairière totalement à l'opposé du bruit. » dis-je en me mordant la lèvre inférieure.
Il se baisse pour ramasser l'étoffe argentée qui gît à ses pieds comme une flaque d'eau.
« Une Cape d'Invisibilité ! » m'exclamé-je admirative. « Où as-tu eu ça ? »
-Je l'ai héritée de mon père, et lui même la héritée du sien avant moi. C'est un héritage de famille qui se révèle très pratique, je suis obligé de l'admettre.
Le sourire qui a éclairé son visage un instant, disparaît et son expression se fait beaucoup plus grave.
-Ellie, je crois que tu devrais me remettre la fiole.
Je m'étouffe presque sous le choc et mes yeux s'agrandissent.
« Tu peux répéter ? »
-J'aimerais être la personne de confiance qui gardera les Larmes et le Sang. Je sais que tu peux me faire confiance. Et je me sentirais beaucoup plus en sécurité de les savoir en ma possession, plutôt qu'entre les mains de Tom.
« Qu'est-ce qui te laisse penser que c'est à lui que je les lui confierais ? »
-J'en sais rien, une intuition.
Je scrute son regard de mes yeux, il est très sérieux. Au fond de moi, je sais que c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Josh est quelqu'un en qui je peux avoir confiance et en plus c'est un Gryffondor. Je plonge ma main dans ma poche et en ressors le flacon de cristal, avant de le lui tendre.
« Tiens, prends en soin et surtout ne le mets pas en de mauvaises mains. »
-Ne t'en fais pas pour ça. Viens, maintenant, rentrons au château.
Il glisse la bouteille dans sa poche et quitte la clairière. Je lui emboîte le pas, non sans jeter un dernier regard au cadavre d'Ivar et au cimetière.
Nous rejoignons bientôt le sentier et je sens la fatigue me gagner. Alors que la sortie de la Forêt Interdite n'est plus qu'à une dizaine de mètres, quelque chose ou quelqu'un surgit sur notre gauche et nous percute de plein fouet. Nous roulons tous trois à terre dans un enchevêtrement de capes de baguettes et de membres. Je parviens à me dégager et je me relève en époussetant ma robe. Je sors ma baguette.
« 'Lumos' ! »
Un jet de lumière éclaire le bout de sentier où nous nous trouvons et j'aperçois Josh assis à terre, et la silhouette qui se relève lentement se révèle n'être autre que :
-Lupin ! Qu'est-ce que tu fais ici ?! s'exclame Josh en même temps que moi.
-Je peux vous retourner la question, je vous signale, marmonne-t-il en se relevant.
« Pourquoi tu courais ? » lui demandé-je en aidant Josh à se relever.
-Parce que je suis tombé sur un loup-garou, ma chère Prewett.
-Ouais, ouais, tu nous la fait pas à nous celle-là, ricane Josh. Dis plutôt que t'avais peur du noir.
« C'est pas le moment de se déclarer guerre ouverte. » fais-je remarquer. « Le mieux ce serait de rentrer avant que quelqu'un s'aperçoive de notre absence. »
Les deux autres approuvent d'un rapide signe de tête, mais profitent que j'ai le dos tourné pour se lancer des regards assassins. Nous reprenons notre marche et débouchons dans le parc de Poudlard. Josh déploie sa Cape d'Invisibilité, ce qui arrache un sifflement admiratif à Lupin.
« 'Nox' ! » murmuré-je.
La lumière que produit ma baguette s'éteint. Josh me fait signe de venir et nous recouvre tout deux du tissus argenté.
-Tu peux venir aussi, Lupin, murmure Josh.
-Sérieux ? Whaou ! Je ne vais pas manquer une occasion pareille.
Il se glisse à son tour sous la Cape et nous tentons de progresser le plus rapidement qu'il nous soit permis jusqu'à l'imposante porte de chêne. Une fois arrivés dans le hall d'entée, Lupin sort de sous la Cape et descends les escaliers qui mènent aux cachots sans même nous remercier. Josh et moi continuons notre chemin jusqu'au troisième étage. Josh enlève la Cape et nous sommes à nouveau visibles. C'est tellement étrange !
-Il faut se méfier de Lupin, me murmure-t-il. Ses investigations dans la Forêt Interdite son douteuses. J'ai remarqué qu'un joli paquet d'herbes et de fleurs en tous genres dépassait de l'une de ses poches.
« C'est louche tout ça, mais de la part d'un Serpentard ce n'est pas très étonnant. Au fait, la fiole ne s'est pas brisée au moins ? »
-Non, j'ai contrôlé tout à l'heure quand je me suis relevé de ma chute. Allez, bonne nuit !
Il me fait un signe de la main que je m'empresse de lui rendre, puis il se recouvre de la Cape d'Invisibilité. Je l'entends gravir les marches de l'escalier et lorsque le bruits de ses pas me devient imperceptible, je traverse le long couloir sombre pour rejoindre la salle commune de Serdaigle.
