Titre : Seconde chance

Auteur : Aakanee

Genre : drame

Base : FF8

Seconde Chance

Chapitre 2

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  Il commençait vraiment à s'inquiéter. Il n'avait eu tout d'abord aucun mal à suivre Djoan. Son fils avait beau être rapide et filant comme une anguille, il ne pouvait pas faire le poids face à un Seed entraîné. Mais ce diable d'enfant, malgré son interdiction, était parti jouer dans les fourrés, usant de sa petite taille pour échapper à son regard. Et si au début, il avait pu continuer à le suivre grâce à ses rires, ceux-ci avaient fini par s'éteindre et il l'avait maintenant perdu.

  Cela faisait presque dix minutes qu'il courrait dans toute cette partie du parc, regardant derrière chaque banc, chaque arbre, à la recherche de sa tignasse ébène et de sa frimousse souriante, mais aucune trace du garnement. Un poing de glace se refermait peu à peu sur son estomac, alors qu'il essayait vainement d'empêcher la panique de le gagner. Au fond de lui, il savait qu'il n'avait pas grand chose à redouter. La ville était une des plus sécurisées au monde et Djoan était un petit garçon débrouillard, mais quel père aurait-il été s'il ne s'était pas inquiété ? L'idée même de le perdre lui était insupportable et il ne pouvait l'imaginer sans sentir une vague de nausée lui révulser l'estomac. S'il venait à mourir ou à disparaître… il n'aurait plus rien… plus rien pour lui donner la force de vivre.

  Il courait le long du chemin lorsqu'il aperçut enfin au détour d'une boucle, la silhouette si familière. Son soulagement fut tel qu'il le fit presque trembler et il dut s'arrêter un instant pour reprendre son calme, soupirant doucement. Il prit alors seulement conscience de la forme qui se tenait à ses côtés. Il était dur de juger à cette distance, mais il était presque certain, au vu de sa taille et de sa courte chevelure, qu'il s'agissait d'un homme jeune. Mais d'un autre côté, il semblait tellement fluet et courbé qu'il n'en était pas vraiment sûr. Quoi qu'il en soit, il avait son fils avec lui et c'est tout ce qui importait. Repartant de plus belle, il cria enfin son nom.

  _ DJOAN !

  Aussitôt, il le vit se retourner alors que la silhouette s'écartait rapidement et son fils se précipita immédiatement vers lui.

  _ PAPA !

  En moins de temps qu'il ne faille pour le dire, la petite tête ébène fut accrochée à son cou, riant et babillant des phrases rapides dont il n'arrivait pas à saisir le sens, mais qui sonnaient comme une bénédiction à ses oreilles. Il referma bien vite ses bras autour de sa taille, plus soulagé qu'il ne voulait se l'avouer de le sentir bien vivant contre lui et le serra fortement, presque à l'étouffer.

  Vivant.

  _ Papa, je peux pu respirer, finit-il par entendre et il relâcha aussitôt son étreinte pour reposer le garnement à terre, le soulagement faisant maintenant place à la colère.

  Il fronça les sourcils en le toisant de toute sa hauteur et Djoan se mordit aussitôt les lèvres prenant son expression la plus contrite sachant ce qui allait suivre.

  _ Je peux savoir ce qui vous a pris, jeune homme ? Demanda Zell d'un ton autoritaire. Il me semblait bien vous avoir interdit de vous éloigner !

  _ Mais papa…

  _ Il n'y a pas de « mais papa » qui tienne. Il aurait pu t'arriver n'importe quoi sans que je le sache. J'étais mort de peur Djoan, ne refait jamais ça, compris !

  L'enfant hocha rapidement la tête, désolé d'avoir effrayé son père et de l'avoir mis en colère. Ce n'était pas ce qu'il avait voulu. Il avait juste eu envie de s'amuser, de profiter de cet après-midi avec lui pour oublier un peu, mais il comprenait qu'il avait fait une bêtise. D'un autre côté, si ne s'était pas éloigné, jamais…

  _ Je suis désolé, soupira-t-il doucement. Je ne recommencerais plus, promis. Mais tu sais, je n'étais pas seul. Il y avait le monsieur, là-bas, avec moi, dit-il en pointant du doigt le jeune homme que Zell l'avait vu accompagner. Il est très gentil. Très, très triste et très seul, mais très gentil. Je ne risquais rien. Il a d'ailleurs bien voulu m'accompagner le temps de te retrouver pour que justement, il ne m'arrive rien.

  Zell l'observa un peu plus attentivement, soulagé par les paroles de son fils. S'il lui avait fait confiance, c'est qu'il y avait effectivement des chances pour qu'il n'y ait eu aucun danger. Il avait gagné ce don de lire les gens, qui continuait toujours à l'étonner, de sa mère et il ne le remettait presque jamais en doute. La magie prenait des formes bien différentes et, s'il savait qu'il ne pourrait jamais être sorcier, étant un garçon, il n'en restait pas moins qu'il avait de forte probabilité, au vu de son héritage, de posséder quelques pouvoirs tels que celui-ci. Linoa lui avait parfaitement expliqué lorsqu'il avait commencé à développer ces singulières capacités et il les avait acceptées sans mot dire, avec fierté même.

 Un petit sourire joua sur ses lèvres.

  _ Bien, dit-il finalement. Allons le remercier alors.

  _ Oui, pépia Djoan visiblement très content de lui pour une raison qu'il n'était pas sûr de comprendre.

  Sans chercher plus loin, il le prit dans ses bras, lui ébouriffant rapidement les cheveux en susurrant un « petit monstre » à son oreille qui le fit rigoler et s'avança rapidement vers l'étranger. Etonnamment, il le vit reculer précipitamment et crut même lire de la peur sur ses traits encore indistincts, avant qu'il ne s'écroule à terre. Un peu inquiet, il accéléra le pas et franchit rapidement les quelques mètres qui les séparaient pour s'assurer qu'il allait bien. Son inquiétude augmenta un peu plus alors que, la distance se réduisant, il put mieux voir son extrême maigreur et son apparente fatigue générale.

  Il était presque sur lui, prêt à l'aider, quand il le vit relever la tête et il s'arrêta brusquement. Deux mers azurs se fixèrent à son regard quelques secondes, mélanges de terreur et de panique, avant de disparaître à nouveau. Son souffle se coinça dans sa gorge, car ce n'était pas tant leur couleur, étonnamment pure, qui l'avait interpellé, que la cicatrice qu'il avait vu courir entre elles.

  Ce ne pouvait pas… ce n'était pas possible…

  Il fit encore un pas hésitant, ayant le sentiment étrange d'être entré dans une autre dimension et le regarda plus attentivement. Malheureusement, son visage désormais baissé et sa chevelure trop longue tombant dessus, ne lui permettaient plus de voir cette marque qui avait fait manquer un battement à son cœur. Ce pouvait-il qu'il ait mal vu ? Il n'y avait pas d'autre explication. Ce ne pouvait pas être lui… ce ne pouvait pas !

   Il sursauta presque lorsqu'il l'entendit murmurer :

   _ Je suis désolé. Je suis désolé. Je ne voulais pas. Je suis désolé.

   Oh mon dieu ! Cette voix !

  Il n'arrivait pas à le croire.

  Il le vit se recroqueviller encore un peu plus sur lui-même, protégeant son visage de ses mains, comme attendant qu'il le frappe.

  Pourtant il ne pouvait pas s'être trompé. Mais ce corps, complètement décharné, à peine plus qu'un squelette désarticulé, ce ne pouvait pas être lui. Il était mort. Mort ! Il ne pouvait être que mort sinon, où aurait-il disparu depuis presque six ans maintenant.

  Et cependant, il ne pouvait nier l'évidence qu'il avait devant les yeux.

  Lentement, il déposa son fils à terre et s'agenouilla devant la forme, hésitant, presque tremblant. Il aurait voulu pouvoir être en colère, il aurait voulu pouvoir le frapper, crier, faire quelque chose pour toutes ses années de souffrances, mais c'était impossible. La… silhouette qu'il avait devant lui, n'était plus celle qu'il avait connue. Bon dieu, il n'était même pas encore tout à fait sûr qu'il s'agissait bien de lui. Comment… comment… ? Que s'était-il passé durant ces années ? Qu'avait-il subit qui avait pu le mettre dans un tel état ? Il n'osait même pas l'imaginer. Ne voulait pas l'imaginer.

  _ Seifer ?! S'entendit-il demander doucement, étonné du son éraillé et hésitant de sa propre voix.

  La forme frémit aussitôt et se tassa encore un peu plus si cela était possible.

  Hyne… c'est bien lui.

  Une vague de sentiments contradictoires passa en lui et il ferma les yeux un instant avant de les rouvrir et inspira profondément pour se calmer.

  Il arrivait à peine à croire ce que son regard lui montrait.

  Il pouvait voir ses os dépasser sous chaque millimètre de peau visible. Ses mains n'étaient plus que de longues baguettes filiformes et son visage creusé, le fantôme de ce qu'il avait un jour été, reflet de souffrances et de tortures. Ses vêtements trop larges, sales et déchirés, laissaient deviner un corps tellement aminci qu'il en semblait presque inexistant et il pouvait voir sur certains portions visibles de ses avant-bras, des cicatrices de brûlures et d'écorchures.

  Son état n'avait presque plus rien d'humain.

  Etrangement la surprise fit place à la colère, à une haine telle qu'il n'en avait pas ressenti depuis longtemps. S'il tenait les salaups qui avaient fait ça ! Il n'aimait Seifer, ça non. Il avait passé toute son enfance à le tourmenté et à lui rendre la vie impossible, le traitant de noms dont il ne voulait même plus se souvenir et il savait que beaucoup de gens lui en voulaient pour ce qu'il avait fait lorsqu'il avait été ensorcelé, même si ce n'avait pas été sa faute. Mais ça… personne ne méritait de finir comme ça, même la dernière des brutes. Même le pire des monstres et il était loin d'en être un.

  Il se sentait désolé. Il n'aurait jamais cru un jour ressentir un telle chose, mais il se sentait désolé pour le jeune homme et étrangement triste.

  Il avança doucement une main vers lui, jusqu'à effleurer son bras et Seifer recula aussitôt, lançant sur lui un regard suppliant et complètement paniqué, tremblant comme un animal traqué.

  _ Je suis désolé, souffla-t-il à nouveau. Je… je ne lui ai rien fait, je ne lui ai rien fait. Je suis désolé. Désolé.

  Il aurait voulu pouvoir s'enfuir, mais la peur le paralysait sur place. Mais peut-être, peut-être était-ce mieux ainsi. Il l'avait reconnu donc il allait probablement appeler les autorités qui viendraient le chercher et qui finiraient par l'exécuter. Oui, qui lui offriraient enfin la délivrance. Il espérait juste qu'elles ne le torturent pas une nouvelle fois avant. Une mort rapide, c'est tout ce qu'il demandait. Mais peut-être était-ce déjà trop.

  Il attendait de le voir partir, appeler la sécurité ou le frapper, n'importe quoi, mais certainement pas ce qu'il fit ensuite. Certainement pas le sentir relever gentiment son visage pour encrer son regard au sien.

  Zell était déboussolé. L'entendre demander ainsi pardon, lui jurer qu'il n'avait pas touché à Djoan, le voir ainsi trembler, il ne comprenait plus rien. Il ne l'avait jamais vu ainsi, n'avait même pas imaginer le voir un jour. Même s'il l'avait détesté, il avait toujours admiré Seifer pour sa force de caractère, pour son assurance inébranlable, même dans les pires moments. Alors le voir ainsi…

  Une chose était sûr, il ne pouvait pas le laisser comme ça. Il lui en voulait peut-être encore, mais il n'était pas sans cœur et Djoan lui avait fait confiance. Il se tourna un instant vers son fils qui se mastiquait la lèvre, une expression peinée sur le visage. Se sentant observer, il lâcha aussitôt Seifer des yeux pour lancer à son père un regard suppliant.

  D'accord. Pourquoi pas. De toute façon, que pourrait-il leur faire dans son état ? Et peut-être, qui sait… peut-être sa présence apporterait-il du renouveau dans leur vie. Une chance d'oublier un peu leur peine pour ne se concentrer que sur lui. De toute façon, il ne pouvait décemment pas le laisser dans cet état.

  Sa décision prise avec l'accord de son fils, il se tourna vers le blond et le força à le regarder.

  _ Seifer, dit-il doucement lorsqu'il fut bien certain d'avoir son attention. Tu n'as pas à t'excuser, ok ? Je sais que tu ne lui as rien fait et je ne t'en veux pas.

  Devant l'expression complètement perdue que lui lança le jeune homme, il comprit deux choses. Tout d'abord, qu'il ne le croyait pas, ce qui ne l'étonna pas outre mesure, vu ce qu'il devait avoir subit. Ensuite, qu'il ne l'avait apparemment pas reconnu. C'est vrai que plusieurs années avaient passé, mais jusqu'à maintenant, il n'avait pas envisagé qu'il n'ait pas encore réalisé qui il était, ce qui allait encore compliquer les choses. Avec son comportement d'animal effarouché, il risquait de lui glisser entre les doigts, mais c'était malheureusement un risque à prendre. De toute façon, dans son état, il ne pourrait pas aller bien loin.

  _ Seifer, reprit-il doucement, d'un ton qui se voulait rassurant. Seifer, est-ce que tu me reconnais ?

  Il vit ses sourcils se froncer quelques instants, tout d'abord d'étonnement, puis de concentration et enfin de compréhension. Tout se passa alors très vite. Avant même qu'il ait pu réagir, le blond s'était redressé d'un bond et commençait déjà à reculer. Mais il eut à peine le temps de faire deux pas avant d'être stopper par Djoan, une main posée sur son bras. Il vit alors le regard de Seifer s'agrandir de peur, puis il sembla se détendre, avant de s'écrouler, inconscient.

  Zell dévisagea le blond, puis Djoan, encore plus déboussolé si cela était possible et réussit à demander :

  _ Co… comment ?

  _ Je sais pas, murmura son fils, visiblement aussi surpris que lui. C'est venu comme ça. Mais on ne pouvait pas le laisser partir, hein papa ? Il a besoin de nous.

  Zell hocha rapidement la tête ne sachant pas trop quoi répondre à ça et l'esprit encombrer de millier de questions dont il n'était pas sûr de vouloir connaître les réponses.

  _ Ok, dit-il finalement, regardant rapidement autour de lui pour voir si quelqu'un avait assisté à la scène.

  Mais cette partie du parc était pour l'instant déserte et il soupira de soulagement avant de se relever.

  _ On va le ramener à la maison et ensuite… ensuite je ne sais pas. On verra bien.

  Djoan approuva vigoureusement de la tête et Zell lui adressa un pauvre sourire avant de s'agenouiller près de Seifer pour le prendre dans ses bras. Son peu de poids lui souleva le cœur et il se força à ne pas s'attarder sur son visage émacier avant d'indiquer à son fils de marcher devant, prenant immédiatement sa suite.

***

  Il attendait debout, les bras croisés, une expression inquiète sur le visage. Il ne savait pas quoi faire. La situation était étrangement compliquée.

  Et si simple à la fois.

  Malgré la pénombre de la pièce, il pouvait voir sans difficulté la forme étendue sur le lit. Elle semblait si fragile ainsi, comme une fine poupée de porcelaine fêlée.

  Il avait encore du mal à réaliser tout ce qui s'était passé. Il avait encore du mal à croire qu'il ait fait une telle chose. Aider son ennemi… non, faux, Seifer n'avait jamais été un adversaire. Dans sa jeunesse, il avait été son tourmenteur tout au plus et sous Ultimecia, une marionnette aux ordres d'une sorcière qu'ils avaient du affronter, mais jamais un véritable opposant. Cette rivalité, il la laissait à Squall. Quoi qu'il soupçonnait le jeune homme de ne jamais lui avoir porté la haine qu'ils semblaient se vouer.

  Et maintenant, après presque six ans d'absence, il était chez lui, étendu sur son lit, inconscient et dans un tel état qu'il en était écœuré. Depuis qu'il avait mystérieusement disparu peu après la fin de la guerre, sans qu'il soit possible de le retrouver malgré toutes les recherches, ils l'avaient présumé mort aux mains de quelques groupes voulant se venger et il n'avait jamais envisagé jusqu'alors de le revoir un jour. Pourtant…

  Que ce soit lui qui l'ait trouvé, avait quelque chose d'un peu ironique. Mais aucun sourire ne vint fleurir ses lèvres pour autant, bien au contraire.

  Doucement, il s'avança et vint s'asseoir sur le bord du lit, froissant silencieusement les draps qui recouvraient en partie son corps.

  Presque inconsciemment, il tendit une main vers le dos qui lui faisait face, avant de la retirer aussitôt et de fermer les yeux. Seifer était en position fœtal, le corps complètement refermer sur lui-même et n'avait pas bougé une seule fois depuis qu'il l'avait allongé et qu'il s'était ainsi positionné. Si ce n'était les légers murmures de son souffle régulier, il aurait presque pu le croire mort.

  Il rouvrit finalement les yeux et contempla une nouvelle fois le spectacle qui s'offrait à son regard.

  Comment pouvait-on faire une telle chose ?

  Lorsqu'il l'avait ramené, rentrant discrètement chez lui par un chemin loin des regards indiscrets, il avait décidé de le débarrasser de ses vêtements, pour lui mettre un tee-shirt et un pantalon propres qui ne serraient pas à sa taille, mais toujours plus confortables et agréables que ce qu'il portait. Il ne savait pas ce qui l'avait poussé à faire ça, sinon l'aspect lamentable de ce qu'il osait encore à peine appeler « habits » et le sentiment que le jeune homme se sentirait mieux ainsi. Cette attitude, qui l'avait surpris une fois de plus, lui avait malheureusement permis de découvrir ce qu'il n'aurais jamais cru voir encore de nos jours chez un être humain. Des signes de tortures comme il ne devrait plus en exister, comme lui-même étant possédé, avait été incapable d'infliger.

  Une abomination.

  Il effleura doucement le tee-shirt bleu pâle qu'il lui avait enfilé, sentant évoluer sous ses doigts les cicatrices qui le marquaient. Il y en avait tellement que plus une seule zone de son dos n'était lisse et elles semblaient s'entrecouper sans fin pour former un patchwork inextricable de chaires lacérées. Elles partaient de la base de sa chevelure pour recouvrir entièrement sa nuque, ses épaules, ses omoplates, son épine et ses reins, descendant sur ses fesses et courant encore sur le derrière de ses cuisses et presque la totalité de ses jambes. Ses bras et ses avant-bras n'avaient pas été plus épargnés et il osait à peine imaginer la souffrance que cela avait du être. Son torse et le devant de ses membres avaient subit moins de dommages, mais gardaient néanmoins les traces de brûlures au fer ou à la cigarette et les cicatrices de lames coupant sa peau et ses chaires.

  Hormis ces traces visibles, il ne pouvait qu'imaginer ce qu'il avait du subir d'autre et il n'ajoutait pas à cela ce qui l'avait conduit à sa maigreur extrême. Ses tortionnaires avaient du juste lui donner le minimum nécessaire pour le garder en vie et leur permettre de continuer leurs tortures.

  Combien de temps avaient-elles duré ?

  Il répugnait à penser qu'elle avait pu se dérouler sur les six années de sa disparition, mais c'était malheureusement une possibilité non négligeable qui expliquerait également l'état psychologique dans lequel il l'avait trouvé, pourquoi, il semblait à ce point persuadé qu'il ne pouvait que le frapper.

  Il ravala la bile qui lui monta à la gorge à cette idée et passa inconsciemment sa main dans sa chevelure trop longue, un peu comme il le faisait avec Djoan lorsqu'il était malade ou comme il l'avait fait si souvent ces derniers mois avec Linoa.

  Son fils apparut à cet instant à ces côtés, le regard triste, presque au bord des larmes. Il avait vu lui aussi le spectacle de ce corps torturé et sans réaction. Il prit aussitôt place aux côtés de son père avec son aide, prenant bien garde de ne pas trop remuer le lit et prenant son relais en glissant une de ces petites mains dans ses mèches claires pour jouer avec, comme il l'avait déjà fait auparavant.

  Zell soupira doucement en le regardant faire. Il ne savait toujours pas quoi penser des derniers évènements, sinon que son fils semblait posséder des capacités bien plus importantes qu'il ne l'avait cru. Il était également étonné de la manière dont il semblait absolument vouloir protéger Seifer. Malgré son effroi au vu des tortures qu'il avait subit, il avait refusé de quitter la pièce lorsque Zell lui avait demandé et était resté pour l'aider, autant à l'habiller qu'à soigner les petites plaies et écorchures qui couvraient ses mains et ses pieds déchaussés. A aucun moment, il n'avait versé les larmes qui brillaient dans ses yeux, puisant dans la même force qui lui avait permis d'accompagner sa mère jusqu'au bout, semblant bien plus mature à cet instant qu'il ne l'aurait du. Il lui semblait presque parfois qu'en quelques mois, il avait perdu toute son innocence. Et pourtant, lorsqu'il revoyait l'image de son bonheur dans le parc, il n'en était plus tout à fait sûr. Il adorait son fils plus que tout, mais il lui semblait qu'il était désormais incapable de véritablement le comprendre et cela le peinait énormément.

  Semblant sentir son désarroi, l'enfant se tourna vers lui pour lui sourire doucement, avant de lui prendre la main pour la serrer en signe de réconfort. Zell lui caressa doucement la joue, ne cachant pas sa fierté devant son courage, avant de retourner son attention vers Seifer.

  Si, lorsqu'il l'avait trouvé, il avait encore éprouvé des ressentiments à son égard, ceux-ci avaient maintenant complètement disparus pour ne laisser place qu'à la peine et à la pitié. Et si le premier sentiment ne le dérangeait pas, il tentait de supprimer le deuxième qu'il jugeait mal placé. Il savait que le blond avait toujours exécré et à raison, cette émotion. Il savait que dans un sens, elle le faisait se sentir encore plus misérable et méprisable et c'est n'est pas ce qu'il voulait à cet instant. Il semblait déjà suffisamment détruit mentalement sans qu'il ne vienne ajouter à son désespoir.

  Pourquoi se sentait-il tellement concerné, il en était moins sûr. Sans doute parce que, malgré tout, il avait toujours fait partie de la famille. Un peu comme le petit cousin que l'on ne supporte pas, mais la famille néanmoins. Et puis… il avait besoin de quelqu'un et cette aide, il était capable de la lui apporter. Il le savait, comment, il l'ignorait, mais il le savait et il lui semblait que Djoan n'y était pas étranger.

  _ C'est vraiment lui, souffla soudain ce dernier à ses côtés.

  Ce n'était pas une question, mais une affirmation qui contenait une étrange tristesse et il s'en étonna quelque peu. Mais il savait qu'il n'aurait pas du. Il était normal que Djoan le connaisse, Linoa lui avait suffisamment parlé de lui, en des termes qui auraient étonné plus d'une personne et l'avaient d'ailleurs surpris la première fois, avant qu'il ne comprenne. Qu'il ne comprenne que malgré tout ce qui s'était passé, elle n'avait jamais cessé de l'aimer. Il s'était d'ailleurs souvent demandé, si elle s'en rendait compte elle-même. Elle avait été la seule personne, avec Edéa, à pleurer le jour où toute recherche avait été définitivement abandonnée et il avait alors réalisé qu'il avait été le seul véritable amour de sa vie. Il soupçonnait d'ailleurs Squall de l'avoir compris avant lui, raison pour laquelle, il avait décidé de rompre. Mais Linoa, avec sa naïveté toute particulière, ne semblait, elle, ne jamais l'avoir réalisé.

  _ Oui, dit-il doucement. C'est lui.

  _ Elle savait… maman… elle savait qu'il était vivant. Elle ne savait pas où, ni comment, mais elle le savait. Elle disait toujours qu'elle le sentait, là, dit-il en posant une main à la place de son cœur.

  Zell lui sourit tristement, mais son sourire se fana lorsqu'il reprit :

  _ Je le savais aussi, tu sais et je l'ai tout de suite reconnu dans le parc. C'est un peu comme si elle m'avait soufflé « c'est lui ».

  _ Djoan… souffla doucement son père, à la fois surpris et peiné.

  _ On va l'aider, dit ? Demanda-t-il en tournant son grand regard vers lui. Il va aller mieux ? Tu vas l'aider à aller mieux, hein ? C'est ce que maman veux.

  Zell lui caressa doucement les cheveux, évitant de relever l'utilisation d'un présent qui ne pouvait avoir lieu et hocha doucement la tête.

  _ Oui, Djoan, on va l'aider, je te le promets.

  L'enfant poussa un petit soupire de soulagement et sourit timidement à son père.

  _ Qu'est-ce qu'on va faire. Il a tellement mal.

  _ Je ne sais pas… je crois que le mieux pour l'instant serait de prévenir la Gouvernante. Elle l'a toujours aimé, elle pourra sûrement le soigner.

  La petite tête brune approuva de la tête et retourna presque aussitôt son attention sur le blond, le couvant du regard.

  Zell se leva.

  _ Je vais aller la voir immédiatement. Tu veux bien le surveiller pour moi ? Cela risque de prendre un peu de temps, j'ai beaucoup de choses à lui dire.

  Djoan ne se retourna même pas, se contentant de murmurer son accord.

  Zell le regarda encore quelques secondes, avant de lui ébouriffer tendrement la tête et de sortir rapidement en direction de l'appartement des Kramer.

  Oui, il avait beaucoup de choses à lui demander.

***

  Edéa regardait les plans devant elle lorsqu'elle entendit frapper à la porte.

  _ J'arrive, dit-il avant de les rouler soigneusement pour les ranger dans un tube cartonné. 

  Elle avait décidé de réaménager l'orphelinat et s'attelait à ce projet depuis plusieurs mois déjà, en vue de le réouvrir le plus vite possible. Depuis la mort d'Ultimécia, elle n'avait pas eu grand chose à faire, sinon penser et elle se languissait du temps où elle pouvait s'occuper d'enfants. Il lui avait fallu batailler dur avec Cid, mais elle avait fini par le convaincre qu'elle pouvait réellement faire encore face à une telle charge de travail et depuis lors ne travaillait qu'à ça. Les travaux avaient déjà commencé pour réparer la bâtisse et l'agrandir et elle en surveillait attentivement l'évolution.

  Rangeant précieusement le tube dans son bureau, elle se dirigea finalement vers la porte et l'ouvrit pour faire face à un Zell encore plus sérieux que d'habitude et visiblement nerveux. Depuis son mariage et la naissance de Djoan, il semblait avoir perdu cette énergie de kangourou qui le caractérisait tant avant et elle s'en désolait. Pourtant, elle pouvait toujours sentir sous son masque de père et d'homme responsable, bouillir un torrent d'émotions prêt à se déverser si la raison le voulait et l'emporter.

  Il lui sourit doucement, la saluant d'un « Gouvernante » timide et leva un peu la tête pour tenter de discerner la pièce derrière elle.

  Un peu décontenancée par son attitude, Edéa se retourna et fronça les sourcils avant de lui faire à nouveau face.

  _ Zell, dit-elle. Il y a un problème ?

  _ Vous êtes seules ?

  _ Oui, mais pour…

  _ Il faut que je vous parle, c'est très important, la coupa-t-il immédiatement.

  Cette fois, véritablement intriguée, elle lui indiqua immédiatement d'entrer, ce qu'il fit s'en attendre et prit bien soin de fermer la porte à clé derrière elle. Lorsqu'elle se retourna, il était au centre de la pièce, regardant nerveusement autour de lui et se balançant d'un pied à l'autre.

  _ Il n'y a personne d'autre ici que nous, Zell, lui dit-elle. Cid est à son bureau et je reçois rarement de visites. Nous sommes seuls, je peux te l'assurer.

  _ Excusez-moi, souffla-t-il visiblement honteux de son comportement.

  _ Ce n'est pas grave. Assied-toi et dis-moi plutôt ce qu'il y a de tellement important qu'il faille faire tant de secrets.

  Zell acquiesça et prit rapidement place sur une chaise, attendant qu'elle s'assoit, elle aussi, avant de parler. Ce qu'il allait lui dire allait probablement la secouer et il valait mieux qu'elle ne soit pas debout lorsqu'elle l'entendrait.

  Lorsqu'elle fut installée sur le canapé, il tordit un peu ses mains, ne sachant pas trop comment annoncer ça sans la choquer.

  _ Et bien ? Demanda-t-elle, de plus en plus surprise et quelque peu inquiet maintenant. Qu'y a-t-il ? C'est à propos de Djoan ?

  _ Oui, dit-il. Enfin, non… euh, pas vraiment. Il y a effectivement quelque chose à son sujet, mais ce n'est pas ça le plus important.

  _ Alors qu'est-ce que c'est ? Qui a-t-il d'aussi important ? Zell, tu sais que tu peux tout me dire.

  Le blond grimaça un peu avant de prendre son souffle.

  _ Oui… C'est… c'est à propos de… de Seifer.

  Il la vit pâlir presque immédiatement et se maugréa.

  _ Sei… Seifer, souffla-t-elle avec peine, ravalant les larmes qui lui montèrent aussitôt aux yeux.

  Elle n'avait jamais vraiment été capable de surmonter sa perte et s'en voulait encore terriblement. Elle tenta de chasser ses pleurs et reporta son attention sur Zell.

  _ Qui y a-t-il ? Réussit-elle finalement à demander. Que… ?

  Le blond se leva immédiatement pour prendre place à ses côtés et souleva doucement sa main pour la placer dans la sienne.

  _ Il est en vie, Gouvernante, dit-il finalement, surveillant attentivement ses réactions de peur qu'elle ne s'évanouisse.

  _ En… en vie ? Répéta-t-elle, visiblement persuadée d'avoir mal entendu. 

  _ Oui. En vie et à la BGU, dans mes appartements.

***

  La première chose dont il prit conscience lorsqu'il revint à lui, fut la douceur du sol sur lequel il était étendu et il lui fallut quelques instant pour comprendre que ce n'était pas de la terre, mais un lit. Un véritable lit. Cela faisait si longtemps qu'il n'en avait pas goûté qu'il peinait à croire que cela était possible. Il devait rêver, il ne pouvait en être autrement. Et si c'était bien le cas, alors il ne voulait pas se réveiller car c'était sans doute le plus merveilleux rêve qu'il avait eut tout au long de ces années.  Cependant, un mouvement prêt de lui attira son attention et lui fit involontairement ouvrir les yeux. Plusieurs émotions et pensées passèrent en lui alors à cet instant. Tout d'abord, la peur, toujours bien présente et irrationnelle, incontrôlable, qui lui fit bander au maximum ce qu'il osait tout juste encore appeler « muscles » et bloquer sa respiration. Son cœur sembla manquer un battement et il ferma les yeux, attendant la main qui se poserait sur lui. Mais aucune poigne ne vint le saisir et la pièce redevint silence, si ce n'est le léger bruit de respiration de la personne prêt de lui. Il ne prit qu'alors véritablement conscience qu'il était effectivement sur un lit, dans des vêtements qui ne lui appartenaient pas, mais qui était agréablement propre et doux à contact de sa peau.

  Que…

  Il rouvrit doucement les yeux, ne croyant pas à sa chance. Pourquoi quelqu'un lui serrait-il venu en aide ? Il devait être mort, c'était la seule explication. Mais il ressentait bien trop de chose pour avoir cette chance, à commencer par de petits élancements à ses mains qu'il découvrit être soigneusement bandées.

  Il cligna plusieurs fois des yeux, pensant presque voir les pansements disparaître, peinant à croire que l'on pouvait l'avoir ainsi soigné. Les seuls moments où il avait eu droit à une telle miséricorde étaient ceux où… où…

  Il sentit immédiatement un flot d'adrénaline parcourir son corps et la terreur reprit aussitôt le dessus. Il y était retourné ! Il y était retourné ! Ce ne pouvait être que ça ! Il était encore une fois dans sa prison, dans cette infirmerie carrelée de blanc et aux relents d'antiseptiques où ils l'envoyaient toujours pour l'éviter de mourir.

  Et ils allaient venir le prendre et une fois de plus le remettre dans son antre. Une fois de plus le torturer. Un long tremblement lui parcourut le corps et il empêcha tout juste son cri de détresse de franchire ses lèvres.

  Nonnn…

  Une unique larme roula sur sa joue et il prit une inspiration rauque pour refouler ses sanglots.

  Il y était retourné. Mon dieu, tout ceci ne prendrait-il donc jamais fin ?

  Il tenta de calmer sa terreur, mais frémit encore lorsqu'il sentit le lit bouger légèrement sous lui. Il ne prit alors seulement conscience que quelque chose n'allait pas. Un lit ? Jamais, même lorsqu'il s'était retrouvé à l'infirmerie, ils ne lui avaient fait un tel honneur. Il n'avait toujours eu droit qu'au contact froid et dur d'une table de fer recouvert d'un semblant de couverture qui n'avait pas la douceur de celle qui le couvrait actuellement. Il se concentra un peu plus et se rendit bien vite compte qu'il n'avait rien dans cette pièce de caractéristique au poste de soin qu'il avait si souvent visité. Il n'y avait pas son odeur si particulière tout d'abord, ni ses bruits si familiers. Il pouvait aussi voir tomber devant lui, les rayons hésitants d'un soleil qui peinait à traverser les persiennes, chose impossible normalement puisque l'infirmerie ne possédait pas de fenêtres. Et il était habillé de propre, encore une chose impossible.

  Où était-il alors ?

  Et pourquoi ?

  Il tenta de collecter sa mémoire et revit défiler devant lui les derniers évènements. L'enfant, son étrange comportement, sa promesse, le soleil, les passants, son père… Zell ?! Et sa main posée sur son bras, sa terreur et soudain cette impression de calme étrange et puis… plus rien.

  Il déglutit péniblement.

  Zell.

  C'était impossible et pourtant…

  Il ne l'avait pas reconnu tout de suite derrière son masque sévère et les brumes de sa propre mémoire, mais son tatouage était unique, tout comme sa coupe de cheveux.

  Mon dieu… pourquoi avait-il fallu que ce soit lui entre tous ? Pourquoi lui, qu'il avait le plus aimé et le plus détesté ? Pourquoi lui, qui lui vouait une haine sans pareille ? Et il le comprenait, il ne pouvait pas lui en vouloir. Pas après tout ce qu'il avait fait, lui avait fait. Il n'était qu'un monstre. Non… pire même.

  Alors… pourquoi tout ça ? Pourquoi ce lit, ces bandages, ces vêtements ? Il ne les méritait pas. Pourquoi ?

  A nouveau la présence à côté de lui remua doucement et il se retourna, lentement, hésitant, pour la regarder, craignant de découvrir le visage si familier. Mais c'est celui de Djoan qui s'offrit à son regard et il aurait poussé un soupire de soulagement, si ce n'avait été la peur qui lui tordait l'estomac et l'incompréhension qui titillait chaque fibre de son être.

  Leurs yeux s'encrèrent intensément les uns dans les autres, bleu glacial contre chaleur émeraude.

  _ Je savais que tu étais réveillé, sourit alors gaiement le jeune garçon.

  Seifer ne broncha pas, ne bougea pas, osant tout juste respirer, avant de détourner finalement son regard, honteux d'avoir oser le regarder.

  _ Tu sais, reprit Djoan, agissant comme si de rien n'était, papa à dit qu'il allait t'aider.

  Seifer sursauta et fit ce que l'enfant avait prévu, il ramena aussitôt son regard sur lui. Un regard effrayé et déboussolé qui n'empêcha pas la tête ébène de lui sourire gentiment.

  _ C'est vrai, dit-il laissant une de ses mains venir jouer avec une de ses mèches blondes.  Seifer recula instinctivement pour cogner son dos au mur, mais Djoan ne le lâcha pas pour autant et se rapprocha même un peu plus.

  _ Je crois qu'il t'aime bien, grimaça finalement le garnement. C'est maman qui a du déteindre sur lui, hein ? Dit-il en tournant son regard dans le vide prêt de lui, souriant plus encore, tendrement cette fois, avant de rapporter son attention sur Seifer. Moi je t'aime bien en tout cas.

  Seifer hoqueta.

  Il était complètement perdu. Il ne comprenait pas cet enfant, il ne comprenait rien à ce qui se passait autour de lui et pouvait presque croire que sa tête allait exploser. Comment… comment pouvait-il lui dire qu'il l'aimait ? C'était impossible, il ne le connaissait pas. Il devait savoir tout ce qu'il avait fait, alors comment pouvait-il seulement le supporter. Et Zell… s'il était bien sûr d'une chose c'est que le Seed ne pouvait pas éprouver pour lui un autre sentiment que la haine.

  Pourquoi l'avoir aidé alors ?

  Un seul mot passa dans son esprit qui lui fit plus mal que tout.

  Pitié.

  Il frémit légèrement et ferma les yeux. Jamais, presque, il n'avait autant souhaité mourir qu'à cet instant.

  _ Non ! Cria soudain l'enfant prêt de lui, le faisant sursauter. Il ne faut pas ! Papa n'a pas pitié de toi ! Il ne faut pas vouloir mourir ! Moi je ne veux pas que tu meurs ! Je ne veux pas !

  Et pour la première fois depuis longtemps, Djoan laissa ses larmes couler. Pour toutes les souffrances qu'il avait endurées, parce qu'étrangement, il aimait Seifer, qu'il savait qu'il n'était pas ce que tout le monde avait toujours vu en lui. Parce qu'après tout, il n'était qu'un enfant et qu'il ne comprenait pas tout et surtout pas l'envie de mourir d'une personne.

  Le cœur broyé par ce qu'il avait devant lui, Seifer avança aussitôt la main pour chasser les larmes qui coulaient sur les joues de Djoan et, sans attendre qu'il ne puisse se rétracter, l'enfant embrassa aussitôt ce réconfort et vint se loger dans ses bras, s'allongeant contre lui. Seifer se figea, ne sachant pas trop quoi faire tout d'abord, puis, repoussant ses peurs face à la détresse du jeune garçon, il referma doucement ses bras sur sa taille, se surprenant lui-même. Djoan se blottit complètement contre lui, souriant malgré ses larmes, regardant une dernière fois le vide devant lui avant de fermer les yeux et laisser le sommeil le gagner.

  Sans vraiment sans rendre compte, il avait fait bien plus pour Seifer que quiconque dans son existence et le jeune homme resserra encore un peu plus son étreinte, goûtant le réconfort du petit corps contre lui et son souffle régulier, souriant d'un vrai sourire pour la première fois de sa vie.

A suivre…