Les Sourires de Lili
Chapitre II : J'espère
Auteur : Lojie
Disclaimer : Louisa Malucci Luìs n'appartient pas aux mecs bourrés de frics qui ont tous les droits sur la série Urgences, d'ailleurs je déclare qu'elle n'appartient à personne, même pas à moi car même si c'est ma propre fanfiction, c'est vraiment un personnage incontrôlable et elle veut jamais faire ce que j'écrit à propos d'elle ! mdr ! Par contre, je garde les inspecteurs Simpson et McBride sous mon contrôle grâce à quelques pots de vins…
Note de l'Auteur : Je dois avouer que c'est ma première fic où je m'essaie un peu au genre policier, donc excusez d'avance mes maladresses car je ne sais vraiment pas comment les vrais inspecteurs procèdent durant leurs enquêtes :o) Je précise que le sigle HAG qui signifie Handicapé Affectif Grave n'est pas une invention de ma part, mais un terme employé aux Etats-Unis pour parler de jeunes délinquants ayant des situations familiales difficiles, et qui sont suivis par des éducateurs spécialisés. (Z'avez vu ma super culture générale !)
Bonne Lecture !
²²² ²²² ²²²
Cela faisait plus d'une heure que les deux inspecteurs étaient en train d'interroger Jing-Mei. Elle avait été transférée du bloc des urgences à une chambre du service de repos. Dave attendait dans le couloir assis sur un banc, en compagnie d'Abby qui avait terminé sa garde. Le service était plutôt silencieux, seuls quelques rires d'infirmières provenant d'une salle de détente résonnaient plus ou moins forts. Sans prévenir, Dave se leva brusquement et partit aux toilettes pour hommes. Abby bondit elle aussi du banc et le suivit à l'intérieur pour s'assurer qu'il allait bien.
" _Dave ? " Murmura-t-elle en entrant timidement. Ce n'était pas vraiment dans ses habitudes d'aller visiter les toilettes pour hommes.
" _Ca va, " répondit-il d'une voix étranglé. " Je pense seulement à… à Lili… "
Il avait les mains appuyés sur le rebord du lavabo et venait apparemment de se passer de l'eau sur le visage. Son teint olive était à présent laiteux, ses yeux ressemblaient à deux orbites noires sans reflets et ses cheveux se dressaient hirsutes sur son crâne. Un bref souvenir revint hanter l'esprit d'Abby, il ressemblait au même Dave qui leur avait ouvert la porte quand Jing-Mei, John et elle étaient venus le chercher pour qu'il voit son père.
" _J'ai tellement peur qu'il lui soit arrivé quelque chose, que quelqu'un soit en train de faire du mal à mon bébé… " Admit-il en fondant littéralement en larmes.
Abby ne l'avait jamais vu pleurer, jamais. Elle se sentit un peu bête de se tenir là et de ne pas savoir comment réagir. Finalement elle s'approcha de lui et le prit dans ses bras. Il laissa aller toute sa tristesse et sa colère, Abby tentait vainement de le calmer mais il semblait que sa peine soit inconsolable.
" _Je suis sûre que la police va très vite retrouver Louisa, ne t'inquiètes pas, " dit-elle pour le réconforter.
" _La police… Je ne leur ait jamais fait confiance, " rétorqua-t-il amer en se remémorant quelques souvenirs de son enfance.
Au bout de quelques minutes, Dave se dégagea de l'étreinte d'Abby, sortit des toilettes et retourna s'asseoir sur le banc du couloir. Elle le rejoint, elle cherchait toujours des mots pour le réconforter mais n'en trouvait aucun. Il était de nouveau assis immobile, muet. Puis, les deux inspecteurs sortirent enfin de la chambre de Jing-Mei. Dave se leva aussitôt en les interrogeant du regard. Simpson se décida à parler :
" _Le témoignage de votre amie nous a apprit que les agresseurs étaient selon toute vraisemblance un homme et une femme et qu'ils n'étaient que deux. Etant donné qu'aucun mal physique n'a été fait à mademoiselle Chen, il s'agit sûrement d'un enlèvement avec demande de rançon. Soyez sur vos gardes, " prévint le vieil inspecteur en levant son index droit. " Les ravisseurs vont sûrement chercher à vous contacter. "
" _P… pourquoi notre enfant ? " Bégaya Dave nerveux.
" _La famille de votre amie est riche, " répondit McBride d'un ton évident. " A l'heure qu'il est, des agents sont en train d'examiner votre appartement donc vous allez devoir dormir autre part ce soir, si vous voulez nous pouvons vous trouver un logement… "
" _Ce n'est pas la peine, " interrompit Abby en posant une main réconfortante sur l'épaule de Dave. " Il viendra dormir chez moi en attendant. " Malucci la remercia d'un timide hochement de tête.
" _En attendant, " reprit Simpson. " Nous allons diffuser la photo de votre enfant un peu partout avec la description des ravisseurs que nous a donné mademoiselle Chen. "
Dave leur adressa un dernier regard un peu méfiant avant de rentrer dans la chambre pour rejoindre Jing-Mei. Les deux inspecteurs saluèrent poliment Abby puis partirent en direction de l'ascenseur. A l'intérieur, McBride relut rapidement les notes de l'entretien avec Jing-Mei.
" _On va sûrement pas aller loin avec ça… " Conclut-il avec lassitude. " Dites Ewan, vous croyez vraiment qu'il y aura demande de rançon ? Cela fait déjà près de cinq heures que la fillette a été enlevée… "
" _Les ravisseurs attendent souvent au moins vingt-quatre heures pour faire flipper les parents, " rétorqua Simpson sur un ton grognon face à l'inexpérience de son jeune collègue.
" _En tous cas, le père n'a pas l'air de nous aimer, " reprit-il sans se démonter. " On peut déjà écarter que ce soit lui le ravisseur, du moins physiquement, il travaillait au moment des faits. J'ai interrogé tous les gens qui sont inscrits dans leur répertoire téléphonique. Tous ont des alibis bétons sauf ce certain Luka Kovac, il a un drôle de nom qui ne sonne pas vraiment américain, bref il a affirmé être à un bar au moment de l'enlèvement et je crois que je vais aller faire un tour à cet endroit. "
" _Bonne idée Johnny, " répondit Simpson en sortant un paquet de cigarette de sa poche. Il eut une mine déconfite en s'apercevant que le paquet était vide. " Moi je vais aller jeter un coup d'œil aux antécédents judiciaires des parents, on ne sait jamais je pourrais peut-être trouver une piste. "
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et les deux inspecteurs sortirent. Ils traversèrent rapidement le service des urgences sous les regards du personnel soucieux, puis montèrent dans leur voiture qu'ils avaient garé dans la baie des ambulances. Johnny McBride se mit au volant et ils repartirent en direction du poste de police.
²²²
Jing-Mei vit Dave entrer dans la pièce alors qu'Abby était restée en dehors. Elle lui adressa simplement un regard puis alluma la télévision accrochée au mur grâce à la télécommande. Dave vint s'asseoir au bord du lit et voulut prendre la main de Jing-Mei dans la sienne, mais elle la retira avant qu'il ne la touche :
" _J'ai… J'ai appelé tes parents, " dit Dave après un long silence. " Ils ne devraient pas tarder. " Jing-Mei ne répondit pas et continuait de regarder la télévision. " Parle-moi, " la supplia-t-il soudainement se sentant fautif de quelque chose.
Elle restait muette. Finalement elle reprit la télécommande et éteint le poste. Le silence lourd retomba dans la chambre :
" _Je suis désolé, " admit-elle d'une voix à peine audible. " J'aurais dû les empêcher de prendre Lili… "
" _Tu n'y pouvais rien Jing-Mei ! " Rétorqua Dave en haussant le ton, puis il reprit plus calmement. " Tu t'es débattue mais ils étaient plus fort, c'est moi le fautif, c'est moi qui aurait dû être là ! "
" _Ne dis pas ça, tu sais que c'est faux, " répondit-elle avec fatigue. " Pourvu que personne ne soit en train de lui faire du mal… " Dave ne répondit pas et détourna le visage. Jing-Mei remarqua qu'il avait encore les yeux rouges. " Tu as pleuré ? "
" _Oui, " dit-il tout en évitant son regard. Elle eut un pâle sourire.
" _Prends-moi dans tes bras s'il-te-plaît, " demanda Jing-Mei en lui tendant ses bras.
Ils s'étreignirent longuement. Il fallait qu'ils restent unis pour affronter cette terrible épreuve. Dans leurs esprits, ils revoyaient les sourires que leur adressait sans cesse Louisa.
²²²
Dans un bureau du commissariat, McBride jeta son manteau sur le dossier de son fauteuil. Il s'affala dessus et massa ses tempes. Puis il jeta un regard désolé à son bureau recouvert de papiers. La montre posée à côté de la photo de Louisa indiquait trois heures du matin et le jeune inspecteur était debout depuis six heures. Accoudé au bureau d'en face, Ewan lisait l'écran de son ordinateur avec concentration et perplexité, un sandwich à moitié entamé dans une main. Cela aguicha la curiosité de Johnny qui rapprocha son fauteuil monté sur roulettes du bureau de son coéquipier :
" _Le barman et plusieurs clients ont confirmé que Luka Kovac se trouvait bien au bar au moment de l'enlèvement de Louisa. Et toi, qu'est-ce que tu regardes ? "
" _J'ai commencé par regarder les antécédents de Jing-Mei Chen, casier vierge hormis les problèmes à propos des erreurs médicales dont elle nous a parlé. Mais mon petit doigt me dit qu'elle nous a caché certaines choses à propos de son passé. J'ai quelques renseignements sur elle et il paraît que son père a plusieurs fois mis la main à la poche pour qu'elle continue d'exercer au Cook County. Puis j'ai cherché les antécédents de Dave Malucci Luìs et là je suis carrément tombé sur un dossier entier. Il était du genre petit caïd, il était même classé HAG. "
" _Ce mec c'était un Handicapé Affectif Grave ? " Répéta McBride surpris.
" _Oui c'était un habitué du bureau du proviseur et du commissariat, vols à l'étalage, coups et blessures, état d'ébriété sur voie publique, il a même touché à l'héroïne quand il avait aux alentours de quinze ans. Passé dix-sept ans, il s'est assagi et ne s'est fait remarqué que pour des cas isolés comme des bagarres dans des bars. Son entourage familial ne fut pas fameux, son père s'est tiré quand il avait neuf ans, entre nous ce n'était pas vraiment une perte car il n'était pas net non plus, et sa mère était une pute malade du sida. "
"_La super ambiance familiale ! " S'exclama ironiquement Johnny.
" _ Quand sa mère est morte, il a réussi à obtenir la tutelle de sa petite sœur par je ne sais quel miracle, il a dû tomber sur un juge extrêmement compatissant, " reprit Simpson en ignorant les commentaires de son collègue. " Sa sœur se nommait Louisa comme sa fille. Mais elle est morte il y a un an et demi d'une rupture d'anévrisme."
" _Et il a réussi à devenir médecin ! " S'exclama de nouveau Johnny. " Faut lui décerner une médaille à ce type ! "
" _En attendant cela ne nous avance pas à grand-chose, " marmonna Ewan en posant son sandwich pour prendre une cigarette qu'il alluma. " Je ne vois aucune piste et les ravisseurs ne se sont toujours pas manifestés. L'action de l'enlèvement de la fillette était prémédité. Ils savaient qu'à cette heure Luìs n'était pas chez lui et qu'il n'y avait que la femme et le gosse. Ils avaient prévu leur coup depuis longtemps et avaient sûrement observé leurs aller-et-venu… Il faudrait demander aux voisins s'ils n'ont pas remarqué des gens louches qui rôdaient dans le coin depuis quelques temps. "
" _On fera ça plus tard, " répondit McBride en s'étirant et en baillant. " J'ai besoin de dormir. "
" _Moi aussi, " renchérit Simpson en écrasant dans un cendrier sa cigarette après n'avoir tiré que quelques bouffés. " La journée de demain sera longue… "
²²²
Deux jours plus tard
La Jeep de John s'arrêta devant un garage. Le jeune médecin demanda à Susan assise sur le siège passager avant, de lui passer une télécommande rangée dans la boite à gants. Elle lui donna et il appuya sur un bouton. Aussitôt la porte du garage se souleva silencieusement et John gara sa voiture à l'intérieur. Assis à l'arrière, Jing-Mei et Dave restaient muets.
Aucun des deux n'avait le courage de retourner à leur appartement et le logement d'Abby était bien trop petit pour pouvoir y vivre à trois. Les parents de Jing-Mei avaient voulu que le couple vienne séjourner chez eux, mais la jeune femme avait catégoriquement refusé. Du coup, John avait proposé qu'ils viennent s'installer chez sa grand-mère en attendant. Celle-ci était partit pour un voyage de quinze jours en Afrique, visiter un orphelinat qu'elle avait financé en partie grâce à l'argent de sa fondation. Elle était bien sûr au courant de ce qui était arrivé à Jing-Mei et Dave et avait tout de suite accepté qu'ils viennent loger chez elle.
Ils sortirent tous les quatre de la voiture et Dave prit un léger sac d'affaires dans le coffre. John ouvrit une porte au fond du garage, elle amenait directement à la cuisine. Susan et Jing-Mei entrèrent en premier suivies des deux hommes. Depuis que Louisa avait été enlevée, la jeune femme se nourrissait à peine et avait visiblement perdu quelques kilos. Son teint était le même que celui d'un malade grave et elle était tout le temps sur ses gardes, comme si d'un instant à l'autre les ravisseurs cagoulés allaient refaire irruption. Il n'y avait toujours eu aucune demande de rançon et les inspecteurs Simpson et McBride s'orientaient vers la piste de la vengeance. Mais pour le moment, ils faisaient choux blanc.
Quand à Dave, il semblait toujours sur une autre planète, répondant aux questions qu'on lui posait avec quelques minutes de retard. Aussi bizarre que cela puisse paraître, la meilleure façon qu'il avait trouvé pour ne pas avoir à affronter la cruelle réalité, était de se plonger dans le travail. Mais bien sûr au Northwestern, seul son supérieur savait que sa fille avait été enlevée, le reste du personnel se doutait vaguement que le clown du service n'était pas dans son état normal, mais pourquoi ? La question restait entière. Dave ne disait jamais rien, ses collègues ignoraient presque tout de lui, hormis qu'il avait une fille puisque Carter avait appelé au Northwestern le jour de la naissance prématurée de Louisa.
" _Je vais vous montrer votre chambre, " dit John en les invitant à le suivre.
Dave et Jing-Mei se laissèrent guider par Carter jusqu'au premier étage où il les fit entrer dans une chambre d'ami, qui ressemblait en fait plutôt à une suite. Mais le couple n'était pas d'humeur à s'extasier. Après avoir marmonner quelques excuses, John se retira et redescendit dans la cuisine où était restée Susan. Il prépara aussitôt du café. La situation le stressait, et il s'inquiétait aussi beaucoup pour Louisa. Après tout, il la connaissait depuis qu'elle était née et était comme un oncle pour elle. Susan assise à la table, était aussi plongée dans ses songes. John s'assit en face d'elle et lui proposa une tasse de café qu'elle accepta :
" _Comment ont-ils trouvé la chambre ? " Demanda-t-elle après avoir avalé une gorgée brûlante du liquide noir.
" _Ils n'ont rien dit, " répondit John sans cacher son inquiétude. " Ils ont perdu tous leurs repères… "
" _Je n'aimerais vraiment pas être à leur place, il n'y a rien de pire que de ne pas savoir ce qui est arrivé à votre enfant, " reprit Susan en passant une main nerveuse dans ses cheveux. " Tu te rappelles de Louisa quand elle est née, elle était si petite. "
" _Oui, " répondit-il avec un sourire songeur. " Je n'ai pas dormi pendant une semaine après sa naissance, j'avais tellement peur que ses premiers jours lui soient fatals… Mais Lili avait déjà un caractère bien trempé. "
" _Tu crois qu'elle va bien ? " Demanda Susan en sentant sa voix trembler légèrement.
" _Je l'espère, " répondit John avec lassitude.
Ils furent interrompu dans leur discussion par des bruits de pas. Ils virent Dave entrer dans la cuisine et s'asseoir à côté de John.
" _Tu veux un café ? " Lui proposa ce dernier. Dave acquiesça furtivement.
" _Jing-Mei est restée dans la chambre ? " Demanda Susan inquiète.
" _Oui, " répondit Malucci. " Elle s'est endormie sur le lit, de toute façon depuis deux jours elle ne fait que dormir. " Son ton semblait légèrement hautain comme s'il lui reprochait quelque chose.
" _Et toi ? " Ajouta-t-elle alors que John préparait un troisième café.
" _Quoi moi ? "
" _Et toi comment tu tiens le coup ? " Précisa-t-elle en posant une main amicale sur le bras de Dave.
" _Je fais comme vous, " répondit-il en baissant le regard. " J'espère. "
²²²
" _Tu pars déjà ? " Demanda Jing-Mei encore à moitié endormie.
Elle avait senti Dave se lever et commencer à se préparer. Après avoir jeter un coup d'œil au réveil de sa table de nuit, elle avait vu qu'il était à peu près quatre heures.
" _Je commence dans une heure et demi, " répondit-il distraitement en choisissant des affaires dans l'armoire.
" _Tu as encore le temps de te préparer, " reprit-elle en se redressant. " Le Northwestern n'est pas très loin d'ici, même en métro. "
" _Je veux être un peu en avance, j'ai quelques dossiers en retard, " rétorqua-t-il avec neutralité.
" _Menteur… " Jing-Mei se leva légèrement vêtue d'une nuisette. Elle s'approcha et se glissa entre lui et l'armoire. " Ca fait longtemps… " Murmura-t-elle sur un ton séducteur.
Dave esquiva un rapide sourire. Jing-Mei plaça ses mains autour de ses épaules et se colla contre lui. Elle commença à l'embrasser doucement mais il la repoussa sans la brusquer. Elle lui jeta un regard interrogateur.
" _J'ai vraiment pas le temps, " s'excusa-t-il confus. Dave évitait soigneusement le contact visuel.
" _Tu me repousses ? " S'étonna-t-elle alors que tout le désir s'était subitement envolé. " Ce n'est pas vraiment dans tes habitudes, c'est même plutôt le contraire… "
" _Je ne suis pas d'humeur, " la coupa Dave maussade après avoir finalement choisi quelques affaires.
Il n'avait vraiment pas envie de s'expliquer. Le médecin s'éloigna de l'armoire et entra dans la salle de bains qui communiquait avec la chambre. Il retira rapidement le caleçon qu'il mettait pour dormir. Jing-Mei l'avait suivi et se tenait dans l'encadrure de la porte. Son regard s'arrêta un instant sur les cicatrices qui recouvraient le corps de Dave.
" _Toi quand tu en as envie, tu me demande rarement si je suis d'humeur, " reprit-elle alors qu'il mettait en route la douche. Il se retourna vers elle un instant.
" _Jing-Mei… " Soupira-t-il. " Je ne suis tout simplement pas d'humeur car je pense trop à Louisa. On ne sait même pas si elle est morte ou vivante, si elle souffre ou si elle va bien, et toi tout ce que tu penses c'est baiser ! "
" _Tout ce que je pense c'est baiser ? " Répéta-t-elle en colère. " Tu crois que je ne m'inquiète pas ? Que je me fiches de notre fille ? Figures-toi que j'ai déjà perdu un fils ! Je voulait simplement… je ne sais pas… simplement que l'on fasse l'amour, j'en ressentais le besoin mais maintenant je ne crois plus que ce soit une si bonne idée. "
Jing-Mei retourna se coucher sans lui adresser un regard. Elle se glissa dans les draps froids et attendit la réaction de Dave. Les larmes salées coulaient sur ses joues et il pouvait facilement entendre ses sanglots de la salle de bains. Mais il ne vint pas et prit sa douche. Dix minutes plus tard, Dave sortit de la chambre sans avoir prêté attention à Jing-Mei.
²²²
McBride sonna à la porte d'entrée de la résidence Carter. Simpson lui avait ordonné d'aller requestionner mademoiselle Chen. En interrogeant sa famille, le vieil inspecteur avait découvert que la jeune femme avait eu un autre enfant. Simpson avait préféré que ce soit McBride qui aille la voir car il était trop occupé à faire le tri dans le passé de Dave, les gens qui pouvaient avoir de la rancœur contre le jeune médecin étaient nombreux, mais de là à enlever sa fille…
Ce fut Abby qui ouvrit au jeune inspecteur. Elle le reconnut aussitôt et ne pouvait s'empêcher d'avoir une certaine appréhension vis-à-vis de lui. L'infirmière le laissa quand même entrer. Elle se trouvait à la résidence Carter pour que Jing-Mei ne soit pas seule car Dave était au Northwestern et Susan et John au County.
" _Je viens car je dois poser de nouvelles questions à mademoiselle Chen, " expliqua-t-il brièvement avec un sourire charmeur.
" _Je vais la chercher, " répondit Abby en évitant son regard.
Elle monta à l'étage et réveilla Jing-Mei qui dormait dans son lit. Les restes intactes de son déjeuner traînaient sur la table de nuit. La jeune femme s'étira, enfila une robe de chambre par-dessus le jogging qu'elle portait, et descendit au salon rencontrer le jeune inspecteur. Il l'observa calmement descendre les marches. Le visage de Jing-Mei n'était plus gonflé, il lui restait simplement quelques rougeurs. Abby s'éclipsa alors que McBride l'invita à s'asseoir sur le même divan que lui :
" _Bonjour inspecteur McBride, " le salua-t-elle d'une voix faible et en évitant volontairement son regard.
" _Appelez-moi Johnny s'il-vous-plaît, " la pria-t-il poliment. " Je suis venu pour obtenir quelques renseignements à propos de votre autre enfant. "
" _Mon autre enfant ? " Répéta Jing-Mei en relevant subitement le regard. Ses yeux semblaient éclairer d'une lueur nouvelle et McBride ne put s'empêcher de remarquer la beauté de son regard. " Comment savez-vous… "
" _C'est mon métier de tout savoir sur les gens, les victimes comme les coupables, " répondit Johnny avec calme. Il scruta un instant les lèvres tremblantes de la jeune femme, puis reprit : " Que pouvez-vous nous dire sur lui ? "
" _Je l'ai fait adopté à sa naissance, " répondit Jing-Mei avec un regard lointain. " Frank Bacon, son père … était noir et mon fils n'aurait sûrement pas été accepté dans ma famille. C'est en partie pour ça que je l'ai fait adopté. "
" _Et pour quelles autres raisons ? " Insista Johnny en continuant de dévisager son enquêtée. Elle avait remarqué son regard insistant et il s'humecta nerveusement les lèvres.
" _Je ne voulais pas qu'un enfant soit… soit un frein à ma carrière professionnel, sans compter le fait que je ne me sentais pas devenir mère tout de suite, " expliqua-t-elle avec lenteur. " Abandonner cet enfant fut très douloureux pour moi, je crois que je ne m'en suis jamais véritablement remise, " avoua-t-elle avec gêne.
" _Savez-vous qui l'a adopté ? "
" _Oui, ce sont Linda et James Alexander. Ils sont de Portland. J'ai gardé le contact avec eux, ils étaient très gentils et m'envoyaient souvent des photos de Michael, mon fils, jusqu'au jour où il est mort de méningite il y a à peu près un an et demi. "
" _Toutes mes condoléances, " murmura Johnny d'un air grave. Elle ne répondit rien. " C'est tout ce que je voulais savoir, je vais me renseigner sur ce couple. Si vous vous rappelez de quelque chose ou… ou que vous vous voulez tout simplement parler, voici mon adresse et mon numéro de téléphone privé. "
Il lui tendit un petit bout de papier griffonné que Jing-Mei accepta.
" _Je ne vous avez pas parlé de Michael car je ne pensais pas que cela puisse être important pour l'enquête, " reprit-elle le regard vide. " Et je ne le pense toujours pas. "
" _Nous ne devons écarter aucune piste, " répondit le jeune inspecteur théâtralement. " Maintenant, si vous voulez bien m'excuser. " Il se leva. " Passez une bonne journée mademoiselle. "
" _Je ne passerais de bonne journée que quand on aura retrouvé Louisa saine et sauve, " répondit-elle au tac-o-tac.
Il eut un sourire grimaçant puis finalement sortit du salon. Peu après, Abby entra à son tour et vint s'asseoir à la place qu'occupait précédemment l'inspecteur McBride.
" _Il ne t'a pas trop ennuyé ? Je préfère de loin l'inspecteur Simpson. Je trouve McBride beaucoup trop antipathique, " s'exclama l'infirmière en fronçant les sourcils.
" _Il a été très professionnel, " répondit calmement Jing-Mei songeuse. Elle serrait toujours dans sa main le petit bout de papier.
²²²
Dave marmonna tout bas en voyant les portes du wagon se refermer juste devant lui. Le prochain n'était que dans un quart d'heure. Furieux, il redescendit les marches du métro aérien El et se dirigea tout droit vers un bar. Le printemps était un peu moins chaud que celui de l'année dernière, mais déjà trop pour un habitant de Chicago habitué aux hivers rigoureux.
Il entra et ses yeux s'habituèrent rapidement à la pénombre du bar presque désert. Après tout, ce genre d'endroits avait constitué son environnement naturel durant ses années les plus noires. Il s'assit au comptoir et le barman vint aussitôt vers lui, occupé à essuyer de grand verres de bière avec un torchon blanc.
" _Qu'est-ce que je vous sers ? " Demanda-t-il avec neutralité.
" _Un soda… En fait non, " se ravisa Dave. " Mettez-moi une vodka. "
Le barman repartit et le servit quelques instants après. Le médecin retrouva avec apaisement le goût de l'alcool. Une douce torpeur affaiblit ses sens. Cela faisait si longtemps… Il vida son verre rapidement et demanda d'être resservi. Il le vida d'un trait et répéta sa demande au barman :
" _Dure journée ? " Questionna ce dernier en le resservant une troisième fois.
" _Non, foutue vie, " rétorqua Dave aigri. Il vida son troisième verre.
²²²
A suivre…
²²² ²²² ²²²
Le Petit Mot de La Fin : On est toujours sans nouvelle de Louisa, Jing-Mei ne mange plus rien, Dave renoue avec ses anciens démons et leur couple bat de l'aile ! Vous trouvez ça démoralisant ? Alors ne lisez même pas le troisième chapitre où je me suis vraiment déchaînée ! ;oP
Chapitre II : J'espère
Auteur : Lojie
Disclaimer : Louisa Malucci Luìs n'appartient pas aux mecs bourrés de frics qui ont tous les droits sur la série Urgences, d'ailleurs je déclare qu'elle n'appartient à personne, même pas à moi car même si c'est ma propre fanfiction, c'est vraiment un personnage incontrôlable et elle veut jamais faire ce que j'écrit à propos d'elle ! mdr ! Par contre, je garde les inspecteurs Simpson et McBride sous mon contrôle grâce à quelques pots de vins…
Note de l'Auteur : Je dois avouer que c'est ma première fic où je m'essaie un peu au genre policier, donc excusez d'avance mes maladresses car je ne sais vraiment pas comment les vrais inspecteurs procèdent durant leurs enquêtes :o) Je précise que le sigle HAG qui signifie Handicapé Affectif Grave n'est pas une invention de ma part, mais un terme employé aux Etats-Unis pour parler de jeunes délinquants ayant des situations familiales difficiles, et qui sont suivis par des éducateurs spécialisés. (Z'avez vu ma super culture générale !)
Bonne Lecture !
²²² ²²² ²²²
Cela faisait plus d'une heure que les deux inspecteurs étaient en train d'interroger Jing-Mei. Elle avait été transférée du bloc des urgences à une chambre du service de repos. Dave attendait dans le couloir assis sur un banc, en compagnie d'Abby qui avait terminé sa garde. Le service était plutôt silencieux, seuls quelques rires d'infirmières provenant d'une salle de détente résonnaient plus ou moins forts. Sans prévenir, Dave se leva brusquement et partit aux toilettes pour hommes. Abby bondit elle aussi du banc et le suivit à l'intérieur pour s'assurer qu'il allait bien.
" _Dave ? " Murmura-t-elle en entrant timidement. Ce n'était pas vraiment dans ses habitudes d'aller visiter les toilettes pour hommes.
" _Ca va, " répondit-il d'une voix étranglé. " Je pense seulement à… à Lili… "
Il avait les mains appuyés sur le rebord du lavabo et venait apparemment de se passer de l'eau sur le visage. Son teint olive était à présent laiteux, ses yeux ressemblaient à deux orbites noires sans reflets et ses cheveux se dressaient hirsutes sur son crâne. Un bref souvenir revint hanter l'esprit d'Abby, il ressemblait au même Dave qui leur avait ouvert la porte quand Jing-Mei, John et elle étaient venus le chercher pour qu'il voit son père.
" _J'ai tellement peur qu'il lui soit arrivé quelque chose, que quelqu'un soit en train de faire du mal à mon bébé… " Admit-il en fondant littéralement en larmes.
Abby ne l'avait jamais vu pleurer, jamais. Elle se sentit un peu bête de se tenir là et de ne pas savoir comment réagir. Finalement elle s'approcha de lui et le prit dans ses bras. Il laissa aller toute sa tristesse et sa colère, Abby tentait vainement de le calmer mais il semblait que sa peine soit inconsolable.
" _Je suis sûre que la police va très vite retrouver Louisa, ne t'inquiètes pas, " dit-elle pour le réconforter.
" _La police… Je ne leur ait jamais fait confiance, " rétorqua-t-il amer en se remémorant quelques souvenirs de son enfance.
Au bout de quelques minutes, Dave se dégagea de l'étreinte d'Abby, sortit des toilettes et retourna s'asseoir sur le banc du couloir. Elle le rejoint, elle cherchait toujours des mots pour le réconforter mais n'en trouvait aucun. Il était de nouveau assis immobile, muet. Puis, les deux inspecteurs sortirent enfin de la chambre de Jing-Mei. Dave se leva aussitôt en les interrogeant du regard. Simpson se décida à parler :
" _Le témoignage de votre amie nous a apprit que les agresseurs étaient selon toute vraisemblance un homme et une femme et qu'ils n'étaient que deux. Etant donné qu'aucun mal physique n'a été fait à mademoiselle Chen, il s'agit sûrement d'un enlèvement avec demande de rançon. Soyez sur vos gardes, " prévint le vieil inspecteur en levant son index droit. " Les ravisseurs vont sûrement chercher à vous contacter. "
" _P… pourquoi notre enfant ? " Bégaya Dave nerveux.
" _La famille de votre amie est riche, " répondit McBride d'un ton évident. " A l'heure qu'il est, des agents sont en train d'examiner votre appartement donc vous allez devoir dormir autre part ce soir, si vous voulez nous pouvons vous trouver un logement… "
" _Ce n'est pas la peine, " interrompit Abby en posant une main réconfortante sur l'épaule de Dave. " Il viendra dormir chez moi en attendant. " Malucci la remercia d'un timide hochement de tête.
" _En attendant, " reprit Simpson. " Nous allons diffuser la photo de votre enfant un peu partout avec la description des ravisseurs que nous a donné mademoiselle Chen. "
Dave leur adressa un dernier regard un peu méfiant avant de rentrer dans la chambre pour rejoindre Jing-Mei. Les deux inspecteurs saluèrent poliment Abby puis partirent en direction de l'ascenseur. A l'intérieur, McBride relut rapidement les notes de l'entretien avec Jing-Mei.
" _On va sûrement pas aller loin avec ça… " Conclut-il avec lassitude. " Dites Ewan, vous croyez vraiment qu'il y aura demande de rançon ? Cela fait déjà près de cinq heures que la fillette a été enlevée… "
" _Les ravisseurs attendent souvent au moins vingt-quatre heures pour faire flipper les parents, " rétorqua Simpson sur un ton grognon face à l'inexpérience de son jeune collègue.
" _En tous cas, le père n'a pas l'air de nous aimer, " reprit-il sans se démonter. " On peut déjà écarter que ce soit lui le ravisseur, du moins physiquement, il travaillait au moment des faits. J'ai interrogé tous les gens qui sont inscrits dans leur répertoire téléphonique. Tous ont des alibis bétons sauf ce certain Luka Kovac, il a un drôle de nom qui ne sonne pas vraiment américain, bref il a affirmé être à un bar au moment de l'enlèvement et je crois que je vais aller faire un tour à cet endroit. "
" _Bonne idée Johnny, " répondit Simpson en sortant un paquet de cigarette de sa poche. Il eut une mine déconfite en s'apercevant que le paquet était vide. " Moi je vais aller jeter un coup d'œil aux antécédents judiciaires des parents, on ne sait jamais je pourrais peut-être trouver une piste. "
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et les deux inspecteurs sortirent. Ils traversèrent rapidement le service des urgences sous les regards du personnel soucieux, puis montèrent dans leur voiture qu'ils avaient garé dans la baie des ambulances. Johnny McBride se mit au volant et ils repartirent en direction du poste de police.
²²²
Jing-Mei vit Dave entrer dans la pièce alors qu'Abby était restée en dehors. Elle lui adressa simplement un regard puis alluma la télévision accrochée au mur grâce à la télécommande. Dave vint s'asseoir au bord du lit et voulut prendre la main de Jing-Mei dans la sienne, mais elle la retira avant qu'il ne la touche :
" _J'ai… J'ai appelé tes parents, " dit Dave après un long silence. " Ils ne devraient pas tarder. " Jing-Mei ne répondit pas et continuait de regarder la télévision. " Parle-moi, " la supplia-t-il soudainement se sentant fautif de quelque chose.
Elle restait muette. Finalement elle reprit la télécommande et éteint le poste. Le silence lourd retomba dans la chambre :
" _Je suis désolé, " admit-elle d'une voix à peine audible. " J'aurais dû les empêcher de prendre Lili… "
" _Tu n'y pouvais rien Jing-Mei ! " Rétorqua Dave en haussant le ton, puis il reprit plus calmement. " Tu t'es débattue mais ils étaient plus fort, c'est moi le fautif, c'est moi qui aurait dû être là ! "
" _Ne dis pas ça, tu sais que c'est faux, " répondit-elle avec fatigue. " Pourvu que personne ne soit en train de lui faire du mal… " Dave ne répondit pas et détourna le visage. Jing-Mei remarqua qu'il avait encore les yeux rouges. " Tu as pleuré ? "
" _Oui, " dit-il tout en évitant son regard. Elle eut un pâle sourire.
" _Prends-moi dans tes bras s'il-te-plaît, " demanda Jing-Mei en lui tendant ses bras.
Ils s'étreignirent longuement. Il fallait qu'ils restent unis pour affronter cette terrible épreuve. Dans leurs esprits, ils revoyaient les sourires que leur adressait sans cesse Louisa.
²²²
Dans un bureau du commissariat, McBride jeta son manteau sur le dossier de son fauteuil. Il s'affala dessus et massa ses tempes. Puis il jeta un regard désolé à son bureau recouvert de papiers. La montre posée à côté de la photo de Louisa indiquait trois heures du matin et le jeune inspecteur était debout depuis six heures. Accoudé au bureau d'en face, Ewan lisait l'écran de son ordinateur avec concentration et perplexité, un sandwich à moitié entamé dans une main. Cela aguicha la curiosité de Johnny qui rapprocha son fauteuil monté sur roulettes du bureau de son coéquipier :
" _Le barman et plusieurs clients ont confirmé que Luka Kovac se trouvait bien au bar au moment de l'enlèvement de Louisa. Et toi, qu'est-ce que tu regardes ? "
" _J'ai commencé par regarder les antécédents de Jing-Mei Chen, casier vierge hormis les problèmes à propos des erreurs médicales dont elle nous a parlé. Mais mon petit doigt me dit qu'elle nous a caché certaines choses à propos de son passé. J'ai quelques renseignements sur elle et il paraît que son père a plusieurs fois mis la main à la poche pour qu'elle continue d'exercer au Cook County. Puis j'ai cherché les antécédents de Dave Malucci Luìs et là je suis carrément tombé sur un dossier entier. Il était du genre petit caïd, il était même classé HAG. "
" _Ce mec c'était un Handicapé Affectif Grave ? " Répéta McBride surpris.
" _Oui c'était un habitué du bureau du proviseur et du commissariat, vols à l'étalage, coups et blessures, état d'ébriété sur voie publique, il a même touché à l'héroïne quand il avait aux alentours de quinze ans. Passé dix-sept ans, il s'est assagi et ne s'est fait remarqué que pour des cas isolés comme des bagarres dans des bars. Son entourage familial ne fut pas fameux, son père s'est tiré quand il avait neuf ans, entre nous ce n'était pas vraiment une perte car il n'était pas net non plus, et sa mère était une pute malade du sida. "
"_La super ambiance familiale ! " S'exclama ironiquement Johnny.
" _ Quand sa mère est morte, il a réussi à obtenir la tutelle de sa petite sœur par je ne sais quel miracle, il a dû tomber sur un juge extrêmement compatissant, " reprit Simpson en ignorant les commentaires de son collègue. " Sa sœur se nommait Louisa comme sa fille. Mais elle est morte il y a un an et demi d'une rupture d'anévrisme."
" _Et il a réussi à devenir médecin ! " S'exclama de nouveau Johnny. " Faut lui décerner une médaille à ce type ! "
" _En attendant cela ne nous avance pas à grand-chose, " marmonna Ewan en posant son sandwich pour prendre une cigarette qu'il alluma. " Je ne vois aucune piste et les ravisseurs ne se sont toujours pas manifestés. L'action de l'enlèvement de la fillette était prémédité. Ils savaient qu'à cette heure Luìs n'était pas chez lui et qu'il n'y avait que la femme et le gosse. Ils avaient prévu leur coup depuis longtemps et avaient sûrement observé leurs aller-et-venu… Il faudrait demander aux voisins s'ils n'ont pas remarqué des gens louches qui rôdaient dans le coin depuis quelques temps. "
" _On fera ça plus tard, " répondit McBride en s'étirant et en baillant. " J'ai besoin de dormir. "
" _Moi aussi, " renchérit Simpson en écrasant dans un cendrier sa cigarette après n'avoir tiré que quelques bouffés. " La journée de demain sera longue… "
²²²
Deux jours plus tard
La Jeep de John s'arrêta devant un garage. Le jeune médecin demanda à Susan assise sur le siège passager avant, de lui passer une télécommande rangée dans la boite à gants. Elle lui donna et il appuya sur un bouton. Aussitôt la porte du garage se souleva silencieusement et John gara sa voiture à l'intérieur. Assis à l'arrière, Jing-Mei et Dave restaient muets.
Aucun des deux n'avait le courage de retourner à leur appartement et le logement d'Abby était bien trop petit pour pouvoir y vivre à trois. Les parents de Jing-Mei avaient voulu que le couple vienne séjourner chez eux, mais la jeune femme avait catégoriquement refusé. Du coup, John avait proposé qu'ils viennent s'installer chez sa grand-mère en attendant. Celle-ci était partit pour un voyage de quinze jours en Afrique, visiter un orphelinat qu'elle avait financé en partie grâce à l'argent de sa fondation. Elle était bien sûr au courant de ce qui était arrivé à Jing-Mei et Dave et avait tout de suite accepté qu'ils viennent loger chez elle.
Ils sortirent tous les quatre de la voiture et Dave prit un léger sac d'affaires dans le coffre. John ouvrit une porte au fond du garage, elle amenait directement à la cuisine. Susan et Jing-Mei entrèrent en premier suivies des deux hommes. Depuis que Louisa avait été enlevée, la jeune femme se nourrissait à peine et avait visiblement perdu quelques kilos. Son teint était le même que celui d'un malade grave et elle était tout le temps sur ses gardes, comme si d'un instant à l'autre les ravisseurs cagoulés allaient refaire irruption. Il n'y avait toujours eu aucune demande de rançon et les inspecteurs Simpson et McBride s'orientaient vers la piste de la vengeance. Mais pour le moment, ils faisaient choux blanc.
Quand à Dave, il semblait toujours sur une autre planète, répondant aux questions qu'on lui posait avec quelques minutes de retard. Aussi bizarre que cela puisse paraître, la meilleure façon qu'il avait trouvé pour ne pas avoir à affronter la cruelle réalité, était de se plonger dans le travail. Mais bien sûr au Northwestern, seul son supérieur savait que sa fille avait été enlevée, le reste du personnel se doutait vaguement que le clown du service n'était pas dans son état normal, mais pourquoi ? La question restait entière. Dave ne disait jamais rien, ses collègues ignoraient presque tout de lui, hormis qu'il avait une fille puisque Carter avait appelé au Northwestern le jour de la naissance prématurée de Louisa.
" _Je vais vous montrer votre chambre, " dit John en les invitant à le suivre.
Dave et Jing-Mei se laissèrent guider par Carter jusqu'au premier étage où il les fit entrer dans une chambre d'ami, qui ressemblait en fait plutôt à une suite. Mais le couple n'était pas d'humeur à s'extasier. Après avoir marmonner quelques excuses, John se retira et redescendit dans la cuisine où était restée Susan. Il prépara aussitôt du café. La situation le stressait, et il s'inquiétait aussi beaucoup pour Louisa. Après tout, il la connaissait depuis qu'elle était née et était comme un oncle pour elle. Susan assise à la table, était aussi plongée dans ses songes. John s'assit en face d'elle et lui proposa une tasse de café qu'elle accepta :
" _Comment ont-ils trouvé la chambre ? " Demanda-t-elle après avoir avalé une gorgée brûlante du liquide noir.
" _Ils n'ont rien dit, " répondit John sans cacher son inquiétude. " Ils ont perdu tous leurs repères… "
" _Je n'aimerais vraiment pas être à leur place, il n'y a rien de pire que de ne pas savoir ce qui est arrivé à votre enfant, " reprit Susan en passant une main nerveuse dans ses cheveux. " Tu te rappelles de Louisa quand elle est née, elle était si petite. "
" _Oui, " répondit-il avec un sourire songeur. " Je n'ai pas dormi pendant une semaine après sa naissance, j'avais tellement peur que ses premiers jours lui soient fatals… Mais Lili avait déjà un caractère bien trempé. "
" _Tu crois qu'elle va bien ? " Demanda Susan en sentant sa voix trembler légèrement.
" _Je l'espère, " répondit John avec lassitude.
Ils furent interrompu dans leur discussion par des bruits de pas. Ils virent Dave entrer dans la cuisine et s'asseoir à côté de John.
" _Tu veux un café ? " Lui proposa ce dernier. Dave acquiesça furtivement.
" _Jing-Mei est restée dans la chambre ? " Demanda Susan inquiète.
" _Oui, " répondit Malucci. " Elle s'est endormie sur le lit, de toute façon depuis deux jours elle ne fait que dormir. " Son ton semblait légèrement hautain comme s'il lui reprochait quelque chose.
" _Et toi ? " Ajouta-t-elle alors que John préparait un troisième café.
" _Quoi moi ? "
" _Et toi comment tu tiens le coup ? " Précisa-t-elle en posant une main amicale sur le bras de Dave.
" _Je fais comme vous, " répondit-il en baissant le regard. " J'espère. "
²²²
" _Tu pars déjà ? " Demanda Jing-Mei encore à moitié endormie.
Elle avait senti Dave se lever et commencer à se préparer. Après avoir jeter un coup d'œil au réveil de sa table de nuit, elle avait vu qu'il était à peu près quatre heures.
" _Je commence dans une heure et demi, " répondit-il distraitement en choisissant des affaires dans l'armoire.
" _Tu as encore le temps de te préparer, " reprit-elle en se redressant. " Le Northwestern n'est pas très loin d'ici, même en métro. "
" _Je veux être un peu en avance, j'ai quelques dossiers en retard, " rétorqua-t-il avec neutralité.
" _Menteur… " Jing-Mei se leva légèrement vêtue d'une nuisette. Elle s'approcha et se glissa entre lui et l'armoire. " Ca fait longtemps… " Murmura-t-elle sur un ton séducteur.
Dave esquiva un rapide sourire. Jing-Mei plaça ses mains autour de ses épaules et se colla contre lui. Elle commença à l'embrasser doucement mais il la repoussa sans la brusquer. Elle lui jeta un regard interrogateur.
" _J'ai vraiment pas le temps, " s'excusa-t-il confus. Dave évitait soigneusement le contact visuel.
" _Tu me repousses ? " S'étonna-t-elle alors que tout le désir s'était subitement envolé. " Ce n'est pas vraiment dans tes habitudes, c'est même plutôt le contraire… "
" _Je ne suis pas d'humeur, " la coupa Dave maussade après avoir finalement choisi quelques affaires.
Il n'avait vraiment pas envie de s'expliquer. Le médecin s'éloigna de l'armoire et entra dans la salle de bains qui communiquait avec la chambre. Il retira rapidement le caleçon qu'il mettait pour dormir. Jing-Mei l'avait suivi et se tenait dans l'encadrure de la porte. Son regard s'arrêta un instant sur les cicatrices qui recouvraient le corps de Dave.
" _Toi quand tu en as envie, tu me demande rarement si je suis d'humeur, " reprit-elle alors qu'il mettait en route la douche. Il se retourna vers elle un instant.
" _Jing-Mei… " Soupira-t-il. " Je ne suis tout simplement pas d'humeur car je pense trop à Louisa. On ne sait même pas si elle est morte ou vivante, si elle souffre ou si elle va bien, et toi tout ce que tu penses c'est baiser ! "
" _Tout ce que je pense c'est baiser ? " Répéta-t-elle en colère. " Tu crois que je ne m'inquiète pas ? Que je me fiches de notre fille ? Figures-toi que j'ai déjà perdu un fils ! Je voulait simplement… je ne sais pas… simplement que l'on fasse l'amour, j'en ressentais le besoin mais maintenant je ne crois plus que ce soit une si bonne idée. "
Jing-Mei retourna se coucher sans lui adresser un regard. Elle se glissa dans les draps froids et attendit la réaction de Dave. Les larmes salées coulaient sur ses joues et il pouvait facilement entendre ses sanglots de la salle de bains. Mais il ne vint pas et prit sa douche. Dix minutes plus tard, Dave sortit de la chambre sans avoir prêté attention à Jing-Mei.
²²²
McBride sonna à la porte d'entrée de la résidence Carter. Simpson lui avait ordonné d'aller requestionner mademoiselle Chen. En interrogeant sa famille, le vieil inspecteur avait découvert que la jeune femme avait eu un autre enfant. Simpson avait préféré que ce soit McBride qui aille la voir car il était trop occupé à faire le tri dans le passé de Dave, les gens qui pouvaient avoir de la rancœur contre le jeune médecin étaient nombreux, mais de là à enlever sa fille…
Ce fut Abby qui ouvrit au jeune inspecteur. Elle le reconnut aussitôt et ne pouvait s'empêcher d'avoir une certaine appréhension vis-à-vis de lui. L'infirmière le laissa quand même entrer. Elle se trouvait à la résidence Carter pour que Jing-Mei ne soit pas seule car Dave était au Northwestern et Susan et John au County.
" _Je viens car je dois poser de nouvelles questions à mademoiselle Chen, " expliqua-t-il brièvement avec un sourire charmeur.
" _Je vais la chercher, " répondit Abby en évitant son regard.
Elle monta à l'étage et réveilla Jing-Mei qui dormait dans son lit. Les restes intactes de son déjeuner traînaient sur la table de nuit. La jeune femme s'étira, enfila une robe de chambre par-dessus le jogging qu'elle portait, et descendit au salon rencontrer le jeune inspecteur. Il l'observa calmement descendre les marches. Le visage de Jing-Mei n'était plus gonflé, il lui restait simplement quelques rougeurs. Abby s'éclipsa alors que McBride l'invita à s'asseoir sur le même divan que lui :
" _Bonjour inspecteur McBride, " le salua-t-elle d'une voix faible et en évitant volontairement son regard.
" _Appelez-moi Johnny s'il-vous-plaît, " la pria-t-il poliment. " Je suis venu pour obtenir quelques renseignements à propos de votre autre enfant. "
" _Mon autre enfant ? " Répéta Jing-Mei en relevant subitement le regard. Ses yeux semblaient éclairer d'une lueur nouvelle et McBride ne put s'empêcher de remarquer la beauté de son regard. " Comment savez-vous… "
" _C'est mon métier de tout savoir sur les gens, les victimes comme les coupables, " répondit Johnny avec calme. Il scruta un instant les lèvres tremblantes de la jeune femme, puis reprit : " Que pouvez-vous nous dire sur lui ? "
" _Je l'ai fait adopté à sa naissance, " répondit Jing-Mei avec un regard lointain. " Frank Bacon, son père … était noir et mon fils n'aurait sûrement pas été accepté dans ma famille. C'est en partie pour ça que je l'ai fait adopté. "
" _Et pour quelles autres raisons ? " Insista Johnny en continuant de dévisager son enquêtée. Elle avait remarqué son regard insistant et il s'humecta nerveusement les lèvres.
" _Je ne voulais pas qu'un enfant soit… soit un frein à ma carrière professionnel, sans compter le fait que je ne me sentais pas devenir mère tout de suite, " expliqua-t-elle avec lenteur. " Abandonner cet enfant fut très douloureux pour moi, je crois que je ne m'en suis jamais véritablement remise, " avoua-t-elle avec gêne.
" _Savez-vous qui l'a adopté ? "
" _Oui, ce sont Linda et James Alexander. Ils sont de Portland. J'ai gardé le contact avec eux, ils étaient très gentils et m'envoyaient souvent des photos de Michael, mon fils, jusqu'au jour où il est mort de méningite il y a à peu près un an et demi. "
" _Toutes mes condoléances, " murmura Johnny d'un air grave. Elle ne répondit rien. " C'est tout ce que je voulais savoir, je vais me renseigner sur ce couple. Si vous vous rappelez de quelque chose ou… ou que vous vous voulez tout simplement parler, voici mon adresse et mon numéro de téléphone privé. "
Il lui tendit un petit bout de papier griffonné que Jing-Mei accepta.
" _Je ne vous avez pas parlé de Michael car je ne pensais pas que cela puisse être important pour l'enquête, " reprit-elle le regard vide. " Et je ne le pense toujours pas. "
" _Nous ne devons écarter aucune piste, " répondit le jeune inspecteur théâtralement. " Maintenant, si vous voulez bien m'excuser. " Il se leva. " Passez une bonne journée mademoiselle. "
" _Je ne passerais de bonne journée que quand on aura retrouvé Louisa saine et sauve, " répondit-elle au tac-o-tac.
Il eut un sourire grimaçant puis finalement sortit du salon. Peu après, Abby entra à son tour et vint s'asseoir à la place qu'occupait précédemment l'inspecteur McBride.
" _Il ne t'a pas trop ennuyé ? Je préfère de loin l'inspecteur Simpson. Je trouve McBride beaucoup trop antipathique, " s'exclama l'infirmière en fronçant les sourcils.
" _Il a été très professionnel, " répondit calmement Jing-Mei songeuse. Elle serrait toujours dans sa main le petit bout de papier.
²²²
Dave marmonna tout bas en voyant les portes du wagon se refermer juste devant lui. Le prochain n'était que dans un quart d'heure. Furieux, il redescendit les marches du métro aérien El et se dirigea tout droit vers un bar. Le printemps était un peu moins chaud que celui de l'année dernière, mais déjà trop pour un habitant de Chicago habitué aux hivers rigoureux.
Il entra et ses yeux s'habituèrent rapidement à la pénombre du bar presque désert. Après tout, ce genre d'endroits avait constitué son environnement naturel durant ses années les plus noires. Il s'assit au comptoir et le barman vint aussitôt vers lui, occupé à essuyer de grand verres de bière avec un torchon blanc.
" _Qu'est-ce que je vous sers ? " Demanda-t-il avec neutralité.
" _Un soda… En fait non, " se ravisa Dave. " Mettez-moi une vodka. "
Le barman repartit et le servit quelques instants après. Le médecin retrouva avec apaisement le goût de l'alcool. Une douce torpeur affaiblit ses sens. Cela faisait si longtemps… Il vida son verre rapidement et demanda d'être resservi. Il le vida d'un trait et répéta sa demande au barman :
" _Dure journée ? " Questionna ce dernier en le resservant une troisième fois.
" _Non, foutue vie, " rétorqua Dave aigri. Il vida son troisième verre.
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A suivre…
²²² ²²² ²²²
Le Petit Mot de La Fin : On est toujours sans nouvelle de Louisa, Jing-Mei ne mange plus rien, Dave renoue avec ses anciens démons et leur couple bat de l'aile ! Vous trouvez ça démoralisant ? Alors ne lisez même pas le troisième chapitre où je me suis vraiment déchaînée ! ;oP
