Les Sourires de Lili
Chapitre III : Le Baiser
Auteur : Lojie
Disclaimer : Louisa Malucci Luìs n'appartient pas aux mecs bourrés de frics qui ont tous les droits sur la série Urgences, d'ailleurs je déclare qu'elle n'appartient à personne, même pas à moi car même si c'est ma propre fanfiction, c'est vraiment un personnage incontrôlable et elle veut jamais faire ce que j'écrit à propos d'elle ! mdr ! Par contre, je garde les inspecteurs Simpson et McBride sous mon contrôle grâce à quelques pots de vins…
Note de l'Auteur : Déjà le chapitre trois… Cela me frustre d'écrire trop vite les chapitres de cette fanfiction car j'y prends vraiment beaucoup de plaisir :o) C'est comme quand vous êtes en train de manger une glace à votre parfum préféré et qu'on vous la retire soudainement… Hé mais ? Dites-moi pas que je viens de comparer des fanfictions à des glaces ? ? ? Je deviens grave je crois que je suis une vraie droguée à l'écriture ! Mais tant que ça ne m'empêche pas de profiter de la vie je n'ai pas à m'inquiéter :o)
Nota Bene : Je ne sais strictement pas s'il existe une promenade des anglais à Chicago au bord du lac Michigan mais on va faire comme si ;o}
Bonne Lecture !
²²² ²²² ²²²
Jing-Mei jeta un coup d'œil inquiet à la pendule du petit salon. Il était déjà près de onze heures et cela faisait longtemps que Dave aurait dû être là. Abby était rentrée chez elle car John était déjà revenu accompagné de Susan qui avait décidé elle aussi de passer la soirée ici. Carter était repartit faire un tour en voiture pour voir s'il ne trouvait pas Dave dans certains endroits que le jeune homme aimait fréquenter. Les minutes continuaient de s'écouler lentement et la tension ne se faisait que de plus en plus palpable.
" _Qu'y a-t-il entre toi et John exactement ? " Demanda Jing-Mei en brisant le silence. Les deux femmes étaient toutes les deux assises sur le sofa et faisaient semblant de s'intéresser à un téléfilm soporifique.
" _Que veux-tu dire ? " Répondit-elle en jouant l'innocente.
" _Vous ne cessez de vous envoyer de petits sourires, vous passez beaucoup de temps ensemble, vous partagez vos passions… " Enuméra Jing-Mei pensivement. " Et pourtant on dirait que quelque chose vous empêche de sortir ensemble. Quand je vous regarde, j'ai l'impression de me voir avec Dave quand j'étais… quand j'étais enceinte, que je vivais chez lui mais que nous n'étions pas encore ensemble. "
Susan avait remarqué l'hésitation de Jing-Mei. Elle savait l'esprit de son amie sans cesse torturé par la peur qu'il soit arrivé quelque chose d'horrible à Louisa.
" _Je ne sais pas ce qu'il se passe entre John et moi, " admit-elle sur un ton déçue. " J'ai l'impression qu'aucun d'entre nous n'ose aller plus loin, nous avons peur de gâcher notre amitié en faisant intervenir d'autres sentiments. "
Jing-Mei ne dit rien et gardait un air absent. Susan devina que quelque chose d'autre tracassait la jeune femme. Depuis presque un an, elles étaient devenues comme les meilleures amies du monde et elle savait quand cela ne tournait pas rond.
" _Qu'est-ce qui ne va pas Jing-Mei ? " Susan crut pendant un moment qu'elle n'allait pas répondre, puis des paroles s'échappèrent enfin de ses lèvres.
" _Dave a changé… Il est froid et distant, il est dans un autre monde et il ne veut pas que je l'aide, " expliqua Jing-Mei d'une voix tremblante sans oser lever le regard. " Ce matin, j'ai ressentit le besoin de l'avoir contre moi, qu'il me fasse l'amour, parfois on a ce genre de pulsions et… et il m'a rejeté sèchement, il a même sous-entendu que je me fichais de l'enlèvement de Lili ! Il a osé dire ça ! "
Jing-Mei ravala difficilement les sanglots qui l'assaillirent. Depuis quelques jours, elle accumulait beaucoup trop de tension, la crise de nerfs était proche… Susan l'enveloppa de ses bras pour tenter de la réconforter. Elle ne pouvait pas la consoler par les mots. Tout comme Jing-Mei, elle ignorait totalement pourquoi Dave avait réagi ainsi.
Les deux femmes sursautèrent en entendant la porte d'entrée s'ouvrir. Quelques instants plus tard, John arriva enfin dans le salon en soutenant Dave visiblement saoul. Il avait passé le bras de son ancien collègue sur ses épaules pour pouvoir le soutenir. Quand à Malucci il tentait vainement d'aligner deux pas mais il était incapable de garder son équilibre.
" _Où l'as-tu trouvé ? " Demanda Jing-Mei en s'approchant de Dave. " Il est saoul ? "
" _Dans un bar à deux pas du Northwestern, " répondit John à contrecœur. " Il a eu de la chance car Dave commençait à chercher la bagarre et le barman était à deux doigts d'appeler les flics. " Carter se déchargea du poids de son ami en le faisant s'asseoir sur un fauteuil.
" _Comment as-tu osé faire ça ! " S'exclama Jing-Mei indignée en se mettant face à Dave. " Ta mémoire est courte apparemment ! La dernière que tu t'es comporté ainsi, tu as failli mourir d'hypothermie après avoir sauté d'un pont ! "
Il ne répondit pas et se plaqua les mains sur ses oreilles en grimaçant. Jing-Mei devint toute rouge. Finalement elle n'y tint plus, se rua dans les escaliers et monta au premier pour se réfugier dans sa chambre. Susan et John restèrent un instant immobile dans le salon. Finalement Carter rompit le silence :
" _Faut qu'on le fasse se décuver, " dit-il en indiquant Dave amorphe du regard.
²²²
" _ARRETES CA ! ARRETE ! IL N'Y EST POUR RIEN ! "
La femme se jeta sur l'homme robuste qui la repoussa violemment. Elle se cogna la tête contre le rebord de la table de la cuisine et resta sonné durant quelques instants. Les larmes rendaient son regard vert brillant alors que de longues mèches brunes s'échappant de son chignon, encadrait son visage au teint olive. Malgré qu'elle ait à peine passé le cap de la trentaine, elle semblait lasse et vieillie prématurément. L'homme était grand et imposant, à la peau mat et aux cheveux du même noir que ses yeux.
" _Reste en dehors de ça ! " Ordonna-t-il avec un léger accent portoricain. Il se retourna alors vers un enfant de sept ans, acculé contre le mur. " Viens par là toi ! "
Le garçon aux grands yeux noirs terrifiés s'approcha alors que tous ses membres tremblaient. Il avait le même teint que sa mère mais pour le reste, il était le portrait craché de son père.
" _Qu'est-ce que je t'avais dit à propos des serviettes ! " S'écria une nouvelle fois l'homme d'une voix grave et forte.
" _Roberto c'est moi qui lui ait dit de… "
" _TAIS-TOI ! " Il venait d'interrompre sa femme qui tentait vainement de sauver son fils d'une terrible correction.
" _De les mettre dans le tiroir des draps, et pas dans le tiroir des torchons, " récita l'enfant mort de peur.
" _Et qu'est-ce que tu as fait ? " Interrogea de nouveau son père.
" _Je… " Le garçon commençait à sangloter. " J'ai mis les serviettes dans le tiroir des torchons. "
Son père lui décolla une gifle qui projeta l'enfant au sol. Sa mère poussa un cri et voulut le protéger en faisant de son corps une barrière entre son fils et son mari. Mais l'homme bien plus fort, la prit par le bras et la traîna de force jusqu'à leur chambre où il l'enferma. Puis il revint dans la cuisine où l'enfant tétanisé gisait toujours au sol. Une vieille radio traînait sur la table de la cuisine. Il l'alluma et mit le volume très fort. Des notes entraînantes et joyeuses de salsa envahirent le petit appartement niché sous les toits ainsi que ses alentours. Ainsi personne n'entendrait les cris de l'enfant.
Dave se réveilla d'un bond le souffle court et couvert de sueur. Il mit quelques instants avant de reprendre contact avec la réalité. Sur un fauteuil près du lit où il était étendue, John avait apparemment veillé et s'était assoupi en lisant un livre. Dave s'aperçut qu'il était seulement en caleçon sous ses draps et il n'avait aucune idée de ce qui s'était passé la veille, il se rappelait simplement avoir loupé son métro. De plus, il était dans une autre chambre d'ami.
John se réveilla en entendant des bruits de draps. Il ouvrit les yeux et vit Dave qui venait de se lever. Il déglutit avec difficulté en voyant les cicatrices sur le dos de son ancien collègue. En fin de compte, il n'avait pas à se plaindre des siennes. Susan et lui avaient été surpris la veille en le déshabillant, ils ignoraient encore beaucoup de choses sur Dave. Ils en avaient juste déduit que c'était son père qui lui avait fait ça. Des rumeurs sur ce sujet avaient circulé au County après que Luka et Kerry aient sauvé Dave de la mort. Puis Susan l'avait aidé à le coucher et était retournée chez elle.
Dave s'aperçut que John était lui aussi réveillé. Il revint s'asseoir sur le lit face au fauteuil de Carter :
" _Qu'est-ce qui c'est passé hier ? " En vérité, Dave connaissait la vérité, son estomac était un peu retourné et il avait un violent maux de tête : il avait la gueule de bois.
" _Comme tu ne rentrais pas, on s'est inquiété, " répondit John en fermant le livre qu'il avait sur les genoux. " J'ai décidé de partir à ta recherche et je t'ai trouvé dans un bar complètement saoul, tu commençais même à chercher la bagarre. "
" _Merde… " Marmonna-t-il en passant une main nerveuse à travers ses cheveux. " Et comment a réagi Jing-Mei en me voyant revenir complètement saoul ? "
" _Mal… " Répondit John avec franchise. " Très mal. "
²²²
Jing-Mei sentit une présence à côté d'elle, une présence réconfortante et familière. Elle ouvrit doucement les yeux et vit que Dave était allongé à côté d'elle. La jeune femme se releva brusquement mais il ne sembla pas s'en inquiéter. Il restait allongé mais se mit sur ses coudes. Dave avait simplement revêtu un vieux jean et seule sa chaîne de baptême pendait sur son torse.
" _Qu'est-ce que tu veux ? " Demanda-t-elle sèchement.
Les souvenirs de la soirée d'hier étaient encore frais. Jing-Mei le revoyait soutenu par John et trébuchant à chaque pas. Elle s'aperçut qu'elle ne portait que sa légère nuisette. Elle se leva et enfila rapidement un peignoir qui traînait sur le dossier d'un siège. Elle se rassit sur le lit mais à l'opposé de Dave. Elle vit dans ses yeux que son attitude le blessait mais il tentait de le cacher.
" _Je suis venu m'excuser, " dit-il confus en se redressant vraiment. " J'ai vraiment pété les plombs ces derniers jours. Je crois que je vais suivre ton conseil et arrêter de travailler quelques temps. J'ai été ignoble avec toi et pas seulement qu'hier, je voudrais que tu me pardonnes. "
" _Ce n'est pas aussi simple, " répondit Jing-Mei.
Sans dire un mot de plus elle se leva du lit et sortit de la chambre. Dave s'allongea sur le dos et se plongea dans de sombres pensées. Il crut entendre le rire de Lili mais il savait que ce n'était que son imagination. Il y a encore peu de temps, tout allait pourtant si bien.
²²²
Jing-Mei se baladait tranquillement au bord du lac Michigan. Ses pas ne faisaient pas de bruits sur les planches de bois dont était faite la promenade. Elle avait besoin d'être un peu seule. L'été était doux et une brise chaude glissait à la surface du lac jusqu'aux badauds venus s'aérer. Il y avait beaucoup de parents et d'enfants. On était dimanche, le jour des sorties en famille. Jing-Mei avait sans cesse l'impression de reconnaître le sourire de Louisa en chaque petite fille, d'entendre son rire à chaque pas.
Essoufflée, elle s'assit sur un petit banc et se plongea dans ses pensées. Jing-Mei ne cessait de ressasser en boucle les images de la veille, de Dave complètement saoul. Cela lui rappelait tant de souvenirs, mauvais pour la plupart. Pourquoi avait-il dû lui infliger cette peine supplémentaire ? La situation n'était-elle déjà pas assez horrible ? Il avait tenté de s'excuser mais à ce moment elle était bien trop en colère pour lui pardonner, elle l'était toujours.
" _Mademoiselle Chen ? "
Jing-Mei se retourna au son de cette voix familière. McBride se tenait à quelques pas d'elle. Il lui souriait. Elle tenta de lui rendre la pareille avec difficulté, elle n'était ni heureuse ni triste de le rencontrer ici. Il s'assit à côté d'elle :
" _Quel hasard de se rencontrer ici ! Je ne savais pas que vous aussi vous aimiez cet endroit, " dit-il d'un ton qui sonnait un peu faux. Jing-Mei soupçonnait que ce n'était pas un hasard de le voir ici, peut-être l'avait-il suivi ?
" _Louisa adore quand je l'emmène ici, c'est l'un de ses endroits préférés, " répondit calmement la jeune femme. " Elle voue une véritable fascination pour les canards du lac. "
" _Nous la retrouverons, " répondit avec fermeté l'inspecteur. " Je vous le promets. "
" _Monsieur McBride, " rétorqua-t-elle avec rancœur. " Je peux vous donner un conseil ? Ne promettez jamais quand vous n'êtes pas sûr de pouvoir tenir vos engagements. "
" _Appelez-moi Johnny, " la pria-t-il sans se décontenancer. " Pourquoi êtes-vous si pessimiste ? N'avez-vous donc aucun espoir ? "
Elle plongea un instant son regard dans les deux yeux bleus pâles du jeune homme. Il semblait dévoré par la passion et le désir, il avait cette façon de la dévisager que Dave avait perdu ces derniers temps. Cette insolence propre à la jeunesse et cette nonchalance à toute épreuve, voilà à quoi la faisait penser ce Johnny.
" _Sans ma fille, je suis comme un oiseau dont on a cassé les ailes, " répondit-elle gravement. " La vie ne m'intéresse plus. "
Il restait muet tout en continuant de la fixer. Comment une femme aussi belle pouvait-elle être aussi triste ? Il aurait aimé la prendre dans ses bras, la réconforter et l'embrasser. Johnny tenta de penser à autre chose mais Jing-Mei l'obsédait.
" _Si vous voulez me rendre un service, " reprit-elle en évitant soigneusement de le regarder droit dans les yeux. " Est-ce que vous pourriez me ramener à la résidence Carter ? "
" _Bien sûr, suivez-moi ma voiture n'est pas garée très loin. "
²²²
Dave la vit descendre de la voiture de McBride. Jing-Mei fit un petit signe de la main à l'inspecteur avant de refermer la portière. Elle s'engagea dans l'allée pour rentrer et il se dépêcha de se cacher derrière les rideaux pour qu'elle ne le voit pas. Dave partit s'asseoir dans un fauteuil du salon et entreprit de faire semblant de lire un magazine. Jing-Mei arriva dans le salon et l'observa avec suspicion :
" _Depuis quand tu t'intéresse au tricotage ? " Lui demanda-t-elle avec un léger sourire sur les lèvres. Dave s'aperçut alors qu'il lisait un magazine féminin sur le tricot.
" _Depuis quand l'inspecteur McBride te ramène de tes balades soi-disant en solitaire ? " Rétorqua-t-il plus sèchement qu'il ne l'aurait souhaité.
" _Jaloux ? " Le questionna-t-elle alors que Dave refusait de répondre. " Je l'ai rencontré par hasard sur la promenade des anglais au bord du lac, et je lui ai demandé de me raccompagner plutôt que de rentrer en métro. Je suis fatiguée, je pars me coucher. "
" _Tu n'as pas faim ? " Lui demanda-t-il sachant que Jing-Mei n'avait pas mangé ce midi.
" _Non, " répondit-elle en montant les escaliers.
Dave remarqua à ses vêtements baillants combien elle avait maigri. Sa taille semblait si fine qu'il aurait pu en faire le tour avec ses deux mains, ses fossettes étaient plus en avant et elle tremblait sans cesse. Elle était à présent obligée de mettre des ceintures à tous ses pantalons. Il soupira et délaissa le magazine de tricot.
²²²
" _Où est encore passé Dave ? " Demanda soudainement Carter.
Il préparait le repas du soir en compagnie de Jing-Mei et Susan. Il venait juste de remarquer que cela faisait un bout de temps qu'il ne l'avait pas vu en train de traîner tel un zombie dans la maison. Jing-Mei arrêta de couper les carottes en rondelles et s'essuya les mains avec un torchon.
" _Je vais aller voir là-haut, " dit-elle avant de sortir de la cuisine.
Elle traversa le salon et monta les escaliers lentement. Arrivée en haut, elle poussa légèrement la porte de leur chambre. Dave était assis par terre dans la pénombre de la pièce. Quelque chose clochait dans son attitude mais Jing-Mei ne sut pas tout de suite quoi. Puis en allumant la lumière elle vit la bouteille vide qui traînait à côté de lui. Il avait recommencé.
" _Dave… " Murmura-t-elle en s'approchant. Son ton était craintif et en même temps envahi par la colère. " Qu'est-ce que tu as encore fait ? "
" _Je voulais pas ranger les serviettes avec les torchons, " répondit-il en se berçant tout seul. " Je voulais pas te mettre en colère, pardonne-moi ! "
Elle remarqua qu'il était tétanisé par la peur et qu'il pleurait à chaudes larmes. Jing-Mei se rappela soudainement d'une histoire qu'il lui avait déjà raconté, un souvenir de son enfance où il avait été battu par son père et s'était retrouvé à l'hôpital une fois de plus. Il avait commis l'erreur ce jour-là de se tromper en rangeant les serviettes. Elle comprit rapidement que Dave ne la voyait pas, il était perdu dans son monde et l'alcool y était pour beaucoup.
" _Dave, " répéta-t-elle d'un ton plus affectueux cette fois-ci. Elle fit un nouveau pas en sa direction mais il se releva subitement et se plaça à l'autre bout de la pièce.
" _Pardonne-moi, " s'excusa-t-il encore. " Je voulais pas ! "
" _Dave, c'est moi Jing-Mei, " dit-elle en restant là où elle était pour ne pas l'effrayer.
" _Jing-Mei ? " Répéta-t-il un peu hagard. Puis Dave sembla subitement retrouver tous ses moyens, il jeta un bref regard coupable en direction de la bouteille vide. " Mais qu'est-ce qui m'arrive ! " S'énerva-t-il furieux contre lui-même.
" _Tu es déboussolé, " répondit Jing-Mei toujours immobile. " Nous le sommes tous les deux. "
" _J'ai besoin d'être seul, " marmonna-t-il en s'asseyant sur le rebord du lit. " Jing-Mei, j'ai dit que j'avais besoin d'être seul ! " Répéta-t-il agressivement.
Elle hésita, puis finalement sortit rapidement en claquant la porte de la chambre derrière elle. Toujours dans la cuisine, John et Susan se lancèrent un regard surpris quelques instants plus tard en entendant la porte d'entrée se refermer. Puis Dave entra dans la cuisine l'air morose et s'assit à table. Au bout de quelques minutes alors que Susan et John n'osaient pas parler, il rompit le silence :
" _J'ai encore fait l'idiot. "
²²²
Jing-Mei compara le numéro indiqué sur la porte et celui griffonné sur le petit bout de papier. C'était bien le même. Quand elle avait quitté la résidence Carter, elle avait tout de suite filé dans le métro et s'était laissée porter sans but. Puis en enfonçant ses mains dans ses poches, elle avait senti un petit bout de papier sous ses doigts, celui de Johnny. Sans vraiment savoir pourquoi, Jing-Mei était machinalement venue le voir. Elle frappa légèrement à la porte et une voix en sourdine y répondit :
" _J'arrive tout de suite ! "
Puis Johnny ouvrit la porte. Il portait une vieille chemise mal boutonnée, un pantalon un peu large et ses bretelles attachées à sa taille pendaient le long de ses jambes. Il sembla surpris et en même temps ravi de la voir sur son pallier. McBride l'invita aussitôt à entrer.
" _Désolé, je ne pensais pas que j'aurais de la visite ce soir, " s'excusa-t-il en débarrassant sa table et son canapé débordant de vieux plateaux-repas, pour la plupart des mets chinois ou indien prêt-à-emporter.
Jing-Mei sourit mais ne répondit rien. Sa gêne l'amusait, cela faisait longtemps qu'un homme n'avait pas autant fait preuve d'attention envers elle. Elle s'assit sur le canapé après avoir vérifier que le cousin était propre, puis Johnny se mit à côté d'elle. Il sembla un instant embarrassé puis reprit :
" _Alors ? Qu'est-ce qui vous amène ici ? "
Jing-Mei fut prise de cours. Elle ne savait absolument pas pourquoi elle était venue chez McBride, hormis peut-être le désespoir.
" _Je ne sais pas, " admit-elle finalement. Elle se sentit légèrement rougir par honte.
" _Cela se… se passe mal avec votre ami ? " Demanda-t-il avec hésitation. Johnny se maudit intérieurement. La femme de ses rêves venait le voir et lui, il lui parlait de son petit copain !
" _Plutôt oui, " admit une nouvelle fois Jing-Mei. " Je crois que notre couple a du mal à résister à l'enlèvement de Louisa, j'en suis même venue à penser qu'il ne restait avec moi que par amour pour sa fille, et non par amour pour moi. "
Une larme perla le long de sa joue sans qu'elle ne s'en aperçoive. Elle ne croyait toujours pas à ce qu'elle venait de dire, et en plus à McBride ! Il prit un mouchoir et essuya doucement la larme. La main de Johnny tremblait et elle s'attarda sur la joue de la jeune femme. Subitement il se pencha vers elle. Leurs lèvres se joignirent et Jing-Mei le repoussa aussitôt en s'apercevant de ce qui était en train de se passer, elle était en train de tromper Dave !
" _Non, " murmura-t-elle confuse. " Je ne peux pas… "
" _Mais pourquoi ? " Rétorqua soudainement Johnny en s'indignant. " Ne me dîtes pas que c'est à cause de ce zonard que vous me repoussez ? Vous savez tout comme moi pourquoi vous êtes venue me voir, vous aviez besoin de quelqu'un pour vous réconforter, de quelqu'un pour vous apporter tout ce que Luìs ne vous apporte pas, de quelqu'un qui vous aime ! "
Elle le gifla. Comment osait-il lui dire ça ? Jing-Mei se leva et sortit de l'appartement en laissant McBride derrière seul parmi ses vieux plateaux-repas. Elle se retrouva rapidement dans la rue et frissonna alors que la brise nocturne commençait à se lever. Elle ne savait plus où aller maintenant. Jing-Mei se sentait tellement coupable, en proie à de trop nombreux doutes. Finalement elle se décida à retourner à la promenade des anglais, elle avait toujours apprécié cet endroit pour pouvoir réfléchir.
²²²
A suivre…
²²² ²²² ²²²
Le Petit Mot de La Fin : Décidément dans cette fanfiction, les personnages sont presque aussi torturés que dans Hallucination mdr ! Je dis bien presque parce que personne ne peut battre Anna DelAmico en pleine crise !
Chapitre III : Le Baiser
Auteur : Lojie
Disclaimer : Louisa Malucci Luìs n'appartient pas aux mecs bourrés de frics qui ont tous les droits sur la série Urgences, d'ailleurs je déclare qu'elle n'appartient à personne, même pas à moi car même si c'est ma propre fanfiction, c'est vraiment un personnage incontrôlable et elle veut jamais faire ce que j'écrit à propos d'elle ! mdr ! Par contre, je garde les inspecteurs Simpson et McBride sous mon contrôle grâce à quelques pots de vins…
Note de l'Auteur : Déjà le chapitre trois… Cela me frustre d'écrire trop vite les chapitres de cette fanfiction car j'y prends vraiment beaucoup de plaisir :o) C'est comme quand vous êtes en train de manger une glace à votre parfum préféré et qu'on vous la retire soudainement… Hé mais ? Dites-moi pas que je viens de comparer des fanfictions à des glaces ? ? ? Je deviens grave je crois que je suis une vraie droguée à l'écriture ! Mais tant que ça ne m'empêche pas de profiter de la vie je n'ai pas à m'inquiéter :o)
Nota Bene : Je ne sais strictement pas s'il existe une promenade des anglais à Chicago au bord du lac Michigan mais on va faire comme si ;o}
Bonne Lecture !
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Jing-Mei jeta un coup d'œil inquiet à la pendule du petit salon. Il était déjà près de onze heures et cela faisait longtemps que Dave aurait dû être là. Abby était rentrée chez elle car John était déjà revenu accompagné de Susan qui avait décidé elle aussi de passer la soirée ici. Carter était repartit faire un tour en voiture pour voir s'il ne trouvait pas Dave dans certains endroits que le jeune homme aimait fréquenter. Les minutes continuaient de s'écouler lentement et la tension ne se faisait que de plus en plus palpable.
" _Qu'y a-t-il entre toi et John exactement ? " Demanda Jing-Mei en brisant le silence. Les deux femmes étaient toutes les deux assises sur le sofa et faisaient semblant de s'intéresser à un téléfilm soporifique.
" _Que veux-tu dire ? " Répondit-elle en jouant l'innocente.
" _Vous ne cessez de vous envoyer de petits sourires, vous passez beaucoup de temps ensemble, vous partagez vos passions… " Enuméra Jing-Mei pensivement. " Et pourtant on dirait que quelque chose vous empêche de sortir ensemble. Quand je vous regarde, j'ai l'impression de me voir avec Dave quand j'étais… quand j'étais enceinte, que je vivais chez lui mais que nous n'étions pas encore ensemble. "
Susan avait remarqué l'hésitation de Jing-Mei. Elle savait l'esprit de son amie sans cesse torturé par la peur qu'il soit arrivé quelque chose d'horrible à Louisa.
" _Je ne sais pas ce qu'il se passe entre John et moi, " admit-elle sur un ton déçue. " J'ai l'impression qu'aucun d'entre nous n'ose aller plus loin, nous avons peur de gâcher notre amitié en faisant intervenir d'autres sentiments. "
Jing-Mei ne dit rien et gardait un air absent. Susan devina que quelque chose d'autre tracassait la jeune femme. Depuis presque un an, elles étaient devenues comme les meilleures amies du monde et elle savait quand cela ne tournait pas rond.
" _Qu'est-ce qui ne va pas Jing-Mei ? " Susan crut pendant un moment qu'elle n'allait pas répondre, puis des paroles s'échappèrent enfin de ses lèvres.
" _Dave a changé… Il est froid et distant, il est dans un autre monde et il ne veut pas que je l'aide, " expliqua Jing-Mei d'une voix tremblante sans oser lever le regard. " Ce matin, j'ai ressentit le besoin de l'avoir contre moi, qu'il me fasse l'amour, parfois on a ce genre de pulsions et… et il m'a rejeté sèchement, il a même sous-entendu que je me fichais de l'enlèvement de Lili ! Il a osé dire ça ! "
Jing-Mei ravala difficilement les sanglots qui l'assaillirent. Depuis quelques jours, elle accumulait beaucoup trop de tension, la crise de nerfs était proche… Susan l'enveloppa de ses bras pour tenter de la réconforter. Elle ne pouvait pas la consoler par les mots. Tout comme Jing-Mei, elle ignorait totalement pourquoi Dave avait réagi ainsi.
Les deux femmes sursautèrent en entendant la porte d'entrée s'ouvrir. Quelques instants plus tard, John arriva enfin dans le salon en soutenant Dave visiblement saoul. Il avait passé le bras de son ancien collègue sur ses épaules pour pouvoir le soutenir. Quand à Malucci il tentait vainement d'aligner deux pas mais il était incapable de garder son équilibre.
" _Où l'as-tu trouvé ? " Demanda Jing-Mei en s'approchant de Dave. " Il est saoul ? "
" _Dans un bar à deux pas du Northwestern, " répondit John à contrecœur. " Il a eu de la chance car Dave commençait à chercher la bagarre et le barman était à deux doigts d'appeler les flics. " Carter se déchargea du poids de son ami en le faisant s'asseoir sur un fauteuil.
" _Comment as-tu osé faire ça ! " S'exclama Jing-Mei indignée en se mettant face à Dave. " Ta mémoire est courte apparemment ! La dernière que tu t'es comporté ainsi, tu as failli mourir d'hypothermie après avoir sauté d'un pont ! "
Il ne répondit pas et se plaqua les mains sur ses oreilles en grimaçant. Jing-Mei devint toute rouge. Finalement elle n'y tint plus, se rua dans les escaliers et monta au premier pour se réfugier dans sa chambre. Susan et John restèrent un instant immobile dans le salon. Finalement Carter rompit le silence :
" _Faut qu'on le fasse se décuver, " dit-il en indiquant Dave amorphe du regard.
²²²
" _ARRETES CA ! ARRETE ! IL N'Y EST POUR RIEN ! "
La femme se jeta sur l'homme robuste qui la repoussa violemment. Elle se cogna la tête contre le rebord de la table de la cuisine et resta sonné durant quelques instants. Les larmes rendaient son regard vert brillant alors que de longues mèches brunes s'échappant de son chignon, encadrait son visage au teint olive. Malgré qu'elle ait à peine passé le cap de la trentaine, elle semblait lasse et vieillie prématurément. L'homme était grand et imposant, à la peau mat et aux cheveux du même noir que ses yeux.
" _Reste en dehors de ça ! " Ordonna-t-il avec un léger accent portoricain. Il se retourna alors vers un enfant de sept ans, acculé contre le mur. " Viens par là toi ! "
Le garçon aux grands yeux noirs terrifiés s'approcha alors que tous ses membres tremblaient. Il avait le même teint que sa mère mais pour le reste, il était le portrait craché de son père.
" _Qu'est-ce que je t'avais dit à propos des serviettes ! " S'écria une nouvelle fois l'homme d'une voix grave et forte.
" _Roberto c'est moi qui lui ait dit de… "
" _TAIS-TOI ! " Il venait d'interrompre sa femme qui tentait vainement de sauver son fils d'une terrible correction.
" _De les mettre dans le tiroir des draps, et pas dans le tiroir des torchons, " récita l'enfant mort de peur.
" _Et qu'est-ce que tu as fait ? " Interrogea de nouveau son père.
" _Je… " Le garçon commençait à sangloter. " J'ai mis les serviettes dans le tiroir des torchons. "
Son père lui décolla une gifle qui projeta l'enfant au sol. Sa mère poussa un cri et voulut le protéger en faisant de son corps une barrière entre son fils et son mari. Mais l'homme bien plus fort, la prit par le bras et la traîna de force jusqu'à leur chambre où il l'enferma. Puis il revint dans la cuisine où l'enfant tétanisé gisait toujours au sol. Une vieille radio traînait sur la table de la cuisine. Il l'alluma et mit le volume très fort. Des notes entraînantes et joyeuses de salsa envahirent le petit appartement niché sous les toits ainsi que ses alentours. Ainsi personne n'entendrait les cris de l'enfant.
Dave se réveilla d'un bond le souffle court et couvert de sueur. Il mit quelques instants avant de reprendre contact avec la réalité. Sur un fauteuil près du lit où il était étendue, John avait apparemment veillé et s'était assoupi en lisant un livre. Dave s'aperçut qu'il était seulement en caleçon sous ses draps et il n'avait aucune idée de ce qui s'était passé la veille, il se rappelait simplement avoir loupé son métro. De plus, il était dans une autre chambre d'ami.
John se réveilla en entendant des bruits de draps. Il ouvrit les yeux et vit Dave qui venait de se lever. Il déglutit avec difficulté en voyant les cicatrices sur le dos de son ancien collègue. En fin de compte, il n'avait pas à se plaindre des siennes. Susan et lui avaient été surpris la veille en le déshabillant, ils ignoraient encore beaucoup de choses sur Dave. Ils en avaient juste déduit que c'était son père qui lui avait fait ça. Des rumeurs sur ce sujet avaient circulé au County après que Luka et Kerry aient sauvé Dave de la mort. Puis Susan l'avait aidé à le coucher et était retournée chez elle.
Dave s'aperçut que John était lui aussi réveillé. Il revint s'asseoir sur le lit face au fauteuil de Carter :
" _Qu'est-ce qui c'est passé hier ? " En vérité, Dave connaissait la vérité, son estomac était un peu retourné et il avait un violent maux de tête : il avait la gueule de bois.
" _Comme tu ne rentrais pas, on s'est inquiété, " répondit John en fermant le livre qu'il avait sur les genoux. " J'ai décidé de partir à ta recherche et je t'ai trouvé dans un bar complètement saoul, tu commençais même à chercher la bagarre. "
" _Merde… " Marmonna-t-il en passant une main nerveuse à travers ses cheveux. " Et comment a réagi Jing-Mei en me voyant revenir complètement saoul ? "
" _Mal… " Répondit John avec franchise. " Très mal. "
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Jing-Mei sentit une présence à côté d'elle, une présence réconfortante et familière. Elle ouvrit doucement les yeux et vit que Dave était allongé à côté d'elle. La jeune femme se releva brusquement mais il ne sembla pas s'en inquiéter. Il restait allongé mais se mit sur ses coudes. Dave avait simplement revêtu un vieux jean et seule sa chaîne de baptême pendait sur son torse.
" _Qu'est-ce que tu veux ? " Demanda-t-elle sèchement.
Les souvenirs de la soirée d'hier étaient encore frais. Jing-Mei le revoyait soutenu par John et trébuchant à chaque pas. Elle s'aperçut qu'elle ne portait que sa légère nuisette. Elle se leva et enfila rapidement un peignoir qui traînait sur le dossier d'un siège. Elle se rassit sur le lit mais à l'opposé de Dave. Elle vit dans ses yeux que son attitude le blessait mais il tentait de le cacher.
" _Je suis venu m'excuser, " dit-il confus en se redressant vraiment. " J'ai vraiment pété les plombs ces derniers jours. Je crois que je vais suivre ton conseil et arrêter de travailler quelques temps. J'ai été ignoble avec toi et pas seulement qu'hier, je voudrais que tu me pardonnes. "
" _Ce n'est pas aussi simple, " répondit Jing-Mei.
Sans dire un mot de plus elle se leva du lit et sortit de la chambre. Dave s'allongea sur le dos et se plongea dans de sombres pensées. Il crut entendre le rire de Lili mais il savait que ce n'était que son imagination. Il y a encore peu de temps, tout allait pourtant si bien.
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Jing-Mei se baladait tranquillement au bord du lac Michigan. Ses pas ne faisaient pas de bruits sur les planches de bois dont était faite la promenade. Elle avait besoin d'être un peu seule. L'été était doux et une brise chaude glissait à la surface du lac jusqu'aux badauds venus s'aérer. Il y avait beaucoup de parents et d'enfants. On était dimanche, le jour des sorties en famille. Jing-Mei avait sans cesse l'impression de reconnaître le sourire de Louisa en chaque petite fille, d'entendre son rire à chaque pas.
Essoufflée, elle s'assit sur un petit banc et se plongea dans ses pensées. Jing-Mei ne cessait de ressasser en boucle les images de la veille, de Dave complètement saoul. Cela lui rappelait tant de souvenirs, mauvais pour la plupart. Pourquoi avait-il dû lui infliger cette peine supplémentaire ? La situation n'était-elle déjà pas assez horrible ? Il avait tenté de s'excuser mais à ce moment elle était bien trop en colère pour lui pardonner, elle l'était toujours.
" _Mademoiselle Chen ? "
Jing-Mei se retourna au son de cette voix familière. McBride se tenait à quelques pas d'elle. Il lui souriait. Elle tenta de lui rendre la pareille avec difficulté, elle n'était ni heureuse ni triste de le rencontrer ici. Il s'assit à côté d'elle :
" _Quel hasard de se rencontrer ici ! Je ne savais pas que vous aussi vous aimiez cet endroit, " dit-il d'un ton qui sonnait un peu faux. Jing-Mei soupçonnait que ce n'était pas un hasard de le voir ici, peut-être l'avait-il suivi ?
" _Louisa adore quand je l'emmène ici, c'est l'un de ses endroits préférés, " répondit calmement la jeune femme. " Elle voue une véritable fascination pour les canards du lac. "
" _Nous la retrouverons, " répondit avec fermeté l'inspecteur. " Je vous le promets. "
" _Monsieur McBride, " rétorqua-t-elle avec rancœur. " Je peux vous donner un conseil ? Ne promettez jamais quand vous n'êtes pas sûr de pouvoir tenir vos engagements. "
" _Appelez-moi Johnny, " la pria-t-il sans se décontenancer. " Pourquoi êtes-vous si pessimiste ? N'avez-vous donc aucun espoir ? "
Elle plongea un instant son regard dans les deux yeux bleus pâles du jeune homme. Il semblait dévoré par la passion et le désir, il avait cette façon de la dévisager que Dave avait perdu ces derniers temps. Cette insolence propre à la jeunesse et cette nonchalance à toute épreuve, voilà à quoi la faisait penser ce Johnny.
" _Sans ma fille, je suis comme un oiseau dont on a cassé les ailes, " répondit-elle gravement. " La vie ne m'intéresse plus. "
Il restait muet tout en continuant de la fixer. Comment une femme aussi belle pouvait-elle être aussi triste ? Il aurait aimé la prendre dans ses bras, la réconforter et l'embrasser. Johnny tenta de penser à autre chose mais Jing-Mei l'obsédait.
" _Si vous voulez me rendre un service, " reprit-elle en évitant soigneusement de le regarder droit dans les yeux. " Est-ce que vous pourriez me ramener à la résidence Carter ? "
" _Bien sûr, suivez-moi ma voiture n'est pas garée très loin. "
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Dave la vit descendre de la voiture de McBride. Jing-Mei fit un petit signe de la main à l'inspecteur avant de refermer la portière. Elle s'engagea dans l'allée pour rentrer et il se dépêcha de se cacher derrière les rideaux pour qu'elle ne le voit pas. Dave partit s'asseoir dans un fauteuil du salon et entreprit de faire semblant de lire un magazine. Jing-Mei arriva dans le salon et l'observa avec suspicion :
" _Depuis quand tu t'intéresse au tricotage ? " Lui demanda-t-elle avec un léger sourire sur les lèvres. Dave s'aperçut alors qu'il lisait un magazine féminin sur le tricot.
" _Depuis quand l'inspecteur McBride te ramène de tes balades soi-disant en solitaire ? " Rétorqua-t-il plus sèchement qu'il ne l'aurait souhaité.
" _Jaloux ? " Le questionna-t-elle alors que Dave refusait de répondre. " Je l'ai rencontré par hasard sur la promenade des anglais au bord du lac, et je lui ai demandé de me raccompagner plutôt que de rentrer en métro. Je suis fatiguée, je pars me coucher. "
" _Tu n'as pas faim ? " Lui demanda-t-il sachant que Jing-Mei n'avait pas mangé ce midi.
" _Non, " répondit-elle en montant les escaliers.
Dave remarqua à ses vêtements baillants combien elle avait maigri. Sa taille semblait si fine qu'il aurait pu en faire le tour avec ses deux mains, ses fossettes étaient plus en avant et elle tremblait sans cesse. Elle était à présent obligée de mettre des ceintures à tous ses pantalons. Il soupira et délaissa le magazine de tricot.
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" _Où est encore passé Dave ? " Demanda soudainement Carter.
Il préparait le repas du soir en compagnie de Jing-Mei et Susan. Il venait juste de remarquer que cela faisait un bout de temps qu'il ne l'avait pas vu en train de traîner tel un zombie dans la maison. Jing-Mei arrêta de couper les carottes en rondelles et s'essuya les mains avec un torchon.
" _Je vais aller voir là-haut, " dit-elle avant de sortir de la cuisine.
Elle traversa le salon et monta les escaliers lentement. Arrivée en haut, elle poussa légèrement la porte de leur chambre. Dave était assis par terre dans la pénombre de la pièce. Quelque chose clochait dans son attitude mais Jing-Mei ne sut pas tout de suite quoi. Puis en allumant la lumière elle vit la bouteille vide qui traînait à côté de lui. Il avait recommencé.
" _Dave… " Murmura-t-elle en s'approchant. Son ton était craintif et en même temps envahi par la colère. " Qu'est-ce que tu as encore fait ? "
" _Je voulais pas ranger les serviettes avec les torchons, " répondit-il en se berçant tout seul. " Je voulais pas te mettre en colère, pardonne-moi ! "
Elle remarqua qu'il était tétanisé par la peur et qu'il pleurait à chaudes larmes. Jing-Mei se rappela soudainement d'une histoire qu'il lui avait déjà raconté, un souvenir de son enfance où il avait été battu par son père et s'était retrouvé à l'hôpital une fois de plus. Il avait commis l'erreur ce jour-là de se tromper en rangeant les serviettes. Elle comprit rapidement que Dave ne la voyait pas, il était perdu dans son monde et l'alcool y était pour beaucoup.
" _Dave, " répéta-t-elle d'un ton plus affectueux cette fois-ci. Elle fit un nouveau pas en sa direction mais il se releva subitement et se plaça à l'autre bout de la pièce.
" _Pardonne-moi, " s'excusa-t-il encore. " Je voulais pas ! "
" _Dave, c'est moi Jing-Mei, " dit-elle en restant là où elle était pour ne pas l'effrayer.
" _Jing-Mei ? " Répéta-t-il un peu hagard. Puis Dave sembla subitement retrouver tous ses moyens, il jeta un bref regard coupable en direction de la bouteille vide. " Mais qu'est-ce qui m'arrive ! " S'énerva-t-il furieux contre lui-même.
" _Tu es déboussolé, " répondit Jing-Mei toujours immobile. " Nous le sommes tous les deux. "
" _J'ai besoin d'être seul, " marmonna-t-il en s'asseyant sur le rebord du lit. " Jing-Mei, j'ai dit que j'avais besoin d'être seul ! " Répéta-t-il agressivement.
Elle hésita, puis finalement sortit rapidement en claquant la porte de la chambre derrière elle. Toujours dans la cuisine, John et Susan se lancèrent un regard surpris quelques instants plus tard en entendant la porte d'entrée se refermer. Puis Dave entra dans la cuisine l'air morose et s'assit à table. Au bout de quelques minutes alors que Susan et John n'osaient pas parler, il rompit le silence :
" _J'ai encore fait l'idiot. "
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Jing-Mei compara le numéro indiqué sur la porte et celui griffonné sur le petit bout de papier. C'était bien le même. Quand elle avait quitté la résidence Carter, elle avait tout de suite filé dans le métro et s'était laissée porter sans but. Puis en enfonçant ses mains dans ses poches, elle avait senti un petit bout de papier sous ses doigts, celui de Johnny. Sans vraiment savoir pourquoi, Jing-Mei était machinalement venue le voir. Elle frappa légèrement à la porte et une voix en sourdine y répondit :
" _J'arrive tout de suite ! "
Puis Johnny ouvrit la porte. Il portait une vieille chemise mal boutonnée, un pantalon un peu large et ses bretelles attachées à sa taille pendaient le long de ses jambes. Il sembla surpris et en même temps ravi de la voir sur son pallier. McBride l'invita aussitôt à entrer.
" _Désolé, je ne pensais pas que j'aurais de la visite ce soir, " s'excusa-t-il en débarrassant sa table et son canapé débordant de vieux plateaux-repas, pour la plupart des mets chinois ou indien prêt-à-emporter.
Jing-Mei sourit mais ne répondit rien. Sa gêne l'amusait, cela faisait longtemps qu'un homme n'avait pas autant fait preuve d'attention envers elle. Elle s'assit sur le canapé après avoir vérifier que le cousin était propre, puis Johnny se mit à côté d'elle. Il sembla un instant embarrassé puis reprit :
" _Alors ? Qu'est-ce qui vous amène ici ? "
Jing-Mei fut prise de cours. Elle ne savait absolument pas pourquoi elle était venue chez McBride, hormis peut-être le désespoir.
" _Je ne sais pas, " admit-elle finalement. Elle se sentit légèrement rougir par honte.
" _Cela se… se passe mal avec votre ami ? " Demanda-t-il avec hésitation. Johnny se maudit intérieurement. La femme de ses rêves venait le voir et lui, il lui parlait de son petit copain !
" _Plutôt oui, " admit une nouvelle fois Jing-Mei. " Je crois que notre couple a du mal à résister à l'enlèvement de Louisa, j'en suis même venue à penser qu'il ne restait avec moi que par amour pour sa fille, et non par amour pour moi. "
Une larme perla le long de sa joue sans qu'elle ne s'en aperçoive. Elle ne croyait toujours pas à ce qu'elle venait de dire, et en plus à McBride ! Il prit un mouchoir et essuya doucement la larme. La main de Johnny tremblait et elle s'attarda sur la joue de la jeune femme. Subitement il se pencha vers elle. Leurs lèvres se joignirent et Jing-Mei le repoussa aussitôt en s'apercevant de ce qui était en train de se passer, elle était en train de tromper Dave !
" _Non, " murmura-t-elle confuse. " Je ne peux pas… "
" _Mais pourquoi ? " Rétorqua soudainement Johnny en s'indignant. " Ne me dîtes pas que c'est à cause de ce zonard que vous me repoussez ? Vous savez tout comme moi pourquoi vous êtes venue me voir, vous aviez besoin de quelqu'un pour vous réconforter, de quelqu'un pour vous apporter tout ce que Luìs ne vous apporte pas, de quelqu'un qui vous aime ! "
Elle le gifla. Comment osait-il lui dire ça ? Jing-Mei se leva et sortit de l'appartement en laissant McBride derrière seul parmi ses vieux plateaux-repas. Elle se retrouva rapidement dans la rue et frissonna alors que la brise nocturne commençait à se lever. Elle ne savait plus où aller maintenant. Jing-Mei se sentait tellement coupable, en proie à de trop nombreux doutes. Finalement elle se décida à retourner à la promenade des anglais, elle avait toujours apprécié cet endroit pour pouvoir réfléchir.
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A suivre…
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Le Petit Mot de La Fin : Décidément dans cette fanfiction, les personnages sont presque aussi torturés que dans Hallucination mdr ! Je dis bien presque parce que personne ne peut battre Anna DelAmico en pleine crise !
