Auteur : Emi
Base : Gundam Wings
Genre : tortures psychologiques (à peu de chose près…)
Couple : Je vous laisse le soin de deviner…
Disclaimer : Ils sont Cinq… Cinq fougueux jeunes hommes vachement beaux et super sexy… Et croyiez-vous qu'ils ont eu envie de m'appartenir ? ? Et bah même pas ! C'est pas du juste, d'abord… Pourtant, j'ai supplié, j'ai fais du chantage, j'ai même tenter de les soudoyer, mais ça n'a pas marché… Quatre a semblé être d'accord pendant un moment, mais Trowa est arrivé, m'a filé une droite et l'a ramené sous son bras… Le monde est vraiment cruel…
Notes : 1_Et zouh ! Le chapitre deux ! ! *contente ! ! !* Je sais pas jusqu'où je pourrais aller comme ça, mais, celle-ci, j'espère la finir ! On bouge pas beaucoup dans ce chapitre, mais ça va venir ! !
2_Lisez pas les notes en même temps, ça pouilles le récit… Les lisez pas du tout, ça vaudrait mieux, en fait…
3_ Je m'embarque un peu dans l'OOC pour Heero, je crois. Mes plus plates excuses si je diffère trop du perso de base… J'essaye d'y rester fidèle, mais c'est pas faciiiiiiile ! !
Lumières
CHAPITRE II
Journal de Heero Yuy, le 8 septembre.
Quatre…. Comment avons-nous pu laisser cette tragédie arriver ? Tu es celui de nous tous qui le méritait le moins… Et Trowa qui en perd la tête…
Plus rien ne va… Cette mission aura été un fiasco sur toute la ligne. A croire que Oz avait prévu tout ce qui allait se passer.
Je ne sais plus quoi faire.
Je ne sais pas quoi dire…
Surtout à toi, Duo. Toi qui t'es enfermé dans la salle de bain dès que nous sommes rentrés. Ca fait trois heures que tu y es. L'image de ton visage en train de se décomposer devant le spectacle de Quatre s'accrochant au pull de Trowa restera gravé dans ma mémoire. Les mains de Quatre tâtonnant à la recherche du visage de Trowa, son regard fixe trempé de larmes, ses traits déformés par la terreur… "il fait noir ! Aide-moi, Trowa ! ! " répétait-il sans cesse.
Tout cela n'aurait jamais du arriver. Et tout est de ma faute. Juste parce que j'ai omis de vérifier le nombre de soldats en faction dans la base…
J'enrage.
Et toi, Trowa, toi qui deviens fou.
Pour toi, tout est de la faute de Duo. Duo qui a voulu bien faire et retrouver les plans. Duo en qui Quatre a une confiance absolue. Duo qui culpabilise… Et toi, tu ne fais vraiment rien pour arranger les choses.
En ce moment, tu es dans le salon. J'ai réussi à te convaincre de rentrer avec nous, prétextant que Quatre avait besoin de repos, ce qui n'était pas faux. A présent, tu montes et démontes un vieux poste de radio que tu as un jour trouvé dans une ferraillerie. Il vaut mieux que tu t'occupes les mains pour éviter de trop penser à Quatre
Je vais vérifier tous les quarts d'heures si Duo est toujours dans la salle de bain. Je n'ai pas envie qu'il fasse une bêtise. Là, c'est moi qui m'en voudrais.
Mais il reste assis sur le bord de la baignoire, pensif. C'est le seul endroit de la maison où il peut rester avec lui-même et réfléchir, comme il le dit lui-même.
Je n'ai encore rien dis aux professeurs. Ils apprendront la nouvelle bien assez tôt.
Je ne sais plus où j'en suis… Je sais que les mots sont inutiles dans ce genre de situation, mais voir mes compagnons dans cet état me fait me rendre compte d'une chose : Nous ne sommes pas invulnérables. Aucun de nous ne l'est. Même pas moi.
Je ressasse ces pensées dans ma tête. Que se serait-il passé si c'était moi qui avait suivi Duo ? Serais-je dans le même état que Quatre ? Aurais-je eu peur comme lui ? Duo aurait-il réagit comme il le fait ? Et Trowa ? Mais dans ces conditions, nous pouvons tous devenir fou.
Et qu'aurais-je fais si ça avait été Duo qui avait été blessé …?
Oui, Duo, qu'aurais-je fais pour toi ? L'image de ton visage blafard posé sur cet oreiller, ta tresse étalée autour de toi. Cette image hante mon esprit. Et je ne comprends pas pourquoi. Si ça avait été toi. Si tu avais poussé ce cri a m'en déchirer les entrailles, si ça avait été mon prénom que tu avais hurlé. Si ça avait été toi…
Je ne l'aurais pas supporté.
Parfois, je ne me comprends plus.
Qui est ce moi que je ne reconnais plus ?
Qui est ce moi qui ne me répond plus ?
Qui suis-je en train de devenir ?
Qui… ?
Je me retournai alors que Duo sortait enfin de la salle de bain. J'enregistrai ce que je venais de taper et éteignis mon ordinateur.
Puis, je regardai Duo.
Il s'était assis sur son lit, dos au mur, les genoux remontés sous son menton, le visage perdu sous sa frange.
Sa joue droite commençait à prendre une légère couleur pourpre, souvenir du coup de poing que Trowa lui avait décoché quand nous étions rentrés. Duo n'avait pas répliqué sous les paroles cinglantes que lui avait lancé un Trowa ivre de rage. Il était resté stoïque devant les accusations. Il savait que c'était en partie sa faute si Quatre était dans cet état.
Le pansement qui enserrait sa tête s'était défait sous la violence du coup. Mais il n'y avait pas touché, ignorant le sang qui s'était remis à couler à cause de l'impact.
Je me levai et me dirigeai vers la salle de bain. Je pris une serviette et l'humidifiai, puis, je m'assis près de Duo, retirai les vestiges du bandage et commençai à nettoyer sa joue.
Il ne dit rien, mais ferma les yeux. Je sentai ses larmes poindre derrière ses paupières closes. Mais aucune ne coula.
Nous restâmes silencieux pendant un moment. Je lui refis son bandage et commençai à ramasser ce que j'avais déballé.
_Il va falloir le dire à Wufei, murmura t'il.
Je le regardai un moment.
_Je le ferai, répondis-je.
Sa main alla chercher sa natte et il se mit à jouer avec. Le tic du Duo inquiet et pensif. Il n'avait toujours pas levé les yeux.
_Qu'ont dit les médecins, exactement ? demanda t'il dans un souffle.
_ Ils ne savent pas encore précisément ce qu'à Quatre. Sa cécité est peut être due à la chaleur trop importante à laquelle il a été exposé. Ou bien, peut être a t'il reçu des éclats dans les yeux. Il faut lui faire passer des examens pour savoir.
_Et… Est ce que c'est… Définitif ?
Je dû tendre l'oreille pour entendre le faible son qui s'était échappé de ses lèvres.
_Ils ne savent pas.
Sa tête s'enfonça un peu plus dans ses épaules. On aurait dit qu'il voulait rentrer dans le mur.
Je me levai et allai ranger le nécessaire de soin. Quand je revins dans la chambre, Duo s'était endormi. Il n'avait pas bougé.
Je m'approchai du lit et remontai la couverture sur lui. Il gémit dans son sommeil, son front normalement lisse barré par un pli d'inquiétude. Sans réfléchir, je passais une main dans sa frange, l'envoyant en arrière. Les mèches retombèrent aussitôt. Mais ma main resta quelques secondes en suspension.
Mais qu'étais-je en train de faire ?
Je secouai la tête et sorti de la chambre, allant à la recherche de Trowa. Le salon et sa chambre étaient vides. Je pris peur jusqu'à ce que j'aperçoive une faible lumière venant de la chambre de Quatre. J'entrai doucement et découvris Trowa allongé sur le lit de Quatre, serrant la peluche préférée de celui-ci contre lui, les jambes remontées contre son torse. Son visage était serein, mais deux traces humides brillaient encore sur ses joues.
Le stoïque Trowa, celui qui savait toujours garder son sang-froid, le silencieux, l'inébranlable Trowa que rien ne pouvait atteindre, avait craqué.
Je retournai dans sa chambre, pris sa couette et allai la poser sur ses épaules. Il ne bougea pas.
J'éteignis la veilleuse et sortis en fermant la porte.
Le silence régnait dans la maison. Un silence lourd d'inquiétude et de tristesse. Même moi qui détestais le bruit, je n'aimais pas ce silence. Il me rappelait trop que notre équipe était sur le point de craquer, alors que nous commencions tous à être si soudés.
Oui, même moi, je commençais à apprécier mes compagnons. A ma manière…
Je retournai dans la chambre que je partageais avec Duo, me demandant pour la énième fois pourquoi c'était moi qui avais du partager la chambre avec lui. " Pour te sociabiliser ! " avait répondu Quatre le plus naturellement du monde. J'avais failli mourir quand je m'étais rendu compte que non seulement, Duo bougeait énormément, mais qu'en plus, il parlait, et parfois criait dans son sommeil. Une nuit, il avait même refait tous les commentaires d'un match de foot, interprétant à tour de rôle le présentateur et les supporters. Un mec très reposant, en somme.
Oh la la… Il faudrait que je fasse gaffe ! Je commençais à parler comme lui.
J'entrai pour le découvrir toujours dans la même position le front toujours barré de ce pli d'inquiétude. Je fermai doucement la porte et m'assis sur mon lit, restant un moment à l'observer.
Sa tête posée sur son épaule, ses bras serrant ses jambes ramenées contre son torse, et son expression de lassitude extrême le faisaient ressembler à un enfant. Je me souvins de cet après-midi à la patinoire, quelques jours auparavant, quand je l'avais trouvé si beau.
_Qu'aurais-je fais, Duo, si ça avait été toi ? murmurai-je dans un souffle.
Je parcourus le couloir à la recherche de la chambre de Quatre. Les médecins l'avaient transféré dans une autre partie de l'hôpital, réservée aux "convalescents handicapés ", comme ils les appelaient.
Je trouvais ça insultant. Mais mieux valait ne pas trop se faire remarquer. J'avais appris le matin même que Oz avait fait passer des avis de recherche dans tous les hôpitaux de la région pour nous retrouver. Il allait falloir ne pas trop traîner dans les parages.
Un cri de pure hystérie me fis sortir de mes pensées. Je levai la tête et vis Duo faire des pirouettes dans le couloir alors qu'un gamin en fauteuil roulant d'environ six ans boudait dans son coin.
_J'ai gagné ! ! J'ai gagné ! !
Alors que j'arrivai à sa hauteur, Duo me vit et se jeta allègrement à mon cou.
_T'as vu, Hee-chan, j'ai joué contre lui à la bataille corse, et j'ai gagné ! ! ! J'suis super balèze, hein ?
Je le regardai dans les yeux et m'aperçut qu'il me faisait le coup du "duo innocent qui aimait faire son gamin " Je souris intérieurement, mais mon visage resta impassible.
_Duo… murmurai-je. Nous sommes dans un hôpital. Sais-tu ce que veut dire le mot " silence " qui est accroché à tous les murs ?
Il reprit son sérieux, toujours pendu à mon cou.
_Non. Mais je sens que tu vas me l'expliquer.
Je soupirai. Il n'y avait rien à tirer de lui.
Le gamin ne nous avait pas quitté des yeux. Une lueur d'interrogation brillait dans son regard.
_Quoi? lui demandai-je froidement.
_Vous êtes mariés ? demanda t'il, pas déstabilisé le moins du monde.
Je m'étranglai à moitié alors que Duo se tournait vers moi.
_Sont vachement précoces les gamins, de nos jours, dit-il.
_Bon, ça suffit ! m'exclamai-je en décrochant les bras de Duo de mon cou.
Duo regarda l'enfant et dit :
_Aaaah… Les hommes… Ils savent jamais ce qu'ils veulent.
Le garçon pouffa derrières ses mains jointes. Je levai les yeux au ciel. Décidément, rien ne pourrait le faire changer, celui-là…
Je posai la main sur la poignée de la porte de Quatre et me retournai vers Duo.
_Tu viens ?
Duo leva des yeux tristes sur moi, et un sourire sans joie apparu sur ses lèvres.
_Non. Je… Je ne peux pas. Je n'ai pas le droit.
_Trowa ?
Duo ne répondit pas et baissa les yeux.
_Mmmmm... fis-je.
J'ouvris la porte et m'apprêtai à entrer dans la pièce.
_Heero ?
Je me retournai.
_Nn ?
Il hésita.
_Dis bonjour à Quatre pour moi…
_Nn.
Je fermai la porte derrière moi alors que Duo retournai à sa partie de cartes.
Le calme régnait dans la chambre. Trowa, assit près du lit, lisait tranquillement un roman. Il leva les yeux sur moi quand j'entrai pour les rabaisser presque aussitôt sur son livre.
Quatre était allongé dans son lit, un linge humide étalé sur ses yeux. Je notai mentalement la main de Trowa posée machinalement sur son épaule, et sa propre main s'accrochant à elle comme si elle était la seule réalité qui lui restait. Il était nerveux , je le sentais à la façon qu'avait sa main droite de triturer les draps. Légèrement brûlées, elles étaient toutes deux emprisonnées dans un bandage serré. Il avait tenté de protéger son visage lors de l'explosion. Un autre bandage lui enserrait la tête, son pied gauche reposait dans un plâtre, et un bon nombre de ses côtes était fêlées, voir cassée. Des bleus et des brûlures recouvraient partiellement son corps.
Quatre…
Il se redressa légèrement quand il m'entendit entrer.
_Heero ?
_Hai.
Je m'approchai du lit. Une légère pression des doigts de Trowa lui avait intimé l'ordre de se rallonger.
_Duo n'est pas avec toi ? demanda Quatre.
Je jetai un coup d'œil à Trowa qui avait levé les yeux sur moi et me regardait intensément, un air de défi sur le visage.
Quatre leva la main dans ma direction.
_Qu'est ce qu'il y a Heero ? Il s'est passé quelque chose ?
Je lui répondis sans quitter Trowa des yeux.
_Non, il va bien. Mais il n'a pas pu venir . Il te passe le bonjour.
Trowa se replongea dans sa lecture et la main de Quatre retomba mollement sur la couverture.
_Ah… murmura t'il.
La déception que j'entendis dans sa voix me serra le cœur. Il faudrait que j'aie une petite conversation avec Trowa…
Quatre tourna son visage vers moi, et je retins l'envie folle qui me prit de soulever le linge qui lui cachait les yeux.
_Comment va Wufei ? demanda t'il.
_Il a reprit conscience ce matin. Il est encore un peu sonné. Il dit que sa blessure ne le fait pas souffrir.
Quatre eu un faible sourire, pâle reflet de ceux qu'il nous donnait habituellement.
_Heero, ce n'est que moi…
_Pardon ?
_Tu parles comme si tu faisais un rapport aux professeurs. Tu n'as pas besoin d'être aussi distant avec moi, voyons. Et puis, assieds-toi.
Je pris la chaise qui était posée près de la fenêtre. Distant, moi ? Je n'ai jamais été distant avec qui que ce soit ! Je ne m'attache pas aux détails, c'est tout.
Quatre se tourna légèrement vers Trowa qui leva les yeux de son livre.
_Tu veux bien aller me chercher quelque chose à manger, s'il te plaît ? J'ai une petite faim.
Trowa me fixa longuement, soupçonneux. Je lui rendis son regard sans bouger d'un pouce, le visage fermé.
Je n'avais rien à voir là-dedans. Quatre était assez grand pour savoir ce qu'il faisait.
Trowa se leva et sortit, non sans m'avoir jeté un dernier regard. Quatre se tourna vers moi. Il ôta le linge de ses yeux et me le tendit.
_Peux-tu y remettre un peu d'eau fraîche, s'il te plaît ?
Je le pris et me dirigeai vers le petit lavabo pour l'humidifier. Puis, je revins vers lui et déposai doucement le linge sur ses yeux fixes.
_Merci.
Je me rassis et restai un moment à le regarder. Toute personne étrangère au petit groupe que nous formions tous les cinq aurait pu croire que Quatre était très calme. Mais moi, je voyais sa nervosité. Ce léger plissement des lèvres, cette infime crispation des doigts sur la couverture, et ce presque inaudible tremblement dans sa voix. Tout cela m'en apprenait beaucoup plus qu'il n'y paraissait.
Il était terrifié.
Et Trowa devait l'avoir vu, lui aussi.
_Tu voulais me dire quelque chose, Quatre ? demandai-je.
Il soupira.
_Je sais que Duo est derrière la porte.
Je ne répondis pas.
_Je sais aussi que c'est Trowa qui lui interdit de me voir. Parce qu'il le considère responsable de ce qui m'est arrivé. Et je sais encore que Duo culpabilise.
Sa main se posa machinalement sur ses yeux.
_Tu sais ce qui est le plus horrible, Heero ? C'est quand tu te réveilles est que tu te demandes si tu ne dors pas encore, puisque tu ne vois rien.
Sa main se mit à trembler légèrement.
-Alors, pris de vertiges, tu t'accroches à ton matelas et tu ne bouges plus, par peur de tomber, jusqu'à ce que quelqu'un vienne te voir, pose la main sur toi, et te ramène à la réalité.
Il prit le linge et le fit glisser sur son visage. Une unique larme roula sur sa joue.
_Si tu savais combien c'est terrifiant d'entendre les gens parler sans les voir. De ne même pas se voir soi-même…
Ses yeux se fermèrent et il ne dit rien pendant quelques secondes. Je respectai son silence, sachant l'effort qu'il faisait pour me dire tout cela. Jamais il ne le dirait à Duo ni à Trowa. Il ne voulait pas les inquiéter.
Il eut un faible sourire.
_S'il te plaît, dis à Duo que je ne lui en veux pas. Tu veux bien ?
J'acquiescai. Il dût sentir le faible mouvement de l'air, car il me répondit :
_Merci…
Il remit lentement son linge sur ses yeux.
Trowa revint dans la chambre et se dirigea vers le lit. Il ouvrit le mars qu'il avait apporté, le dégagea de son papier, prit délicatement la main de Quatre et y posa la barre chocolatée. Quatre le remercia doucement et Trowa s'assit sur le lit pour surveiller si Quatre n'en faisait pas tomber.
Je me levai et sorti doucement.
Duo leva les yeux sur moi alors que je refermai la porte. Le petit garçon était parti, et l'Américain était assit sans bouger sur le banc face à la chambre, l'air pensif, les bras croisés. Nous nous regardâmes un moment sans rien dire. Puis, je tournai les talons en disant :
_Viens avec moi.
Il se leva précipitamment et me rejoignit.
_Comment va Quatre ?
_Il va bien, lui répondis-je succinctement.
Nous marchâmes en silence quelques instant, puis il demanda :
_Mais où on va ?
Je lui jetai un coup d'œil et remarquai son expression mi-inquiète, mi-surpise. J'essayai de lui répéter ce que Quatre avait voulu que je lui dise. Mais je n'y arrivai pas. Ca ne voulait pas sortir.
Ce n'était pas à moi de le lui dire…
Je reportai mon attention devant moi.
_Voir les professeurs.
Je l'entraînai hors de l'hôpital.
_Je refuse ! ! !
Duo faisait les cent pas dans le salon, les mains crispée devant lui, sa tresse volant autour de lui à chacun de ses mouvements nerveux.
Nous avions passé la dernière heure à parler aux professeurs, et nous venions tout juste de rentrer. Contrairement à ce que nous aurions pu croire, les professeurs s'étaient montrés assez touchés par ce qui était arrivé à Quatre. Même J avait manifesté une légère peine. Mais ils avaient tout de suite enchaîné sur l'échec de la mission, et sur la nécessité de retenter l'opération, mais avec une infiltration beaucoup plus discrète.
Et Duo refusait.
Il n'avait rien dit tant que nous étions chez les professeurs, mais j'avais vu ses lèvres se pincer au fur et à mesure qu'ils exposaient leur plan. Et une fois que nous fûmes rentrés, il avait explosé.
_Je refuse, Heero ! ! Je ne vois pas pourquoi nous devrions recommencer après le fiasco de l'autre jour ! Ils savent que nous n'avons pas réussi à faire ce que nous voulions et ils vont s'attendre à ce qu'on revienne ! C'est se jeter dans la gueule du loup !
_Je sais, Duo, mais nous n'avons pas le choix. Les ordres sont les ordres. Mission ac…
Il se planta devant moi et hurla :
_MISSION ACCEPTEE ! ! ! TU N'AS QUE CE MOT LA A LA BOUCHE ! ! ! !
Il s'interrompit soudain, le souffle court. Je pouvai lire la rage dans ses yeux, mais aussi, tapie tout au fond, presque invisible même à ceux qui le connaissaient bien, cette angoisse qui resurgissait de temps en temps, pendant une fraction de seconde.
Mais cette angoisse là, elle ne l'avait pas quittée depuis l'accident de Quatre. Elle voulait sortir. Elle voulait être hurlée comme il venait de le faire.
A trop se contenir, on en devient insensible. Comme moi. Et Duo avait trop de chose à dire pour devenir comme moi.
Il fallait que ça sorte. Je serrai les poings.
_Quatre ne t'en veut pas, Duo.
Il me fixa soudain, interdit. Ses yeux s'agrandirent en une muette interrogation.
_Il ne t'en veut pas. Ce n'est pas de ta faute.
Il recula de deux pas, droit comme un i, les bras serrés le long de son corps.
_Si, murmura t'il. C'est de ma faute…
Il baissa la tête, serrant les dents.
_Si je n'avais pas voulu aller chercher ces putains de plans… Il ne m'aurait jamais suivit, et n'aurait pas été blessé… Trowa l'a comprit, lui.
J'avançai vers lui, et m'arrêtai à quelques pas.
_C'est Quatre qui a décidé de te suivre. Il aurait tout aussi bien pût ne pas le faire.
Son visage se crispa en une douleur muette.
Et moi…
Moi, je ne comprenais pas d'où me venaient tous ces mots. Je ne comprenais pas pourquoi je tentais de l'apaiser de ma voix la plus douce. Ce n'était pas dans mes habitudes. Etait-ce vraiment moi qui attirais sa tête contre mon torse ? Etait-ce vraiment moi qui lui murmurais ces mots à l'oreille ?
Je ne savais plus…
Je le sentis se raidir quand je posai sa tête sous mon menton, alors que nos corps restaient à une distance respectable. Le faire entrer dans mon espace vital avait été moins difficile que je ne l'aurais cru.
_Tu as le droit d'avoir de la peine, Duo. Tu as le droit de pleurer.
Pendant quelques secondes, il ne dit ni ne fit rien. Puis, je sentis son corps se soulever en quelques soubresauts et de faibles gémissements parvinrent à mon oreille. Il posa ses poings serrés contre ma poitrine et éclata en sanglots.
Il est des moments où les mots ne sont rien…
Je laissai ma main posée à la naissance de sa nuque. Et le temps s'arrêta.
Finalement, ses pleurs se tarirent et il murmura :
_Merci, Heero…
Nous entendîmes la clé tourner dans la serrure et Duo se détacha de moi alors que Trowa entrait.
Non… Pas encore… Pas maintenant… Laissez-moi le garder contre moi un moment encore. S'il vous plaît, juste un moment…
Mais sa tête s'éloignait déjà, un sourire triste, mais moins torturé, flottant sur son visage, alors que ma main s'accrochait à sa natte, qu'elle coulait entre mes doigts, pour finir par s'échapper et aller se balancer sur sa hanche. Il la prit dans sa main, et, d'un geste presque royal, la renvoya dans son dos en un mouvement souple du poignet.
Je détachai à regret mes yeux des siens pour les poser sur Trowa qui entrait dans la pièce. Duo et lui se fixèrent un moment sans un mot, puis il traversa le salon et s'apprêta à monter l'escalier.
_Nous partons en mission dans deux jours.
Il s'arrêta, le pied sur la première marche. Il ne se retourna pas.
_Bien, dit-il. Mais je ne veux pas avoir à faire à Duo.
Je sentis Duo se tendre près de moi.
_Il n'y a que Duo et moi qui partons. Toi, tu restes ici, et tu essayes de trouver une solution pour déplacer Quatre et Wufei. Ca devient trop dangereux de les laisser dans cet hôpital.
_D'accord.
Et il reprit son ascension.
Quand je me tournai vers Duo, celui-ci avait disparu.
A suivre…
