Auteur : Emi
Base : Gundam Wings
Genre : tortures psychologiques (à peu de chose près…)
Couple : Je vous laisse le soin de deviner…
Disclaimer : Quand j'étais petite, quand on jouait à la gamelle (un jeu de cache-cache avec un ballon pour ceux qui connaissent pas), on pouffait pour savoir qui allait compter et chercher les autres. Je pense que tout le monde à pouffé quand il était petit. Moi, j'étais pas bonne au pouf... J'avais vraiment pas de chance, et je perdais tout le temps... Même quand celui qui pouffait, il était plus petit et plus bête que moi... (comment ça, ça se peut pas? D'abord, je suis super grande, et en plus, c'est vrai que je suis super intellig... Heu... Enfin bon bref, passons...). Donc, je me retrouvais toujours à piquer... Et pis, c'était tout le temps pareil, chaque fois qu'on pouffait, que ce soit pour un truc insignifiant, je perdais... Tout ça pour vous dire que, quand j'ai pouffé pour savoir qui allait posséder les Gundam Boys, j'ai encore perdu... Je suis sûre que leur créateur à triché! En fait, il voulait les garder pour lui! Vous vous rendez compte?? Il a brisé le rêve d'une petite fille pure et innocente, ignorante des choses de la vie! Méchant, va!!
Notes : 1_Le chapitre cinqeuh! Le chapitre cinqeuh! Quoi? Que j'arrête de m'extasier chaque fois que j'ai un nouveau chapitre de bouclé? Méheuuuuuu! Je fais ce que je veux, d'abord!
2_Attendez-vous à une petite scène plus qu'étrange et complètement OOC pour Heero… Je sais pas si elle plaira à tout le monde, mais moi, rien que d'y penser, elle me fait bien marrer ! ! Et c'est là qu'on peut voir que je n'aime pas particulièrement les cantines (surtout quand je mange dans un RU qui est censé être, je cite "le meilleur RU de Nantes "… Ca me donne pas envie d'aller bouffer dans les autres RU …)
Lumières
CHAPITRE V
Je jetai un œil sur l'horloge accrochée au-dessus du mur. Quinze heures. Je soupirai silencieusement. Encore une heure de cours avant la pause... Encore une heure d'ennui mortel à faire semblant d'écouter ce vieux professeur déblatérer sur la raison de pourquoi deux et deux faisait quatre...
Affligeant...
Tout cela ne rimait à rien. Ca faisait une semaine que Duo et moi étions là. Une semaine où nous passions nos nuits à chercher ces fichus plans. Une semaine où nous rentrions les mains vides.
Duo commençait à perdre courage, et moi, à perdre patience.
Notre passage à la base n'était pas vraiment passé inaperçu... La garde avait été sensiblement renforcé depuis notre première intervention. Les élèves commençaient à s'inquiéter de cet afflux de militaires arpentant les couloirs et ce n'était pas pour nous mettre en confiance non plus... J'avais l'impression qu'ils nous jetaient des regards suspects à chaque fois que nous les croisions.
A notre second passage, nous avions remarqué que la bouche d'aération par où nous étions passé avait été condamnée. Nous avions du trouver un autre passage, qui nous obligeait à emprunter la gouttière qui longeait notre fenêtre, à faire le tour de l'école et nous infiltrer par une petite ouverture dans le mur de la base militaire, à l'écart de l'entrée principale.
J'avais prévenu Trowa, Quatre et Wufei de la situation. Je les avais informés par E-mail que nous restions encore deux semaines, et que, si après cette date, nous n'avions rien trouvé, nous reviendrions à la planque, et nous attaquerions la base avec pour but de la détruire, avec tout ce qui pourrait se trouver à l'intérieur. Trowa m'avait renvoyé son approbation, et avait rajouté qu'il avait réussi à faire sortir Quatre et Wufei de l'hôpital, et ce, le plus discrètement qu'il avait été possible. Il ne m'avait pas précisé comment, et j'avais noté mentalement de le lui demander à notre retour.
Revenant à la réalité, je jetai un coup d'œil à Duo. Il était affalé sur sa table, les bras croisés sous sa tête, les yeux levés aux ciel, et un crayon était planté dans sa bouche. Il le mâchonnait d'un air distrait, regardant voler les mouches, ignorant totalement son voisin qui tentait d'attirer son attention. C'était un des garçons du petit groupe qui s'était assit à notre table, le premier soir. Quel était son nom, déjà? Charly?
_Carlo! La ferme! J'essaye d'écouter!
Carlo! Voilà, c'était ça. Solveig, une des filles du groupe, assise devant Duo, s'était retournée, l'air courroucée, et avait envoyé balader Carlo d'une voix basse mais autoritaire. Elle irait loin, si elle continuait à mater les hommes comme ça, d'un seul regard. Même s'il en faudrait beaucoup plus pour m'intimider, moi.
L'Italien posa sa tête dans sa main en bougonnant, alors que la Suédoise se tournait à nouveau vers le tableau sous l'œil rieur de Duo, qui n'avait rien manqué de la scène.
Mes yeux firent le tour de la classe une nouvelle fois, et je fut encore étonné d'y trouver autant de nationalités différentes. C'était comme si chaque pays avait voulu avoir son représentant dans l'école. Vraiment étrange...
Soudain, Duo se redressa d'un bond à coté de moi. Lui aussi avait senti.
Il avait senti cette sorte d'aura combative qui venait du couloir. Une personne très forte se tenait de l'autre côté du mur, et nous savions tous deux qu'elle aussi nous avait sentit. Nous nous redressâmes ensemble le plus possible sur nos chaises, alors que trois coups retentissaient à la porte.
_Entrez! Fit le professeur.
Un jeune homme pénétra dans la salle de classe et s'avança vers le bureau. Il marchait d'un air digne, mais raide, visiblement assez mal à l'aise d'être le centre d'attention de toute une classe. Il avait l'air un peu coincé dans son uniforme scolaire, comme si c'était la première fois qu'il portait ce genre de vêtements. Son teint couleur de miel attirait automatiquement le regard, tout comme ses deux yeux noirs et farouches, effilés sur les coins, qui brillaient dans son visage trop sérieux pour un garçon de son âge. Ses cheveux mi-longs, d'un noir d'encre, étaient tirés en arrière en une queue sévère.
Le professeur se racla la gorge.
_Laissez-moi vous présenter votre nouveau camarade...
_Wu-man!!
Duo s'était levé précipitamment, les deux mains posées bien à plat sur sa partie du bureau, l'air abasourdit alors qu'il venait de reconnaître le nouvel arrivant.
_M'appelle pas comme ça, Maxwell!!
_Mais qu'est ce que tu fous ici? Demanda Duo, ignorant la réplique.
Solveig se retourna vers moi.
_Vous le connaissez?
Je ne répondis pas mais lançais un regard désespéré à Duo, tentant de lui faire comprendre discrètement qu'il devait être un peu plus retenu. Mais celui-ci ne semblait pas l'avoir remarqué et continuait de fixer le nouvel arrivant, un air interdit plaqué sur le visage.
_Monsieur Maxwell! cria le professeur. Vous allez me faire le plaisir d'aller vous calmer dehors!
Duo s'avança vers la porte, tout en continuant à parler à Wufei.
_ Pourquoi t'as pas prévenu que tu venais?
_Mais tu vas te taire, oui ou merde? Et regarde où tu marches, sombre crétin!
Duo venait effectivement de shooter dans un sac qui traînait au milieu de l'allée. Il manqua tomber, se rattrapa de justesse, rangea vite fait le sac en s'excusant et se dirigea vers la porte.
_Hey! Odin! Tu me raconteras! Je veux tout savoir!
Je restai raide comme un piquet, les mains crispés sur mon bureau, et des envies de meurtre plein la tête. Ca faisait longtemps.
_Dehors, monsieur Maxwell!!
Et la tresse fila dans l'ouverture de la porte avant que celle ci ne se referme brusquement.
Le professeur se tourna vers nous, les joues rouges et le peu de cheveux qui lui restaient ébouriffés sur le sommet de son crâne. A ses côté, Wufei semblait avoir reprit son calme, mais moi, je savais qu'il bouillait de rage.
_Donc, reprit le professeur, voici Chang Wufei. J'espère que vous lui ferez bon accueil. Allez vous asseoir derrière monsieur Lowe.
Wufei s'avança vers sa place et s'installa à la table libre derrière moi. Je sentis son souffle sur ma nuque lorsqu'il se pencha sur moi pour me murmurer:
_Mais quel crétin!
Je fixai le tableau devant moi, ayant conscience que tous les yeux de la classe étaient fixé une nouvelle fois sur nous.
Et bah, pour la discrétion, on repassera...
_SHINIGAMI LIVES!!!
Une furie nattée se jeta sur Wufei, alors que nous sortions de cours lui et moi.
_Maxwell!! Mais tu peux pas te calmer deux secondes?
Perché sur le dos du Chinois, Duo sembla réfléchir un moment. Puis, il me lança un de ses sourires dont il avait le secret et répondit fièrement:
_Non!
Je soupirai et commençai à me diriger vers le parc qui entourait l'école. Nous avions à parler tous les trois, et je ne tenais pas à ce que le petit groupe qui nous avait adopté, Duo et moi, se mêle de notre conversation avant d'avoir tiré un point important au clair, à savoir: qu'est ce que Wufei foutait là?
Wufei se débarrassa tant bien que mal de Duo, lui lança son sac dans la figure d'un air glacial et me suivit sans ajouter un mot. Duo nous rattrapa en riant.
_Moi aussi, ça me fait plaisir de te voir, Wufei!
Alors que je les guidais dans les couloirs, son babillage incessant et joyeux fit monter en moi une sorte d'allégresse. Ca me faisait du bien de l'entendre rire à nouveau, même si je sentais, tout au fond, que ce rire n'était qu'une façade. Jetant parfois de petits coups d'œil en sa direction, je voyais bien que ses yeux, eux, ne riaient pas. Il était inquiet, et ce, pour la même raison que moi: Que s'était-il passé pour que Wufei débarque sans prévenir?
Et derrière cette inquiétude, il y avait cette éternelle tristesse qui flottait, et que j'étais apparemment le seul à voir.
C'est pourquoi son rire, bien que pas tout à fait franc, me réchauffait le cœur. Je ne l'avais pas entendu depuis longtemps, et il m'avait manqué...
Nous arrivâmes dans la cour de l'école et nous dirigeâmes vers un coin tranquille et à l'abri des regards. Duo s'assit, ou plutôt se jeta, sur l'herbe, et ne quitta pas Wufei des yeux alors que celui-ci regardai une dernière fois derrière lui, vérifiant que personne ne les avait suivit. Il se tourna vers nous et examina le parc verdoyant autour de nous.
_ C'est pas trop mal, comme coin...
Duo, allongé sur le ventre, les bras sous son menton et ses jambes battant l'air, le regarda intensément. Je m'assis près de lui et fixai moi aussi Wufei.
_Alors? demandai-je.
Wufei s'assit en face de nous et croisa les bras.
_Les professeurs m'ont envoyé voir ce que vous faisiez depuis tout ce temps.
_On cherche, qu'est ce que tu crois qu'on fait? répondis-je.
_Et vous n'avez vraiment aucun indices?
_Je vous les aurais fait transmettre, si j'en avais eu.
Wufei sembla réfléchir un moment. Le seul bruit qu'on pouvait entendre autour de nous était le faible froissement de l'air que faisaient les jambes de Duo en battant dans le vide.
_En tout cas, continua Wufei, votre première intervention a fait du bruit. Nous étions au courant de votre tentative avant même que tu nous en mail l'information. Cependant, d'après nos agents infiltrés, les plans n'ont pas quitté la base, ça, nous en sommes persuadés.
_Et ces mêmes personnes n'ont aucune idée de leur emplacement?
Wufei secoua la tête, comme pour appuyer ses dires.
_Apparemment, seuls les hauts gradés sont dans le secret.
_Je vois...
Ca n'allait vraiment pas être simple de récupérer ces plans... Je regardai furtivement Duo, observant sa réaction. Il semblait pensif, enroulant une mèche de ses cheveux autour de son doigt d'un air qui se voulait distrait, mais que je savais purement réfléchi.
La voix de Wufei me fit presque sursauter.
_Et j'ai une autre bonne nouvelle.
Je le regardai, un sourcil légèrement redressé.
_Laquelle? demanda Duo.
_Treize Kushrenada est ici.
Duo se redressa légèrement et fixa le jeune Chinois d'un air légèrement inquiet.
_Tu en es sûr? demanda t'il.
Wufei acquiesça silencieusement. Celui-ci avait un air légèrement pensif, un air qui ne lui ressemblait pas vraiment. Une sorte d'incertitude flottait dans ses yeux depuis qu'il avait prononcé ce nom.
Mais après tout Wufei était le seul d'entre nous à avoir réellement parlé au dirigeant d'OZ.
_On ne peut plus sûr, finit-il par répondre
_Kso... lâchai-je.
Je me mis de nouveau à fixer la pelouse sous mes pieds, réfléchissant à cent à l'heure. Si Kushrenada était ici, alors les plans aussi, ça, il n'y avait aucun doute. Mais ce qui m'inquiétais le plus, c'était de savoir à quel stade Oz était arrivé dans l'élaboration de leur nouvelle armure mobile.
Normalement, Kushrenada ne devait intervenir que dans la phase finale de l'opération...
Mon attention fut légèrement détournée par un petit tiraillement sur le bas de la veste de mon uniforme. J'y jetai un léger coup d'œil, et vit que Duo était occupé à tirer sur un fil qui dépassait de la doublure, décousant allègrement la couture, alors que ses yeux ne quittaient pas le visage de Wufei. Je lui prit le fil des mains et il eut un petit sursaut. Je tirai sur le fil d'un coup sec, le cassant net, et lui tendis le morceau qui était resté dans mes mains. Il le prit et se mit à l'entortiller autour de ses doigts.
_Alors, si je comprends bien, repris-je à l'encontre de Wufei, tu es venu nous donner un coup de main, et ce, malgré ton bras?
_Mon bras va bien. Et tu ferais mieux de t'inquiéter pour le tien.
Il avait du remarquer la légère grimace que j'avais laissée échapper en tirant sur le fil. La plaie s'était bien refermée, mais n'avait pas encore cicatrisé. Avant que j'aie pu répliquer, Duo intervint:
_Comment va Quatre?
Je surpris une légère hésitation sur le visage de Wufei, mais il répondit:
_Il va bien. Il est à la maison. Trowa s'occupe de lui.
Il savait qu'il aurait du ajouter quelque chose, mais je voyais qu'il avait du mal à le dire. Ce fut donc moi qui m'en chargeai, étonné par ma propre réaction devant le regard suppliant de Duo. Le voir triste m'était devenu insupportable.
Je posai alors ma main sur les siennes, tremblantes et entortillées dans le fil de ma veste, et murmurai doucement.
_Ne t'inquiète pas...
Wufei avait bien remarqué cet échange qui était passé entre Duo et moi, un échange qui se faisait de plus en plus flagrant, et que j'arrivais de moins en moins à expliquer. Mais mon regard le dissuada de faire une quelconque remarque, s'il avait jamais eu l'intention d'en faire une.
Duo se redressa brusquement, et regarda sa montre.
_ Messieurs, je vous ferais remarquer que nous avons cours de sport dans moins de cinq minutes. Je vous suggère donc humblement de bouger vos paires de jolies fesses si vous ne voulez pas qu'elles se fassent maltraiter par l'incompétent qui nous sert de prof de sport!
Ignorant la réflexion que Wufei lui envoya sur son soi-disant crétinisme profond, Duo se leva d'un geste leste et me tendit la main. Je la regardai un moment, ne sachant où il voulait en venir. Puis, lentement, je levai ma main et serrai la sienne. Il tira sur son bras et me redressa, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Nous restâmes un moment sans bouger. Je sentais ses doigts chauds serrant les miens, et un frisson me parcouru lentement l'échine. Puis, ses doigts glissèrent le long de ma main en une légère caresse et il la lâcha, enfouissant la sienne dans sa poche. Et il s'éloigna en direction de l'école en sifflotant.
Je restai un moment sans réagir, regardant ma main comme si je la voyais pour la première fois. Wufei passa devant moi, me lançant un léger regard interrogateur, puis suivit Duo.
Je finis par me décider à les rejoindre.
Je règlai lentement mon souffle sur mes mouvements, ma blessure me tiraillant à chacun de mes gestes.
Duo et moi avions largement dépassés les autres élèves qui peinaient en soufflant comme des bœufs bien loin derrière nous, et nous courions à présent à travers les bois, moi un ou deux mètres devant mon coéquipier. Wufei, à son grand dam, avait été obligé de rester à l'école pour s'installer et visiter l'établissement.
Cette petite séance d'endurance me faisait du bien. Courir juste pour courir, se laisser porter par ses jambes tout en sachant que ce n'était pas pour tenter de sauver sa peau, ça avait quelque chose de réconfortant. Je sentais l'air glisser dans mes cheveux, et mes jambes finirent par bouger d'elles même, sans que je leur en donne l'ordre, adoptant un mécanisme que je n'aurais pu avoir en pleine course poursuite.
Je sautai légèrement par-dessus un petit tronc tombé en travers de la route, baissai la tête pour éviter une branche trop basse, et écoutais le bruit de mes pas et ceux de mon compagnon qui faisaient bruisser les feuilles mortes de ce début d'automne. L'air était doux, mais on sentait qu'il se rafraîchissait à mesure que le mois de septembre s'écoulait.
Soudain, je me rendis compte que le bruit des pas de Duo s'éloignaient derrière moi. Je m'arrêtai et me retournai à l'instant où il disparaissait dans les bois. Sans vraiment réfléchir à ce que je faisais, je le suivis.
Au bout de dix minutes de course, je me retrouvais hors des bois, au sommet d'une légère bute. A environ dix mètres de moi, le sol plongeait vers la ville qui s'étendait dans la vallée. Et au bord se tenait Duo, fixant les bâtiments qui s'étalaient sous lui. Il me tournait le dos, et semblait ne pas s'être aperçut de ma présence.
Le vent se mit à souffler brusquement, envoyant mes cheveux en arrière, et faisant flotter la tresse de Duo dans son dos.
Tout à coup, il attrapa le bout de celle-ci, défit l'élastique, et dénoua son éternelle natte sous mes yeux ébahis. Jamais il n'avait fait cela en ma présence.
Ses cheveux se mirent à flotter autour de lui en une danse presque magique. Et comme si elle n'avait attendu que cet instant, la lumière du soleil perça les nuages et tomba sur sa silhouette élancée.
Mon Dieu... pensai-je.
Je restai là, les bras ballants, admirant mon partenaire comme s'il n'existait plus rien d'autre au monde. Jamais je n'aurai cru qu'une personne puisse dégager autant de lumière et de chaleur. Et encore moins que cette personne puisse être Duo Maxwell.
Soudain, il se tourna vers moi, une expression de surprise flottant sur son visage. Me reconnaissant, il me sourit calmement, comme si nous étions seuls au monde, comme si la guerre n'existait pas, que Quatre n'était pas aveugle, que Trowa ne lui en voulait pas, et que nous étions simplement deux jeunes écoliers qui faisaient une petite escapade pendant leur cour de sport. Lentement, il s'approcha de moi et s'arrêta à quelques mètres, son regard rieur déserté pour quelques instants de cette tristesse qui semblait avoir prit possession de lui depuis quelque temps.
Et sans que je comprenne pourquoi, ma main se leva doucement et j'effleurai la pointe de ses cheveux du bout des doigts.
Il ferma les yeux quelques secondes pour les rouvrir en grand l'instant d'après. Mes pensées se bousculaient dans ma tête, et je sentais qu'elles voulaient sortir et exploser au grand jour. Mais je n'arrivais pas à les remettre en ordre.
_Duo... murmurai-je.
Il pencha légèrement la tête de côté.
_Oui?
Ma main resta un moment en suspens. Mes yeux étaient braqués sur elle, alors que mes doigts se tenaient à quelques centimètre des longues mèches couleur de miel qui dansaient devant moi. Et je savais que le regard de Duo était rivé sur ma nuque. Je le sentai presque me brûler la peau.
Il fallait que ça sorte. Il fallait que je trouve un sens à toutes ces questions qui tournaient dans ma tête sans que j'en comprenne le sens... Et au fond de moi, je sentais que Duo pouvait avoir les réponses qui me manquaient. J'en étais quasiment persuadé.
_Je... commençai-je.
_HEY!!
Nous nous retournâmes tous deux, et ma main retomba sur mon flan. Carlo se dégageai péniblement des broussailles, griffant sa peau et accrochant son tee-shirt.
_Ca fait un quart d'heure qu'on vous attend! Continua t'il. Le prof est salement en pétard!
Duo refit sa tresse d'un mouvement rapide et assuré.
_On arrive! répondit-il.
Puis, il passa devant moi, me jetant un regard où la tristesse avait reprit ses droits et disparu dans les broussailles.
Wufei regarda d'un air sombre l'espèce de truc qui tomba dans son assiette, et releva la tête d'un air méfiant.
_Qu'est ce que c'est que ça?
La cuisinière se redressa fièrement, une main sur la hanche, l'autre brandissant sa cuillère d'un air cérémonial.
_Marinade de poulet aux légumes grillés sur lit de groseilles sauvages.
Wufei reporta son attention sur son assiette.
_Et il est où le poulet?
La grosse bonne femme tendis son doigt vers un petit truc qui dépassait de la sauce.
_Là.
_Vous vous foutez de moi? demanda t'il, lui jetant un regard en coin.
_Non.
Et vu comment elle le regardait, elle était vraiment à cent lieues de se foutre de lui.
_Allez, dépêche-toi, y en a qui attendent!
Wufei, prit son plateau et s'éloigna en grommelant sur l'incapacité des "onna". Je le suivis jusqu'à la table où s'étaient installés Duo, Carlo, Solveig et le petit couple qui roucoulait un peu trop niaisement à mon goût, et dont je n'avais toujours pas retenu le nom. Il posa son plateau en face de moi et marmonna:
_Mais c'est quoi, cette bouffe? Ils veulent nous empoisonner, ou quoi?
_En tout cas, repris Carlo, assit à côté de lui, ça porte bien son nom, parce que pour mariner, ça marine!
Duo étouffa un rire et se remit à tourner sa fourchette dans son assiette alors que je m'asseyais à côté de lui.
Solveig, assise de l'autre côté de Duo, releva le nez de son assiette et s'adressa à Wufei :
_Alors, comme ça, tu es Chinois ?
Carlo partit en un grand éclat de rire.
_Whoua ! Quelle perspicacité ! Franchement, ton intelligence me défrise, Solveig !
Et pour appuyer ses dires, il passa sa main dans les boucles noires qui tombaient autour de son visage.
_Espèce de crétin ! Je voulais juste faire remarquer que c'était le premier Chinois que nous avions dans notre classe.
_Odin est Asiatique, lui aussi, répondit Carlo. D'ailleurs, continua t'il en se tournant vers moi, Odin Lowe, ça fait pas trop asiatique ! Il vient d'où, ton nom ?
Je manquai m'étrangler avec ce qu'il y avait sur ma fourchette, levai la tête et fixai Carlo d'un air calme, cherchant une réponse plausible.
_Excuse-moi, intervint Duo, me sauvant la vie par la même occasion, mais Odin est Japonais, et un Japonais, quand tu y prends bien garde, ça ne ressemble pas à un Chinois.
Il lança un petit regard à Wufei.
_Et heureusement, en fait, parce que deux Chinois comme lui, ce serait la cata...
Il ignora le regard noir que lui lança Wufei et se reconcentra sur le truc qui flottait dans son assiette. Décidément, je ne pouvais résolument pas appeler ça du poulet.
Le jeune amoureux assit à côté de Carlo détourna un moment son attention de sa dulcinée, qui était occupée depuis tout à l'heure à lui enfourner tout son plat dans la bouche, et regarda Duo.
_Au fait, comment ça se fait que vous connaissiez ?
_Et bah en fait... commença Duo.
Et là, je ne sais vraiment pas ce qui me prit... Peut-être avais-je eu peur que Duo ne commette une gaffe, vu la facilité avec laquelle il pouvait parfois en commettre, mais tout ce que je sais, c'est que j'ai voulu l'empêcher de parler. Et la seule façon que j'ai trouvé pour cela, ce fut d'attraper à pleines mains l'espèce de pomme de terre qui trônait dans mon assiette et de la lui écraser sur la joue.
Il s'arrêta brusquement de parler et tourna lentement son visage vers moi, un air de stupeur totale dans les yeux. Wufei s'était aussi arrêté de manger et me fixait d'un air étonné. Réalisant ce que je venais de faire, mon regard passait vivement de ma main pleine de sauce aux visages incrédule de mes deux compagnons, ignorant les grands éclats de rire de Carlo et celui, plus discret, de Solveig.
_Et bah! réussit à articuler Carlo en tentant de reprendre son souffle. T'as l'air fin, Duo, comme ça!
Reprenant ses esprits, Duo se tourna vers Carlo, un sourire carnassier aux lèvres.
_Ah, tu le prends comme ça...
Carlo s'étrangla à moitié alors que Duo se saisissait de son morceau de poulet et le lui envoyait en pleine face. Carlo se leva d'un bond, et riposta immédiatement, prenant une pleine poignée de légumes et les lançant sur un Duo hilare, qui tenta de se planquer derrière son plateau, envoyant valser assiette, verre et couverts sur table, et arrosant allègrement au passage la jupe de Solveig. Elle se redressa en hurlant, se remit rapidement de sa surprise, attrapa le pichet d'eau et le versa sur la tête des deux garçons, et sur Wufei et moi par la même occasion.
Un petit pain lancé par Duo atterri dans l'assiette Wufei, éclaboussant son visage. Il le ramassa stoïquement et le retourna à l'envoyeur, sauf qu'il ne prit pas soin de le viser, et que le pain alla malencontreusement s'écraser sur la tête d'un élève assit à la table derrière nous. Celui-ci se leva d'un bond et contre attaqua, balançant le yahourt qu'il était en train de manger, et qui lui, s'étala dans mon dos. J'attrapai une poignée de salade verte et la lui envoyais à la figure. Et là, ce fut toute la table voisine qui contre-attaqua.
Du coin de l'œil, je vis la grosse cuisinière s'avancer rageusement, mais battre bientôt en retraite alors que les élèves se levaient les uns après les autres pour se joindre à nous.
La bataille s'étendit bientôt à tout le réfectoire. Des morceaux de poulet volaient dans tous les coins, des légumes et du pain leur répondant. J'évitai même de justesse une pomme qui alla s'écraser à mes pieds avant de contre-attaquer avec de l'eau. Je sentai la sauce couler sur mon visage, et soudainement, je me retrouvais face à un Duo couvert de nourriture, ma pomme de terre toujours collée à sa joue, et riant aux éclats. Il m'envoya une carotte et attendit ma riposte.
Et là, je ne sais pas ce qui me pris, mais je sentis mon cœur se gonfler, et j'éclatai de rire, me mettant à le poursuivre à travers tout le réfectoire. J'entendais ses cris de joies alors qu'il tentait de m'échapper, m'envoyant temps à autre de la salade, du pain, ou n'importe quoi d'autre lui tombant sous la main.
Et moi, je riais.
Je riais comme jamais je n'avais ris, oubliant d'un coup pourquoi j'étais là, oubliant ma mission. Rien d'autre n'avait d'importance pour moi en ce moment que l'image de Duo courant devant moi, une expression de joie intense sur le visage.
Soudain, il se cogna dans un autre élève, et je lui rentrai dedans à mon tour. Nous nous écroulâmes l'un sur l'autre, hilares, et je m'asseyai sur Duo alors qu'il se tordait sous moi, tentant d'échapper à mes mains qui ramassaient la nourriture étalée autour de moi et la plaquaient sur son visage.
_Arrête!! hurla t'il en s'esclaffant de plus belle.
A bout de souffle je m'arrêtai un moment, un immense sourire aux lèvres. Il tourna son visage sale vers moi et me fit un grand sourire.
_Tu te rends compte, Hee-chan?
Je ne tiquai pas sur le fait qu'il m'ai appelé par mon vrai nom. De toute façon, dans cette cohue, personne ne faisait attention à nous.
_Quoi? demandai-je.
_Tu ris. C'est la première fois que je te vois rire.
Je me figeai et restai à le regarder un moment. Assis sur son ventre, je sentai sa respiration saccadée sous mes jambes.
Oui, je riais... Et je me rendis compte soudainement que c'était la première fois que ça m'arrivai. Ce sentiment de bonheur intense qui faisait s'enchaîner ce phénomène nerveux totalement inexplicable, et pourtant purement humain.
C'était la première fois que je le ressentai. Bien sûr, il m'était déjà arrivé d'être un peu amusé par certaines choses. Mais au point d'en rire...
Et Duo, à qui cela arrivai tellement souvent, me regardai à présent d'un air serein, mais joyeux, l'air nullement indisposé par le fait que je sois assis sur lui.
Ce fut à ce moment là que je me rendis vraiment compte de ce que Duo endurait.
Je savais qu'il se forçait parfois à rire, pour montrer que tout allait bien, qu'il était heureux. Et je compris que s'il m'avait été difficile de rire pour la première fois, se forcer à le faire pour rassurer son entourage tenait quasiment de l'exploit.
_Duo, je... commençai-je.
Mais ce fut ce moment que choisirent les surveillant pour débarquer dans le réfectoire en criant:
_Mais qu'est ce qui se passe, ici?!!! Qui est responsable de tout ça?!!!
Les élèves retinrent leurs gestes, et il se tournèrent un à un vers Carlo, Solveig, Wufei, Duo et moi.
Bonjour la solidarité...
_Mais enfin, vous avez quel âge???
Alignés en rang d'oignons dans le bureau du directeur, nous écoutions sagement le sermon qu'il nous servait déjà depuis une bonne dizaine de minutes. Solveig et Carlo se recroquevillaient plus ou moins sur eux même, Wufei se tenait aussi droit qu'il le pouvait à ma droite, et à ma gauche, Duo regardait les mouches voler, semblant se foutre royalement de ce que le vieux bonhomme lui racontait. Et moi...
Moi...
Je ne pouvais détacher les yeux du petit ordinateur tout simple et tout basique qui trônait sur le bureau de bois...
Mais pourquoi n'y avais-je pensé plus tôt? Nous avions fouillé toute la base, Duo et moi, sans imaginer une seule seconde que les plans pouvaient se trouver dans l'école même. Qu'est ce que je pouvais être stupide, parfois!
Je revins à la réalité alors que le directeur haussait soudainement le ton.
_On peut savoir ce qui vous a prit!!? Jamais je n'aurais imaginé cela d'élèves comme vous, en vous en particulier, Mademoiselle Rutterdam!
Solveig enfoui encore plus sa tête dans son col.
_Quand à vous trois, fit-il en se tournant vers Wufei, Duo et moi, j'attendais mieux de la part de nouveaux élèves, sachez que je suis particulièrement déçu!
Une voix grave et légèrement rocailleuse s'éleva soudainement du large fauteuil qui nous tournait le dos au milieu de la pièce.
_Ne vous énervez pas, Monsieur Crowe...
Je sentis Wufei se tendre près de moi. Je lui jetai un léger coup d'œil, et vis qu'il avait le regard fixé devant lui. Ses mains tremblaient presque imperceptiblement.
L'homme se leva et se tourna vers nous, un petit sourire jouant sur ses lèvres fines. Il chassa d'un geste les quelques mèches auburn qui tombaient sur son front et s'avança dignement vers nous, croisant ses mains dans son dos.
_Mais Monsieur Kushrenada...
A l'entente de ce nom, Duo sembla s'intéresser à ce qui se passait et fixa l'homme.
Treize leva la main, faisant signe à Crowe de se taire. Il s'approcha de nous et nous regarda tous un à un.
_Après tout, continua t'il, ce ne sont que des enfants.
Il s'arrêta devant Wufei, leva la main et toucha la pointe de son menton du bout des doigts. Il se pencha très légèrement sur lui et murmura:
_N'est ce pas?
Wufei ne répondit pas, mais je le vis fermer les yeux malgré lui. Le sourire de Treize s'élargit un peu plus, et il se redressa pour se diriger à nouveau vers son fauteuil.
_Laissez-les partir.
Une fois dehors, Carlo et Solveig s'excusèrent et partirent chacun vers leurs chambres. Nous nous dirigeâmes vers la notre en silence. Wufei semblait plongé dans ses pensées, et ni Duo ni moi n'avions vraiment envie de le déranger. Mais il fallait que je les mette au courant.
_On se prépare pour ce soir, dis-je.
Ils se tournèrent tous deux vers moi, l'air très sérieux, attendant visiblement une précision.
_Je sais où sont les plans, ajoutai-je.
A suivre...
