Auteur : Emi

Base : Gundam Wings

Genre : tortures psychologiques (à peu de chose près…)

Couple : Je vous laisse le soin de deviner…

Disclaimer : Définition du mot esclavage dans le dictionnaire: Etat de celui qui est soumit à une lourde sujétion ou à une tyrannie. Ce qui laisse peu de liberté, peu de loisir. Un esclave est une personne privée de liberté et qui est sous la dépendance absolue d'un maître , qui est entièrement soumise aux volontés d'une autre, ou qui dépend entièrement de quelqu'un.

Franchement, je comprends pas... Heero n'arrête pas de dire que lui et les autres GBoys sont mes esclaves, mais c'est pas vrai!!!

1_je n'estime pas être un tyran, et loin de là! Je les nourris, les loge, leur donne de supers fringues super sexy, les laisse aller sur le net, regarder la télé, et j'en passe! C'est pas tyrannique, ça!

2_des loisirs, ils en ont!! Bah oui, quoi!!! Je les oblige à rien faire!!! Seulement, quand ils se font des papouilles, je veux juste être présente pour faire plein de croquis et me donner d'autres idées pour de futurs lemon, je demande pas la lune!!

3_ Je ne suis pas leur maître, voyons! Seulement la gentille logeuse qui les accueille sous son toit et qui barricade toutes les portes pour éviter qu'ils se barrent! C'est pas la même chose, quand même!!

4_Ils ne sont pas soumis à MA volonté! Mais par contre, entre eux, je sais qui sont les "soumis"... hohohoho!!!

Huuuuuuummm Je devrais peut être dire à leur créateur où ils sont...

*regarde Wufei et Heero qui commencent à câliner Duo. Chope son carnet de croquis*

Oh, et puis non....Sont bien là où ils sont...

Notes : 1_Je voudrais faire une dédicace spéciale à tous ceux qui me lisent et m'encouragent dans mon écriture. Vos avis me sont précieux, et je vous remercie tous du fond du cœur. Je remercie aussi ceux qui me lisent et ne font pas de commentaires (ce n'est pas grave, je ne vous en veux aucunement ^___^), en raison de l'intérêt qu'ils portent à ma fic. Rien que ça, ça me fait énormément plaisir. Merci à tous !

2_Enfin ! Je peux écrire ce passage qui me trotte dans la tête depuis près de deux mois, maintenant! C'est à partir du dialogue entre Heero et Duo que toute mon histoire s'est construite, et je peux vous dire qu'il m'a tardé de l'écrire ! Je pensais qu'il allait venir plus tôt dans l'histoire, mais bon...

3_chapitre plus calme que les précédents. Je conseille quand même aux âmes sensibles (je parle notamment de Takiko, hum?) de garder un mouchoir à portée de main... ^___^

Lumières

CHAPITRE VII

Je m'arrêtai sur le pas de la porte hésitant à aller plus loin. Ma main se leva pour frapper mais resta suspendue en l'air, alors que plusieurs questions assaillaient mon esprit.

Devais-je vraiment faire ça ? Et si je le faisais, qu'est ce que ça m'apporterait ? Serait-il en mesure de m'aider ? Aurait-il la réponse à mes questions ? Devinerait-il pourquoi je venais le voir ? Et que penserait-il de tout cela ?

Ma main retomba sur mon flan, inerte. Est-ce que cela valait vraiment le coup que je le dérange pour ça ?

Après tout, tout ce que je ressentais, tout ce qui emplissait mon esprit ne regardait que moi. Il n'avait pas besoin d'être au courant.

Ca ne le regardait pas.

Je m'apprêtai à repartir, quand une petite voix passa à travers la porte.

_Entre, Heero.

Lentement, je tournai la poignée et pénétrai dans la pièce, refermant la porte derrière moi. La chambre baignait dans la lumière, la fenêtre largement ouverte laissant entrer un soleil de début d'automne. Il faisait encore relativement doux. L'été indien allait se prolonger encore quelque temps.

Mon regard fit rapidement le tour de la chambre. Elle était aussi simple que celle que je partageais avec Duo, mais il y régnait une sensation de fraîcheur qui ne trompait pas quant à l'identité de son occupant. Une rangée de livres s'étalait sur une étagère, au mur, et un miroir en pied était rangé à côté. Il avait toujours été attentif à son apparence, sans pour autant verser dans le narcissisme. Un bouquet de fleur reposait sur son bureau, fraîches de ce matin, sans doute, vu la rosée qui s'accrochait encore aux pétales. Quelques images d'un désert s'étalaient au-dessus du lit, dont un grand poster entouré par les photos de sa nombreuse famille.

Alors que je m'avançai lentement vers le lit où il était assit, il referma le livre qu'il tenait et leva son visage aux yeux clos dans ma direction.

_Salam-alekhoum, Heero.

_Konishi-wa, Quatre

Je pris une chaise et m'assit près de lui, attendant qu'il pose son livre sur sa table de chevet, près d'une photo de nous cinq réunis. Trowa nous avait dis qu'il avait réussi à maîtriser le braille en quelques jours seulement. Cela ne m'étonnait nullement venant de Quatre. Il avait toujours été le plus intelligent de nous tous.

Je restai silencieux un moment, me contentant de l'observer. Quelques traces de brûlures se voyaient encore sur son visage, et le bleu sur son front s'estompait peu à peu. On lui avait retiré son plâtre quelques jours plus tôt, son entorse s'étant remise assez rapidement. On ne le faisait pas trop bouger en raison de ses côtes cassées pas totalement réparées, mais il pouvait marcher.

La faible brise qui entrait dans la pièce faisait légèrement frémir ses cheveux dorés, dessinant des ombres dansantes sur son front pâle. Oui, il était beau, d'une beauté délicate et fragile. Mais ses yeux ainsi fermés lui faisait perdre cette naïveté qui m'avait d'abord frappé en lui. Cette naïveté qu'il n'avait pas, qu'il feignait seulement d'avoir, et qui cachait ce caractère bien trempé qui avait fait de lui un conducteur de Gundam émérite. Mais qui cachait surtout cette intelligence et cette détermination qui pouvait faire de lui un ennemi vraiment dangereux.

Oui, Trowa avait bien choisit...

En y réfléchissant bien, tous mes compagnons étaient beaux. Trowa et sa beauté silencieuse, avec son grand corps fin et élancé. Cette apparente fermeté dans un regard plus vert que les feuilles du printemps. Trowa le discret, Trowa le mystère, qui se contente d'observer le monde en notant tout ses moindres petits changements, les rangeant méthodiquement dans un coin de sa tête, et les ressortant au moment importun. Et cette sensibilité, au fond, qu'il gardait précieusement pour lui, ne la découvrant que par petits morceaux.

Wufei et sa beauté sauvage, et toujours cette lueur farouche dans le regard, nous mettant perpétuellement au défi de réussir à le vaincre. Ou ne serait ce que nous accorder un tant soit peu sa confiance. Wufei, l'indomptable à la chevelure de soie, le dragon éprit de justice, et qui ne demande rien d'autre qu'un minimum d'attentions pour la personne qu'il est réellement, et non juste en tant que descendant d'un illustre clan. Wufei le colérique, qui n'attend rien d'autre, au fond, qu'un monde où il pourra vivre en paix, sans avoir à ce se soucier de savoir si celui qu'il aime est son ennemi ou non.

Et Duo, enfin... La mort joyeuse, comme il se défini lui-même. Duo le rieur, Duo le bavard, mais qui cache au fond de ses yeux de crépuscule une souffrance sûrement cent fois supérieure à la nôtre, et derrière sa joie de vivre, une tristesse qui me fait frissonner. Duo qui croit que tout ce qui le touche est voué à mourir par sa faute. Duo qui donnerait tout pour qu'on l'aime, pour être un jeune homme normal. Ne pas être obligé de tuer... Ne pas être obligé de mentir... Etre seulement lui-même, et vivre près de ceux qu'il aime, et pour qui il serait près à donner sa vie.

Duo que je...

_Tu voulais me parler, Heero ?

Je sursautai malgré moi. Un large sourire, pâle reflet de ceux qu'il nous offrait auparavant, avait fleuri sur les lèvres de Quatre.

_Oui, je... Enfin, je...

Je crispai mes mains l'une sur l'autre.

_J'aimerais avoir ton avis sur quelque chose...

_Je t'écoute.

J'hésitai un moment, ne sachant pas par quel bout commencer. Je n'avais vraiment pas l'habitude de me confier. Je détestais devoir dépendre de l'avis de quelqu'un, et encore plus être obligé d'écouter ses conseils. Mais j'étais dans un tel état de désappointement qu'il m'était impossible de garder tout cela pour moi.

Je n'en pouvais plus.

_En fait, commençais-je, je me pose pas mal de question, et...

Je m'arrêtai encore quelques secondes.

_Je ne sais pas par quoi commencer...

Quatre me sourit calmement.

_Tu te poses des questions sur ce que tu penses ressentir pour Duo ?

Je sursautai et le regardai, surpris.

_NON ! ...Je... Oui... Je...

Les ongles de mes mains s'enfoncèrent dans ma chair.

_Comment sais-tu cela... ?

_N'oublie pas que je n'ai aucun mal à savoir ce que vous ressentez grâce à mon empathie. Mais même sans ça, je savais... avant mon accident... qu'il se tramait quelque chose entre vous... Même si toi tu ignorais la cause de ce trouble que tu éprouvais face à Duo.

Il pencha légèrement sa tête sur le côté.

_Je me trompe ?

Je baissai ma tête, regardant comme hypnotisé le sang qui coulait légèrement des demi-lunes que mes ongles avaient laissés dans mes paumes.

_Non... finis-je par murmurer.

_Tu te demande... si tu l'aimes, n'est ce pas ?

J'acquiesçai, mais me rappelant qu'il était aveugle, je rajoutai :

_Hai...

Quatre se pencha sur moi et posa une main hésitante et tâtonnante sur mon bras.

_Heero... Que ressens-tu exactement quand tu es avec Duo ? Que ressens-tu quand il est triste ? Que ressens-tu quand il n'est pas près de toi, quand il est blessé, quand il est heureux ?

Je relevai la tête et regardai son visage grave. Non, jamais Quatre ne se moquerait de moi. Jamais il ne me jugerait sur ce que je ressentais, sur ce que faisais. Il savait que c'était très dur pour moi de parler ainsi, et que si j'étais venu de mon propre gré, c'est que vraiment quelque chose me tracassait...

Je pris une grande inspiration et me lançai :

_Je ne sais pas exactement... Je ressens tellement de choses. Je veux qu'il soit heureux, qu'il ne fasse plus semblant de rire. Je souffre quand il souffre, je me sens bien quand il est bien. Et parfois, je dois me faire violence pour ne pas céder à la tentation de le serrer entre mes bras, pour ne plus qu'il soit triste, pour qu'il reprenne courage... Pour ne pas qu'il me laisse...

Mes mains se crispèrent sur mes genoux.

_Tu crois que c'est ça... l'amour ?

Il me sourit et ôta sa main de mon bras pour se radosser au montant de son lit.

_Je ne sais pas... finit-il par répondre. Mais ça m'en a tout l'air.

Il chercha ma main à tâtons, la trouva et la serra dans les siennes.

_Va lui parler, Heero. Dis-lui tout ce que tu viens de me dire. Et je pense que tu auras la réponse à toutes tes questions.

Ma gorge se serra. Parler à Duo ? En étais-je seulement capable ?

Soudain, il se prit la tête dans sa main libre, grimaçant. Je posai une main sur son épaule.

_Quatre, ça va ?

Il acquiesça.

_Ne t'inquiète pas, c'est juste une migraine passagère...

Il retira doucement ma main de son épaule et me sourit, souffrant visiblement plus qu'il ne voulait le montrer.

_Vas lui parler, Heero, répéta t'il.

Tremblant, je me levai et me dirigeai vers la porte.

_Heero ?

Je me retournai et scrutai son visage serein. Il avait ouvert les yeux, me laissant entrevoir une fraction de seconde la pupille fixe qu'aucune lumière n'atteignait plus. Ses lèvres s'étirèrent à nouveau en un sourire franc.

_Bonne chance.

_Arigato...

Je sortis et marchai lentement vers ma chambre, espérant et redoutant en même temps que Duo s'y trouve.

Lui parler...

Mais que pourrai-je lui dire ? Par où commencer ? Est-ce qu'il voudrait seulement m'écouter ? Duo était tolérant, je le savais. Pour lui peu importaient les faits et gestes de chacun, les qualités et leurs défauts. Il acceptait les gens comme ils étaient, les aimait dans leur entier. Pour lui, chaque détail avait son importance. Et c'est en cela que je l'admirais.

Mais accepterait-il le fait qu'un homme puisse être attiré par lui ? Accepterait-il le fait que son coéquipier puisse le regarder autrement qu'en tant que simple ami ?

J'entrai dans notre chambre, refermai la porte derrière moi, et me figeai sur place, mon coeur menaçant de s'éparpiller autour de moi.

Lentement, Duo se retourna vers moi, me lançant un regard indéfinissable. Il avait un air tellement grave que j'avais peine à le reconnaître.

Il ne chercha même pas à cacher l'écran de mon ordinateur devant lequel il était assit, et qui affichait la dernière page de mon journal.

Pris d'une panique soudaine, je ne pus réagir pendant quelque seconde, ces deux mots s'imprimant dans ma tête :

Il sait...

Puis, la colère monta en moi et je me ruai sur mon portable pour en abattre l'écran sur le clavier, tremblant de rage.

_Qui t'a permis de fouiller dans mes affaires ?

Son regard ne me quitta pas. Il sembla réfléchir un moment, et gardant cet air grave que je ne lui connaissais pas, il répondit :

_Je ne fouillais pas, je voulais juste envoyer mon rapport aux professeurs, et il se trouve que je suis tombé sur ton journal par hasard.

J'attrapai mon portable et entreprit de le ranger rapidement dans sa housse protectrice, évitant le plus possible de croiser son regard.

Je me sentais... perdu.

Je restai un moment à lui tourner le dos, n'osant faire quoi que ce soit. Il finit par me demander :

_Est-ce vrai, tout ce que tu as écris, Heero ?

Je me retournai brusquement, tentant de répondre. Mais son expression me bloqua à nouveau. Il avait la tête levée vers moi, un bras négligemment appuyé sur le dossier de sa chaise. Et son visage neutre me donnait des frissons.

Je fermai les yeux un moment, tentant d'oublier qu'il me regardait avec cet air. Puis, je murmurai, si faiblement qu'il pu à peine l'entendre.

_C'est si compliqué, dans ma tête... Je ne sais pas exactement ce qui est vrai, et ce qui ne l'est pas... Mais ce qui est sûr, c'est qu'au fond de moi... Oui, je ressens quelque chose pour toi... Même si je ne sais pas encore très bien expliquer ce que c'est...

Je l'entendis se lever et je rouvris les yeux. Il passa devant moi et se dirigea vers la porte.

_Où vas-tu ? demandai-je.

Il se retourna à moitié.

_Dans la cuisine. J'ai besoin de réfléchir un peu...

Il posa sa main sur la poignée et mon sang ne fit qu'un tour.

_Je t'en prie, Duo, ne me laisses pas...

Il se retourna, et je vis avec apaisement son visage prendre une expression de surprise totale.

_Heero, murmura t'il au bout de quelques secondes, tu pleures ?

Etonné, je portai ma main à ma joue et fixai avec incrédulité l'humidité qui s'était déposée sur le bout de mes doigts. Puis, le finis par sentir ces deux larmes qui coulaient librement sur mon visage.

Mon regard se porta de nouveau sur Duo. Il n'avait pas bougé, mais à présent, une immense peine flottait sur son visage.

Baissant la tête, il murmura :

_Il ne faut pas que tu m'aimes, Heero... Toutes les personnes qui m'aiment finissent par mourir ou être blessés par ma faute. Il ne faut pas que tu m'aimes...

Pris d'un soudain désespoir, mais surtout, d'une peur sans nom de le perdre, je me ruai sur lui, le plaquant contre la porte, mes deux mains aplaties contre le bois de chaque coté de sa tête, et mon visage à quelques centimètres du sien. Je hurlai :

_Comment oses-tu me dire ça ? ! Comment oses-tu, alors que chaque jour, ton visage me hante, qu'il ne se passe pas une minute sans que mes pensées se tournent vers toi ? ! Je ne sais plus quoi faire quand ces sensations m'assaillent !! Je perds la tête quand tu es blessé, je crois devenir fou quand tu n'es pas près de moi !!Mon coeur saigne quand je te vois souffrir en silence, alors que tu crois que je ne suis au courant de rien !! Mais moi, je vois ta peine, Duo!! Je sais que ces simulacres de sourires que tu nous sers ne sont que des façades !! Et tu oses me dire ça, alors que je serais près à mourir pour toi ? ! Que je serais près à donner ma vie pour qu'au moins une fois, juste une seule, je puisse te voir réellement heureux ? ! Cent fois, mille fois, je me suis imaginé que c'était toi qui avait été blessé à la place de Quatre!! Qu'aurai-je fais, Duo, si ça avait été toi qui avait été blessé?? Qu'aurais-je fais?? Je ne sais plus quoi faire, Duo !! Même quand j'essaie de ne pas penser à toi, tu es toujours là, dans un coin de ma tête !! Comment peux-tu me dire ça, à moi ? ? !!

Je m'arrêtai, à bout de souffle. D'aussi loin que remontaient mes souvenirs, jamais je n'avais parlé autant d'un coup. Mais je n'en avais cure. Pour le moment, tout ce qui m'importait, c'était ce visage près du mien, qui me regardait avec un mélange de crainte et d'étonnement.

Me reprenant, je m'écartai légèrement, baissant les yeux.

_Excuse-moi... murmurai-je. Je... Je suis désolé, je...

Mes mains quittèrent la porte sur laquelle elles étaient appuyées et je commençai à me détourner.

_Oublie ce que je viens de te dire... Je... Ce n'est pas grave...

Mais soudain, alors que je commençais à m'éloigner, je sentis une main chaude se saisir vivement de mon poignet, et me tirer vers Duo.

Et là, il m'embrassa.

Tout à coup, tout un flot d'émotions affluèrent en moi, alors que mes lèvres entraient en contact avec les siennes. Peur, joie, soulagement, étonnement... Bien-être... J'ouvris instinctivement la bouche, et je sentis quelque chose de velouté y entrer timidement

La langue de Duo.

Elle commença à caresser doucement la mienne, et je répondis, hésitant, ne sachant pas trop quoi faire d'autre.

C'est alors que je sentis les mains de Duo se perdre dans mes cheveux, accrochant mon cou en un geste presque désespéré, approfondissant notre baiser. Ne sachant pas trop où mettre mes mains, je les avais à nouveau plaquées contre la porte.

Doucement, les lèvres de Duo se séparèrent des miennes, et je restai un moment, les yeux clos, enfermant précautionneusement dans un coin de ma tête le souvenir de ce précieux instant qu'avait été mon premier baiser.

Cette sensation... Cette chaleur qui se dégageait de lui, ces lèvres, plus douces que la peau d'une pèche. Ses mains sur moi, son visage, si proche, et son regard, magnifique, et qui avait semblé me supplier un instant avant d'être recouvert par ses paupières, alors qu'il allait m'embrasser. L'impression que mon coeur allait exploser, que mon corps tout entier allait se fondre en lui. Et ce goût sucré sur ma langue.

C'était donc cela, un baiser...

Duo avait gardé ses mains sur ma tête et autour de mon cou, et il s'accrochait à moi, comme un enfant à la main de sa mère.

_Jures-moi que toi, tu ne mourras pas...

J'ouvris lentement les yeux, observant un moment les deux fines gouttelettes d'eau glisser le long de ses joues, alors que son visage abordait une expression d'angoisse qu'il ne cherchait plus à cacher.

J'approchai mon visage du sien, collant mes lèvres à son oreille :

_Je ne mourrai pas...

Et je cru défaillir quand ces trois mots, dit d'une vois tremblée, arrivèrent à mon oreille :

_I love you...

Alors, je laissai tomber toutes les barrières que j'avais érigées autour de moi. Ces murs, que j'avais mis tant de temps à élever, pour lesquels je m'étais privé de tout ce dont un enfant pouvait avoir besoin, pour lesquels j'avais souffert en silence. Je les laissai s'écrouler à mes pieds.

Et je serrai Duo dans mes bras, plus rien n'existant autour de nous. Je le serrai comme jamais je n'avais serré personne.

Je le serrai. Parce que je l'aimais.

_Attention à la marche, Quatre.

_Je sais, Trowa.

Assis dans la cuisine autour de notre dîner, nous vîmes le pied hésitant de Quatre tâtonner sur la petite marche qui séparait la pièce du salon. Il entra doucement, sa main gauche suivant les courbes du mur, la droite accrochée à celle de Trowa qui le soutenait dans le dos, de peur qu'il ne tombe. Après avoir monté la marche, Trowa passa devant lui, tenant toujours fermement sa main, et le guida vers sa chaise. Les doigts de Quatre quittèrent le mur d'un geste hésitant et il avança lentement jusqu'à sa place.

Nous le regardâmes en silence, alors que Trowa reculait sa chaise afin qu'il puisse s'asseoir. Je sentis Duo se tendre près de moi, mais je ne fis pas un geste pour l'apaiser. Je n'ai jamais trop aimé les effusions de sentiments en public, et Duo le savait bien.

Trowa s'installa près de Quatre, lui coupa une part de pizza et la lui déposa délicatement dans la main. Il avait encore du mal à se servir de ses couverts.

Le repas se passa dans le silence. C'était la première fois depuis l'accident que nous étions tous réunis dans la même pièce. Et l'ambiance était vraiment pesante. Chacun penchés sur notre assiette, nous ne nous échangeâmes même pas un regard.

Tout à coup, Quatre demanda:

_Pourrais-je avoir de l'eau, s'il vous plaît?

Duo tendit sa main vers le pichet posé à côté de son assiette, mais la main de Trowa fut plus rapide et il s'empara du broc avant que Duo pu émettre la moindre objection.

Le Français servit Quatre et, reposant l'eau sur la table, il jeta un regard froid à Duo.

_Tu n'as pas à t'occuper de lui, compris?

_Trowa... murmura Quatre.

Duo se mit à trembler. Je vis son menton frémir alors qu'il se retenait à grand peine d'éclater en sanglots. C'en était trop pour lui. Il allait craquer.

_Quatre est mon ami, Trowa. Il est normal que je veuille l'aider...

Trowa se redressa brusquement, les poings appuyés sur la table.

_Ton ami?! Mais regarde dans quel état est "ton ami" grâce à TOI, Duo!! A cause de toi, Quatre ne verra sûrement plus jamais la lumière!! Et tu oses te prétendre son ami???

Quatre abattit brusquement ses mains sur la table, renversant son verre.

_Ca suffit, Trowa!!

Trowa se rassit.

_Excuse-moi, Quatre.

Je regardai Duo. Il avait la tête baissée et ses lèvres tremblaient. Doucement, il recula sa chaise, se leva, et quitta la pièce.

Wufei fit un geste en sa direction, mais je le retins.

_Laisses-le, Wufei. Il a besoin d'être seul...

Mon regard se reporta sur Quatre, dont le visage perdu dans ses mains exprimait une souffrance qu'il n'arrivai pas à cacher. Trowa s'en rendit compte et, posant une main inquiète sur son épaule, lui demanda:

_Toujours tes migraines, Quatre?

Le petit blond acquiesça.

_Tu veux un aspirine?

_Non, Trowa... Tu sais bien que ça ne me fait rien...

La fin du repas de déroula dans un silence encore plus lourd qu'auparavant.

_Duo?

Je pénétrai dans notre chambre et fermai la porte derrière moi, cherchant mon compagnon dans l'obscurité de la pièce. Ne le trouvant nul part, je me dirigeai vers la salle de bain et le trouvait assit comme à son habitude sur le rebord de la baignoire. Je m'avançai et m'assis près de lui. Il ne releva pas la tête.

_Ne t'en fait pas, Duo, tout finira par s'arranger.

Ses mains se crispèrent l'une contre l'autre.

_Non... murmura t'il. Il a raison. Je n'ai pas le droit de me considérer comme l'ami de Quatre vu ce que je lui ai fais.

_Mais tu ne lui as rien fais, Duo! Quatre s'est juste trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Nous n'y pouvons rien.

Il redressa brusquement la tête, me fixant d'un air de détresse. Les traces sur ses joues montraient qu'il avait pleuré.

_Si, j'y suis pour quelque chose! C'est moi qu'il a suivit!

_Duo...

_Non, Heero! N'essaie pas de me déculpabiliser! Je sais très bien ce que j'ai fais!

Il se leva et s'avança dans notre chambre pour s'arrêter au milieu de la pièce, près de son lit.

_Je n'apporte que le malheur autour de moi...

Je me levai et m'approchai de lui. Il avait serré ses bras contre son torse, comme s'il essayait de se protéger de quelque chose. Doucement, je posai une main sur son dos. Il frissonna.

_Duo, est ce que, une seule fois, Quatre t'a dit qu'il t'en voulait?

Il hésita un moment. Ma main suivit sa tresse jusqu'au petit élastique qui la terminait. Doucement, je tirai dessus, et passai mes doigts dans la chevelure, défaisant la natte au fur et à mesure.

_Non, finit-il par répondre.

_Alors, tu n'as aucun soucis à te faire.

Je pris la masse de cheveux dans mes mains et la posai sur son épaule.

_Mais Trowa... murmura t'il.

_Wufei et moi allons parler à Trowa. Cette comédie ne peux plus durer.

Je me penchai sur sa nuque et y déposai un léger baiser. Je sentis sa peau se hérisser sous mes lèvres.

Lentement il se tourna vers moi et passa ses bras autour de ma taille, enfouissant son visage dans ma poitrine.

_En as-tu envie, Heero?

Je refermai mes bras autour de lui, mon nez se perdant dans sa chevelure à l'odeur d'orange. L'odeur de Duo...

_Je.. Je ne sais pas... hésitai-je. Je n'ai jamais...

Il redressa la tête et approcha son visage du mien.

_Alors, je vais t'apprendre...

Ses lèvres caressèrent les miennes, et je me sentis fondre. Et alors qu'il se démenait à retirer mes vêtements, il m'attira sur le lit et, ne maîtrisant plus rien, je me laissais entraîner dans un tourbillon de sensations nouvelles et exquises.

Au début, c'est lui qui mena la danse. Allongé sur le côté, près de moi, il guida mes mains, me fit découvrir ses zones sensibles, emmêlant ses jambes aux miennes. Il me montra qu'avec juste le bout de mes doigts, je pouvais lui donner du plaisir. Il m'aida même à découvrir mon propre corps.

Jamais je n'avais douté un seul instant que je puisse être aussi sensible.

Enfin, prenant de l'assurance, ce fut moi qui pris le relais. Je le sentais se tordre sous moi alors que je le couvrais de baiser. Ses cheveux, étalés sous lui, formaient comme une auréole autour de son visage. Et ses yeux, enfiévrés par le plaisir, me poussaient à aller de l'avant, alors que ses mains couraient sur ma peau nue.

Jamais je n'aurais cru pouvoir éprouver autant de sensations à la foi. Son corps contre le mien, si parfait malgré les cicatrices que les combats lui avait laissé, son visage qui se tendait vers le mien, ses mains qui me cherchaient dans la semi-pénombre, qui me trouvaient.

La fusion de deux corps... Ce mélange de sentiments, de désir, cette communion de deux êtres qui s'aiment, jamais je n'aurais cru que cela puisse être aussi fort. Et alors que je serrai Duo contre moi, allant toujours plus loin dans ma découverte du plaisir, alors que mes doigts se perdaient dans sa chevelure, alors que ses yeux clos et sa bouche entrouverte semblaient m'appeler vers cette volupté, je compris à quel point je l'aimais. A quel point il comptait dans ma vie.

Il était tout ce que j'attendais depuis ma venue au monde, il était le tout pour lequel je me battais chaque jours de ma vie, pour lequel j'aurais tout abandonné. Le Soldat Parfait ne peut être parfait que quand il a découvert la raison de son combat...

Et alors que j'atteignais le paroxysme du plaisir, alors que Duo, la respiration haletante sous moi, poussait de faibles gémissements en s'accrochant à mon cou, je sus que j'avais trouvé la mienne.

_Duo...

Wufei fit irruption dans la pièce en hurlant:

_DUO!! HEERO!! Levez-vous vite!!

Je levai la tête, pas très bien réveillé, alors que Duo grognait et se serrait un peu plus contre moi.

_Qu'est-ce qui se passe? marmonai-je.

Wufei commença à nous jeter nos vêtements à la figure, ne semblant pas avoir noté que nous étions, Duo et moi, nus dans le même lit.

_Quatre à fait un malaise! Levez vous!! Il faut l'emmener voir Sally! Heero, où sont les clés de la voiture?

_Dans mon sac à dos, répondis-je en m'habillant vite fait. Mais que s'est-il passé au juste?

Wufei alla farfouiller dans mon sac.

_Trowa m'a dit que Quatre avait très souvent de fortes migraines ces derniers temps, et pendant qu'on prenait le petit déjeuner, il en a eu une plus forte que les autres, et il s'est évanoui.

Duo avait finit de s'habiller, et il refaisait sa natte alors que j'enfilais mes chaussures. Wufei trouva les clés et traversa la pièce en courant.

_Grouillez-vous, on vous attends dans la voiture!

Je finis de lacer mes chaussures et relevai la tête. Duo me regardait d'un air angoissé. Je me levai et déposai un léger baiser sur ses lèvres.

_Ne t'inquiète pas... Tout ira bien...

Il acquiesça gravement et me suivit dans le couloir.

Derrière la vitre, Sally et cinq autres médecins s'échinaient à tenter de comprendre de quoi souffrait Quatre.

Le petit blond, allongé sur la table, était plus pâle qu'un mort. Une fine pellicule de sueur couvrait son corps, collant ses cheveux à son front.

Sally se tourna soudain vers nous. Elle prit un petit micro, et, a travers le haut-parleur qui donnait dans la pièce où nous nous trouvions tous les quatre, sa voix nous parvint, couverte par des grésillements.

_Trowa, tu m'as dis que Quatre souffrait de fortes migraines?

Je me tournai vers le Français qui acquiesça gravement. Sally soupira.

_Il a une hémorragie cérébrale, Trowa... C'est de là que viennent ses migraines, et peut être même sa cécité. Il va nous falloir l'opérer.

Elle coupa le micro et reprit ses examens.

Je me tournai de nouveau vers la vitre, observant la frêle et pâle silhouette étendue sous le drap.

Duo, près de moi, se mit à trembler.

_Cette guerre n'est vraiment pas juste... murmura t'il.

_Ca, je me tue à vous le répéter depuis le début, rétorqua Wufei, mais personne ne m'écoute jamais.

J'eus un faible sourire à cette remarque.

Soudain, Duo sursauta près de moi. Il se retourna, et je suivis son regard.

Trowa venait de poser sa main sur son épaule.

Il souriait tristement, ses yeux débordant de peine. Puis, ses lèvres se crispèrent soudain et il s'effondra aux pieds de Duo, s'accrochant à sa taille. Et il éclata en sanglots.

_Pardonne-moi, Duo! Je t'en prie! Je t'en supplie! Pardonne-moi!!

Je vis la stupeur se peindre sur le visage de Duo, alors qu'il fixait cet homme, agenouillé à ses pieds, le visage perdu dans sa veste, et qui pleurait toutes les larmes de son corps. Trowa, qui ne montrait jamais ses sentiments en public, venait de s'effondrer devant nous, déversant toute sa peine sur celui qui culpabilisait par sa faute.

_Pendant tout ce temps... J'ai tenté de me persuader qu'il me fallait un coupable! Pour oublier le fait que je ne l'avais pas retenu... Que je ne l'avais pas protégé, alors que je m'étais toujours juré de le faire!!

Il se recroquevilla encore plus sur lui-même, s'accrochant à la veste de Duo.

_Je n'en peux plus, Duo! J'essaie d'être fort! Pour lui, pour nous! Mais s'il n'est plus là... Je vais en mourir Duo! Il est ma seule lumière!! C'est pour lui que je vis!!

Les épaules secouées de lourds sanglots, il resta là sans bouger, attendant manifestement un signe de Duo.

_Pardonne-moi, Duo...

Et mon compagnon se pencha sur lui, le prit dans ses bras et se mit à le bercer tendrement, alors qu'un léger sourire d'apaisement flottait sur ses lèvres, et qu'il pleurait à la fois de soulagement et d'angoisse.

_Ne t'inquiète pas, murmura t'il à Trowa. Je suis sûr que Quatre va s'en sortir. Il a encore tant de choses à te dire...

Les sanglots de Trowa redoublèrent, et Duo continua de le bercer doucement.

A suivre...