Auteur : Emi
Base : Gundam Wings
Genre : tortures psychologiques (à peu de chose près…)
Couple : Je vous laisse le soin de deviner…
Disclaimer :
Wufei: *éructant de joie* Ouaiiiiiis ! C'est le dernier chapiiiiitre ! Après, elle nous libèèèère !
Emi: *boudant dans son coin* De toute façon, c'est même pas du juste...
* se précipitant au bord d'une falaise et criant vers l'océan* POURQUOIIIIIIII ? Pourquoi ils ne m'appartiennent paaaaaaaas ? Pourquoi je peux pas les gardeeeeeer ?
*Réfléchissant soudainement* Oh my God ! J'agis comme Relena ! Heero, vite, passe-moi ton flingue ! Je ne peux plus vivre après avoir fait cela !
Heero: *lui tendant son flingue* Avec plaisir ! Tu as besoin d'un coup de main ?
Duo: *frappant Heero à l'arrière du crâne* Nan mais ça va pas la tête ? Attends au moins qu'elle ait fini la fic ! Je veux savoir si je suis veuf ou non, moi !
Wufei: *sourire béat au visage* Ouiiiiiiiii ! Et puis après, on sera liiiiiibres !
Emi: *réfléchissant encore (oooooh ! Faut que je fasse attention à pas trop réfléchir quand même ! Ça fait bobo au crâne !) * Oui, mais pas libre très longtemps ! Vu que je reviendrais sous peu vous chercher, surtout toi, Wu, paske tu seras le sujet de ma prochaine fic Gundam, je pense !
Wufei: *temps d'arrêt_ décomposition du visage* Naaaaaaaaan ! INJUSTIIIIIIICE !
Notes :
1_ Et voilà donc le dernier chapitre. Je remercie énormément tous les lecteurs qui ont prit la peine de lire cette fic jusqu'au bout, malgré le fait qu'ils aient pu être rebutés par la folle et sadique que je suis ! Un grand merci à vous tous ! Et à bientôt pour de nouvelles aventures!
Wufei: *tentant de s'enfuir* Naaaaaaan ! J'veux paaaaaaas !
Emi: *le rattrapant* Siiiiiiiiii ! Tu veuuuuuuuuux !
Lumières
CHAPITRE IX
Qui ?
Qui est ce moi qui ne me réponds plus ?
Qui est ce moi que je ne reconnais plus ?
Qui ?
Qui suis-je ?
Il fait noir.
Il fait froid.
Je ne sais pas où je suis...
Je tente de bouger, mais je n'y arrive pas tout de suite. Mes bras et mes jambes sont lourds. Mon corps entier me semble de pierre.
Puis, petit à petit, je sens ce qui se passe autour de moi. La sensibilité envahi de nouveaux mes membres, et je sens mes doigts qui s'enfoncent dans une surface douce et fraîche. Je sens l'air qui caresse mon visage, et les douces fragrances qui assaillent mes narines.
Et puis, je me rends compte que, s'il fait noir, c'est parce que mes yeux sont fermés.
Je les ouvre, pour les refermer aussitôt, aveuglé par la lumière trop vive qui m'irrite les yeux. Puis, je les rouvre tout doucement, laissant ma pupille s'habituer à la clarté.
Lentement, je me redresse, et je regarde autour de moi.
Je suis assis dans l'herbe haute. Nu. La végétation est si fraîche et si douce sur ma peau qu'elle me semble être faite de satin et de rosée. Sur le moment, être nu ne me pose pas un problème. Je n'ai jamais été d'une grande pudeur. Et puis, je suis seul sur cette plaine, alors, pourquoi m'en soucier?
Je regarde autour de moi. Tout n'est qu'herbe verte à perte de vue. Il fait bon. Le soleil est haut dans un ciel dépourvu de nuages. Un papillon volette autour de moi et se pose sur une herbe. Ses ailes sont bleues rehaussées d'or. Il attend un moment, et je l'observe. Puis, ses ailes frémissent, et il repart, me laissant seul.
Et alors que j'observe à nouveau ce qu'il se passe autour de moi, je me rends compte que quelque chose cloche.
Qu'est ce que je fais ici?
Je fouille ma mémoire, à la recherche de ce qu'il a bien pu se passer avant que je me retrouve dans ce champ.
Je suis Heero Yuy. J'ai bientôt 16 ans. Je suis pilote de Gundam. J'ai été élevé par Odin Lowe, avant d'être prit en charge à sa mort par le professeur J, qui m'a conditionné pour devenir le Soldat Parfait. Je n'ai pas le droit aux sentiments, à la compassion, à la tendresse, à la pitié, ni à l'amour. Je me contente d'exécuter les missions qu'on me confie, aidé de mes quatre partenaires : Chang Wufei, Trowa Barton, Duo Maxwell et Quatre Raberba Winner, eux aussi pilotes de Gundam.
Je me souviens de tout cela. Mais pour ce qu'il s'est passé avant que je me retrouve ici… Rien.
Tout ce dont je me rappelle, c'est une grande douleur, et une immense tristesse. Et... de la peur, aussi.
Mais de quoi ai-je bien pu avoir peur? Après tout, je suis le Soldat Parfait, je n'ai pas à connaître la peur.
Un faible son parviens à mon oreille, mais tellement lointain que je ne m'en préoccupe pas.
Je finis par me lever, et j'avance droit devant moi. Si je continue à marcher, je devrais bien arriver quelque part.
Au bout d'un petit moment, une bosse apparaît à l'horizon. Plus j'approche, plus elle grossit. Puis, je finis par distinguer sa forme.
C'est un arbre, immense. Son tronc est noueux, mais ses branches délicates. Ses feuilles sont aussi vertes que l'herbe sous mes pieds. Et ses racines ont l'air de s'enfoncer profondément dans le sol.
Je continue d'approcher, et une large étendue d'eau apparaît soudain sous le gigantesque végétal. Et à côté se tient une petite silhouette, faisant des allées et venues le long de la berge, alors qu'une forme beaucoup plus petite court devant elle.
J'hésite un moment, puis je m'avance vers l'eau. L'ombre du feuillage tombe sur mon visage, et je peux enfin distinguer les traits de la personne qui court.
C'est une petite fille d'environ huit ans, aux grands yeux bleus et aux boucles blondes. Son visage rayonne alors qu'elle court après son chiot qui gambade joyeusement devant elle.
Soudain, elle s'arrête et me regarde, un doux sourire flottant sur ses lèvres.
Et je la reconnais.
C'est la petite fille que j'ai tuée, il y a si longtemps... Celle qui m'avait demandé…
_Tu es perdu, Nii-chan?
Je ne réponds pas tout de suite. Elle continue de me scruter de ses yeux rieurs. Ma nudité ne semble pas la gêner.
_Je ne sais pas, finis-je par répondre.
Mais je sens que ce n'est pas ce que je devrais dire…
La petite fille pose la main sur la tête de son chiot et celui-ci jappe de satisfaction. Je regarde autour de moi.
_Je suis mort ?
Elle continue de caresser son chiot qui s'est mit sur le dos, lui présentant son ventre afin qu'elle le lui grattouille.
_Non, tu n'est pas mort. Tu es simplement dans un coin de ta tête, et tu ne sais pas comment sortir.
Nous gardons le silence un moment. La brise vient frôler mes cheveux en bataille, rejetant en arrière ses mèches blondes. Le chiot s'est redressé et est parti à l'aventure, à quelques pas de sa maîtresse.
_Que fais-tu ici? finis-je par demander.
Elle redresse la tête.
_J'attends.
Je fronce les sourcils, intrigué. La gamine à de nouveau baissé la tête et tire sur le bout de bois que son chiot lui a ramené, alors que l'animal, les quatre pattes bien ancrées dans le sol, accroche de toute la force de sa petite mâchoire le bâton en émettant de faibles grognements.
_Tu attends quoi?
_Que tu me laisses partir.
Elle a de nouveau lever sur moi ses yeux rieurs.
Dans le lointain, le bruit résonne à nouveau, plus fort que la fois précédente, mais pas assez pour que je le comprenne.
Je continue de regarder la fillette, surpris de sa réponse. Elle lâche soudainement le bâton et le chiot roule sur lui-même, emporté par son élan. Il se redresse vivement, s'ébroue et ramène sa prise à sa maîtresse, voulant encore jouer. Elle reprend le bout de bois et tire à nouveau dessus.
_Que je te laisses partir ? finis-je par demander.
Ses yeux ne me quittent pas.
_Oui.
_Mais tu es morte il y a des années, maintenant… Je le sais, c'est moi qui t'ai tué…
J'ai murmuré ces mots, comme si j'avais eu honte de les prononcer. Je fixe à présent le sol, raclant légèrement la terre du bout de mes orteils nus.
_Bien sûr, me répond-elle dans un sourire, mais toi, tu l'as oublié, il me semble.
Je la regarde à nouveau, intrigué.
_Que veux-tu dire par là ?
Le chiot s'est lassé du jeu. La gamine a lâché le bâton, et l'animal s'est éloigné de quelques pas. Couché dans la position du Sphinx dans l'herbe, il a entreprit de déchiqueter méthodiquement le bout de bois.
La fillette s'est redressée, et me regarde maintenant attentivement.
_Tu ne me laisses pas partir. Je suis morte, mais je suis toujours dans ta tête. Et tu sais pourquoi ? Tu sais pourquoi tu refuse de t'attacher aux gens qui t'entourent ?
Je secoue la tête négativement, ayant soudain peur de ce qu'elle va me révéler.
Le son se fait entendre une nouvelle fois, plus fort et plus distinct que les fois précédente, mais toujours aussi incompréhensible. Je me tourne vers le lac, qui semble être la source du bruit. Mais ne voyant rien, je repose mes yeux sur la fillette qui s'est approché de quelques pas.
_ Tu as peur de t'attacher, parce que tu peux mettre un visage innocent parmi tous les gens que tu as tué. Parce que avant que tu me tues, tu m'as parlé, tu m'as connu. Et tu as peur que cela se renouvelle sur des personnes auxquelles tu tiens.
Je déglutis difficilement. Mon visage se ferme et je plisse les yeux d'un air dédaigneux.
_Je ne tiens à personne. Je n'ai besoin de personne. Je n'ai pas le droit d'aimer.
_Pourquoi ?
Là, elle m'a prit au dépourvu. Et j'ai beau fouiller, je me rends compte que je l'ignore moi-même. Alors je dis la première chose qui me passe par la tête, la seule raison que le professeur J m'ait jamais donnée.
_Parce que… Parce que… Je suis le Soldat Parfait ! Je n'ai pas le droit d'aimer ! Cela nuirait aux missions ! !
Je tremble comme une feuille. Mes mains sont moites, mais j'essaie de ne pas le laisser paraître.
_Tu es un être humain, Heero Yuy, pas une machine. Que tu le veuilles ou non, ton cœur à choisit qu'il pouvait aimer. Il n'a pas attendu ton accord.
Le son se fait à nouveau entendre, et c'est suffisamment distinct, cette fois-ci, pour que je me rende compte que c'est une voix humaine. Je me tourne à nouveau vers le lac.
_Qu'est ce que c'est ? ?
_C'est la voix de celui qui t'attend.
_La voix de celui qui… ?
Elle s'approche de moi et prend ma main. Son sourire s'élargit alors qu'elle tire doucement sur mon bras.
-Viens…
Je la suit docilement, ne me rendant plus réellement compte de ce que je suis en train de faire. Nous nous arrêtons au bord de l'eau, et elle tend le doigts vers la surface.
_Regarde…
Et alors que je fixe le liquide bleuté, une image apparaît.
Un jeune garçon est assit par terre, dans une chambre. Ses coudes reposent sur un lit, ses mains sont jointes, et il serre entre ses doigts un petit objet brillant. Une croix en or. Ses yeux sont fermés. Il prie. En le regardant mieux, je vois qu'il est très beau. Une longue natte coule dans son dos, s'affaissant sur le sol près de lui. Et même si ses paupières sont closes, je sais quelle est la couleur de ses prunelles.
Elles sont mauves. D'un violet éclatant, éblouissant, plus beau que le plus grandiose des crépuscules. Et une petite lueur de joie y brille constamment, recouvrant une once de tristesse.
Une bouffée de chaleur m'envahit alors que je le contemple.
Je sais son nom.
_Duo…
Je m'accroupis sur le bord du lac. Mes pieds s'avancent légèrement dans l'eau, et je pose ma main à l'emplacement de son visage. Mais elle s'enfonce dans le liquide sans rencontrer la douceur de sa peau.
Il est là, si proche et pourtant si lointain. Une larme coule de long de son visage.
_Pourquoi pleure t'il ?
La fillette s'accroupit près de moi.
_Il est triste, et il a peur.
_Peur ? De quoi ?
_De te perdre.
Je contemple à nouveau son doux visage, effleurant l'eau à l'emplacement de ses lèvres qui bougent presque imperceptiblement en une longue litanie que je n'entends pas.
Mais la voix se fait de nouveau entendre, très distinctement cette fois-ci. C'est sa voix, douce et forte à la fois. Mais elle ne sort pas de sa bouche, je le sais.
Elle m'appelle doucement, en une longue plainte angoissée. Et à travers elle, je ressens toute la peine, toute la tristesse qu'il éprouve. Sa peur, son désespoir… Son amour…
Duo…
_C'est son cœur que tu entends, Heero.
_Son cœur ?
Elle acquiesce.
_Il t'appelle, il a besoin de toi. Lui aussi à peur. Peur de perdre à nouveau une personne qu'il aime plus que sa propre vie, alors que tu lui as promis que tu resterais toujours avec lui.
Elle se tourne vers moi.
_Et toi aussi, tu as besoin de lui. Les larmes qui coulent sur tes joues en sont la preuve. Tu ne peux l'ignorer.
Je sens les minces filets d'eau qui glissent le long de mon visage. Mon corps est secoué de soubresauts que je ne peux contrôler. Pour la première fois depuis ma petite enfance, je pleure ouvertement, sans aucunes retenues.
Et ça me fait un bien fou.
Au bout de quelques minutes, je finis par me calmer. La fillette est restée près de moi tout ce temps, sans dire un mot ni faire un geste. Je me tourne vers elle.
_Comment faire pour le rejoindre ?
Elle me regarde en souriant.
_Oublies-moi. Laisses-moi partir.
Je la fixe un moment sans répondre, puis, déglutissant difficilement, j'acquiesce lentement. Alors elle se redresse, prends ma main et commence à avancer lentement dans le lac. Je la suis docilement.
L'eau est fraîche, agréable. Je la sens s'insinuer dans le moindres replis de mon corps, glissant autour de moi en un courant apaisant. J'en ai bientôt jusqu'à la poitrine, puis aux épaules, et enfin, au menton. La gamine nage près de moi. Elle s'arrête soudain et pose ses mains sur ma tête, qui s'enfonce lentement dans l'eau.
Je ferme les yeux.
_Réveilles-toi, Heero Yuy, réveilles-toi…
La première chose que je perçut alors que je reprenais lentement connaissance fut une conversation entre deux personnes. Mes paupières lourdes refusaient de s'ouvrir. Tout mon corps me faisait mal, et je sentais un poids sur ma main et en travers de mon bassin.
Je me concentrai sur les voix qui semblaient venir de l'autre bout de la pièce. Elles étaient basses, comme si quelqu'un dormait et qu'il ne fallait pas le réveiller.
_Tu dis qu'il a pleuré ?
_Oui, quand tu es allé aux toilettes. Son visage était toujours aussi inexpressif, mais il pleurait dans son sommeil.
_Et Duo ? Il l'a vu ?
_Tu penses ! Il a faillit devenir fou ! Il arrêtait pas de hurler qu'il allait se réveiller. Il dort maintenant. Mais impossible de le faire sortir de la chambre.
Silence.
Mon corps reprend vie peu à peu. Je sens un rayon de soleil qui chauffe ma main. L'autre est enveloppée dans quelque chose que je n'arrive pas encore à identifier. Mes doigts bougent légèrement dans leur étau.
_Qu'est ce qu'on va faire s'il ne se réveille pas ? On a déjà pas de nouvelles de Quatre, alors si en plus, on perd Heero, ça va devenir dur…
Un silence de mort tombe quelques secondes entre les deux personnes. Puis :
_Excuse-moi, Trowa. Je n'aurais pas dû dire ça…
Hésitation.
_ … Mais, tu vois, tous les cinq, vous êtes la seule famille qu'il me reste… Je n'ai pas envie de vous perdre.
La voix ne tremblait pas. Wufei, car j'avais fini par comprendre que c'était lui, semblait sûr de ses paroles. Il venait d'avouer une faiblesse à Trowa, il en avait conscience, mais il prenait sur lui et en assumait les conséquences.
Je réussi enfin à entrouvrir mes paupières. La pièce était petite et pas très lumineuse, mais le soleil réussissait tout de même à se répandre sur ma couverture. Wufei et Trowa continuaient de discuter doucement près de la porte.
Lentement, je baissa la tête vers ma main emprisonnée.
Duo dormait sur le bord du lit, assit par terre, la tête posée contre ma hanche. Son bras gauche était posé en travers de ma taille, alors que sa main droite serrait fermement la mienne. Son souffle était régulier, mais ce pli d'inquiétude qui était resté sur son visage tout le long de la convalescence de Quatre, et qui avait disparu quand il s'était réconcilié avec Trowa, avait réapparu au milieu de son front, marqué plus profondément qu'auparavant.
Il avait encore les traces de ses larme sur ses joues.
Je remuai ma main doucement, et il grogna, avant d'ouvrir les yeux. Ils se posèrent lentement sur moi, et je tentai un faible sourire.
Ses yeux s'exhorbitèrent, et il se redressa.
_Heero… souffla t'il.
_Konishiwa, murmurai-je.
Ma gorge était sèche et mes poumons tiraient douloureusement sur mes côtes pas encore ressoudées. Mon bras gauche était emprisonné dans un plâtre, alors qu'une perfusion partait du droit.
Je souris à nouveau, et Duo se rua sur moi passant ses bras le plus doucement qu'il pu autour de mon cou, par peur de me faire mal. Il couvrait mon visage de doux baisers, alors que ses larmes s'étalaient sur mes joues.
_Heero ! Heero ! Oh, thanks, God ! ! You're awake ! You're awake ! Thanks ! I love you ! ! Heero…
Il enfoui enfin son visage dans mon cou, laissant libre cours à ses pleurs. Sa main caressait mon visage, et je fermai les yeux, appréciant le doux contact de sa paume contre ma joue. Je retirai tant bien que mal ma perfusion qui tirait sur mon bras, et posai celui-ci sur le dos de mon compagnon, caressant doucement sa nuque du bout des doigts.
_Aishiteru, Duo-kun…
Il se redressa, un sourire immense, qui menaçait de lui faire trois fois le tour du visage, flottant sur ses lèvres. Puis, il tourna la tête vers les deux autres pilotes qui s'étaient approchés de mon lit. Ils me souriaient doucement.
_Bon retour parmi nous, Yuy, s'exclama Wufei.
Trowa ne dit rien, mais à l'expression de son visage, je savais qu'il n'en pensait pas moins.
Trois jours étaient passés depuis mon réveil. J'avais à présent repris totalement connaissance, et j'étais autorisé à me lever. Je me trouvais dans un hôpital, non loin de notre base. Duo ne quittait pas mon chevet. Il dormait dans un fauteuil, près de moi, et je restai longtemps le soir à le contempler dans la pénombre, alors que son visage serein reposait sur le dossier.
J'était resté inconscient pendant près de trois semaines. Cela m'avait semblé moins long.
Je pensais souvent à la gamine de mon rêve, me demandant comme accéder à sa requête. Je lui avait promis de la laisser partir. Mais je ne savais pas comment faire…
Wufei m'avait raconté ce qu'il s'était passé quand mon gundam était tombé. Duo était devenu comme fou. Il avait foncé sur le Gemini, faisant voler les autre armures mobiles qui tentaient de l'atteindre, fauchant les vie comme s'il était la mort elle-même. Shinigami. Le pilote de l'armure noire ne l'avait pas vu venir, occupé qu'il était à s'acharner sur Wing. Il l'avait déséquilibré, et avait frappé, et frappé encore. Jusqu'à ce qu'il ne reste rien d'autre sur le sol qu'un amas de ferraille. Le pilote devait être en bouillie…
Wufei et Trowa s'étaient occupé du reste des armures, et elles avaient finis par battre en retraite, abandonnant leur propre base.
Duo s'était alors rué hors de son Gundam, criant et pleurant comme un fou, pour me retrouver.
Alors que le Chinois était en train de m'expliquer tout cela, Duo avait serré ma main à s'en faire blanchir les jointures. Je lui avais souri doucement, et il y avait répondu.
A présent, nous nous trouvions dans ma chambre d'hôpital. J'étais assis dans mon lit, et je discutais calmement avec Duo. Wufei se tenait à la fenêtre, les yeux perdus dans le vague. Il lançait deux ou trois mots de temps en temps, histoire de dire qu'il participait à la conversation. Il tripotait quelque chose que je n'arrivais pas à identifier depuis qu'il était entré, il y avait de ça une demi-heure.
Trowa, partit chercher mon portable à la base, n'allait pas tarder à revenir.
Soudain, on frappa à ma porte. Duo se leva et alla ouvrir, découvrant une personne dont le visage était caché derrière un énorme bouquet de fleurs. Elle entra, laissant un Duo perplexe, qui referma la porte sans quitter la silhouette des yeux.
Celle-ci se dirigea vers la table près de la fenêtre, posa le bouquet et se redressa, découvrant une chevelure de soleil, un regard d'océan, et un large sourire tel que je n'aurais jamais cru en revoir sur ce visage.
_Bonjour, Heero ! Il paraît que tu es malade, alors on m'a chargé de te remettre ça !
Il se tourna vers le bouquet, attrapa la carte qui était accroché à une des feuilles et la lu :
_ " Bon rétablissement !
Tes amis,
Carlo et Solweig "
Duo se rua sur le jeune garçon.
_Quatre ! ! !
Eclatant de rire, le petit blond referma ses bras autour de Duo et le serra contre lui, alors que Duo pleurait de joie dans ses bras.
_Tu es guéri ! ! J'arrive pas à y croire ! ! C'est fantastique ! !
Wufei s'était approché des deux jeunes garçon, un léger sourire aux lèvres.
_C'est Trowa qui va être content, dit-il.
Une légère teinte rose colora les joues encore pales de Quatre, qui lui rendit son sourire. Puis, il s'approcha de moi, et me tendit la carte.
_Tiens.
Je la prit et l'examinai, la tournant et la retournant dans mes mains.
_Mais, comment ont-ils su… Et comment t'ont-ils donné ces fleurs?
Quatre ouvrit son sac et sortit mon ordinateur portable qu'il me tendit. Je le prit de ma main valide, et il s'assit sur le bord de mon lit.
_J'ai fait un crochet par nos chambres avant de venir. J'ai vu que tu avais reçu un E-mail, et je me suis permis de le lire. Etrangement, il était destiné à Duo. Il disait que ces deux personnes étaient heureuses d'avoir apprit que tu t'étais rétabli, et qu'elles souhaitaient te voir, mais sachant que ce serait impossible, elles ont voulu qu'on leur envoie quelqu'un pour t'apporter ces fleurs. Alors je leur ai donné rendez-vous dans le centre ville, et voilà.
_Mais comment ont-ils su que j'étais blessé ? demandai-je.
_C'est moi qui leur ai dis…
Je me tournai vers Duo, qui s'était assis de l'autre côté du lit.
_Ils t'ont envoyé un mail quelques jours après l'attaque, te remerciant de les avoir prévenus du danger, ce qui leur avait permis d'évacuer l'école à temps. Et je leur ai dis que tu étais blessé. Mais je n'ai pas précisé pourquoi ni comment…
Il baissa la tête, presque honteux, et se mit à triturer mon drap du bout des doigts.
_Je suis désolé, j'ai mis notre groupe en danger en leur disant cela…
Il hésita.
_Mais j'étais tellement déboussolé, que je n'ai pas réfléchi, et…
Je lui caressai la joue.
_Ne t'en fais pas, ce n'est pas grave… J'ai moi-même pris un risque en leur envoyant un mail de mon gundam pour les prévenir de l'attaque imminente… Mais je ne voulais pas te voir à nouveau te morfondre si tous les amis que tu t'étais fais dans cette école n'avaient pas survécu.
Il redressa la tête et sourit.
Wufei, qui était retourné s'adosser près de la fenêtre, se tourna vers nous.
_Et toi, Quatre ? Que s'est-il passé, au juste ?
Quatre ferma les yeux et sourit à son tour.
_Moi ? Et bien, l'intervention chirurgicale à été un succès. Ils m'ont opéré dès que je suis arrivé dans la nouvelle base. Sally n'a pas quitté mon chevet une seule minute. Nous sommes resté dans l'incertitude pendant une semaine, et puis ils m'ont retiré les bandage, et la vue m'est revenue peu à peu.
_Mais pourquoi tu ne nous a rien dit ? demanda Duo.
Quatre se tourna vers lui.
_Je voulais vous faire une surprise.
J'eus un petit rire, et Duo se leva.
_Je vais mettre les fleurs dans un vase.
Il prit les fleurs et se dirigea vers la salle de bain en défaisant le plastique qui protégeait le bouquet.
_Wu, apporte-moi un vase.
_M'appelle pas comme ça ! Et ça t'écorcherai la gueule de dire s'il te plaît ?
La tête de Duo passa à travers la porte et il sembla réfléchir.
_Huuuum… Ouais !
Et il retourna dans la salle de bain.
_Mais quel crétin ! s'exclama Wufei. Ce mec me tuera un jour !
_Moi, c'est déjà fait, répondis-je.
Ils me regardèrent tous trois, étonnés, Duo ayant de nouveau passé la tête par la porte alors que Wufei lui tendait un vase.
_Non, murmurai-je, laissez tomber…
Comment leur expliquer ?
Comment leur expliquer que Duo avait tué le Heero insensible et trop sérieux qui avait commandé mon corps pendant presque quinze ans ? Comment leur expliquer quel miracle il avait accomplit en me donnant sa confiance, son affection et son amour, alors qu'il savait que je n'étais qu'un soldat élevé pour n'avoir aucunes émotions?
Et alors que je le regardais se disputer avec Wufei, quant à savoir la meilleure place à adopter pour poser les fleurs, je me dis que j'avais vraiment de la chance d'être aimé par un être aussi merveilleux que lui.
Quatre s'était assit dans un fauteuil à l'autre bout de la chambre, et il nous observait, un grand sourire aux lèvres. Je devinais qu'il se repaissait du spectacle de nous voir nous chamailler tous trois. Lui aussi devait être soulagé. Il avait bien faillit ne plus jamais pouvoir être témoin d'une de nos stupides mais si rassurantes querelles.
Ce fut ce moment que choisit Trowa pour entrer.
Ignorant Wufei et Duo, il s'approcha de moi, un air soucieux au visage.
_Je ne comprends pas, Heero, commença t'il. Je n'ai pas trouvé ton portable dans ta chambre... Pourtant, j'ai bien fouillé l'endroit où Duo m'a dit qu'il serait.
Je posai ma main valide sur mon ordinateur.
_Ne t'en fais pas, quelqu'un me l'a apporté.
La surprise se peignit sur son visage alors qu'il s'apercevait de la présence de la machine, posée sur mes genoux.
_Mais qui... ? demanda t'il.
C'est alors qu'il se rendit compte de la direction de mon regard, concentré derrière lui. Il se retourna lentement, et son visage perdit soudain toute contenance, laissant passer une foule de sentiments sur ses traits: surprise, soulagement, joie, tendresse, hésitation, amour, autant d'émotions dont je n'avais soupçonné l'existence avant il y avait quelques semaines à peine.
_Quatre... murmura t'il.
Le petit blond s'était levé, et écartait à présent les bras en un geste d'invitation où l'on pouvait lire tout l'amour qu'il éprouvait pour le soldat Français.
_Bonjour Trowa...
Trowa hésita un instant, puis il alla à la rencontre de Quatre, le serrant contre lui, tentant de s'assurer que ce n'était pas une illusion, qu'il n'allait pas s'envoler. Il ne parla pas, ne pleura pas. Il se contenta de le serrer contre lui, laissant flotter sur son visage un sentiment de pure félicité, souhaitant sûrement que cet instant ne s'arrête jamais.
Quant à Quatre, il garda les yeux grands ouverts, enregistrant le plus d'information possible. Il passait et repassait ses doigts le long du visage de Trowa, suivant sa main du regard, fixant dans sa mémoire les moindres particularités de l'apparence du pilote Français. Enfin, il posa son regard dans le sien et murmura:
_Ton visage m'a tellement manqué...
Trowa sourit, attrapa son menton, et déposa un chaste baiser sur ses lèvres avant de le serrer à nouveau contre lui.
Je sentis soudain mon lit s'affaisser, et je me tournai vers Duo, qui s'était assis près de moi et avait passé un bras autour de mes épaules, posant doucement sa tête sur l'une d'elles.
Je frottai distraitement ma joue contre son front.
_Je suis heureux, murmura t'il, heureux qu'il puisse à nouveau voir la lumière...
Je tournai mon visage vers le sien, et il me regarda, une lueur de profonde tendresse au fond des yeux.
_Non, tu n'as pas compris, répondis-je.
Ses sourcils se froncèrent en un pli interrogateur.
_La lumière, il la voyait toujours. C'était Trowa qui l'éclairait, c'était lui qui le guidait, sa présence qui le réchauffait.
J'hésitai un moment, puis continuai:
_Et c'est toi qui m'as fait me sentir vivant, ton amour qui m'a réveillé. Trowa est la lumière de Quatre. Mais ma lumière à moi, c'est toi...
Il ne répondit pas, mais se serra plus fort contre moi. Je sentis comme une douce chaleur m'envelopper, et ma main alla caresser doucement la base de sa natte, entortillant celle-ci entre mes doigts.
Puis, je me mis à observer Wufei qui s'était à nouveau adossé en silence près de la fenêtre et retournait toujours un objet entre ses mains.
_Et pour Wufei chuchota Duo à mon oreille, que va t'il se passer?
Ma main s'accrocha à la taille de mon compagnon.
_Ne t'inquiète pas pour lui...
Le Chinois poussa un soupir et baissa les yeux sur la rose qu'il tenait délicatement entre ses doigts. A la base de la corolle, un morceau de ficelle était noué, au bout de laquelle se balançait un petit dragon en origami. Un faible sourire naquit sur les lèvres de Wufei, et il reporta son regard sur le paysage qui s'étendait sous ses yeux par la fenêtre, profondément perdu dans ses pensées.
_A mon avis, continuai-je, il ne tardera pas à retrouver sa lumière...
Le 24 octobre.
Comment ai-je pu, en quinze ans d'existence, ignorer à quel point l'amour et l'amitié pouvaient être important dans la vie d'un être humain? Comment avais-je pu me laisser convaincre que je n'aurais besoin d'aucunes raison pour me battre, alors que depuis que j'ai trouvé la mienne, je mets dix fois plus d'ardeur au combat? Pour protéger ma vie. Pour protéger la sienne... Ainsi que celle de tous mes compagnons qui se sont révélés être des amis véritables sans qui la vie n'aurait plus aucun sens.
Je devais être aveugle... Encore plus que Quatre l'a été...
Quand je suis sorti, une semaine après mon réveil, j'ai demandé à Duo de m'emmener dans une église. Il a été surpris, sur le coup, mais il m'y a conduit. J'ai passé un moment à déambuler dans ses allées, observant les statues, m'arrêtant devant les tableaux, questionnant Duo sur la signification de tel ou tel symbole.
Il a répondu à toutes mes questions avec une telle patience et un tel calme que j'en fus surpris moi-même. La personnalité de Duo présentait tellement de facettes que s'en était étonnant. Mais c'était une joie toujours renouvelée que de les découvrir.
Puis, je lui ai demandé comment prier pour l'âme d'un mort. Une fois remit de sa surprise, il m'a expliqué que, généralement, comme il n'avait pas souvent le temps de rester prier dans l'église pour les défunts, il allumait un cierge en leur mémoire.
J'ai donc pris un cierge, l'ai allumé, l'ai placé dans le bougeoir prévu à cet effet, et j'ai adressé quelques paroles muettes à la petite fille qui m'avait parlé dans mon coma, espérant que cela suffirait pour qu'elle trouve enfin le repos.
Puis, j'ai pris la main de Duo dans la mienne, lui ai souri, et je suis sorti avec lui.
A présent, je sais qui je suis...
Je suis Heero Yuy.
Je suis un soldat. Un pilote de Gundam. Chaques jours, je me bats pour qu'enfin la paix puisse être instaurée entre la Terre et les colonies. Mais ce n'est plus ma raison de vivre.
Enfin, plus tout à fait.
Il y a à présent cette vie que je partage avec mes compagnons, et surtout avec l'un d'entre eux.
Il s'appelle Duo Maxwell. Il est lui aussi pilote de Gundam. Et je lui ai fais la promesse de ne jamais l'abandonner, de ne jamais mourir.
Cette promesse, j'ai l'intention de la tenir. Pour lui. Pour moi. Pour nous.
Pour la première fois depuis des mois, depuis ma rencontre avec lui, tout est clair dans ma tête. Je n'ai peut être pas choisie cette vie. Je n'ai peux être pas choisi d'être soldat, ni pilote de Gundam. Ni même d'être tombé amoureux d'un insupportable Américain bavard et beau à tomber par terre. Mais je pense, je suis même absolument certain, que je ne voudrais rien changer à cette vie.
Je ne suis pas un professionnel des discours. Je n'ai jamais été doué pour les longues phrases... Alors je vais me tourner vers la seule que je sais correctement dire, en espérant qu'elle soit vraie. Je la dis à ta place, Duo. Car tu as parfaitement réussi à dégeler mon coeur, à me faire me rendre compte que, moi aussi, je suis vivant, que moi aussi, je suis humain.
Oui, tu peux le dire...
Mission accomplie.
~OWARI~
