Auteur : Asrial

Genre : Romance / Angst / POV

Base: Shaman King

Couple : Hao X Yoh

Rating : R

Coeurs

5 Décembre….

Nous sommes le 5 Décembre…

La nuit est tombée sur le Village depuis de longues heures maintenant…

La lune doit baigner l'extérieur d'une pâle lumière blafarde…

Ici…Il est impossible de la voir…

Ici…Ce n'est qu'un village mort qui perpétue d'antiques traditions qui ne reviennent a la vie que tous les 500 ans…

Pour rien…

Pour un combat stupide et sans passion…

Pour un but incertain et sans incidence sur quoique ce soit…

Je déprime ce soir…

Et pour une fois, je ne suis pas obligé de garder de masque…Ce sourire de façade qui les abuse tous les uns après les autres….

Pas tous pourtant…

Trois d'entre eux ne se laissent pas troubler par mes manières fantasques et tranquilles.

Trois petits paquets déposés sur la chaise en face de mon lit pendant que je somnolais…

Car c'est mon anniversaire ce soir, voyez vous.

Dix-sept ans.

Dix-sept ans que je suis né.

Dix-sept ans que je fus séparé de mon jumeau

Dix-sept ans qu'ils tentèrent de le tuer.

Ils ?

Nos parents…

Les choses auraient-elles pu être différentes s'ils s'étaient occupés de lui ?

Sans doute pas…

Mais peut-être…

Peut-être…

Peut-être que je n'aurais pas souffert de ce manque qui m'étreint le cœur depuis si longtemps que je ne me souviens même plus d'avant la douleur…

D'avant l'absence…

Comme si une partie de moi-même m'avait été arrachée…

Raison de ma solitude…

Raison de ma crainte à me lier aux autres…

Etonnant non ?

Moi qui sais si bien rallier les autres à ma cause, à les rassurer, à les réconforter…

Je les maudis, je les exècre…

Je les crains…

Que peut un enfant contre le destin que sa famille lui a choisit ?

Que pouvais-je dire…

Que puis-je y faire maintenant encore…

Quelle importance…

Je me dois au rôle de "sauveur" que l'on m'a imposé…

Que mon nom et ma lignée m'imposent…

Quelle ironie !

Je demandais juste à ce que l'on me laisse tranquille…

Je voulais juste qu'on me laisse dorloter l'hémorragie suintante de mon cœur…

Ce manque qui me tue lentement sans que quiconque ne s'en doute ou même ne s'en soucie…

Non… je fais erreur…

Ils sont trois à savoir…

Deux a le voir…

Et un a le sentir…

Je me laisse glisser à bas de mon lit.

Un petit sourire affleurer a mes lèvres.

Rien qu'en voyant les paquets, je sais de qui ils sont…

Je prends le premier.

Il est lourd, solide, rectangulaire….

Manta…

Un livre ?

Gagné….

"Le Feng-shui pour les nuls".

L'ironie mordante au point de laisser des traces de dents sur une tartine beurrée de mon premier vrai ami parvint même à m'arracher un petit sourire…

Je prends le second…

Une petite boite…

Je n'ose le secouer, je ne connais que trop l'humour tordu de Silva…

Il est pire que moi et à des années d'expérience d'avance dans l'art de l'exaspération. Je reconnais qu'il est mon maître dans sa technique de faire criser les gens…

Mais Goldova est si amusant a faire tourner en bourrique…

Ca se voit que j'aime pas le vieux ?

Dommage…

Tient donc…

Un rossignol en cristal…Et taillé a la main !

Ce garçon m'étonnera toujours…

Sans doute pour ceci qu'il m'offre cela…

Encore une personne capable de me sortir de ma morosité ordinaire avec une simple parole, un bête commentaire décalé où l'un de ses fameux sourire railleurs…

Je vais croire que le sourire est l'arme absolue de la famille, même s'il est décliné d'une infinie façon parmi ses membres…

Et enfin, le dernier…

Il est petit…

Juste une carte…

Deux mots en fait…

"Rejoins-moi"

Je n'ai pas besoin de me casser la tête bien longtemps pour savoir de qui est cette offrande…

Oui…une offrande…

Et de bien des façons…

Je m'habille.

Je ne suis pas le seul à avoir 17 ans ce soir.

Nous sommes deux…

Et je veux au moins fêter cet anniversaire avec lui…

Sans doute serons amené a nous entre-tuer, à nous entre déchirer…

Parce que c'est ce que l'on attends de nous…

Par ce qu'il a choisit son but et que l'on m'a dressé tel un chien pour me mettre en travers de son chemin…

Parce que les problèmes Asakura doivent être réglés par les Asakura.

Conneries !

Et nous là dedans ?

Hao veux éliminer les humains...

Grand bien lui fasse !

J'en viendrais presque à croire que ce sont les Shamans qu'il faudrait éradiquer…

Conneries…

Je cherche a tâtons mes chaussures en bas de l'escalier avant de les trouver.

Un nouveau sourire à l'ironie si majuscule qu'elle pourrait être vu a 10 degrés de distance d'ici franchit mes lèvres.

Silva aurait fait un parfait grand frère…Il me connaît bien…

Je prends la lampe torche qu'il a laissé à mon attention ainsi que le trousseau de clés et sort, refermant la porte sans bruits derrière moi.

Un énorme soupir de soulagement me parcourt.

Comme si un immense poids m'avait été ôté des épaules…

Je me retourne avant de prendre la direction des cavernes sud.

Une des fenêtres de la petite maison est encore allumée…

Lorsque j'arrive près du premier carrefour, elle s'est éteinte…

Normal…

J'allonge le pas sans même m'en rendre compte.

Je sais où je vais.

Je le sens…

Comme je sens la brusque embardée de mon sang dans mes veines lorsque j'approche de ma destination.

Le ciel s'ouvre brusquement au dessus de moi.

Après l'obscurité des tunnels, l'éclat de la lune me parait aussi violent que celui d'un soleil…

La vieille amante des souffrances du cœur…

La compagne immortelle d'un millier de mes nuits solitaires…

Ha, je suis bien lyrique ce soir…

Tu te tournes vers moi lorsque je m'approche sans chercher à cacher ma présence…

Ton habituel laquais miniature n'est pour une fois pas pendu a tes basques…

Un changement heureux…

Grand frère…

Hao…

Grand père…

Tout en même temps et pourtant tellement plus…

Tu m'étreins avec une douceur que jamais je n'aurais pu imaginer venant de toi…

Ma tête se pose au creux de ton cou tandis que tu imites mon geste et me serre davantage.

Je ferme les yeux…

J'entends les battements de ton cœur résonner a mes oreilles…
Comme avant…

Comme lorsque nous étions encore un…

Inséparables…

Au sein de cette matrice protectrice dans laquelle nous avions grandis…

Il paraît que jamais un enfant ne peut se souvenir de sa vie intra utérine. C'est faux…

Je le sais…

Là…Maintenant…

Ce son si rassurant et si indispensable…

Le simple battement d'un cœur jumeau…

Le rythme fantôme qui a toujours manqué à ma propre existence…

Je pourrais sans doute m'endormir là…

Niché contre toi…

Serré contre ta poitrine comme un tout petit…

Toi aussi tu l'entends n'est ce pas…

Toi aussi tu le ressens…

Toi aussi il te manque…

Hao…

Grand frère….

A suivre