Lily Evans, en quatrième année, était déjà plus belle que bien des filles plus âgées. Elle ne s'en rendait pas compte, mais plusieurs têtes se tournaient sur son passage tandis qu'elle marchait le long de la voie 9 3/4 avec sa meilleure amie Annie. Quand elle apercevait quelqu'un les regarder fixement, elle était certaine que c'était à cause d'Annie. Cette dernière était habillée tout en noir, malgré la chaleur humide de ce premier septembre. Ses longs cheveux de la même couleur se confondaient avec son chandail et sa peau pâle paraissait presque fluorescente à cause du contraste. Elle portait aussi de grosses lunettes noires qui couvraient ses jolis yeux gris et les grands cernes qui les entouraient. Elle avait passé la dernière semaine de vacances chez Lily, et celle-ci avait la désagréable habitude de réveiller tout le monde à cinq heures du matin, le premier jour d'école, de peur de manquer le Poudlard Express. Elle savait pourtant que c'était inutile : à chaque année, elle avait passé plus d'une heure à ne rien faire chez elle et était arrivée une heure à l'avance. Lily ne ressemblait pas du tout à Annie, avec ses boucles rousses indisciplinées et ses yeux vert feuille pétillants de bonheur à l'idée de revoir ses amis. Bon D'accord Il n'y avait qu'une semaine qu'elle ne les avait pas vus Mais tout de même. Elle avait passé les deux semaines avant qu'Annie ne vienne chez elle dans l'immense maison de James Potter, avec ses amis Sirius Black, Remus Lupin et Peter Pettigrow. Bien qu'elle ait eu quelques réveils désagréables dus à Sirius qui ne pouvait s'empêcher de troubler son sommeil avec de l'eau glaciale ou tout autre substance ayant le même effet, elle avait passé là-bas un des plus beaux moments de sa vie. Elle s'était aussi amusée avec Annie, mais C'était différent. Avec Annie, elle pouvait parler de choses sérieuses, avoir de longues conversations sur d'autres sujets que le Quidditch, mais surtout C'était une fille. Ni l'une ni l'autre, heureusement, n'étaient du genre à parler de " choses de filles ", du genre le maquillage, les vêtements et le beau gars qu'elles avaient vu dans la rue, mais Lily était contente d'avoir une amie de fille. Au début de sa première année, quand elle ne connaissait pas encore Annie, elle se tenait toujours avec les Maraudeurs, et pour tout dire, ils commençaient à lui taper sur les nerfs. Mais elle n'aurait échangé aucun de ses cinq meilleurs amis pour rien au monde.
Cinq minutes avant le départ du Poudlard Express, Lily se résigna à y embarquer sans avoir trouvé les garçons. Elle et Annie ne furent pas très contentes de voir que les trois autres Gryffondor de leur niveau, Caroline Miles, Claudia-Anne Desrochers et Maria Lendon, avaient envahi leur compartiment. Lily et Annie avaient pourtant pris la peine de mettre leurs sacs bien en évidence sur les sièges, mais les trois filles les avaient poussés par terre sans en faire plus de cas. Maria était habituellement gentille, mais ses deux amies étaient des pestes. Caroline, les cheveux blonds coupés aux épaules, couverte de maquillage de la racine des cheveux à la pointe du menton, était certaine qu'elle était absolument géniale et irrésistible. Même maquillée, elle avait un visage ordinaire, elle n'était pas très gentille et complètement stupide. Malgré cela, elle collectionnait les amours depuis sa première année. Elle était sortie avec beaucoup de Poufsouffles, plusieurs Gryffondors, quelques Serdaigles et même deux ou trois Serpentards, mais aucune de ces relations n'avait duré plus d'une semaine. On se demandait ce qu'elle faisait à Gryffondor, comme elle avait l'habitude de réveiller toute la tour en criant au beau milieu de la nuit parce qu'elle croyait avoir aperçu une petite araignée. Lily avait toujours pensé qu'elle avait été classée à Gryffondor faute d'autre choix : elle n'avait aucune patience, aucune intelligence et sa plus grande ambition était de se marier à un homme riche avec une grosse maison et d'avoir deux enfants. On pouvait dénoter une certaine ressemblance chez sa meilleure amie Claudia-Anne, qui venait de France était snob et se pensait supérieure à tous. Elle aussi était certaine d'être la plus belle et la plus intelligente, mais n'était ni très jolie, avec son visage allongé, son air dégoûté et ses cheveux ternes, ni très brillante, elle qui avait à peine plus de cervelle que Caroline. La troisième de leur groupe, Maria Lendon, n'avait rien à voir avec les deux autres. Elle était toute petite, timide, mais souriante, un peu maladroite et elle aurait été belle si elle n'avait pas porté autant de maquillage. Annie et Lily l'aimaient bien, et, quand ses deux amies l'énervaient trop, elle se tenait avec des Gryffondors plus âgés.
Annie parla d'un ton calme, mais ferme.
- Écoutez, c'est notre compartiment, ici. On est arrivées une heure en avance et on a pas envie de traverser tout le train pour trouver un compartiment libre. Alors dégagez.
- Il y a assez de place pour tout le monde ici, dit Claudia Desrochers en gloussant.
Elle détestait Annie et Lily presque autant qu'elles la détestaient. Annie n'était pas patiente dans ce genre de situation. Elle sortit sa baguette magique et dit : " Furonculus! " Aussitôt, le visage de Claudia se couvrit de grosses pustules dégoûtantes et de différentes couleurs. C'était une des spécialités d'Annie; un jour où elle était vraiment fâchée, elle avait fait apparaître des furoncles clignotants sur la tête de Rita Skeeter, une horrible Serpentarde de dernière année. Pour le moment, Claudia se sauva en criant, accompagnée de Caroline.
- Désolée!, dit Maria en se levant pour les suivre.
- Oh, c'est nous qui sommes désolées!, s'exclama Lily.
Elle et Annie lui firent un petit signe de la main, puis s'assirent confortablement.
- Oh non Elles ont oublié leurs sacs.
- Tu sais, ce n'est pas exactement le genre de choses à quoi tu penses quand tu es pleine d'énormes boutons. Surtout si tu t'appelles Claudia-Anne Desrochers Mais elles vont sûrement envoyer Maria les chercher. Elles vont avoir peur de toi pour un bon moment.
- Youpi! La paix dans les dortoirs le soir! Pas de discussions dans le genre : " Oh, Claudy, tu ne trouve pas que Severus Rogue est terrrriblement sexy? "
Lily rit, prit une voix pincée et dit avec un air supérieur :
- Voyons, Caro, tu perds la tête! Cet horrible personnage graisseux est loin d'être assez bien pour moi!
À ce moment, la porte s'ouvrit avec fracas et apparut Severus Rogue, suivi de sa bande : Evan Rosier, Ann Wilkes, Mark Lestrange, Amanda Flint et Jonathan Avery. Ils étaient tous des Serpentards de quatrième et cinquième années, réputés pour étudier en secret la magie noire. Annie et Lily se demandèrent qu'est-ce qu'ils leur voulaient, jusqu'à ce que Caroline Miles apparaisse derrière eux. À leur grande surprise, elle dit à Rogue : " Ce sont eux, mon amour! " et l'embrassa. Les deux filles eurent peine à réprimer leur expression de dégoût, mais elle se contrôlèrent vite quand elles virent les six Serpentards lever leurs baguettes vers elles. Elles eurent beau lancer sans arrêt des sortilèges de Stupéfiction, ils étaient bien trop nombreux. Elles battirent en retraite dans le couloir, sans oublier leurs sacs, elles.
- Comment peut-elle sortir avec un SERPENTARD!, cracha Lily. Elle déshonore notre maison.
- En plus Celui-là Combien de temps penses-tu qu'il s'est écoulé depuis sa dernière douche? Mais ne t'inquiètes pas, Lily, on aura notre revanche.
- Annie? On pourrait avoir notre revanche sur Sirius, aussi? Il m'a réveillée pendant deux semaines avec une cruche d'eau froide ou de jus bien collant, un cube de glace ou d'autres choses aussi charmantes. Et puis Tant qu'à y être Les trois autres gars aussi! Tu sais, tant qu'à être dans le dortoir
- D'accord, pensons à quelque chose de désagréable à leur faire
Annie et les Maraudeurs étaient reconnus pour se détester. En fait, la seule personne avec qui s'entendait Annie était Lily Peut-être Maria, aussi. Personne ne dérangeait Annie Harley. Ou en tout cas, personne ne la dérangeait longtemps. Juste imaginer l'expression qu'aurait Caroline quand elle la verrait le soir venu, seule dans le dortoir, suffisait à rompre le masque impassible du visage d'Annie, et même à la faire éclater de rire.
- Qu'est-ce qu'il y a?, demanda Lily, peu habituée à ce genre de manifestations de la part d'Annie.
- Rien Je pensais à Caroline Miles
- Ah, d'accord. Je pensais que te lever, hum, un peu tôt ne te faisait vraiment pas.
- Me lever un peu tôt, comme tu dis, ne me fait vraiment pas.
Elle enleva ses lunettes fumées, faisant rire Lily avec ses yeux tous petits et aveuglés par la lumière ambiante et soulignée de grands cernes. À ce moment-là, Myra, la grande sur de James, préfète de Serdaigle, fit irruption dans le corridor.
- On ne traîne pas dans les couloirs, choisissez un Oh, bonjour, Lily!
Elle jeta un regard étrange à Annie, qu'elle n'avait encore jamais vue sans ses lunettes noires. Celle-ci s'empressa de les remettre et Myra détourna le regard.
- Bonjour Myra! As-tu vu ton frère?
- Non, désolée. En fait, je n'y tiens pas particulièrement. Le soir où tu es partie, James et ses gentils petits amis ont métamorphosé mon lit en cochon. Et le temps que je m'en rende compte, ils étaient déjà partis chez Remus. Si tu les vois, tu me le diras, je dois les étrangler. Salut!
Elle rentra dans son compartiment.
Après avoir parcouru plus de la moitié du train à la recherche des Maraudeurs, Annie et Lily ne les avaient toujours pas trouvés. Annie s'écria, alors qu'elles entraient dans un compartiment vide :
- Cette fois-ci, ça suffit! Je ne vais pas passer des heures à courir après des imbéciles juste parce que Pourquoi tu veux les trouver exactement, Lily?
- Bien Parce que Parce que!
Lily ne voulait pas dire " Parce que je m'ennuie d'eux ", certaine qu'Annie rirait d'elle pendant une éternité. Elle lui fit d'ailleurs remarquer :
- Tu vois, tu n'as même pas de bonne raison!
- Pfffff, pour toi, la seule bonne raison serait : " Pour les assassiner! "
- Peut-être, mais tu n'as quand même pas de bonne raison!
Il y eut un petit moment de silence boudeur, puis Annie dit :
- Bon, d'accord, tu as gagné. Vas-y, laisse tes bagages ici, je vais les surveiller. Moi, je ne bouge plus d'ici avant qu'on arrive à Poudlard.
Elle s'écrasa sur un siège, ôta ses lunettes et roula les manches de son T-shirt. Il n'y avait pas de discussion possible. Lily repartit donc seule à la recherche de ses amis.
Des rires et des cris lointains donnèrent de l'espoir à Lily alors qu'elle était un peu passé les trois-quarts du train. Qui d'autres que les Maraudeurs pouvaient faire tant de bruit? En fait, le bruit provenait de deux wagons plus loin. Lily se demanda ce que ses amis pouvaient faire de si bruyant et pourquoi ils n'avaient pas été repérés par un préfet. À moins que Non Ils n'avaient quand même pas C'étaient les préfets de Poufsouffle qui surveillaient l'arrière du train. Et les quatre Maraudeurs avaient toujours trouvé très drôle de s'amuser aux dépens des Poufsouffles. Et Lily imaginait très bien Sirius Black, la baguette magique pointée sur quelques préfets terrorisés, en train de pratiquer les nouveaux sortilèges qu'il avait appris durant l'été. Effrayée de ce qu'elle pourrait trouver, elle prit une grande respiration et ouvrit la porte d'un coup. C'était pire que tout ce qu'elle avait pu s'imaginer. Ses amis ne s'y trouvaient pas, non. C'était Un party de Poufsouffles!
