Bonjour à tous !

Nouveau mois, nouvelle histoire — sur un thème commun, mais que j'avais très envie d'explorer à ma façon !

May a un nouveau petit ami, et les choses ne se passent pas exactement comme prévu avec Peter... d'autant plus que Spider-Man ne semble plus lui être suffisant pour se sortir la tête hors de l'eau. Tony Stark pourrait être le seul à pouvoir l'aider !

L'histoire se passe chronologiquement après Endgame — avec un Tony vivant, bien sûr ! — et ne prend pas en compte Far from home et ce qu'il s'est passé ensuite. Pour les besoins du scénario, May n'a pas disparu pendant l'Eclipse et a continué sa vie — sans son neveu et le coeur brisé, comme vous pouvez vous en douter.

Pour les CW, on va parler de violences psychologiques et parfois physiques, de famille abusive, d'abus d'autorité, de perte de confiance en soi.

Mais il y aura aussi du mentor/protégé, beaucoup de réconfort et des relations saines, promis ! Aussi, j'aime beaucoup May, et bien qu'elle fasse des erreurs, elle reste une tante en or pour Peter !

J'ai beaucoup aimé me mettre à écrire cette nouvelle histoire, et j'espère qu'elle vous plaira !

Bonne lecture !


L'automne avait déposé des touches d'ocre, de roux et d'abricot dans les rues de New-York. De faux squelettes se balançaient sur les porches des immeubles, des citrouilles grimaçaient à l'entrée des commerces. Le mois d'octobre était partout, enrubannant les rues d'un parfum de cannelle et de potiron chaud. Peter sourit et rajusta son sweat-shirt Iron-Man pour ne pas sentir la morsure du vent contre sa nuque.

New-York respirait la fête et la vie. Ce devait être un contrecoup de l'Éclipse ; après cinq ans à se morfondre dans le deuil et la douleur, la ville avait décidé de renaître de ses cendres. Quelqu'un avait même collé des affiches de Spider-Man sur la devanture d'une boutique, avec les mots « L'araignée sympa du quartier est de retour, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles ! » auxquels une autre personne avait rajouté, à la main : « Bon retour à la maison, Spidey ! »

Peter n'avait jamais eu conscience de son impact sur le moral des citoyens, mais l'idée d'être un symbole de protection lui plaisait.

« Attention aux chevilles, Spider-Kid. Le costume n'est pas extensible » lui avait envoyé M. Stark après que Peter lui ait raconté — par messages — en long, en large et en travers à quel point il était heureux d'être utile à New-York.

« Il faut bien que quelqu'un veille sur la ville, maintenant qu'Iron Man est un retraité qui cultive ses laitues et ses tomates à l'autre bout du monde ! ;) » avait-il rétorqué, ne recevant en retour qu'un smiley qui levait les yeux au ciel, suivi d'un « Pourquoi t'ai-je donné mon numéro, déjà ? PS : Merci de ne pas le vendre sur ebay » qui avait aussitôt récolté un joyeux « Parce que je suis votre stagiaire préféré è_é ! ».

M. Stark lui avait laissé un vu, mais Peter était persuadé que son message lui avait arraché un rictus amusé — tout comme il était persuadé que M. Stark lui faisait désormais suffisamment confiance pour ne plus surveiller les moindres de ses faits et gestes lors de ses patrouilles via Karen. Il fallait dire que l'ancien super-héros était occupé, désormais, avec Pepper et Morgan ; surveiller ses frasques devait être le cadet des soucis !

Peter était sincèrement heureux que son mentor ait trouvé une forme d'apaisement dans son chalet au bord du lac ; toutefois, il ne pouvait s'empêcher de ressentir un pincement au coeur en songeant aux soirées qu'ils avaient passé dans son laboratoire, avant l'Eclipse, à mettre au point de nouveaux gadgets pour son costume. Après son départ, M. Stark lui avait laissé un accès à la Tour des Avengers, mais ce n'était pas exactement pareil sans lui. Peter n'avait jamais été un adolescent solitaire, et le silence qui régnait désormais entre les murs du laboratoire le rendait nerveux.

Mais cet après-midi là, alors qu'il rentrait du lycée, Peter ne songeait pas spécialement à M. Stark ni au vide que son départ avait laissé dans sa poitrine. Toutes ses pensées étaient focalisées sur May et sur le dîner qui s'annonçait.

Un dîner à trois.

— Tu vas adorer James, mon chéri. Il a tellement hâte d'enfin te rencontrer !

James était le nouveau petit ami de sa tante. Elle l'avait rencontré durant l'Éclipse. Il l'avait aidée à surmonter sa disparition, lui offrant un soutien sans faille alors qu'elle était dévorée par la peine et la douleur. Il travaillait dans une société de sécurité privée et avait brièvement vécu avec elle, mais ils avaient décidé — d'un commun accord — de prendre leurs distances au retour de Peter, afin de ne pas perturber l'adolescent. James était reparti vivre dans son logement de fonction près de Central Park, tandis que May avait réaménagé la chambre de Peter dans le Queens, s'efforçant de faire comme s'il n'avait jamais disparu. Toutefois, elle n'avait pas effacé toute trace de James, et de nombreux éléments trahissaient son ancienne présence dans l'appartement, comme si son fantôme hantait encore les lieux — un flacon de parfum trônant sur le rebord du lavabo, un peignoir dix fois trop grand sur le radiateur de la salle de bain, une paire de chaussures taille quarante-cinq dans l'entrée…

Et ce soir-là, ils allaient se rencontrer officiellement. Peter ne savait pas exactement s'il en concevait de la curiosité, de la méfiance ou une pointe d'anxiété. Probablement un savant mélange des trois.

Il fit un détour pour acheter du pain avant de rentrer dans l'appartement. Après avoir poussé la porte, il resta planté sur le paillasson, stupéfait.

Une tornade semblait s'être déversée dans les couloirs, emportant tout sur son passage. Les affaires qui traînaient un peu partout avaient mystérieusement disparues ; les coussins étaient parfaitement alignés sur le canapé et la nappe des grands jours recouvrait la table, couronnée de couverts étincelants que Peter n'avait jamais vu.

Et, surtout, il y avait ce parfum.

Un parfum lourd, entêtant. Des agrumes, de la lavande, du cèdre. Un parfum masculin, qui grignota sa nuque d'un frisson étrange — puis de grands yeux verts, chauds et pétillants, rencontrèrent les siens et son coeur manqua un battement.

— Peter, tu es là ! s'écria May en se précipitant vers lui. On attendait plus que toi, mon coeur !

Elle passa le bras autour de ses épaules, d'un geste tendre et protecteur. Son beau visage irradiait de fierté alors qu'elle l'entraînait vers ces yeux verts qui le fixaient avec curiosité, ces yeux qui faisaient naître un étrange pressentiment dans sa poitrine, sans qu'il ne soit en mesure d'expliquer pourquoi.

— Hey, Peter, l'accueillit cordialement James en lui tendant une main immense, plus grande encore que celle de Happy. Enchanté d'enfin rencontrer le premier homme de la vie de May.

— Bonjour, Monsieur, répondit poliment Peter en prenant garde à ne pas écraser ses doigts. Pareil, euh, enchanté. Mais ce n'est pas moi, le premier homme de sa vie. C'est Ben.

Il regretta d'avoir prononcé ces mots en sentant les mains de May presser ses épaules un peu trop fort.

— Je sais, bonhomme, répondit pourtant James d'un ton léger, sans se départir de son air jovial. Et loin de moi l'idée de remplacer ton oncle. Pour l'instant, mon seul objectif est de te faire goûter ma recette spéciale de poulet au curry — et, accessoirement, de rendre ta tante heureuse, mais il semblerait que d'une façon ou d'une autre, ces deux tâches se rejoignent.

Peter hocha la tête, May émit un petit rire et la pression sembla se relâcher d'un cran.

Néanmoins, alors qu'il aidait sa tante à mettre la table, Peter crut sentir le regard de James peser contre sa nuque. Il décida de l'ignorer et de jeter un regard à son téléphone portable, dont l'écran venait de s'illuminer. Aussitôt, un grand sourire fendit son visage.

Tony Stark : Hey, Pete. Comment ça se passe, avec M. Boucles d'or ?

Peter Parker : Vous avez installé des caméras chez moi, M. Stark ?!

Tony Stark : Ma caméra s'appelle Happy.

Tony Stark : Il m'a parlé du nouvel ami de ta tante et de votre dîner.

Tony Stark : D'après lui, c'est un type qui pourrait vendre du dentifrice à une poule.

Peter Parker : LOL xD

Tony Stark : Non.

Le sourire de Peter s'agrandit, avant qu'il ne réponde :

Peter Parker : Ça va, il a l'air sympa. Il a préparé du poulet au curry pour May et moi.

Peter Parker : Et je n'ai jamais vu des chaussures aussi bien cirées que les siennes. Encore mieux que les vôtres.

Tony Stark : Impressionnant.

Tony Stark : C'est l'homme idéal, donc ?

Peter Parker : Ouais, on dirait bien.

Peter Parker : Il a l'air de

Il n'eut pas le temps de terminer son message ; une main se referma sur son bras et il fit un bond sur place, le coeur manquant un nouveau battement.

— Pete, pourrais-tu m'aider à servir le poulet et le riz ? demanda James d'un ton aimable en relâchant son bras. Quatre mains ne seraient pas de trop pour remplir ces assiettes.

— Oh… ouais. Ouais, si vous voulez, répondit Peter en jetant un regard en coin à May qui, de l'autre côté de la pièce, allumait une rangée de bougies qui plongeaient le salon dans une ambiance douce et tamisée.

Il s'exécuta rapidement, sentant son téléphone vibrer dans sa poche mais n'osant plus le regarder.

Après les avoir généreusement remplies, ils apportèrent les assiettes à May. Elle les remercia avec chaleur, d'un baiser sur le front pour l'un et sur les lèvres pour l'autre — Peter détourna le regard, à la fois embarrassé et légèrement dégoûté par cette soudaine effusion d'affection.

— Alors, Pete, embraya James lorsqu'ils se furent installés. Tu es à Midtown, c'est ça ? Tu étudies les sciences ? Tu aimerais devenir chercheur ?

— Euh, ouais, peut-être, hésita Peter, puis voyant le signe de menton encourageant de sa tante, il ajouta : En fait, quand j'aurai fini le lycée, j'aimerais aller au MIT, comme Monsieur Stark, mais…

Il s'interrompit net, craignant d'en avoir déjà trop dit, mais James ne sembla pas perturbé par ce nom :

— Oui, May m'a expliqué que tu avais réussi à décrocher un stage à Stark Industries malgré ton jeune âge. Bien joué, bonhomme : tu dois être un garçon très brillant, pour avoir attiré l'attention de Tony Stark !

— Euh… Je préparais surtout le café, ce genre de truc. Pas de quoi sauter au plafond, prétendit Peter en haussant les épaules — mais il ne put s'empêcher d'esquisser un sourire, touché par le compliment.

— Ne sois pas modeste, chaton. Tony t'adore, il ne pourrait pas faire trois calculs sans toi, rétorqua May avec un clin d'oeil malicieux.

Peter lui sourit en reprenant une bouchée de riz épicé.

Le reste du dîner fut plutôt paisible, ponctué par les questions et anecdotes de James, sous le regard envoûté d'une May qui semblait plus heureuse qu'elle ne l'avait été depuis des années — peut-être même depuis la mort de Ben, songea Peter avec un pincement au coeur.

A la fin du repas, Peter et James débarrassèrent la table et empilèrent la vaisselle dans l'évier, non sans témoigner d'un certain don pour l'emboîtage de fourchettes. Ils étaient seuls dans la cuisine étroite, May étant restée dans la salle à manger pour épousseter les miettes et éteindre les bougies.

— Je comprends que cela puisse être difficile, Pete, lui dit soudainement James en tournant le visage dans sa direction. Accueillir un homme sous ce toit, alors que tu avais l'habitude de vivre seul avec ta tante…

— Bof, vous n'êtes pas le premier, répondit Peter sans y réfléchir.

Un éclat étrange traversa le regard de son interlocuteur et Peter se demanda s'il n'avait pas raté une occasion de se taire ; toutefois, l'instant d'après, James éclata de rire et lui décocha un clin d'oeil amusé, comme s'il venait de lancer une plaisanterie particulièrement hilarante.

— Tu as raison, je ne suis pas le premier. Mais j'espère bien être le dernier ! May est une femme trop formidable pour se permettre de la perdre.

Peter hocha la tête avec une telle ferveur qu'il sentit ses cervicales craquer. James rit avant d'ajouter, d'un air soudainement cérémonieux :

— Je veux simplement que tu saches que je n'ai aucune mauvaise intention à son égard. Je ferai tout pour qu'elle soit la femme la plus heureuse du monde, je t'en donne ma parole.

— Oh… okay. Très bien, répondit Peter, surpris par la solennité qu'affichait désormais l'homme.

— Et puisque tu sembles grandement contribuer à rendre May heureuse, je ne peux que te remercier d'être là. Elle est extrêmement fière de toi, tu sais ? Elle n'a que des compliments à ton égard. Tu es un bon neveu, Pete, ajouta James en lui pressant affectueusement l'épaule.

Peter sursauta, surpris par le geste. James ne parut pas s'en formaliser et le gratifia d'un dernier clin d'oeil avant de rejoindre May dans le salon.

OOO

— Ça s'est plutôt bien passé, non ? s'enquit May après son départ, alors qu'il l'aidait à faire la vaisselle, de la mousse parfumée à la poire jusqu'aux coudes.

— Ouais, c'est vrai, admit l'adolescent.

— Comment l'as-tu trouvé ? Je sais que ce n'est pas Ben, mais…

Elle semblait inquiète. Peter observa son visage fatigué, son sourire hésitant, les cernes qui creusaient ses yeux doux, et fut saisi d'une brusque bouffée de tendresse à son égard. Bien qu'à moitié trempé de liquide vaisselle, il s'approcha d'elle et, sans la moindre hésitation, l'enlaça, nichant le menton contre son épaule. Elle rit en lui rendant son étreinte.

— Mon bébé…

— Ne t'inquiète pas, May. James fera très bien l'affaire, lui murmura Peter. En fait, il a même l'air d'être quelqu'un de pas mal. Pas mal du tout.

Avant d'ajouter, plus haut :

— Mais il faudra lui dire que les permanentes ne sont plus à la mode depuis des siècles. Ses bouclettes blondes sont vraiment ringardes.

May pouffa de rire et lui caressa la joue, du bout de ses doigts abîmés par les lavages de mains à l'hôpital.

— Je lui ferai passer le message le jour où tu accepteras de couper tous ces cheveux qui tombent dans tes yeux.

Peter grimaça, ce qui la fit pouffer de rire — puis elle demanda, plus sérieuse :

— Est-ce que ça veut dire que tu valides James ?

Peter hésita.

Il savait que May accordait de l'importance à sa réponse. Un simple « non », et toute la relation qu'elle s'était efforcée de construire avec l'homme serait reléguée au second plan. May ne lui aurait jamais imposé un petit ami sans son consentement. Elle n'aurait peut-être pas rompu, mais elle aurait limité les rencontres, aurait strictement cloisonné ces deux aspects de sa vie. James d'un côté, Peter de l'autre — jusqu'à ce que l'une des cloisons devienne trop étouffante et que la relation ne s'éteigne d'elle-même.

Mais Peter ne pouvait le lui imposer. James avait été le pilier de May durant l'Eclipse. Il avait été là lorsque lui-même l'avait abandonné. Il avait recueilli ses larmes et ses doutes, lui avait appris à se relever et même à goûter à l'espoir d'une nouvelle vie. Peter n'avait pas le droit de balayer cette relation, de se montrer égoïste alors qu'elle avait tant sacrifié pour lui, d'autant plus que James semblait sincèrement animé de bonnes intentions à leur égard.

Alors il sourit, plongea ses yeux dans ceux de sa tante et dit, sans douter une seule seconde de ses propres paroles :

— Je le valide complètement. Je suis heureux que tu aies rencontré quelqu'un de bien, May.