Salut !
Me revoilà après beaucoup de temps. J'ai toujours 3 fics en cours depuis des lustres que j'essaierai de terminer. J'avais besoin d'écrire, un besoin d'exprimer mon affection pour Nick et June. La série est bien mais leur couple me manque. Donc j'ai cherché dans quel univers je pouvais vous embarquer avec eux en ayant de la liberté tout en gardant un peu l'esprit de la série.
Voilà ce qui est en ressorti.
Merci à Margaret Atwood à qui j'emprunte certains de ses personnages.
Enjoy et merci par avance de me suivre.
Partie 1
Cela fait des jours que je l'observe.
La première fois que je l'ai croisé, c'était il y a un mois dans ce parc pour enfant où je me rends souvent. J'envie ces personnes, ces parents. Je n'ai pas d'enfant. Je n'ai plus d'enfant.
Hannah…
Je ferme les yeux de douleur. J'ai toujours ce nœud abominable qui me tord le ventre quand je pense à elle, quand je pense à eux.
Oui à eux car Hannah avait un père.
Luke.
Mort, lui aussi, dans cet effroyable accident de voiture alors que nous tentions de fuir notre ville pour ne pas nous faire prendre par ces enfoirés de fanatiques de Gilead. C'était il y a cinq ans. J'avais survécu à l'accident et j'étais parvenue à regagner le Canada comme prévu. Je ne me rappelle pas bien, j'étais en état de choc, anéantie par leur décès brutal. Quelqu'un s'était arrêté, m'avait embarquée, je m'étais laissée faire. Je me rappelai d'un camion, d'une odeur de maladie, j'étais blessée apparemment.
Un enfant pleure, je me crispe et me redresse par instinct, un instinct de mère que je ne peux empêcher. Un petit garçon est tombé, son père vient le consoler, ce père que j'observe depuis un mois sans comprendre pourquoi. Il est seul, seul avec son fils alors que les autres sont souvent en couple ou alors c'est la maman qui veille sur son trésor. Mais un père seul, ce n'est pas courant.
Mon cœur a un loupé.
Il regarde dans ma direction. Je suis toujours debout, la seule à vrai dire tandis que les autres parents vont et viennent. Je serre mon manteau gris d'une main, un frisson me parcourt, me tétanise alors qu'il se dirige vers moi (vêtu d'un long manteau noir et d'une écharpe dans le même ton) une fois son fils de nouveau en selle sur son cheval de bois. Je regarde à droite et à gauche, je trouve une échappatoire et je fuis.
-Attendez.
Je me stoppe net, je cligne des yeux, indécise. J'entends ses pas se rapprocher.
-Qu'est-ce que vous me voulez ?
Son ton est dur. Je peux comprendre qu'il soit méfiant, des enfants se font kidnapper même au Canada. Le désespoir de ces femmes sans enfants est terrible et destructeur.
-Rien, je balbutie.
-Retournez-vous !
Son ton autoritaire ne me laisse aucun choix, je me braque, cependant, dès que je croire son regard d'un noir abyssal.
-Pourquoi vous trainez ici ? Ce n'est pas la première fois que je vous vois et vous n'avez pas d'enfants.
Le choc est rude. Je deviens sûrement tout pâle car je ne me sens pas bien. Je sens mes yeux me piquer.
Ne pleure pas, pas devant lui.
Ses yeux se plissent. Il attend une réponse.
-J'aime venir ici, j'y emmenais souvent ma fille avant.
Il aimerait en savoir plus, je le devine mais son fils l'appelle de nouveau. Il hésite une fraction de seconde avant d'abandonner la partie et de faire demi-tour.
En franchissant le seuil de mon appartement, une heure plus tard, mon portable sonne, Moïra veut savoir si elle peut passer avec sa compagne. Elle passe me voir souvent malgré son bénévolat, elle vient en aide aux réfugiés de Gilead. Elle m'y a intégrée quelques temps, maintenant j'ai un travail rémunéré grâce à sa compagne qui dirige un centre d'aide aux femmes victimes de violences domestiques. Grâce à cela, j'ai pu me louer ce bel appartement deux pièces en centre-ville de Toronto. Je voulais vivre seule et ne plus tenir la chandelle entre Moïra et Carlie. Leur amour me rappelle trop celui que j'ai perdu.
-Pas ce soir. Je suis claquée, la journée a été longue.
-Ça va ?
Elle s'inquiète après tout ce temps malgré sa propre douleur, ses propres traumatismes dus à sa captivité de trois ans.
-Oui, embrasse Carlie pour moi. Bonne soirée.
-Ok. S'il y a quoi que ce soit tu m'appelles.
Je raccroche, je me sens seule.
Je pose mon manteau sur la desserte de l'entrée, j'enlève mes chaussures et je vais me servir un verre d'eau. J'ai la gorge sèche. Mon cœur bat encore très vite. Sa voix grave résonne dans ma tête. Je l'ai vu de près, il est de taille moyenne, je le voyais plus grand. Il doit avoir la trentaine, rasé de près, ses cheveux courts noir corbeau étaient coiffés en arrière avec soin. Il est plutôt bel homme dans son style même s'il est loin du type de mecs qui me plaisait autrefois.
Je me sens coupable.
Je me rends dans mon séjour, des photos s'éparpillent sur plusieurs pans de mur. Ils sont toujours avec moi, mes amours. Je perds pied encore. Je m'assois, mal en point. Je n'ai pas faim, je m'allonge dans le canapé et je me couvre jusqu'à la tête avec un plaid qui traine toujours là. Il n'est que 19 heures mais je n'ai pas la force de me mettre un coup de pied au cul. Je veux juste oublier.
OooooO
Je bois rapidement un café et je pars travailler. Je suis déjà à la bourre. Plus je dors plus je veux dormir, c'est un signe de dépression. Je tourne au ralenti, je fais tout pour lutter contre mais c'est dur. Je n'ai pas de vie sociale, j'ai rembarré tous ceux qui avaient tenté une approche et j'ai plongé corps et âme dans le boulot. Les journées ne sont pas roses. Les cas sont lourds mais je me sens bien qu'en aidant ces femmes qui, pour beaucoup, reviennent de Gilead. J'ai effectué des recherches sur ce que subissent les femmes là-bas. Moïra s'est un peu confiée à moi aussi. Je n'aurais pas supporté un dixième de ce qu'elles ont vécu et pourtant j'aurais préféré cette vie plutôt que de supporter la perte définitive de mes proches.
Je suis avec Helena, une jeune femme de 22 ans, elle revient pour la cinquième fois en deux mois. Je tente de lui proposer à nouveau de quitter son conjoint, elle semble cette fois plus réceptive. Il faut dire qu'il lui a balafré la joue. J'essaie de jouer sur ça, de taper du poing. Selon les femmes, je sens comment me comporter, comme un sixième sens.
-Je sais… mais comment je vais faire, je n'ai pas de travail, pas de famille vers qui me tourner.
-On trouvera une solution.
-Josh n'abandonnera jamais, il est tellement possessif et jaloux.
-C'est un junkie, Helena. Il finira par vous tuer. Vous devez porter plainte et le quitter.
-Je sais pas où aller.
Sa voix tremble, malgré tout, je décèle une volonté nouvelle en elle.
-Nous trouverons.
Le centre pour femme était plein, une chambre d'hôtel ? Ce n'était pas un endroit sûr. Un nouvel appartement ? Ça prendrait des mois. Sa détermination vacillait, je devais prendre le taureau par les cornes comme ferait ma meilleure amie.
-Je vais vous héberger le temps de vous trouver un studio. Nous avons des contacts pour les villes voisines. Il faut vous éloigner d'ici. Il y a un turn-over assez régulier dans ces logements. Ça peut être rapide comme ça peut prendre quelques mois.
Elle m'observe avec stupéfaction. Je sus aussi stupéfaite.
-Vous faites ça souvent ?
-Non. Jamais, j'ai toujours une solution mais là je ne peux pas vous laisser rentrer, j'ai comme un mauvais pressentiment.
Elle détourne le regard, hagarde, effleurant le pansement sur sa joue. Elle devient pale, a un haut le cœur.
-Je me sens pas bien.
-Allongez-vous dans la salle de repos. Je termine dans une heure.
OoooO
Cette fois, je ne fais pas de détour dans le parc. Vaut mieux de toute façon.
OoooO
Le lendemain midi, je reçois un appel affolé d'Helena.
-Il est en bas, il hurle, il essaie de monter. Je sais pas comment il a su que j'étais là. J'ai rien dit à personne.
Elle est complètement terrifiée.
-J'arrive.
Je préviens ma cheffe en urgence qui me permet de prendre une pause plus longue pour faire l'aller-retour. Après une demi-heure de route en mode stressée, je me gare à l'arrache sur le bas-côté et je me précipite chez moi, en flippe totale. Il n'est plus en bas. Je passe mon badge, j'ouvre la porte d'entrée de l'immeuble et je monte les marches quatre à quatre pour arriver au troisième étage. J'entends des bruits de lutte, ma porte est ouverte.
-Tu arrêtes tes conneries Josh, maintenant !
J'aurais reconnu cette voix entre mille. Le père de famille en manteau noir maintient au sol un jeune homme vociférant, son bras en torsion dans le dos, immobilisé d'un genou sur sa colonne vertébrale. Une prise efficace. Je reste figée devant cette scène surréaliste tandis qu'Helena se précipite vers moi en pleurs.
-J'ai appelé Nick, je ne savais pas quoi faire d'autre, il est le seul à raisonner son frère.
J'ai un sursaut, ledit Nick relève la tête, semble découvrir ma présence, fronce les sourcils.
-Que faites-vous ici ?
-J'habite ici ! Rétorqué-je, acide.
Il se renfrogne encore plus.
-Je vais appeler la Police, m'agacé-je.
-Je suis la Police.
Je suis bouche bée.
-Josh a déjà fait l'expérience de la prison, ce n'est pas ce qu'il lui faut.
-Dites ça à Helena !
-Elle est d'accord avec moi, me contre-t-il.
Je fais volte-face vers elle, courroucée.
-Il est sous l'emprise de l'alcool et de stupéfiant, se justifie-t-elle. Ça le rend agressif. Sinon il est gentil.
J'ai un sourire désabusé. Qu'est-ce que j'ai pu entendre ça.
-Ça ne changera pas ce qu'il est.
-Vous ne le connaissez pas, s'irrite Nick.
-Il s'est introduit chez moi pour menacer et frapper mon invitée, sa balafre sur sa joue vous suffit pas comme preuve ?
Nick soupire, jetant un œil à son frère.
-Il a très mal agi, il le sait.
Joshua est moins agité et pleure maintenant.
-Helena, je suis désolé, tellement désolé.
-Je vais l'emmener en désintox, j'ai une place pour lui pour une cure de 6 mois. Je m'en porte garant.
-Je m'en fiche que vous en soyez garant, on ne frappe pas les gens, bordel !
Il allait me répondre mais elle le devance :
-J'ai confiance. Nicholas est quelqu'un de parole, il n'est pas comme Josh.
-C'est à toi de voir, Helena, mais ça ne donnera rien de bon.
-On peut essayer, on a tous droit à une deuxième chance. Nick m'a proposé de venir chez lui en attendant d'avoir un logement, je ne veux pas vous prendre la tête plus que je ne l'ai déjà fait.
Je l'observe avec méfiance.
-Pour quelle raison vous la prenez chez vous ?
Il est réticent à me répondre mais je campe sur mes positions. Il se montre hostile.
-Vous n'auriez pas dû l'emmener chez vous. C'est la petite amie de mon frère, c'est à moi de m'en occuper.
-Elle n'avait nulle part où aller ! M'énervé-je.
-Si, chez moi.
-Elle ne vous a pas mentionné lors de notre conversation.
-J'apprécie sa discrétion.
Il a un rapide sourire vers Helena. Cela le change radicalement, adoucissant ses traits. Il relève son frère qui pleure toujours. Il ne lui ressemble pas. Joshua a des traits quelconques, des cheveux châtain foncé, des yeux marron clair. Il est d'une maigreur effarante. Il ne doit pas avoir plus de 25 ans.
-Allons-y ! Helena je reviens te chercher en fin de journée, le temps de l'emmener et de récupérer Leo.
Leo…
Joshua tente mollement de se débattre mais il a visiblement peur de son frère. La minute suivante, ils sont en bas. Je les regarde partir avec appréhension, Nick lève son visage vers ma fenêtre. Je laisse retomber le rideau illico.
