L'âge de la raison

Auteur : Rain

Disclaimer : Shaman King…. Ne m'appartient pas ! Je sais, je sais, quel choc, quelle surprise. Pardon d'avoir ainsi dissimulé la vérité. Je ne suis qu'une humble fanartiste.

Notes :

Cette petite chose me trotte dans la tête depuis... depuis des mois ! Et je ne savais pas quoi en faire. Alors me voilà. Ca ne devrait pas accumuler trop de chapitres. Neaice, happy ending... peut-être? XD


Ça se passe quand on a sept ans. L'âge de la raison, comme on dit, ce qui en dit long.

Elle grandit devant des vitrines illuminées. Les mannequins sont barbouillés de fausses marques, qui scintillent quand on s'approche. C'est un peu comme ça qu'elle apprend à lire. C'est dans ces marques que la limite entre le monde réel et les contes de fées se brouille, le seul rayon de soleil sur sa petite existence. Personne n'est jamais seul. Tout le monde, même les plus insignifiants individus, ont quelque part un autre, une âme sœur qui nous attend quelque part dans le monde, et sur leur peau les premiers mots qu'on leur dira jamais. Une promesse d'intimité. Tout le monde cherche son autre, et une fois trouvé commence le bonheur éternel.

Quand elle les rencontre elle ne voit pas leur marque. Il lui faut un peu de temps et de courage pour demander, mais elle n'a pas besoin de permission. Elle aperçoit celle de Marco alors qu'il se lave dans les eaux glaciales de la baie. Elle lui dit que c'est dangereux. Il dit que le sel et le danger bénissent ceux qui les bravent, puis il plonge la tête sous l'eau.

Les mots sont étalés sur ses omoplates, comme des ailes. Elle connaît les lettres et, de façon surprenante, la langue. Qu'est-ce que tu veux ?

Marco dit qu'il les a entendus murmurés à son oreille quand il est entré dans l'Église pour la première fois, et Jeanne voit Rackist sourire à cette idée. Elle ne lui dit pas que ça n'a aucun sens. Quand elle demande, lui montre la sienne, sur l'intérieur de son poignet. C'est de l'italien, mais il traduit : Viens avec moi.

Rackist est très, très vieux, et dit ne pas se rappeler qui lui a dit les mots. Ça n'a pas marché. Voilà qui l'interroge : que ça puisse ne pas marcher. Elle pensait que ceux qui ont des mots ont un destin tout tracé. Que Dieu ne laisserait pas de tels espoirs ne pas aboutir. Ne sait-Il pas ce qui vaut mieux pour son troupeau ?

Il sait, dit Rackist, mais Il ne veut pas forcer l'âme humaine. Le libre-arbitre est Son dernier présent, et le plus terrifiant. Il faut choisir de poursuivre son destin, dit-il, chaque minute, avec toute son âme. Sinon, comme du sable, il glisse entre les doigts.

Plus tard elle prendra conscience que sa marque n'est pas embrasée. Marco non plus. Ça ne leur est pas encore arrivé. Mais elle ne le sait pas encore.

Sur ses bras, un jour normal dans une année normale car elle ne sait pas quand elle a sept ans, deux lignes apparaissent à l'improviste. Elles pourraient presque passer pour deux bracelets sombres, roulés jusqu'à ses biceps. Des mots étranges dans un alphabet étrange. Elle garde pour elle les marques et la date, et n'en dit rien.

Rackist se fige quand il les voit. Il est en train de lui mettre un bandage, clairement désireux de montrer son respect et de garder ses distances. Mais quand il les voit, il ne peut pas s'empêcher d'en suivre un du bout du doigt, les yeux pleins de questions. Il ne dit rien. Il n'en parle pas à Marco.

Jeanne non plus.

Tamao en a une sur chaque cheville, et ne sait pas s'il faut les lire comme une seule ou comme deux marques distinctes. La première est en japonais, des mots familiers qui deviennent ses premiers kanji. Fais bien attention.

Alors elle fait attention, à tout et à tout le monde. L'autre est dans un alphabet européen qu'elle ne maîtrise pas, et c'est assez bizarre pour attiser la curiosité des Asakura. Mikihisa est le seul à ne pas lui demander des comptes.

« Nous verrons quand ça viendra, » lui dit-il un jour. « On fait la course jusqu'au sommet ? »

Il n'empêche qu'elle se demande. Une marque ? Deux ?

La sienne, lui explique-t-il avant qu'elle ne demande, a été brûlée dans le même accident qui lui a prit le visage. Plus tard elle se demandera si Hao a fait exprès d'effacer le fait qu'un Shaman né humain sans lien avec une quelconque famille renommée est l'âme sœur de sa nouvelle mère. Mais Hao ne semble pas s'intéresser à Keiko, alors peut-être a-t-il seulement été indifférent, et pas cruel.

Durant sa première vie il n'a pas de mots. Elle dit que ce n'est pas rare, que beaucoup d'humains n'ont pas de mots, qu'il y a d'autres destinées. Ça leur donne tout de même une raison de plus de lui jeter des pierres.

Il est en train de graver Enfant-démon sur son bras quand il entend la foule se rassembler autour de la hutte de sa mère.

Lors de la seconde il ne regarde même pas ses mots. Il choisit explicitement de prendre avec lui une femme qui ne porte pas les siens, et qui lui porte des enfants dont il ne se soucie pas, et il n'y a pas de lien entre ces deux états de fait.

Cette fois-ci il a deux phrases, enroulées autour de ses poignets. Deux chaînes qu'il compte bien briser.