Précision: j'ai noté la fic comme omégaverse pour les gens que ça pourrait rebuter mais il s'agit surtout d'un prétexte ici pour du mpreg, donc si vous cherchez du omégaverse "pur" comme j'ai pu le faire pour Un Jardin pour deux vous risquez d'être déçu.

Voilà, bonne lecture !


Chapitre 1

« Je n'aurai jamais pensé que ça pouvait être aussi amusant de marcher pour aller au lycée !
- Et moi, j'aurais jamais cru que des gens ne l'avaient jamais fait une fois dans leur vie. »

Keigo regardait de chaque côté de la rue avec un air ébahi et émerveillé quant à Mizuiro, il ne disait rien mais il semblait apprécier. C'était vraiment la première fois qu'ils se rendaient au lycée sans chauffeur. Ichigo, lui, ne pouvait s'y habituer : il habitait dans le quartier à côté de son lycée et ne pouvait se résoudre à faire appel à quelqu'un pour le conduire ou même juste le servir. Il ne pourrait jamais se faire à ce nouveau train de vie.

Cela faisait six mois que sa vie avait pris une tournure improbable.

Cela faisait six mois que ses parents étaient morts dans un accident de voiture, peut être que cela expliquait pourquoi il ne voulait pas se rendre au lycée en voiture. Cela devait jouer sur son aversion. Il se souvenait de cette soirée comme si c'était hier. Elle était gravée au fer dans sa mémoire et des flashs lui revenaient sans qu'il ne sache comment les accueillir.

Il était rentré du collège en avance : une violente tempête s'annonçait alors les classes avaient été fermées et les élèves invités à rentrer chez eux. Cela l'avait surpris de ne pas trouver sa mère lui préparant un goûter. Il avait tellement l'habitude de la trouver là qu'il était resté figé quelques instants. Il avait cherché dans sa mémoire des indices sur une sortie prévue mais rien. Son père n'était pas en vue non plus. Il supposa qu'ils devaient être partis tous les deux pour une urgence.

Avec la météo ce n'était pas étonnant. Il avait mangé, fait ses devoirs et regardé la télévision mais le soir venu toujours aucune nouvelle. Sa mère ne serait pas partie si longtemps sans lui donner de nouvelles.

Il lui avait téléphoné sans obtenir de réponse. Il s'était s'inquiété mais il ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre. Les lignes étaient peut-être coupées ? Pourtant l'électricité était toujours disponible… Les urgences devaient être nombreuses et ses parents débordés.

Il était resté seul à attendre dans le salon. À 22h32, il s'en souvenait très bien car il avait posé les yeux le boitier de contrôle de la porte d'entrée, la sonnette avait retenti dans la maison vide. Cela lui avait fait froid dans le dos. Il n'avait pas d'autre famille que ces parents et les visites étaient rares… Encore plus à une heure aussi tardive. Un patient qui venait frapper pour voir si Isshin était disponible ? Une nouvelle urgence ? Une voisine qui avait aperçu la lumière et était venue voir si tout allait bien ?

Le voisinage était composé de familles et de retraités, ils connaissaient tous très bien Isshin Kurosaki. C'était le seul médecin du quartier et sa clinique était souvent visitée par les anciens. Le plus souvent pour discuter alors ils étaient chouchoutés par tout le monde.

En ouvrant la porte, il était tombé sur un inconnu. Un homme d'une soixantaine d'année, plutôt grand avec des cheveux long grisonnant et bien entretenu. Il se rappelait de son costume noir bien taillé et de qualité. Cela détonnait dans le paysage. Les traits de son visage étaient fins mais déformés par une mine inquiète qu'il ne devait pas souvent arborer.

« Bonsoir Ichigo. »

Sa voix était grave et profonde. Il avait fouillé dans sa poche pour sortir une carte de visite en papier vernis. Il la lui tendit à deux mains en se présentant : « Je suis Sôjun Kuchiki, un ami de votre père Isshin et… Un cousin éloigné. Est-ce que je pourrais entrer pour que nous puissions parler ? »

Il s'était poussé pour le laisser entrer et avait remarqué la voiture avec chauffeur garée dans l'allée. Puis il regarda incrédule la carte qu'il avait dans les mains.

Sôjun Kuchiki
Président du conseil d'administration
des hôtels Kuchiki

Ce nom ne lui était pas inconnu mais il se demandait comment son père pouvait connaitre une des plus grandes fortunes du pays et pourquoi un membre aussi éminent de la famille venait, en personne, frapper à sa porte ? Cette histoire prenait une drôle tournure.

« Peut-être que nous devrions nous assoir pour parler. »

Malgré le ton qui se voulait rassurant il n'aimait pas ce qu'il passait. Il l'avait guidé jusqu'au salon et invitait à s'assoir la boule au ventre, l'homme n'était pas venu pour lui annoncer une bonne nouvelle.

« Je peux vous amenez quelque chose à boire ? Si vous voulez…
- C'est gentil, je te remercie mais je ne prendrais rien. »

Il s'installa en face de l'homme sans savoir quoi lui dire. Il craignait ce qu'il pourrait lui annoncer.

« Tu dois te demander ce que je viens faire ici… Après tout nous n'avons jamais été présentés. Je vais t'épargner les détours et les banalités car je ne pense pas que cela te sera bénéfique : j'ai été contacté par l'hôpital général il y a environ une heure, ton père m'avait noté comme personne à contacter en cas d'urgence après ta mère… Ils ont eu un accident sur la route, un arbre est tombé sur leur voiture alors qu'ils revenaient d'une intervention. »

Après ça, il n'avait plus rien entendu. Un voile blanc ondulait devant ses yeux et il était resté figé. Il savait que c'était étrange de ne pas avoir de nouvelles et de ne pas les trouver à la maison mais de là à imaginer le pire… L'homme avait cessé de parler pour laisser place à un silence pesant.

« Tes parents nous avaient désigné comme tuteur si jamais il leur arrivait quelque chose… Enfin mon fils Byakuya plutôt. Je… Je me rends compte que ça doit faire beaucoup d'émotion d'un coup mais sache que nous pouvons t'accueillir dès ce soir si tu le souhaites. Nous nous occuperons de tout alors… Si tu veux, tu peux préparer quelques affaires. »

Il s'était levé machinalement et avait obéi. Il ne savait pas quoi faire d'autre de toute façon. Il était incapable d'organiser les cérémonies, ni même de se débrouiller seul. Comment allait-il faire pour le collège ? Les courses ? Entrer au lycée ? Financer tout ça ? Et la maison ? Le prêt était-il réglé ? Les questions se bousculaient dans son esprit. Il s'arrêta net dans l'escalier lorsqu'il comprit enfin.

Ses parents étaient morts et il ne les reverrait plus.

Il eut le souffle coupé et son sang se transforma en eau glacée. Ce matin-là, sa mère lui avait préparé son petit déjeuner pour la dernière fois et son père l'avait taquiné pour la dernière fois. Il resta planté dans l'escalier et se mit à pleurer.

Ce fut aussi brutal et dévastateur qu'un orage d'été.

Il fut reconnaissant envers Sôjun de le laisser seul malgré les sanglots étouffés qui emplissaient la maison vide. Il reprit son chemin et se rendit dans sa chambre. Il prit des vêtements, ses affaires scolaires… et un peu tout ce qui lui passait sous la main. Il ne savait pas ce dont il aurait besoin… Ni quand il reviendrait.

En passant devant le miroir de la penderie il vit ses yeux encore rouges et humides. Il détourna le regard et quitta la pièce. Une idée traversa son esprit, il y avait quelque chose qu'il devait absolument prendre avant de partir.

Il redescendit en vitesse et se rendit dans le bureau de son père. Sôjun dut s'alerter de cette agitation car il le vit se placer dans l'embrassure de la porte du salon. Ichigo observa les photos éparpillées dans la clinique de son père et attrapa celle de son entrée au primaire, ils étaient tous les trois souriant devant le portail de l'école.

« Je me moquais tout le temps en disant que ces photos étaient ridicules. »

Il prit le cadre et le glissa dans son sac, il se retourna et vit que Sôjun l'avait suivi :

« Nous pourrons repasser pour prendre d'autres affaires plus tard. Tu n'as pas à t'inquiéter. »

Ichigo acquiesça et Sôjun l'invita à se rendre à la voiture. Il eut un pincement au cœur en tournant la clef dans la serrure, il ne savait pas quand il reviendrait ici. En entrant dans la voiture il comprit qu'ils n'étaient vraiment pas du même monde. Son uniforme scolaire et ses vieilles chaussures lui semblaient plus ternes que d'habitude. Sôjun fit signe au chauffeur et la voiture démarra. Il se retrouvait seul avec un inconnu et aucun moyen de savoir si cet homme lui disait la vérité.

« Tu dois te poser des questions… Surtout que tes parents avaient coupé les ponts avec leurs familles.
- Oui… J'avais cru comprendre qu'ils étaient en froid parce qu'ils s'étaient mariés sans leur accord.
- C'est vrai, c'était exactement ça. Nous nous entendions bien alors nous avions gardé le contact.
- Je ne savais pas. »

Le silence s'installa et Ichigo regarda les immeubles défiler derrière la vitre. Pourquoi ses parents n'avaient jamais mentionné le fait qu'ils connaissaient la famille Kuchiki ? Encore mieux pourquoi n'avaient-ils jamais dit qu'ils étaient cousins ?

« Je pense te l'avoir déjà dit mais je te conduis chez mon fils Byakuya. Il habite en ville et il a deux filles alors… Ce sera peut-être plus facile de t'intégrer. »

Il sentit un certain malaise dans sa voix, il ne devait pas savoir comment s'y prendre pour le rassurer. C'était ainsi qu'il était arrivé dans sa nouvelle maison et famille. Après cette soirée, les évènements étaient flous dans son esprit.

Il avait été accueilli par Byakuya et avait passé une semaine sans aller au collège. Il se souvenait vaguement d'un rendez-vous chez le notaire où on lui avait donné un charabia incompréhensible. Ce qu'il avait retenu et qu'il accèderait à son héritage à ses dix-huit ans puisque la famille Kuchiki avait accepté et tenu à le prendre en charge jusque-là au minimum.

Sôjun avait beau lui avoir expliqué qu'ils étaient de la même famille des zones de flou restaient et l'intriguaient.

Sa deuxième vie avait débuté en entrant au lycée. Il avait changé de monde.

Il n'était pas sûr que son deuil soit réellement fini mais il se sentait mieux. Il respirait à nouveau bien que le sujet reste sensible, il craignait de passer le cap des un an. Il s'en voulait d'avoir repris le cours de sa vie de manière « normal ».

Si dans son collège ses amis et professeurs s'étaient montrés prévenant, ses camarades de lycée voyaient en lui le chanceux qui avait été adopté dans l'une des plus prestigieuses familles, si ce n'est la plus prestigieuse, du pays. Ils lui menaient la vie dure et ce n'était pas près de s'arrêter. Il n'avait pu se lier qu'avec deux de ses camarades de classe : Keigo et Mizuiro. Ils ne faisaient pas partie des grands pontes, cela expliquait peut-être leur amitié.

Les parents de Keigo étaient cadres d'une grande entreprises et ceux de Mizuiro des musiciens classiques célèbres mais très souvent en voyage à l'étranger. Il avait cru comprendre qu'ils étaient divorcés et que Mizuiro ne s'entendait pas avec eux.

« C'est ce que tu faisais avec tes amis du collège ?
- Surtout une, Tatsuki Arisawa, elle habitait juste à côté alors on était ensemble à l'école et au collège.
- Une ? Sursauta Keigo. T'étais dans un collège mixte alors ? La chance, soupira-t-il. C'était juste une amie ou…
- Juste une amie… Je la voyais presque comme une sœur alors cela aurait été trop bizarre.
- D'ailleurs, reprit Mizuiro, ça se passe bien avec tes sœurs ? Yuzu et Karin, c'est ça ?
- Oui plutôt bien même. J'avais un peu peur en arrivant qu'elles le prennent mal de voir quelqu'un débarquer chez elles mais… Elles m'appellent même « grand frère ».
- Ça ne te perturbe pas ?
- Non… J'étais fils unique alors c'est plutôt sympa de se retrouver dans une fratrie ! »

S'il avait bien adopté ses sœurs et son « grand-père », il ne pouvait pas appeler Byakuya ou Sôsuke « papa » ou « père ». C'était trop difficile. Il avait le sentiment de trahir ses parents. Il n'avait pas connu d'autre famille que ses parents alors intégrer des membres autres que « maman » ou « papa » étaient plus facile.

Et puis… Il appréciait ses sœurs. Elles l'avaient accueilli à bras ouverts et se montraient chaleureuses avec lui. Elles compensaient le fait que leurs parents soient absents, Byakuya et Sôsuke étaient rarement présents au foyer. Une des choses qu'il avait marquée à son arrivée était la relation froide qu'il y avait entre les deux époux. Il savait bien que ses parents étaient très, voire trop, démonstratif et qu'ils venaient de monde et d'éducation différente mais tout de même.

Ils se montraient très détachés l'un de l'autre. Ils ressemblaient plutôt à des collègues qu'un couple. Seules les photographies de leur mariage et de la grossesse de Sôsuke trahissaient leur relation maritale. Il ne pouvait s'empêcher de se demander quels points en commun ils partageaient…

À part être des alphas de bonnes familles.

Il vit au loin le portail du lycée. Keigo cessa ses divagations et se redressa. Le surveillant les regarda avec un drôle d'air avant de les reconnaitre et desserrer les mâchoires.

« Bonjour messieurs.
- Bonjour monsieur, répondirent-ils en cœur.
- Vous avez l'air forme, répliqua-t-il. »

Une fois entrés dans l'enceinte du Seireitei, l'ambiance se métamorphosa, même la température semblait diminuer. Keigo parlait moins fort et se renfermait. Ils entraient sur un terrain hostile, dès qu'on ne se fondait pas dans le moule de l'entente polie avec les gens de sa caste on dérangeait. Ichigo était l'OVNI de sa classe et Keigo et Mizuiro des originaux.

Ses résultats scolaires ne l'aidaient pas et ses professeurs n'étaient pas tous bienveillants. Certains aimaient appuyer sur ses difficultés et la classe entière savait qu'il était bon dernier… Même si ses notes s'amélioraient enfin à grand coup de cours intensifs.

Ça avait eu le mérite de fermer quelques clapets.

Ils se rendirent directement en classe, ils s'attardaient rarement dans le couloir, trop d'oreilles trainaient. Ils se posèrent près du bureau de Mizuiro à côté de la fenêtre. Le seul autre élève présent dans la classe était Uryû Ishida, un garçon mince et silencieux. Ichigo ne l'avait jamais entendu ou vu parler avec d'autres élèves. Il restait toujours seul et ne se concentrait que sur les cours. Il étudiait pendant les pauses ou lisaient, rien ne semblait l'intéresser autour de lui.

Il se demandait pourquoi il se comportait ainsi… Quelle pouvait être son histoire ? Cette façon de s'isoler, le rendait plus intéressant… Mystérieux. Il s'était surpris plusieurs fois à l'observer. Lorsque leurs yeux se croisaient il recevait généralement un regard noir de sa part.

En même temps, s'il surprenait quelqu'un à l'observer il lui jetterait le même regard de biais.

Il reporta son attention sur Keigo qui venait de le questionner : « Pardon, tu m'as dit quoi ?
- Tu vas rejoindre un club ce trimestre ?
- Ah… Je sais pas, j'ai déjà dû mal à suivre les cours alors une activité en plus… D'un autre côté faire du sport ça ne me ferait pas de mal.
- Tu pourrais rejoindre le club de basket comme moi ! Mizuiro fait pas de sport alors… Comme ça je te présenterais l'équipe, sourit-il. Ils sont sympas.
- Tu as surtout envie d'être avec quelqu'un de ta classe, reprit le brun. L'an prochain tes camarades seront moins sympas.
- C'est pas vrai. »

Mizuiro arqua un sourcil.

« J'y connais rien au basket de toute façon, reprit Ichigo.
- C'est pas grave ça ! Ça s'apprend ! Et puis… »

Il fut interrompu par la sonnerie qui marquait le début des classes.

« Rah… Littérature, grogna Keigo. »

Ils se séparèrent lorsque les autres lycéens arrivèrent en classe et s'installèrent à leur place. Le professeur entra dans la classe en les saluant puis la deuxième sonnerie qui marquait le début du cours retentit.

La matinée passa et Ichigo était déjà exténué. La littérature mis à part, il avait cumulé les matières qui le mettaient le plus en difficulté. Il se demandait parfois de quoi on lui parlait, tout semblait flou et sporadique. Au collège rien n'avait été autant approfondi et on lui rajoutait des matières qui étaient le plus souvent optionnelles comme obligatoires. Ainsi il se retrouvait avec des cours d'économie et gestion et du commerce international qui le laissaient coin. S'il avait pu rattraper le reste, ces deux matières demeuraient un enfer.

Pourquoi étudiaient ça dès le lycée ? Et surtout à un tel niveau… La question lui parut tout à coup très bête. Ce lycée d'entre soi formait de futurs chefs d'entreprises ou cadres, la plupart allait suivre les traces de leurs parents. Ils n'avaient pas de temps à perdre à faire des classes préparatoires pour réussir les concours d'entrées de grandes écoles.

Il soupira.

Il ne voyait pas ce qu'il venait faire au milieu de tout ça. Qu'attendait-on de lui ? Qu'il rejoigne l'entreprise « familiale » ? En forme de dédommagement pour l'investissement qu'on faisait sur lui ? L'avenir lui paraissait lointain et trouble. Il ne savait pas ce qu'il allait faire de sa vie.

Il soupira à nouveau.

« T'as pas faim ? Reprit Keigo.
- Si… C'est rien.
- Oh d'ailleurs, il parait qu'on va avoir une remplaçante pour les cours d'histoire.
- Comment tu sais ça ?
- J'ai mes sources, sourit-il.
- C'est Tanaka qui te l'a dit, non ? Questionna le brun.
- Mais comment tu as deviné ?
-La classe de seconde 3 à histoire le lundi matin. »

Keigo se mit à raller face à l'esprit logique de Mizuiro. Il gâchait totalement ses effets.

« C'est qui ce « Tanaka » ?
- Tanaka Atsushi, il est dans une autre classe mais on était dans la même classe collège. C'est un gars sympa… D'ailleurs tu lui plais bien. »

Il lui fit un clin d'œil. Ichigo eut un temps d'arrêt. Il oubliait parfois que c'était assez commun de trouver des couples de même sexe, un peu plus que dans les autres classes sociales, les mariages arrangés devaient y participer. Des décennies de misogynie ne s'effaçaient pas comme ça, d'autant qu'un couple d'homme avait plus de chance d'avoir un garçon pour perpétuer la lignée. On passait d'une chance sur deux à deux sur trois mais il y avait plus de risque de fausses couches sur le premier mois. On ne gagnait pas à tous les coups.

« Ah bon ? Je crois pas qu'on se connaisse pourtant.
- On te le présentera. C'est que tu as du succès ici !
- Ça ira… Mais c'est pas interdit les relations entre élèves ?
- Rabat-joie ! Ça l'est oui et non. Il ne faut pas se faire coincer… Le problème est plus pour les familles que pour l'école…
- Certains élèves sont déjà fiancés, expliqua le brun.»

Ichigo écarquilla les yeux et manqua de s'étouffer. Keigo jeta un regard à Mizuiro comme pour l'avertir que le terrain était glissant.

« C'est plus compliqué que ça. Ça n'a rien d'officiel mais certaines familles encouragent très fortement leurs enfants à se rapprocher… Même si aujourd'hui c'est moins présent, il y a peine dix ans, il y avait les contrats…
- Les contrats ? Demanda Ichigo.
- Mizuiro tu es sûr de vouloir parler de ça maintenant, c'est un peu… »

Tabou, pensa Ichigo en voyant la façon dont Keigo regardait autour d'eux et se tortillait sur place.

« Ce sont des mariages arrangés, murmura-t-il. Ils permettent de monter dans l'échelle sociale… En échange tu portes l'enfant de quelqu'un de plus renommé. En général cela se faisait entre deux alphas… Deux hommes… Pendant longtemps être un alpha et porter un enfant était très mal vu pour des hommes de hautes lignées… C'était rabaissant, alors il s'accordait avec une famille moins importante pour ça. Cela préservait le nom et la génétique alpha.
- J'étais pas au courant de ça…
- La plupart des lycéens de notre classe sont issus de ce genre d'union… C'est pour ça qu'il y a beaucoup de parents divorcés. En réalité ce n'est pas très différent des mariages arrangés, c'est juste que les contrats ont une durée. Une fois la durée écoulée, pof ! Divorce. »

Le silence s'installa. Ichigo comprenait mieux la situation et eut un déclic, peut-être que ses parents avaient souhaité échapper à ça. Puis il repensa à Byakuya et Sôsuke… Peut-être était-ce leur cas aussi ? Cela expliquerait leur relation.

« J'imagine que lorsqu'on vit dans ce milieu on en a l'habitude, mais c'est vrai que ça sonne un peu comme…
- De vieux aristos consanguins ?
- J'aurais pas été aussi méchants, ça sonne comme de vieilles pratiques et le sujet à l'air sensible.
- Parce que s'en est un… C'est très élitiste comme pratique. Ce sont de très grandes familles qui font ça et les familles qui ont passé des accords n'ont pas spécialement envie qu'on sache qu'ils ont vendu un des leurs.
- Ça à l'air de… Te faire ni chaud ni froid. »

Il haussa les épaules. Ichigo n'arrivait pas le cerner. Son visage se vidait de toutes émotions lorsqu'il évoquait la famille ou sa famille. Keigo reprit la parole : « On devrait changer de sujet… On va finir par attirer l'attention et c'est un peu trop sensible pour en discuter autour d'un déjeuner en classe, surtout avec une compote en dessert.
-Pourtant c'est très sérieux la compote, sourit Ichigo. »

Les cours reprirent et Ichigo éprouva le même enthousiasme que le matin. Il détestait le lundi. L'apaisante lourdeur du cours de géopolitique fut coupée par des coups à la porte et l'apparition d'un surveillant. Le professeur le regarda en quête de réponse.

« Bonjour professeur Sasakibe. Veuillez m'excuser pour le dérangement, je viens chercher monsieur Ichigo Kuchiki. Vous pouvez prendre vos affaires, monsieur Ishida en tant que délégué je peux compter sur vous pour transmettre les cours manqués à monsieur Kuchiki ? »

Il vit le brun hocher la tête. Il s'exécuta sous les regards inquisiteurs de ces camarades et inquiets de Keigo et Mizuiro.

Il suivit le surveillant sans poser de question jusqu'au bureau du directeur. Il n'y était venu qu'une fois pour son inscription. Il se demanda ce qu'il avait bien pu faire pour être convoqué. Sa surprise fut encore plus grande lorsqu'il tomba sur Byakuya en face du directeur Yamamoto.

Qu'est-ce qu'il avait pu faire ?

Il ne se souvenait pas avoir fait quelque chose de répréhensible. Sa moyenne n'était plus aussi horrible et il se tenait à carreau. Alors que pouvait-il avoir fait d'assez grave pour que Byakuya soit présent ? Même ses propres filles devaient le voir une heure ou deux, tout au plus, dans la journée alors pour qu'il se déplace en personne au lycée…

Le directeur dut voir son trouble car il se monta rassurant : « Venez vous assoir monsieur Kuchiki, il n'y rien de grave. »

Il s'installa toujours aussi tendu.

« Je souhaitais vous voir au sujet des résultats scolaires de votre pupille. Puisque nous avions convenu de faire bilan à la fin du premier trimestre. Vos professeurs sont unanimes sur votre progression et votre implication dans les cours. Votre professeur d'anglais tient d'ailleurs à vous féliciter, vous êtes parmi les meilleurs dans cette matière et pour le reste vos professeurs souhaitent que vous continuiez vos efforts. Ils considèrent que vous êtes revenu au niveau pour suivre la formation de l'établissement. Les difficultés se concentrent sur les nouvelles matières, peut-être serait-il bon d'approfondir l'économie… »

Ichigo jetait des coups d'œil de Yamamoto à Byakuya. Etait-il vraiment en train de vivre une réunion parent-professeur ? Il s'attendait à tout sauf ça. Il n'aurait jamais cru que Byakuya ferait le déplacement pour ça. Peut-être était-ce obligatoire de faire un suivi des nouveaux élèves… Ou bien cela l'intéressait vraiment ?

« Nous pouvons lui préparer un programme de renforcement personnel pour les vacances d'été cela serait bénéfique… »

Ichigo étouffa un soupir, lui qui rêvait de se reposer pendant les vacances.

« Vous avez besoin d'une réponse dans quel délai ? Coupa Byakuya.
- Deux semaines au plus tard, maintenant concernant les clubs… Nous avions convenu de vous accorder un délai d'acclimatation avant d'en rejoindre un. Avez-vous eu l'occasion d'y réfléchir ?
- Je n'ai pas encore eu le temps de voir toute l'offre mais… Je pensais rejoindre un club sportif.
- Oh ? Bien, bien… C'est un bon choix. »

Il ne pouvait pas faire plus évasif. Le directeur s'arrêta pour réfléchir et se tourna vers Byakuya : « Vous faisiez partie du club de kendo dans l'équipe principal il me semble. Vous êtes même devenu vice capitaine de l'équipe pendant votre seconde année. Je pense qu'il doit y avoir un entrainement à cette heure-ci, nous pourrions allez voir, je pourrais vous présenter au professeur encadrant et ce sera l'occasion d'avoir une présentation. Qu'en dîtes-vous ? »

Byakuya regarda sa montre : « Ça devrait être faisable. Ichigo souhaites-tu aller voir ou avais-tu un autre club plus précis en tête ?
- Non pas vraiment… Mais je n'ai jamais pratiqué, ça ne risque pas d'être un problème ?
- Ne vous inquiétez pas ! »

Yamamoto bondit aussitôt de sa chaise. Byakuya s'étonna de cet excès de zèle. Il devait y avoir autre chose derrière cela. Ichigo ne voulait pas les contredire, il n'arrivait pas à savoir si cette visite l'intéressait réellement ou pas. Il était parfois éteint cela n'était pas étonnant après ce qu'il avait vécu. Il souhaitait lui accorder du temps mais ne savait pas comment communiquer avec lui… Comment établir le contact.

Alors accepter cette visite, c'était faire un pas vers lui. Lui montrer qu'il lui accordait de l'intérêt… Qu'il était important pour lui.

Il avait des souvenirs dans les murs de ce lycée qu'il préférait ne pas réveiller. Il avait passé trop de temps à les enfouir. Il ne rata pas les regards qui se tournaient sur leur passage et la gêne que cela provoqua chez l'adolescent. Il n'aurait peut-être pas dû accepter… Si c'était habituel pour lui d'être observé ce n'était pas le cas du garçon. Le chemin qui menait au gymnase lui fut familier. Il revenait seize ans en arrière.

« Ça n'a pas changé, commenta-t-il.
- Nous sommes justement en train de travailler sur un projet de modernisation du complexe sportif. »

Voilà l'explication, songea le brun. Voilà pourquoi le directeur se montrait autant aux petits soins… Il cherchait des donateurs et quoi de mieux que de réveiller la nostalgie.

« Nous souhaitons tout de même conserver le dojo en l'état… Ce serait surtout un travail de restauration et modernisation des vestiaires. Les anciens seront transformés en espace de stockage. Les rangements actuels sont… Mal desservi. »

Byakuya esquissa un sourire. Il semblait que certaines choses ne changeaient pas : les salles du matériel étaient toujours un lieu de rendez-vous prisé pour les jeunes couples un peu trop fougueux. Le directeur fit glisser les portes. Les lycéens étaient en pleine séance d'entrainement. Il reconnut sans peine son ancien entraineur, Ichibê Hyôsube, au loin. Yamamoto lui fit signe. Il donna ses dernières instructions et se dirigea vers eux.

« Monsieur le directeur… Ne serait-ce pas Byakuya Kuchiki ? Un de mes meilleurs combattants. Vous êtes venu montrer à ses jeunes gens comment se débrouille un vrai bretteur.
- Je n'ai pas de telle prétention professeur Hyôsube.
- Monsieur Kuchiki souhaiterait que vous montriez à son pupille le club. Monsieur Ichigo Kuchiki fait partie du programme des élèves boursiers. Il n'a donc pas encore choisi de club mais il souhaiterait rejoindre un club sportif. Pourriez-vous lui faire une présentation ? »

L'homme marqua un temps d'arrêt avant de lui adresser un grand sourire. Ichigo retira ses chaussures et suivit l'entraineur sur les tatamis. Il se montrait très chaleureux et cela le rassura. Il trouva une bonne ambiance dans ce club, les lycéens lui accordaient un sourire ou un hochant de tête lorsque leurs regards se croissaient.

« Ici il n'y a pas de passe-droit, ce sont ceux qui travaillent le plus qui entrent dans l'équipe principale. Ce n'est pas le nom de Kuchiki qui a ouvert les portes de l'équipe principale à Byakuya mais ses efforts et son travail acharné. C'était la première et unique fois que deux premières années entraient dans l'équipe. Ils étaient vraiment doués, songea-t-il. Tu as déjà pratiqué le kendo ?
- Non, le seul sport que j'ai vraiment pratiqué c'est le karaté… Mais ça date un peu.
- Tu t'en sors pas trop mal en sport d'après ce que j'ai entendu. Tu n'auras pas trop de mal à t'intégrer et on peut toujours faire un essai avant s'il faut… Et si ça ne convient pas les clubs ne sont pas hermétiques, on peut changer en cours de route. »

Il était vraiment différent des autres professeurs. Le tutoiement faisait la différence pour lui. Il lui montra les salles, présenta les programmes d'entrainements. Il avait raison, ça ne plaisantait pas. Il chercha du regard Byakuya et vit que le directeur devait faire une démarche semblable à son tuteur.

Son regard tomba sur une vitrine et il fut tout de suite happé par la photo centrale. L'entraineur suivit son regard et stoppa son laïus.

« Cette année-là ils avaient gagné une compétition nationale. C'était de très beaux duels. »

Il resta fixé sur Byakuya ou plutôt celui qui se tenait à côté de lui en posant nonchalamment un bras sur son épaule. Cette familiarité entre les deux adolescents avait quelque chose d'étrange. Le visage encore rond et enfantin de Byakuya lui donnait une douceur qu'il ne lui connaissait pas. Cela contrastait avec la mine rugueuse et déjà très marqué de son coéquipier. Il avait une carrure imposante, une tignasse noire en bataille et un sourire carnassier inquiétant pour un adolescent.

« D'ailleurs Kenpachi Zaraki travaille ici comme entraineur. Il faudrait que je lui dise que Kuchiki est là… Ils s'entendaient plutôt bien, il voudra surement le saluer. »

Ichigo haussa un sourcil. Il ne lui connaissait aucun ami… Enfin de vrai ami. Byakuya s'entendait bien avec un de ses subordonnées : Renji Abarai. Il se montrait plus ouvert avec lui mais cela était peut-être dû au fait qu'il soit proche de sa sœur Rukia. C'était surement une façon de montrer son accord ou sa tolérance à l'égard de leur relation non-officielle. Ichigo ne les connaissait pas depuis longtemps mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir l'amour qu'il y avait entre eux. Alors devait-il le compter comme un ami ou un futur membre de la famille ?

D'un autre côté pouvait-il vraiment dire qu'il le connaissait suffisamment pour ça ? Il n'était même pas sûr de ce qu'il faisait comme travail.

L'entraineur reprit sa présentation en lui parlant des évolutions et opportunités dans le club et le travail que cela demandait en contrepartie. Il lui promettait de belles courbatures.

« Hey ! Arrêtes de te tourner les pouces et bouge ton cul ! »

Ichigo sursauta à cet éclat de voix et l'intonation. Il se tourna vers la source et vit une montagne de muscles engueuler un lycéen déjà transpirant et à bout de souffle. Il reporta son regard sur la photographie puis vers l'homme. C'était lui ? En le voyant en chair et en os il fut encore plus confus. Il peinait à croire que cette… Brute puisse être « ami » avec Byakuya. Tous les opposaient. De l'énergie brute face à un calme contrôlé.

Il se demanda si son interlocuteur ne s'était pas trompé, pourtant la photographie prouvait une certaine proximité… À moins que Byakuya ne se soit retenu de lui tordre le bras le temps de prendre le cliché ?

Il surveilla l'homme du coin de l'œil, il ne voulait pas rater les retrouvailles si elles avaient lieux. Il jeta un coup d'œil vers Byakuya. Il ne pouvait pas avoir raté une telle effusion surtout aussi familière.

Byakuya eut l'impression d'être redevenu un lycéen. Il était là. Encore plus massif, plus brute, plus grand aussi. Comment pouvait-il être si grand ? Kenpachi Zaraki était le seul bon souvenir qu'il avait gardé de ces années. Un souvenir futile, un moment d'égarement.

Une évasion.

Mais ce temps était révolu. Il était directeur d'une chaine d'hôtel de luxe et Kenpachi un entraineur. Ils n'étaient plus des adolescents. Alors pourquoi avait-il tant de réticences à le saluer ? Pourquoi avait-il peur d'être rejeté par une personne qu'il n'avait pas vue depuis quinze ans ? Il avait bien une idée sur la question mais refusait de l'admettre.

Lorsque Kenpachi se retourna pour reprendre ses activités, il détourna aussitôt le regard et reporta son attention sur le discours du directeur et le Grand Projet de Rénovation.

Il n'osa plus détourner le regard du directeur. Après une demi-heure, il se demanda combien de temps cela allait durer avant que Yamamoto ne lui parlât de leur collecte de financement. Probablement autour d'une soirée. À cette idée l'ennuie l'envahit et il leva les yeux aux ciels, un instant il reporta son attention sur la salle et croisa le regard qu'il cherchait tant à éviter. Il ne pouvait plus se cacher et il était hors de question de fuir. Il se tourna complètement vers son adversaire.

« Je ne savais pas que Kenpachi Zaraki travaillait ici…
- Oh ! C'est vrai que vous étiez dans la même classe. Après sa carrière de sportif professionnel, nous lui avons proposé de devenir entraineur ici… Ce qu'il a accepté.
- Je n'aurais pas cru qu'il voudrait revenir ici, murmura-t-il. »

Il lui accorda un hochement de tête en guise de salut. Kenpachi dut le prendre comme une invitation car il s'avança vers lui. Que pourraient-ils bien se dire ?

« Byakuya Kuchiki en personne… Tu es venu faire une visite ? Ton emploi du temps doit pourtant être bien plein. »

Le directeur fronça les sourcils et tiqua au ton familier. Il n'avait pas envie que son travail auprès d'un très gros donateur potentiel soit gâché. Byakuya ne s'en formalisa pas, Kenpachi avait toujours était ainsi.

« Monsieur le directeur Yamamoto souhaitait me parler du programme de rénovation à venir.
- C'est sûr que ça ne ferait pas de mal de rafraichir un peu… Ça va goûter cher tout ça.
- C'est vrai que le programme est important, coupa le directeur. »

Ses yeux jetaient des éclairs mais Kenpachi ne s'en inquiéta pas.

« Vous allez organiser une soirée de gala ? »

Yamamoto fut déconcerté quelques secondes. Byakuya n'avait plus envie de tourner en rond.

« Nous prévoyons cela pour la fin de l'année. La date n'est pas encore fixée mais si vous le souhaitez je peux vous prévenir directement.
- Vous devez avoir mes coordonnées. »

Byakuya prit quand même la peine de sortir sa carte pour la donner au directeur.

« Tu ne voudrais pas venir montrer aux jeunes comment se défend un vrai joueur… À l'occasion… Ça ne leur ferait pas de mal de voir d'autres techniques.
- Je crains de ne plus avoir le niveau pour ça.
- Monsieur Kuchiki est trop modeste, vous devez surtout être très occupé, votre temps est précieux et je suis ravi que nous ayons pu échanger. »

o~~O~~o

Le directeur chercha à couper court leur conversation maintenant que Kenpachi avait débarqué il voulait éviter les bavures. Il savait le champion brut de décoffrage et les années n'avaient guère influé sur cet aspect de son caractère.

Il s'était étonné du rapprochement entre les deux lorsqu'ils étaient au lycée. Il se souvenait que Byakuya l'aidait avec les cours, enfin… Il les voyait souvent ensemble avec des livres, et ils passaient le reste de leur temps libre ensemble pour s'entrainer.

Un souvenir resurgit de sa mémoire, le grand père de Byakuya n'avait pas du tout apprécié cette relation. Il ne pourrait jamais oublier le soir où il l'avait appelé en furie pour le fustiger de les avoir laissé passer autant de temps ensemble. Il avait raccroché presque aussi brutalement, il lui semblait que des voix s'étaient élevées derrière celle de Ginrei. Après cet évènement Byakuya n'avait plus remis les pieds au lycée. Il gardait un souvenir étrange cette période et n'avait jamais su le fin mot de l'histoire.

Il ne voyait pas comment ces deux-là pouvaient être amis, leur seul point commun était le kendo. Ils venaient de milieux bien trop différents et leurs caractères ne s'accordaient même pas. C'était une bêtise de croire qu'ils pouvaient être proches. Kenpachi était familier avec tout le monde et seul Byakuya avait l'endurance pour lui tenir tête. Il était un peu plus tête brûlée à l'époque.

« Bien on dirait que nous avons terminé, il semble que ce soit aussi le cas pour Ichigo. »

o~~O~~o

Le jeune homme se dirigeait vers eux. Ce club lui avait fait bonne impression et… Il n'avait pas raté l'échange. Assez décevant. Ces retrouvailles étaient très froides quoique tièdes pour Byakuya, il espérait voir quelque chose de plus spectaculaire. La montagne se tourna vers lui et il eut un frisson.

« Tiens, je t'ai jamais vu toi. Tu es nouveau ?
- J'y travaille, répondit Hyôsube. »

Kenpachi Zaraki le jaugea des pieds à la tête.

« Hum… Il a du potentiel.
- N'est-ce pas ? »

Il n'aimait pas être le centre d'attention encore moins dans cette situation. Comment pouvait-on évalué quelqu'un par un simple regard.

« Vous pourrez voir d'autres clubs si vous le souhaitez, reprit le directeur. Je vous laisse retourner en cours.
- Bien monsieur. »

Il n'ajouta rien et partit en baissant la tête.

o~~O~~o

Son retour en classe ne passa pas inaperçu. Tous les regards se tournèrent vers lui et le professeur marqua un temps arrêt. Il s'installa à sa place en essayant de se faire aussi petit que possible.

La journée se termina enfin.

Ichigo n'avait qu'une seule envie : rentrer et se poser dans sa chambre. Il avait besoin de calme. Keigo et Mizuiro lui tombèrent dessus dès qu'il fut dans le couloir.

« Alors, c'était pourquoi ? S'enthousiasma Keigo. Rien de grave au moins…
- C'était bizarre… Une sorte de réunion parent-prof… Pour faire le bilan du trimestre et m'inviter à choisir un club. J'ai eu droit à une visite de club de kendo.
- Le club de kendo ? Et c'était… Bien ? Il parait que les entraineurs sont de vraies brutes, beaucoup abandonnent dès la première semaine.
- Ça a l'air encourageant, soupira Keigo. Le club de basket par contre…
- Tu recommences… Ichigo donne nous ton avis sur le club avant que Keigo ne recommence à te harceler.
- J'ai trouvé ça sympa… Le problème c'est que je n'y connais rien.
- Ils t'ont dit que c'était un problème ?
- Non.
- Voilà, tu as ta réponse, si t'as envie tu devrais essayer. D'ailleurs pour les cours si tu as besoin je peux te passer les miens. Je crois qu'Ishida est déjà parti à son club et… Je ne sais pas ce qu'il fait.
- Je veux bien merci. Je te les ramène demain.
- On se voit demain alors. »

Ils se quittèrent et Ichigo fila à travers les couloirs. Il n'avait pas envie de croiser certains de ces camarades. À cette heure-ci il y avait moins de monde et les confrontations étaient inévitables. Il n'avait pas envie de lutter inutilement, ni d'attirer l'attention. Il n'arrivait pas encore trouver sa place.

Il ne croisa personne et ralentit l'allure une fois sorti de l'enceinte de l'académie. Il avait un peu de temps cette après-midi et aucun cours particulier ne l'attendait. Il n'était pas pressé de voir le majordome ou les professeurs de ses sœurs et l'idée de replonger le nez dans ses cours ne l'enchantait pas.

Il soupira.

Il devrait organiser une sortie avec Keigo et Mizuiro mais il ne savait pas quoi leur proposer. Ils ne devaient pas voir l'intérêt de trainer dans les rues, faire un tour dans les magasins ou se poser pour prendre un café, un thé… Peut-être qu'il devrait faire ça avec ses amis du collège ? Histoire de garder le contact et donner des nouvelles. Il y réfléchit tout au long du trajet.

Il sortit le passe de son sac et entra dans le parc de la résidence. Il le garda à la main et se dirigea vers son bâtiment. Il l'utilisa à nouveau pour l'entrée des résidents et entra dans le hall où se trouvait le concierge. Il le salua à son passage. Il prit l'ascenseur et sélectionna le quinzième étage. Une petite musique l'accompagna jusqu'au palier du duplex. Il rangea son passe et prit sa clef, c'était plus rapide que d'appeler quelqu'un à l'interphone et cela ne dérangeait pas les filles pendant leurs cours.

Il entra en silence et retira ses chaussures. L'appartement était plus grand que son ancienne maison… Cela laissait songeur.

Il se dirigea dans le salon pour saluer le professeur particulier et envoya un petit sourire de soutien à Yuzu et Karin. Puis il monta dans sa chambre, autant rattraper tout de suite les cours manqués, il serait débarrassé.

Il posa ses affaires sur le bureau en soupirant. Il jeta un coup d'œil à son portable et constata qu'il avait un message. Un numéro inconnu.

Bonjour Kuchiki,

Je ne sais pas si tu consultes tes mails régulièrement alors j'ai préféré t'envoyer un SMS. Je t'ai envoyé un mail avec les cours de la journée.

Uryu Ishida.

Il écarquilla les yeux en voyant la signature. Très formel pour un SMS. Il ouvrit son ordinateur et consulta le mail en question. Les cours étaient complets et parfaitement lisibles… Meilleur que Mizuiro. Il lui envoya un message de remerciement.

o~~O~~o

Un détail l'interpella.

En comparant les cours de Mizuiro et Ishida il nota des différences, or le fait qu'Ishida arrivait à noter absolument tout, les phrases gardaient le même sens mais elles étaient plus limpides. Pour une fois il comprit les cours d'économie.

Il jeta un coup d'œil à son réveil : dix-neuf heures. C'était bientôt l'heure du repas et les filles avaient terminé leurs cours. Il sortit de sa chambre et entendit des notes de musique. Yuzu devait s'être mis au piano, encore une chose folle : un piano à queue dans le salon. Il descendit et les vit : Karin dans le canapé penchée sur sa console et Yuzu concentrée sur ses gammes.

Karin releva les yeux de son écran : « Hey ! Ichigo on se fait une partie ? » Il lui sourit et elle chargea une partie sur la console du salon.

« Yuzu ça ne te dérange pas ? Demanda-t-il.
- Non, j'ai terminé mais je veux aussi faire une partie après ! »

Ils jouèrent jusqu'à ce que le majordome, Hanatarô Yamada, les interrompe pour qu'ils passent à table.

Ils dinèrent seuls ce soir-là. Les filles étaient habituées et ne s'en formalisaient pas mais lui cela le perturbait toujours autant. Les moments « en famille » étaient rares et le membre de la famille qu'il voyait le plus était Sôjun. Il se retirait progressivement des affaires familiales pour laisser la place à Byakuya, même s'il restait le président du conseil d'administration et assistait son fils lors des périodes trop chargées. Il profitait de son temps libre pour passer du temps avec ses petites filles et il voyait régulièrement passer à l'appartement cependant en six mois il n'avait jamais vu la famille de Sôsuke et il n'était pas le seul. Karin et Yuzu non plus ne connaissaient pas sa famille.

Cet homme restait un mystère. Il avait l'air chaleureux mais une sorte de froideur se cachait sous son sourire. Il ne saurait l'expliquer.

Le repas fut très calme et la soirée aussi. Ichigo en conclut que Byakuya avait dû décaler sa journée pour pouvoir venir à cette réunion au lycée. Cela le gênait qu'il ait fait ça pour lui mais…

Il trouvait cela étonnamment gentil.


J'espère que ce premier chapitre vous a plu, n'hésitez pas à laisser une petite review ça fait toujours plaisir ;). Le chapitre suivant arrivera dans deux semaines !

À bientôt j'espère !