Prologue

Avertissement:

Ceci n'est pas seulement une fix Fix-it ou cross-over.

Tout est remanié.

Vous trouverez dedans des personnages de FF5, 6, 7, 8, 9, 10 (et j'ai arrêté les FF à ce moment là, faute de console et de temps), mais aussi de Kingdoms Heart, Final Fantasy: Advent Children et des références culturelles foireuses (bon, alors par contre, FF7 remake, Crisis Core, Before Crisis et Dirge of Cerberus, j'ai laissé tomber, j'ai pas put jouer aux jeux et les résumés que j'ai put lire à leur sujet sont au mieux, confus). L'univers lui-même est basé principalement sur celui de FF7, mais avec des villes ou des évènements liés à d'autres jeux. Pareil avec la culture du monde, beaucoup de choses ont changé et la chrono originelle est ici inexistante.

La fic est sérieuse et traitera de thèmes sombres, borderline horrifique par moment, comme l'expérimentation humaine, le meurtre, des traumatismes divers et variés, un mog obèse en peluche, des relations amoureuses hétéro/homo/bi/autres et du sens de l'humour pourris de certains personnages (ils se reconnaitront).

La fiction tourne principalement autour de Vincent, Cid, Yuffie, Zack, Aérith et Cloud, avec des interventions d'autres personnages.

Par contre, Tifa est morte. Désolée.

Et enfin, j'ai commencé à écrire cette fic il y a dix ans et j'avais laissé tombé pendant longtemps avant de m'y remettre.

Bonne lecture?

Comment ça je ne sais pas vendre mes travaux?


C'était étrange de voir à quel point le Manoir n'avait pas changé. Certes, le jardin était une jungle de ronces, les carreaux gris de crasse et certains murs n'auraient pu supporter le poids d'un humain, vermoulus comme ils l'étaient.

Mais tout était encore à sa place.

Rien n'avait bougé.

Les habitants étaient trop effrayés pour approcher du manoir, au point d'avoir construit une palissade autour, pour empêcher les monstres de sortir. Monstres qui ne semblaient exister que dans l'esprit des autochtones. Les soldats avaient dû arracher des planches pour ouvrir un chemin et il avait fallu toute la diplomatie du scientifique qui les accompagnait pour que les villageois les laissent faire.

"Rien de bon ne sortira d'ici, Professeur, marmonna le chef du village. Rien."

"Je ne vous demande qu'une heure. Une petite heure Monsieur" répéta le scientifique.

"Professeur Falmis, interrompit un soldat", un gilet pare-balle à la main. "Mettez ceci"

"Est-ce vraiment…"

"Le Président aurait ma peau si je vous ramenait avec un cheveu en moins", rétorqua le jeune soldat avant de lui adresser un sourire amical. "Et ma mère me ferait bien pire si je mettais en danger le seul espoir contre Sin."

Le professeur protesta pour la forme, mais laissa son cadet l'aider à enfiler l'armure, avant d'insérer quelques matérias de protection dans les emplacements sur l'épaule.

"Guérir, esuna et quitter. vous savez les utiliser ? "

"Ma femme est mage native, elle m'a apprit", répondit le scientifique en effleurant une des billes verte sur son épaule.

Les billes s'illuminèrent légèrement à son contact pendant qu'il les identifiait. Il était impossible de marquer une matéria, mais la pratique permettait de les différencier, même si c'était plus facile avec une que l'on utilisait plus fréquemment.

"Nous allons entrer, restez à mes côtés, professeur" déclara le jeune soldat avant de remettre son casque et armer son fusil d'assaut.

Le professeur sortit fébrilement les vieux plans qu'il avait réussi à retrouver après une longue fouille dans les archives de la Shinra et suivit la troupe à travers le jardin embroussaillé.

"Bien, nous allons enfoncer la porte, restez en arrière, Professeur"... commença l'officier.

"La clef est cachée sous le pot de fleurs de gauche" intervint le professeur Falmis. "Nous gardions toujours un double au cas où et…"

Il s'aperçut des regards amusés des soldats sur lui et acheva son explication dans un balbutiement.

"Enfin. Voilà."

Un des soldats récupéra la clef cachée et il ne fallut qu'un bon coup d'épaule pour débloquer la porte une fois celle ci déverrouillée.

L'intérieur avait aussi peu changé que l'extérieur. Il y avait une épaisse couche de poussière, évidemment, et une forte odeur de pourriture dans l'air, mais les meubles étaient toujours à leur place, les tableaux aux murs et à part une vitre cassée, rien n'avait changé. La petite troupe de soldats prit position au centre de la pièce, entourant le scientifique.

"Par où maintenant, Professeur ? "

"L'escalier" commença le scientifique en orientant son plan avant de se diriger vers l'escalier. "Et ensuite…"

"Professeur", grommela un des soldats en lui coupant la route, "laissez nous passer devant."

"Ho, oui. Désolé", s'excusa le vieil homme pendant que les soldats prenaient d'assaut l'escalier dans une formation parfaite.

Le jeune homme assigné à la protection du scientifique lui fit signe d'approcher, tout en surveillant du coin de l'oeil un nid de chauve-souris, blotties dans un coin du salon, qui lui rendirent son regard peu amène.

"A quoi sont nourries les bestioles ici ? Elles font la taille d'un chat !"

"A la mako" répondit distraitement Falmis, plongé dans son plan.

"Vous plaisantez ? "

"Si seulement" soupira le scientifique en suivant le reste des soldats.

"Professeur, c'est bien ici ? Confirmez la destination" demanda l'officier, la main sur une porte.

"Oui... on passe cette pièce et on arrive dans une seconde plus grande, avec une cheminée."

Les soldats eurent vite fait d'envahir les pièces successives et à part quelques chauves souris qui s'enfuirent en piaillant, ils ne rencontrèrent pas d'obstacle. Falmis se fraya un chemin jusqu'à la cheminée et tâtonna sur le montant.

"Où est ce que c'était déjà ?" marmonna t-il. "Le cadre ? non... La pierre... la pierre qui dépasse…"

"Celle ci ?" S'enquit son garde du corps en appuyant sur une pierre un peu déchaussée.

Le fond de la cheminée s'ouvrit soudain avec un claquement sonore et tout le monde recula d'un pas pour éviter le nuage de poussière malodorant qui se répandit.

"Vous avez de bien meilleurs yeux que moi, jeune homme."

"Pas comme si ça servait à quoi que ce soit dans ce trou" grommela un autre soldat en jetant un coup d'oeil dans l'ouverture.

"Gibson, Dunghan, vous allez devant, ouvrez le chemin" ordonna l'officier.

"Faites attention, la rampe doit être pourrie" objecta le professeur Falmis.

"Prenez-ça professeur" ajouta son garde du corps en lui tendant une torche électrique.

"Merci."

La descente fut très lente. Les planches avaient effectivement pourries, et un des soldats, plus lourd que ses compagnons, manqua de passer au travers de l'une d'elles. Ce fut avec un soulagement certain qu'ils touchèrent le fond du puits rocheux et reprirent leur formation autour du scientifique.

"C'est noir comme le cul de Diablo", grommela un des soldats en allumant une torche à son tour.

"Nous avions installé l'électricité. Peut être que ça fonctionne encore…"

"SQUAME ! A MIDI !" Lâcha soudain un des soldats en épaulant son arme.

"Dwayne ! Protégez le professeur," ordonna l'officier, "tir à vue !"

"Pardon ?" s'étonna Falmis, avant d'être plaqué au sol par son garde du corps.

"Restez à terre professeur ! "

Le vieil homme obéit, plaquant ses mains contre ses oreilles pendant que les soldats mitraillaient la créature qu'ils avaient aperçue. Le silence retomba, et au bout de longues minutes, l'officier fit signe de stopper et effleura l'épaule de leur protégé.

"Il a fuit. Quoique ce fut. Gibson, en exploration, allez jusqu'à la porte et revenez ! "

"Oui Capitaine !"

"A... à quoi ressemblait-il ?" Demanda le professeur en remettant ses lunettes éjectées par sa chute.

"C'était humanoïde, mais…"

"Humanoïde ? Alexander, j'espère que vous n'avez pas tiré sur celui que nous venions chercher !" s'exclama le scientifique en se relevant, époussetant ses habits.

"Je vous demande pardon ?"

"Capitaine ! La voie est libre jusqu'au laboratoire ! "

"Entourez le professeur, nous y allons ! "

"Attendez attendez !" Protesta le vieil homme avant de ramasser son plan. "Nous n'y allons pas... Cherchez... Il doit y avoir la porte d'une crypte quelque part."

"Je l'ai, intervint Gibson, elle est juste ici."

Le professeur se précipita aussitôt, suivi de près par son garde du corps. La porte était là en effet, mais fermée par de lourdes chaînes et un énorme cadenas.

"S'il est vraiment là, il n'a pas dû sortir…"

"Qui venons nous chercher ici professeur ?" s'enquit le capitaine.

"Un vieil ami" murmura le scientifique en secouant la chaîne.

"Permettez" s'excusa Dwayne en poussant doucement le vieil homme de côté.

Il retira son casque, malgré les réprimandes de son capitaine et fit quelque chose au cadenas que le scientifique ne vit pas bien, puis les chaînes retombèrent.

"Comment…"

"J'ai grandit dans le secteur 6, Professeur," répondit le soldat en remettant son casque," le crochetage est presque une matière officielle à l'école là bas."

Le capitaine attira le scientifique en arrière et poussa la porte, son arme en joue au cas où. Il balaya lentement l'intérieur de la pièce de l'éclat de sa lampe avant d'entrer, bloquant la porte contre le mur.

"Je ne sais pas qui vous cherchiez professeur, mais vous arrivez trop tard."

Les soldats entrèrent un à un dans la crypte, observant les cercueils qui jonchaient le sol, certains ouverts, d'autres encore soigneusement cloués.

"Je crois que ce type a été enterré vivant", risqua un des soldats, penché par-dessus un cercueil contenant un squelette torturé.

"Je l'ai !" S'exclama soudain le professeur Falmis. "Aidez-moi ! "

Le scientifique était en train d 'essayer de pousser un cercueil pour en dégager un autre, coincé dessous. Avec l'aide des soldats, la grande boîte fut vite dégagée et le couvercle forcé.

"Je n'aime pas beaucoup profaner les tombes" maugréa Gibson en approchant une lampe.

"Si j'ai raison, je ne pense pas que ça le dérangera" rétorqua le scientifique en prenant la lampe pour l'approcher du contenu. "Ah, c'est bien lui."

Les soldats eurent un mouvement de recul en voyant le cadavre dans le cercueil. Là où ils pensaient trouver un squelette, comme dans les cercueils laissés ouverts, ou au moins une momie, ils pouvaient voir un homme, intact bien qu'amaigris, vêtu d'une cape rouge et de vêtements sombres. Il gisait sur le flanc, ses cheveux noirs retombant sur son visage.

"Comment ça se fait qu'il ne soit pas décomposé ?" S'étonna un des soldats.

Le professeur Falmis dégagea la gorge de l'homme, posant ses doigts sur son cou avant de secouer la tête.

"Non, Dwayne. Il est vivant."


L'air était frais. Frais et surtout, pur. ce fut la première sensation qu'il ressenti. Un air pur, au lieu de l'atmosphère humide et renfermée de la crypte.

"Non, ce n'est pas la peine."

La pièce était sombre, mais la lumière filtrait par le seuil, découpant une lame blanche sur le mur près de son lit.

"Je rentrerais tard. Va te coucher."

Il voyait une silhouette, debout dans l'entrebâillement de la porte, une main tenant le battant à demi fermé, l'autre portée à son oreille avec une espèce de... de talkie walkie miniature?

"Oui. Je lui transmettrais ton bonjour chérie. Dès qu'il sera réveillé."

Il connaissait parfaitement cette voix. Malgré le temps, il s'en souvenait très bien.

"Pardon ? Il est réveillé ? Mais depuis quand…"

L'homme poussa un peu plus le panneau de bois, jetant un regard vers le lit au fond de la pièce. La lumière se refléta sur ses lunettes et le malade eut un petit moment de recul par réflexe.

"Je te rappelle chérie. A tout à l'heure" ajouta l'homme avant de raccrocher et ranger son téléphone dans sa poche. "Tout va bien. Tu es à l'abri ici."

Tout en parlant d'un ton aussi rassurant et calme que possible, l'homme ouvrit la porte en grand, laissant la lumière envahir la pièce. Le malade leva à demi la main, trop faible pour se protéger les yeux et plissa les paupières.

"Du calme. C'est moi. Gast... Gast Falmis…"

"Gast ? "

Le malade se détendit et reposa la main, pendant que le Professeur approchait, repoussant la porte pour épargner les yeux de son patient.

"Où suis-je ? "

"White mage hospital. Celui des Monts Nibel," répondit son ami en lui prenant le poignet, cherchant son pouls.

"Où est Lucrezia ?"

Le professeur eut un long soupir et reposa le bras de son patient, encore étonné de le trouver si frêle entre ses mains.

"Il.. s'est passé beaucoup de choses."

Il se tut en voyant que son ami le dévisageait avec surprise, observant son visage à la lumière diffuse du couloir.

"Gast... Que t'est-il arrivé ?"

Le scientifique eut un petit rire las en se frottant le visage.

"Beaucoup de choses... Beaucoup d'années…"

Le malade garda le silence quelques secondes avant de reprendre, de son étrange voix grave et basse.

"Combien ? "

"Je ne crois pas que tu ais..."

"Combien ?" Répéta le malade, plus fermement.

"Trente ans."

Le malade accusa le coup, mieux que Gast ne l'aurait cru en tout cas.

"Lucrezia... Est morte. N'est-ce pas ? "

Le professeur acquiesça, les yeux baissés sur ses mains.

"Je suis désolé."

"Et.. l'enfant ?"

Cette fois, Gast poussa un très long soupir las et retira ses lunettes pour se masser l'arête du nez.

"Écoute... Tu viens de te réveiller d'une longue stase, je ne pensais pas que c'était médicalement possible de s'en remettre si vite…"

"Gast" commença son patient en essayant de s'asseoir.

"Et" reprit le médecin en le retenant d'une pression légère qui le plaqua pourtant au lit, "il vaut mieux que tu reprennes des forces avant d'affronter ce qui s'est passé pendant ce temps."

Le professeur vérifia la poche transparente pendue au-dessus du malade avant d'abaisser à nouveau le regard sur son ami.

Il se souvenait d'un jeune homme athlétique et dynamique, qui grimpait les chemin de Nibelheim avec agilité, le voir aussi maigre et affaibli lui faisait de la peine.

"Fais-moi confiance."

"Je n'ai pas vraiment le choix."

"Je repasserai demain," promis le scientifique. "Ha. Ifalna te transmet le bonjour."

"Ifalna ?"

"Ma femme" expliqua le scientifique avec un petit sourire embarrassé.

"Je... ne la connais pas."

"Mais elle te connaît. Crois-moi. Repose-toi."

Le scientifique eut un dernier sourire rassurant pour son ami et se tourna à nouveau vers la porte. Au moment où il allait la refermer, le malade le rappela.

"Gast ?"

Le professeur stoppa son geste.

"Oui ?"

Un silence, comme si le malade avait changé d'avis, et puis, d'une voix plus faible.

"Pourrais-tu... Laisser.. la porte ouverte. Je te prie" ajouta-t-il dans un souffle.

"Bien sur. Je donnerais des instructions pour que les infirmières ne ferment pas."

"Merci Gast. Bonne nuit."

"Bonne nuit Vincent."


"C'est un garçon."

Gast tendit une vieille photo à son patient. Quelques jours avaient passés seulement, mais Vincent arrivait désormais à s'asseoir seul, bien que toujours affaibli et incapable d'avaler de la nourriture solide, il ne pouvait se passer de la perfusion de solution nutritive fixée à son bras. Vincent prit la photo et la détailla un petit moment en silence.

"Elle voulait un fils…" murmura-t-il.

"Il s'appelle Séphiroth", continua Gast en fouillant le dossier qu'il avait amené avec lui, sortant d'autres photos.

Vincent prit délicatement une autre photo, prenant garde à ne pas l'abîmer. La première qu'il avait vu était une simple photo de bébé, à peine né, enveloppé dans une serviette éponge, encore rouge et fripé de sa naissance. La seconde le montrait à trois ans, un petit garçon aux courts cheveux gris pâle, vêtu d'une blouse de patient. Vincent jeta un regard inquisitif à Gast.

"Vous faisiez des expériences sur lui ?"

Le scientifique hocha la tête.

"Pendant quelques années. J'ai quitté le projet quand il avait six ans."

"Tu… tu as…"

"Non! Non, rien de ce qu'il a fait subir à Lucrezia" coupa rapidement Gast. "Je n'ai fait qu'observer sa croissance. Noter ses progrès, ses capacités… Le simple fait de le voir grandir était.. un miracle de la science et…"

Vincent hocha la tête et regarda à nouveau la photo, jusqu'à ce que Gast la lui prenne en douceur.

"Et Hojo ? "

Gast soupira en secouant la tête.

"Tu es bien un Turk toi, tu vas toujours droit au but."

"C'est plus efficace" répondit Vincent, "surtout quand je sais qu'on me cache quelque chose."

Le scientifique jeta un regard las à son ami et rouvrit le dossier, l'étalant sur ses genoux. Il aurait du se douter que Vincent ne se laisserait pas être ménagé.

"... Il y a une quinzaine d'années. La guerre a éclaté entre Wutai et la Shinra…"

"Wutai et Midgar tu veux dire ? "

"C'est la même chose maintenant. La Shinra a pris le contrôle de Midgar. Son importance est devenue mondiale. Pendant cette guerre," continua Gast en sortant une coupure de presse, "Séphiroth a été nommé général en chef."

"Il avait quinze ans", objecta Vincent en se penchant sur la coupure de presse.

"Il n'avait pas quinze ans, et des pouvoirs qui dépassent l'imagination" continua Gast en s'appuyant sur le dossier de sa chaise. "Je l'ai vu invoquer des Gardiens quand il n'avait pas dix ans, c'est un mage natif et en plus il... Il maîtrise l'épée à la perfection…"

Le scientifique eut un geste impuissant.

"Mais ce n'était qu'un enfant" répéta Vincent.

"Vincent, il a gagné la guerre. En deux mois, il a retourné toute la situation. Quasiment à lui tout seul."

Le brun fixa longuement son ami, jusqu'à ce que le scientifique lui fasse signe de lire l'article.

"Trois ans plus tard, Hojo était accusé de meurtres, et diverses autres crimes à côté desquels les Turks auraient fait figure d'enfants de cœur."

Vincent jeta un regard au scientifique qui le lui rendit, un petit sourire malicieux aux lèvres.

"Sans vouloir critiquer ta conscience professionnelle, Vincent, tu as toujours eu plus de morale que tous tes collègues réunis."

Vincent secoua la tête d'un air las et prit l'article que lui tendait Gast.

"La Shinra coupe les vivres à Hojo et il disparaît, du jour au lendemain, avec Sephiroth, ainsi que le contenu entier de son laboratoire."

"L'article dit qu'il a disparu en mission" objecta Vincent en désignant les gros titres.

"Et la Shinra serait prête à avouer qu'ils ont égaré l'homme le plus puissant du monde ? La "Voix de Ramuh" appartient à la Shinra, ils l'ont racheté il y a vingt ans."

"Dommage" maugréa Vincent en rendant l'article à Gast "pour une fois qu'un journal disait la vérité…"

"Je t'offrirais un abonnement au "Chocobo enchaîné 1", promis Gast.

Pendant que Vincent se demandait quel était le rapport, le scientifique se rembrunit et posa quelques photos sur les genoux de son ami.

"Le 16 octobre de l'année 2965, Wutai est ravagé par un typhon meurtrier. Il y a de nombreux morts et disparus. Le pays est plongé dans le chaos le plus total. La moitié de la famille impériale est décimée et la Shinra envoie rapidement des troupes pour assurer le ravitaillement en nourriture, médicaments et eau potable, ainsi que le contrôle des informations."

"De quel genre d'informations ?" Demanda Vincent, soudain intrigué et trop familier avec ce genre de manœuvre.

"Ce n'était pas un typhon."

Cette fois, Gast ne sortit pas une coupure de presse, mais une plaque métallique qu'il posa sur les genoux de Vincent avant de l'ouvrir.

"Qu'est-ce que c'est? "

"Un ordinateur portable" répondit distraitement Gast tout en allumant la machine.

"Ils en font des portables, maintenant ?"

"Si tu savais. Regarde."

Une vidéo apparut sur l'écran, l'image sombre et tremblante, visiblement prise de nuit. Vincent crut reconnaître le port de Wutai, bien qu'il ne l'ai pas vu depuis des années. Des bateaux de pêche étaient secoués dans tous les sens par d'énormes vagues, mais malgré la pluie battante, il n'y avait pas le vent caractéristique d'un typhon. Des exclamations en wutan se faisaient entendre autour du cinéaste amateur et Vincent vit des wutans s'enfuir en courant vers lui.

"Que se passe t-il ? "

Gast lui fit signe d'attendre, un doigt sur le clavier.

Un des navires se souleva soudain, dans un craquement assourdissant. au lieu de retomber après le passage de la vague, il bascula, cul par-dessus tête, avant de s'abattre sur la jetée de pierre.

Quelque chose bougea encore, repoussant un autre bateau et Gast appuya aussitôt sur une touche, figeant la vidéo sur la créature.

Vincent se redressa, le regard rivé sur la gigantesque nageoire qui envahissait tout l'écran.

"Nous l'appelons Sin, déclara Gast, d'un ton mortellement sérieux.

Vincent inspira longuement en se redressant. Au vu de la taille de sa nageoire, la créature devait être presque aussi haute que le phare de Wutai.

"J'ignore encore exactement ce qu'elle est. Quelques années plus tard, nous avons réussi à la faire battre en retraite d'une autre ville, et j'ai put analyser un morceau de nageoire qu'on lui avait arraché…"

"Avec quoi ? "

"Un canon à mako" répondit sérieusement le scientifique. "C'est la seule chose qui puisse l'égratigner."

Il remit la vidéo en marche et Vincent vit le phare être renversé d'un coup d'épaule de Sin, puis la créature se hisser à demi hors de l'eau.

"C'est lui qui a détruit Wutai ? "

"Non. Ce sont eux."

Sur l'écran, le dos de Sin sembla soudain s'animer, comme un frisson qui remonterait le long de son corps, et ses écailles se détachèrent en grappe, prenant leur vol en vrombissant. L'une d'entre elles vint s'abattre à quelques mètres du cinéaste qui sembla soudain réaliser à quel danger il s'exposait. La caméra tomba au sol alors qu'il s'enfuyait en hurlant. L'angle de vue réduit n'empêcha pas Vincent de voir l'écaille s'ouvrir en deux, et des pattes insectoïdes en sortir, soutenant une créature à vue de nez aussi haute qu'un chocobo adulte. Gast arrêta de nouveau la vidéo et rabattit l'écran.

"Ce sont les squames. Des créatures qui vivent en symbiose avec Sin. Il en existe plusieurs types, ceux-là sont les moissonneurs."

"Les moissonneurs ? "

"Oui. Ils récupèrent tout ce qu'ils peuvent. De la nourriture, des générateurs, des animaux... des humains."

Vincent inspira profondément et Gast posa aussitôt la main sur son épaule.

"Ça va ? "

"Oui. Je pense. Ça.. a un rapport avec Hojo ? "

"C'est lui qui l'a créé."

Gast rouvrit son dossier et tendit plusieurs pages de rapport à Vincent. Une vieille photo montrait Hojo posant devant un long cylindre de verre empli d'un liquide verdâtre et dans lequel flottait une espèce d'embryon géant recroquevillé sur lui-même, et pourtant déjà plus grand qu'Hojo.

"Projet S.I.N. . Il est passé d'une créature de deux mètres de long à ça en moins de deux ans. Ses cellules sont saturées de mako, je ne sais même pas comment il fait pour ne pas être empoisonné par son propre sang. Quelqu'un à la Shinra a reconnu Sin et j'ai été rappelé d'urgence à Midgar pour essayer de débusquer Hojo."

"Rappelé ?"

"J'avais démissionné pour épouser Ifalna."

Vincent haussa un sourcil, étonné que le scientifique ait fait un tel sacrifice pour l'amour d'une femme. Sans avoir été aussi radical qu'Hojo dans sa conception de la science, Gast avait tendance à ne rien remarquer de ce qui se passait autour de lui quand il était plongé dans ses expériences.

"Tu as réussi à le retrouver ?"

Gast soupira et secoua la tête.

"En 2968, Terra est détruite. Suivie par Winhill l'année suivante. A la même période, la majorité des clans des lions cosmos est décimé par des squames. En 2970... Sin est découvert au large de Junon. La Shinra bat le rappel de toutes ses forces armées. C'est là que Sin est gravement blessé... Mais il arrive à fuir. Pendant trois ans, on ne trouve plus un signe de vie de sa part."

"Mais il est revenu…"

"En 73. Il attaque Besaid. Il est repoussé grâce aux canons à mako construits pour protéger la ville. En 2974, il attaque Alexandria. La ville est toujours debout, mais c'est uniquement grâce aux invocateurs. Après la bataille, les forces Alexandrine et Shinra ratissent les côtes pour exterminer les squames restant. Et là, ils tombent sur deux survivants."

Gast sortit deux photos et les tendit à Vincent. Deux jeunes hommes en tenue militaire se trouvaient dessus, essayant tous deux de ne pas sourire à l'appareil photo. C'étaient à peine des adolescents, l'un aussi brun que l'autre était blond.

"Isack et Cloud Strife. Ils avaient seize ans là dessus. Quelques mois plus tard, ils étaient envoyés à Winhill. Ils y ont disparu lors de l'attaque de Sin. Et pourtant on les retrouve tous les deux à Alexandria cinq ans plus tard. "

"Que s'est il passé ? "

"Ils se sont enfuis de Sin. "

"Enfuis de…"

"Sin... sin est à la fois un monstre géant, un hôte pour les squames et une espèce de.. de nef vivante. Isack Strife nous a décrit l'intérieur autant qu'il le pouvait. Il n'a pas vu grand-chose, ils étaient enfermés et Hojo leur a fait subir des expériences, mais c'est grâce à leur témoignage qu'on en sait autant sur Sin. "

Vincent réfléchit quelques secondes, les yeux fixés sur la photo des deux adolescents.

"2974... c'était l'année dernière…" Commença t-il après un rapide calcul mental.

"Oui."

"Et... Hojo court toujours."

"Oui" soupira Gast. "Depuis la défaite d'Alexandria, il se fait plus discret. Il sait que nous avons maintenant de quoi repousser Sin, alors il a changé de tactique. Il envoie les squames par petits groupes vers les villes. Ils sont moins dangereux qu'une attaque frontale de Sin, mais ils se glissent partout. Et certains.. ont un visage humain. Ils sont parfois impossibles à discerner d'une autre personne."

"Que veut- il ?"

"Si je le savais…" répondit Gast en levant les mains d'un geste impuissant. "Ça fait des années que nous ne pouvons rien faire d'autre que subir ses assauts. Parfois, nous arrivons à le prendre de court. Avec les canons à mako... Ou en démantelant ses laboratoires secrets. Dans l'un d'eux, j'ai retrouvé des notes concernant un certain V. Valentine. J'ai pu remonter la piste jusqu'au Manoir de Nibelheim et j'ai... Je t'ai trouvé là-bas. Je... je suis désolé Vincent. Je ne pensais pas... Je n'imaginais pas ce qu'il... qu'il t'ait…"

Gast inspira longuement avant de reprendre, essayant de maîtriser les tremblements de sa voix.

"Je ne pensais pas qu'il aurait falsifié ton acte de décès... J'aurais dû vérifier… Je savais que vous ne vous aimiez pas, mais pas.. pas au point qu'il..."

Vincent se tourna, tendant la main droite pour la poser sur l'épaule de son ami.

"Ce n'est pas ta faute. Hojo est le seul coupable."

Il serra légèrement avant de se rasseoir correctement.

"Et je lui ferai payer."

Gast eut un petit sourire avant de se lever, vérifiant que Vincent n'avait pas dérangé sa perfusion en bougeant.

"Pour le moment, tu ne peux rien faire, tu es encore trop affaibli. Ordre du médecin, garde le lit."

"Qu'est-ce que je peux faire contre lui ?" Demanda soudain Vincent.

Gast hésita un petit moment avant de soupirer.

"Il y a une unité spéciale qui s'occupe de chasser les squames et protéger Midgar. On l'appelle Avalanche. Les Strife en font partie. Je peux m'arranger pour que tu y sois intégré dès que tu seras remis."

"Et ça me permettrait de trouver Hojo ?" Demanda le brun en massant la peau autour de l'aiguille.

"En tout cas, les Strife ont le même objectif que toi 2 . Ne touche pas à ça."

Gast repoussa la main de Vincent pour inspecter l'aiguille, ignorant la façon dont la main de Vincent s'était crispé à son contact.

"Ils ont leurs chances ?"

"Ifalna dit que oui…"

"Qu'en sait-elle ? "

"Elle... "

Gast remonta ses lunettes rondes du bout des doigts, cherchant comment finir sa phrase sans passer pour un lunatique.

"C'est une mage native. Elle voit des choses…"

"Ça ne me semble pas très scientifique comme preuve."

"Au point où j'en suis Vincent... Je suis prêt à accepter n'importe quoi pour être débarrassé d'Hojo... Je suis censé trouver des armes contre les squames, et débusquer Hojo, mais je ne suis pas un détective, et la Shinra ne me laisse pas fourrer mon nez dans leurs vieux dossiers, ils ont trop peur que je déterre des souvenirs peu reluisants…"

"Pourquoi les aides-tu alors Gast ?" finit par demander Vincent.

Le docteur eut un petit soupir résigné et désigna la pochette sur les genoux de son ami.

"Parce que les gouvernements se sont effondrés. Parce que les rois sont morts. Parce que la seule autorité organisée qui empêche notre monde de tomber dans le chaos est Shinra. Ce sont eux qui s'occupent de la nourriture, de l'armement, de défendre les gens. Ce sont des pourris, mais c'est notre seul espoir de survie. Sans eux, je n'aurais eu aucun espoir de comprendre ce qu'est Sin et les squames, ni de créer des armes utiles contre eux. Si seulement ils pouvaient être moins... bornés…"

"Et tu penses que je changerais quelque chose ? "

"Tu es un Turk. Ce n'est pas toi qui m'a dit que remuer les affaires sordides, c'était ton rayon ?"

Gast fut récompensé par un des rares sourires en coin de Vincent.

"Si il le faut."

"Il le faudra... Mais pour le moment, le plus urgent est de te reposer. Je repasserai plus tard."

Gast se leva et reprit son ordinateur et le dossier avant de sembler se remémorer quelque chose. Il fouilla alternativement toutes ses poches avant de parvenir à trouver ce qu'il cherchait. Une carte plastifiée longue comme sa paume et munie d'une photo et d'un code barre.

"Voilà" déclara le docteur en la lui tendant.

"Qu'est-ce que c'est ?" Demanda le brun en tendant la main.

"Ta nouvelle identité officielle, je l'ai faite faire le plus rapidement possible au cas où."

"Où as tu eu ça ? "

"Travailler pour les pourris à parfois du bon, surtout en matière de faux papiers. Bienvenue à Midgar... Monsieur Valentine."


1 On a les références qu'on a... J'avais mentionné mon sens de l'humour pourri?

2 Trouver Hojo et l'éclater contre un mur.