Que vois-je ? Une nouvelle fanfic ? En collaboration ? Sommes-nous donc vivante ? MAIS OUI. OH MON DIEU. VOUS NE REVEZ PAS.

Collaboration avec mon magnifique bébé, sans qui cette histoire n'aurait jamais eu lieu, vous pouvez la remercier !

Bonne lecture :)


21 octobre

Fulminant contre lui-même, Iwaizumi serra le poing et le fracassa contre le mur. Sans un mot de plus, il sortit de la chambre, évita habilement un collègue, poussa la porte si violemment qu'elle heurta le mur et entra dans la salle de repos. Quelques personnes étaient présentes, ce dont il n'avait rien à foutre, il n'en cherchait qu'une. Oikawa, assit à table et plongé dans un énième rapport, releva tranquillement les yeux. Tout comme ses collègues.

La colère afflua comme une vague. Mue par cette dernière, il s'approcha avec fureur d'Oikawa et le saisit par le col.

— Alors t'as sérieusement pensé que c'était un putain de jeu ? s'exclama Iwaizumi.

Les yeux écarquillés, Oikawa resta coi quelques secondes. Trop surprit pour comprendre quoi que ce soit, il bégaya quelques mots avant de reprendre constance :

— De quoi tu parles ?

Comme brûlé, il le relâcha. Prenant appuie sur la table, Oikawa fronça les sourcils et plongea son regard dans le sien, décidément, il ne comprenait rien à son charabia.

C'en fut trop. Animé par l'animosité, son coeur parla plus vite que ça tête et il s'entendit hurler :

— De ces putains d'histoires de baise qui le sont pas ! Comment t'as pu penser que j'étais pas sérieux ? Bien sûr que j't'aime espèce d'abruti !

Suite au silence de la pièce, il regretta immédiatement ses propos. Exactement comme ce jour-là.

— Il commence à faire froid, tu ne trouves pas ? Souffla Iwaizumi, luttant pour reprendre sa respiration.

Oikawa essuya du revers de la main la transpiration qui perlait à ses tempes, essayant de discerner dans l'obscurité le visage d'Iwaizumi, pris au piège avec lui dans la cage de métal.

— Sûrement.

Il avait voulu sa voix forte et assurée, mais le manque d'oxygène commençait à se faire bien trop sentir pour ça. Chaque mot était un supplice, cependant, ils s'efforçaient de parler pour rester éveillés. Ils savaient que s'ils sombraient dans l'inconscience maintenant, leurs chances de survie seraient quasi nulles.

L'inquiétude lui rongeait les tripes.

— Idée de merde l'ascenseur, mon Lieutenant.

Les derniers mots provoquèrent une quinte de toux à Iwaizumi qui se maintint un instant la cage thoracique, comme si cela aurait pu changer quoique ce soit à la douleur qu'il ressentait à l'instant présent.

— Vraiment une idée de merde, souffla-t-il malgré la suffocation.

Il ne pouvait pas se permettre de laisser mourir son homme. Puisant dans ses ressources, Oikawa força sur ses bras pour se rapprocher de son subordonné, que seul l'angle formé par les deux épais panneaux métallique maintenait assis.

— Ta main, ordonna-t-il.

Plissant les yeux pour essayer de voir une variation de couleur dans l'obscurité, Oikawa retint une nouvelle quinte de toux. Il ne parvenait pas à voir grand chose, mais la main dans la sienne était bien trop froide pour que cela soit normal.

— C'était quoi le départ déjà ? Lâcha Oikawa.

— Malaise, Lieut'nant. Symptômes que tous les voisins avaient quand on est arrivé.

Son cerveau tournait au ralentit, et pourtant, Oikawa était pris d'un doute. Il était nouveau sur le terrain mais se souvenait d'un stylo lumineux qu'Iwaizumi avait utilisé quelques fois en intervention.

— Stylo, tu l'as sur toi ?

Il entendit des bruits de tissu froissé et quelque chose de froid toucha ses doigts.

— On est descendu pour vérifier le gaz.

— Et après ? Encouragea Oikawa tout en passant le stylo devant les pupilles qui réagirent parfaitement à la lumière.

Iwaizumi prit une longue inspiration. Essoufflé, il continua :

— Escalier trop encombré, donc descendu par l'ascenseur.

Nouvelle pause, les battements de son coeur allaient trop vite, il le savait, mais il devait tenir. Pas question de crever enfermé dans une boite. Les phrases trop longues étaient difficiles, mais il pouvait se tenir éveillé.

— On s'est senti mal en bas. Après avoir vérifié l'élec-l'électricité, bégaya-t-il après une quinte de toux : « on a compris qu'on devait remonter. Sûrement un problème de gaz. »

Oikawa savait qu'il demandait un effort surhumain à son homme, l'entendre souffrir n'était pas quelque chose d'agréable mais c'était actuellement la seule chose qu'il pouvait faire pour le maintenir avec lui. Il braqua la lumière sur la main qu'il tenait encore. Les extrémités commençaient à violacer. Il fallait vite qu'on les sorte d'ici, où il ne donnait pas cher de leurs peaux.

— Remonter, appel de détresse, déjà lancé, remonter… répéta Iwaizumi : « voir la lumière. »

La tête d'Okawa commençait à le faire sérieusement souffrir, seule l'angoisse de voir mourir quelqu'un sous ses ordres le maintenait éveillé. D'autant plus si c'était Iwaizumi. Sa respiration, douloureuse, devenait de plus en plus chaotique. Il n'allait pas tarder à finir dans le même état que son subordonné.

— Croyez au paradis ? Souffla Iwaizumi, hagard.

— Peut-être.

Ses pensées incohérentes le poussaient à la limite de l'inconscience. Flirtant entre le rêve et la réalité, est ce que ce qu'il disait était réel ?

— Croyez que les homos sont acceptés là-bas ?

Une quinte de toux meubla le silence qu'avait créé son interrogation.

— Je ne sais pas… Mais si j'étais dieu, moi je voudrais bien d'un type comme toi à mes côtés, lâcha Oikawa.

Ils commençaient à sérieusement suffoquer. C'était sûrement pour ça qu'ils se confiaient des âneries du genre.

— Suis même pas croyant, s'étouffa Iwaizumi.

Il tenta de rire, mais ne parvint qu'à s'asphyxier un peu plus. Le stylo diffusait un peu de lumière, Iwaizumi laissa tomber sa tête sur le côté. Il posa ses yeux humides sur Oikawa. Il avait l'impression de partir, et ça, il n'en avait pas envie.

— Mais suis gay, souffla Iwaizumi.

Coincé sur ses iris vertes, Oikawa les grava dans sa mémoire avant de basculer sur ses lèvres. Même si mourir sur un baiser serait une belle fin, il devait les sortir de là. Le peu de lucidité qu'il lui restait le poussa à agir plutôt qu'à accomplir son envie.

Ses paupières se faisaient de plus en plus lourdes. C'était devenu une lutte de chaque instant pour les maintenir ouvertes.

Puisant dans le peu de forces qu'il lui restait, il leva le poing. Sa main s'abattit plusieurs fois sur la porte de l'ascenseur. Trois coups secs, trois lents, trois secs. S.O.S.

— Vais… Dormir… incapable de finir sa phrase, Iwaizumi suffoqua.

Dans un râle pénible, Oikawa se hissa encore une fois sur ses bras, s'étouffant dans une nouvelle quinte de toux.

— Pas question !

Ses bras commençaient à le lâcher mais il tint bon, empoignant la veste de son camarade d'une main. Iwaizumi lui rappela une poupée de chiffon.

— Suis là. Encore.

Sa tête semblait s'être alourdie de plusieurs dizaines de kilos. Il luttait pour la maintenir droite sur ses épaules. Oikawa s'étira et secoua ses membres endolorit pour faire circuler l'oxygène dans son corps, l'effort lui coutait énormément, chaque mouvement était pire qu'un couteau le transperçant de part en part. Mais il se devait de garder la face, car si Iwaizumi le voyait flancher, il fermerait les yeux.

— Lieutenant ? Gémit Iwaizumi.

Il adressa un sourire qu'il voulait rassurant à son homme.

— Commence à faire froid, murmura Oikawa.

À travers sa vue troublée, Iwaizumi tenta de fixer son supérieur. Ils étaient dans une sale situation, ils le savaient.

— Froid d'puis t'à l'heure, un râle lui échappa, une toux : « Pas vous ? »

Oikawa se pencha et tira Iwaizumi vers lui. Allongé tous les deux sur le sol, il posa sa main sur le torse de son subordonné. Il sentait sa respiration aussi laborieuse que la sienne, mais au moins, il respirait.

— Pas vous ? Répéta Iwaizumi.

Oikawa comprit qu'il avait oublié de lui répondre.

— Si.

Les secondes s'égrainèrent, peut-être les minutes, à vrai dire, il avait perdu notion du temps.

— Iwaizumi ?

Silence, il sentit sa cage thoracique s'enfler un peu plus :

— Lieutenant, un souffle.

Alors qu'il sentait ses dernières forces le quitter, Oikawa porta une dernière fois sa radio à sa bouche.

— Urgent, urgent, ascenseur, sa tête lui tournait, son corps entier semblait s'être embrasé, urgent… urgent… ascenseur… les derniers mots avaient été murmurés si faiblement qu'il doutait même qu'Iwaizumi les aient entendus.

Lui non plus n'était pas croyant, mais désormais aux portes de la mort, il pria pour qu'on les trouves alors que son corps et sa conscience l'abandonnaient.