Bonjour tout le monde.
Je l'avais annoncée et pour tout vous dire, commencer à publier cette histoire n'est absolument pas raisonnable. J'ai repris les études, je croule sous le travail et mes dizaines de projets. Je n'ai plus vraiment de contact avec ma bêta-lectrice donc je suis réellement en train de faire un saut dans un précipice.
Mais j'en avais assez de laisser cette fic dans mon placard. J'ai quelques chapitres d'avance, mais je ne vais pas avoir un rythme de publication régulier pour l'instant. Je publierai quand j'aurai le temps et quand les chapitres seront assez travaillés.
C'est la première histoire où j'écris une intrigue policière vraiment poussée. J'espère qu'elle tiendra la route et vous maintiendra en haleine.
Je vous préviens juste que le début de cette histoire ne sera absolument pas joyeux. Mais je vous assure, les choses vont rentrer dans l'ordre. Si vous me connaissez, vous savez que j'aime torturer mes personnages mais que tout finit par s'arranger d'une manière ou d'une autre.
Je ne pouvais pas écrire autre chose qu'un Dramione, mais j'avais vraiment envie de parler d'autres personnages et de ne pas avoir un seul couple en premier plan. J'espère qu'ils vous plairont et que vous vous attacherez à leurs histoires.
Je vous laisse à votre lecture, mais je tenais à ce petit préambule car je pense qu'après "Que reste-t-il des jours heureux ?", qui est la fic jusque-là dont je suis la plus fière, "On reverra le soleil" sera ma dernière fanfiction aussi longue.
Je vous souhaite une très bonne lecture de ce premier chapitre, certes court, mais intense.
Un merci éternel à Whimsikal qui a suivi le début de cette aventure et qui a toute ma gratitude. Ce n'est pas pareil sans toi.
Je vous embrasse.
Il pleut des cordes
Les couloirs aseptisés de l'hôpital brillaient sous la lumière d'un printemps prometteur. Le parc sous les fenêtres avait été envahi par tous les patients qui pouvaient profiter du soleil doux et revigorant. Depuis le quatrième étage, George regardait les gens fourmiller parmi la végétation. Il laissa échapper un petit soupir et se retourna vers le lit qui trônait au milieu de la chambre silencieuse.
« Ne t'en fais pas, Freddy, il pleut des cordes aujourd'hui. »
Le silence, seul, répondit. Encore, toujours le même silence si douloureux depuis si longtemps. Fred n'avait pas bougé de son lit depuis six ans. Il n'avait pas bougé tout court. C'était un miracle qu'il soit ressorti vivant de l'explosion qui l'avait enseveli sous les décombres lors de la bataille de Poudlard. Mais le coma était un supplice terrible qui le privait de sa famille autant qu'il plongeait George dans un désespoir sans fond.
Depuis le premier, il venait tous les jours au chevet de son jumeau. Il lui parlait de la boutique qu'il tenait toujours avec l'aide de Ron, grâce à qui il pouvait quitter le travail tous les après-midi pour se rendre à Sainte-Mangouste. Quand il trouvait des choses intéressantes, il portait l'exemplaire de la Gazette du Sorcier pour lui faire la lecture. Il mettait de la musique pour combler le vide. Peu importe ce qu'il avait à faire, George ne pouvait pas laisser son frère seul.
« Maman a encore pleuré aujourd'hui. Elle m'a appelé Fred. Ça ne lui arrive presque plus, mais c'est toujours aussi dur.
Le soleil irradiait la chevelure flamboyante dans laquelle George passa sa main pour la recoiffer inutilement.
– Ce n'est pas grave, tu te réveilleras demain. »
Avec autant d'espoir que de chagrin, il répétait cela depuis six ans dans l'attente qu'un jour peut-être, il ait raison. George ouvrit la fenêtre et un courant d'air tiède fit voler les rideaux. Il retourna s'asseoir à côté du lit et laissa couler son regard sur le visage de Fred. Impassible et inexpressif, il avait perdu ses couleurs et la joie de vivre qui le caractérisait tant. Comme il aurait aimé l'entendre rire encore une fois. Le voir s'émerveiller d'une infime nouveauté et s'amuser d'une farce bien pensée. Mais après six ans d'immobilité tragique, comment ne pas céder face à la fatalité des choses ?
Lorsque la nuit tomba, George se leva et quitta la chambre. Il pouvait bien faire un temps magnifique ou pleuvoir comme si le soleil fondait. Tant que rien ni personne ne pouvait ramener Fred dans sa vie, son Freddy, il était incapable de trouver un intérêt quelconque au temps qu'il faisait.
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Le premier jour d'avril était une journée compliquée depuis la fin de la guerre. Chaque année, le manque et la tristesse se faisaient sentir, mais tout le monde faisait en sorte que ce soit le moins dur possible. Ce premier jour d'avril, c'était l'anniversaire de Fred et George, et sans son frère, le second n'avait aucune envie de faire la fête. Mais les anniversaires étaient sacrés chez les Weasley et le Terrier était remué dans tous les sens par les mouvements de tout le monde.
Molly s'affairait en cuisine avec Fleur à préparer une quantité impressionnante de nourriture, Ron et Harry aidaient Arthur et Bill à installer une grande table dans le jardin fraîchement dégnômé pour que tous puissent profiter du temps magnifique qui durait depuis quelques jours. Hermione transplana peu après Charlie qui venait passer quelques jours en Angleterre et s'en alla saluer toute la famille presque au complet. Presque.
Plus loin de la maison, à l'écart de l'agitation, George était assis dans l'herbe. Angelina près de lui avait posé sa tête sur son épaule et caressait son dos en silence. Dans ses bras, le rouquin portait une petite fille endormie, le pouce dans sa bouche. Il n'en parlait pas souvent, mais Roxanne avait été le rayon de soleil dans la noirceur de ses matins. Il ne le disait quasiment jamais à Angelina, mais il lui était tellement reconnaissant. Reconnaissant qu'elle lui ait donné cette enfant merveilleuse, qu'elle soit restée près de lui depuis tout ce temps. Qu'elle se soit résignée à ne pas être celle que son homme aimait inconditionnellement. Elle savait qu'il l'aimait, à sa façon, mais que George n'était pas capable de partager sa vie avec quelqu'un d'autre que son frère.
« On va passer à table, entendirent-il derrière eux.
Ils rejoignirent les autres et s'installèrent.
– Où est Ginny ? demanda Hermione.
– Son Portoloin devrait arriver bientôt, répondit Arthur en jetant un œil à sa montre. Elle a dit de ne pas l'attendre.
– Elle est encore en Bulgarie ? interrogea Hermione plus discrètement en se tournant vers Ron pour que les autres discussions couvrent sa question.
Il se contenta de grogner pour montrer qu'il désapprouvait les séjours internationaux de sa sœur.
– Oui, elle y est encore, explicita Harry. Tu connais l'amour de Ron pour les Bulgares, surtout s'ils sont joueurs de Quidditch.
– Je croyais pourtant que tu avais supporté l'équipe de Bulgarie pendant un certain nombre d'années, s'étonna Hermione dont l'inintérêt pour ce sport n'avait pas diminué avec le temps.
– Jusqu'à ce qu'ils se mettent à tourner autour de ma sœur ! répliqua Ron en enfournant un canapé beurré dans sa bouche. »
Hermione leva les yeux au ciel et échangeait un regard amusé avec Harry quand le son caractéristique du transplanage résonna. Ginny apparut au fond du champ qui leur servait aujourd'hui de salle à manger et s'approcha à grands pas. Elle salua d'un même mouvement toute la tablée et s'approcha de George pour le serrer dans ses bras et embrasser chaudement sa joue.
Elle s'installa là où l'attendait la place vide en face d'Hermione et lui sourit brièvement avant de répondre que oui, elle avait fait bon voyage et que non, elle ne pouvait pas rester.
« Viktor te passe le bonjour, souffla-t-elle à Hermione lorsqu'elle eut fait le tour des questions.
– Tu le lui rendras…, commença à répondre la brune.
– Oui, oui, la coupa Ron avec agacement. Krum par-ci, Krum par-là. Pourquoi est-ce que tu repars si tôt ? ajouta-t-il avec une moue déçue.
– Je n'ai pas fini les entraînements, expliqua Ginny. Et je ne verrai plus Nikola dès que je serai rentrée en Angleterre donc j'essaie de profiter un peu.
Ron sembla s'énerver davantage en entendant parler de l'autre homme et abandonna complètement la discussion.
– Tout se passe bien là-bas ? demanda Hermione.
– Très bien ! s'empressa de répondre Ginny. Mais parle-moi plutôt de toi. Comment se passe ton travail au Ministère ? »
Hermione n'était pas dupe. Elle connaissait cette technique qui consistait à faire parler les autres d'eux-mêmes pour ne pas avoir à parler de soi. Ginny avait les traits tirés, les yeux cernés, et ce n'était pas uniquement dû aux entraînements intensifs de Quidditch ou au voyage. Mais elle ne releva pas parce qu'aujourd'hui, tout le monde devait aller bien.
Ils mangèrent copieusement, Molly forçant tout le monde à reprendre de chaque plat jusqu'à atteindre une satiété suprême. Finalement, Harry et Hermione s'éclipsèrent lorsque les Weasley se préparèrent pour se rendre à Sainte-Mangouste. Ils savaient qu'ils faisaient partie de la famille, mais ce n'était pas vraiment pareil et chaque année, ils respectaient l'intimité des Weasley le jour de l'anniversaire de Fred. Autant l'un que l'autre allait le voir de temps en temps, mais ce jour-là était différent.
Comme un seul être, toute la famille de têtes rousses traversèrent l'hôpital et pénétrèrent dans la chambre de Fred. Une année de plus était passée sans sa présence à leurs côtés. Il était là, bien sûr, en vie, mais ce n'était qu'un amer réconfort face à la mort. Peu à peu, après quelques minutes, quelques heures de recueillement et de paroles, la chambre se vida douloureusement. Un seul resta.
Ginny était repartie sans qu'Hermione n'ait pu lui parler et la brune n'arrivait pas à se concentrer sur son travail alors que son esprit était occupé par tant d'autres choses. George dépérissait, sa sœur s'enfermait dans un quotidien qui la rendait visiblement malheureuse. Hermione se battait depuis huit mois pour affirmer sa place au sein d'une équipe de conservateurs qu'elle avait intégrée au Département de contrôle et régulation des créatures magiques, mais elle se heurtait constamment aux législations archaïques. Elle n'avait probablement jamais été aussi heureuse que le jour où elle avait appris qu'elle avait décroché un poste au sein du Ministère de la Magie, mais plus le temps passait, plus elle déchantait.
« Hermione ?
Elle leva les yeux vers la porte de son petit bureau et un fin sourire éclaira son visage préoccupé.
– Je ne te dérange pas ? demanda Harry. J'ai besoin de te voir pour une affaire.
– Qu'est-ce que c'est ?
– Avec les collègues, on est tombés sur un genre de trafic d'elfes, expliqua l'Auror.
– Un genre de trafic ? Mais quoi exactement ? s'enquit Hermione.
– Lors d'une intervention, on a trouvé des documents qui répertorient des transactions assez louches et je pense qu'il s'agit de ventes et d'achats d'elfes de maison.
– Mais que veux-tu que je fasse ? s'étonna Hermione. Il faudrait déjà que je puisse voir ces parchemins et au-delà de ça, c'est le Bureau des Aurors qui s'occupe des enquêtes.
– Le problème, c'est que comme on n'a aucune preuve concrète, le Bureau ne veut pas mettre des Aurors dessus. Alors j'avais pensé que tu pouvais peut-être essayer de creuser de ton côté, comme ça concerne le Département, et si tu trouves quelque chose, j'essaierai de le soumettre au Bureau ensuite.
Hermione soupira.
– Je ne sais pas, Harry. Je peux essayer de jeter un œil aux documents, mais tu sais très bien que je n'ai aucun moyen ici.
Harry hocha la tête et les deux sorciers restèrent silencieux pendant un moment.
– Je peux te demander quelque chose ? finit par dire Hermione en se reculant sur sa chaise.
– Bien sûr !
– Est-ce que Ginny te parle ?
Harry sembla surpris, mais secoua finalement la tête.
– On est restés proches, répondit-il, mais depuis qu'elle s'entraîne en Bulgarie, on n'a plus vraiment l'occasion de se voir. Pourquoi, tu t'inquiètes ?
– J'ai l'impression qu'elle ne va pas bien. Elle avait une petite mine à midi et elle est repartie à peine arrivée. Ce n'est pas vraiment son genre, elle est très intègre envers sa famille et depuis qu'elle est partie… Je ne sais pas.
– Que veux-tu que je te dise ? Ce n'est certainement pas à moi qu'elle va parler de ses nouvelles relations. Peut-être que tu te fais du souci pour rien. On ne connaît pas ce type, peut-être qu'il est très gentil.
– J'espère, murmura Hermione. »
Harry se leva et déposa un baiser sur le front de sa meilleure amie avant de quitter le bureau. La brune se passa les mains sur le visage et se massa les tempes. Il fallait qu'elle se vide la tête, autrement elle n'arriverait jamais à avancer d'un pouce.
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George déposa les mini-feux d'artifice qu'il avait rapportés de la boutique sur la table de chevet près du lit et les alluma d'un coup de baguette. Aussitôt, une multitude de gerbes colorées s'éleva sur quelques centimètres, illuminant les murs de mille couleurs.
« Bon anniversaire, Freddy. »
Puis il s'en alla, la mort dans l'âme, retrouver son appartement alors que deux étages plus bas, un gémissement terrible déchirait l'air. Les médicomages s'agitèrent soudainement autour de la chambre 225. La douleur planait donc partout dans cet hôpital et personne n'était épargné, pas même Astoria Malefoy et l'homme qui serrait fort sa main dans la sienne en attendant que les cris cessent.
