Bonjour à tous!
"Je suis de retour, pour ne pas vous jouer un mauvais tour!" (J'ai essayé une vanne, elle était pourrie).
Bref! Après des mois d'absences, je vous présente la suite de la trilogie des aventures de la nouvelle génération.
J'ai aussi plusieurs annonces à vous faire:
1e: Je suis tellement contente de vous retrouver!
2e: Je l'ai déjà peut-être dit à certains d'entre vous mais je suis dessinatrice et en ce moment je participe à un concours de webtoon (bande-dessinée numérique). Pour ceux qui ont envie d'y jeter un coup d'oeil, je vous laisse un petit lien:
fr/challenge/le-v-de-mila/list?title_no=662243
3e: Le concours dure deux mois et je serai très occupée pendant les grandes vacances. J'ai déjà plusieurs chapitres d'avance mais pas assez pour me montrer aussi régulière que les autres fois. C'est pour cela que je publie maintenant 2 chapitres qui servent un peu de teaser. Je les publie aussi pour me mettre un peu la pression histoire de finir ce projet!
Voilà! Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une très bonne lecture. Comme toujours n'hésitez pas à laisser une petite review, petit follow, favorite et ça me ferait un IMMENSE plaisir si vous me donniez aussi votre avis sur mon webtoon.
Aux anciens, je vous envoie plein d'amour et aux nouveaux, bienvenue! (On s'amuse bien ici).
1
LES CINQ RACES
Ils avaient eu de la chance qu'il fasse clair ce jour-là.
Merlin se tenait sur la butte, dans l'herbe tendre et encore humide de la pluie de cette nuit. Il avait troqué sa robe cérémoniale qu'il portait à la cour du Roi Arthur pour une petite tenue de voyage plus agréable et pratique à porter sur le chantier. Il tenait entre ses mains les parchemins où étaient griffonnés ses calculs. Cela lui avait pris de longs mois pour trouver l'endroit précis qui n'interferait pas avec le réseau de magie déjà existant. Cela avait pris aussi beaucoup de temps pour mettre tout le monde d'accord mais l'assemblée qui s'était tenue à Tintagel avait été un franc succès. Ils avaient réussi à trouver un compromis et un traité avait été signé. Les travaux avaient commencé dès le lendemain.
Le vieil homme était fier de cette avancée autant pour l'homme que pour les créatures magiques. Il sentait monter en lui une bouffée d'espoir et d'excitation à l'idée d'un futur glorieux. La butte près de Salisbury était l'emplacement idéal. Plus qu'une avancée dans l'histoire de la magie, sa future construction représenterait le symbole de leur union et de la paix, la jonction parfaite entre les humains et les créatures magiques. Merlin avait du mal à contenir son émotion. Elle serait si fière de lui, si elle avait eu la possibilité de contempler son œuvre.
La terre se mit à trembler sous les pas pesants de Dagar, un géant de dix mètres. Celui-ci transportait sur ses épaules une énorme roche noire sur ses épaules gigantesque. Chacun de ses pas provoquaient un bruit assourdissant et Merlin dut crier pour lui indiquer l'endroit exact où il voulait qu'il pose sa pierre.
—DANS LE CERCLE INTÉRIEUR! Voilà…
Le géant baissait ses yeux noirs vers le petit sorcier qui agitait ses bras pour se faire entendre. Il poussa un grognement et escalada la butte en une enjambée. Lorsqu'il laissa tomber le cromlech, des mottes de terre jaillirent comme une fontaine pour permettre à la pierre de s'enfoncer dans le sol.
—Oui! Voilà. Juste en face de…
Huclor, un autre géant, arrivait de l'autre côté avec une pierre blanche entre ses mains énormes. Merlin le guida à l'endroit précis où il voulait qu'il pose son fardeau et les deux dolmens, l'un noir, l'autre blanc, se firent face comme par défi.
—C'est parfait! sourit Merlin en vérifiant ses plans.
L'ensemble prenait forme. Les deux pierres principales étaient enfin en place, celle de la vie et de la mort. Ce n'était pas conventionnel et Merlin avait dû travailler dur pour trouver ce subterfuge pour imiter la magie originelle. Mais le résultat dépassait toutes ses espérances. La magie des deux dolmens entrerait bientôt en résonance. Merlin pouvait déjà sentir leur énergie vibrer et communiquer avant même qu'il n'ait débuté le rituel. Bientôt, une source extraordinaire de magie se manifesterait dans les entrailles de la terre pour se déverser sur tout le territoire et permettre ainsi aux hommes d'obtenir la magie aussi facilement qu'une respiration.
Son vaste projet avait vu le jour alors qu'il peinait à apprendre la magie à ses disciples. Il avait bien essayé avec le jeune Arthur, ce petit garçon qui avait fini par devenir roi avec son concours. Mais il n'avait réussi qu'à lui apprendre à utiliser des objets déjà enchantés, gorgés de magie qui ne dépendaient pas de sa magie naturelle mais de celle que le vieux sorcier avait transvasé dans ces artefacts.
Merlin avait été heureux de voir son jeune apprenti brandir fièrement son épée pour ramener l'ordre et la justice parmi les humains, façonnant pour la première fois une civilisation humaine digne de son royaume auparavant chaotique. Mais Merlin rêvait de plus. Il avait été le témoin direct du potentiel humain et il avait imaginé une civilisation magique aussi brillante que celle des centaures ou des elfes. Il voulait voir naître des sorciers, comme lui, capables d'utiliser la magie, sans l'aide d'objets enchantés, et sans forcément devoir passer par le voyage terriblement dangereux de la source. Il voulait hissé l'homme à l'égal des créatures légendaires qui leur était incroyablement supérieur. Il désirait plus que tout la paix entre toutes ces races. C'était l'œuvre de sa vie. Ce pour quoi il avait tout sacrifié, ce pour quoi il s'était battu toute sa vie.
Et aujourd'hui, ses vœux étaient enfin exaucés. Ce cercle de pierre était l'accomplissement de ces longues années de labeur, le premier pas pour la civilisation sorcière, une prouesse historique.
Un bruit de galop alerta Merlin. Il se retourna et les géants s'immobilisèrent. Une harde de centaures sortirent du sous bois pour s'approcher de la butte. Les géants et les centaures ne s'entendaient pas beaucoup. Ils avaient été en guerre pendant de longs siècles et il avait fallu énormément de diplomatie pour les amener à enterrer la hache de guerre. Merlin grimaça en reconnaissant le centaure qui menait sa troupe au grand galop. Vasilys avait été l'un des détracteurs les plus virulents contre le traité. Il n'avait aucune confiance en les géants qui les avaient piétinés sans retenue durant de long siècle et encore moins en ces créatures faibles et abruties qu'étaient les humains.
Les centaures s'arrêtèrent devant le sorcier qui les accueillit avec son sourire le plus bienveillant. Il jeta toutefois un coup d'œil à son sceptre resté sur l'une des pierres pour lui permettre de travailler. Il aurait tout donné pour l'avoir en main. Les centaures fixaient les géants avec méfiance, s'ébrouant en gonflant leur biceps. Dagar poussa un autre grognement en voyant un centaure s'approcher de son pied d'un peu trop près. Il était déjà prêt à le lever pour le frapper violemment.
—Bienvenue, mes amis, dit Merlin en s'approchant.
Vasilys sortit du rang en le regardant de haut. Son expression était clairement hostile. Vasilys avait la plus longue crinière, une épaisse chevelure blanche accompagnée d'une barbe aussi longue que celle du sorcier. Son expérience lui avait valu un grand respect de ses pairs. Il n'était heureusement pas leur représentant. Korion était un chef beaucoup plus amical que l'ancien et envahi du même enthousiasme que le sorcier quant à l'avenir de leur alliance. Malheureusement, le jeune centaure ne les accompagnait pas.
—Je vois que vous avez déjà commencé…, fit Vasilys en observant l'ébauche du premier cercle de pierre.
—Nous avons réussi à placer la pierre de la mort et celle de la vie, avec succès, sourit Merlin, plein de fierté. Je craignais que cela ne provoque une énergie magie résiduelle qui pouvait s'avérer dangereuse. Mais elles semblent interagir en harmonie, c'est magnifique.
Vasilys poussa un rictus méprisant. Ses pattes avant s'agitèrent et les centaures, derrière lui, bougèrent de même pour marquer leur mécontentement.
—Effacez ce sourire niais de votre visage, cracha Vasilys. Vous manipulez des forces qui vous dépassent, vieil homme.
Merlin se rembrunit. Il avait déjà entendu ce discours à Tintagel. Durant leur réunion, Vasilys leur avait déjà tenu ce discours lorsque Merlin leur avait présenté son projet.
—Et je vous répète ce que je vous ai déjà dit, rétorqua Merlin avec calme, cette construction a été approuvée par la fée elle-même! Vous-même savez de quoi elle est capable et quelle confiance elle inspire à chacun d'entre-nous. Vous n'iriez tout de même pas à l'encontre de sa sagesse?
—C'est votre plan, pas le sien! répondit Vasilys en le foudroyant du regard.
—Un plan qui a été approuvé par chacun d'entre nous.
—Pas par moi!
—Par votre chef, Korion! rétorqua Merlin d'une voix forte. Vous lui avez prêté allégeance et le traité représente la promesse de votre peuple pour son autorisation et sa participation à ce projet.
Vasilys rejeta la tête avec une grimace. Merlin sut qu'il regrettait cette décision. Il savait très bien ce qu'il se serait passé si cela avait été lui à la tête des centaures. Le vieil étalon aurait envoyé balader les gobelins, les elfes, les géants et les humains. Surtout les humains pour avoir construit ces horreurs toutes en pierre qui piétinaient leur vaste pâturage.
—Que se passe-t-il ici? demanda une voix particulièrement aiguë.
Marby apparut dans un craquement sec. Le petit elfe avait les oreilles les plus grandes que le sorcier n'avait jamais vu. Son nez en trompette et sa large bouche lui donnaient une bonhomie qui inspirait confiance. Il portait un pagne tressé de feuilles de chêne et une agréable odeur d'herbe fraîchement coupée accompagnait toujours ses apparitions. Marby était le chef des elfes et avait été l'un des premiers à se laisser convaincre par Merlin. Le vieil Marby adorait les humains. Il considérait Merlin comme son ami et s'était mis à le suivre partout pour l'aider dans sa tâche. Les elfes étaient une race particulièrement douée pour la magie et Marby avait aidé Merlin pour les futurs enchantements qui permettraient à la magie de naître en cette terre.
Depuis peu, il faisait aussi équipe avec Brerk, le chef des gobelins pour mettre au point des catalyseurs de magie pour les futurs sorciers. Merlin leur avait permis d'étudier son sceptre pour essayer de mettre au point des baguettes beaucoup plus petites et pratiques à l'enseignement de la magie et l'usage des sorciers. Ils s'étaient rendus compte qu'il fallait ajouter un élément essentiel pour permettre une bonne symbiose entre la baguette et son sorcier: un cœur composé d'une partie d'une créature magique. Les centaures avaient refusé tout net de participer à cette collecte mais les gobelins s'étaient approvisionnés chez les dragons et les licornes. Ils possédaient de nombreux élevages à travers le pays et un partenariat économique avec les humains était le compromis idéal pour les amener à signer le traité.
Vasilys et Marby se toisèrent longuement. Le centaure savait très bien qu'il n'avait aucune chance face à l'elfe. Leurs pouvoirs le surpassaient de loin, même si la constitution robuste des centaures n'avait rien à envier.
—Tout va bien, Marby, le calma Merlin. Vasilys venait seulement pour une visite de courtoisie. Afin de nous rappeler à son bon souvenir, n'est-ce pas?
—A vrai dire, répondit le centaure, je suis envoyé par Korion.
—Comment va cette vieille canaille? demanda Marby avec un petit rire.
—Mal! Notre clan a lu les astres cette nuit. Quelque chose de terrible va arriver.
Marby roula ses énormes yeux globuleux. Les elfes n'étaient pas très friands de divination. Merlin y prêtait un peu plus attention, avec prudence cela dit. Ce qui l'inquiétait beaucoup plus était l'importance qu'attribuaient les centaures pour la lecture des astres. Elle représentait en quelque sorte leur religion et prenait leur présage très au sérieux.
—Qu'ont dit les étoiles? demanda Merlin.
—Mars a inondé le ciel de sa traînée rouge. Les étoiles se sont éteintes les unes après les autres et la lune s'est voilée. C'est un présage funeste.
—Funeste…, répéta Marby de sa voix stridente. Cela tombe plutôt bien pour vous! rit-il doucement.
—Vous ne devriez pas prendre cela à la légère, elfe! Les astres nous ont jugé. Chacune des races mêlées à ce sacrilège sera punie, l'une après l'autre et les elfes en paieront le prix le plus fort.
—Peuh! s'exclama Marby, guère convaincu. Et qu'est-ce qui pourrait nous arriver? Pour la première fois, nous agissons en harmonie. La paix ne peut être que bénéfique.
—Vous pourriez vous retrouver soumis à cette race inférieure! répliqua Vasilys avec haine, en désignant Merlin.
—Ce sont vos astres qui vous ont soufflé cette idiotie? se moqua Marby.
—Plutôt le bon sens dans votre cas!
La tension montait entre l'elfe et le centaure. Merlin pouvait sentir les doigts longs et minces de l'elfe lui démanger, tandis que la queue de Vasilys fouettait l'air derrière lui.
—S'il vous plaît, calmez-vous! dit Merlin en s'interposant. Loin de moi l'idée de dénigrer votre science, dit-il encore en se tournant vers Vasilys, mais pourquoi nous dire cela maintenant? Comptez-vous rompre le traité?
Vasilys jeta un dernier regard de colère envers l'elfe avant de se tourner vers Merlin.
—Comme vous l'avez dit, le traité est une promesse et nous, centaures, n'avons qu'une parole. Mais Korion a insisté pour que nous vous prévenions de la décision des astres. Il n'y a que du malheur qui sortira de cette abomination, dit-il en désignant les cromlechs. Il est peut-être encore temps de faire marche arrière.
Merlin suivit le regard du centaure en se tournant vers le cercle de pierres. L'œuvre de sa vie… Allait-il abandonner à cause des présages des centaures? Il y accordait beaucoup de crédits et il avait une confiance aveugle en Korion. Mais pas en Vasilys… Qui lui disait qu'il ne s'agissait pas d'une de ses tentatives désespérées pour faire capoter le projet? S'il disait la vérité, alors pourquoi Korion n'était-il pas venu en personne? Avait-il honte de revenir sur leur projet pour lequel il avait montré tant d'enthousiasme et d'optimisme? Merlin ne savait plus quoi penser.
Il douta que Vasilys soit capable de tromper son chef. Il était peut-être vieux jeu et vindicatif envers les humains, il n'aurait jamais menti en trompant Korion. Les centaures avaient de l'honneur. C'était une de leurs rares qualités que Merlin avait appris à apprécier. Alors, devait-il tout annuler? S'il le faisait, ce n'était pas qu'un simple projet de construction auquel il mettait fin, c'était aussi au traité de paix. Pour une fois, les cinq races s'étaient alliées sous une même bannière. Allait-il rompre tout ça à cause des étoiles? Les gobelins ne le comprendraient pas et prendraient la mouche. Ils demanderaient réparation et leur déclareraient la guerre s'ils n'arrivaient pas à les payer convenablement en dédommagement. Les elfes s'irriteraient aussi. Ils s'isoleraient dans leurs forêts et ne se montreraient plus jamais devant la face des hommes. Quant aux géants, ils piétineraient quelques villes avant de retourner dans les montagnes.
Et les hommes resteraient sans magie. Pour l'éternité…
Non, jamais! Merlin ne pouvait le permettre.
—Nous avons travaillé trop dur pour faire marche arrière, dit-il en levant les yeux sur Vasilys.
—Bien dit! s'exclama Marby.
—Vous venez de commettre une grave erreur! siffla Vasilys entre ses dents. Vous allez le regretter amèrement.
Il dévisagea, une dernière fois, le sorcier et l'elfe avec un regard plein de ressentiment et de mépris. Puis, il fit signe à la harde et les centaures repartirent comme ils étaient venus, laissant dans leur sillage, un nuage de poussière et le bruit de leurs sabots.
—Vieux canassons entêté! lâcha Marby en les observant.
—J'espère que l'avenir lui donnera tort, dit Merlin.
—Bien évidemment! Les centaures sont de nature superstitieuse. Les elfes, soumis aux humains, rit-il à gorge déployée. Qu'est-ce qui ne faut pas entendre!
Merlin sourit timidement à son ami qui l'accompagna jusqu'au sommet de la butte. L'elfe contempla la pierre noire de la mort, admiratif, tandis que Merlin sondait celle de la vie. Oui, Marby avait raison. Vasilys avait tort. Ils avaient accompli l'exploit de réunir les cinq races intelligentes d'Angleterre et permettre aux humains d'accéder librement à la magie. Ils étaient enfin en paix, égaux et libres. Ils étaient en train de façonner l'âge d'Or de la Magie.
Qu'est-ce qui pourrait arriver de mal?
