Note de l'auteur

Voici une deuxième fanfiction sur le couple Anna/Loth. L'histoire se déroule avant les événements du Livre IV. Arthur est roi de Bretagne depuis quelques années et tente de gérer le royaume comme il peut. L'Orcanie et la Calédonie sont menacées par une invasion barbare et Loth et Calogrenant ont besoin d'aide. Ce qui était un simple voyage en carriole va déclencher toute une série d'événements qui ne sont absolument pas canons.

Cette fanfiction traite de sujets matures (mais pas décrits avec suffisamment de détails pour mériter une classification plus restrictive) et assez durs. Le reste de la fanfiction n'est que le fruit de mes divagations. Comme d'habitude, les commentaires (positifs comme négatifs) sont les bienvenus. Bonne lecture à tous et toutes !

Si vous voulez connaître un peu ma vision du couple Anna/Loth, je vous invite à lire mon autre fanfiction Le soupir de l'Orcanien, qui se déroule dans un monde parallèle à celle-ci.


Chapitre 1 : Mon fardeau

Anna, reine d'Orcanie, patientait depuis plusieurs jours dans une auberge miteuse à quelques kilomètres de Kaamelott. Des barbares scandinaves menaçaient simultanément la Calédonie et l'Orcanie d'une invasion massive. Loth, son mari et roi d'Orcanie, avait demandé l'aide d'Arthur, son suzerain et demi-frère. Connaissant Loth, il allait s'écraser et accepter tout ce que lui proposerait Arthur.

Anna avait préféré attendre dans cette auberge, car elle ne tenait pas à voir son « cher » petit demi-frère. Elle n'avait d'ailleurs que faire de la Bretagne et de la géopolitique de manière générale : son mari avait bien géré les dernières attaques barbares, il n'y avait aucune raison de s'en faire pour celle-ci. Anna n'en savait pas plus et cela ne l'intéressait pas.

Elle n'avait accepté de faire le déplacement que parce qu'ils devaient se rendre ensuite à Tintagel, sa ville de naissance, pour se rendre sur la tombe de son père. Son passage à Tintagel serait court : elle ne tenait pas non plus à voir sa très « chère » mère. Se recueillir sur la tombe de son père, Gorlois de Tintagel, était bien la seule chose qui pouvait la forcer à sortir d'Orcanie.

Anna ouvrit la fenêtre de la pièce pour contempler le paysage. La reine d'Orcanie prit son mal en patience tout en attendant le retour de son mari.


Loth et Galessin rentrèrent une journée plus tard accompagnés de Gauvain, le fils aîné de Loth et d'Anna. Le jeune homme, qui n'avait pas vu sa mère depuis plusieurs mois, la serra doucement et silencieusement dans ses bras. Il n'avait pas beaucoup changé. Anna n'était pas une femme tendre, sauf avec ses enfants. Elle lui rendit son embrassade.

Les trois hommes avaient les traits tirés et l'air sombre. Loth avait l'air particulièrement accablé. Ce dernier déglutit avant de prendre la parole.

« Ma douce amie… j'espère que l'attente n'a pas été trop longue. Je vous propose de repartir dès à présent vers l'Orcanie », proposa-t-il en prenant un maximum de précautions, comme s'il marchait sur des œufs.

Anna fronça les sourcils d'exaspération et d'indignation. Évidemment que l'attente avait été très longue ! Et voilà qu'il ne respectait pas sa part du marché ?!

« Je croyais que nous devions prendre la route vers Tintagel ?! » s'exclama la reine d'Orcanie.

« Je sais… Je suis désolé de ne pouvoir tenir parole, mais notre situation militaire est beaucoup plus précaire que je ne le pensais. » Loth marqua une pause avant de reprendre. « J'ai beaucoup de préparatifs à faire. Il est préférable que nous partions dès à présent », lui répondit-il en évitant le regard de sa femme.

À ses côtés, Galessin et Gauvain ne pipaient mot.


Dans la carriole qui les ramenait en Orcanie, Galessin assistait impuissant à la dispute du couple royal.

Loth avait tenté d'expliquer les subtilités militaires et géopolitiques qui le poussaient à devoir accepter l'aide d'Arthur et à rentrer précipitamment en Orcanie. Sa femme ne voulait rien entendre et avait clairement l'intention de se défouler : Loth était sa cible et les deux autres occupants de la carriole se faisaient le plus discrets possible.

« Comme je m'y attendais, vous n'avez rien négocié et vous vous êtes laissé rouler dans la farine comme un débutant ! »

Au fur et à mesure que le ton d'Anna d'Orcanie montait, les épaules de Loth s'affaissaient sous le poids des reproches de sa femme. Le pauvre homme avait passé une journée particulièrement rude : l'invasion scandinave prochaine était encore plus massive que les rapports initiaux ne le suggéraient et il devait mettre en branle toute son armée et ses défenses.

Les envahisseurs menaçaient de débarquer à la frontière des royaumes de Calédonie et d'Orcanie. Si les Scandinaves mettaient leur plan à exécution, l'Orcanie, coupée du reste du continent, serait condamnée à la famine. Les Orcaniens et les Calédoniens pourraient résister quelques mois, mais n'avaient pas les forces nécessaires pour mener une contre-attaque et repousser l'ennemi.

Le plan proposé par Loth à Arthur était simple : faire monter au plus vite le gros de l'armée de Kaamelott pour empêcher le débarquement et l'installation des troupes ennemies. Calogrenant, le roi de Calédonie, était réparti en toute hâte pour préparer ses troupes. Loth, en tant que roi d'Orcanie, devait consolider ses défenses et préparer ses troupes pour rejoindre l'armée de Kaamelott au point de débarquement prévu. La bataille qui s'annonçait entre les envahisseurs et les défenseurs s'annonçait rude.

Furieuse en raison de leur retour précipité en Orcanie, Anna ne mâchait pas ses mots envers son mari et l'agonisait d'insultes depuis une bonne demi-heure. La reine d'Orcanie n'était pas un modèle de douceur et de diplomatie, mais en cet instant, elle faisait preuve d'une cruauté et d'une hargne toutes particulières.

« Vous me parlez d'une grande bataille ? Si vos talents de guerrier et de stratège sont aussi déplorables que vos talents d'amant, la bataille est perdue d'avance ! Vous êtes stupide, laid, pompeux, inutile, lâche, méprisable… Bref, insupportable ! Qu'est-ce qui m'a pris d'accepter de vous épouser !? Je vais devoir vous souffrir jusqu'à ce que vous mouriez. Une véritable malédiction ! Vous êtes mon fardeau ! » lui assena-t-elle en le fixant d'un air furieux.

Loth s'était crispé sous la violence des propos de sa femme. Les yeux exorbités, les poings serrés, la gorge visiblement nouée, il pâlissait et tentait de reprendre ses esprits en fixant le plancher de la carriole.

Galessin cessa de respirer et tourna la tête pour regarder Gauvain. Le jeune homme, sensible, était aux bords des larmes. Il n'avait jamais bien vécu les disputes de ses parents.

Anna avait les joues rouges de colère. Comme à son habitude, elle avait vidé son sac sans se soucier du contexte et des sentiments de son mari. Elle poussa un court soupir, puis détourna brusquement le regard quand elle s'aperçut que Galessin la regardait. Peut-être s'était-elle rendu compte qu'elle avait été plus cruelle que d'habitude ? Pour Galessin, Anna d'Orcanie était une véritable énigme.

Plusieurs longues minutes s'écoulèrent en silence. Loth sortit finalement de sa torpeur pour lever les yeux et scruter l'horizon. Galessin capta son regard durant quelques dixièmes de seconde : il fut terrifié par le vide existentiel et le désespoir qu'il surprit dans les yeux de son suzerain. Loth avait visiblement pris plus durement qu'à l'accoutumée ces remontrances conjugales.

Loth tourna la tête et fixa l'extérieur de la carriole d'un air à la fois vide et triste. Après une dizaine de minutes de contemplation muette, il frappa quelques coups sur la paroi en bois pour indiquer au soldat en charge du pilotage de s'arrêter. La carriole s'arrêta presque instantanément. Sans un mot, Loth sortit de la carriole en laissant la portière ouverte.

Galessin se pencha pour découvrir le paysage extérieur. Ils se trouvaient en milieu forestier à une centaine de mètres d'une falaise et les remous d'une cascade se faisaient entendre : une cascade.

Loth s'approchait du bord de la falaise d'un pas résolu. Galessin fut parcouru d'un frisson glacé. De combien de mètres pouvait bien être cette chute d'eau ? Son suzerain ne pensait tout de même pas à… ? Il fut rassuré de voir Loth s'asseoir sur une souche d'arbre près du bord du cours d'eau.

Les chevaux tirant la carriole piaffaient d'impatience. Le bruit de la cascade emplissait l'air. À l'intérieur de la carriole, personne n'osait bouger ou parler. Tous s'étaient inconsciemment penchés pour regarder ce que pouvait bien faire le roi d'Orcanie.

Après plusieurs dizaines de minutes, les occupants de la carriole commençaient à s'impatienter. L'homme assis sur la source d'arbre ne bougeait toujours pas. Gauvain regarda Galessin d'un air interrogatif et inquiet. Anna poussa un court soupir d'impatience avant de briser le silence.

« Allez le chercher, vous ! » dit-elle d'une voix ferme en s'adressant à Galessin.

Galessin hocha la tête et se leva précipitamment pour obéir à l'ordre de sa reine. Avec toutes les précautions du monde, il s'approcha de Loth.

« Monseigneur… ? Nous devrions peut-être nous… remettre en route… ? » hasarda Galessin.

Loth avait entendu son vassal arriver, car il ne manifesta aucune surprise en entendant Galessin. Le regard perdu dans le paysage, Loth cligna des yeux et répondit d'une voix basse.

« Oui. Allons-y. »

Loth d'Orcanie se leva et se dirigea vers la carriole.