- Tu sais pourquoi Scott a demandé une réunion de meute en urgence ?
Lydia tourna la tête vers Stiles, avant de porter son regard sur la route pour ne plus l'en décoller.
- Non, mais j'imagine que ça doit avoir un rapport avec ce que j'ai senti en début d'après-midi, répondit-elle laconiquement.
Stiles cligna des yeux, l'air perdu, avant de se rappeler que sa meilleure amie, pour laquelle il avait longtemps eu un béguin, était une banshee. Une messagère de la mort.
- Quelqu'un est mort ? Demanda-t-il finalement, même si la réponse était déjà bien connue.
- C'est fort probable. Ce qui l'est encore plus, c'est que quelqu'un d'autre est en train de mourir.
- Tu le sens, actuellement ?
- Oui.
Une réponse claire, net, concise. Du Lydia tout craché.
Sachant à quel point ce pouvoir pouvait être perturbant lorsqu'il s'activait, Stiles combattit son hyperactivité et se força à se taire. Après tout, c'était Lydia qui conduisait, elle ne laissait plus personne toucher à sa belle voiture depuis un moment, alors mieux valait ne pas la déconcentrer plus. Une vision de mort, c'était déjà bien assez troublant et il était plus sûr pour eux deux que Stiles garde le silence, ou bien la jolie rousse les enverrait tous les deux valser hors de la route.
Leur ami Scott, l'alpha de leur meute bien particulière, leur avait donné rendez-vous au loft de Derek, l'un de ses bêtas, qui n'avait sans doute pas son mot à dire puisque c'était le seul lieu capable de contenir toute la bande. Lorsque les deux adolescents arrivèrent, fut la première à descendre. Elle avait eu beau ne pas le montrer dans la voiture, Stiles avait senti ses émotions mais s'était retenu d'intervenir.
Comme toujours.
L'un des conseils de son père ne quittaient jamais son esprit : « Cache-toi, Stiles, fais comme si tu n'étais rien et l'on te considèrera comme tel. » Cela devait sans doute passer pour une tentative de rabaissement pour un œil inexpérimenté, mais c'était en réalité une preuve d'amour de son père qui voulait simplement que son fils vive, comme tout le monde. Pour cette raison, Noah avait eu très peur lorsqu'il avait appris pour le surnaturel. Il était terrifié à l'idée qu'on les retrouve et qu'on lui enlève son fils. Par chance, celui-ci n'avait, malgré son hyperactivité et son énergie toujours trop débordante, jamais fait usage de ses talents en public, mettant juste au jour son côté malin, rusé et profondément débrouillard.
Pour cette raison, Stiles ne soulagea pas Lydia de ses émotions, chose qu'il avait pourtant toujours envie de faire lorsque l'un de ses amis n'allait pas bien. Il connaissait les risques et refusait de les prendre. Pour lui, pour son père, pour cette petite famille qu'ils formaient encore. À la place, il prit son amie dans ses bras, dans une étreinte qu'il voulait rassurante. Comme toujours, la rouquine s'accrocha à lui et enfouit son visage dans son torse. De loin, l'on aurait pu croire à un couple qui venait de se disputer. En réalité, c'étaient deux amis qui s'enlaçaient, le garçon soutenant simplement la fille dans ce moment désagréable. Voir et ressentir la mort n'était pas une activité des plus plaisantes et Stiles le savait, il connaissait la belle Lydia depuis assez longtemps pour le savoir.
La rouquine finit par le remercier faiblement et par le lâcher. D'un air entendu et maintenant que la jeune femme se sentait mieux, les jeunes gens pénétrèrent dans l'immeuble et montèrent les escaliers jusqu'à l'étage de Derek, puisque l'ascenseur était en panne. Et deux pauvres étages eurent raison du souffle de Stiles, ce qui fit froncer les sourcils de son amie.
- Ça va ? Lui demanda-t-elle.
- Ouais, j'ai pas eu le temps de manger ce matin, j'ai plus aucune énergie, répondit-il, l'air contrit.
- Pense à déjeuner, regarde dans quel état ça te met, râla-t-elle.
Si seulement… Lydia n'étant pas un loup, elle n'avait pas pu percevoir le raté dans les battements cardiaques de son ami, qui avait en réalité déjeuné comme un gros porc avant de partir au lycée ce matin-là. La raison de sa faiblesse était toute autre mais ça, elle n'en saurait rien. Après s'être fait sermonner comme un enfant, Stiles rappela à Lydia la raison de leur venue et celle-ci toqua à la grande porte métallique qui finit par s'ouvrir en coulissant sur un Liam a l'air perdu.
- Entrez, tout le monde est déjà en train de s'installer, leur apprit-il.
Stiles et Lydia s'exécutèrent et l'hyperactif tenta de reprendre son souffle de manière plus discrète, ce qui ne marcha pas vraiment. Malia s'approcha de lui en fronçant légèrement les sourcils.
- T'as un problème ?
- Il a rien bouffé ce matin, monter les escaliers après cette longue journée de cours l'a mis out, expliqua Lydia.
Intérieurement, Stiles sourit sans le vouloir, Lydia venait de lui sauver la mise. En parlant à sa place, elle lui avait évité de mentir directement. Croyant dur comme fer aux dires de son ami, l'on ne pouvait deviner le mensonge à la manière des loups puisque, pour elle, elle ne mentait pas. Effectivement, Malia sonda les battements de cœur de la rouquine et constata qu'elle disait la vérité. Une vérité.
- Faible, lâcha Jackson, se moquant gentiment de Stiles.
Il ne lui en tint pas rigueur puisqu'au fond, c'était l'image qu'il voulait se donner : celle d'un humain banal, sans capacité physique extraordinaire. Un humain dans les pas d'êtres surnaturels. Alors, il rit bêtement puis fit semblant d'être outré, de manière à montrer à Jackson qu'il savait qu'il blaguait. Même s'ils n'étaient pas proches, ils avaient appris à supporter la compagnie de l'autre et même, sortez les mouchoirs, à s'apprécier. Pour cette raison, les remarques que pouvait potentiellement faire le blond n'étaient jamais blessantes, et jamais prises au sérieux par l'hyperactif, qui se savait beaucoup plus puissant qu'on ne pouvait l'imaginer. Encore une fois, comme toujours, Stiles eut envie de tout révéler et de faire une petite démonstration de ses talents : il en ressentait toujours le besoin, en présence de la meute. Il avait beau savoir qu'aucun d'entre eux ne le trahirait ou ne chercherait à le vendre d'une quelconque manière, il suivait les directives de son père. Et même s'il se décidait à leur dire la vérité sur sa personne, beaucoup trop de réactions négatives résulteraient de son aveu. On lui demanderait des comptes et chercherait à comprendre pourquoi il ne leur avait jamais apporté de l'aide avec ses capacités. Le seul défaut qu'il leur reprocherait, serait de ne pas comprendre ses raisons, qui étaient on ne peut plus valables. Un être de sa trempe ne pourrait que se faire remarquer s'il levait sa couverture, et pas par des gens bien. On le détecterait, le trouverait, le tuerait. Ou bien on l'utiliserait à des fins variables, ou bien tout à la fois.
Stiles était un être qu'il fallait à la fois tuer et garder sous le coude et ça, il n'en était que trop conscient. Les images de son enfance le hantaient et le souvenir de sa mère se rappela à lui. Son regard se voila alors qu'il s'installait sur l'un des canapés. La vérité sur sa mort n'avait jamais été révélée au grand jour et ne le serait sans doute pas avant des dizaines d'années, si les choses venaient à changer. C'était pour éviter que son père ne finisse de la même façon que Stiles faisait tous ces efforts. Son père, sa dernière famille.
- Eh, Stiles
Stiles retrouva ses esprits et eut un léger sursaut, avant de lever la tête. Derek se trouvait debout devant lui, une part de pizza à la main et son habituel air grognon collé au visage. Il lui tendit la précieuse nourriture.
- Lydia s'inquiète pour toi. Tiens, cadeau.
Le regard de Stiles s'illumina jamais il ne dirait non à de la nourriture et remercia chaleureusement Derek avant de taper un bon croc dans la part de pizza. Pour la plus grande surprise de l'adolescent, le bêta bourru se laissa choir à côté de lui, sur le canapé et lâcha tout naturellement :
- J'espère que Scott ne va pas tarder, j'ai un avion à prendre. Qu'on en finisse au plus vite avec cette réunion !
- Elle a même pas encore commencé, ne put s'empêcher de lui faire remarquer Stiles, la bouche pleine.
Derek lui lança un regard qui signifiait « ferme-la ou je t'arrache la gorge avec mes dents » et Stiles comprit fort bien le message puisqu'il se tut aussitôt.
Au même moment, la porte du loft s'ouvrit brusquement sur Scott et Jordan. L'adjoint du shérif avait un air aussi grave que celui du jeune alpha. Dès leur entrée, tout le monde se tut et l'ordre régna. Les derniers debout s'installèrent où ils le purent, là où restaient des places. Et voilà comment Stiles se retrouva avec les deux Hale, Peter s'étant rajouté après son neveu grognon. L'hyperactif se mordit les lèvres, embêté. Pas qu'il n'aimait pas Derek et son oncle, mais… Disons qu'il aurait aimé être entre des gens un peu moins futés ou du moins, moins perspicaces. C'était son angoisse à chaque réunion de meute que l'on découvre ses secrets.
- Merci à tous d'être venus, commença Scott, le visage assombri par ce qui semblait être la gravité de la situation.
Son regard passa sur chacun des membres présents, notamment sur Stiles, qui fit ce qu'il pouvait pour contrôler les battements de son cœur.
- Il y a eu deux meurtres très récemment, dont un qui s'est produit juste avant que l'on n'arrive et sur notre chemin, d'où notre retard, expliqua Scott.
Il continua en disant que l'adjoint du shérif ici présent l'avait appelé en début d'après-midi pour lui signaler un meurtre étrange. Ils avaient planché dessus durant quelques heures avant d'envoyer un message groupé à la meute pour rassembler celle-ci et en discuter. Stiles comprit alors un peu mieux pourquoi il n'avait pas été mis au courant par son père Scott et Jordan avaient été les premiers sur les lieux. En ce qui concernait le deuxième meurtre, il avait eu lieu alors qu'ils partaient du commissariat pour aller jusqu'au loft de Derek. Ils avaient tout vu et les meurtriers présumés, trois inconnus vêtus de noir, s'étaient directement enfuis ou plutôt, avaient disparu en un clin d'œil. Par la suite, les deux êtres surnaturels de la meute avaient foncé. Stiles, de son côté, se rappela les crises de Lydia. Cela coïncidait, la rouquine avait dû en parler à Scott, tout était lié. Néanmoins, un détail dans le récit de son meilleur ami le perturbait.
- Scotty, je suis désolé de t'interrompre mais un truc me chiffonne. Tu as dit que les trois individus avaient disparu… Tu peux expliciter ? Demanda l'hyperactif.
- Ben… Ils ont disparu, comme ça, d'un coup, je ne peux rien te dire de plus, je n'en sais rien, répondit-il, l'air embêté.
- On ne les a vus que très peu de temps, ils se sont littéralement envolés sous nos yeux, ajouta Parrish.
Stiles fronça légèrement les sourcils. Il avait bien une idée de la manière dont ces individus avaient « disparu », mais avait sans doute tort. Il doutait que des Tk, avec sans doute un Tk-V traînent dans le coin, à Beacon Hills. C'était fort peu probable, à tel point qu'il écarta tout de suite cette hypothèse, dont il n'avait pas l'intention de parler aux autres de toute manière.
- Maintenant, j'aimerais qu'on entre dans le vif du sujet.
Pour appuyer ses dires, Scott brancha une clé USB à un ordinateur que Derek gardait perpétuellement connecté à une grande télévision que tout le monde pouvait voir. Pratique pour les réunions de meutes. L'écran s'alluma et l'on vit l'alpha cliquer sur des dossiers avant d'en ouvrir un dernier, qui contenait plusieurs documents et photos ajoutés très récemment, d'après les dates indiquées. Jordan Parrish déposa certains dossiers à côté de l'ordinateur et Stiles devina qu'il s'agissait des exemplaires papier de ce qu'ils étaient sur le point de voir. Son anxiété augmenta petit à petit, un mauvais pressentiment l'assaillant.
Scott fit apparaître la première photo et les yeux de Stiles s'ouvrirent en grand. Un jeune homme gisait mort, à moitié assis contre un mur, la cervelle explosée, certains bouts écrasés par terre, d'autres sortant encore de ses oreilles, maculées de sang. Le plus étrange, c'était qu'on lui avait tiré aucune balle dans la tête. Et l'hyperactif comprit directement ce qu'il s'était passé.
- Avec Jordan, on ne comprend pas comment cet homme est mort. Il a plusieurs blessures apparentes dont une importante au niveau du ventre, mais pas suffisante pour le tuer. Il a le cerveau explosé, mais c'est comme si… S'il avait explosé de l'intérieur.
Le cœur de Stiles commença à accélérer son rythme. Il avait déjà ses idées et opinions sur ce qui s'était passé mais voulait croire que ce n'était pas cela.
- Il y a autre chose, continua Parrish en mettant la photographie suivante.
L'horreur prit Stiles en grippe. L'image était prise sous un autre angle et montrait quelque chose près de la main pendante et ensanglantée de la victime. Une lettre, la lettre « E » grossièrement écrite avec du sang, sans aucun doute le sien.
- On ne sait pas si la victime a tenté de dire quelque chose, de transmettre un message. Si tel est le cas, elle n'en a pas eu le temps. Passons à la seconde.
L'image changea et cette fois, la victime était une femme d'âge mur, au visage familier pour Stiles. Il regarda avec horreur la scène, presque identique à la première, si tant et que les effusions de sang étaient parties dans différentes directions. Néanmoins, le « E » était toujours là, grossièrement tracé avec le sang de la victime. Stiles eut un haut le cœur et se leva précipitamment, avant de partir en trombe à l'étage, sous les regards médusés de la meute.
Stiles s'accroupit devant les toilettes et vomit l'intégralité du contenu de son ventre sans faire attention aux quelques gouttes de sang qui le coloraient et lorsqu'il se fut arrêté, ne put s'empêcher de trembler. C'était impossible et pourtant, toutes les preuves étaient là. Cet homme et cette femme, qui n'était autre que l'une de ses voisines, étaient morts, on les avait tués et pas sans réflexion. Leur cerveau avait implosé ou plutôt, on leur avait fait exploser avec des vagues psychiques. C'était facile à reconnaître, pour quelqu'un qui était capable d'en produire. Toutefois, pour causer la mort, il fallait y aller fort et être très doué en télépathie. Il y avait donc au moins un Tp de rang élevé dans leur troupe.
Ce qui perturbait Stiles n'était pas tant ce fait, que cette lettre, retrouvée écrite avec le sang des victimes. Ce « E » si révélateur, plein de signification. Ils étaient toujours chassés, avec apparemment autant de rigueur qu'autrefois. On voulait toujours autant leur mort, même des années après leurs disparitions. Et Stiles comprit que son père et lui étaient toujours en danger. Si sa voisine était une E et si ces gens l'avaient découvert, nul doute qu'ils ne tarderaient pas à savoir pour Stiles et son père. Il trembla de plus belle en sachant que son père était seul chez lui, à l'heure actuelle. Il devait l'appeler, lui envoyer un message, l'informer. Bien sûr, il devait bien être au courant, son boulot l'y obligeant. Mais alors, pourquoi ne lui avoir rien dit ? Pour ne pas l'inquiéter ? Inutile, Stiles était capable de tout entendre et le devait. Au vu de ce qu'il était, il était dans l'obligation de savoir ce genre de choses, de manière à pouvoir agir au bon moment. Et ce qu'il fallait faire actuellement, c'était s'assurer que son père allait bien. Tout d'abord, il devait se calmer, endiguer la crise de panique qui était en train d'arriver petit à petit. Les battements de son cœur étaient trop rapides et devaient casser les oreilles de toute la meute. Les yeux de Stiles s'écarquillèrent d'horreur. Il n'avait même pas fait attention à eux ! Il était parti vomir d'un seul coup, sans prendre en compte le fait qu'il n'était pas seul, loin de là. Un soupir de désespoir passa la barrière de ses lèvres alors qu'il se passa une main dans les cheveux. Ses yeux brillaient, mais pas de joie. Ce n'était pas possible, sa vie ne pouvait pas basculer aussi soudainement, pas maintenant, alors qu'elle était enfin plus ou moins stable ! Ses yeux se mirent à le piquer, le brûler. Pas maintenant, pas maintenant… Et Stiles dut faire tous les efforts du monde pour se calmer, ou bien ses lentilles de contact risquaient de brûler à cause des émotions vives qu'il ressentait, passant outre leur effet restrictif. Il y avait des fois où être trop puissant avait ses inconvénients.
- Stiles ?
C'était Scott, qui l'appelait. Il était derrière la porte des toilettes et venait de toquer mais Stiles ne l'avait point entendu, trop préoccupé.
- Stiles, tu vas bien ? Répéta Scott, devant l'absence de réponse de son ami, qu'il savait pourtant en train de l'écouter. J'ouvre !
Et l'alpha tomba sur un Stiles accroupi devant les toilettes, en train de s'essuyer la bouche avec du papier toilette, les yeux brillants de larmes qui menaçaient de couler. Scott se précipita vers lui et posa ses mains sur ses épaules après s'être accroupi pour se retrouver à msa hauteur.
- Stiles, qu'est-ce que tu as ? Qu'est-ce qui t'arrive ? C'est les photos ? Je sais, elles sont horribles, mais…
- Scott, stop, le coupa Stiles d'une voix tremblante. C'est pas ça. La femme… C'était ma voisine.
Stiles n'avait trouvé que ça pour expliquer sa réaction soudaine. En soi, ça le perturbait réellement, mais ce n'était pas la raison principale de son mal-être. Toutefois, comme cet élément était véridique, son cœur ne le trahit pas.
- C'était ta voisine ? Répéta Scott, effaré.
- Ouais, répondit Stiles en essayant de poser un peu plus sa voix. Je la connaissais depuis des années alors autant te dire que voir ça m'a un peu… Perturbé.
- Stiles…
Sans hésiter, Scott le prit dans ses bras et Stiles sentit son regret, son regret d'avoir montré ces images sans savoir ce qu'elles allaient provoquer. Encore une fois, il aurait voulu lui retirer les émotions négatives qui prenaient possession de lui mais se retint. Si sa voisine avait été découverte, il fallait qu'il gagne du temps avant d'être découvert à son tour. Il devait rester discret.
- Il faut… Il faut que j'aille voir mon père… Souffla Stiles, se rappelant brusquement de ce fait.
- Tu penses qu'il pourrait être en danger ? Lui demanda Scott.
Oui et moi aussi.
Pour lui, l'avis de son meilleur ami était précieux et savoir qu'il était mal à cet instant lui tordait le cœur. S'il pensait sincèrement que son père puisse être en danger, alors il donnerait tout pour le protéger.
- Non, pas forcément, pour ça, il faudrait établir un lien…
C'est déjà fait.
- … Et ce n'est pas le cas. Je veux juste… Juste l'informer et le voir. J'en ai besoin.
En soi, il ne mentait pas, il omettait simplement une partie de la vérité. Pour cette raison, Scott ne se méfia point, ses sens lupins ne l'alertant pas par rapport à un mensonge. Les battements de Stiles restaient rapides, mais n'avaient pas eu de ratés.
- Dis au reste de la meute que je suis désolé et que… Je… Ça se reproduira plus.
- Je pense qu'ils t'ont entendu, tu sais… Allez, vas-y et appelle-moi si tu as le moindre problème. Tu veux que je vienne avec toi ?
Stiles secoua la tête et sourit faiblement.
- Pas la peine, reste ici, ça va aller.
Ça n'allait pas du tout. Pour ne pas éveiller les soupçons, Stiles avait envoyé un message écrit à son père avant de partir, sous les yeux de Scott. Par la suite, il était sorti en courant du loft de Derek, sans regarder aucun des membres de la meute. Il n'avait pas peur de leur réaction il savait qu'ils avaient tout entendu mais ne se sentait pas capable d'affronter leur regard alors qu'il n'était pas en pleine possession de ses moyens.
Une fois dans la rue, il avait directement envoyé un message mental à son père, par le biais du canal télépathique en permanence ouvert entre eux. L'absence de réponse de Noah Stilinski lui glaçait le sang et Stiles priait pour qu'il ne lui soit rien arrivé.
Stiles était tout de même heureux que ses lentilles restrictives lui permettent toutefois d'utiliser un minimum certaines de ses capacités. Parfois, la puissance avait du bon. Disons que cela avait ses avantages et ses inconvénients. Enfin c'était complètement inutile s'il n'était pas là quand il le fallait. Les mains crispées sur le volant de sa Jeep, il roulait bien au-dessus des limites de vitesse de Beacon Hills, mais il n'en avait cure. Son cœur battait vite, la peur le prenant aux tripes.
Une fois arrivé devant chez lui, Stiles se gara sans prendre en compte le fait qu'il était en plein milieu de la route et sortit précipitamment de sa voiture. L'angoisse le prit lorsqu'il se rendit compte que la porte était entrouverte, si bien qu'il entra précipitamment dans la maison sans faire attention, sans vérifier si quelqu'un se trouvait à l'intérieur. Il fouilla chaque pièce, même le cellier, alla même jusqu'à regarder sous le lit. Pas de trace de Noah. Stiles sortit maladroitement son téléphone de sa poche et sélectionna en tremblant le contact de son père avant d'appuyer sur la petite icône du téléphone. Il porta le sien à son oreille et attendit. Une sonnerie. Deux sonneries. Trois sonneries. Rien. Le néant.
Un air de pur désespoir se peignit sur ses traits et il se laissa tomber par terre, à genoux, une larme coulant sur sa joue. Pourquoi ne répondait-il pas ? Se pourrait-il qu'ils l'aient trouvé avant lui ? Non, impossible. Noah savait ce qu'il faisait et savait se défendre, plus qu'on ne pouvait l'imaginer, même si ses capacités à lui n'étaient pas vraiment tournées vers l'offensif. Mais alors, où était-il ? Est-ce qu'il était… Mort ? Non, bien sûr que non. Si tel était le cas, Stiles l'aurait senti et le canal télépathique entre eux serait déjà détruit. Il était vivant, mais où ? Au même moment, son téléphone vibra. Pris d'un sursaut d'espoir, Stiles l'attrapa vivement. Quelle ne fut pas sa déception lorsqu'il découvrit qu'il venait juste de recevoir un message de Scott, lui demandant si tout allait bien, pour lui et son père. Complètement déçu et angoissé, Stiles choisit de ne rien répondre, laissant un vu clair et net sur leur conversation personnelle. Ça inquièterait sans doute Scott et la meute, mais tant pis. Pour être honnête, il s'en foutait. Tout ce qui comptait, c'était son père.
Stiles sortit de chez lui et reprit sa Jeep. Il décida de faire le tour de la ville, d'aller à tous les endroits que son père aimait bien fréquenter. Au bout d'un moment, il s'arrêta, une idée derrière la tête. Il connaissait par cœur la signature psychique de son père. Il sortit alors de sa poche une petite boîte qu'il avait toujours sur lui et l'ouvrit. De là, il retira ses lentilles d'un geste brusque qui lui fit un peu mal, mais tant pis. Dans l'état dans lequel il était, impossible d'être précis et de contrôler correctement des mouvements aussi petits. Il rangea les petits instruments oculaires dans la petite boîte, qu'il remit à l'endroit où elle était. Lorsqu'il releva la tête et regarda dans le rétroviseur. Il fut surpris de voir ces yeux qui étaient les siens mais qu'il n'avait plus vraiment vus depuis des années, tant il gardait ses lentilles. Des yeux magnifiques, plein de couleurs, un regard surnaturel. Un mélange tricolore. Vers la gauche, de l'argenté taché d'or, vers la droite, du cyan moucheté d'argent. Les trois couleurs se mariaient admirablement autour de ses pupilles. Pour éviter qu'un passant croise son réel regard, Stiles attrapa les lunettes de soleil se trouvant dans sa boîte à gant et les enfila.
Il eut du mal à conduire, non pas parce que tout était plus sombre à cause des lunettes de soleil, simplement parce que son réel pouvoir bouillonnait à l'intérieur de lui. Cela faisait tant de temps qu'il portait ses lentilles de couleur qui avaient également un certain effet, que tout voulait sortir. Ces lentilles étaient un petit bijou de technologie, puisqu'elles l'affaiblissaient, restreignaient ses capacités, de sorte à ce qu'il ne puisse utiliser que le minimum. Stiles faisait actuellement plus d'efforts pour ne pas brûler sur place que conduire droit. Nul doute qu'il allait devoir effectuer rapidement une nouvelle purge, de manière à évacuer le surplus de pouvoir durant un temps.
À ce moment-là, derrière ses lunettes, son regard s'assombrit au sens propre du terme, devenant rapidement drastiquement noir. Très vite, le jais fut constellé de minuscules étoiles blanches. Il était actuellement en train d'effectuer un scan télépathique, ce qui changea complètement sa perception du monde extérieur. Il prit différents chemins plutôt violemment lorsqu'il repéra la signature psychique de son père, pas si loin de sa position actuelle. Stiles appuya un peu plus fort sur la pédale d'accélérateur et manqua d'écraser une vieille dame. Il fallait qu'il arrive et vite. Il se sentait de moins en moins bien. Trop de pouvoir déferlait en lui et menaçait de remonter à la surface.
Stiles s'arrêta devant un bâtiment qu'il reconnut assez vite lorsqu'il eut repris sa vision normale et que ses yeux furent redevenus tricolores. Il s'agissait du cabinet de Deaton. L'hyperactif fronça les sourcils. Comment ça, le cabinet de Deaton ? Très vite, il enleva ses lunettes de soleil et remit ses lentilles, ce qui lui causa une vive douleur à la tête il avait l'impression qu'il allait exploser de l'intérieur. Son corps entier tremblait légèrement et suait tant il avait chaud à force de retenir le feu en lui. Qu'il était difficile de se contrôler après tant d'années sans pratique ! Stiles allait s'évanouir s'il ne se purgeait pas rapidement. Cependant, son père passait avant. L'adolescent sortit alors rapidement de sa Jeep et regretta un peu son empressement. Sa tête tournait, lui faisait mal et son corps menaçait de le lâcher à tout moment. Sa faiblesse croissante due à un autre problème ne l'aidait pas à rester droit. Il se força néanmoins à marcher et à entrer plutôt brutalement dans le cabinet. Là, il entendit deux voix discuter et reconnut sans peine celle de son père, ainsi que celle du propriétaire ce cet endroit. Il avança et arriva et entra dans la salle du fond, sous les regards médusés des deux hommes. En voyant son père, Stiles soupira de soulagement et manqua de s'effondrer. Le vétérinaire, à côté de lui, le retint de justesse. Noah se précipita vers son fils et prit le relais de Deaton.
- Stiles, Stiles ! Qu'est-ce qui t'arrive, mon fils ? Lui demanda-t-il, inquiet de le voir si mal.
- Pourquoi tu m'as pas répondu ? Répliqua plutôt Stiles, d'une voix rauque.
Se retenir était si difficile…
- Je n'ai pas mon téléphone sur moi et pour le reste, la poudre de sorbier a beau ne pas nous bloquer, elle bloque les canaux télépathiques pour l'extérieur, expliqua doucement Noah en prenant Stiles dans ses bras.
- Mais pourquoi tu parles de ça devant lui ?! S'égosilla l'hyperactif.
- Parce que je l'ai mis au courant.
- Mais t'es dingue !
Stiles était tout simplement effaré. Des années qu'ils gardaient le secret concernant leur famille et voilà que son père déballait tout au premier venu. Bon, c'était Deaton. Il avait beau être quelqu'un de confiance, Stiles n'approuvait pas du tout l'idée que quelqu'un sache. Ils étaient déjà bien assez dans la merde comme ça. Ses tremblements augmentèrent et Noah sembla remarquer les gouttes de sueur sur le front de son fils. Il comprit aussitôt.
- On y va, Stiles.
Noah roulait depuis une bonne heure avec la jeep de Stiles, celui-ci se trouvant sur le siège passager. L'hyperactif était épuisé et se purger l'avait tout autant aidé que vidé. Les yeux clos, il s'endormait doucement. Bercé par la route.
Noah avait dû rouler un bon moment avant de trouver un endroit tranquille pour Stiles, un endroit discret d'où on ne verrait pas ce qu'il ferait. Juste après, il avait fallu rentrer. Noah avait appris par son fils que celui-ci avait le ventre complètement vide. Stiles, avant de décider de se reposer, lui avait tout raconté la réunion de meute, le premier meurtre, le second, la présence de la lettre « E ». Et surtout l'identité de la deuxième victime. Noah savait que Virginie était elle aussi une E, mais savait qu'elle se la jouait également dans la discrétion. Comme tous les autres E, elle n'avait pas vraiment le choix. C'était soit ça, soit la mort. Et elle était morte malgré toutes ses précautions.
Pour être honnête, Noah ne savait pas quoi faire et pourtant, il avait dit à Stiles qu'il trouverait une solution. Et Stiles l'avait cru, puisqu'il dormait désormais plus ou moins paisiblement à côté de lui.
Noah Stilinski avait décidé d'aller voir Deaton parce qu'il savait ce qui était en train de se tramer. Cela faisait quelques jours qu'il voyait passer certains de ses semblables, tout en faisant semblant d'être un simple humain. Il avait vaguement eu l'écho du premier meurtre mais, ce jour-là étant son jour de repos, Noah avait fait comme s'il ne savait rien. Seul Deaton, cet homme qui savait presque tout du surnaturel, pouvait l'aider. Il connaissait l'espèce dont faisaient partie Noah et Stiles. Pour le moment, le vétérinaire ne lui avait pas vraiment trouvé de solution, mais il lui avait néanmoins proposé de les cacher, lui et Stiles. Deaton était propriétaire d'un abri souterrain non loin de Beacon Hills, abri entouré de poudre de sorbier.
Et Noah avait accepté son offre. Il lui manquait juste à récupérer quelques affaires avant de retrouver Deaton à son cabinet pour qu'il les y conduise.
Rester à en informer Stiles lorsqu'il se réveillerait. L'inquiétude gagnait toutefois Noah. Il avait été témoin de la purge de son fils et avait constaté quelque chose qui ne lui avait pas plu du tout.
Et c'était un sacré problème.
Un de plus.
