Petit mot de l'auteure : J'ai subitement eu envie d'ouvrir un recueil consacré à la maison la plus intéressante des Sept Couronnes, nos chers Lannister.
Donc, pour débuter, un texte sur Cersei, Jaime, mais surtout Cersei (désolée du doublons, Marina et Angelica). Ce texte a été écrit en une heure pour la 130e nuit du FoF, sur le thème "Briser"
Parfois, lorsqu'elle Jaime était allongé à ses côtés, Cersei se demandait si ce qu'ils faisaient n'était pas mal.
Contrairement à ce que les gens auraient pu penser, elle ne remettait pas en cause sa relation avec son jumeau pour les baisers incestueux qu'ils pouvaient partager, mais pour une raison toute autre. Au fond, que ce soit avec son frère ou avec un autre, cette situation n'était-elle pas dans tous les cas condamnable puisqu'elle relevait de l'adultère ?
Elle avait après tout prêté un serment de fidélité à Robert, serment qu'elle brisait un peu plus à chaque caresses échangées, à chaque jouissance émise auprès du mauvais homme. Ses vœux de mariages, elle les avaient après tout émis devant les Sept en personne, et si elle n'était pas foncièrement croyante, cela voulait quand même bien dire quelque chose. C'était sacré, c'était une promesse, d'amour, de respect, de fidélité, et elle aurait dû la respecter. Ou au moins se sentir mortifiée de la compte, ce qui n'était, excepté quelques très rares occasions, absolument pas le cas. Peut-être plus que de la culpabilité de ce serment brisé, c'était la honte de ne ressentir aucune culpabilité qui la faisait en un sens se sentir affreusement coupable.
Mais en même temps, comment aurait-il pu en être autrement ? Jaime était l'amour de sa vie. Cette évidence c'était imposée avant même qu'ils ne soient en mesure de discerner le monde en dehors d'eux : seul le duo comptait. Jaime la comprenait, l'aimait, la soutenait, alors que Robert...
Robert était tout le contraire. Lui n'ont plus n'avait pas respecté ses vœux de mariage. Là où Jaime ne l'avait touché qu'elle seule, Robert avait balayé la fidélité qu'il était censé lui devoir le soir même de leurs noces, lorsque le nom de Lyanna s'était échappé de sa bouche dans un râle enivré. L'amour de ce fait n'était jamais venu, et même le respect qui pouvait substituer dans ce genre de relations platoniques n'était pas non plus intervenus. Robert ne lui accordait de l'attention que pour l'intérieur de ses cuisses et l'extérieur de sa peau, deux éléments qu'il pouvait asséner de coups brutaux.
Alors oui, Cersei avait brisé ses vœux. Mais au fond, n'était-ce pas Robert qui les avaient brisé en premier ? Serait-elle allée entendre les murmures doux de Jaime si elle ne souhaitait pas oublier les insultes de son mari ?
Peut-être.
Sûrement, même. Car Robert aurait pu être le meilleur des maris, il n'en serait pas moins resté qu'un étranger, n'arrivant pas à la cheville du grand amour de sa vie. Alors oui, si Robert avait été bon, elle l'aurait très certainement trompé. La différence aurait alors tenu au fait qu'elle en aurait ressenti un sentiment de culpabilité – alors que dans la situation présente, c'était un sentiment de victoire qui l'animait. Une victoire sur son mariage, où elle se refusait de se plier à l'abnégation silencieuse qu'on attendait d'elle, mais aussi une victoire sur la vie, car chaque baiser de Jaime était un point d'ancrage qui la maintenait vivante.
Alors oui, parfois Cersei se demandait si ce qu'ils faisaient n'était pas mal.
Mais jamais bien longtemps.
