Bonjour ! :)
C'est moi, Melfique, de retour !
Voici une fanfic que j'ai terminé d'écrire en octobre l'année passée. Je me suis dit qu'il était à peu près temps de la publier enfin, alors voilà. :P J'espère que vous y aimerez l'humour, les mystères et les émotions fortes, parce qu'ici, les Maraudeurs en voient vraiment de toutes les couleurs !
Cette fic comprend 11 chapitres en tout. Je publierai à un rythme régulier à toutes les semaines.
Attention, classement M ! Cette histoire présente des scènes sexuelles explicites (hétéro et homosexuelles) et du langage vulgaire pouvant ne pas convenir à tout lecteur. Déconseillé aux moins de 18 ans.
(L'univers et les personnages appartiennent à JK Rowling. L'inspiration provient tout droit du film "The Hangover".)
(Pour voir la bannière de cette fanfiction en haute résolution, visitez Melfique sur DeviantArt)
Bonne lecture ! :)
Chapitre 1 ― Une soirée prometteuse
― Mais où est Cornedrue ?
Le dîner venait de prendre fin. Pendant que les élèves se déversaient dans les couloirs du château pour rejoindre leur salle commune respective, Remus Lupin jetait des regards interrogatifs derrière lui. Sirius Black, à son côté, haussa les épaules. Une mèche brune rebelle lui barrait le front et faisait soupirer quelques filles autour de lui.
― Je pensais qu'il nous suivait, confia Sirius d'un air désinvolte.
― Et toi, Queudver, tu l'as vu ? demanda Remus à l'adresse de Peter Pettigrow qui trottinait à leur suite.
― Non, répondit ce dernier de sa voix couinante.
Ils s'arrêtèrent auprès d'une grande armure un peu rouillée et fouillèrent les foules du regard qui les bousculaient. Remus considérait l'idée de retourner à la Grande Salle pour voir si James, pour une raison ou une autre, n'avait pas été apostrophé par quelques Serpentard, quand une tête surmontée d'une indomptable tignasse noire surgit devant son nez.
― Salut ! dit James Potter d'un ton extasié.
― Aaaargh ! cria Remus en sursautant si brusquement qu'il écrasa le pied de Peter. Cornedrue ! N'arrive pas subitement comme ça ! Tu m'as fait peur, abruti ! Désolé Queudver…
― T'étais où ? demanda Sirius tandis que Peter grognait de douleur en sautillant.
― Vous ne devinerez jamais ! déclara James, les yeux pétillants derrière ses lunettes rondes. J'étais avec Evans !
― Ne me dis pas que tu as recommencé à la harceler, appréhenda Remus d'un air réprobateur.
― Mais non ! C'est elle qui est venue me voir !
― Qu'est-ce qu'elle voulait ?
James s'ébouriffa les cheveux d'un air fier, la poitrine gonflée, et annonça solennellement dans le brouhaha ambiant :
― Lily Evans m'invite à la fête de Slughorn demain soir !
― Non ! s'exclama Sirius, les yeux écarquillés, avant d'émettre un rire sonore qui ressemblait à un aboiement. Je n'en reviens pas ! Tu vas vraiment sortir avec elle ?
― Oui ! affirma James comme s'il venait de gagner tous les Gallions du monde. Vous en rendez-vous compte ? Après toutes ces années ! Elle accepte enfin de sortir avec moi !
― Tu es sûr ? demanda Remus qui restait sceptique malgré lui. Je veux dire… tu ne lui as pas… heu… fait du chantage pour… ?
Sirius l'interrompit d'une tape sur le bras et lui pointa le bout du couloir.
Un groupe de filles marchaient dans leur direction en gloussant. Lily Evans se trouvait parmi elles, son épaisse chevelure roux cuivré lui tombant sur les épaules. Lorsque James la regarda en passant une seconde fois la main dans ses cheveux pour entretenir son air sportif séduisant, elle lui sourit en rougissant et s'éloigna avec ses amies en gloussant de plus belle.
Remus demeura bouche bée.
― Elle est consentante ? s'étonna-t-il.
― Mais oui, qu'est-ce que tu crois ? répliqua James, agacé. Je ne suis plus l'imbécile que j'étais avant ! Elle a dit que mon attitude avait changé et que maintenant je lui plaisais.
― Un imbécile ? répéta Peter en fronçant les sourcils. C'est elle qui te traite d'imbécile ?
― Elle me traitait d'imbécile, rectifia James en levant le doigt. Parce que, oui, rappelle-toi, Queudver, avant, on était de parfaits idiots de fauteurs de troubles. Enfin, je ne parle pas de toi, Lunard, se reprit-il en regardant Remus avec circonspection. Toi, tu as toujours été plus mature que nous et on aurait dû prendre exemple sur toi beaucoup plus tôt. Mais hélas, on était cons.
Sirius émit un rire sec, presque insulté.
― On n'était pas si cons que ça, protesta-t-il en se croisant les bras. On s'amusait, c'est tout.
― Exactement, couina Peter, renfrogné. Et je regrette ce temps. Ça fait longtemps qu'on ne fait plus la fête.
― Il y en a une demain soir, rappela Remus. Chez Slughorn.
― Mais je ne suis pas invité ! se plaignit Peter pendant que deux filles de septième année passaient derrière lui en jetant des regards de dégoût à son visage gras constellé de boutons. Et même si je pouvais y aller, je suis sûr que ce serait ennuyant, parce que vous serez avec des filles et on ne s'amuse jamais avec les filles…
― Oh, Queudver, soupira James en roulant les yeux. Arrête. On n'est plus des enfants. La vie, c'est comme ça : on évolue et on devient plus adulte. Tu vivras ça aussi un jour, t'inquiète. En tout cas, je suis heureux de pouvoir y aller avec Evans, poursuivit-il en retrouvant son air jovial. Vous n'êtes pas plus heureux que ça pour moi, les gars ?
― Oui, bien sûr ! répondirent Remus et Sirius à l'unisson.
Après toutes ces années où James avait rêvé de Lily, Remus était content qu'il puisse enfin sortir avec elle. Et maintenant qu'il y réfléchissait, il se souvenait justement d'avoir surpris Lily, dernièrement, à plusieurs reprises, en train d'observer James d'une drôle de manière. Remus avait cru qu'elle le critiquait, comme d'habitude, mais il s'était décidément trompé. L'amour survenait souvent de façon assez surprenante.
Sirius se permettait de féliciter James d'avoir bien suivi ses conseils de séduction, quand il y eut soudain un fracas métallique qui fit crier les élèves autour. Avant même que chacun puisse réagir, l'amure rouillée s'était arrachée à son socle et s'était écrasée sur James qui se retrouva brutalement par terre, le heaume reçu en pleine face.
― Servilus ! s'écria Sirius avec rage, la baguette déjà brandie.
Peter fit un bond en arrière, ses petits yeux brillant d'excitation. Remus tourna la tête et vit alors Severus Rogue, à deux mètres d'eux, la baguette encore fumante du maléfice qu'il venait de jeter. Son visage cireux à moitié caché par ses longs cheveux noirs était déformé par la fureur. Remus ne comprenait pas ce qu'il lui prenait. Il y avait longtemps que Sirius et James avaient cessé de le tourmenter. Même Mulciber et Avery, figés de chaque côté de Rogue, semblaient tout aussi surpris par le comportement de leur ami.
― C'est quoi ton problème, Servilus ? demanda Sirius qui tenait toujours fermement sa baguette, prêt à contre-attaquer. Tu nous cherches des Noises ?
― Vas-y, Patmol ! encouragea Peter, avide d'action. Bousille-lui son gros nez crochu !
― Rabaisse ta baguette, Patmol ! s'écria James en se relevant précipitamment, les pieds empêtrés dans les morceaux d'armure brisés. Ne fais rien ! Rusard arrive !
Effectivement, fendant les groupes d'élèves d'un pas colérique, le concierge se pressait dans leur direction, soufflant comme un bœuf, les bajoues frétillantes.
― Vous ! s'écria-t-il en pointant d'un doigt menaçant, presque triomphant, James et Sirius auprès du désordre de l'armure. Je savais que vous recommenceriez à causer des ennuis !
― Ce n'est pas nous ! protesta précipitamment Remus.
― C'est lui ! dénonça Sirius tout aussi rapidement, en jetant à Rogue un regard suprêmement haineux. Il a fait exploser l'armure sur James !
Rusard grinça d'un rire incrédule, mais comme les témoins parmi les spectateurs appuyèrent Sirius dans un grand tumulte, le concierge n'eut guère le choix de se retourner vers Rogue.
― Je n'ai rien fait, mentit alors ce dernier, très calme, le visage subitement devenu impassible. Ma baguette a réagi toute seule, c'est un accident, je m'en excuse.
― Ce n'était pas un accident ! s'indigna Sirius, les phalanges blanchissant à force de serrer sa baguette. Il a fait exprès !
― Patmol…, chuchota James d'un air implorant derrière ses lunettes. Je t'en prie…
D'un mouvement de menton, il lui montra Lily qui était revenue avec ses amies pour voir ce qui se passait. Remus mit aussitôt la main sur la baguette de Sirius et la lui rabaissa de force. James avait raison. Si Lily aimait maintenant James parce que son attitude avait changé, ce n'était pas le moment de lui faire une démonstration de régression.
― En fait, on n'en sait rien, raconta Remus en s'efforçant d'avoir l'air parfaitement mature et en contrôle. L'armure est tombée sur James, mais je crois qu'on a eu plus de peur que de mal, hein, Cornedrue ?
― C'est ça, approuva James sans toutefois manquer de foudroyer Rogue d'un regard noir. Ça m'a surpris.
Rusard se gratta le menton, comme s'il avait du mal à croire que James et Sirius n'y soient vraiment pour rien. Désemparé, il regarda à nouveau Rogue, flanqué de Mulciber et Avery qui haussèrent les épaules d'un air perplexe, puis, finalement, le vieux concierge lâcha un profond soupir résigné.
― C'est bon, allez-vous-en ! grinça-t-il en agitant les bras pour disperser les foules. Je vais m'occuper de ça. Quant à vous, Mr Rogue, vous feriez mieux d'inspecter cette baguette pour éviter qu'elle ne fasse exploser d'autres armures !
Soulagé, Remus s'éloigna avec ses amis. Lorsqu'ils passèrent auprès de Lily, James s'empressa de lui résumer ce qui s'était passé en adoptant l'air le plus innocent possible :
― C'était un accident. On ne s'est pas du tout bagarrés. Je te le jure !
― Ce n'était pas un accident ! maugréa Peter dès qu'ils poursuivirent leur chemin en laissant Lily derrière, qui s'était heureusement montrée compréhensive. Et tu le sais très bien, Cornedrue ! Il aurait vraiment mérité qu'on lui casse le nez !
― Et de nous retrouver ensuite avec des retenues ? s'agaça James en s'énervant. On a changé, qu'elle a dit ! C'est pour ça qu'elle m'aime maintenant ! Et je souhaite qu'elle continue à voir qu'on a effectivement cessé de s'acharner sur Rogue !
― C'est lui qui a commencé ! protesta Sirius en s'essuyant le nez avec colère. Queudver a raison. J'aurais pu casser la gueule de cet enfoiré et dire ensuite que c'était un accident !
― Patmol…, intervint Remus sur un ton d'avertissement.
― Vous avez vu comment il s'en est tiré ? insista Sirius d'un air révolté. Rusard ne l'a même pas puni ! Il devient trop futé, ce Servilus de merde ! Oh, toi, la ferme !
L'occupant choqué du portrait devant lequel ils venaient de passer referma la bouche sans même avoir pu prononcer un mot. Les Maraudeurs bifurquèrent dans un couloir moins fréquenté et s'engagèrent sur un chemin plus long en direction de leur salle commune, mais plus tranquille.
― En plus, j'ai entendu mon frère hier, continua Sirius en marmonnant. La bande de Mulciber ramasse des fonds pour fonder un club de recrutement de futurs Mangemorts. D'après mon frère, ils en sont déjà à cinq cents Gallions !
― C'est une blague ? s'étonna Remus en ouvrant des yeux ronds.
― Mais où est-ce qu'ils trouvent les fonds ? demanda James, incrédule.
― Ils font croire à Pré-au-Lard que c'est pour une œuvre de charité. Pour les enfants orphelins dont Vous-Savez-Qui a tué les parents.
Remus sentit une vague d'acide déferler en lui. Quelle horrible manière de tromper les gens qui souhaitaient aider ces enfants. Ils seraient certainement anéantis s'ils apprenaient qu'ils finançaient en réalité de futurs Mangemorts qui feraient encore plus d'orphelins plus tard.
― Il faut les arrêter ! déclara Remus d'une voix rauque. En parler, agir !
― Absolument ! affirma Sirius en serrant les poings. Et je vais commencer par Servilus et lui casser le nez !
― Je ne parlais pas d'agir comme ça ! protesta Remus.
― Mais si ! couina Peter en lançant à Sirius un regard approbateur. C'est une bonne idée !
― Non ! Il faut en parler à McGonagall ! Ou à Dumbledore !
― Je suis d'accord avec Lunard ! appuya James avec fermeté. Allons en parler à McGonagall !
― Avec quelles preuves ? répliqua Sirius en soupirant.
Ils se turent. Remus dut s'admettre que Sirius apportait un argument de taille. Ils ne possédaient pas la moindre preuve concernant cette affaire de fonds récoltés par les Serpentard.
― Elle ne nous croira jamais, ricana Peter en époussetant machinalement les pellicules sur ses épaules. Elle va juste nous enlever des points pour nous punir d'inventer des trucs. Elle fait toujours ça, enlever des points.
― Elle ne fait pas toujours ça, s'agaça Remus.
― Si ! s'obstina Peter. Chaque fois que je vais à son cours, elle m'enlève des points !
― Ça, c'est parce que tu ne t'appliques pas assez dans tes devoirs, argua Remus.
― Je m'applique !
― Pas assez ! McGonagall n'est pas aussi sévère que tu le penses, Queudver. Elle veut juste que tu réussisses. Et je crois qu'elle voudrait vraiment entendre parler de ce que mijotent les Serpentard. C'est tout de même grave ! Elle nous écoutera !
Peter renifla avec incrédulité.
― Tu la surestimes parce que tu l'aimes…, lâcha-t-il dans un infime couinement.
― Parce que… quoi ? s'étrangla Remus en s'arrêtant si brusquement que James, derrière lui, le heurta dans le dos. Qu'est-ce que tu as dit ?
Sirius éclata de rire avant de répéter d'un air espiègle les paroles de Peter :
― Parce que tu l'aimes…
― Patmol, imbécile ! s'emporta Remus qui sentit ses joues s'embraser. Je ne l'aime pas du tout, qu'est-ce que vous racontez ?
― C'est parce que tu la regardes toujours en classe, expliqua James qui, pour sa part, semblait gêné. Tu la fixes… d'une façon assez intense… et quand elle croise ton regard… tu rougis…
― La ferme ! s'exclama Remus, pris d'une étrange panique qui fit battre son cœur à toute vitesse. C'est de l'admiration ! Vous êtes cons ! Et puis, je suis amoureux de Fanny !
― Remus ! s'écria au même moment une voix suraiguë au bout du couloir.
Ils se retournèrent dans un même mouvement. Justement, Fanny Karline, la jolie Serdaigle aux longs cheveux noirs soyeux, s'avançait vers eux de sa démarche féline et provocante. Aussitôt, Remus se redressa en essayant de paraître confiant pour accueillir le plus dignement possible sa petite amie.
En effet, Fanny Karline était la petite amie de Remus depuis un mois et Remus, lui qui d'habitude n'attirait jamais l'intérêt d'une fille, peinait encore à y croire. Au départ, elle voulait Sirius, mais comme ce dernier fréquentait déjà trois filles à la fois ce jour-là, elle avait finalement jeté son dévolu sur Remus. Elle affirmait le préférer lui en réalité et qu'elle avait simplement mis du temps avant de le réaliser. Remus ne serait jamais assez reconnaissant envers tout l'amour que cette fille lui apportait chaque jour en dépit de son caractère introverti, de son apparence ternie par les cicatrices et également de la bête qui vivait en lui et qui rendait souvent ses manières au lit un peu brusques.
Fanny s'arrêta devant Remus et le toisa en croisant les bras.
― Je t'ai appelé trois fois en sortant de la Grande Salle, dit-elle froidement. Tu as fait semblant de ne pas m'entendre ou tu es simplement sourd ?
― Heu…, balbutia Remus, pris de court, en se ratatinant instantanément sur lui-même. Je… je ne t'ai pas entendue… il… il y avait beaucoup de bruit et… enfin, tout le monde parlait en même temps…
― On t'attend à la salle commune, lança Sirius avant d'échanger avec James un regard ennuyé.
Sous l'air hautain de Fanny, Remus regarda ses amis s'éloigner en chuchotant entre eux des commentaires inintelligibles. James fut le premier à tourner le coin du mur au bout du couloir. Il heurta soudain quelque chose devant lui et bascula en arrière sur Sirius qui recula sur le pied de Peter.
― Aïe ! se plaignit ce dernier en sautillant à cloche-pied. Pas encore !
― Merde, Trelawney ! s'insurgea James en remontant ses lunettes qui avaient glissé de son nez. Avec tes trois yeux, jamais je ne croirais que tu ne puisses pas voir où tu marches !
― Je savais que vous étiez là ! protesta la jeune Sibylle Trelawney en replaçant les nombreux colliers qui s'entrechoquaient sur le devant de sa robe de Serdaigle. C'est vous, les imprudents inattentifs, qui avez foncé sur moi !
― Et tu ne pouvais pas le prévoir ? répliqua Sirius avec irritation. Prendre un autre chemin, genre ?
Avec dignité, Trelawney réajusta devant son visage des lunettes singulièrement plus grosses et plus épaisses que celles de James. Ses yeux grossis de trois fois leur taille lui donnaient l'air d'un insecte redoutable.
― C'est parce que je suis venue vous avertir ! déclara-t-elle d'un ton presque théâtral. Ma boule de cristal m'a dit que…
― On s'en fiche ! interrompit Sirius en poursuivant son chemin dans le couloir, parfaitement indifférent. Allez, venez, vous autres !
Peter s'empressa de le suivre en bousculant Trelawney au passage et James la redressa sans ménagement d'un air railleur avant de s'élancer aussitôt derrière les deux autres. Trelawney demeura raide d'indignation, les cheveux en bataille, et fixa Fanny, comme si elle aurait aimé un peu de soutien de la part d'une autre élève de sa maison, mais Fanny ne fit que lui retourner un regard de mépris. Remus, en fait, fut le seul à éprouver de la compassion pour Trelawney.
― Heu… qu'est-ce que ta boule de cristal a… ? commença-t-il timidement, mais Fanny l'interrompit d'une brusque tape sur le torse.
― Arrête ! s'agaça-t-elle. Tu ne t'intéresses pas vraiment à ce que peut dire cette folle ? Elle est la honte de notre maison !
― Mais…
― Ça va ! dit Trelawney en levant solennellement le menton. Pensez ce que vous voulez, ça m'est égal ! Toujours est-il que ma boule de cristal ne ment jamais ! Je vous souhaite bon courage pour demain !
Et dans un sinistre cliquetis de perles, elle fit demi-tour dans le couloir et s'éloigna avec toute la hauteur dont elle était capable. Remus la regarda partir sans vraiment de crainte. Trelawney racontait surtout des balivernes. Mais ce n'était pas une raison de se moquer d'elle.
― Tu n'aurais pas dû dire ça…, dit Remus en se frottant la nuque avec malaise. Je suis sûr que tu l'as blessée.
― Qu'importe ! répliqua Fanny en roulant les yeux d'un air las. Il est vraiment temps qu'elle se rende compte qu'elle emmerde tout le monde. Et ne te dépeigne pas comme ça, c'est laid !
Elle lui enleva la main avec brusquerie et lui replaça les cheveux sans plus de douceur.
― D'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi tu continues à te coiffer avec cette affreuse raie sur le côté. On dirait mon oncle. Prends plutôt exemple sur Black. Lui, au moins, sait comment se coiffer pour avoir l'air plus cool. Quelle couleur, ta cravate, demain, pour que je puisse assortir ma robe avec ta tenue ?
― Rouge…, répondit Remus.
― Tu m'étonnes ! s'exclama Fanny en claquant la langue. Il n'y a pas que le rouge qui existe, non mais ! Prends-en une bleue ! Ma robe est bleue et je veux que notre couple ait l'air parfait. Je veux aussi trouver le moyen d'effacer tes cicatrices, là… Je me demande si mon Efface-Boutons pourrait être efficace…
― Non, rien ne marche contre ça, j'ai déjà tout essayé…
Les marques d'agression du loup-garou responsable de sa lycanthropie resteraient à jamais gravées sur son visage, sans parler des autres blessures qu'il s'infligeait lui-même durant les nuits de pleine lune. Madame Pomfresh faisait son possible pour le soigner chaque fois qu'il revenait de la Cabane hurlante, mais certaines balafres mettaient plus de temps à guérir.
Fanny soupira avec résignation.
― Tant pis, alors, dit-elle. Reste comme ça. Ce n'est pas grave.
― Merci de… de m'accepter comme je suis…, murmura Remus en se sentant rougir.
― C'est tout de même dommage, déplora Fanny en allongeant le doigt vers l'une de ses cicatrices sur la joue. Tu serais tellement plus beau sans…
― Je sais et… et je comprends que… que ce n'est pas facile de… de m'aim…
― Viens me voir demain, je veux quand même essayer avec mon Efface-Boutons, coupa Fanny avec impatience. Je dois y aller, mes amies m'attendent. Et n'oublie pas ! poursuivit-elle en le pointant d'un long ongle soigné et menaçant. Je te le répète, demain, je veux que tu parles et que tu danses ! Ne reste pas dans ton coin comme la dernière fois sans dire un seul mot ! Les timides, c'est chiant ! Ne va pas non plus passer tout ton temps avec tes amis ! Je sais que Black et Potter seront là. Black est toujours invité, le salaud, et Evans a annoncé tout à l'heure qu'elle y allait avec Potter. Mais toi, tu es avec moi, et tu resteras toute la soirée avec moi, c'est compris ?
― Oui, c'est compris.
― Parfait !
Elle le survola des yeux de la tête aux pieds, comme si elle effectuait une dernière évaluation de sa personne avant de repartir, et Remus voulut alors l'embrasser pour qu'elle lui pardonne d'avoir du mal à être à la hauteur d'un bon amant. Il se pencha vers ses lèvres, mais elle se déroba au même moment en détournant la tête.
― À plus tard ! lança-t-elle avec ennui.
Elle s'éloigna de sa démarche féline, les hanches roulant avec grâce, et Remus resta planté là, à se morfondre dans la honte. De toute évidence, elle était encore déçue de lui et il s'en voulait de devoir autant la décevoir. Pourquoi devait-il toujours être aussi nul ?
Mais il se promettait de se rattraper le lendemain, lors de cette fête chez Slughorn. Il allait se comporter exactement comme elle le souhaitait et Fanny l'aimerait alors plus, comme aucune fille ne pourrait jamais l'aimer.
Fanny Karline, en fait, pour Remus, tout simplement, était la femme de sa vie.
.
Quelques minutes plus tard, lorsque Remus arriva au dortoir de la salle commune de Gryffondor, James, Sirius et Peter, assis au bord des lits, cessèrent aussitôt de parler et le fixèrent. Remus fut méfiant.
― Vous parliez de moi ? devina-t-il en refermant la porte derrière lui.
― N-non, non, balbutia James en se tapotant nerveusement le bout des doigts. On parlait de…
― Du devoir de Brûlopot, acheva Sirius en étirant le bras vers la table de chevet pour prendre un parchemin roulé et maculé de terre. J'ai pris des notes sur les Niffleurs, sur la façon dont ils ont retrouvé l'or de farfadet dans le jardin, mais je pense qu'il me manque certaines informations que tu aurais sans doute notées, toi, et…
― Fanny me parlait de la fête de Slughorn, si vous voulez tout savoir, lança Remus qui ne fut pas dupe de leur justification. Je dois me trouver une cravate bleue pour aller avec sa robe à elle.
― Ah ? fit James en échangeant un regard prudent avec Sirius. Mais ta cravate rouge… tu as dépensé beaucoup pour l'avoir… Je veux dire, tu l'aimes beaucoup cette cravate…
― Oui, mais ce n'est pas grave, dit Remus en s'approchant de son lit au pied duquel il avait laissé son sac. Je vais essayer un sort de métamorphose pour changer la couleur. Je trouverai le plus beau bleu qui existe. Fanny sera contente. Ah et aussi, je voulais vous montrer…
Après avoir sorti du sac son lourd manuel de métamorphose avancée qu'il posa sur l'édredon, il se rendit à son oreiller sous lequel il se saisit d'un précieux pendentif en forme de demi-lune, sculpté dans un morceau de rubis rutilant.
― C'est un cadeau de ma mère, dit Remus avec émotion, tandis que Peter se rapprochait pour mieux voir. Elle portait ça quand elle a rencontré mon père et elle voudrait que je le donne un jour à l'élu de mon cœur. J'ai décidé que ce sera demain soir, pendant la fête. Je l'offrirai à Fanny.
― Mais c'est rouge, fit remarquer Peter.
― Je le changerai en bleu si elle préfère, dit Remus en haussant les épaules. Je prévoyais aussi lui révéler mon secret, lui expliquer d'où viennent mes cicatrices. Elle va comprendre, c'est sûr… Il est beau, n'est-ce pas ?
Il balança légèrement son pendentif scintillant devant les yeux de Sirius et James, qui se regardèrent alors avec malaise.
― Heu…, commença Sirius avec beaucoup de réticence, en se raclant la gorge. Lunard, écoute…
― Fanny Karline…, poursuivit James, tout aussi hésitant, n'est pas vraiment… comment est-ce qu'on pourrait te dire ça… ?
―… une fille pour toi, acheva Sirius.
― Comment ça ? s'étonna Remus en se refroidissant d'un coup.
― Je veux dire ! se reprit précipitamment Sirius en se frottant la nuque. Ce qu'on essaie de te dire, Cornedrue et moi, c'est que…
― C'est qu'elle est nulle ! traduisit Peter sans gêne.
Sirius eut un sursaut choqué en ramassant son oreiller qu'il jeta à la figure de Peter. Ce dernier étouffa un couinement surpris en tombant à la renverse sur le lit d'en face.
― Bah quoi, c'est vrai ! affirma Peter en se redressant maladroitement sur l'édredon. C'est une fille ! Et toutes les filles sont nulles !
― Il y a d'autres manières de le dire ! gronda Sirius.
― Lily n'est pas nulle ! protesta James en se saisissant à son tour d'un oreiller à sa portée pour aller l'écraser sur la tête de Sirius. Comment peux-tu approuver que les filles soient nulles ? Tu es pire que Queudver !
― Ça suffit ! s'écria Remus.
L'oreiller tomba par terre et Sirius se recoiffa d'une main en ricanant.
― Elles ne sont pas toutes nulles, évidemment, admit-il d'un air désinvolte. Mais disons que Karline…
Remus le fit taire d'un regard noir. Pendant que Peter terminait de se redresser sur le lit, il rangea soigneusement son pendentif dans la poche de son pantalon et vint s'asseoir à côté de James.
― Fanny est la seule fille qui m'aime, confia-t-il à mi-voix. Je ne trouverai jamais une autre fille comme elle, capable d'aimer un… une bête minable comme moi. Enfin, tu comprends ça, toi, Cornedrue. Toi aussi tu n'aimes qu'une seule fille et tu lui donnerais tout, non ?
― Je…, hésita James en regardant de nouveau Sirius avec malaise. Enfin… Oui, je comprends… je suppose…
Remus sourit timidement. Sirius soupira.
― Tu n'es pas une bête minable, Lunard…, souffla-t-il.
― En tout cas, moi, dit Peter qui se grattait un bouton sur le menton, je ne comprendrai jamais rien au plaisir d'aimer les filles. Avec elles, ce n'est jamais drôle. On ne s'amuse plus du tout.
― C'est un autre genre de plaisir, expliqua James en lui lançant un regard taquin. Aimer une fille, c'est… c'est comme revivre, mais avec une passion nouvelle, puissante, dévorante, exquise ! Je suis tellement heureux que Lily veuille enfin sortir avec moi ! Lily, c'est toute ma vie ! Je l'aime tellement !
― C'est surtout réciproque et c'est ça qu'il faut fêter ! déclara Sirius en se levant d'un mouvement déterminé. Queudver, va chercher quatre Bièraubeurres !
― Ouais ! s'exclama Peter en sautant de joie. J'avais hâte de les boire enfin !
Il se jeta entre deux lits pour fouiller sous celui de Sirius, là où ils cachaient leurs boissons interdites à Poudlard, et en tira un lourd coffre fermé d'un cadenas. Tandis que Peter le déverrouillait de sa baguette, James se leva également en souriant.
― C'est d'accord, Patmol, mais juste une Bièraubeurre, dit-il, raisonnable. On ne sort pas le whisky Pur-Feu et on se couche de bonne heure. Je veux être en forme pour demain. Parce que c'est demain, la vraie soirée !
― Juste une Bièraubeurre, promit Sirius. Le temps de fêter ce grand jour où Lily Evans a enfin demandé à notre cher ami de sortir avec elle !
Peter revint avec les Bièraubeurres qu'il distribua fébrilement aux autres. Sirius prit la sienne et regarda le goulot en éclatant de rire.
― Déjà débouchée ? dit-il en jetant à Peter un regard amusé. Eh bah, ça, c'est du service !
― C'est trop bien de pouvoir refaire la fête comme avant ! s'extasia Peter en exposant l'étendue de ses grandes dents dans un large sourire.
― Une petite fête, insista James.
― Effectivement, dit Remus en humant l'odeur caressante de la douce boisson. Ce serait bien une catastrophe si on se présentait demain à nos copines avec l'une de ces gueules de bois.
― Je perdrais aussitôt Lily et je n'ose même pas y penser !
― Fanny serait en colère et me larguerait aussi…
― Oh, mais arrêtez ! soupira Sirius en levant les yeux au plafond. Juste une Bièraubeurre. Ça ne soûle même pas, ça !
Il éleva sa bouteille dans les airs et les trois autres l'imitèrent.
― Aux amours de Cornedrue ! déclara solennellement Sirius.
― À mes amours aussi ! dit Remus avec bonheur.
― À notre amitié éternelle ! ajouta James.
― Au plaisir de s'amuser ! termina Peter.
De jolis tintements se répercutèrent dans la pièce pendant qu'ils cognèrent leur bouteille l'une contre l'autre, puis ils burent ensemble leur première gorgée. Remus sentit le délicieux liquide descendre dans sa gorge en lui réchauffant la poitrine. Il savait déjà que le lendemain serait un jour inoubliable.
Merci d'avoir lu ! :)
La suite viendra très bientôt !
Petit rappel : Cette histoire est inspirée de très près du film "The Hangover".
Quand j'ai vu ce film, je me suis dit que ce serait amusant d'en voir une nouvelle version avec les Maraudeurs. Alors, si vous avez parfois l'impression d'avoir déjà vu cette intrigue quelque part, c'est normal. Je n'ai les droits ni sur l'univers, ni sur les personnages, ni sur l'idée originale du scénario. Je ne gagne pas d'argent à faire ça. C'est fait dans l'unique but de divertir.
Ceci dit, j'espère que vous aimerez cette nouvelle version du film "The Hangover" avec les Maraudeurs, dans laquelle j'y ai mis tout de même beaucoup de ma sauce et de mes idées tordues. :D
