Notes
Casting hypothétique :
Steve Toussaint dans le rôle de George Lambert. Il doublait déjà ce personnage dans les deux volets de Jurassic World: Evolution.
Suggestions musicales :
La promenade de Guillaume le deuxième jour :
- Une Clairière près de Gaunes — Alexandre Astier, Kaamelott : Premier volet.
-o-
Le vendredi 25 juillet, Guillaume partit de San Francisco avant midi et arriva à Orick entre dix-sept et dix-huit heures. Lorsqu'il atteignit le manoir et gara sa voiture, il vit qu'Elijah Mills l'attendait.
— Monsieur Vuillier ! Le salua-il. J'espère que vous avez fait bonne route.
— Bonsoir, Monsieur Mills. La route a été bonne, merci, répondit le directeur du CSMD.
— Je vous en prie, appelez-moi Eli. C'est un plaisir de vous héberger au manoir.
Guillaume leva les yeux vers les étages du manoir.
— Alors comme ça, toutes les chambres à louer sont prises avec l'opération ?
— Oui, InGen a plus ou moins réservé le domaine pour un mois et demi. Mais lorsque votre assistante vous a contactés, nous nous sommes empressés de vous libérer une chambre. Monsieur Lockwood et moi détestons manquer à nos promesses.
— Et je vous en remercie.
Le gérant de la fondation Lockwood vit que leur hôte portait un sac à dos et une valise.
— Vous voulez que j'appelle quelqu'un pour porter vos bagages ? Lui demanda-il. C'est compris dans le prix.
— Je vous remercie pour votre sollicitude mais ça va aller, lui assura Guillaume en rajustant son sac à dos.
— Comme vous voudrez.
— C'est la haute-saison. Ne craignez-vous pas un impact trop important sur l'activité hôtelière ?
— Nous nous sommes arrangés avec InGen. Et aux yeux de Monsieur Lockwood, ces pertes n'ont que peu d'importance par rapport au bien de l'opération.
Arrivants au pied de l'escalier qui menait à l'entrée du manoir, Eli s'arrêta et invita leur hôte à l'emprunter.
— Je vous laisse passer à la réception et monter dans votre chambre. Rendez-vous ici dans dix minutes pour la visite du camp.
Le directeur du CSMD acquiesça, disparut dans le manoir et ressortit un peu moins de dix minutes plus tard. Empruntant le chemin qui conduisait en haut de la crête, lui et Eli parvinrent d'abord au village de caravanes et de préfabriqués qu'on avait dressé dans la clairière près de la cuvette et ils y croisèrent plusieurs soigneurs, vétérinaires et gardes, la plupart venant de terminer leur journée de travail. A l'entrée de ce village éphémère, un homme en habits sombres et chaussé de rangers les attendait. D'âge médian, c'était un grand noir athlétique dont le visage sérieux arborait un bouc de poils grisonnants. Eli les présenta et Guillaume apprit que l'homme, un cadre d'InGen Security nommé George Lambert, était chargé de la sécurité du site, Edward Torres étant retourné à Palo Alto dès l'arrivée des derniers animaux au domaine.
Le trio se dirigea ensuite vers la grande porte d'entrée de la cuvette, alors ouverte, mais juste avant elle, deux gardes soumirent Guillaume à une fouille et lui demandèrent de déposer son téléphone dans une caisse, où il le récupèrerait à sa sortie. Il ne fut pas surpris car Eli l'avait prévenu à ce sujet lorsqu'ils avaient échangés par mail pour convenir des modalités de son séjour. Il lui avait dit qu'InGen interdisait toute photographie du camp et des animaux pour des raisons de sécurité. Une fois cette formalité passée, les gardes leur cédèrent le passage et le directeur du CSMD pénétra enfin dans le camp.
Guillaume n'avait jamais vu autant de dinosaures et autres animaux déséteints en un même endroit, et il vit pour la première fois certaines espèces, qui ne pouvaient être rencontrées qu'à Jurassic World au moment de sa chute. Dans un premier temps, il fut émerveillé par la diversité de la ménagerie d'InGen mais ce sentiment d'excitation fut de courte durée et laissa rapidement place à une certaine préoccupation et amertume. Bien qu'il savait que cela était une situation temporaire imposée par la législation états-unienne et ses règles de quarantaine concernant les animaux importés, il fut en effet un peu triste de voir les animaux dans les enclos quelque peu sommaires de ce camp austère à triste allure qui, vu du ciel, devait ressembler à une vilaine plaie au milieu du bois. Les allées terreuses et poussiéreuses étaient creusées d'ornières en certains endroits, les arbres et l'ombre rares, le sol devenait boueux aux alentours des auges ou des points d'eau dans les enclos, et nombre d'animaux passaient leur temps à dormir faute d'activités disponibles en dehors des heures de nourrissage, certains individus d'espèces pourtant sociales ayant été même séparées dans plusieurs enclos. Guillaume nota que plusieurs semblaient présenter des cas de stéréotypie (*) : Les Pelecanimimus ne cessaient de se toiletter ; le métriacanthosaure faisait les cent pas en répétant toujours le même trajet ; L'un des acrocanthosaures dodelinait de la tête ; et un des stégosaures se balançait de droite à gauche, de la même manière que certains éléphants de cirque… Tandis que George Lambert lui parlait des mesures de sécurité qu'ils avaient prises, le directeur du CSMD s'interrogea sur ce que l'équipe du Groupe de Protection des Dinosaures pensait de tout cela car il se sentit presque coupable d'avoir demandé à ce qu'on lui octroie cette visite. Il se rassura un peu en se rappelant que c'était surtout par devoir professionnel qu'il avait demandé à voir les animaux, et non par plaisir personnel.
Une fois qu'ils eurent fait le tour du camp et du village annexe, Guillaume et Eli redescendirent au manoir et s'arrêtèrent non loin de la tente réfectoire où les participants à l'opération entraient déjà. Le Français n'ayant pas réservé de dîner au manoir pour le soir de son arrivée et étant trop fatigué pour prendre sa voiture, sortir du domaine et chercher un restaurant à Orick ou même à Trinidad et Eureka, le gérant de la fondation Lockwood l'informa qu'il pouvait dîner dans la tente réfectoire si il le souhaitait et Guillaume accepta. Ils prirent congé l'un de l'autre et alors qu'Eli s'éloignait, le directeur du CSMD l'entendit rouspéter au sujet de ses chaussures et du bas de son pantalon qui s'étaient tâchés pendant le tour.
Un quart d'heure plus tard, Guillaume s'installa seul avec son plateau à une table libre dans un coin de la tente et dîna en silence, ne pouvant s'empêcher de songer aux animaux dans la cuvette plus haut. Tout en buvant doucement dans son gobelet en plastique, il balaya la tente du regard et reconnut le crâne chauve d'Alexander Singer à quelques tables de là. Le fondateur du GPD était assis en compagnie de ses deux collègues que Guillaume avait vus dans la vidéo de présentation sur leur site internet, mais étant dos à lui, il ne remarqua pas la présence du Français et lorsqu'il quitta sa table puis la tente, il ne le vit même pas. D'un côté, Guillaume poussa un « Ouf » de soulagement, ne désirant pas avoir une discussion semblable à celle qu'ils avaient eu à la réception quelques mois plus tôt, mais de l'autre, il n'aurait pas été contre d'avoir un échange avec le GPD au sujet des conditions d'accueil des animaux.
Quand il eut finit de manger, il entra dans le manoir et remonta dans sa chambre, située au deuxième étage dans l'aile sud, avec une fenêtre donnant les chapiteaux, la grande lagune qu'ils surplombaient et l'océan au-delà. Avant d'aller se coucher, il resta un peu devant son ordinateur portable, consultant les dernières nouvelles en provenance du Costa Rica.
Quelques jours plus tôt, l'Unidad Especial de Intervencion, nom donné aux commandos d'élite de la Force Publique costaricaine, avait effectué des raids sur plusieurs propriétés de l'homme d'affaires joséfien Sebastián Bonel, soupçonné d'être à la tête du trafic d'un nouveau type de drogue, le Bonbon de Licorne. Dans un des bâtiments possédés par Bonel, ils avaient non seulement trouvés un laboratoire clandestin, un stock de bonbons de licorne mais aussi la source de l'ingrédient clé de cette drogue : Quarante-neuf Compsognathus. Bonel avait été mis en état d'arrestation et le stock et les animaux avaient été saisis. Il y avait des adultes mais aussi des jeunes et les premiers étaient chacun gardé dans une cage individuelle pas plus grande que celles utilisées dans les élevages intensifs de poulets. Selon le représentant de la Force Publique interviewé par les médias, les hommes de Bonel collectaient la salive des dinosaures et le venin qu'elle contenait en les faisant mordre une sorte de petit bâton, sur laquelle la salive s'écoulait avant de tomber dans un récipient, une méthode de collecte qui n'était pas sans rappeler celle utilisée avec les serpents venimeux dans le cadre d'études scientifiques ou de fabrication d'antivenin, mais en bien plus intensif. Ensuite, le venin était isolé en vue d'être incorporé au mélange chimique qui allait donner naissance au Bonbon de Licorne. Toute cette entreprise n'était pas sans incidence sur le bien-être et la santé des Compsognathus, qui avaient été tout simplement exploités dans d'horribles conditions. Certains présentaient des plaies, d'autres étaient malades et un avait même été retrouvé sans vie dans sa cage.
La petite quarantaine de survivants avait été prise en charge par des vétérinaires et après des soins et un séjour en quarantaine, ils seraient, à l'instar de nombre d'animaux saisis par les autorités au cours d'opérations anticriminelles, confiés à un parc zoologique, probablement le Parc zoologique et botanique national Simón Bolívar à San José. InGen était restée étrangement silencieuse au sujet de toute cette affaire car le bruit courait qu'elle, ou du moins un de ses employés, avait fourni les Compsognathus à Bonel.
Dans l'article, il était également fait mention de consultants spéciaux qui avaient préconisés une stérilisation des animaux afin d'empêcher une prolifération de Compsognathus dans la région si jamais un des animaux s'échappait. Bien que la Force Publique n'avait pas divulgué l'identité de ces consultants qui leur avait fourni une aide précieuse, Guillaume la connaissait. Deux semaines et demie plus tôt, il avait reçu un email de la part d'un certain Rodrigue Santagar, qui disait être un employé du gouvernement costaricain et avoir passé un accord avec Claire Dearing et Owen Grady. Ce fut elle qui lui avait suggéré de contacter le directeur du CSMD pour l'informer des manigances d'InGen.
Ainsi, Guillaume Vuillier savait non seulement au sujet de la relation qui unissait InGen à Bonel et les Cascabels, le gang qu'il dirigeait ; des assassins engagés par Edward Torres ; et des recherches clandestines poursuivies pendant un temps à Burgo Nuevo par Henry Wu, recherches qui avait abouties à la mise au monde d'une créature nommée Indoraptor, l'héritier de l'Indominus rex. Conscient du milieu dans lequel il évoluait, il savait qu'il devait marcher sur des œufs tout en essayant d'en savoir plus.
Le lendemain matin, Guillaume prit son petit déjeuner d'assez bonne heure dans la salle de repas dédiée d'ordinaire à la clientèle du manoir, les Lockwoods et leur entourage proche ayant leur propre salle à manger privée. Comme ils l'avaient mentionnés la veille, il était la seule personne de l'extérieur et il présuma que la petite douzaine d'autres convives alors présentes étaient des employés de la fondation Lockwood ou d'InGen, puisque la seule personne qu'il reconnut fut George Lambert, qui le salua par un signe de tête poli à son arrivée. Assis non loin du directeur du CSMD, il y avait un trio de jeune trentenaires et une grande quarantenaire athlétique avec de longs cheveux sombres attachés en une queue de cheval. En vérité, cette dernière était Maya Harris, l'ancienne camarade d'Owen Grady du programme des mammifères marins de la marine étatsunienne, mais Guillaume ne lui ayant pas parlé au cours de la réception de mars, il ne la reconnut pas et ne lui prêta pas attention. Le trio de trentenaires était quant à lui constitué d'un maigrichon aux traits émaciés ; d'une femme aux cheveux noirs mi-longs, au physique moyen et à l'allure un peu négligée ; et d'un deuxième homme, d'origine nord-africaine ou arabe, avec d'épais cheveux bouclés et des lunettes. Lorsque Guillaume entendit la voix de ce dernier, il fut surpris d'y entendre un soupçon d'accent français.
Probablement un employé français ou du moins francophone. Les employés de Jurassic World et d'InGen ne sont pas qu'états-uniens et costaricains après tout.
Mais le directeur du CSMD décida de ne pas aborder ce possible compatriote. D'une part, il souhaitait partir dans les temps pour randonner comme il l'avait prévu, et d'autre part, le trio avaient des têtes de déterrés et parlaient d'une voix faible. Guillaume ignorait quel était leur travail mais celui-ci semblait les épuiser grandement.
Peu après, il rejoignit son véhicule, y mit son sac à dos, et sortit du domaine pour partir à la découverte des forêts de séquoias des environs. Cette partie du nord de la Californie était célèbre pour ces dernières et en plus d'abriter une faune et une flore remarquable, le décor spectaculaire et primitif qu'elles fournissaient avait attiré nombre de productions cinématographiques et télévisuelles. Ainsi, Guillaume savait que le tournage des scènes de la lune forestière d'Endor dans Le Retour du Jedi, ainsi que celui de certains segments de la série documentaire de la BBC Sur la Terre des Dinosaures, avaient eu lieu dans la région.
Le directeur du CSMD ne revint au domaine Lockwood qu'en fin d'après-midi et après avoir déposé son sac à dos dans sa chambre, il ressortit du manoir, désirant encore s'aérer un peu. Avant qu'il ne traverse le pont au-dessus de la ravine, il jeta un coup d'œil à un petit bâtiment en marbre pourvu d'un dôme qui se dressait de l'autre côté de la pelouse sur sa droite, à la lisière du bois au nord du manoir, une structure dont il n'avait remarqué la présence qu'en arrivant la veille et qu'il présumait être un mausolée. Atteignant peu après le carrefour, il tourna à droite, passant dans le bois, et il franchit peu après un autre pont enjambant la ravine, de conception et d'allure plus modeste que le premier, et à l'intersection qui suivit, il resta à droite, sachant que l'allée de gauche devait descendre vers la porte nord du domaine, un accès secondaire qui donnait quasi directement sur Orick. L'allée de droite descendit aussi un peu mais s'aplanit un peu plus loin, et sur la droite de Guillaume, le terrain se clairsema et une grande surface gravillonnée apparut.
Cette surface s'étendait devant un quai de déchargement, que le directeur du CSMD trouva plutôt spacieux pour un manoir, avant de constater que au-delà du quai, une large toiture en dents de scie jaillissait et en remarquant qu'elle était constituée d'une succession de toits à deux versants de pente différente, avec le plus court faisant face au nord et muni d'une série de vitres, il sut qu'il devait originellement abriter une sorte d'atelier industriel, aménagé sur deux niveaux contre le flanc même du petit plateau sur lequel reposait le manoir. Vu du ciel, cet ancien atelier saillissait presque de la demeure en suivant un axe nord-sud et son toit était situé au même niveau que les tunnels de maintenance et les caves sous le rez de chaussée du manoir.
Dans l'ombre du quai de déchargement, Guillaume vit un homme en train de fumer une cigarette et à en juger par l'uniforme sombre qu'il portait, il sut que ça devait être un des gardes du domaine. Tout en continuant de marcher tout droit, il le salua d'un signe de tête mais le garde ne répondit rien et se contenta de le suivre du regard d'un air méfiant.
Tout en bifurquant vers le sud-est, le chemin se mit à remonter et une autre intersection apparut peu après. Sachant qu'il finirait par rejoindre l'allée menant au "village" d'InGen s'il continuait tout droit, Guillaume tourna à gauche, suivant un autre chemin qui serpentait tout en gravissant la crête boisée. Alors qu'il était presque au sommet de la crête, il entendit une voix d'enfant appeler :
— Joseph ! Joseph !
Intrigué, le directeur du CSMD continua et au détour d'un virage, il vit qu'une jeune fille aux cheveux châtains se tenait plus loin, non loin d'une vieille cabane en bois qui se dressait sur la gauche du chemin.
L'ayant entendu, la jeune fille se tourna vers lui pour le regarder. Croyant qu'elle était en pleine partie de cache-cache avec un ami, il ralentit.
— Bonjour, lui dit-elle lorsqu'il arriva à son niveau.
— Bonjour, répondit Guillaume avec un sourire rassurant. Que fais-tu ?
— J'appelle Joseph.
— Joseph ? C'est un ami ? Demanda-il.
Elle hocha de la tête. Ils entendirent alors un bruissement dans la végétation, près de la cabane.
— Chut…, dit-elle.
Entre le chemin et la cabane, il y avait quantité de buissons, de fougères et d'arbustes ainsi qu'un tronc couché ou deux.
La fille pointa soudain un buisson près d'un coin de la cabane.
— Là.
Guillaume regarda dans cette direction mais même ses yeux aiguisés d'ex-agent d'Interpol n'y virent pas l'ombre d'une personne, pas même celle d'un enfant.
— Je ne le vois pas, dit-il à voix basse.
— Plus bas, répondit-elle sur le même ton.
— Plus bas ? Joseph est-il un gnome ou un korrigan ?
— C'est quoi un korrigan ?
— Une sorte de lutin.
Elle rit doucement.
— Non. Joseph n'est ni un gnome ni un korrigan, l'informa-elle.
Le buisson se mit à bruisser et c'est alors qu'une boule de fourrure poivre et sel fit son apparition. Lorsque l'animal commença à longer le devant de la cabane, Guillaume gloussa en réalisant que Joseph n'était pas un jeune garçon mais un raton-laveur, mais ce fut pour rire de sa propre naïveté et non se moquer de la jeune fille. Joseph s'arrêta et tourna la tête vers les deux humains qui l'observaient, reniflant leur odeur. Il reconnut la fille mais l'homme lui était étranger, le poussant à être méfiant.
— Ah, je croyais que ce Joseph était un de tes amis, dit Guillaume.
— Mais c'est le cas.
— Je voulais dire… un de tes camarades d'école, un cousin ou le fils d'un des employés du domaine, pas un raton laveur.
Joseph ne s'attarda pas et disparut à nouveau dans la végétation.
— Raton-laveur ou pas, Joseph est l'un de mes seuls amis, déclara la jeune fille en regardant les buissons. Je n'en ai pas en dehors du domaine.
— Pas même à l'école ? S'enquit Guillaume, interloqué.
— Je ne vais pas à l'école. Grand-père et Iris font venir des professeurs à la maison.
— Ah, d'accord.
C'est alors qu'il se souvint avoir déjà vu son interlocutrice, lors de sa première venue au manoir Lockwood.
— Vous êtes un invité de grand-père ou d'Eli ? Lui demanda-elle.
— Oui. Quel est ton nom ? On me l'avait dit mais je ne m'en rappelle plus.
— Maisie. J'ai eu dix ans le mois dernier.
— Tu es allé voir les dinosaures, Maisie ?
Une lueur d'excitation apparut dans les yeux de la jeune fille.
— Je suis allée aux enclos peu après leur arrivée. Iris avait trop peur donc c'est Eli qui m'y a emmenée, raconta-elle. Je vous ai vu à la réception, il y a quelques mois, dit-elle après un silence. Vous étiez avec la dame rousse à la robe pourpre et au masque blanc.
Il se rappela alors que lui et Claire avaient vus Maisie sur la mezzanine du musée, se dirigeant vers une des bibliothèques avant de revenir sur ses pas et de disparaître après avoir vue Claire.
— Nous t'avons vue aussi. Tu cherchais un livre dans la bibliothèque ?
— Oui.
— Qu'est-ce qui t'a fait peur ? Claire… Je veux dire Madame Dearing ?
— Si c'est elle la dame, oui.
Guillaume hocha de la tête et caressa son bouc.
— Il ne faut pas juger un livre à sa couverture, dit-il. Tu l'as déjà rencontrée pourtant. Elle m'a dit que ton grand-père et toi étiez venus au parc une fois.
— Mais j'étais petite, je ne me rappelle pas de tout, et surtout pas de son masque.
— Elle ne l'a que depuis la chute du parc. Elle a eu un terrible accident.
— Elle me fait quand même peur. Et j'ai entendu des choses à son sujet…
— Quel genre de choses ?
— Qu'elle était folle et maléfique. Un peu comme la reine dans Blanche-Neige… ou Maléfique de La Belle au bois dormant.
— Tu l'as entendu ça de la bouche de qui ? Demanda Guillaume d'un ton légèrement inquisiteur, comme si l'enquêteur sommeillant en lui prenait le dessus sur le directeur en congé.
— Ah te voilà, dit soudain la voix d'une femme âgée. Où étais-tu passée ?
Ils se tournèrent vers la source de la voix et le directeur du CSMD reconnut Iris, la gouvernante.
— Je rendais visite à Joseph, répondit Maisie.
— J'espère que tu n'as pas encore nourrit cette sale bête ? Demanda Iris.
— Non, Iris. Moi et le monsieur l'avons juste regardé. C'est tout.
Alors que la gouvernante les rejoignait, Guillaume la salua :
— Bonjour.
— Bonjour, le salua-elle en retour. Vous êtes ?
— Monsieur Vuillier. Guillaume Vuillier, répondit-il en tendant la main.
— Ah, l'invité d'Eli et de Benjamin ! Se souvint-elle avant de lui serrer la main. Vous passez un bon séjour ?
— Je n'ai pas à me plaindre du service ou de la nourriture si c'est ce que voulez savoir, l'informa-il, lui décrochant un sourire amusé. Et les environs sont magnifiques.
— Je vois que vous êtes partis en randonnée, observa-elle. Vous avez pu faire le tour du domaine ?
— Je n'en ai fait qu'une partie.
— Maisie et moi allons faire le tour de la cuvette et revenir par le camp dans la clairière. Voulez-vous vous joindre à nous ?
— Volontiers.
Notes
(*) Stéréotypie : Type de comportement anormal où des mouvements sont répétés sans raison apparente. Les comportements stéréotypés sont souvent associés au stress et au manque de stimulation.
