Hello !

Bonne lecture. :)


CHAPITRE 24 – Sortilèges Impardonnables

Au petit-déjeuner, les discussions sur le Tournoi des Trois Sorciers allaient bon train. Chaque élève en âge de concourir et intéressé se voyait déjà recevoir la gloire de leur école mais surtout les mille Gallions. Beaucoup vantaient leur mérite et leurs capacités qui pouvaient leur apporter la victoire.

Mais plus encore, certains élèves non majeurs continuaient de rêver à leur participation. Ils commençaient à réfléchir à une manière de détourner le juge impartial. Quand elles arrivèrent dans la Grande Salle, Erine et Violet remarquèrent que les jumeaux ainsi que Lee Jordan étaient dans un petit coin de la table. Ils paraissaient beaucoup trop sérieux ce qui amena les deux amies à une évidence. Eux aussi cherchaient un subterfuge pour s'inscrire.

Les deux jeunes filles s'adressèrent un regard peu confiant, aucune d'elle ne croyait au fait qu'il était possible de tromper le juge. Si le Ministère avait décidé qu'aucun élève non-majeur ne participerait alors aucun élève non-majeur ne pourrait participer.

Elles retrouvèrent la table des Serdaigle et saluèrent les membres de l'équipe de Quidditch présents. Violet leur répéta ce qu'elle avait dit à Leni McMorry la veille. Elle y avait bien réfléchi et cela lui semblait correct. Leurs entraînements au sol du samedi matin seraient maintenus. Elle n'obligeait personne mais aimerait qu'ils soient là minimum une ou deux fois par mois.

La capitaine enchaîna sur les entraînements de Quidditch. Elle comptait discuter avec le Professeur Flitwick des créneaux du terrain. Cependant, elle supposait que rien ne serait mis en place vu que ni les Serpentard, ni les Gryffondor n'avait reçu d'indications sur leur capitaine. Violet comptait s'entraîner au minimum une heure par jour. Cela dépendrait de son avancée dans les devoirs et du déroulement du Tournoi. Encore une fois, elle demandait à ses coéquipiers d'être présents au moins une fois par semaine. Après tout, ils avaient une Coupe à gagner l'année prochaine. Ce n'était donc pas le moment de perdre en performance.

Son état de satisfaction augmenta quand son équipe parut motivée à propos du compromis. Erine et Leni ainsi que Roger avaient promis qu'elles seraient présentes tous les samedis. Les cinquième année étaient plus partagés mais paraissaient d'accord pour venir deux samedis par mois. Pour les entraînements, tous étaient d'accord pour trouver un jour dans la semaine afin de jouer ensemble. Violet était fière de l'équipe qu'elle avait montée l'année précédente.

A la réception de leur emploi du temps, les sixième année de Serdaigle remarquèrent qu'ils commençaient par Défense contre les Forces du Mal, comme souvent. Ils s'échangèrent tous un regard craintif. Le Professeur Maugrey n'avait attisé la confiance de personne et beaucoup le craignaient déjà.

Ils furent interrompus par des hululements de chouettes et de hiboux qui firent leur entrée dans la Grande Salle pour apporter le traditionnel courrier. Violet fut surprise quand Quid, la chouette d'Olivier, s'arrêta près d'elle. Il ne pouvait pas avoir déjà reçu son courrier et lui avoir répondu. Elle caressa le haut de la tête de la chouette puis elle ouvrit soigneusement l'enveloppe.

Son sourire s'illumina quand elle découvrit qu'il avait pris le soin de lui détailler toute sa journée de la veille. Olivier n'avait jamais été un mordu d'écriture mais cette fois, il avait fait un effort considérable car c'était la première fois qu'il écrivait un parchemin aussi long.

Elle fut émerveillée par sa description du centre d'entraînements, elle n'avait qu'une hâte pouvoir en profiter un jour aussi. Elle eut un rire moqueur quand il lui expliqua sa frustration de ne pas avoir eu certaines idées pour son équipe, Olivier restait Olivier. Elle ressentit une pointe de jalousie quand il lui annonça qu'il assisterait à la Finale de la Ligue puis il promettait de leur donner à l'avance le calendrier de la prochaine saison.

Un regard indiscret se faufila au-dessus du bras de Violet. Elle ne fut pas surprise de découvrir qu'Erine essayait de lire, elle aussi, le courrier de sa meilleure amie. Elle fit mine de ranger le parchemin et se tourna vers Erine qui lui demanda aussitôt :

«-Est-ce qu'il t'a parlé de moi ?

-Oui., dit Violet d'un air compatissant., Mais tu n'as pas envie de le lire...

-Comment ça ?, s'agita Erine par inquiétude., Je n'ai rien fait de mal !

-Non. En fait, je ne sais pas car tu ne m'as pas laissé le temps de terminer !, s'exclama Violet., Il racontait juste sa journée d'hier. Je finis de la lire et selon ce qui est écrit, tu pourras tout lire.

-Tu aurais des choses à me cacher ?

-Tu n'as peut-être pas envie de tout savoir. », répondit Violet avec défi.

Erine préféra abandonner. En effet malgré sa curiosité parfois maladive, il était préférable de ne pas tout savoir. Elle reprit donc son petit-déjeuner là où elle l'avait laissé sans quitter des yeux Violet.

Cette dernière s'imprégnait de chaque mot. Il admettait être nostalgique de ses rentrées à Poudlard mais surtout qu'il prenait réellement conscience de l'importance de la présence de ses amis. Il n'avait plus l'habitude d'être aussi seul. Violet sourit quand elle lut la dernière phrase PS : Erine peut lire la lettre. Il la connaissait beaucoup trop bien. Elle la tendit donc à Erine qui lui arracha presque des mains.


Moins enthousiastes que l'année dernière, Erine et Violet arrivèrent dans la salle de Défense contre les Forces du Mal. Malgré sa crainte du nouveau professeur, Violet avait hâte de commencer. Avec les Sortilèges, la Défense contre les Forces du Mal était sa matière préférée et elle se plaisait à l'étudier. A dire vrai, elle y connaissait beaucoup sur ce domaine grâce à Lyall et son père. Cela participait à son engouement pour ce cours. C'était pour cette raison que les deux amies s'assirent, comme souvent, au premier rang.

Contrairement à d'habitude, les élèves arrivèrent dans le silence et restèrent ainsi. Personne n'osait parler et on aurait pu entendre un Billywig voler. Les Serpentard paraissaient aussi curieux et appréhensifs que les Serdaigle.

Les sixième année se redressèrent et se tendirent quand ils entendirent le claquement sourd de la jambe de bois du Professeur Maugrey. Ce seul bruit dans le silence absolu créa une atmosphère angoissante dans toute la salle de classe. Le nouveau professeur passa entre les rangées et Violet remarqua plus attentivement l'allure étrange de l'homme. Beaucoup d'entre eux sursautèrent quand un grognement s'échappa de la gorge du Professeur.

«-Vous n'aurez pas besoin de vos livres. Rangez-les. »

Tandis qu'il s'installait à son bureau en analysant tous les élèves devant lui, les adolescents s'empressèrent de ranger leurs manuels. Un sourire apparut sur leurs visages, le cours s'annonçait aussi pratique que l'année précédente et cela plaisait à tout le monde.

Le Professeur Maugrey dégagea sa longue chevelure grise d'un brusque mouvement ce qui mit en avant son visage tordu. Immédiatement, il commença à faire l'appel. Cela fut déconcertant pour les élèves. En effet, l'œil normal de Maugrey lisait la liste tandis que son œil magique se fixait sur l'élève qui répondait « présent ». Une fois qu'il eut terminé, le Professeur se focalisa sur Violet.

«-Lupin, c'est ça ?, Violet hocha la tête., Fille de Remus Lupin ?

-Oui, Professeur., répondit-elle peu confiante sur les attentes du Professeur.

-Bien. Tu devrais t'y connaître un minimum sur la matière alors., déclara le Professeur., J'ai reçu une lettre du Professeur Lupin. Il a fait du très bon travail avec vous. Vous avez acquis de très bons sortilèges et maléfices de protection comme d'attaque. C'est très bien. Cependant, comme toutes les autres classes, vous êtes en retard. TRES en retard en matière de défense contre les mauvais sorts. »

Violet se vexa de savoir que son père était au courant du nouveau professeur et qu'il ne lui en avait pas touché un mot. Son père avait tendance à lui cacher beaucoup trop de choses à son goût. Par contre, elle n'avait pas l'impression d'être en retard dans le programme. Elle réalisa qu'Erine était du même avis qu'elle quand elle vit sa meilleure amie lever la main.

«-Nous avons vu le sortilège Protego., dit Erine quand le Professeur l'eut autorisée à parler., Nous avons certaines de bases.

-Oh oui, Green !, s'exclama le Professeur d'un bougonnement., Mais vous n'êtes pas entrés dans le vif du sujet. En sixième année, il serait temps de les connaître. Heureusement, que vous n'avez jamais eu à vous retrouver face à un sortilège interdit. »

Le silence régnait toujours dans la salle de classe. Le Professeur était réellement impressionnant et tous se demandaient ce que le Professeur entendait par « se retrouver face à un sortilège interdit ». Il était bien connu qu'à partir de la sixième année, les Sortilèges Impardonnables commençaient à être enseignés. Mais l'idée était de connaître leurs effets et pourquoi il était interdit de les utiliser. L'éclat de motivation dans la voix de Maugrey sous-entendait tout autre chose.

«-Quelqu'un peut-il me dire quels sont les maléfices que les lois de la sorcellerie répriment avec le plus de sévérité ? Lupin, peut-être ?, l'interrogea Maugrey en la fixant.

-Il y a le sortilège de l'Imperium. », répondit timidement Violet craignant ce qui allait suivre.

Maugrey esquissa un signe de tête pour valider sa réponse puis il se dirigea vers son tiroir où il sortit un bocal en verre. Violet et Erine grimacèrent quand elles y distinguèrent trois grosses araignées. Le professeur attrapa l'une d'elles et la présenta à tous les élèves.

D'une même impression, Erine et Violet se regardèrent totalement horrifiées. Elles sentaient venir le prochain acte de leur professeur. Rien de tout cela ne leur plaisait. Le principe des Sortilèges Impardonnables étaient qu'ils étaient impardonnables justement. Même les Aurors n'étaient pas autorisés à les utiliser, la seule exception avait été faite lors de la Première guerre des sorciers. Chacun de ses sortilèges demandait de souhaiter avec beaucoup de force la souffrance de l'autre, c'était donc avec effroi qu'elles suivirent chaque mouvement de Maugrey.

Le Professeur pointa sa baguette magique sur l'araignée et murmura :

«-Impero ! »

L'araignée commença à agir d'une manière qui n'avait rien de naturel. Elle effectuait des semblants de cabrioles : des roues, des sauts périlleux. Elle semblait même effectuer quelques pas de danse.

Les réactions dans la salle de classe étaient partagées en deux groupes bien distincts. Le premier groupe était composé d'élèves hilares face à la situation de l'araignée, le deuxième groupe était tout simplement effaré. Cependant, le premier groupe déchanta rapidement quand Maugrey grogna :

«-Je pourrai lui ordonner de se jeter par la fenêtre ou bien même de se noyer... »

Le Professeur illustra chacune de ses propositions en déplaçant l'araignée près de la fenêtre puis au-dessus d'un verre d'eau posé sur le bureau. Tous les rires s'étaient éteints, ils avaient pris conscience de la dangerosité d'un tel sort et que cela n'avait rien d'amusant.

«-Il y a quelques années maintenant, de nombreuses sorcières et de nombreux sorciers se sont retrouvés soumis à un sortilège d'Imperium., expliqua Maugrey., Les gens du Ministère ont eu beaucoup de travail afin de déterminer ceux qui avaient agi sous ce sortilège ou bien de sa propre volonté. Mais sachez, que l'Imperium peut être combattu mais pour cela il faut une certaine force de caractère. Lors des prochains cours, nous apprendrons ensemble comment y résister ! Car croyez-moi, mieux vaut éviter d'en être victime. VIGILANCE CONSTANTE ! »

Il avait crié ces deux derniers mots de manière si inattendue que toute la classe sursauta. Violet et Erine s'observèrent une nouvelle fois. Qu'entendait-il par « apprendrons ensemble comment y résister » ? Elles préférèrent de ne pas croire leurs pensées, il ne pouvait pas faire cela. C'était interdit.

Après avoir déposé l'araignée dans le bocal, Maugrey en saisit une deuxième. Il se tourna à nouveau vers la classe pour demander à un élève de citer un autre sortilège interdit. Bizarrement, les élèves étaient beaucoup moins enthousiastes. Ce fut Sélina Barnes, Préfète de Serpentard, que le professeur interrogea.

«-Le sortilège Doloris. », déclara-t-elle sans pour autant en être fière.

Le professeur acquiesça et il agrandit l'araignée. Il estimait que chacun d'entre eux comprendrait mieux le principe du sortilège. Pourtant, personne n'avait l'air prêt à le comprendre.

«-Endoloris ! »

Le cœur de Violet se retourna devant la violence du sortilège. Les pattes de l'araignée cédèrent sous son corps. Elle roula sur elle-même et était parcourue de convulsions. La souffrance de l'animal semblait envahir toute la pièce. C'en était si perturbant que Violet entendait presque des hurlements déchirants de la part de l'araignée. Plus Maugrey maintenait sa baguette sur l'araignée, plus les spasmes et tremblements se firent violents. Elle préféra détourner le regard, c'était intenable.

Elle eut l'impression d'être capable de reprendre sa respiration quand Maugrey relâcha la pression. L'araignée semblait réussir à tenir à nouveau sur ses pattes même si elle continuait de convulser. La pauvre bête avait dû énormément souffrir. Maugrey redonna à l'araignée sa taille normale avant de la remettre dans le bocal. Violet observa la troisième araignée et comprit qu'elle vivait ses dernières minutes de vie.

«-La douleur., dit Maugrey., Quand vous êtes capables de jeter le sortilège Doloris, aucune arme ne vous serait utile pour faire plus mal. Celui-ci aussi a été très utilisé il y a quelques années. Quelqu'un peut-il me citer d'autres sortilèges interdits ? »

Les sixième année s'observèrent chacun leur tour. A leur âge, tous connaissaient le dernier sortilège, celui qui était fatal. Tous le connaissaient mais personne n'osait prononcer son nom. Le Professeur Maugrey sembla perdre patience quand il grogna :

«-En sixième année, personne n'en est capable ?

-Avada Kedavra., murmura Connor Brett pour éviter de nouvelles réprimandes.

-Voilà., dit Maugrey en esquissant un sourire asymétrique., Il s'agit du dernier et surtout du pire... Le sortilège de la Mort. »

Le souffle que Violet avait récupéré sembla disparaître aussitôt. Elle avait cette sensation d'être incapable de prendre de l'air, peut-être qu'il n'y en avait plus dans la pièce ? Elle était paralysée par la peur, elle ne souhaitait pas voir ce qui allait se passer. Elle ne souhaitait pas voir ce qui était arrivé à ses parents. A son père. Puis à sa mère. Elle ne souhaitait pas imaginer le mouvement de leur corps touché par le sortilège.

Mais le regard de Maugrey sur chaque élève leur ordonnait de ne pas fermer les yeux. Il avait l'air d'estimer que chaque élève devait savoir à quoi cela ressemblait. Violet observa avec pitié la troisième araignée qui voulait échapper à son destin. Elle courrait au fond du récipient, elle voulait fuir.

Maugrey déposa l'araignée sur le bureau et la bête recommença à courir comme prise de panique. Elle était loin d'être idiote, elle devait ressentir ce qui allait se passer. Le professeur leva sa baguette et Violet eut la sensation que son cœur cessait de battre.

«-Avada Kedavra ! »

Un frisson désagréable parcourut tout le corps de Violet. Elle avait l'impression d'avoir été éjectée ailleurs qu'à Poudlard. Une lumière verte passa devant ses yeux mais elle ne voyait plus l'araignée ni le Professeur Maugrey. Rien. Noir complet. Sauf la lumière verte. Un cri déchirant résonna dans sa tête. Des pleurs se superposèrent au cri qui semblait ne plus se finir. Lumière verte. Cri. Pleurs. Violet eut la sensation de perdre pied.

Elle parvint à sortir de cet état quand Erine lui prit la main. Violet réalisa que des larmes s'étaient échappées de ses yeux, elle s'empressa de les essuyer vivement. Maugrey ne devait pas les voir, il ne devait pas poser de questions. Elle n'avait pas de réponse. Elle prit alors conscience de la sentence de l'araignée. La bête était sur le dos, intacte, morte sur le coup.

«-Ca va, Vio ? », lui murmura Erine.

Aucun son ne sortit de la bouche de Violet, elle n'avait pas la force de parler. Elle hocha donc la tête de gauche à droite pour signifier son non. Elle avait bien compris que cela ne lui servirait à rien de mentir. Erine avait bien vu que cela n'allait pas. Et même si Violet l'avait voulu, elle en aurait été incapable. Depuis les histoires avec Harry, elle n'avait plus aucune force pour les mensonges.

Harry. Est-ce qu'il se souvenait d'un tel sort ? Est-ce qu'il se souvenait avoir survécu à ce sortilège ? Elle ne put qu'espérer que non. Si elle se sentait aussi mal qu'est-ce que lui devait ressentir ? Elle concentra son regard sur Maugrey, aurait-il cette idée farfelue avec toutes les classes ? Allait-il tuer une araignée par classe ?

Elle comprit qu'il en était capable quand il balaya la table de sa main, jetant le cadavre de l'araignée au sol. Maugrey n'avait aucune pitié, l'araignée n'avait été qu'un jouet pour lui. Violet eut un haut-le-cœur. Elle craignit les nouveaux cours. Souvent, elle avait trouvé ennuyant les cours de Défense contre les Forces du Mal mais simplement car les professeurs étaient mauvais. Cette fois-ci, elle avait peur.

«-Pas amusant du tout., dit Maugrey d'une voix calme ce qui fut désarçonnant., Il n'existe aucun moyen de conjurer ce sortilège. Impossible de le neutraliser. On ne connaît qu'une seule personne qui ait jamais réussi à y survivre. Cette personne est à Poudlard avec nous tous. »

Le professeur n'eut pas besoin de prononcer un seul nom. Tout le monde savait qui était cette personne. Tout le monde connaissait le Survivant. Tout le monde savait qu'il s'agissait de Harry Potter. Son frère. Tout son estomac se retourna et elle eut l'impression que son repas du matin n'y resterait pas bien longtemps.

Son regard se perdit sur sa table de classe alors qu'Erine n'avait toujours pas lâché sa main. Elle ne souhaitait pas la voir s'effondrer. Le Professeur Maugrey continua de discourir sur le sortilège de la Mort :

«-C'est un maléfice qui exige une grande puissance magique. Aucun de vous ne parviendrez ne serait-ce qu'à me faire saigner du nez. Mais peu importe, je ne suis pas là pour vous apprendre à jeter ce sort. Alors, me direz-vous, s'il n'existe aucun moyen de s'en protéger, pourquoi nous le montrer ? Parce qu'il faut que vous sachiez. Vous devez mesurer ce que signifie le pire. Et ne pas vous mettre dans une situation où vous auriez à le subir. VIGILANCE CONSTANTE ! »

Violet se demanda pour quelle raison des élèves de seize ans souhaiteriez se mettre dans une situation. Elle pensa que le Professeur Maugrey devait avoir perdu la tête, un traumatisme peut-être.

«-Ces trois sorts sont appelés les Sortilèges Impardonnables. Utiliser l'un d'eux contre un autre être humain est passible d'une condamnation à vie à la prison d'Azkaban. Voilà les forces maléfiques que vous devrez affronter, celles que je dois vous apprendre à combattre. Vous aurez besoin pour cela de préparation. Vous aurez besoin d'acquérir les armes nécessaires. Mais surtout, vous devrez faire preuve d'une vigilance constante. »

Les mots du Professeur Maugrey n'arrangeaient en rien la tempête de sentiments qui se passait dans la tête de Violet. Un mal de tête semblable à ceux qu'elle ressentait en fin d'année dernière commença à la gêner. Elle parvenait encore à entendre le cri et les pleurs. Elle voulait sortir. Juste sortir. Mais elle était incapable de le demander, le professeur l'impressionnait beaucoup trop.

Quand Erine lâcha sa main, elle comprit qu'il était temps de prendre des notes sur les Sortilèges Impardonnables. Celles qu'ils auraient dû prendre au lieu de vivre cet immonde spectacle. L'écriture de Violet n'avait jamais été aussi hésitante, aussi tremblante.

Lorsque la cloche retentit, Violet eut un soupir de soulagement. Il était temps de sentir de l'ambiance étouffante de cette classe. A la sortie du cours, ses camarades retrouvèrent leurs voix mais pas Violet. Elle entendit Anna dire que cela était affreux, la majorité semblait plutôt admiratif. Tout le monde avait été horrifié mais tous gardaient le caractère spectaculaire.

Son ventre se tordit à nouveau. Elle parvint à annoncer d'une voix quasi sourde qu'elle devait aller aux toilettes et courut jusqu'aux premières qu'elle trouva. Elle ne fit attention à aucune personne qu'elle rencontra sur son passage. A peine arrivée à destination, tout son petit-déjeuner finit dans la cuvette des toilettes.

Elle s'adossa à la porte de la cabine passant ses mains sur ses oreilles. Elle entendait encore le cri et les pleurs mais elle était incapable de fermer les yeux sans voir la lumière verte. Quand est-ce que cela allait se terminer ? Elle souffla à nouveau en entendant la voix d'Erine qui l'appelait. Une fois sortie, son amie lui demanda :

«-Qu'est-ce qu'il se passe, Vio ?

-Je ne sais pas. »

C'était vrai. Elle ne savait pas. Elle ne comprenait pas sa réaction. Elle ne comprenait pas cette vision de lumière verte. Elle ne savait pas d'où provenait ce cri, d'où provenaient ces pleurs. Était-ce dans sa tête ?

«-Allez viens, on a Histoire de la Magie. », lui dit Erine en passant une main dans son dos.

Violet fut ravie qu'Erine n'insiste pas car elle n'avait aucune réponse à lui apporter. Elle eut une rapide sensation de plaisir en se disant qu'elles retrouveraient les jumeaux et qu'ils sauraient lui changer les idées. Mais elle perdit toute illusion à l'instant où elle se rappela que Fred et George n'avaient plus Histoire de la Magie, quels lâches.

Il fallait qu'ils organisent une réunion de quintet rapidement. Quatuor se corrigea-t-elle. Il y avait décidément trop de changements cette année. Il fallait qu'ils se voient tous, elle en avait vraiment besoin.


La demande de Violet fut rapidement exaucée. Dès le midi, elle s'était rendue à la table des Gryffondor pour trouver les jumeaux Weasley. Les Gryffondor n'étaient plus étonnés de la voir venir vers eux, ils en avaient désormais l'habitude. Les deux frères et Lee lui avaient demandé comment s'était passé le cours avec Maugrey, elle avait été incapable de répondre. Elle s'était juste contentée de répondre « Terrain de Quidditch, après les cours ».

En ce début septembre, le temps était encore estival. Le ciel était bleu et le soleil brillait encore sur le terrain de Quidditch. L'air était agréable, c'était donc parfait pour se retrouver en plein air entre amis.

Sans grande surprise, leur conversation débuta sur l'événement qui animerait Poudlard lors des prochains mois. Fred et George ne cessaient de répéter que c'était une grande chance qui s'offrait à tous les élèves de Poudlard. Les jumeaux Weasley ne cachaient pas leur grande envie de participer.

«-Mais que feriez-vous de la gloire d'école ?, s'interrogea Violet peu convaincue que cela intéresse ses deux amis.

-C'est surtout les mille Gallions qu'on veut, Vio ! Vous imaginez vous ? Mille Gallions ! », s'exclamait Fred qui s'imaginait déjà fortuné.

Violet esquissa un petit sourire, oui, elle imaginait très bien. Elle se retint de leur dire qu'elle avait bien plus dans un coffre à Gringotts, beaucoup plus. Elle en aurait sûrement encore à la fin de sa vie surtout avec son salaire de joueuse de Quidditch. Elle avait déjà pensé à leur donner une partie s'ils le souhaitaient, surtout pour leurs grandes ambitions qu'elle admirait. Mais elle était quasiment certaine qu'ils refuseraient.

«-On est déjà en train de réfléchir à différentes manières de duper le juge., continua Fred., On a déjà pensé à une Potion de Vieillissement.

-Mais..., s'inquiéta Erine pour ses jumeaux préférés., Vous n'imaginez pas ? Comment vivrait l'un le fait que l'autre soit en danger ? Et si l'un de vous meurt comment tiendrait l'autre ?

-Voyons Aigle Amateur, dit George., on a déjà pensé à tout, nous n'allons pas noté qu'un nom. On va noter nos deux noms sur chacun des morceaux.

-Quand même...

-Ne t'en fais pas pour nous !, la rassura George., On a toujours su ce qu'on faisait ! »

Néanmoins, cela ne tranquillisa pas Erine. Elle ne doutait pas de ses amis, ils étaient plein de ressources. Mais elle n'était pas sûre qu'une Bombabouse ou des Nougats Néansang suffiraient pour les aider à remporter les tâches qui leur seraient imposées. Elle ne put qu'espérer qu'ils ne parviennent pas à trouver de solutions pour déposer leurs noms ou que le juge ne les désigne pas, tout simplement.

Leur discussion vacilla sur les cours de Défense contre les Forces du Mal. Violet fut presque étonnée que les jumeaux soient autant enjoués par le fait de parler « cours et leçons ». Mais, elle comprit rapidement qu'ils étaient juste admiratifs du Professeur Maugrey.

Ils leur apprirent que le professeur, Alastor Maugrey de son vrai nom, était un Auror très réputé. Il faisait d'ailleurs partie de l'élite de cette branche du Ministère de la Magie. La légende disait qu'il avait rempli la moitié des cellules d'Azkaban et qu'il avait été d'une efficacité incroyable lors de la Première guerre des sorciers. Cependant leur père, Arthur Weasley, avait l'air de dire qu'il était devenu fou ces dernières semaines. Violet haussa les sourcils, fou n'était qu'un euphémisme si on on considérait son cours.

Après la biographie qu'ils donnèrent, les jumeaux comblèrent d'éloges le Professeur pour sa maîtrise de la matière. Selon eux, Alastor Maugrey savait ce que voulait dire combattre les Forces du Mal. Aucun d'eux n'avait tort mais la manière d'enseigner était loin d'être conforme aux lois.

«-D'ailleurs, dit Erine en se tournant vers Violet., Tu ne veux toujours pas parler de ce qu'il t'est arrivé en cours ?

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? », demandèrent les jumeaux d'une même voix.

Après hésitation, elle se décida à leur en parler. Ils étaient aussi là pour cela après tout. De plus, elle savait très bien qu'ils avaient envie d'être présents pour elle, comme pour chacun des membres de leur groupe. Et, peut-être auraient-ils une réponse. Elle souffla et évita leur regard quand elle raconta ces sensations du matin.

Elle n'omit rien. Elle commença par ce qu'elle avait ressenti pour les araignées. Puis, la paralysie qui l'avait saisie à l'annonce du sortilège de la mort. Elle se sentit frissonner quand elle aborda ce qu'il s'était passé après. Cette sensation d'avoir été emportée dans un autre lieu. Cette sensation d'étouffer. Cette perte de contrôle de son esprit. La lumière verte. Le cri. Les pleurs. Son estomac qui se retournait. Elle n'omit rien.

Quand elle eut terminé, elle releva les yeux pour jauger leur réaction. Erine paraissait la plus suspicieuse de tous. Elle l'observait avec inquiétude et peine. Les jumeaux n'étaient pas très tranquilles non plus. Pourtant, ils furent les seuls à fournir une explication plausible, la plus logique de toutes.

«-Tu as sûrement fait le lien avec la mort de tes parents., supposa Fred.

-Ce n'est pas facile. », termina George.

Violet haussa les épaules, ils avaient sûrement raison. Elle cherchait encore des problèmes là où il n'y en avait pas. Mais, elle enverrait quand même un hibou à son père. Il devait savoir. Elle enroula ses bras autour d'elle, une étreinte lui aurait fait tellement de bien. Olivier lui aurait pris la main, ou l'aurait prise par les épaules, ou il l'aurait prise dans ses bras tout simplement. Son contact lui manquait. Déjà. Elle lui écrirait à lui aussi. Oui, elle avait besoin de lui et il saurait la rassurer.

«-Tu n'es pas convaincue ?, l'extirpa de ses pensées Erine d'un air suspicieux.

-Je ne sais pas, Erine. Mais Fred et George ont sûrement raison, je ne vois aucune autre explication possible. »

Sa meilleure amie lui adressa un léger sourire. Un léger sourire qui sous-entendait que tout irait bien. Un léger sourire qui lui promettait qu'elle serait là si elle avait besoin.

«-En parlant d'avoir raison... », dit Fred avec gêne.

Cette gêne fut accentuée par la manière dont il se frotta l'arrière de tête. Il n'avait pas l'air très fier et cela ne présageait rien de bon. Le regard évasif de George confirmait qu'ils avaient quelque chose à se reprocher. Sauf que les jumeaux ne regrettaient jamais rien. Jamais. Les deux Serdaigle plissèrent les yeux et croisèrent les bras devant eux. Qu'avaient-ils encore fait ?

«-Vous vous souvenez de notre pari avec Ludo Verpey ?, demanda Fred alors que Violet levait les yeux au ciel.

-Bien sûr., dit Erine., Celui de la Coupe du Monde. Mais il ne vous avait pas donné votre argent ?

-Oui. Mais non., admit George dépité., C'était de l'or de farfadet... Le lendemain, nous n'avions plus rien.

-Oli vous avait dit de vous méfier. », répondit Violet désolée pour eux.

Fred et George levèrent leurs épaules en signe de désintérêt. Ils savaient ce qu'Olivier leur avait dit, il leur avait dit qu'ils n'auraient jamais l'argent. Cela ne changeait rien au fait qu'ils avaient perdu toutes les économies pour rien.

«-On pourrait peut-être en parler à Ruth., suggéra Violet., Elle travaille avec Verpey, peut-être qu'elle pourra faire quelque chose.

-Non., refusa catégoriquement George., Nous n'avons pas à l'intégrer dans nos problèmes. Si Verpey est si désagréable, il pourrait lui créer des ennuis.

-On pense lui envoyer une lettre., expliqua Fred., C'est peut-être une erreur de sa part. On agira en fonction de sa réponse. On s'est mis dans l'embarras tout seul, on s'en sortira tout seul.

-Si vous voulez, on pourra toujours vous aider à la rédaction des courriers. », proposa Erine.

Les garçons approuvèrent. Leurs deux amies de Serdaigle étaient beaucoup plus douées qu'eux en terme d'écriture. Ils n'auraient qu'à écrire leur lettre et elles corrigeraient les formulations voire leur donneraient des idées. Quoi qu'il en soit, elles auraient tenu à les aider.

Jusqu'à l'heure du repas, les quatre amis réfléchirent à la manière d'interpeller Ludo Verpey sans l'accuser pour autant. Ils réalisèrent que la tâche n'était pas aussi facile qu'ils ne l'auraient imaginée. Fred et George conclurent qu'ils allaient y penser et qu'ils reviendraient vers elles pour avoir leur avis. Puis, ils retournèrent au château car aucun ne souhaitait manquer le dîner.


Le premier samedi, Erine et Violet se retrouvèrent à la bibliothèque pour avancer dans leurs devoirs. Leur sixième année était plus reposante que la cinquième année et sûrement plus que la septième année. Cependant, Violet tenait à être à jour pour la semaine afin de pouvoir se concentrer sur le Quidditch.

Elle récupérait les notes de Leni à chacun de ses cours d'Histoire de la Magie et Hermione lui avait donné quelques conseils pour améliorer ses dissertations. Ainsi, Violet avait toutes les chances de son côté pour réussir l'année prochaine.

Pour le Quidditch, elle n'était pas encore allée s'entraîner. Elle avait d'abord souhaité reprendre ses marques à l'école mais aussi par rapport à son nouvel emploi du temps. Elle comptait dès cet après-midi retrouver son balai et le souafle, pas question d'attendre plus longtemps. Ses seules activités sportives étaient la course du matin qu'elle continuait. Elle était moins motivée sans Olivier mais elle devait avouer que cela lui faisait du bien. Mais aussi, l'entraînement au sol du samedi matin. Elle avait été fière de voir que toute l'équipe était venue pour ce premier jour.

Toutefois, elle n'avançait pas comme elle le souhaitait dans ses devoirs. Depuis la rentrée, elle était beaucoup trop préoccupée pour son propre bien. Elle avait du mal à retrouver ses repères à Poudlard et elle allait toujours en cours de Défense contre les Forces du Mal avec la boule au ventre, il y avait aussi les problèmes de Fred et George, à cela s'ajouter Olivier.

Poudlard lui semblait bien différent sans Quidditch. Personne ne parlait de la Coupe et n'avait que le Tournoi des Trois Sorciers à la bouche. Elle comprenait bien l'engouement mais cela ne ressemblait en rien aux années précédentes et cela la perturbait.

Par ailleurs, Erine avait plus de rondes de Préfets maintenant qu'elle était en sixième année. Violet se retrouvait donc souvent seule le soir. Il y avait bien Holly et Luna, leurs camarades de chambre et Roger. Mais aucun d'eux n'était Erine. Elle ne pouvait pas se confier comme elle le faisait avec Erine.

Puis, il y avait le Professeur Maugrey. Lors du deuxième cours de la semaine, ils avaient continué la prise de notes sur les Sortilèges Impardonnables. Malgré le soulagement de ne pas être passé à nouveau par la pratique, rien n'avait soulagé Violet. Elle ne s'était jamais autant sentie étouffée dans une salle de classe, l'année allait être longue. Souvent, elle avait été attirée par le bocal d'araignées. Il y en avait eu de nouveaux trois. Trois araignées en pleine forme. Elle n'avait pu s'empêcher d'imaginer le pire pour ces trois bêtes.

En milieu de semaine, elle avait reçu une réponse de son père par rapport à son ressenti. Celui-ci lui avait dit de ne pas se fier à l'apparence de Maugrey et à ce qu'il montrait, il ne doutait pas qu'il avait beaucoup de choses à leur apprendre. Il avait semblé perplexe face à la méthode pratique des Sortilèges Impardonnables mais une nouvelle fois, son père lui avait demandé d'avoir confiance en Dumbledore. « Il sait ce qu'il fait ma Violet » lui avait-il dit. Elle voulait bien être d'accord mais ce n'était pas lui qui subissait ces cours de torture !

Enfin, son père en était venu à ce qu'elle avait éprouvé. Une nouvelle fois, il lui avait conseillé de ne pas s'inquiéter. Tout comme les jumeaux, il pensait que cela lui rappelait ses parents. « Tu as toujours eu beaucoup d'imagination. C'est normal que tu essaies inconsciemment de penser à ce qu'il s'est passé ». Elle n'en était pas convaincue car elle n'avait pas envie d'y penser. Cela avait toujours été assez douloureux. Mais là encore, elle préférait essayer de le croire.

Quant aux jumeaux, ils avaient envoyé leur lettre la veille. Ils attendaient impatiemment une réponse tout comme Erine et Violet qui espéraient qu'une solution ou bien même un arrangement soient trouvés. Mais leur problème de paris les embarrassait tous.

Et il y avait Olivier. Depuis la lettre qu'elle avait reçue le jour de la rentrée, elle n'avait eu aucune nouvelle. Il n'avait pas répondu à son courrier du 1er septembre. Il n'avait pas non plus répondu à ses inquiétudes. Aucune nouvelle. Elle tentait de répéter à son cerveau « il est sûrement occupé, il doit avoir beaucoup de choses à faire, il n'est plus à Poudlard, il a une vie professionnelle, il a une vie. Tout court. » mais son cerveau ne l'entendait pas de cette oreille.

Elle parvenait à contrôler ses pensées la journée. Elle était occupée et parvenait à garder ses répétitions en tête. Mais le soir, et bien le soir son cerveau se vengeait. Il lui soufflait d'une voix convaincue « Il t'a oubliée. Tu n'es plus qu'une élève de Poudlard, lui un adulte. Il t'a oubliée. ». Et cette voix, elle était incapable de la faire taire.

Il avait donc fallu qu'elle fasse un pacte avec elle-même. Elle avait décidé de s'écouter pendant une semaine. Pendant une semaine, elle continuerait à croire qu'il était occupé. A la date butoir, elle en parlerait à Erine et aux jumeaux. Mais surtout, elle commencerait à croire son cerveau. Il restait trois jours à Olivier pour lui répondre. Elle ne souhaitait pas croire son cerveau. Ces trois jours allaient être longs.

Bref, la semaine de rentrée n'avait rarement été si mouvementée. Elle aurait tout donné pour revenir un an plus tôt où tout avait commencé à la perfection.

Elle releva la tête quand une personne vint s'asseoir à la même table qu'elles. Erine et elle furent surprises d'y découvrir Hermione Granger. Elle était en quatrième année à Gryffondor, était la meilleure amie de Harry et Ron. Les deux Serdaigle l'appréciaient même si elles ne se connaissaient pas parfaitement.

Elles l'observèrent passer ses cheveux bruns ébouriffés derrière ses oreilles et attendirent une quelconque réaction de la Gryffondor. Cette dernière prit un air très sérieux et mit en évidence une boîte. Avant même de dire un mot, elle l'ouvrit et les deux sixième année y découvrirent une cinquantaine de badges de différentes couleurs.

«-Sale ?, demanda Erine en grimaçant.

-Non !, répondit sèchement Hermione ce qui leur rappela la Professeure McGonagall., La S.A.L.E. Cela signifie Société d'Aide à la Libération des Elfes.

-Depuis quand existe cette société ?, l'interrogea Violet., Je n'en ai jamais entendu parler.

-Depuis quelques jours., murmura Hermione., C'est moi qui l'ai créée.

-Pourquoi veux-tu les libérer ? »

Le regard menaçant que lui adressa Hermione fit vite regretter Violet d'avoir posé une telle question. Elle avait l'impression d'avoir crié une abomination sur le Chemin de Traverse. Hermione la dévisagea quelques secondes et commença son argumentation.

«-Saviez-vous que ce sont les Elfes de maison qui préparent tous les repas à Poudlard ? Les Elfes de Maison qui changent nos draps ? Les Elfes de Maison qui entretiennent le feu des salles communes ?, les Serdaigle hochèrent la tête et Hermione continua., Et bien, ils font tout cela sans être payé ! Sans avoir de vacances ! Pas un jour de congé ! C'est de l'esclavage. Cela fait des siècles que cela dure. Nous approchons du XXIème siècle et il serait temps que les choses bougent.

-Euh d'accord..., dit Erine., Mais n'est-ce pas le plaisir des Elfes de servir leurs différents maîtres ?

-C'est ce qu'on veut nous faire croire !, s'exclama Hermione mais en continuant de chuchoter., Les Elfes et les sorciers vivent avec cette idée depuis toujours mais parce que cela fait partie des mœurs. Est-ce pour autant que cela est normal ? Je ne crois pas ! Dobby, un Elfe que nous connaissons, est très heureux d'être libre. Si lui l'est, pourquoi d'autres ne le seraient pas ? Si nous n'essayons pas de changer les choses, qui le fera ? Si nous ne le faisons pas maintenant, quand ? »

Violet et Erine se regardèrent. Il était vrai qu'elle n'avait jamais vu le problème sous cet angle de vue. Les Elfes de Maison devaient obéir à leurs maîtres et le faisaient sans avait toujours été ainsi et les Elfes l'acceptaient et vivaient pour cela. Cependant, jamais elles ne s'étaient dit que c'était ce que la société souhaitait leur inculquer. Hermione parut fière de les faire réfléchir. Alors elle poursuivit en expliquant les objectifs de la S.A.L.E :

«-Tout d'abord l'objectif à court terme serait que les Elfes obtiennent un salaire mais aussi des conditions de travail convenables, qu'on les traite comme des êtres égaux à l'humain et non inférieurs. Pour le long terme, l'idée et je compte bien m'y imposer !, est de modifier la loi sur l'interdiction des baguettes magiques et la nomination d'un elfe au Département de contrôle et de régulation des créatures magiques, car leur sous-représentation est proprement scandaleuse.

-C'est assez ambitieux., remarqua Violet., Mais pourquoi aurait-il une baguette alors qu'ils ont une magie plus puissante que la nôtre ? Sans compter qu'ils n'ont pas besoin de baguette.

-Certains sorciers savent utiliser la magie sans baguette., dit Hermione., Je t'accorde que cela est rare mais ce n'est pas pour autant qu'on enlève leurs baguettes à ces sorciers ! Bref, pour le moment, il faudrait recruter des membres. Nous sommes trois pour le moment. Moi, je suis la Présidente. Ron, trésorier et Harry est secrétaire. Une contribution de deux Mornilles est demandé à chaque adhérent, ce qui lui donnera droit à un badge. Grâce à cet argent, nous financerons une campagne de tracts. Souhaitez-vous en faire partie ? »

L'air révolté de Hermione les menaçait d'accepter. Mais ce n'est pas cela qui poussa les deux amies à accepter, les idées de la Gryffondor étaient défendables. Erine sortit sa bourse mais avant de donner ne serait-ce qu'une Noise, elle demanda :

«-Rassure-moi, tu laisses le choix aux Elfes ? Tu ne veux pas non plus leur imposer un mode de vie qui ne leur conviendrait pas ? D'accord ce Dobby en est heureux et d'autres le seront aussi mais peut-être que certains ne le voudront jamais. Respecteras-tu cela ?

-Bien sûr !, répliqua Hermione., Même si je ne vois pas ce qu'ils refuseraient quand ils constateront le mode de vie bien plus agréable et HUMAIN ! »

Erine acquiesça et tendit l'argent à Hermione. Violet la suivit et Hermione leur laissa le choix des couleurs. Erine saisit un rose alors que Violet en prit un bleu.

«-Bien !, fut ravie Hermione., Vous êtes bien plus enthousiastes et impliquées que Ron. Pouvez-vous en parler autour de vous ?

-Je verrai avec ma sœur., promit Erine., Et avec les ju..

-Ces deux-là ne veulent même pas en entendre parler !, répliqua la Gryffondor avec colère.

-Il y a Olivier aussi., murmura Violet., Si les personnes hors Poudlard sont acceptées bien sûr.

-Toutes personnes prêtes à défendre ces idées sont accueillies sans problème ! », dit Hermione avec joie cette fois-ci.

Sur ces mots, Hermione les remercia pour leur attention puis elle s'intéressa à leurs devoirs. Après une discussion pleine de révolte, les trois filles partagèrent leur intérêt pour les études.


Et voilà. :)

Ce chapitre vous a-t-il plu ? Qu'avez-vous pensé de l'impact du premier cours de Maugrey sur Violet ? Olivier va-t-il répondre à temps ? Qu'imaginez-vous pour la suite ?

Au prochain chapitre "Treize jours" : Le Sortilège de l'Imperium, Un poignet cassé, Une capacité à résister, Trop d'ignorance, Des jumeaux qui font de leur mieux en matière d'amitié, Une dernière lettre, L'attribut végétal d'Athena, Des réponses, Une dispute, Une tirade, Un accord.

A bientôt,

Blue. :)