Résumé

Le Capitaine Balahn est en charge du commandement du Rempart, qui marque la frontière entre les Terres Noras et le territoire de l'Héliaume. Il a été choisi par le Roi-Soleil pour ce poste. Mais ce n'est pas par hasard. C'est parce qu'il connaît les Noras…

Notes

Et voici l'épilogue !

J'espère que les personnes qui auront lu cette histoire l'auront appréciée.

Une deuxième partie verra le jour, mais je ne sais pas encore dire pour quand. Elle concernera la bataille à Méridian, mais je n'ai pas encore terminé l'écriture.

A bientôt et bonne lecture aux personnes qui passent par ici ^-^


This is war - The moment of truth

Épilogue

— Je continue de penser que ce n'est pas pour vous battre que vous devriez vous rendre à Méridian, dit la femme.

Navin ne leva pas les yeux de la paperasse qui parsemait son bureau. Shamila était une Carja d'une grande beauté, il était vrai. Elle portait les plus belles robes, celles qui mettaient sa silhouette en valeur. Ses longs cheveux noirs, brillants et lisses, étaient toujours parfaitement entretenus et diffusaient un parfum fort, un peu écœurant.

— Vous devriez y aller pour réclamer ce titre de noblesse auquel vous avez tout à fait droit ! continua-t-elle en mettant une main sur le bureau de Navin et en se penchant vers lui dans une position aguicheuse parfaitement étudiée.

Navin releva la tête et haussa les sourcils. Si Shamila était belle et séduisante, elle manquait par contre cruellement de subtilité. Il savait ce qu'elle recherchait et elle ne se cachait pas vraiment.

Au début, elle se montrait timide envers lui et comprenant qu'il se montrait indifférent, elle avait tenté une méthode plus directe, lui faisant savoir qu'elle avait des sentiments pour lui. Navin n'y avait jamais cru. Encore moins depuis une certaine scène à la taverne.

Shamila ne savait pas qu'il avait été témoin d'une scène qui lui avait révélé le caractère profond de la jeune femme. Elle y avait passé la soirée avec une amie à boire ce vin originaire de Méridian et n'avait pas fait attention à ce qui l'entourait. Elle n'avait donc pas vu que Navin était assis juste derrière elle et qu'il pouvait entendre leur discussion chuchotée.

— Mais que lui trouves-tu ? s'était enquis son amie.

— Il est proche du Roi-Soleil et il a participé à la Libération, avait épliqué Shamila. Si je le pousse un peu, je suis sûre que je peux réussir à ce qu'il demande un titre de noblesse au Roi.

Navin avait haussé les sourcils et s'était retranché dans l'ombre, pour pouvoir écouter sans être vu. Il s'était alors dit que cette femme n'était vraiment pas au fait de la politique du Roi-Soleil qui visait à installer une égalité des classes et donc, à termes, abolir la noblesse.

— Il n'empêche... avait poursuivi l'amie. Une fois mariée avec lui, il faudra que tu supportes ce visage ravagé...

— Oh, la journée, il sera occupé à son métier de Capitaine, avait répliqué Shamila en haussant les épaules et en sirotant une autre gorgée de vin. Et la nuit... eh bien, on éteindra la lampe ou je fermerai les yeux.

— Hmmm... Mais qui te dit qu'il va accepter de t'épouser ?

Shamila avait pouffé derrière sa main.

— Tu as vu son visage ? Quelqu'un comme lui ne peut pas vraiment être difficile...

— Pas faux...

Navin avait eu un sourire amer. Quand il avait vu Shamila pour la première fois, rose et timide, il avait pensé qu'elle paraissait fausse. Et là, il en avait eu la confirmation. Non pas qu'il pensait vraiment épouser cette femme dont la fortune familiale avait été dilapidée par son père qui la poussait maintenant à épouser un bon parti.

— Capitaine ?

La voix de Shamila, qui s'était faite séductrice, le ramena au moment présent, dans son bureau, en train de préparer son départ.

— Qui donc dirigerait le Rempart, si vous partez ? continua Shamila en remettant une mèche de cheveux derrière son oreille, d'un geste calculé, afin que sa gorge blanche soit dégagée.

Rien, absolument rien, n'était naturel chez cette femme, comprit Navin. Il lui adressa un sourire rassurant avant de prendre un papier et de lui montrer.

— Shadavin prendra temporairement ma place, expliqua-t-il.

Et il posa le parchemin sur son bureau et le signa d'une main ferme. Une moue se dessina sur ses lèvres carmin et cela les fit ressembler à une groseille bien mûre. Heureusement pour lui, il avait les groseilles en horreur. En effet, il détestait tout ce qui avait un goût acidulé.

— Et si vous ne revenez pas ? s'inquiéta-t-elle. Qui prendra votre place ?

— Eh bien, si je meurs, Shadavin sera certainement nommé Capitaine et prendre le commandement du Rempart.

Elle fit à nouveau la moue et il savait pourquoi : Nazhir Shadavin était marié depuis la fin de la guerre et sa femme attendait un enfant. Elle l'avait suivi jusqu'ici, au Rempart, et donnerait la vie ici même.

Il fit ensuite mine de l'ignorer afin de se concentrer sur la paperasse. Il fallait qu'il règle tout cela s'il voulait quitter le Rempart et se rendre à Méridian afin de défendre la cité contre la bataille qui se préparait. De nombreux Noras avaient traversé les portes du Rempart avec l'intention de se diriger vers Méridian, où leur "Élue" les avait envoyés, en vue d'une bataille terrible à venir. Une bataille contre des machines des temps anciens et contre l'Éclipse. Il avait d'abord hésité, mais avait finalement décidé de se rendre à Méridian pour participer à ladite bataille.

Parmi les Noras, il avait espéré voir les yeux gris et les cheveux auburn de Manoa, mais il avait dû se rendre à l'évidence : si elle n'était pas là, c'est qu'elle était probablement morte. Il imaginait mal la jeune femme rester derrière, dans les Terres sacrées des Noras, alors que son peuple partait en guerre.

Et c'était cette constatation qui l'avait décidé. Si Manoa n'était plus, il irait se battre pour Méridian. Plus rien ne le retenait vraiment dans l'est...

— Capitaine... susurra Shamila en se penchant vers lui.

Ce geste aurait pu lui offrir une vue imprenable sur son décolleté, s'il y avait prêté attention.

— Vous pourriez y réfléchir plus longuement, non ?

Il fronça les sourcils et empila un tas de parchemins.

— J'y ai déjà assez réfléchi, dit-il d'une voix ferme sans lever les yeux vers elle. Je pars demain.

— Rien ne pourrait vous retenir ? demanda-t-elle en posant une main sur son épaule.

D'un geste calme et sans brusquerie, il retira sa main de son épaule.

— Rien, assura-t-il sans la regarder.

Il devina plus qu'il ne vit la femme fulminer.

— Mais...

— Monsieur ?

La diatribe de Shamila, qui allait certainement suivre, fut interrompue par Walid, qui entra dans le bureau. La colère de Shamila se reporta sur lui.

— Ne voyez-vous pas qu'il est occupé ? cracha-t-elle en direction du pauvre Walid.

Celui-ci sembla pris au dépourvu, car il la regarda, puis regarda son Capitaine qui eut un peu pitié de lui. Il décida donc de lui venir en aide.

— Je t'écoute, Walid, dit-il d'une voix ferme pour bien montrer à Shamila que le commandant de cette forteresse, c'était lui.

— Vous nous avez dit de vous prévenir dès qu'un Nora se présentait, dit-il d'un ton d'excuse tout en lançant un regard incertain à la carja.

— C'est exact.

— Eh bien... Une Nora vient d'arriver. Elle vous demande.

Shamila poussa un soupir exaspéré.

— Mais est-ce que tous les Noras des Terres sacrées vont passer par ici ? De plus, que comptent-ils faire ? S'installer à Méridian, comme ces Oserams braillards et bruyants ?

— Sans ces "Oserams braillards et bruyants", nous n'aurions pas pu mettre fin à la guerre, souligna Navin en se levant. De plus, c'est moi qui ai donné l'ordre à ce qu'on m'envoie chaque Nora qui passerait par le Rempart.

— Vous avez mieux à faire que perdre votre temps avec ces barbares, dit-elle d'un ton sans réplique, une nouvelle moue sur sa bouche rouge.

Navin se demanda si quelqu'un lui avait déjà fait remarquer que son comportement était exécrable. Ses parents avaient vraiment fait un travail déplorable quand ils l'avaient élevée.

— Il est un peu indélicat de les traiter de barbares quand une partie de leur population a été envoyée dans la Fosse du Soleil ou réduite en esclavage par les Roi-Soleil Dément et ses partisans, intervint Walid.

Shamila fut estomaquée et Navin satisfait. Quand la fille aux cheveux de feu était passée, Walid n'avait pas haute estime des Noras. Mais quand cette dernière avait retrouvé Lakhir, elle était remontée dans son estime.

— Allons-y, dit Navin.

— Capitaine, protesta Shamila. Nous n'avions pas fini !

Il se tourna vers elle et lui adressa un sourire sans la moindre chaleur.

— Je pense au contraire que nous en avions terminé depuis un moment. Je vous souhaite une bonne journée.

Et il partit, suivant Walid en dehors du bâtiment dans lequel il s'était terré afin de terminer sa paperasse. Walid le guida jusqu'au balcon qui surplombait la vallée.

Là, il vit une silhouette au loin et s'arrêta. Il se tourna vers Walid.

— Tu as dit qu'il n'y avait qu'une Nora ? demanda-t-il, intrigué.

— Oui, Monsieur, répondit le soldat. Elle est seule.

Navin fronça les sourcils. L'après-midi était bien entamée et même si c'était l'été, il était peu prudent de se déplacer seul en terre inconnue. Le Capitaine et le garde reprirent leur progression. Et plus il approchait, plus il captait des détails sur la Nora qui était présente au Rempart.

Le soleil se trouvait devant elle, elle était donc à contrejour et il ne pouvait pas distinguer grand-chose.

La première chose qu'il remarqua, cependant, c'était la longueur de ses cheveux. Ils étaient tressés et lui arrivaient au bas du dos. Dans sa tresse, il distingua d'autres tresses, plus fines, parsemées de perles en bois. Elle portait un carquois à sa taille, un arc et une lance dans son dos, et il crut voir un poignard à côté de son carquois. Elle semblait poser ses mains sur ses oreilles, comme si un son la dérangeait. Et ses cheveux étaient sombres.

"Non," se dit-il en s'approchant encore, alors qu'un espoir s'emparait de son coeur. "Ils sont auburn..."

Mais était-il vraiment possible qu'ils soient devenus aussi longs en sept ans...?

— Mademoiselle ? appela Walid, quand ils furent à proximité de la Nora.

Cette dernière ne réagit pas.

— Mademoiselle ! appela Walid d'un ton plus fort.

La Nora sursauta, retira ses mains de ses oreilles et se retourna.

Et Navin put alors plonger son regard dans des yeux gris. Des yeux qu'il pensait ne jamais revoir.

— T... Toi ? souffla-t-elle.

Manoa.