Chapitre 4

Stella n'avait pas mieux dormi cette nuit-là que toutes les précédentes. Tous les cauchemars qu'elle avait faits jusque-là avaient disparus, certes, mais ils avaient été remplacés par une profonde insomnie.

Allongée sur le dos, le regard resté longtemps rivé sur le plafond, la fée de la lumière avait retourné l'ensemble de ses pensées, positives comme négatives, dans son esprit. Elle prenait garde à ne pas remuer trop, de peur de réveiller la jolie brune qui dormait à ses côtés, tournée sur son côté droit et dont elle ne voyait que le dos si elle tournait la tête. Un dos qu'elle avait contemplé un moment, découvrant sa maigre largeur, son aspect fragile que Stella devinait au travers du t-shirt avec lequel Béatrix dormait. Mais également sa colonne vertébrale protubérante, qui ressortait à la naissance de sa nuque et que la blonde ne pouvait s'empêcher de trouver séduisante alors que c'était exactement ce qu'elle n'aimait pas chez Sky.

La couverture à peine remontée sur leurs deux paires de jambes, Stella se faisait la réflexion qu'il faisait étrangement chaud pour cette période-là de l'année.

L'héritière du trône aurait pu rester ainsi, statique, rigide, les bras fermement calés le long de son corps, à observer son amie si le malaise n'était pas si grand dans son estomac. Elle aurait dû se sentir bien, se blâmait-elle. Elle avait tellement voulu Béatrix, voulu partager de tels moments que, maintenant que l'occasion se présentait, elle n'aurait pas dû se sentir si mal. Elle ne connaissait pas le manque d'assurance. Jamais. Pourtant c'était maintenant le cas. Et elle savait pertinemment pourquoi : avec Sky, tout avait toujours été facile. Évident.

Le spécialiste l'avait toujours parfaitement complétée. Il était gentil, attentionné et doux là où elle était mesquine, rude et égoïste. Elle l'admirait pour sa bonté et il l'appréciait pour son charisme. Il connaissait ses faiblesses autant qu'elle connaissait ses forces. C'était son idéal. Un idéal que toutes les adolescentes rêvaient d'avoir.

Puis il y avait eu Bloom. Puis Béatrix. Et désormais, le monde de Stella, tel qu'elle l'avait toujours connu, s'était effondré pour lui laisser entrevoir une inconnue à la fois terriblement attrayante et terriblement effrayante.

Ainsi, Stella n'avait aucune idée de comment elle devait se comporter avec cette fille qui faisait battre son cœur, si différente de ce qu'elle avait toujours connu.

La blonde ferma les yeux et poussa un profond soupir. Pourquoi fallait-il que ce soit si compliqué ? Ne pouvait-elle pas simplement faire taire toutes ces petites voix dans sa tête et oser prendre dans ses bras la rousse, comme le lui dictaient ses entrailles et son dos endolori ?

Stella ne savait pas dire combien de temps elle était encore restée dans cette position, à hésiter. Néanmoins, la douleur dans son dos devenue plus forte lui indiquait que le temps s'était probablement écoulé plus qu'elle ne le pensait. D'autant plus lorsque, enfin, consciente que même si ses yeux demandaient enfin à se fermer, elle ne parviendrait pas à trouver le sommeil si elle ne cédait pas à son incertitude. Alors elle l'avait fait.

Armée de courage, elle s'était à son tour tournée sur son côté droit et avait osé poser délicatement sa main sur la taille de la rousse. Stella s'était attendue à ce que celle-ci se réveille, à ce qu'elle l'envoie fermement balader comme Béatrix savait si bien le faire. Toutefois, ce ne fut nullement ce qu'il se passa, à ce moment précis.

Béatrix s'était bien réveillée, c'était certain. Son corps si détendu s'était soudainement crispé sous la main audacieuse de la fée de la lumière, mais, tandis que celle-ci effectuait déjà une action de recul, transie par la gêne, la fée de l'air s'était reculée et avait comblé la distance qui séparait leurs deux corps de jeunes adultes.

La poitrine de Stella s'était pressée contre son dos frêle et le bras de la blonde avait naturellement trouvé sa place autour de sa taille. Aucune d'elle n'avait eu le cran de dire quoi que ce soit, quand bien même elles étaient parfaitement conscientes d'être mutuellement éveillées. Le visage de la blonde se cala près de la nuque de la rousse, si près que Béatrix pouvait sentir son souffle erratique se faire bien plus régulier et que le parfum qu'elle dégageait emplissait pleinement les narines de la princesse de Solaria, permettant à son corps plus athlétique de se détendre à son tour.

Stella ferma les yeux, profita de sa prise douce autour du corps de son amie pour calmer son esprit tourmenté et, aussitôt, le sommeil vint la cueillir sans qu'elle ne s'en rendre compte.

oOoOoOo

Ce sont de puissants coups portés contre la porte de la colocation qui réveillèrent en sursaut les deux adolescentes, le lendemain matin.

- Putain, râla la fée de l'air, qu'est-ce qui se passe encore ?

Stella, qui s'était vivement redressée, avait le regard fixé sur la porte entrouverte de sa chambre. Flora était déjà debout, constatait-elle malgré son incapacité à ne pas cligner des paupières tant la luminosité que leur renvoyait la fenêtre était forte. Elle le savait, car c'était un accord qu'elles avaient passé, toutes les deux, lorsque la fée de la Terre était arrivée. La porte de la chambre grinçait en se fermant alors, par respect pour le sommeil de l'autre, la première debout ne la refermait pas derrière elle en sortant.

De nouveaux coups furent portés contre la porte principale. Et cette personne semblait bien décidée à réveiller toutes les adolescentes résidant dans la colocation.

- Garde Royale de Solaria ! s'écria une voix forte depuis l'extérieur. Veuillez ouvrir cette porte !

- Dites-moi que c'est une blague, maugréa un peu plus Béatrix en se tournant sur le dos.

Stella, loin d'être si désinvolte que sa désagréable amie, avait sauté sur ses pieds, le visage grave.

- Merde, Béa, lève-toi.

L'héritière du trône Solarien poussa gentiment l'épaule de son amie pour la presser.

- S'ils te trouvent ici, tu seras encore arrêtée.

Un profond soupir quitta les lèvres de la fée de l'air. Celle-ci se leva finalement, sous le regard inquiet de la jolie blonde.

- Et où tu veux que je me cache, au juste ? s'agaça Béatrix en montrant la pièce d'un signe de la main. Il n'y a rien pour se planquer ici.

L'esprit de Stella se mit à réfléchir à cent à l'heure. Sa comparse n'avait pas trop, mais qu'auraient-elles bien pu faire d'autre ? Attendre sans bouger que tous leurs efforts pour la libérer soient réduits à néant ? Stella le refusait.

Soudainement, la fée de la lumière entendit le bruit significatif du bois qui glissait sur le parquet, signe que l'une de leurs acolytes avait fini par ouvrir à l'armée de Solaria. Le temps de la réflexion était terminé, il fallait agir.

Stella jeta un rapide coup d'œil dans la pièce pour constater à quel point Béatrix avait raison. La pièce était vide de probables cachettes. Alors, dans un élan de spontanéité, la princesse saisissait la main de Béatrix, faisant naître de la surprise sur le visage de cette dernière.

D'un claquement de doigts de la part de la blonde, leur vision de la pièce se troubla. Les yeux verts de Stella devinrent d'un jaune solaire et la fée de l'air comprit ce que cette dernière venait de faire.

Pourtant, bien que Béatrix eût pensé que le danger était écarté, la fée de la lumière s'approcha d'elle et la poussa dans le seul coin de la pièce, un angle mort créé par la porte lorsqu'elle était ouverte.

Béatrix ouvra la bouche, prête à protester quelque chose semblait-il, mais Stella l'en empêcha en pressant son corps contre le sien et en bloquant sa bouche à l'aide de sa main libre.

- Tais-toi, murmura-t-elle au creux de son oreille. Ce n'est pas parce qu'ils ne peuvent pas nous voir qu'ils ne peuvent pas nous entendre.

Béatrix hocha aussitôt la tête pour lui faire signe que le message avait bien été reçu. La fée de la lumière libéra alors la bouche de celle qui n'était que de quelque mois plus jeune au moment où des bruits de talons résonnèrent sur le parquet, dans la salle de vie commune. Stella n'avait pas besoin d'entendre la voix de la nouvelle venue pour en deviner l'identité. Elle aurait reconnu cette démarche régulière et bruyante entre mille.

- Je vois que vous n'êtes pas toutes là, déclara la voix accusatrice de la reine.

- Non, répondit Bloom, en effet. Stella est sous la douche et Aisha est partie nager.

De là où elle était, Stella parvenait à voir sa mère hausser un sourcil, à travers l'entrebâillement de la porte. Elle semblait sceptique.

- Vraiment ? Ce n'est pas une heure pour être dehors.

Parmi Musa, Flora, Bloom et Terra, aucune ne répondit quoi que ce soit à leur doyenne. Les quatre filles la regardaient juste, gardant la tête haute. C'était une technique qu'elles avaient développée avec Rosalind et qui, à leur plus grand étonnement, s'avérait être tout aussi efficace avec la reine : si elles restaient campées sur leur position en ayant l'air sûres d'elle, le mensonge n'était pas remarqué. Une technique pratique lorsque l'on mentait autant qu'elles.

- Quoi qu'il en soit, ce n'est pas pour ça que nous sommes là, avoua Luna sur un ton plus grave. Béatrix a disparu de la crypte dans laquelle elle était enfermée. Vous ne savez rien à ce sujet ?

- Non, reprit Bloom en voulant se montrer convaincante. Ce n'est pas comme si nous étions vraiment amies.

À l'entente de son prénom, la fée de l'air se tendit. Son regard croisa celui de Stella, qui avait jugé bon de reporter son attention sur son amie pour prendre connaissance de son expression faciale. C'était la première fois que Béatrix plongeait ses iris dans celles, scintillantes de magie, de la fée de la lumière. Si elle avait toujours trouvé ses yeux verts d'une beauté sans pareille, la magnifique couleur jaune dont ils étaient désormais dotés la transcendait de part en part, gonflant son cœur, retournant son estomac et électrisant ses atomes.

La respiration courte de l'héritière du trône royal de Solaria s'abattait sur son visage, chaude et étouffante. Elles étaient si proches. Trop proches. Stella mordit sa lèvre inférieure par souci de garder la contenance qui venait à lui manquer, en vain. Les lèvres pulpeuses de Béatrix l'appelaient et son estomac brûlait d'une chaleur ardente. Une chaleur qui n'était certainement en rien aidée par la concentration de magie qu'elle dégageait pour maintenir leur cape d'invisibilité bien en place autour d'elles.

La main de Stella tenant encore fermement la sienne, Béatrix aurait juré pouvoir sentir son cœur battre dans son poignet tant elle le lui serrait. Et le rythme de ses pulsations était bien trop rapide pour être anodin. Mais elle n'en était pas surprise puisqu'elle-même voyait parfaitement la lèvre inférieure de Stella se ranger sous sa lèvre supérieure dans un mordillement sexy.

Pendant un instant, toutes les deux avaient été à deux doigts de succomber. À deux doigts de combler le peu d'espace qui restait entre leurs deux visages pour découvrir, enfin, la douceur des lèvres de l'autre, comme elles l'avaient souvent imaginé par le passé. Néanmoins, la voix de Luna les rappela à la raison et leurs corps emboités se crispèrent un peu plus, créant de la distance dans leur proximité.

- Alors vous ne verrez aucun inconvénient à ce que l'on jette un œil dans vos chambres, pas vrai ?

- Non, concéda Flora en tendant la main vers sa propre chambre, qu'elle partageait avec Stella. Nous n'avons rien à cacher.

- Parfait.

La reine se tourna vers l'un de ses gardes et désigna la chambre d'un mouvement de la tête.

- Va donc vérifier pendant que tes collègues s'occupent des deux autres.

Dans leur petit espace clos, Stella et Béatrix retinrent leurs respirations. Le garde s'avança dans la pièce, en explora chaque recoin jusqu'à revenir à la porte et, alors qu'elles pensaient qu'il allait ressortir, il se saisissait du battant. Doucement, il referma la porte, provoquant son grincement habituel et scruta l'espace où les deux femmes se tenaient, sans les voir.

Par réflexe, Stella se pressa un peu plus contre Béatrix qui fut forcée de poser sa main libre sur la taille de la princesse pour que son coude ne bute pas contre le mur, derrière elle, et révèle leur présence. Sa manœuvre, plus maladroite qu'elle n'aurait dû l'être, fut encore plus déstabilisante pour elles. Car au lieu de trouver sa place sur le t-shirt de la blonde, en remontant sa main, Béatrix avait également remonté le bout de tissus qui la couvrait et ses doigts, froids, avaient rencontré la peau douce et hydratée de Stella, lui provoquant un long frisson le long de l'échine.

Les yeux de la blonde vacillèrent alors du doré vers le vert, mais, par chance, la princesse parvint à garder le contrôle sur sa magie et le garde opéra un demi-tour, persuadé que personne ne se trouvait derrière la porte.

Il la referma derrière lui, mais les deux adolescentes ne bougèrent pas, toujours inquiètes, que l'un des membres de la Garde puisse revenir vérifier que leur collègue ne s'était pas trompé.

De longues minutes s'écoulèrent ainsi, jusqu'à ce que, finalement, la reine reprenne la parole dans la salle principale.

- La prochaine fois, dites à Stella et Aisha d'être présentes durant l'inspection du matin, ordonna-t-elle avec froideur.

- Bien sûr, Votre Majesté.

Et sans donner de réponse, accompagnée par la Garde Royale de Solaria, la souveraine avait quitté la colocation. Bredouille.

oOoOoOo

À peine les intrus furent-ils sortis que les quatre membres des Winx présentes dans la salle principale s'étaient précipitées dans la chambre de Stella. Flora, la dernière entrée, referma la porte derrière elle, parfaitement consciente que, s'il y avait bien une cachette que son amie royale aurait pu utiliser, c'était celle-ci. Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'elles les trouvèrent là, encore blotties l'une contre l'autre, la main de Béatrix tenant fermement la taille dénudée de la princesse de Solaria.

Cette dernière n'avait pas eu le temps de se reculer lorsque la barrière d'invisibilité qui les entourait avait pris fin. Et pour cause, il fallait dire que ce n'était pas elle qui l'avait fait tomber, mais Béatrix. Incapable de contenir toute l'électricité qui circulait dans son corps, les pouvoirs de la fée de l'air avaient fait des leurs. Un petit filet d'électricité s'était malencontreusement échappé de la main de la rousse, présente sur le corps de Stella, et s'était insufflé sous la peau de cette dernière, mettant irrémédiablement fin au pouvoir d'invisibilité de la blonde.

Stella s'empressa de se reculer, les joues rouges, et rajusta son t-shirt sous le regard de ses quatre meilleures amies. La surprise peignait leurs traits, à l'exception de Musa qui n'était nullement dupe sur ce que ressentait l'héritière du trône royal de Solaria. Toutefois, cette surprise se tarissait vite pour laisser place, soit à un regard désapprobateur comme c'était le cas pour Bloom, soit à des sourires en coin.

Personne n'en dit rien, néanmoins. Béatrix, restée fermement adossée contre le mur, les bras ballants, observait la scène avec attention et discrétion. La soudaine distance imposée par Stella avait permis à ce qu'elle reprenne le contrôle de son pouvoir, désormais profondément enfoui en elle.

- Je vais vous aider, annonça-t-elle ainsi, de but en blanc, en attirant l'ensemble des regards sur elle.

- Vraiment ? s'étonna Musa.

La fée de l'air hocha distraitement la tête tandis que son regard, lui, plongea dans celui de la jeune femme qui faisait battre son cœur. Son rougissement s'était estompé. À son annonce, ses beaux yeux verts s'étaient même mis à briller d'un espoir nouveau, palpable, qui gonfla le cœur de Béatrix. Comment aurait-elle pu refuser quoi que ce soit à Stella ? À une époque, elle aurait pu le faire. Cette même époque où la princesse de Solaria sortait encore avec Sky et était ancrée dans ce rôle superficiel d'héritière imbue de sa personne. Mais depuis, elle avait appris à la connaître sous un autre angle et tout ce qui avait fait qu'elle ne l'aimait pas s'était transformé en une importante affection. Au fond, elles étaient pareilles. Stella se cachait derrière ses privilèges pour se donner de la force, s'octroyer le courage de continuer à avancer dans un monde qui l'effrayait, exactement comme Béatrix le faisait en jouant les rebelles provocantes.

Un long soupir s'échappa de ses lèvres et elle reporta son attention sur les quatre fées qui la scrutait, dans l'attente d'une réponse à la question qui venait d'être ainsi posée.

- Bien sûr. Mais à une condition.

Bloom leva les yeux au ciel.

- Le contraire m'aurait étonnée, indiqua-t-elle.

La fée de l'air la gratifia d'un haussement d'épaules désinvolte. Elle faisait tout ça pour Stella, et uniquement pour Stella. Toutefois, il fallait aussi qu'elle assure ses propres arrières, au cas où toute cette opération se passerait mal.

- Quoi qu'il arrive, vous devez me promettre que vous ne m'abandonnerez pas, exigea-t-elle. C'est donnant-donnant. Mon aide contre votre protection.

Les adolescentes échangèrent de longs regards, témoignant de leur profonde incertitude. Devaient-elles faire confiance à Béatrix ? Il était évident que non, pensaient-elles. Leurs êtres tout entiers leur criaient que c'était une mauvaise idée, que la parole de Béatrix n'était pas quelque chose à laquelle elles pouvaient se fier. Après tout, ça n'était pas la première fois que la rousse les trahissait pour leur ennemi.

Pourtant, il était aussi évident qu'elles n'avaient pas vraiment le choix. Certes, Béatrix n'était pas fiable. Certes, l'adolescente était même mauvaise, parfois. Mais sans elle, elles n'avaient aucune chance de réussir à vaincre la menace qui planait au-dessus du monde magique. Ça ne les enchantait pas, mise à part Stella, évidemment, mais c'était ainsi.

Tour à tour, Musa, Flora, Terra et la princesse de Solaria hochèrent la tête vers Bloom qui poussa un long soupir de résignation. Si elles étaient toutes d'accord alors la décision était prise.

- C'est d'accord, accepta la fée du feu en tenant sa main vers l'avant. Notre protection contre ton aide.

- Aisha devra s'y plier aussi, indiqua Béatrix sur le ton de l'évidence.

Bloom pinça les lèvres. Voilà une chose qui allait être plus compliquée et dont il faudrait qu'elle s'occupe en faisant preuve d'une persuasion particulière…

- Elle le fera, assura-t-elle. C'est promis.

- Parfait.

Béatrix saisit la main tendue de la fée du feu, scellant leur accord par une poignée de main ferme. Toutes deux étaient tout aussi inquiètes l'un que l'autre, elles se devaient de se l'avouer. Néanmoins, il y a une chose sur laquelle elles étaient toutes les deux sûres : chacune d'elle n'avait qu'une parole. Et jusque-là, chacune d'elle avait toujours respecté sa part du marché, quelle qu'en soit l'issue.

- Maintenant, on peut peut-être essayer d'élaborer un plan, proposa Béatrix en tendant la main vers la salle de vie commune. Et me dire ce à quoi on a affaire, exactement. Il faut agir vite.